LETTRE Ă  CESAR - 177

Lettre Ă  CĂ©sar

 

177

 

Demi chronocratorie

 

...& que de present que ceci j'escriptz avant cent & septante sept ans troys moys unze jours, par pestilence, longue famine, & guerres, & plus par les inundations le monde entre cy & ce terme prefix, avant & apres par plusieurs foys, sera si diminué, & si peu de monde sera, que l'on ne trouvera qui vueille prendre les champs, qui deviendront liberes aussi longuement qu'ilz sont estés en servitude (cura.free.fr).

 

177 ans est une moité de chronocratorie de 354 ans définie par Richard Roussat d'après Ibn Ezra (Liber rationum) (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties: (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain I, 48 - Chronocratories - 1592-1593.

 

firdarie : persan fardar qui signifie "division"; voir Du Cange frigidaria; OED alfridary; Ac. Compl. 1842 : Aefridarie s.f «Science par laquelle on donne successivement le gouvernement de la vie à chaque planète, pendant un certain nombre d'années» (Hiltrud Gerner, Robert martin, Le lexique de la langue scientifique, Par les mots et les textes, 2005 - books.google.fr).

 

The Persian term small fardar, which appears in Arabic, Hebrew, and Latin texts, is used in both historical astrology and nativities as a period of 75 years (Sun 10 years, Moon 9, Head of the Dragon 3, Jupiter 12, Mercury 13, Saturn 11, Tail of the Dragon 2, Mars 7, Venus 8). Abu Ma'shar, in Kitab al-Uluf, expands the range of the term in historical astrology to include four types of fardar (Shlomo Sela, Abraham Ibn Ezra The Book of the World: A Parallel Hebrew English Critical Edition of the Two Versions of the Text. Abraham Ibn Era's Astrological Writings, Volume 2, 2009 - books.google.fr).

 

The word fardar (or firdar, pl. fardarat, sometimes firdaria) appearing in the Persian and Arabic texts is of uncertain provenance. It has been derived (by Salmasius, Tafhim p . 239, 255) from Greek periodárion, on what grounds is not clear. The nativity fardars are periods into which an individual's life is divided, each ruled by a particular planet. The definitions for the world fardars are more complicated than for the other two indicators, and our clock simile is less useful. The mighty fardar associates, for 360 years each, couples made up of a zodiacal sign and one of the seven planets, the latter in the standard order of the heavens : Saturn, Jupiter, Mars, Sun, Venus, Mercury, and Moon. (Edward Stewart Kennedy, Studies in the Islamic Exact Sciences, 1983 - books.google.fr).

 

...& que de present que ceci j'escriptz avant cent & septante sept ans troys moys unze jours : "avant" pourrait se référer à "177 ans". On reporte avant 1555, date de la lettre, cette période et on obtient 1378, date bien significative (Ernst R. Ernst, Nostradamus: vom Mythos zur Wahrheit, 1986 - books.google.fr).

 

Le Grand Schisme annonce-t-il la fin des temps ?

 

Il n'est guère de siècle oĂą des chrĂ©tiens n'aient vu dans les mĹ“urs du temps les signes annonciateurs de la fin du monde. Les premiers chrĂ©tiens ne pensaient-ils pas que le retour de JĂ©sus et les derniers temps seraient proches ? Joachim de Flore (1135-1212) avait apportĂ© une nouveautĂ©. En calculant la durĂ©e de ses trois pĂ©riodes et de leurs sous-ensembles, en s'appuyant sur le calcul pour inscrire le salut dans l'histoire humaine, il avait donnĂ© un sens religieux au temps humain, Ă  l'attente de la fin des temps. Il avait ancrĂ© la temporalitĂ© profane (celle du calendrier) dans la temporalitĂ© sacrĂ©e de la mĂ©moire du Christ et l'attente du MillĂ©nium rĂ©compensant les saints. l'histoire. Cette temporalisation du millĂ©narisme chrĂ©tien influencera considĂ©rablement l'histoire des idĂ©es. Les dates annoncĂ©es par Joachim («autour de l'an 1260») et quelques autres avaient failli. Mais en 1378, les millĂ©naristes pouvaient s'appuyer sur un argument de poids : le Grand Schisme accomplissait la prĂ©diction d'une discessio, d'une division [cf. fardar], de la sĂ©paration du peuple.

 

Que personne ne vous séduise d'aucune manière. Il faut que vienne d'abord l'apostasie et que se révèle l'Homme de l'impiété, le Fils de la perdition, celui qui se dresse et s'élève contre tout ce qu'on appelle dieu ou qu'on adore, au point de s'asseoir en personne dans le temple de Dieu et de proclamer qu'il est Dieu.

 

Arnaud de Villeneuve (mort en 1313) qui avait annoncé la venue de l'Antéchrist pour 1378. Or, le Grand Schisme éclata en 1378 ! La Peste de 1348 et l'éclatement du Grand Schisme en étaient donc les donc les signes assurés (Denis Labouré, Astrologie et religion au Moyen Age, 2019 - books.google.fr).

 

La date donnée par Villeneuve dans Tractatus Cymbalorum Ecclesie serait pour l'apparition de l'Antéchrist 1376, elle aurait été modifiée en 1378 sur certains manuscrits post eventuum (Isabelle Rousseau-Jacob, L’eschatologie royale de tradition joachimite dans la Couronne d’Aragon (XIIIe-XVe siècle): Étude et édition de textes prophétiques, 2016 - books.google.fr).

 

Cf. de nombreux quatrains dont en dernier le X, 98.

 

Du Grand Schisme cacatholique au Grand Schisme protestant

 

L'échec de la théocratie pontificale se confirma avec le Grand Schisme d'Occident (1378-1417) qui, en outre, favorisa les thèses conciliaristes. En France, la fin du Moyen Âge vit le gallicanisme s'institutionnaliser au détriment des prétentions romaines lorsque Charles VII promulga la Pragmatique Sanction de Bourges (1438) L'originalité de l'époque qui s'ouvrit après le Concordat de Bologne (1516) réside non seulement dans la formalisation et la mise en pratique de théories gallicanes à leur apogée, mais aussi dans certains choix politiques des rois de France tournant le dos aux désirs de la papauté. Ainsi, plusieurs édits de tolérance reconnurent à des degrés divers la liberté de conscience et de culte en faveur des protestants, au grand dam des papes; de même, le roi de France privilégia au besoin les intérêts du royaume sur ceux de la religion, à l'instar de Richelieu apportant son soutien au souverain suédois, le protestant Gustave-Adolphe. Hors de nos frontières, l'empereur Charles Quint dut composer lui aussi avec les protestants, comme le montre le statut de droit public garanti à la Réforme avec la paix d'Augsbourg (1555). À cet égard, l'adage latin qui donna aux dirigeants de chaque État souverain de l'Empire le droit de choisir leur religion et de l'imposer à leurs sujets était bien cujus regio, ejus religio, sans que le mot et ne s'intercalât entre les deux derniers termes; un tel ajout rompt le balancement de la figure de style et relie inopportunément deux mots de nature et de fonction différentes (Bibliographie : Dominique Le Tourneau, L'Église et l'Etat en France, 2000, Revue historique, Numéros 619 à 620, 2001 - books.google.fr).

 

Depuis le dĂ©but du Grand Schisme (1378), et malgrĂ© la fin de celui-ci en 1417, la chrĂ©tientĂ© occidentale n'avait pas retrouvĂ© son assise. A preuve, les recours frĂ©quents Ă  des conciles parfois concurrents entre eux (Bâle, Florence, Pise, Latran V). Les images conjointes de la papautĂ© et de Rome avaient continuĂ© de se ternir, comme en tĂ©moigne la prĂ©dication de Savonarole. Des rancunes accumulĂ©es ne demandaient qu'Ă  exploser. D'oĂą la rapiditĂ© du succès de Luther. Ses quatre-vingt-quinze thèses datent d'octobre 1517. Moins de quatre ans plus tard, devenu l'homme le plus cĂ©lèbre d'Allemagne, il Ă©tait excommuniĂ© et mis au ban de l'Empire. Dans la seule annĂ©e 1520, il publia quatre ouvrages qui allaient devenir les bases de la thĂ©ologie rĂ©formĂ©e : La PapautĂ© de Rome, L'Appel Ă  la noblesse chrĂ©tienne de la nation allemande, De la captivitĂ© babylonienne de l'Eglise et De la libertĂ© du chrĂ©tien. BientĂ´t après, il commença Ă  traduire la Bible en allemand. En 1530 Melanchthon, le principal disciple de Luther, rĂ©digea la Confession d'Augsbourg. Puis, Ă  partir de 1531, une guerre opposa, avec des succès divers, une «ligue de Smalkalde» luthĂ©rienne aux troupes et aux alliĂ©s de Charles Quint. Le frère de celui-ci, Ferdinand, dut accepter en 1555 le partage religieux du pays (Jean Delumeau, La seconde gloire de Rome, 2013 - books.google.fr).

 

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