Lettre à Henry Nicolas Machiavel adresse son « Prince » à Laurent le Magnifique en des termes d’humilité appuyés : « Et si parfois Votre Magnificence, du sommet de son élévation tourne les yeux vers la bassesse de ces lieux où je croupis », mais n’approche que de très loin la dédicace à Henry roi de France second, que Nostradamus écrit dans sa lettre : « la déité de votre Majesté immesurée », « singulière Majesté tant humaine », « premier Monarque de l’univers ». Une telle formulation présentant ce personnage d’Henry comme « déité » « tant humaine », homme et Dieu à la fois, indiquerait que Nostradamus s’adresserait plutôt au Christ, au Christ-Roi dont la fête ne sera instituée qu’en 1925, qu’à un roi de France tel qu’Henri II, second devant être pris dans le sens de « favorable » comme le fait Jean-Chales de Fontbrune. La dignité royale a été reconnue au Christ dès l’origine du Christianisme. Son fondement réside dans l’union de la nature humaine du Christ avec la nature divine, « union que les théologiens nomment « union hypostatique » […] C’est parce qu’il est lui-même Dieu véritable qu’il est essentiellement Roi. Le pouvoir royal, en effet, considéré dans sa racine, le pouvoir de « régire » les hommes, c’est-à -dire de leur donner des ordres, de les juger, de les punir, appartient à Dieu, et n’appartient qu’à lui. […] Ce n’est pas assez dire que la royauté de Dieu est au-dessus de toute royauté, elle est la seule véritable […] « Vous seul, êtes un bon roi » dit au deuxième livre des Macchabées, le grand prêtre Néhémie » (Dom de Monléon, « Le Christ-Roi », P. Téqui, 1933, p. 12-18). On peut se demander pourquoi appeler le Christ Henry si ce n’est en raison d’un jeu de mot avec INRI, acronyme placardé sur la croix lors de la crucifixion (Marc 15, 26 et Jean 19, 19-20) signifiant « Iesus Nazarenus Rex Iudaerorum » c’est à dire « Jésus le Nazaréen Roi des Juifs » et proche par la prononciation du prénom Henri. Affirmation de la judaïté du Christ, pour un chrétien comme Nostradamus issu de convertis récents. |