Lettre à Henry Jovialistes et Achem —Et ne seront de leurs assaillemens vains, & au lieu que iadis
fut l'habitation d'Abraham, sera assaillie par personnes qui auront en
veneration les Iouialistes. Et icelle cité d'Achem sera enuironnee, &
assaillie de toutes parts en tresgrande puissance de gens d'armes.—Seront affoiblies leurs forces maritimes par les
Occidentaux. Et à ce regne sera faicte grande desolation, & les plus
grandes citez seront de peuplees, & ceux qui entreront dedans seront
comprins à la vengeance de l'ire de Dieu.—Et demeurera
le sepulchre de tant grande veneration par l'espace de long temps soubs le
serain à l'vniverselle vision des yeux du Ciel, du Soleil, & de la Lune. Et
sera conuerty le lieu sacré en ebergement de troupeau menu & grand, &
adapté en substances prophanes.—O quelle calamiteuse affliction sera par lors
aux femmes enceintes: & sera par lors du principal chef Oriental, la plus part
esmeu par les Septentrionaux & Occidentaux vaincu, & mis à mort,
profligez, & le reste en fuite, & ses enfans de plusieurs femmes
emprisonnez, & par lors sera accomplie la Prophetie du Royal Prophete: Vt
audiret gemitus compeditorum, vt solueret filios interemptorum.—Quelle grande
oppression qui par lors sera faicte sur les Princes & gouuerneurs des
Royaumes, mesmes de ceux qui seront maritimes & Oriêtaux, & leurs
langues entremeslees à grande societé: la langue des Latins & des Arabes
par la communication Punique,—& seront tous ces Roys Orientaux chassez
profligez, exterminez, nô du tout par le moyen des forces des Roys d'Aquilon
& par la proximité de nostre siecle par moyen des trois vnys secrettemêt
cerchant la mort, & insidies par embusches l'vn de l'autre, & durera le
renouuellement de Triumuirat sept ans, que la renommee de telle secte fera son
estenduë par l'vnivers, & sera soustenu le sacrifice de la saincte &
immaculee hostie:—& seront lors les Seigneurs deux en nombre d'Aquilon,
victorieux sur les Orientaux, & sera en iceux faict si grand bruit &
tumulte bellique, que tout iceluy. Orient tremblera de la frayeur d'iceux
freres, non freres Aquilonaires.—Et pource, Sire, que par ce discours ie mets
presque confusement ces predictions, & quand ce pourra estre &
l'aduenement d'iceux, pour le denombrement du temps que s'ensuit, qu'il n'est
nullemêt ou bien peu conforme au superieur: lequel tant par voye Astronomique,
que par autres mesmes des sacrees escritures, qui ne peuuent faillir
nullement,—que si ie voulois à vn chacun quatrain mettre le denombrement du
temps, se pourroit faire: mais à tous ne seroit aggreable, ne moins les
interpreter iusques à ce Sire, que vostre Maiesté m'aye octroyé ample puissance
pour ce faire, pour ne donner cause aux calomniateurs de me mordre.— Jovialistes L'univers où en brillent au Ciel les astres annonciateurs, c'est le hiérocosmos ('âlam-e Dîn) qui est là parmi les hommes. Hier déjà , bien que ne fussent pas absents de son Ciel les astres maléfiques, ces Saturne et Mars du microcosme que sont les imams de l'hypocrisie et de i'inscience, put être divulguée pourtant la gnose de la Religion éternelle. Aujourd'hui, bien que brillent au Ciel du mésocosme les deux astres bénéfiques, l'imam et le Hojjat qui sont les Jupiter et Vénus du 'à lam-e Dîn, pourquoi le bon augure n'en estil pas sensible à la trace dans une prospérité de la gnose ? La réponse, telle que la fournira ici le «ta'wîl », sera conforme à ce symbolisme des mondes précédemment mis en lumière. Cosmos naturel et hiérocosmos sont instaurés comme deux exemplifications d'un même archétype (p.160, 161). Nous avons rappelé précédemment la conception fondamentale (ci-dessus pp. 75 ss.) qui motive et justifie l'anagogie du «ta'wîl», lorsque du cosmos des philosophes sa progression reconduit au cosmos de la Religion ésotérique. L'homme a une âme sensible et une âme pensante. II a besoin des nourritures terrestres, de cette végétation qui croît et prospère sous l'influence des Sphères et des astres. Et il a besoin de cette nourriture spéculative élaborée par les Imà ms et leurs Preuves, qui sont les Sphères et les astres du Ciel ésotérique de la Religion éternelle. Pour l'une et l'autre nourriture, il y a des temps d'abondance et il y a des temps de disette (§ 162). Lorsque les puissances sensibles, les appétits mondains, dominent chez les hommes, et que l'Inscience et l'Inconscience se sont établies sur eux en souveraines, lorsque leur âme pensante est devenue si débile qu'ils ne sont plus dignes de la Connaissance, alors les Gardiens de l'herméneutique sacrée, de la gnose du Livre de Dieu, qui sont les nuées fécondantes de la Miséricorde divine, s'abstiennent d'en distiller la rosée. Ils savent que s'ils parlaient, ces ignorants prétentieux et endurcis — Dieu les maudisse! — seraient incapables d'entendre. C'est selon le rituel secret des Frères de la Pureté, le temps pendant lequel les Sages ne doivent pas «rompre le jeûne», c'est-à -dire le temps pendant lequel ils doivent observer rigoureusement la discipline de l'arcane. Par là même nous voici prêts à entendre la véritable signification d'aujourd'hui, hier, demain. Cette signification est perceptible non pas dans la succession indifférente des jours d'un calendrier profane, mais dans la continuité d'un Temps qui est par essence une hiérophanie, une liturgie, c'est-à -dire le Temps de la mytho-histoire que rythment les Cycles du « 'âlam-e Dîn », et dont la vie de l'adepte parcourt et reproduit en elle-même une image. Demain, c'est l'au-delà de la mort. D'ici là la vie de chacun de nous, c'est toujours son aujourd'hui (§163, p. 162). Hier, bien que Nâzir ne fasse que le sous-entendre, c'est ce qui précéda la naissance initiatique ou spirituelle (Wilâdat-e ruhânî). De même, le Cycle d'un Prophète c'est le jour de ce Prophète (§164), et c'est tout le temps compris entre sa suscitation (ba'lh) et la Résurrection (Qiyûmat), c'est-à -dire l'avènement de Qa'im qui vient clore le cycle de sa Prophétie (Qâ'im al- Qiyâmat). C'est en ce sens que les jours de Moïse, de Jésus et des autres Prophètes, sont des jours dépassés (Nasir-i Khusraw, Livre réunissant les deux sagesses, ou, harmonie de la philosophie grecque et de la théosophie ismaélienne, Volume 3 de Bibliothèque iranienne, Henry Corbin, 1953 - books.google.fr). Né près de Balkh, d'une famille shi'ite, Nasir-e Khosraw se convertit, au cours d'un voyage en Égypte fatimide, à l'ismaélisme, dont il devient un ardent propagandiste ; il a décrit de pieux poèmes à tendances didactiques, un « Livre sur le bonheur » (Sa‘adat-namah), un « Livre de la clarté » (Rawshana'i-namah) et un « Itinéraire » (Safar-namah), où il parle de son voyage. Dans une douzaine d'ouvrages, il exposa la doctrine ismaélienne. Le plus célèbre est le Djami‘ al-Hikmatayn (le « Livre des deux sagesses » qui réunit la théologie et la philosophie (laquelle est pour lui le néo-platonisme) (www.universalis.fr). La joie Ceux qui naissaient sous le signe de Jupiter, roi des dieux de l'Olympe, étaient promis à une destinée heureuse, exprimée par l'adjectif jovial (du latin Jovis, Jupiter). Le mot signifiait d'abord «qui a trait à trait à Jupiter ». Par la suite, capté par la proximité phonétique de joie (latin "gaudia"), le sens est devenu proche de «gaité forte, permanente» : «C'était un homme d'humeur joviale» (Daniel Kunth, Les Mots du ciel: préface d'Hubert Reeves, 2011 - books.google.fr). A comprehensive examination of Mubarak's major works clearly indicates that he saw the object of his love in the persona of the Ismaili Imam of the time (Imam-i Zamari) in particular, and 'Ali as the spiritual incarnation of the divine essence in general. For him, the Imam is the essence of religion and the 'pole' (qibla) of men of knowledge. However, in most cases, he avoids using the actual name or revealing the status of his beloved [the beloved represents the Imam in his spiritual reality]. Instead, he makes indirect reference to and constant, 'silent' praise of him : If you are the seeker of the lord of the world, / Then look at 'the unity of age and time' ! There are therefore several Sufi poetic terms employed in Mubarak's poetry referring to the Beloved, such as Shah-an-Shahi 'ishq ('the king of the kings of love'), Yar ('the friend'), Nigar, Dildar ('the heart's possessor') Sanam ('the idol'), Shukh ('jovial, witty'), ma 'bud (a 'worshipped' one) and ma 'shuq (the Beloved). Although Mubarak holds firm to his way of religious understanding, he tolerates religious diversity and the various ways of looking for and approaching God, the Beloved. If the concealed becomes manifest the beloved is still the beloved whether hidden or unveiled, Though you seek Him in the Ka'ba, a mosque, or a Magian temple, the beloved does not change. Mubarak's poetic imagination is not simply a mystical description of an experienced 'extraordinary' sensation, but also a reality described in a language of metaphor. For instance, while describing the nature of truth (haqq), Mubarak states that it is not the concrete reality which can be found in the world, but it is an abstract notion hidden in and created by the 'happy fortune' (bakhti naku) of the seeker, who wants to establish room for worshipping God's in his/her heart: Truth is not a reality to look for around the world, / It is a useless suffering. / The step which is put forward to the world of your own / Will take you to the destination. As we have seen, Mubarak-i Wakhani is an extraordinary exemplar of Ismaili tradition in Badakhshan, whose pioneer was indeed Pir Shah Nasir. [...] Mubarak Wakhani is a window onto the tradition of Nasir Khusraw which was able to survive and even thrive among the peoples of the Pamir (Abdulmamad Iloliev, Mubarak Wakhani's Intellectual Contributions to Nasir Khusraw 's Tradition in Pamir (Tajikistan), Nasir Khusraw, 2005 - books.google.fr). Mubarak Whakani (1843 - 1903) est un poète mystique et soufi du Tadjikistan (Pamir). Chez Nâsir-e-Khusraw, l'Intelligence est elle aussi la première émanation issue de Dieu. Mais le penseur fatimide la met en rapport avec la joie (sorûr): "La preuve que la subsistance de l'Intelligence est la joie, c'est que l'instauration de la joie va de pair avec la disparition de l'ignorance; or l'ignorance est abolie par la connaissance. Conséquemment, il appert de ces prémisses que la joie est par la connaissance et que la connaissance est l'acte de l'intelligence". Reprenant l'idée d'Aristote, Nâsir-e-Khusraw poursuit en disant que le rire, qui constitue la manifestation par excellence de la joie, est une spécificité de l'homme. C'est d'autre part de l'intelligence que provient la connaissance, entendue comme la manière dont les hommes appréhendent les choses telles qu'elles sont. Cette connaissance concerne à la fois les choses sensibles et les choses intelligibles. Bien qu'elle procède de l'intelligence Universelle, Nâsir-e-Khusraw accorde une plus grande importance à l'Ame universelle (Michel Boivin, La Renovation du Shi'isme Ismaelien En Inde Et Au Pakistan: D'apres les Ecrits et les Discours de Sultan Muhammad Shah Aga Khan, 2013 - books.google.fr). Abu Mo’in Hamid ad-Din Nasir ibn Khusraw al-Qubadiani or Nasir Khusraw Qubadiyani Balkhi [also spelled as Nasir Khusrow and Naser Khosrow] (1004 – 1088 CE) was a Persian poet, philosopher, Isma'ili scholar, traveler and one of the greatest writers in Persian literature. He was born in Qabodiyon, (Qabadiyan), a village in Bactria in the ancient Greater Iranian province of Khorasan, now in modern Tajikistan and died in Yamagan, now Afghanistan. During the seven years of his 19,000-kilometre journey (1046–1052), Nasir visited Mecca four times, and performed all the rites and observances of a zealous pilgrim; but he was far more attracted by Cairo, the capital of Egypt, and the residence of the Fatimid caliph-imam Ma'ad al-Mustansir Billah, the Imam of the Ismaili Shi'a Muslims, which was just then waging a deadly war against the Abbasid caliph of Baghdad, and Toghrul Beg the Seljuk, the great defender of the Sunni creed. At the very time of Nasir's visit to Cairo, the power of the Egyptian Fatimids was in its zenith; Syria, the Hejaz, Africa, and Sicily obeyed al-Mustanir's sway, and the utmost order, security and prosperity reigned in Egypt. At Cairo, he learned mainly under the Fatimid da‘i ("missionary") Mu'ayyad fid-Din al-Shirazi, and became thoroughly imbued with the Shi'a Isma'ili doctrines of the Fatimids, and their introduction into his native country was henceforth the sole object of his life. He was raised to the position of da‘i "missionary" and appointed as the Hujjat-i Khorasan, though the hostility he encountered in the propagation of these new religious ideas after his return to Greater Khorasan in 1052 A.D. and Sunnite fanaticism compelled him at last to flee (en.wikipedia.org - Nasir Khusraw). Les cycles La longue vie de l'univers s'articule en cycles de sept mille ans, vers la fin desquels intervient un jugement des âmes non encore élues ; celles qui alors sont indignes d'émerger seront réincarnées au cours du cycle suivant pour tenter à nouveau leur chance, sauf les plus méchantes devenues à la longue des démons torturés par les appétits corporels. Ces cycles se divisent à leur tour en millénaires inaugurés chacun par un prophète envoyé : Adam, Noé, Abraham, Moise, Jésus, Muhammad et le Qa'im de la résurrection, tous étant des manifestations ici-bas de plus en plus parfaites de l'Ame du genre humain. Cinq d'entre eux, de Noé a Muhammad, apportent chacun une nouvelle législation religieuse abrogeant la précédente. Ces législations, qui constituent une épreuve, recouvrent une même réalité profonde qui doit rester cachée aux méchants et aux non-initiés jusqu'à la venue du Qâ'im de la résurrection ; car les six premiers millénaires constituent une période d'ésotérisme. A l'intérieur de chacun de ces six millénaires se succèdent, en vertu de cycles astrologiques et notamment des conjonctions de Saturne et de Jupiter, des séries (en principe huit) de sept imâms, ou heptades, théoriquement réparties chacune sur 120 ans en moyenne et passant alternativement de la clandestinité à la manifestation tous les 240 ans approximativement. Les différents échelons des initiés sont reliés hiérarchiquement les uns aux autres et à l'envoyé ou à l'imâm par un influx, de même qu'arrive à ce dernier l'influx inspirateur de cinq échelons d'êtres spirituels dont les premiers sont l'Intellect et l'Ame. Mis à part cette notion des cycles astrologiques et prophétiques qui, je le répète caractérise la doctrine philosophique des auteurs ismaïliens, la conception de la descente et de la remontée est très analogue à celle de Fârâbi, le philosophe duodécimain ; et chez les mystiques sunnites nous trouvons, sinon la descente, du moins la remontée. Ajoutons que la da' wa ismailienne est une préfiguration éminemment pure des confréries de l'Islam sunnite (Yves Marquet, Poésie ésotérique ismaïlienne : la Taiyya de Amir b. Amir al-Basri, 1985 - books.google.fr). Triplicité La nouvelle législation qui, en début de millénaire, vient remplacer la précédente, sera mieux adaptée aux conditions de l'époque. Ces lois religieuses dont les trois dernières sont la judaïque, la chrétienne et la musulmane, recouvrent une même réalité profonde qui doit rester cachée aux non-initiés jusqu'à la manifestation du Qâ'im, qui, lui, la dévoilera à tous avant le jugement de fin de cycle. Mais entre les prophètes envoyés, il faut en tout temps un imam (équivalent d'un prophète n'apportant pas une nouvelle Loi) pour continuer à guider les hommes. De même que les envoyés sont au nombre de sept, il y a dans chacun des six premiers millénaires huit séries de sept imams ou «heptades» (usbû'-s, par analogie avec la semaine), constituées chacune de cinq imamats et deux moitiés d'imamat, le dernier imam d'une heptade étant le premier de l'heptade suivante, ou qâ'im, évoquant le Qâ'im de la Résurrection, car il y a un parallélisme des petits cycles à l'intérieur des grands (Adam et le Qà 'im étant un même personnage). Les huit heptades sont divisibles en deux séries de quatre heptades qui constituent en 480 ans (ou 476 environ) un cycle complet. Ces quatre heptades se partagent en deux groupes : un groupe renaissance-apogée de 240 (238) ans, durant lesquels les imams régnent avec une grande audience, et un groupe décadence-clandestinité, où le nombre des méchants se multiplie, les imams devant même, durant une période, se cacher. Le passage du groupe décadence-clandestinité au groupe renaissance-apogée est censé être déterminé par le prétendu passage de la conjonction de Saturne et de Jupiter des signes de feu aux signes de terre (par exemple en 928), ou des signes d'air aux signes d'eau (par exemple en 1404) ; l'inverse est lui déterminé par le prétendu passage de la conjonction des signes de terre aux signes d'air (par exemple en 1166) ou des signes d'eau aux signes de feu (par exemple en 690). (Yves Marquet, La détermination astrale de l'évolution selon les Frères de la Pureté, Bulletin d'études orientales, Volumes 44 à 45, 1993 - books.google.fr). Le passage de la conjonction d'une triplicité à une autre tous les 240 ans était censé déterminer un changement de dynastie et un renversement de situation dans l'imâmat En ces 240 ans se succédaient deux heptades d'imâms correspondant à une double période : renaissance et apogée, la conjonction se produisant alors douze fois dans des signes de terre (Taureau, Vierge, Capricorne), ou dans des signes d'eau (Cancer, Scorpion, Poisson) ; ou au contraire décadence et clandestinité, la conjonction se produisant alors douze fois dans des signes de feu (Bélier, Lion, Sagittaire) ou dans des signes d'air (Gémeaux, Balance ou Verseau) (Yves Marquet, La philosophie des alchimistes et l'alchimie des philosophes: Jâbir ibn Hayyân et les "Frères de la Pureté", 1988 - books.google.fr). Le 28 août 571, qui répond à la naissance de Mohammed, la conjonction est entrée dans la triplicité aquatique qui comprend Scorpion, Écrevisse et Poissons, et y a évolué dans cet ordre à quatre reprises jusqu'en 789. Le 3 octobre 809, elle est entrée dans la triplicité ignée (Sagittaire, Lion, Bélier). Enfin, le 19 novembre 1047, elle est passée dans la triplicité terrestre (Capricorne, Vierge, Taureau) (Paul Casanova, Une date astronomique dans les Épîtres des Ikhwân as Safâ, Journal asiatique, 1915 - books.google.fr). Il y a près d'un siècle, Paul Casanova attirait déjà l'attention sur un passage bien précis de la quarante-huitième épître («Des modalités de l'appel [à aller] vers Dieu»), dans lequel les Ikhwân annoncent le transfert de la conjonction des planètes supérieures d'un trigone au trigone suivant. Nous reproduisons ci-dessous la traduction qu'il avait lui-même donnée dans un article devenu fameux: «Un des privilèges de nos frères éminents, c'est qu'ils sont les savants dans les choses de la religion, les connaisseurs dans les secrets des prophéties, les instruits dans les calculs philosophiques. Donc, quand tu en rencontreras un et que tu auras éprouvé sa vertu, annonce-lui la bonne nouvelle qui le réjouira et rappelle-toi que va naître le cycle du dévoilement et du réveil et de la disparition des ténèbres pour l'humanité, grâce au transfert de la conjonction, du signe (zodiacal) des triplicités du feu au signe des triplicités des minéraux et des animaux, dans le dixième cycle qui correspond à la maison de la souveraineté et de l'apparition des drapeaux. » A partir de cet extrait, et sur base du calcul rétrospectif des conjonctions planétaires, Casanova pensait pouvoir conclure que la conjonction prédite par les Ikhwân était celle qui devait se produire en l'an 1047 et marquer le triomphe de la cause ismaélienne — une prédiction selon lui remarquable puisque, douze ans plus tard, le fatimide al-Mustansïr se faisait effectivement proclamer calife à Bagdad, mettant fin, encore que très provisoirement, au régime des Abbassides alors en place depuis trois siècles sans interruption. Plus récemment, Yves Marquet a repris le même problème, pour arriver à une conclusion sensiblement différente. Selon lui, la période de rédaction des épîtres se serait répartie sur pratiquement tout le dixième siècle et l'extrait cité ci-dessus n'aurait pas visé la victoire finale du califat fatimide mais bien l'un de ses succès préliminaires, comme la prise du pouvoir en Egypte (en l'an 969), voire même celle qui eut lieu antérieurement en Ifriqiyâ (en 909), lorsque, pour la première fois, le mouvement ismaélien cessa d'être une organisation révolutionnaire clandestine pour devenir un pouvoir de fait. Il ne nous revient pas de trancher entre ces différents points de vue qui, stricto sensu, n'intéressent que quelques spécialistes de l'histoire de la civilisation arabo-musulmane. Ce que nous avons plutôt voulu montrer, en évoquant par quelques exemples la survie en terre d'Islam de la doctrine relative aux conjonctions des planètes supérieures, c'est à la fois la permanence et l'extraordinaire capacité d'adaptation de certaines théories astrologiques. Les civilisations, les empires et les religions peuvent se faire ou se défaire: l'esprit humain demeure fondamentalement le même, avec ses croyances et ses craintes, ses rêves et ses superstitions (Godefroy de Callataÿ, Conjonctions astrales et transferts de souveraineté, Mais comment peut-on être Persan ? Eléments iraniens en Orient & Occident : liber amicorum Annette Donckier de Donceel, 2003 - books.google.fr). Si on place la date de triplicté d'eau en 571, alors la nouvelle date de passage est de 1523 à 1761. 1594 où se placerait le quatrain I, 50 est dans cette période. Il y reste avec la date de triplicté d'eau en 1404 qui se termine en 1642. De l'aquatique triplicité naistra D'un qui fera le jeudy pour sa feste : Son bruit, loz, regne, sa puissance croistra : Par terre & mer aux orients tempestes. Ce quatrain serait en rapport avec le remarquable règne de l'émir du Liban Fakhr eddine, de 1595 à 1634, qui était de religion druze. Les Druzes se rassemblent le jeudi soir pour la prière au sein de conseils, les majliss (cf. I, 50). "qui auront en grande vénération les Jovialistes" : Persécutions en Palestine par le Calife Al Hakim, inspirateur du mouvement druze Ainsi que l'a précisé Casanova, se fondant sur la table des conjonctions géocentriques de Saturne et de Jupiter, dressée par van de Sande Bakhuyzen et publiée à la fin du mémoire de Goeje sur les «Carmathes du Bahraïn et les Fatimides», lors de la naissance supposée de Mahomet en 571, la conjonction passait à la triplicité de l'eau; elle a dû passer à celle du feu en 809 et elle passait à celle de la terre en 1047. [...] Cette date de 1047 était donc vraisemblablement celle que les Fâtimides prévoyaient approximativement pour le renversement de la dynastie abbasside et peut-être même la conquête de Byzance, ce qui explique leur activité vers cette date en direction de la Mésopotamie. On peut en déduire que Mahomet a inauguré une période d'apogée (en 571 ; à moins qu'elle n'ait commencé effectivement qu'à l'Hégire?), qu'en 690, une période de décadence commençait et que la période de clandestinité devait durer de 809 à 928, cette dernière date marquant approximativement le début de la période de remontée aboutissant à la date fatidique de 1047 et à l'apogée (Yves Marquet, La philosophie des Ikhwan al-safa', 1973 - books.google.fr). Le règne des Fatimides est dans son ensemble favorable aux Juifs, à l'exception de la dernière période, sous le règne d'Al-Hakim. Son règne ne semble pas avoir fondamentalement ébranlé la puissance fatimide puisqu'il conserve le vaste domaine califal qui, à son époque, n'avait encore rien perdu territorialement. Il participe même à l'expansion de l'empire fatimide en conquérant la Syrie jusqu'à Alep. Sa folie, à moins que ce ne soit sa conviction intime, l'ismaélisme poussé jusqu'à ses dernières conséquences, lui fit accepter et favoriser les théories d'extrémistes ismaéliens suivant lesquels la divinité s'était incarnée en lui. Les informations des historiens sur le rôle respectif qu'ont joué en cette affaire des missionnaires ismaéliens, Hamza b. 'Alî b. Ahmad al-Zawzânî et Muhammad b. Ismâ'îl Anushtekîn al-Darazî, sont assez confuses, et il est certain que plusieurs épisodes ont été confondus. En tout cas, il semble que ce soit en 1017-8 que commença cette prédication, avec l'accord du calife. Si al-Hâkim avait décrété dès 1004 l'obligation pour les chrétiens et les juifs de porter le zunnar (ceinture reconnaissable) et le turban noir, et interdit la procession des Rameaux à Jérusalem en 1007, c'est en 1008 que sa politique religieuse prit un tournant radical. Cette année-là , il confisqua les biens (waqf) des églises et monastères d'Égypte. L'année 1009 vît la destruction de nombreux monastères et églises : particulièrement le monastère de Qusayr, en Égypte et l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. La destruction de ce haut-lieu de la chrétienté mit un terme aux relations pacifiques entre l'empire fatimide et l'empire byzantin, l'empereur Basile II interdisant en 1015 les relations commerciales avec l'Égypte et la Syrie. Les dhimmis se virent obligés de porter le ghiyar (insigne, morceau de tissu coloré distinguant les gens du Livre des musulmans) en sus du zunnar. Al-Hâkim permit en 1013 aux chrétiens et aux juifs d'émigrer en territoire grec avec tous les biens qu'ils pourraient emporter avec eux (fr.wikipedia.org - Al-Hakim bi-Amr Allah). Le quatrain X, 73 daté de 2230-2031 se place une triplicité de terre 1047 + 952 = 1999 terminée en 2237. 1999 est la fin du période de triplicité de feu c'est-à -dire de décadence, et le début d'une période de triplicité de terre, renaissance. 1999 est la date mentionnée dans le quatrain X, 72, mis en rapport, par la méthode présentée sur ce site, avec les attentats de New York du 11 septembre 2001, attentats dits "islamistes" (cf. quatrain VI, 97). Le temps présent avecques le passé, Sera jugé par grand Iovialiste : Le monde tard par luy lassé, Et desloyal par le clergé juriste. La tonalité du quatrain est assez en rapport avec une idéee de déclin et de fatigue. Chaulveron donne la liste des conjonctions Jupiter-Saturne entre 1425 et 2199 à la page 246 (Chaulveron, Nostradamus et la fin des temps: 1555-2065, 2017 - books.google.fr). Les dates fournies par Paul Casanova ne correspondent pas. Les triplictés se recouvrent partiellement. 1404 est la date de début de triplicité aquatique qui se termine théoriquement en 1642. La triplicté de feu commence en fait en 1603 et devrait se terminer en 1880, en fait en 1821 (Bélier), la triplicté de terre commence en fait en 1802 et devrait se terminer en 2118, en fait en 2000 (Taureau), la triplicité d'air commence en fait en 1981 et devrait se terminer en 2356, en fait en 2199 (Verseau). La théorie des 238 ans n'est pas effective, pour les deux systèmes. Selon le comput, le quatrain X, 73 daté de 2230-2231 se place dans une période de triplicité d'air 1166 + 952 = 2118 terminée en 2356, ou une triplicité de terre 1047 + 952 = 1999 terminée en 2237. La triplicité d'air est une période de décadence et de clandestinité, et celle de terre une période de renaissance. Le premier comput fait commencer les triplicités 119 ans avant le second comput (Casanova). 119 est la moitié de 238. L'intérêt du comput de Casanova c'est que l'on obtient la date de 1999. A la date de 1761, date de fin de triplicté d'eau, le quatrain III, 77, qui renvoie au III, 31 par la date de 1727, se situe dans la région du Moyen Orient dominée par le Bélier selon l'astronome latin Manilius. En 1762, se place une conjonction de Saturne et de Jupiter dans la constellation du Bélier. Sichem/Achem/Achen/Aachen/Aix la Chapelle Ce passage de la LettreÂ
à Henry, roy de France second, est à comparer avec les chapitres XXXVIII
et XXXIX d'Ezechiel. Il y a une étonnante et remarquable concordance entre Nostradamus et ces deux chapitres d'Ezechiel ; la vision de Nostradamus étant centrée sur la France et l'Europe et celle d'Ezechiel sur Israël et le Moyen-Orient (Jean-Charles de Fontbrune, Nostradamus, historien et prophète, tome II, Rocher, 1982, pp. 139-141). Sichem se trouvera dans le royaume du Nord lors de la
division du royaume d'Israël. Le royaume du Sud sera appelé royaume de Juda. Aix la Chapelle est la capitale du saint Empire
Germanique, royaume de l'Aquilon (nord) selon le Liber de
oneribus. Achem pourrait être la ville samaritaine de Sichem Il n'y a de Juifs samaritains qu'à Naplouse; ceux
d'Égypte sont karaïtes, comme il y en a en Crimée, à Constantinople, à Damas, Ã
Jérusalem, et dans deux petits villages près de Bagdad. Naplouse est
certainement, comme le dit M. le sénateur, l'ancienne Sichem ; il ne reste pas
la moindre trace de Samarie. On croit seulement qu'elle étoit à demi-heure de cette
ville, là où il y a un puits que la tradition dit être celui de la Samaritaine.
Les Juifs samaritains croient encore que ceux d'Angleterre sont de leur secte.
Ils sont au plus soixante, hommes, femmes et enfans, restes d'une secte qui se
détruit journellement par la misère. Les deux moins malheureux sont au service
du chef du pays, emploi qui leur donne rigoureusement du pain ; les autres
cherchent journellement à vivre d'industrie. Ils habitent les vieilles masures
dans un mauvais quartier de Naplouse. Ils croient peu en Dieu. Le pupître sur
lequel ils placent l'Écriture, est surmonté d'une figure d'oiseau qu'ils
appellent Achima, mot particulier à cette secte. Lorsqu'ils invoquent l'être
suprême, ils ne disent pas, comme les autres Juifs, Adonai, ils disent toujours
Achima, ce qui fait croire qu'ils adorent la divinité sous le symbole de cet
oiseau, qui a la forme d'un pigeon, et qu'ils croient être le principe de toute
chose, peut-être même la divinité. Leur seule synagogue est une très-petite et
très-sale chambre. Ils doivent, pour y prier, être vêtus de blanc, et ne se
mêler avec aucun étranger : ils prient cependant vêtus comme ils le sont. Leur
synagogue est ouverte à tout le monde. On y voit rarement des curieux; mais, en
ce cas, on les place séparément. Ils observent le sabbat sans refuser l'occasion
de gagner; ils égorgent eux-mêmes les animaux qu'ils mangent. Ils ne touchent
que ce qui tient de leur secte; s'ils sont forcés par le travail de toucher un
étranger ou ses hardes, ils doivent se laver le plutôt possible pour se
purifier. Ils ne se marient qu'entre eux. Les morts, selon eux, sont impurs ;
ils s'en éloignent, et font ensevelir les leurs par des Turcs ou des Chrétiens.
Les hommes ont les mœurs des malheureux de tous les pays ; ils sont crapuleux
par occasion. Il se trouve parmi eux des femmes infidèles, libertines même , mais sans publicité. Ils n'ont de liaisons avec personne,
et jamais avec les Karaïtes et les Rabbanites ; ils croiroient réciproquement
se déshonorer en se fréquentant : ils vivent ordinairement chez eux; le besoin
les y oblige. L'Écriture est leur unique livre. Ils apprennent à leurs enfans Ã
les connoître; c'est leur seule éducation : ils sont ignorans. Le très-petit
nombre sait lire et écrire en arabe seulement, pour ce qui a rapport à un
misérable trafic, ce qui se réduit à prendre des notes. A leurs Pâques, ils
vont annuellement sur le mont Garizim offrir un mouton en sacrifice (M.
Pillavoine, Vice-Consul de France à Saint Jean d'Acre au sénateur Grégoire, 12
juillet 1808)  La cité fut fondée en l'an 72 par les Romains et fut
initialement nommée Flavia Neapolis (« nouvelle cité de l'empereur Flavius »), Ã
environ deux kilomètres à l'est de la cité biblique de Sichem, première
capitale du royaume d'Israël. Vespasien la fait construire à la place d'un
ancien village samaritain dénommé Mabartha. Philippe l'Arabe transforme Flavia
Neapolis en Julia Neapolis en 244 et y fait venir de nouveaux colons romains.
Elle garde le statut de colonie jusqu'en 251 sous Trébonien Galle. La ville Ã
cette époque est devenue majoritairement chrétienne, avec une minorité
samaritaine. L'évêque de Neapolis participe au concile de Nicée en 325. Des
révoltes de Samaritains interviennent au Ve siècle, notamment en 451, à cause
de relèvements de taxes. Après la conquête de la cité par les Arabes en 636, la
cité est renommée Nablus. Le géographe arabe Al-Maqdisi la décrit au Xe siècle,
comme un « petit Damas ». Naplouse est réputée pour ses ateliers de tissage, en
particulier du lin. Les Croisés arrivent ici en 1099 avec Tancrède et la
renomment « Naples » (le nom de la « Naples » italienne vient aussi d'une ancienne
« Neapolis », tout comme « Nabeul » en Tunisie). La cité devient une des villes
majeures du royaume de Jérusalem. Elle est épargnée des combats, et des croisés
s'y installent même. Le concile de Naplouse s'y réunit en 1120 et jette les
fondations des premières codifications et lois du royaume franc. La communauté
samaritaine a le droit de construire une nouvelle synagogue vers 1130,
l'ancienne étant transformée en église. C'est vers 1140 et le milieu du XIIe
siècle que les Arabes musulmans et leurs troupes turques reprennent leurs
attaques à partir de leur base arrière de Damas. Ils brûlent les églises et une
partie de la ville en 1137, mais finissent par être repoussés. La reine
Mélisende de Jérusalem demeure à Naplouse qui retrouve sa prospérité, entre
1150 et 1161. Les croisés restaurent et agrandissent la ville, font construire
une nouvelle église dédiée à la Passion du Christ et une autre à sa
Résurrection, ainsi qu'une vaste hôtellerie pour les pèlerins chrétiens.
Cependant les musulmans commandés par la dynastie ayyoubide s'emparent de
Naplouse en 1187. La majorité des chrétiens latins s'enfuit par crainte de
vengeance, tandis que les chrétiens arabes grecs-orthodoxes et les Samaritains
demeurent, ainsi bien sûr que les musulmans. Les églises croisées et la
synagogue samaritaine sont transformées en mosquées Tout le monde sait que Salmanasar, roi d'Assyrie, ayant
détruit le royaume des dix tribus et pris Samarie, emmena dans ses Etats tout ce
que la ville et les provinces conquises renfermaient de familles distinguées
par le rang, la puissance et les richesses , et que pour remplacer cette
nombreuse et opulente population, il envoya des colonies tirées des diverses
parties de son Empire. Ces nouveaux peuples n'avaient ni le même culte, ni les
mêmes mœurs, ni la même langue; mais les Juifs samaritains formant la plus
grande partie de la population, les colonies étrangères ne tardèrent pas Ã
adopter leurs usages, leur langue et leur religion ,
et bientôt il n'y eut plus qu'un seul peuple, celui des Samaritains. Leur
culte, leurs dogmes, leurs lois civiles étaient fondées sur les livres de
Moïse, et les Samaritains n'étaient pas moins religieux observateurs de la loi
que les Juifs; mais ils n'adoraient pas de la même manière ; ils faisaient
leurs offrandes sur le mont Garizim, et les Juifs les faisaient sur le mont
Sion ; cela suffisait pour entretenir entre les deux peuples une haine mortelle
; tant les idées religieuses elles-mêmes peuvent enfanter de discordes et de
maux, lorsqu'elles sont livrées à l'indiscrétion d'un zèle ardent et passionné
! Quelques autres points, sans doute, divisaient encore les Juifs et les
Samaritains ; mais ces variétés d'opinion sont si difficiles à saisir, qu'Ã
peine pourrait-on, dit M. de Sacy, établir entre les deux nations la même
différence qu'entre les Pharisiens et les Sadducéens, à l'époque où le Messie
vint substituer la loi nouvelle à la loi de Moïse ; et cependant nulle haine ne
divisait les deux eectes; ils participaient aux mêmes cérémonies , aux mêmes
sacrifices ;ils se trouvaient réunis dans les mêmes assemblées, aux mêmes
tribunaux ; ils ne s'aimaient point, mais ils ne s'anathématisaient pas.. Si
l'on demande quelle est l'origine du nom de Samaritains, le grand nombre des
lecteurs toujours prêt à répondre, parce qu'il n'est jamais prêt à douter,
répondra sans hésiter qu'il vient de Samarie, comme le nom de Parisiens vient
de Paris; mais les lecteurs instruits pourront bien ne pas se contenter de
cette explication, et demanderont peut-être d'où vient le nom de Paris. Ici la
foule des lecteurs serait un peu embarrassée ; car il faudrait chercher, dans
la langue celtique, une origine raisonnable ; et la foule des lecteurs connaît
fort peu la langue celtique. Qui sait même si toute l'érudition de l'Académie
celtique suffirait à la solution du problême ? Il n'en est pas de même pour les
Samaritains. Ce peuple a été l'objet des recherches d'un grand nombre de savans
; et S. Epiphanes, l'un des Pères les plus érudits de la primitive église , ne paraît nullement embarrassé sur l'étymologie de
leur nom. Il ne fait aucune difficulté de le dériver d'un mot hébraïque qui
répond au mot français gardiens. Il estime donc que les Samaritains étaient les
gardiens du pays et de la loi. Ils gardèrent l'un plus mal que l'autre. On n'a
aucun reproche à leur adresser sous le rapport de la fidélité religieuse ; mais
leur courage n'a pu les affranchir de la dispersion générale à laquelle est
condamnée toute la race de Jacob. Ils sont aujourd'hui errans, sans asile, sans
considération, et presque sans espérance. On trouve des Juifs par-tout, on ne
trouve de Samaritains presque nulle part. Les descendans de Lévi, de Siméon, d'Issachar,
de Ruben, de Nephtali, etc., sont aujourd'hui réduits à un petit nombre de
familles, pauvres, malheureuses et méprisées. Elles étaient même totalement
oubliées en Europe lorsque Jules Scaliger songea à faire quelques recherches Ã
leur sujet, dans l'intention de se procurer le Pentateuque samaritain. On
travailla donc à établir des liaisons avec eux ; on découvrit qu'ils avaient
quelques établissemens à Sichem (aujourd'hui Naplouse) et au Caire. On reçut
des réponses de leurs docteurs; les plus anciennes sont adressées à Joseph
Scaliger, et datées de l'an 1589 de l'ère vulgaire ; mais Scaliger était mort
lorsque ces lettres arrivèrent, et elles furent remises au savant P. Morin, et
publiées en latin par R. Simon, dans son recueil des Antiquités de l'Eglise
orientale Jules Scaliger était installé à Agen où Nostradamus
séjourna à la même époque. Les Samaritains sont peut-être un des sujets du
quatrain X, 91. La variante du manuscrit H de l'Invencionario d'Alfonso de Toledo donne "Achen" pour
Sethem/Sichem dans un de ses passages : "Sethem hedifico Emor la qual agora se llam Napol" D'inspiration biblique et ecclésiastique, l'Invencionario
(XVe s.) traite de divers aspects de la vie matérielle et spirituelle. Reflet
de la culture et des coutumes de Castille sous Henri IV, il fournit en outre
des indications sur l'érudition de jadis. Mais quel en est l'auteur? Serait-ce
Alfonso Martinez de Toledo, l'Archiprêtre de Talavera ? ou
un autre Alfonso Martinez de Toledo, le « vecino de Cuenta », comme se l'est
demandé Mario Penna ? E. von Richthofen, qui, semble-t-il, n'a pas consulté les
manuscrits, a opté pour l'Archiprêtre en se référant à l'Ensayo de Gallardo.
Mais il oubliait ainsi que Gallardo s'était simplement contenté de copier, pour
son usage personnel, un extrait d'un catalogue incomplet, qui ne mentionnait
pas le meiller manuscrit, celui du xve siècle. Or, celui-ci attribue Y
lnvencionario au « vecino de Cuenta ». C'est à ce témoignage évident que se
rallie M. R. del Piero. La dédicace étant d'ailleurs datée de 1474, le début de
la rédaction se situerait vers 1460 "le grand sepulchre de grand tant veneration" Jerusalem prise aux Seldjoulkides en 1099 par les Croisés
ne sera reconquise par Saladin et les Seldjoulkides de Roum qu'en 1187, 40 ans
après 1147/1149. "esmeu par les Septentrionaux" Jouant sur les conflits locaux, les musulmans réussirent
à s'infiltrer dans les zones les plus stratégiques. Il leur arriva de contrôler
le passage du col du Grand-Saint-Bernard. Après avoir été difficilement délogés
de Bari où ils avaient fondé un émirat, ils contrôlèrent jusqu'en 915 une
citadelle puissante sur le Garigliano. Il fallut une vaste coalition de Grecs
et d'Allemands, agissant à la demande du pape, pour les expulser de la
péninsule. Un renversement s'opéra au cours du XIe siècle avec l'arrivée des
Normands qui mirent leurs redoutables capacités guerrières au service du pape
en 1059. Il leur fallut toutefois près de trente ans pour chasser les Arabes de
Sicile. Pendant ce temps une réorganisation interne de l'Italie du Nord
aboutissait à la naissance des républiques urbaines, Pise, Gênes et Venise, qui
fondèrent leur puissance sur l'activité navale. Refoulés de Corse, les
musulmans le furent aussi de Sardaigne, au plus tard en 1020. Dans le même
temps les flottes pisanes et génoises portaient la contre offensive aux
Baléares et au Maghreb. Cette stratégie culmina en 1088 avec le pillage du
grand arsenal fatimide de Mahdiya en Ifriqiya. L'occupation du littoral
tunisien par le roi de Sicile, Roger II, de 1148 à 1159 fut l'un des épisodes
marquants de ce renversement de tendanceÂ
Georges d'Antioche, un chrétien syrien, est l'artisan de
l'expansion normande en Afrique du Nord. L'occupation normande fut à vrai dire de trop courte
durée et cela explique, sans doute, la relative pénurie des sources. Quoiqu'il
en soit, il semble établi que le gouvernement normand de l'Ifriqiya fut
libéral. Tous les textes disent que les populations ont rapidement réintégré
les villes occupées après une amnistie générale, qu'il n'y eut pas
d'administration directe ni de gouvernement militaire, sauf à Tripoli. Ailleurs
le gouvernement fut confié à des notabilités locales inspirant confiance aux
populations. Peut-être Roger II, exploitant les querelles intestines qui déchiraient
le pays, s'est-il appuyé sur les tribus hilaliennes contre les Zirides. El
Kairaouani écrit que «plusieurs tribus arabes se soumirent» au roi de Sicile.
Le cas de Gabes est probant : allié de Roger II contre Ali, puis contre El
Hassan, Gabes conserve apres la chute de Mahdiya, une quasi autonomie sous le
gouvernement des Hilaliens Beni Djama qui ne furent chassés que par Abdel
Moumen lors de la reconquéte almohade. D'apres IBN EL ATHIR, Roger II appuya
les tribus arabes contre les Almohades, notamment en 1152-1153, lors de la
bataille de Setif. L'administrationsicilienne dans les villes occupées semble
avoir été extrêmement prudente et discrète, soucieuse avant tout de ne pas
provoquer de conflit avec les populations locales. Les institutions antérieures
à la conquête n'ont sans doute pas été modifiées. El Kairaouani note, à propos
de Mahdiya que Roger II «fit rendre la justice par des Kadis agréables au
peuple, et qu'il avança aussi des fonds aux négociants pour ranimer le
commerce» Les Francs s'emparèrent de la place de Sfax le 23 safar
(12 juillet) à la suite d'un assaut qui leur coûta beaucoup de monde, et
réduisirent en esclavage les hommes survivants, les femmes et les enfants. Une
amnistie générale fut ensuite proclamée et permit à la population, rentrée dans
ses foyers, de racheter femmes et enfants. Le vainqueur traita avec mansuétude
les habitants de Sfax aussi bien que ceux de Sousse et de Mahdiyya. Ensuite
arrivèrent des lettres de Roger qui accordaient l'amnistie à toute l'ifrikiyya
et qui étaient remplies de belles promesses. Après avoir rétabli l'ordre dans
les villes conquises, Georges conduisit sa flotte à Ik'lîbiyya [Clypea,
aujourd'hui Galipia), château-fort bien défendu naturellement. Mais à cette
nouvelle les Arabes se jetèrent dans la place et la défendirent si
vigoureusement que les Francs durent se rembarquer après avoir subi des pertes
sensibles, et regagner Mehdiyya (Ibn al Athir, Annales du Maghreb et de
l'Espagne) Triumvirat : La
légende des trois condisciples L’historien Rashîd al-Dîn al-Thabîb rapporte cette
légende dans ses Sar Gudhasht-i Sayyidnâ. Hassan aurait fréquenté l'université
de Nichapur avec Omar Khayyam, le poète-astronome perse, tous deux étaient dans
un cercle d’astrologues à la cour princière, mais Hasan dut le quitter à cause
d'un scandale commis par un rival jaloux. Un autre de ses camarades de classe
fut Nizam al-Mulk qui devint premier ministre. Ces trois-là firent un pacte,
selon l'autobiographie de Nizâm, si l'un d'eux, n'importe lequel, montait haut
dans la hiérarchie, il aiderait les autres à y parvenir aussi. Plusieurs
chercheurs ont des doutes sur l’authenticité de cette légende sur le pacte
d’amitié et d’entraide de ces célèbres condisciples. Cela relève probablement
de la légende, car Nizam al-Mulk, Omar Khayyam et Hassan Sabbah avaient des
écarts d'âge importants : le vizir al-Mulk ayant environ 30 ans de plus que
Khayyam et 40 de plus que Sabbah. De plus Nizam al-Mulk, grand vizir des
sultans Seldjoukides, faisait en toute logique preuve d'une grande méfiance Ã
l'égard des Ismaéliens, dont Sabbah sera très vite un très grand représentant. Rashid al-Din, né en 1247 à Hamadan, mort en 1318, est un
homme d’État persan d'origine juive de la période des khans Houlagides et un
historien, auteur notamment du livre intitulé Jami al-tawarikh (Histoire
universelle). Rashid al-Din est le fils d’un pharmacien juif de Hamadan, centre
important de culture juive en Perse, étant notamment pourvu d’un collège
rabbinique. Il se convertit à l'islam vers 1277. Ibn Taymiyya, un théologien
Damas opposé aux Mongols, le décrit en ces termes après une rencontre en 1300 :
« C'était un Juif philosophant. Ensuite, il se rattacha à l'Islam avec ce qu'il
y avait en lui du judaïsme et de la pratique de la philosophie, et il rejoignit
ce Rafidisme-là ». Seldjoukides, Mongols et Assassins sont trois ennemis des Européens au Moyen orient. En 1187, Saladin reprend Jerusalem aux Croisés avec l'aides des Seldjoukides de Roum (autrement Romanie). Les Mongols seront ceux qui mettront fin à la puissance seldjoukide. Hasan-i Sabbâh (1036 ? - 1124), parfois surnommé « le
Vieux de la Montagne », était le chef de la secte chiite ismaélienne des
Nizârites, qu'il dirigeait depuis la forteresse d’Alamut. il
devient ismaélien vers l'âge de 35 ans et se rend en Égypte où il parfait ses
connaissances au Dar al-Hikma (Maison de la sagesse) du Caire En 1256, les Mongols, déferlant à nouveau en Perse,
anéantissent Alamut, nid d'aigle en principe imprenable des Assassins, secte
chiite ismaélienne crainte tant par les sunnites que par les croisés chrétiens.
"sera soustenu le sacrifice de la sainte hostie" Saladin avait mis fin à la dynastie fatimide en 1171,
sept ans après la proclamation de la Résurrection à Alamût (1164). Peut-être
faut-il voir dans cet épisode la légende d'après laquelle le Vieux de la
Montagne voulut devenir chrétien. Les chroniqueurs des Croisades se font écho
de la Résurrection proclamée à Alamût comme une volonté de se rapprocher du
christianisme, voire de se convertir au christianisme. Joinville (m. 1317)
écrit qu'un chef des Assassins proclama que le temps de Mahomet était révolu,
que ses disciples pouvaient manger du porc et boire du vin, préalables avant de
devenir chrétien (Boivin 1984 : 18). La légende est détaillée par Jacques de
Vitry, un chroniqueur du 13eme siècle. D'après Jacques de Vitry, le chef des
Assassins aurait envoyé un messager au roi de Jérusalem pour lui faire part de
ses intentions de devenir chrétien. Mais son messager aurait été tué au retour
de sa mission par un chrétien (peut-être oriental). Les Assassins, se sentant
trahis, décidèrent alors de se retourner contre les Croisés. Cette légende
semble résulter d'un mélange de divers faits historiques avérés. En effet,
Saint Louis avait envoyé un émissaire auprès du Vieux de la Montagne, frère
Yves Le Breton. Celui-ci fut surpris de trouver au chevet du Vieux des paroles
de Jésus rapportées par St Pierre (Boivin 1984 : 22). Le mythe des Assassins va
perdurer dans l'imaginaire français. Au fur et à mesure que se construit la
rationalité moderne a partir de la Renaissance, la représentation des Assassins
accentue les aspects irrationnels "d'Aquilon victorieux"
peut faire référence à la bataille perdu par l'empereur du Saint Empire
germanique Conrad III à Dorylée en 1147. Secrètement allié de l'empereur grec
Manuel Comnène, qui trahissait les Latins, Masoud fit tomber dans un piége et
anéantit complétement l'armée chrétienne. |