LETTRE Ă  HENRY - Chronologies : Proserpine

Lettre Ă  Henry

 

Chronologies : Proserpine

 

Toutesfois contans, les ans depuis la creation du monde, iusques à la naissance de Noë, sont passez milcinq cens & six ans,—& depuis la naissance de Noë iusques à la parfaicte frabrication de l'arche, approchant de l'vniuerselle mondation, passerent six cens ans (si les dons estoyent Solaires ou Lunaires, ou des dix mixtions) ie tiens ce que les sacrees escriptures tiennent qui estoyent Solaires. Et à la fin d'iceux six ans Noë entra dans l'arche pour estre sauué du deluge: — & fut iceluy deluge, vniuersel sur terre, & dura vn au & deux mois. — Et depuis la fin du deluge iusques à la natiuité d'Abraham, passa le nombre des ans de deux cens nonâte cinq. — Et depuis la natiuité d'Abraham iusques à la natiuité d'Isaaç passerent cent ans. — Et depuis Isaac iusques à Iacob, soixante ans — dès l'heure qu'il entra en Egypte iusques à l'yssue d'iceluy passerent cent trête ans. — Et depuis l'entrée de Iacob, en Egypte iusques à l'issue d'iceluy, passerent quatre cens trente ans. — Et depuis l'yssue d'Egypte iusques à l'edification du Temple faicte par Salomon au quatriesme an de son regne, passerent quatre cens octâte ou quatre vingts ans. — Et depuis l'edification du temple iusques à Iesus Christ selon la supputation des hierographes, passerent quatre cens nonante ans. — Et ainsi par ceste supputation que i'ay faicte, colligee par les sacres lettres, sont enuiron quatre mille cent septante trois ans & huict mois, peu ou moins:

 

— Or de Iesus Christ en ça par la diuersité des sectes ie laisse, & ayant supputé & calculé les presentes Propheties, le tout selon l'ordre de la chaisne qui contient sa revelation, le tout par doctrine Astonomique, & selon mon naturel instinct, — & apres quelque temps & dans iceluy comprenant depuis le temps que Saturne qui tournera entre à sept du mois d'Auril, iusques au 15. d'Aoust Iupiter à 14. de Iuin iusques au 7. Octobre Mars depuis le 17. d'Auril, iusques au 22. de Iuin, Venus depuis le 9. d'Auril iusques au 22. de May, Mercure depuis le 3. de Feurier, iusques au 24. dudit. — En apres le premier de Iuin, iusques au 24. dudit, & du 25. de Septembre, iusques au 16. de Octobre, Saturne en Capricorne, Iupiter en Aquarius, Mars en Scorpio, Venus en Pisces, Mercure dans vn moys en Capricorne, Aquarius, & pisces, la lune en Aquarius la teste du Dragon en Libra: là queüe à son signe opposite—suyuant vne conionction de Iupiter à Mercure auec vn quadrin aspect de Mars à Mercure, & la teste du Dragon sera auec vne conionction du Soleil à Iupiter, l'annee sera pacifique sans eclypse, & non du tout, — & sera le commencement comprenant ce de ce que durera & commençant icelle annee sera faicte plus grande persecution à l'Eglise Chrestienne, que n'a esté faicte en Afrique, & durera ceste-icy iusques, à l'an mil sept cens nonante deux que l'on cuydera estre vne renouation de siecle: — apres commencera le peuple Romain de se redresser, & de chasser quelques obscures tenebres, receuant quelque peu de leur pristine clarté, non sans grande diuision & continuel changemens. — Venise en apres en grande force & puissance leuera ses aisles si treshaut, ne disant gueres aux forces de l'antique Rome. Et en iceluy temps grandes voyles Bisantines associees aux Ligustiques par l'appuy & puissance Aquilonaire, donnera quelque empeschement que des deux Cretenses ne leur sera la foy tenueë. — Les arcs edifiez par les antiques Martiaux, s'accompagneront aux ondes de Neptune. — En l'Adriatique sera faicte discorde grande ce que sera uny sera separé, approchera de maison ce que paravant estoit & est grande cité, comprenant le Pompotam la Mesopotamie de l'Europe à quarante cinq & autres de quarante vn, quarante deux, & trente sept. — Et dans iceluy temps, & en icelles contrees la puissance infernale mettra à l'encontre de l'Eglise de Iesus Christ la puissance des aduersaires de sa loy, qui sera le second Antechrist, lequel persecurera icelle Eglise & son vray Vicaire, par moyen de la puissance des Roys temporels, qui seront par leur ignorance seduicts par langues, qui trencheront plus que nul glaiue entre les mains de l'insensé. — Le susdicts regne de l'Antechrist ne durera que iusques au definement de ce n'ay pres de l'aage & de l'autre à la cité de Plancus accompagnez de l'esleu de Modone Fulcy, par Ferrare, maintenu par Liguriens Adriaticques, & de la proximité de la grande Trinacrie.

 

Les configurations astrales ont été associées à l'année 1606.

 

L’on trouve dans l’Epître à Henri II une description complète de positions des diverses planètes dans le zodiaque, cette disposition s’avère justement être celle de 1606 (Jacques Halbronn, La fortune des emprunts à Leovitius dans les deux épîtres nostradamiques datées de 1558, 2003 - ramkat.free.fr).

 

Dans l'extrait proposé par Halbronn, il manque une partie de phrase :

 

Saturne qui tournera entrer à 7 du mois d’Avril jusques au 25 d’Août, Jupiter à 14 de Juin jusques au 7 Octobre, Mars depuis le 17 Avril jusques au 22 de Juin. (***) Saturne en Capricorne, Jupiter en Aquarius (Verseau), Mars en Scorpio, Vénus en Pisces (Poissons), Mercure dans un mois en Capricorne, Aquarius et Pisces, la Lune en Aquarius, la tête du Dragon en Libra (Balance), la queue à son signe opposite. Suivant une conjonction de Jupiter à Mercure, avec un quadrin aspect (carré) de Mars à Mercure et la tête du Dragon sera avec une conjonction du Soleil à Jupiter l’année sera pacifique sans éclipse et non du tout et sera le commencement comprenant se de ce que durera et commençant icelle année sera faite plus grande persécution à l’Eglise Chrétienne.

 

(***) En apres du premier de juin jusques au 24 du dict, et du 25 de septembre jusques au 16 d’octobre.

 

Aussi en l'année 1606, Mars ne se trouve pas en Scorpion d'avril au 7 juin, ni en septembre-octobre. (www.astro.com - 1606).

 

Mythologie astrale

 

Nonnus dit précisément que Jupiter s'étoit métamorphosé en Serpent, lorsqu'il féconda Proserpine, & la rendit mère de Bacchus-Zagreus, ou de Horoscope de l'ancien Bacchus, & la position du ciel que le vieux Astrée (Liv. vi. vers 74), établit au moment de cette conjonction, est celle que nous donne le globe à l'instant du coucher de la Couronne, & sur laquelle nous établissons toute notre théorie de l'enlévement ou de la disparition de Proserpine. Voici quel est l'état de la sphère au coucher héliaque de la constellation de la Couronne & du Serpent qui l'accompagne : à l'horison. oriental, le Taureau céleste, signe consacré à la planète Vénus; au méridien, le Verseau consacré à Saturne; à l'horison occidental, le Scorpion consacré à la planète de Mars; & au méridien inférieur, le Lion, signe consacré au Soleil. Voilà les quatre points cardinaux des déterminations astrologiques, & que l'on observoit en tirant l'horoscope; & ce sont ici les signes des quatre planètes qu’Astrée considère pour fixer le moment où le ravisseur de Proserpine trompera la vigilance de Cérès. Le poëte suppose d'abord que Jupiter médite de donner naissance à un nouveau Bacchus qui soit l'image de l'ancien Bacchus tauriforme, du Bacchus-Zagréus. A cette occasion il peint la jeune Proserpine sous les traits les plus charmants, & infpirant l'amour à tous les dieux. Jupiter, sur-tout, est épris de les charmes, & la préfère à toutes les déesses. Cérès alarmée, & craignant pour l'honneur de la fille, va consulter le devin Astrée, occupé à tracer des figures astrologiques. Le jeune Lucifer annonce la déesse; l'astrologue va au devant d'elle, & son fils Hespérus les introduit dans un appartement, où les vents, fils d'Astrée, lui présentent le nectar qu'elle accepte avec peine. Après le festin, Cérès consulte Astrée, qui fait, apporter par Astérion son globe céleste. Il le fait mouvoir sur son axe, & porte ses yeux sur le Zodiaque, pour y considérer les aspects des planètes & des fixes. Si à la place des planètes qu'il désigne, les seules qui entrent dans son horoscope, & dont il étoit aussi difficile à Nonnus qu'à nous de fixer la position au moment du rapt de Proserpine, on substitue les signes des planètes, qui ont une place constante & des rapports connus, & que Nonnus lui-même, quelques vers plus loin, distribue, comme nous, dans le Zodiaque, on a l'état du ciel en automne au coucher héliaque de la Couronne, à la pleine lune du Taureau. Le Scorpion, signe consacré à Mars, est au couchant, en aspect avec le Taureau de Vénus, & il a à côté de lui, un peu au-desus, le Serpent céleste dont Jupiter prend la forme, pour obtenir les faveurs de la belle Perséphone qui le couche avec lui. Le poëte déligne par centrum subterraneum le méridien inférieur occupe par le signe du Lion, qui étoit consacré au soleil, comme le reconnoît lui-même Nonnus, lorsqu'il nous peint Jupiter rétablissant l'harmonie des cieux après l'incendie & le déluge de l'univers, (liv. vi. vers 232). Il place Mars au Scorpion en aspect avec le Taureau , signe de Vénus, & il le met au couchant dans son horoscope, place qu'occupe effectivement alors le Scorpion céleste. Le poëte place Saturne au Capricorne; mais on sait que la série recommence ensuite, & qu'il réside également au Verseau; & l'épithète d'Aquosus ou d'Imbrifer, qu'il donne dans son horoscope à Saturne, convient bien à ce signe, & désigne la maison de Saturne par où passe le méridien. Enfin la circonstance du Serpent céleste qui se trouve au couchant avec Mars ou le Scorpion, fixe incontestablement la position du ciel, un coucher ou concubitus serpentis & Persephones. Aussi dans les monuments anciens qui représentent l'enlèvement de cette déesse, on voit un serpent sous les pieds des chevaux, symbole visible du Sere pent céleste; (Antiq. expl. tom. 1 ,part. I, pag. 38 D). Le poëte continue son récit, & nous dit que Cérès, a l'armée de cette réponse, attèle ses dragons à son char, s'en va avec sa fille vers la mer Adriatique & jusqu’en Sicile; que là elle cache sa fille dans un antre, & en confie la garde à ses dragons. Il est aisé de voir, par l'inspection d'un globe, que la Cérès céleste ne se lève jamais sans ses dragons : l'Hydre de Lerne, placée à côté d'elle, précède son char, & l'accompagne toujours, monte sur l'horison, & finit de se coucher avec elle. Le Serpent d'Ophiuchus suit de près son lever & son coucher. On nous peint ensuite la jeune Perséphone qui file & brode dans la retraite, lorsque Jupiter se métamorphose en Serpent, assoupit ses gardiens, & pénétrant dans ce sombre asyle, la rend mère de Jupiter-Zagreus aux cornes de Taureau. Ce dieu ne vécut pas long-temps, & fut mis en pièces par les Titans : mais dans ce court espace de vie il subit diverses métamorphoses, tantôt portant l'égide de Jupiter, tantôt prenant la forme de l'enfant, tantôt celle du vieillard, tantôt rugissant sous la figure du lion, tantôt hennifsant sous celle du cheval, tantôt tigre furieux, souvent taureau indomptable, c'est à-dire, en un mot, subissant toutes les métamorphoses qu'éprouvoit l'ame du monde dans la circulation périodique à travers les fixes, dont ses statues symboliques empruntoient les formes variées qu'on lui donnoit dans les diverses saisons. Tels étoient les dogmes théologiques qu'on enseignoit dans les mystères de Bacchus, de Cérès & de Proserpine, dont toutes les fables sacrées n'étaient que des allégories relatives à l'action de l'ame du monde, & à son influence sur la nature & la végétation (Charles François Dupuis, Mémoire sur l'origine des constellations & sur l'explication de la fable, par le moyen de l'astronomie, Supplémens pour l'Astronomie, publiée à Paris en 1771, 1781 - books.google.fr).

 

"Grande Trinacrie" : Sicile

 

Les Pierides, fiéres de leur nombre & de leur naissance, car le Roi de Macédoine étoit leur pere, osérent s'égaler aux Muses. Les Nymphes furent choisies pour arbitres, & l'une des Piérides chanta la guerre des Géants, pendant laquelle Typhée fils de la terre força les Dieux, à se cacher en Egypte sous la forme de divers animaux. (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Éducation complette, Tome 2, 1763 - books.google.fr, Les métamorphoses d'Ovide, Volume 2, 1802 - books.google.fr).

 

Arrivés là, pris de terreur, Jupiter se transforma en bélier, Apollon en corbeau, Liber en mouton, Diane en chatte, Junon en vache, Vénus en poisson (Naevius Zorzetti, Le premier mythographe du Vatican, traduit par Jacques Berlioz, 1995 - books.google.fr).

 

La Muse Caliope chanta l'enlĂ©vement de Proserpine en ces termes : Le GĂ©ant TyphĂ©e ayant Ă©tĂ© enseveli en Sicile sous plusieurs vastes montagnes, fait de continuels efforts pour se relever, ce qui cause de frĂ©quens tremblemens de terre dans cette isle. Pluton craignant que la terre entr'ouverte ne laissât pĂ©nĂ©trer le jour dans son Empire, fit le tour de la Sicile, & arriva sur le mont Eryx. VĂ©nus l'ayant aperçu, excita son fils Ă  soumettre le Dieu des ombres Ă  la puissance. L'amour lui obĂ©it, & blessa ce Dieu pour Proserpine : elle Ă©toit fille de Jupiter, & de CĂ©rĂ©s mere des bleds; & Ă  l'Ă©xemple de Diane, elle mĂ©prisoit les hommes, & vouloit vivre chaste. Elle Ă©toit alors occupĂ©e Ă  cueillir des fleurs avec ses compagnes; Pluton s'en saisit, & son innocence Ă©toit si grande, qu'elle regretta la perte de ses fleurs. La Nymphe Ciane voulue s'oposer Ă  l'enlĂ©vement de Proserpine; mais Pluton ayant frapĂ© de son trident les eaux de cette Nymphe, rentra dans les enfers (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, Éducation complette, Tome 2, 1763 - books.google.fr, Les mĂ©tamorphoses d'Ovide, Volume 2, 1802 - books.google.fr).

 

Frédéric II Roi de Sicile

 

Prince solitaire sous tutelle pontificale, perçu comme le «roi des curés» au début du siècle, il meurt en 1250 sous les imprécations du souverain pontife le qualifiant d’«Antéchrist». Empereur deux fois excommunié, il n’en est pas moins l’artisan de la restitution des Lieux Saints aux chrétiens. Incarnation de la figure impériale et de la plus grande gloire du Reich médiéval pour les uns, il est pour d’autres le fossoyeur d’une Allemagne dont les intérêts ont été sacrifiés au profit de la Sicile natale d’un souverain bien plus méditerranéen que germanique…

 

Lorsqu’il naĂ®t le 26 dĂ©cembre 1194, Ă  Iesi, dans la Marche d’AncĂ´ne, FrĂ©dĂ©ric Roger de Hohenstaufen est promis Ă  un hĂ©ritage sans commune mesure : il est en effet appelĂ© Ă  ceindre un jour la couronne impĂ©riale de son père, Henri VI, et Ă  recueillir par sa mère, petite-fille de Roger II de Sicile, le patrimoine mĂ©diterranĂ©en du sang normand coulant dans ses veines (institut-iliade.com).

 

L'année 1194 voit Saturne en Capricorne depuis le 3 janvier jusqu'à la fin (www.astro.com - 1194).

 

"En apres du premier de juin jusques au 24 du dict, et du 25 de septembre jusques au 16 d’octobre"

 

Le 19e et 22e dimanches après Pentecôte tombent le 25 septembre et 16 octobre pour Pâques au 27 mars Le 16e et 19e dimanches tombent le 25 septembre et 16 octobre pour Pâques au 17 avril. (Louis de Mas Latrie, Dictionnaire de statistique religieuse et de l'art de vérifier les dates, 1851 - books.google.fr).

 

En consultant une table chronologique, on constate que les deux années 1239 et 1250 sont les seules années du XIIIe siècle où Pâques tombe le 27 mars et qui ont pour lettre dominicale B (Revue savoisienne, Volumes 61 à 63, 1920 - books.google.fr).

 

1250, année de la mort de Frédéric II.

 

L'Ă©vangile du 22e dimanche après PentecĂ´te porte sur Matth., XXII, 21 : «Rendez Ă  CĂ©sar ce qui appartient Ă  CĂ©sar et Ă  Dieu ce qui appartient Ă  Dieu !» (Petites mĂ©ditations, 1861 - books.google.fr).

 

L’Évangile du 19e dimanche lui a fait donner plus spĂ©cialement le nom de Dimanche des conviĂ©s aux noces : Matthieu 22, 1-14. Dès le commencement nĂ©anmoins de la sĂ©rie dominicale qui prend son point de dĂ©part Ă  la descente de l’Esprit-Saint, l’Église proposait Ă  ses fils l’enseignement Ă©vangĂ©lique qu’elle offre aujourd’hui derechef Ă  leurs mĂ©ditations; au deuxième Dimanche après la PentecĂ´te, elle empruntait Ă  saint Luc (s. Luc 14, 16-24) l’exposĂ© de la parabole du grand repas aux nombreux invitĂ©s, que saint Matthieu, prĂ©cisant davantage, appelle maintenant le festin des noces (abbe-pivert.com).

 

Enzio est le fils illégitime de l'empereur Frédéric II du Saint-Empire (1194-1250) et d'Adélaïde d'Urslingen, la fille de Conrad d'Urslingen. Il seconde brillamment son père en Italie lors des luttes menées contre le pape et les Génois qu'il défait lors du combat de Meloria en 1241. Enzio épouse en 1238 Adelasia de Torres, héritière en Sardaigne des Judicats de Torres et de Gallura, et il reçoit de son père en 1242 le titre de «roi de Sardaigne». Il avait abandonné son épouse dès 1239 et leur mariage est dissous en 1246. Il combat ensuite les guelfes pour le compte de son père en Italie, mais il perd la bataille de Fossalta le 26 mai 1249 et il est emmené en captivité à Bologne, où il vit vingt-trois ans en résidence surveillée dans le palais Re Enzo. Son parti (les gibelins) est ensuite tenu en échec. Frédéric II (mort en 1250) tente en vain de négocier sa libération mais les Bolonais demeurent inflexibles. À sa mort, Enzio a droit à des obsèques solennelles et il est inhumé dans la basilique San Domenico où se trouve encore son tombeau (fr.wikipedia.org - Enzio).

 

L'EMPIRE, d'héréditaire qu'il étoit sous les Princes de la race de Charlemagne, devint électif en passant aux Princes Allemands, c'est-à-dire, après la mort de Louis IV, fils de l'Empereur Arnoul; mais la forme de l'élection, le nombre & la qualité des Electeurs ne furent pas toujours les mêmes. D'abord tous les Princes, les Seigneurs & les députés des villes, avoient droit de suffrage dans l'élection du Chef de l'Empire. Çela dura jusqu'au regne de l'Empereur Henri V, sous lequel les Princes-Officiers de l'Empire trouverent moyen de faire changer, en leur faveur, la forme de l'élection. Les autres Princes & Seigneurs, ainsi que les députés des villes, n'eurent plus alors que le droit de présentation, & celui d'élire fut restreint aux Grands-officiers, de maniere toutefois que s'ils élisoient un autre Empereur, ou Roi de Germanie que celui qui leur droit présenté, leur élection, pour être valide, avoit besoin d'être confirmée par le plus grand nombre de ceux qui composoient la Diete. Que si la division, comme il est arrive plusieurs fois, se mettoit entre les Electeurs, en ce cas l'élection étoit dévolue à toute l'assemblée. L'an 1239, le Pape Grégoire IX ayant excommunié l'Empereur Frédéric II, & déclaré l'Empire vacant, les Princes de Germanie prirent alors le parti de réduire le nombre des Electeurs aux sept Grands-Officiers; savoir, les Archevêques de Mayence, de Treves & de Cologne, le Comte Palatin, le Duc de Saxe, le Marquis de Brandebourg & le Roi de Boheme. On prétend même que cette réduction s'étoit faite quelques années auparavant. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'elle est postérieure à l'an 1210, époque de l'élection de Frédéric II. Il est cependant à remarquer que le droit de suffrage ainsi réduit, fut partagé quelquefois entre les branches différentes des Maisons Electorales; ce qui fut réformé par la Bulle d'Or, laquelle restreignit ce droit aux seuls Electeurs en titre. L'an 1623, l'Empereur Ferdinand II, après avoir mis an ban de l'Empire Frédéric, Electeur Palatin, conféra la dignité Electorale à Maximilien, Duc de Baviere, avec le Haut-Palatinat. Mais l'an 1648, Frédéric ayant obtenu son rétablissement aux Conférences de Munster pour la paix, on créa un huitieme Electorat en sa faveur, avec la charge de Grand-Tresorier, pour ne pas dépouiller l’Electeur de Baviere. Enfin l'an 1692, l'Empereur Léopold érigea le Duché d'Hannovre en neuvieme Electorat (L'art de vérifier les dates, Tome 1770 - books.google.fr).

 

Frédéric II convoqua à Égra, le 1er juin 1239, une diète qui fut présidée par Conrad et dans laquelle les princes s'engagèrent par serment à soutenir sa cause et à le réconcilier avec le pape. Le mois suivant, Conrad tint à Mayence un concile auquel assistèrent l'archevêque de cette ville et neuf autres évêques. On y fit droit aux plaintes de l'évêque d'Eichstadt. Toutes les difficultés religieuses y furent réglées avec autant d'unanimité que la question politique avait été résolue à l'assemblée d'Égra. Aussi la réunion des opposants, qui devait se tenir le 1er août à Lebus, dans la marche de Brandebourg, n'eut aucun résultat, le prince de Danemark ayant décliné le périlleux honneur qu'on voulait lui conférer. L'archevêque de Salzbourg réconcilia le duc d'Autriche avec l'empereur, et porta ainsi un dommage considérable à la ligue pontificale. Enfin les princes de l'Empire, tant ecclésiastiques que séculiers, conformément à leurs promesses, écrivirent à Grégoire IX, au printemps de l'année 1240, des lettres respectueuses, mais fermes, où ils le suppliaient de prendre en considération les malheurs dont l'Allemagne était menacée et d'accorder la paix à l'empereur, «dont ils ne pouvaient ni ne voulaient en aucun temps abandonner les droits». Ils lui envoyaient aussi le nouveau maître des Teutoniques Conrad, frère du landgrave de Thuringe, chargé de mener les négociations à bonne fin. Mais cet ambassadeur mourut à Rome le 24 juillet, et Grégoire IX, loin de se prêter à une pacification, ne songea qu'à susciter de nouveaux embarras à l'empereur en convoquant un concile évidemment dirigé contre lui (Historia diplomatica Friderici secundi, 1859 - books.google.fr).

 

La plupart des chefs de la croisade d'outre-mer Ă©taient assemblĂ©s Ă  Lion pour dĂ©libĂ©rer sur leur entreprise, lorsqu'ils recurent un nonce du souverain pontife, qui leur ordonna de retourner dans leurs foyers. Cet ordre inattendu de GrĂ©goire IX scandalisa les princes et les barons qui rĂ©pondirent Ă  l'envoyĂ© de la Cour de Rome que le pape pouvait changer de politique, dĂ©sapprouver ce que lui-mĂŞme avait ordonnĂ©, mais que les dĂ©fenseurs de la croix, ceux qui s'Ă©taient vouĂ©s au service de JĂ©sus-Christ, restaient inĂ©branlables dans leurs desseins. «Nous avons fait,» ajoutaient-ils, «tous nos prĂ©paratifs; nous avons engagĂ© ou vendu nos terres, nos maisons et nos meubles; nous avons quittĂ© nos amis et nos familles, annoncĂ© notre arrivĂ©e en Palestine : la religion et l'honneur nous dĂ©fendent de retourner sur nos pas». Comme le nonce du pape voulut faire parler l'autoritĂ© de l'Église, et qu'il accusa les barons de trahir la cause qu'ils allaient dĂ©fendre, les guerriers chrĂ©tiens ne purent contenir leur indignation; les soldats et les chefs s'emportèrent au point de maltraiter l'ambassadeur du souverain pontife; ils l'auraient immolĂ© Ă  leur colère sans les conseils et les prières des prĂ©lats et des Ă©vĂŞques. A peine les croisĂ©s venaient de renvoyer avec mĂ©pris le nonce du pape, qu'ils virent arriver des dĂ©putĂ©s de l'empereur d'Allemagne, qui les suppliaient Ă©galement de suspendre leur marche, et d'attendre que lui-mĂŞme eĂ»t rassemblĂ© ses troupes pour se mettre Ă  leur tĂŞte. Ce prince avait Ă©crit au pape une lettre datĂ©e de CrĂ©mone, le 7 dĂ©cembre 1238, pour le prier de faire retarder l'expĂ©dition, promettant d'en ĂŞtre lui-mĂŞme Ă  la Saint-Jean-Baptiste de l'annĂ©e suivante, c'est-Ă -dire le 24 juin 1239; mais FrĂ©dĂ©ric n'avait d'autre but que d'empĂŞcher cette expĂ©dition. Il devait craindre que les nouveaux croisĂ©s n'allassent en Palestine augmenter le nombre de ses ennemis, et troubler l'ordre qu'il croyait y avoir Ă©tabli. Ainsi, d'un cĂ´tĂ© le pape, de l'autre l'empereur, par des motifs diffĂ©rens, s'opposaient Ă  l'expĂ©dition. S'il faut en croire une chronique manuscrite dont nous parlerons plus bas, FrĂ©dĂ©ric envoya une première fois prier les seigneurs croisĂ©s de diffĂ©rer leur dĂ©part d'un an, promettant de les accompagner alors; les seigneurs croisĂ©s dĂ©libĂ©rèrent entr'eux, et consentirent Ă  attendre une annĂ©e. Quand cette annĂ©e fut rĂ©volue, et que FrĂ©dĂ©ric sut qu'ils se disposaient Ă  partir, il leur envoya faire la mĂŞme prière, promettant de les accompagner dans un an, lorsque les affaires qui le retenaient encore seraient arrangĂ©es. Les seigneurs croisĂ©s, dit la Chronique, virent bien que ce « n'Ă©tait que guille et treicherie « que li emperor leur mandoit, et se dĂ©cidèrent Ă  partir.» (Jean Lefevre, Fortia de Urban, Histoire de Hainaut de Jean de Guyse, traduite en francais avec le texte latin en regard,Tome 16, 1835 - books.google.fr).

 

Environ sept cents chevaliers français accompagnèrent, en 1239, l'empereur Baudoin se dirigeant sur Constantinople, au moment où les croisés se disposaient de leur côté à partir avec l'empereur Frédéric II, qu'ils avaient choisi comme chef de l'expédition. Ce choix de l'ennemi le plus acharné du Saint-Siège, auquel on allait confier les intérêts de l'église, était une petite vengeance des barons mécontents de l'attitude du pape. A cette nouvelle, Grégoire IX irrité envoya de Rome un de ses légats pour inviter les champions du Christ à renoncer à leur projet, et à retourner chez eux, s'ils étaient déjà en route. Les croisés ne furent pas moins courroucés de cette étrange injonction donnée en des termes aussi impératifs. Peu s'en fallut que les barons furieux et déjà parvenus à Lyon au mois de juillet, ne fissent un mauvais parti au légat, qui parvint cependant à s'échapper sain et sauf, grâce à l'intervention de quelques prélats. Dans le même moment, Frédéric II déclara fort à propos que la guerre qu'il soutenait contre les Lombards ne lui permettait pas d'accepter l'honneur de diriger l'expédition. Il fallut trouver un autre chef. Le duc de Bourgogne s'offrit pour être généralissime, et sollicita même les suffrages; on ne commit pas l'imprudence de confier cette lourde responsabilité à un jeune homme de vingt-six ans; on lui préféra avec raison le seul des croisés qui portàt le titre de roi, Thibaud de Champagne, roi de Navarre (Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, Volume 4, 1891 - books.google.fr).

 

Persécution des Vaudois et excommunication

 

L'an 1238. le Pape Gregoire IX ne trouvant pas que l'ArchevĂ©que de Milan poursuivit assez chaudement les Vaudois & autres contredisans aux abus du tems, en toute la Lombardie, delegua cette commission au Provincial des Jacobins ou Dominicains. Au mĂ©me an mourut Ă  Bologne leur second General nommĂ© Jordain Successeur de Dominique, auquel succeda Reymont de Pegnefort natif de Barcellonne en Catalogne, qui avoit estĂ© Docteur en Droit en Barcellone, & depuis Châtelain & Penitencier du Pape Gregoire IX qui s'en estoit servi l'an 1230 pour rediger en ordre les Decretales : Celuy-cy semble avoir eĂ» plus de credit envers l'Empereur que n'avoit eĂ» son Predecesseur Jordain.

 

L'an 1239 Indiction douziéme le 22 de Fevrier, l'Empereur Frederic II cuidant gagner les bonnes graces du Pape, fit à Padoue pour un jour trois Edits contre les Vaudois & autres, qu'on mettoit tous en un méme Fidelium. Son loyer fut que le Pape Gregoire, luy fit encore pis que devant, l'excommuniant pour la seconde fois, un mois aprés ces cruels Edits, assavoir le jour des Palmes du 20 de Mars (Histoire generale des eglises Evangeliques des vallees de Piemont; ou Vaudoises, Tome 2, 1669 - books.google.fr).

 

Pour les Vaudois et leurs persécutions cf. quatrains III, 99; VIII, 9; VIII, 70; VIII 77; X, 29 où l'on trouve les termes "barbe" (nom des pasteurs Vaudois) ou "Mésopotamie".

 

"Mésopotamie" renverrait à Lyon, ville entre Saône et Rhône mais aussi fait écho à la Béturie ("Mésopotamie d'Europe"). Au quatrain VIII, 70 l'"Anthéchrist trois" serait François Ier persécutant les Vaudois en particulier en 1545.

 

En 1792, lors de l'invasion française, les Vaudois resteront fidèles au souverain du royaume de Piémont-Sardaigne. Ils obtiendront un allègement de la législation restrictive qui les concernait en 1796 mais ne seront à égalité qu'en 1800 avec l'annexion à la République française. Ils retomberont dans un statut de "citoyens de seconde zone" avec la Restauration savoyarde. Ce n'est qu'en 1848 avec la charte constitutionnelle octroyée par Charles-Albert, le Statut, qu'ils bénéficieront des mêmes droits que ses autres sujets (Théodore Muret, Histoire de Henri Arnaud, (1641-1721) pasteur et chef militaire des Vaudois du Piémont: Résumé de l'histoire vaudoise, 1853 - books.google.fr).

 

Empire et Proserpine

 

La question de savoir si Charlemagne a Ă©tĂ© enterrĂ© dans le sarcophage de Proserpine dès 814 est controversĂ©e. Les sources au sujet de la mort et des funĂ©railles de Charlemagne ne le mentionnent pas explicitement. L’historien Dieter Hägermann a soutenu que le sarcophage de Proserpine n'a Ă©tĂ© utilisĂ© qu’en 1165 après la dĂ©couverte du tombeau de Charlemagne par FrĂ©dĂ©ric Barberousse, pour y conserver les os de l'empereur; cependant, Hägermann estime qu’il est improbable que l’on ait coulĂ© un sarcophage en marbre aussi magnifique dans le sol de l’église. La raison pour laquelle un sarcophage Ă  motifs paĂŻens ait Ă©tĂ© choisi pour recevoir les ossements d'un empereur chrĂ©tien peut s'expliquer par une interprĂ©tation chrĂ©tienne de l'histoire de Proserpine : DĂ©mĂ©ter ayant rĂ©ussi par ses prières Ă  obtenir le retour de sa fille sur la terre pendant les deux tiers de l'annĂ©e a pu ĂŞtre interprĂ©tĂ© comme un signe de rĂ©surrection. En 1215, les restes de Charles sont Ă´tĂ©s du sarcophage pour ĂŞtre transfĂ©rĂ©s dans une châsse en orfèvrerie. Le sarcophage de Proserpine, vide, reste dans l'octogone de la chapelle palatine. En 1794, NapolĂ©on Ier fit emporter Ă  Paris le sarcophage; il fut rendu en 1815, et placĂ© dans la chapelle saint- Nicolas (fr.wikipedia.org - Sarcophage de Proserpine, Fernand de MĂ©ly, Le tombeau de Charlemagne Ă  Aix-la-Chapelle. In: Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, 59? annĂ©e, N. 5, 1915 - www.persee.fr).

 

L'important rĂ´le dĂ©volu au dieu Amor et Ă  sa mère dans l'histoire du rapt de Proserpine constitue une innovation par rapport Ă  la tradition. Le poète aurait-il voulu par lĂ  rendre hommage Ă  la puissance souveraine de ces divinitĂ©s ? On peut sĂ©rieusement en douter, s'il est vrai, comme le montre P. J. Johnson, que VĂ©nus et Cupidon apparaissent «moins ici comme les inspirateurs de l'amour que comme l'ImpĂ©ratrice et le Commandant en chef d'un empire», et qu'Ă  travers tout le livre V, Ovide «se livre Ă  une attaque en règle contre l'idĂ©ologie impĂ©riale romaine» (J.-Y. Maleuvre, Vrais et faux hĂ©ros dans Les mĂ©tamorphoses d'Ovide, 2005 - books.google.fr).

 

Il conviendrait en outre de mĂ©nager une place au dernier avatar de la religion d'État, Ă  la dernière des grandes thĂ©ologies du paganisme sous sa forme la plus officielle : je veux parler de la thĂ©ologie solaire, du culte de Sol Inuictus, installĂ©, de façon hasardeuse et Ă©phĂ©mère, par Élagabal, puis avec succès efficacement romanisĂ©, par AurĂ©lien, en 274, innovation qui demeure pleinement actuelle Ă  l'Ă©poque oĂą Ă©crit Arnobe, quelque vingt-cinq ans plus tard. Le livre III procède, dans sa deuxième partie, Ă  une revue des grands dieux du paganisme, de Janus aux divinitĂ©s astrales, honorĂ©es dès l'ancienne religion romaine, le Soleil et la Lune (chap. 29-36). Aucun ne sortira indemne de l'entreprise Que la spiritualitĂ© de l'Empire soit faiblement concernĂ©e, quand il s'agit de dĂ©terminer si Proserpine (pour reprendre un exemple dĂ©jĂ  citĂ©) se confond bien, par une Ă©tymologie malencontreuse (et varronienne), avec «les semis qui serpentent», nul n'en disconviendra. Mais l'enjeu thĂ©ologique, spirituel, est infiniment plus considĂ©rable quand Arnobe Ă©tudie, l'un après l'autre, les grands dieux que le nĂ©opaganisme du IIIe siècle assimile au Soleil : Janus, Jupiter, Liber, Apollon. Leur sort Ă  tous est scellĂ© par le mĂŞme refrain : si ce que disent vos thĂ©ologiens est vrai, si tous ces dieux ne sont en fait que le Soleil, il s'ensuit que Janus (Jupiter, Liber, Apollon) n'existent pas. Comme si le Soleil seul existait. Mais son tour viendra Ă  lui aussi, avec la Lune, seule survivante d'une thĂ©ologie lunaire fĂ©minine et parallèle : neque Sol deus sit neque Luna (3, 35, 4). C'est la nĂ©gation suprĂŞme. Les Ă©tymologies assimilatrices ne sont pas innocentes. La thĂ©ologie unificatrice du syncrĂ©tisme l'est encore moins. Ă€ force de se concentrer sur un seul ĂŞtre divin, devenu la cible unique de l'apologiste chrĂ©tien : que sa divinitĂ© soit vaincue, non par l'argumentation de l'adversaire, mais par les contradictions de ses propres savants, et tout explose du mĂŞme coup. Tels sont les effets pervers du syncrĂ©tisme. Une fois niĂ©e la divinitĂ© du Soleil, il n'y a plus rien : tout l'Ă©difice relia gieux du paganisme s'effondre avec lui. C'est, entre les livres III Ă  VII, le livre III qui, de Janus Ă  Apollon, incarnation la plus ancienne, la plus classique, du Soleil, mène l'attaque la plus organisĂ©e contre le culte solaire. C'est lĂ , en effet, que quatre grands dieux sont successivement assimilĂ©s au Soleil, ce qui est l'expression mĂŞme de l'hĂ©nothĂ©isme et de son entreprise d'unification du monde divin (Henri Le Bonniec, Adversus nationes d'Arnobe Livre III, 1982 - books.google.fr).

 

Au début du livre 3 de l'Enlèvement de Proserpine, l'assemblée des dieux prend les allures d'une cérémonie de cour, où Jupiter assume l'absolu du pouvoir impérial (La poétique, théorie et pratique: actes du XVe congrès Orléans, Association Guillaume Budé, 2008 - books.google.fr).

 

L'ancien topos de la poésie épique et cosmique, inspiré des Métamorphoses où les animaux du zodiaque sont présentés comme des monstres menaçants, repris par Claudien dans la Gigantomachie (9, et s.) et l'Enlèvement de Proserpine (II, 188 et s.), était devenu dans les panégyriques une allégorie de la grandeur. Le poète chrétien Prudence, nouveau psalmiste, en fait un élément de sa célébration. À l'exemple de Virgile qui voit en César Auguste une nouvelle constellation située entre Erigone et les Pinces du Scorpion (Georg. I, 32-35), à l'exemple de Claudien qui représente à plusieurs reprises le zodiaque bouleversé pour symboliser les victoires impériales, il chante le triomphe du nouveau soleil, le Christ, en insistant sur sa puissance (Laurence Gosserez, Poésie de lumière: une lecture de Prudence, 2001 - books.google.fr).

 

Le plus ancien tĂ©moignage que nous possĂ©dions sur Eulalie de MĂ©rida est l'hymne que le poète espagnol Prudence composa en son honneur avant 405 (Peristephanon, 3). Selon ce rĂ©cit poĂ©tique, Eulalie Ă©tait une vierge consacrĂ©e, de naissance noble. DĂ©daignant le luxe et les activitĂ©s frivoles, elle manifestait une sĂ©vĂ©ritĂ© et une austĂ©ritĂ© dignes d'un âge avancĂ©. Sous Maximien (v. 77 et 81), donc vraisemblablement en 304, lors de la persĂ©cution la plus rigoureuse contre les chrĂ©tiens, elle refuse de sacrifier aux idoles. Pour la soustraire Ă  la mort, ses parents la cachent Ă  la campagne. Mais Eulalie s'enfuit durant la nuit et, accompagnĂ©e par un chĹ“ur d'anges, elle regagne la ville, sans se soucier des ronces et des Ă©pines qui lui blessent les pieds. Elle parvient au tribunal, y prononce un violent discours contre l'idolâtrie et demande elle-mĂŞme au juge de faire pĂ©rir son corps. Le juge essaie de la faire changer d'opinion en Ă©voquant les joies du mariage auxquelles elle renonce, et en lui rappelant ses devoirs envers ses parents. Pour toute rĂ©ponse, Eulalie lui crache Ă  la figure, brise des statues et foule de ses pieds la farine sacrĂ©e. Sans retard, les bourreaux la soumettent Ă  la torture; ils lui dĂ©chirent les flancs avec un ongle de fer. Pendant ce temps, pleine de joie et de courage, Eulalie chante le Christ. Le bourreau change alors de supplice : il la brĂ»le avec des torches. Eulalie recherche le feu et l'aspire (v. 160). Soudain, une colombe sort de sa bouche : «C'Ă©tait l'âme d'Eulalie, blanche comme le lait, allègre et innocente.» (v. 164-165). Devant ce prodige, le bourreau s'enfuit et, second miracle, la neige se met Ă  tomber, formant un blanc linceul pour la jeune martyre : la nature elle-mĂŞme rend hommage Ă  Eulalie (Dictionnaire des saints et grands tĂ©moins du christianisme, 2019 - books.google.fr).

 

Politien a fait du royaume de Pluton et Proserpine dans l'Orfeo un lieu de mémoire pour célébrer la cour des Gonzague à Mantoue. [...] Le thème des noces de Proserpine donne une part importante à Barbara de Brandebourg dans la mythologie politique mantouane. [...] En effet, le pouvoir du marquis de Gonzague prend pour modèle les Césars et se glorifie de l'alliance matrimoniale avec les empereurs de Germanie. Un autre motif essentiel est celui de l'insigne du pouvoir religieux : le marquis de Mantoue s'enorgueillissait des appuis qu'il avait à Rome, et grâce auxquels son fils François avait obtenu la charge de cardinal. [...] Politien approuve une conception du pouvoir de type impérial qui tire son modèle des Césars (Émilie Séris, Les étoiles de Némésis: La rhétorique de la mémoire dans la poésie d'Ange Politien, 1454-1494, 2002 - books.google.fr).

 

Jupiter et Verseau

 

De la structure, nuage-tonnerre-foudre, les Romains ont tiré des épiclèses de Jupiter permettant aux Romains de l'identifier comme dieu de l'Orage : Jupiter pluvius, «pluvial», Jupiter tonans, «tonnant», Jupiter fulminator, «qui lance la foudre».

 

A Rome, les précipitations orageuses de Jupiter sont exprimées dans un réseau d'épiclèses décrivant le cycle de la pluie. Serenus «du ciel sans nuage», il est le dieu du beau temps. Imbricitor «qui amène la pluie». Cette épithète se raccroche étymologiquement à aux noms latins imber, «la pluie» et nimbus, «le nuage orageux». Jupiter est donc imbricitor dans le moment précédant les précipitations. A ce moment, il devient alors pluvius, «pluvial», il libère les eaux pour donner vie à l'univers. Tibulle décrit bien cette épiclèse du dieu dans ses Elégies : Grâce à toi (le Nil), le sol que tu arroses ne réclame pas l'eau du ciel, et l'herbe desséchée n'implore pas Jupiter qui distribue les pluies. Le résultat de cette pluie bénéfique se traduit par la luxuriance qu'il patronne en tant que frugifer (Raphaël Nicolle, Les dieux de l'Orage à Rome et chez les Hittites, 2015 - bdr.parisnanterre.fr).

 

Zeus was also a sender of rain (Jupiter Pluvius); and he was sometimes identified with the rain itself as the inseminator of both Ceres for the earth and Proserpina for vegetation (Arnobius, Adv. Gent., V, 32, 35) (The Open Court, Volume 34, 1920 - books.google.fr).

 

A cette occasion, Proserpine est appelée Libera par Arnobe (The Seven Books of Arnobius Adversus Gentes, traduit par Archibald Hamilton Bryce, Hugh Campbell, 1871 - books.google.fr).

 

Cic. ND 2, 66 donne la bonne étymologie, par l'emprunt au grec : quod Graecorum nomen est... "Persephonè". Vénus, Proserpine : l'ordre suivi par Arn. est varronien, puisque, sous son autre nom de Libera (Cic. Verr. 4, 106; Arn. 5, 21, 3; 5, 35, 3), Varr. l'assimile à Vénus : Aug. ciu. 6, 9, p. 263 D Liberam, quam etiam Venerem putant, quod et ipsam perhibeant semina emittere; 7, 2-3, p. 274 sq. D Libera, quam et Venerem uolunt... quae Ceres seu Venus est = 93 Card. Pour l'étymologie, 7, 20, p. 298 D a proserpendo Proserpina dicta esset = 271 Card.; 7, 24, p. 304 D Proserpinam, quod ex ea proserpant fruges (supra, 3, 32, n. 3) = 268 Card.; LL 5, 68 : Luna... dicta Proserpina, quod haec ut serpens modo in dexteram, modo in sinisteram partem late mouetur = XVI a Card.; Isid. orig 8, 11, 57 et 60 Proserpinam, quod ex ea (sc. terra) proserpiant fruges. Proserpo : archaïque, Plaut. As. 695; Per. 299; Poe. 1034; Sti. 724. L'explication rejoint l'interprétation allégorique de Proserpine enlevée par Pluton, 5, 32, 3-4; 5, 35, 3; 5, 37, 3-4 semen Proserpina diceretur (Henri Le Bonniec, Adversus nationes d'Arnobe Livre III, 1982 - books.google.fr).

 

The Aquarius or the Jupiter of the tropics Aquarius is the Water-Carrier in the Zodiac, while Jupiter here is specifically Jupiter Pluvius, the god of rainfall in the classical mythology (Hamel the Obeah Man, 2008 - books.google.fr).

 

Dragon et Balance

 

Chez Claudien et chez le poète alexandrin Nonnos qui recourt aux textes orphiques plus anciens, les dragons sont attelés au char de Déméter-Cérès qui les en détache pour les placer comme gardes devant l'enclos où elle enferme sa fille par peur d'un rapt. Le lien de la Cérès aux dragons avec la vierge chrétienne pourrait s'expliquer par le fait que, dans l'iconographie chrétienne, la vierge apparaît en relation avec le dragon qu'elle piétine, comme une deuxième Eve qui, elle, combat les forces du mal, en accomplissant les versets du troisième livre de la Génèse suivant lesquels il existerait une éternelle hostilité entre les enfants d'Eve et les serpents (Ute Heidmann Ute, Mythe et identité : la fonction de l'emprunt mythologique dans Proserpina, récit d'enfance d'Elisabeth Langgässer. In: Cahiers d'Études Germaniques, numéro 26, 1994 - www.persee.fr).

 

Pour en revenir à 1606, notons D'Assoucy (Charles Coypeau), né à Paris en 1604 ou 1605, mort en 1679, qui a mené une vie errante et misérable, tant en Italie qu'en France. On a de lui les Aventures d'Italie, l'Enlèvement de Proserpine, traduit de Claudien en vers burlesques; l'Ovide en belle humeur, travestissement d'une partie des Métamorphoses; etc. Son infériorité à l'égard de Scarron l'en faisait appeler le singe (Nicolas Boileau Despréaux, Œuvres poétiques (Éloge de M. Despréaux par M. D'Alembert), 1863 - books.google.fr).

 

En effet, six mois après, l'ame du monde arrive vers les dernières Ă©toiles de la Balance, & s'unit alors Ă  Persephone qui se leve hĂ©liaquement avec le Serpent cĂ©leste placĂ© au-dessous. Ils se levent ensemble & se trouvent ensemble encore le soir Ă  l'horizon occidental, & par leur coucher sont lever le Taureau, qui, six mois auparavant, par son coucher, les faisoit lever : c'est cette apparence astronomique & cette succession alternative des levers & des couchers de ces Constellations opposĂ©es qui est exprimĂ©e dans le vers mystĂ©rieux :

 

Taurus Draconem genuit & Taurum Draco (Antoine Mongez, Encyclopédie méthodique. Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, 1793 - books.google.fr).

 

Formule des fêtes des Sabazies qu'on peut traduire par Le Dieu-Taureau procréa le reptile, Et le reptile engendra le taureau (Biographie universelle, ancienne et moderne: Partie mythologique, Tome 55, 1833 - books.google.fr).

 

BientĂ´t, sous l'influence de son hymen avec ce dragon olympien ("drakonteiĂ´n"), les flancs de Proserpine s'arrondirent (Nonnos, Les Dionysiaques ou Bacchus poeme en 48 chants grec et francais, traduit par M. de Marcellus, 1856 - books.google.fr).

 

MĂ©rida - Proserpine

 

Capitale de l'Estrémadure, Mérida est notamment connue pour ses impressionnantes ruines romaines, dont celles de l'aqueduc des Miracles, qui approvisionnait la ville en eau depuis le lac de retenu de Proserpine (Serafin Fanjul, Al Andalus, l'invention d'un mythe: La réalité historique de l'Espagne des trois cultures, 2017 - books.google.fr).

 

Les deux aquéducs de Mérida prenaient les eaux à deux étangs artificiels, situés à quelque distance de la ville. Ces antiques réservoirs, portant le nom d'Albu fera ou Albuera, qui leur a été donné par les Arabes, existent encore aujourd'hui tout entiers, et offrent un système de construction dont la durée atteste la solidité. Le premier, éloigné d'une lieue de Mérida, est alimenté par les eaux pluviales et les ruisseaux des environs: on évalue à une lieue la circonférence de sa surface quand il est plein. Ce qui témoigne que cet établissement est d'origine romaine, c'est l'architecture d'une muraille énorme, haute de 45 pieds et longue de plus de 1,300, qui sert à retenir les eaux du côté de l'ouest. Deux grosses tours, accolées à cette muraille, contiennent entre elles l'écluse qui sert à mettre l'étang à sec quand on veut en faire la pêche. Il nourrit en abondance des poissons d'un goût très-délicat. Quelques auteurs l'ont désigné sous le nom de lac de Proserpine, à cause d'une inscription votive à cette déesse, qui fut arrachée autrefois du mur que nous venons de décrire, et transportée sur celui d'une maison du voisinage, où on la lit encore aujourd'hui. Le second de ces réservoirs, ou Albuera, se trouve à deux lieues environ à l'est de Mérida, dans un pâturage nommé de Cornalvo. Quoiqu'il ne soit pas aussi étendu que le premier, il lui est comparable par la beauté et la solidité de la muraille qui retient ses eaux. Sur le côté intérieur de ce mur, on voit des restes de degrés, qui pourraient faire conjecturer que le peuple s'y rassemblait pour voir de là quelque spectacle donné sur l'étang. On a découvert aux environs des aquéducs souterrains, se communiquant entre eux au moyen de galeries, et si spacieux, qu'un homme peut y marcher à son aise. Il n'est pas douteux que ce lac n'ait été un de ceux qui alimentaient les aquéducs de Mérida. L'eau qui en coule aujourd'hui donne naissance à la rivière Albaregas (Alexandre de Laborde, Itinéraire descriptif de l'Espagne, Tome 3, 1828 - books.google.fr).

 

Prière judiciaire, document datable du IIe s J.-C., gravé sur le marbre et découvert en Espagne, sur le mur d'un bassin, près du site d'Emerita-Augusta (aujourd'hui Merida) (Corpus de prières grecques et romaines, 2001 - books.google.fr).

 

A MĂ©rida, Proserpine, sous une forme indigène, est invoquĂ©e dans une prière adressĂ©e Ă  la dĂ©esse Ataecina Turibrigensis Proserpina afin qu'elle punisse un voleur : «DĂ©esse Turibrigensis Proserpina, je te prie, je te demande et t'implore, par ta grande majestĂ©, afin que tu me venges des vols qui m'ont Ă©tĂ© faits; quelqu'un m'a volĂ©, en moins de temps qu'il n'a fallu pour les faire, les objets qui sont inscrits ci-dessous : tuniques 6, capes de lin 2, chemises...» Ataecina est une dĂ©esse indigène assimilĂ©e Ă  la dĂ©esse grĂ©co-romaine Proserpina Stygia (Malecot 1971, p. 229) (Marie-Odile Laforge, La religion privĂ©e Ă  PompĂ©i, 2020 - books.google.fr).

 

Durante siglos, el embalse era conocido como "Charca de la Albuera" o "Albuhera de Carija", (del árabe Albufera, laguna), debido a que recoge aguas del Arroyo de la Albuhera, un afluente del río Aljucén, y a su cercanía a la montaña de Carija. En el siglo XVIII fue descubierta una lápida en la que se invocaba a la diosa Ataecina-Proserpina, recibiendo desde entonces la actual nomenclatura (es.wikipedia.org - Embalse de Proserpina).

 

Ataegina, AtĂ©gina, Ataecina, parfois francisĂ© en AtĂ©gine ou AtĂ©cine, est une divinitĂ© chthonienne populaire adorĂ©e par les anciens Ibères, Lusitaniens et Celtibères de la PĂ©ninsule IbĂ©rique. Selon les sources les plus courantes, le nom Ataegina est d'origine celtique : les deux racines *atte- et *geno- signifiant «rené», une autre explication se trouvant dans la racine *ad-akw?- (Ă  rapprocher de adaig irlandais) signifiant «nuit» et qui en ferait une divinitĂ© infernale. Les Ă©pigraphes de la rĂ©gion de Badajoz associent la divinitĂ© Ă  la Proserpine romaine, fille de CĂ©rès et de Jupiter, ou Ă  PersĂ©phone et en feraient la divinitĂ© associĂ©e au printemps et aux saisons, cette fonction faisant Ă©cho Ă  l'Ă©tymologie du nom, «renĂ©e».

 

Ataegina était vénérée en Lusitanie et en Bétique; On trouve également des sanctuaires dédiés à Ataegina à Elvas au Portugal, à Mérida et Cáceres en Espagne, mais aussi en d'autres lieux, en particulier près du fleuve Guadiana. Elle était l'une des déesses vénérées à Myrtilis Iulia (aujourd'hui Mértola, Portugal), Pax Julia (Beja, Portugal) et en particulier en la ville de Turobriga, dont l'emplacement exact reste inconnu. Une plaque de bronze à Malpartida de Cáceres suggère une association avec la chèvre, élevée au rang d'animal sacré (fr.wikipedia.org - Ataegina).

 

Ă€ cĂ´tĂ© de divinitĂ©s romaines agraires, AtĂ©gina a retenu notre attention : cette dĂ©esse rĂ©gionale et agraire au caractère infernal venait de Turobriga, Ă©tait vĂ©nĂ©rĂ©e exclusivement dans le conuentus Emeritensis, et, Ă  Augusta Emerita, devint AtĂ©gina-Proserpine sous l’impulsion d’indigènes. En effet, 10 de 12 inscriptions retrouvĂ©es viennent d’Augusta Emerita, de Metellinum et de la pertica de Norba.

 

Le fora provincial et colonial d’Augusta Emerita n’abritaient pas que des dieux romains : des divinitĂ©s rĂ©gionales et nouvelles pouvaient y ĂŞtre vĂ©nĂ©rĂ©es. Ce fut le cas d’AtĂ©gina-Prosperpine qui se vit construire un sanctuaire et dĂ©diĂ© une digue sĂ»rement pendant les premières annĂ©es après la fondation de la colonie. Nous n’excluons pas que, dans un premier temps, ce sanctuaire urbain et cette digue ait Ă©tĂ© dĂ©diĂ© en l’honneur d’AtĂ©gina eu Ă©gar au nombre non-nĂ©gligeable d’inscriptions Ă©mĂ©ritaines en l’honneur d’AtĂ©gina. Grâce Ă  l’apport d’une inscription de caractère privĂ© retrouvĂ©e au sein du sanctuaire, nous savons que ce sanctuaire Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă  AtĂ©gina-Proserpine. AtĂ©gina-Proserpine existait seulement Ă  Augusta Emerita. Dans le reste du conuentus Emeritensis, c’était AtĂ©gina que l’on vĂ©nĂ©rait. Cette dĂ©esse rĂ©gionale possĂ©dait un sanctuaire Ă  Turobriga, lieu mentionnĂ© par Pline l’Ancien (Plin, Nat, III, 14 : «Outre ces villes, on trouve en Celtique : Acinippo, Arunda, Arunci, Turobriga, Lastigi, SalpĂ©sa, SĂ©po et SĂ©rippo»). Turobriga faisait partie de la pertica de Norba et Ă©tait l’ancien nom de Santa LucĂ­a del Trampal dans l’actuelle AlcuĂ©scar. D’ailleurs, 5 inscriptions en l’honneur d’AtĂ©gina ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es aux alentours de Turobriga. Au dĂ©part, le culte en l’honneur d’AtĂ©gina Ă©tait un culte local qui s’est diffusĂ© dans tout le conuentus Emeritensis suite Ă  la fondation d’Augusta Emerita mais aussi de Norba et de Metellinum oĂą a Ă©tĂ© retrouvĂ© une inscription urbaine (Simon El Husseini-Strintz, La crĂ©ation des panthĂ©ons romains dans la Lusitanie tardo-rĂ©publicaine et impĂ©riale : les colonies cĂ©saro-augustĂ©ennes de Lusitanie (45 av. J.-C.-68 ap. J.-C.), 2021 - dumas.ccsd.cnrs.fr).

 

Pythagore appelait aussi les planètes les chiens de Proserpine. Cette expression singulière n'a de sens qu'ésotériquement. Proserpine, la déesse des âmes, présidait à leur incarnation dans la matière. Pythagore appelait donc les planètes : chiens de Proserpine, parce qu'elles gardent et retiennent les âmes incarnées comme le Cerbère mythologique garde les âmes en enfer (Edouard Schure, Les grands initiés (1902), 2022 - books.google.fr).

 

Domitien et Proserpine

 

Ou bien dira-t-on qu'il ne sçavoit pas mĂŞme compter, puisqu'il fixe & arreste son second dĂ©nombrement Ă  4173 ans & 8 mois, lorsqu'il ne monte qu'Ă  4092 ans & deux mois ? Certes je ne croi pas qu'aucun homme de bon sens, sage & judicieux, veuille imputer ici de l'abus, de l'ignorance ou de la rĂŞverie Ă  Nostradamus. Il en faut donc rechercher la cause, & voir ce qu'il a prĂ©tendu nous insinuĂ«r par ces trois differens âges du monde, dont le premier & le dernier sont enveloppez dans la supputation ou le calcul qu'il en faut faire (Jean Le Roux, La clef de Nostradamus, 1710 - books.google.fr).

 

La différence entre 4713 et 4092 donne 81.

 

Le règne de Domitien (81-96) a longuement été étudié récemment et différents auteurs, se sont plu à mettre en évidence son despotisme et un certain culte de sa personne, déifiée, voire divinisée. En sa qualité de «maître et dieu» il fit consacrer un temple à la gens flavia; vers 85 en 88, au mépris d'ailleurs des computs officiels, il fait donner des jeux séculaires en l'honneur de l'événement du Siècle d'Or. Enfin, il prend pour patron Juppiter Capitolinus et la célèbre Minerve. On dit aussi qu'il avait un goût prononcé pour les cultes d'Isis et de Sérapis et qu'il fit construire un temple hors du pomœrium sacré. Mais l'affaire des Vestales, condamnées sur le plus petit soupçon à mort, marque le règne de Domitien en sa qualité de Pontife Maxime intransigeant. Le prince fit notamment condamner puis enterrer vive la grande vestale Cornelia. Le sénateur Pline écrira plus tard : «Après avoir souhaité passionnément d'enterrer vive Cornélia, la fameuse grande vestale, persuadé que faire un exemple comme celui-là donnerait de l'éclat à son règne, usant de son droit de souverain pontife ou plutôt de la cruauté d'un tyran... il convoqua les pontifes non pas dans la demeure [traditionnelle] du Roi des sacrifices (à la régie, palais des Pontifes) mais dans sa villa d'Albe et se chargeant d'un crime plus grave encore que celui qu'il se donnait l'air de punir, il condamna Cornélia pour manquement à la chasteté sans la faire comparaître et sans l'entendre, alors que lui-même avait eu un commerce honteux avec la fille de son frère et l'avait même tuée, puis qu'après avoir perdu son mari, elle mourut d'un avortement». Les propos de Pline sont particulièrement sévères mais précis et concordants. Toutefois on se demande si les questions de religion déterminaient à elles seules la conduite du prince plutôt que ses pulsions maladives (Dominique A. Mignot, Pline le Jeune, le juriste témoin de son temps, d’après sa correspondance, 2015 - books.google.fr).

 

Dii Severi désignent Pluton et Proserpine aussi bien qu’Isis et Sérapis par syncrétisme Robert Etienne, Les syncrétismes religieux dans la Péninsule Ibérique à l’époque impériale In : Itineraria hispanica, 2006 https://books.openedition.org/ausonius/8204?lang=fr#bodyftn60

 

Domitien serait le "Chaulveron" (chauve Néron de Juvénal) du quatrain IX, 76 - Batailles de Bedriac.

 

Tout le monde scait que dans le deuil, on se faisoir ordinairement coupper les cheveux; qu'on les jettoit quelquefois sur le Bucher, ou sur le Mort, afin qu'ils fussent brĂ»lez avec lui : & il seroit assez inutile d'alleguer Homere, Euripide, Herodien; & tous les Latins. Les Anciens ne doutoient pas mĂŞme qu'on ne les couppât par l'ordre de Proserpine, Ă  ceux qui Ă©toient dans les derniers momens de la vie. Virgile a dit de Didon :

 

Nondum illi flavum Proserpina crinem Abstulerat.

 

Sur quoy il est aisé de voir Servius. Il n'étoit pas permis de le les faire coupper sur la Mer, à moins que ce ne fût dans une tempête extraordinaire; & on se les faisoit razer dans l'esperance d'éviter le naufrage par ce moyen. Juvenal :

 

Cum stagnante sinu gaudent ubi vertica raso Garrula securi narrare pericula nauta.

 

Voicy un Passage formel de Petrone :

 

Notavit sibi ad Lunam, tonforem intempestivo inherentem ministerio, execratusque omen, quod imitaretur ultimum naufragorum votum. Elie Sched, Quistorp, & d'autres ont crĂ» que saint Paul avoit Ă©gard Ă  cette CoĂ»tume, quand il dit dans le verset trente-quatriĂ©me du chapitre vingt-septiĂ©me des Actes :

 

Je vous exhorte Ă  prendre de la nourriture pour vous pouvoir sauver, car il ne tombera pas un seul cheveu de la tĂŞte d'aucun de vous (Urbain Chevreau, Chevraeana, Tome 2, 1700 - books.google.fr).

 

Galba, ayant appris la mort de Neron se rendit à Rome, où il fut déclaré Empereur. Il ne jouït pourtant que 7 mois de l'Empire, & fut assassiné par les bandes Pretoriennes. Othon, qui l'avoit fait assassiner, eut l'Empire pour sa récompense. Il ne jouit pas longtems de sa grandeur mal acquise, qu'il ne retint que 95 jours. Il se tua apres avoir été défait par Vitellius à la première bataille de Bédriac le 14 avril 69.

 

Othon, qui avait été envoyé en Lusitanie comme gouverneur par Néron pour l'éloigner de Poppée, avait dans son camp la Légion Adjutrix qui, après la bataille, fut stationnée en Lusitanie à Emerita (Mérida) en Mésopotamie d'Europe (Béturie), alors que Vitellius commandait la Légion Rapax (cf. quatrain IX, 76). la Légion Adjutrix arriva en Espagne lorsqu'eut lieu la seconde bataille de Bédriac en octobre 69. Le quatrain IX, 76 emploie l'expression "Emmy deux fleuves" qui se traduit par Mésopotamie (grec) tout en désignant le confluent de l'Adda et du Pô.

 

On dit que c'est lui qui donna aux Espagnols la jurisdiction sur la Mauritanie Tingitane, dont ils jouĂŻrent jusques Ă  la destruction du Royaume des Goths. Vitellius fut Ă©levĂ© Ă  l'Empire par les legions Allemandes. DĂ©s qu'il en eut pris possession il s'abandonna Ă  toutes sortes de vices. Il ne rĂ©gna que neuf mois, au bout desquels il fut assassinĂ© Ă  Rome; & les Legions Orientales choisirent Flavius Vespasien. Cet Empereur fut un bon Prince, & tres vertueux. Il accorda aux Espagnols, afin de les obliger, les Privileges du peuple Latin : Et il leur envoya un grand nombre de Juifs apres la destruction de Jerusalem qui bâtirent la Ville de Merida. Il rĂ©gna 10 ans avec beaucoup d'honneur & de rĂ©putation; & mourut Ă  Rome en l'an 80. Tite, son fils, succeda Ă  l'Empire, & hĂ©rita de toutes ses vertus. Il ne rĂ©gna que 2 ans, 2 mois, & 20 jours. L'Espagne fut gouvernĂ©e sous son regne par trois Preteurs; Ă  savoir celui de l'Espagne Taragonoise, celui de la Betique, & celui de la Lusitanie. Domitien, frere de Tite, mais qui ne lui ressembloit en rien, car c'Ă©toit un Prince tres vicieux, gouverna l'Empire 15 ans & 5 mois. Il persecuta les Chretiens, & fut tuĂ© dans son Palais, Ă  cause de sa cruautĂ©, par un nommĂ© Stephanus, qu'il avoit dessein de mettre Ă  mort. (Histoire abregee d'Espagne, contenant les diferentes races de ses rois, 1703 - books.google.fr, Michael DuBois, Legio, 2015 - books.google.fr).

 

La dĂ©sapprobation du mariage avec la fratris filia, rendu lĂ©gal par Claude, resta cependant aussi forte, et semblable Ă  celle qu'inspirait l'union d'un auunculus et d'une sororis filia : Tacite et SuĂ©tone rapportent que Claude et Agrippine ne trouvèrent quasiment pas d'imitateurs, et plusieurs cas d'unions, lĂ©gitimes ou non, entre patruus et nièce sont prĂ©sentĂ©s dans les sources littĂ©raires comme constituant des incestes, Ă  commencer par les relations de Domitien avec la fille de son frère Titus. C'est peut-ĂŞtre aussi Ă  l'inceste de Domitien que fait allusion, Ă  travers celui de Claude, le Pseudo-SĂ©nèque dans l'Octauia, si cette pièce est bien d'Ă©poque flavienne. A l'Ă©poque de Constantin, Lactance prĂ©sente comme incestueux le mariage de Pluton et de Proserpine, alors que ce type d'union Ă©tait cependant encore lĂ©gal, et Firmicus Maternus, au livre III de sa Mathesis, c'est-Ă -dire très peu de temps avant la rĂ©forme de Constance II, classe parmi les relations incestueuses celles de femmes «avec leurs oncles paternels» (cum patruis). (Philippe Moreau, Incestus et prohibitae nuptiae. L’inceste Ă  Rome: Conception romaine de l’inceste et histoire des prohibitions matrimoniales pour cause de parentĂ© dans la Rome antique, 2021 - books.google.fr).

 

Cf. Lettre à Henry - Eulalie et le "cinquième degré" du Concile de Latran de 1215.

 

Autrefois toute parenté collatérale bien établie formait un empêchement canonique. (Concile d'Agde de 506, canon 61.) Grégoire III limita cet empêchement au septième degré; mais le quatrième concile de Latran de 1215 limita encore cet empêchement; il régla qu'une fois qu'on aurait atteint le cinquième degré, il n'y aurait plus d'empêchement. Cette loi règle encore aujourd'hui la matière (Abbé Pierrot, Dictionnaire de théologie morale, Tome 2, 1849).

 

Stace, dans son livre IV des Silves vv 37-38, Ă©crit :

 

Terque quaterque dabit : mecum altera sæcula condes

Et tibi longævi revocabitur ara Terenti.

 

Tu prĂ©sideras avec moi Ă  la renaissance du siècle (v. 37). Domitien avait dĂ©jĂ  cĂ©lĂ©brĂ© les jeux SĂ©culaires. Ici le poète lui promet, par la voix de Janus, qu'il cĂ©lèbrera les jeux SĂ©culaires suivans, c'est-Ă -dire qu'il vivra encore cent ans. Heureusement pour le peuple romain, cette prĂ©diction n'a pas eu son effet; car Domitien est mort dans la mĂŞme annĂ©e de son dix-septième consulat. Non-seulement Stace dit que Domitien avec Janus ouvriront le siècle suivant, mais bien d'autres encore : Mecum altera sæcula condes.

 

A la dĂ©couverte du vieil autel de TĂ©rente (v. 38). Dans les anciennes Ă©ditions, on lit: revocabitur ara parentis. Ce que les uns entendent d'un autel que Domitien aurait dressĂ©, dans son propre palais, en l'honneur de Vespasien son père, mort Ă  l'âge de soixante-dix ans : de lĂ  l'expression longævi; les autres, du temple qu'il fit bâtir en l'honneur des Flaviens, auteurs de sa famille. TurnĂ©be, Ă  la marge de son manuscrit, avait Ă©crit Terenti, leçon dont les critiques modernes se sont emparĂ©s. Markland a observĂ© avec raison que le mot revocabitur ne peut s'appliquer Ă  l'Ă©rection d'un monument, et qu'il s'agit ici d'une restauration ou d'un renouvellement. Morel lit Tarenti, et il entend les jeux SĂ©culaires qui se cĂ©lĂ©braient Ă  Tarente de temps immĂ©morial, et qui, ayant Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©s depuis, furent rĂ©tablis par Domitien; mais il faut lire Terenti. C'Ă©tait un autel consacrĂ© Ă  Pluton et Ă  Proserpine. Cet autel restait enfoui sous la terre au milieu du Champ-de-Mars, pendant cent ans, au bout desquels on le retirait pour y faire des sacrifices expiatoires en l'honneur des divinitĂ©s infernales (Oeuvres complètes de Stace, Tome 3, traduit par J. W. Rinn, Nicolas-Louis Achaintre, 1837 - books.google.fr).

 

Dans les premiers temps de Rome vivait Valerius Voluvius, citoyen d'Eretum, dans le territoire des Sabins. Trois de ses enfants, deux fils et une fille, furent frappĂ©s en mĂŞme temps de la peste; il reçut Ă  ce sujet de ses dieux domèstiques l'ordre de descendre le Tibre avec ses enfants, jusqu'Ă  un lieu nommĂ© Terentum, qui Ă©tait au-bout du Champ-de-Mars; et quand il serait arrivĂ©, de leur faire boire de l'eau chauffĂ©e sur l'autel de Pluton et de Proserpine. Ayant exĂ©cutĂ© toutes ces choses, et ses enfants s'Ă©tant endormis après avoir bu de cette eau, ils se trouvèrent parfaitement guĂ©ris Ă  leur rĂ©veil, et dirent Ă  leur père qu'ils avaient vu en songe un homme d'une grandeur et d'un air au-dessus du commun, qui leur avait ordonnĂ© d'offrir des victimes noires Ă  Pluton et Ă  Proserpine, et de passer trois jours de rĂ©jouissance en ce mĂŞme lieu. Le père, en action de grâces, offrit au trois jours en rĂ©jouissances dans le mĂŞme endroit les sacrifices indiquĂ©s, pendant trois nuits consĂ©cutives, sur un autel qu'il trouva enfoui dans la terre, en ce lieu mĂŞme; il dressa aux dieux des hts de parade, lectisternia; et pour conserver le souvenir de cet Ă©vĂ©nement il prit le nom de Manius Valerius Terentinus : Manius, Ă  cause des Mânes ou divinites infernales auxquelles il avait sacrifiĂ©; Valerias, du verbe valere, parce que ses enfants avaient recouvĂ© la santĂ©; et Terentinus, parce que cet Ă©vĂ©nement s'Ă©tait passĂ© Ă  Terentum.

 

Il ne parait pas cependant que ces jeux aient été célébrés jusqu'à l'an de Rome 215; en cette année, qui était la première après l'expulsion des rois, une peste violente, accompagnée de plusieurs prodiges, ayant jeté la consternation dans la ville, Publius Valerius Publicola fit, sur le même autel de Tarentum, des sacrifices à Platon et à Proserpine, et la contagion cessa. Cet illustre Romain fit graver sur l'autel une inscription portant qu'il avait fait célebrer ces jeux pour a délivrance du peuple romain. Soixante ans après, l'an 303, un réitéra les mêmes sacrifices per ordre des prêtres des sibylles.

 

Les cinquièmes jeux séculaires eurent lieu l'an 737 de Rome, sous Auguste; les sixièmes, l'an 800, sous Claude; les septièmes, en 846, sous Domitien; les huitièmes, en 903, sous Antonin le Pieux; les neuvièmes, en 957, sous Septime Sévère; les dixièmes, en l'an 1000, sous les deux Philippes; les onzièmes, en 1016, sous Gallien; les douzièmes et derniers, en 1157, sous l'empereur chrétien Honorius, qui ne puit les refuser aux Romains non convertis (M. Bertrand, Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde, 1850 - books.google.fr).

 

Domitien et MĂ©rida

 

C'est en 25 avant J.-C. qu'Auguste décide la fondation de la colonie d'Emerita Augusta, ou de Iulia Emerita Augusta, en affectant à cette création, qui ne doit rien à une prétendue garnison césarienne antérieure, les emeriti des légions Va Alaudae et Xa Gemina. Il procède en même temps à l'assignation de centuries de 400 jugères chacune, soit des rectangles de 40 actus par 20 actus (1420 par 710 mètres). Elles sont orientées est-ouest; par les gromatici veteres, nous savons qu'elles font partie de la première assignation. [...] Le fleuve Anas (Guadania) coule au milieu de la pertica de la colonie.

 

La date de création de la province de Lusitanie doit se placer en 16 avant Jésus-Christ, au moment où Auguste et Agrippa pacifient définitivement la zone toujours remuante des Astures et des Cantabres et les honneurs, réservés à Agrippa par Emerita Augusta qui en particulier lui dédie son théâtre, disent assez l'importance du voyage impérial. Désormais c'est le cours de l'Anas qui marque la frontière avec la Bétique.

 

La nouvelle assignation de terres à une seconde vague de colons, encore qu'elle soit plus vraisemblable que démontrée. Ce serait les vétérans des troupes, qui ont aidé à la pacification définitive, qui auraient été ainsi récompensés; cette seconde assignation s'accompagne sans doute de la concession du ius italicum, ce qui fait d'Emerita Augusta une colonia immunis, comme l'atteste le Digeste. C'est surtout reconnaître le rôle éminent de la colonie qui devient capitale de la Lusitanie.

 

La troisième assignation correspond sans doute Ă  l'Ă©largissement de la population d'Emerita dont est responsable Othon en 69, qui cherche Ă  se concilier citĂ©s et provinces. Le texte de Tacite nous rapporte qu'il procĂ©da Ă  des familiarum adjectiones : donc de nouvelles familles vont occuper les centuries encore vides, ce qui est confirmĂ© par Frontin.

 

Une borne (terminus) fixe Ă  Valdecaballeros (Badajoz) la limite entre les gens de Lacimurga et les colons d'Ucubi (Espejo) : inter Lacimurg(e nses) et Ucubitanos c(olonos) c(oloniae) Claritatis Iuliae. C'est Vespasien qui a procĂ©dĂ© Ă  ce bornage entre mars et la fin juin 73.

 

Or une autre borne, connue depuis longtemps et convenablement lue, marque la limite entre les colons d'Ucubi, colonia Clantas Iulia et des Augustani Emeritenses. Il semble bien que, d'après Siculus Flaccus, ce soit Domitien qui ait fixé leur frontière et les ait données en concession à leurs possesseurs (Étienne Robert,À propos du territoire d'Emerita Augusta (Mérida). In: Cité et territoire, 1995 - www.persee.fr).

 

Quand un empereur avait réparé une voie, le milliaire rappelait sa munificence par une inscription spéciale. C'est ainsi qu'en suivant la route la plus fréquentée d'Espagne, celle d'Emerita à Cæsar-Augusta, on lisait sur le sixième milliaire le nom de Claude, sur le soixante-treizième milliaire celui de Vespasien. Enfin, le quatrième milliaire de la même voie contenait un hommage à Titus, l'amour et l'espoir du genre humain, et le quatre-vingt-huitième consacrait l'équité sévère de Domitien, qui, achevant l'œuvre imparfaite de son père, avait rigoureusement puni les malversations des publicains et exclu de tous les emplois cette race perverse (Mary Lafon, Histoire d'Espagne, Tome 1, 1865 - books.google.fr).

 

Cf. "la Mesopotamie de l'Europe à quarante cinq & autres de quarante vn, quarante deux, & trente sept" dont les nombres pourraient représenter des distances sur la route entre Séville (Hispalis) et Mérida (Emerita) qui compte 165 milles comme leur somme (Lettre à Henry - 1792). Les trois dates de 11, 3 et 25 années de persécutions données à la fin de la lettre, additionnées font 39, durée du règne impérial de Frédéric II (Lettre à Henry - Mont Jovis).

 

Les "rois aquilonaires" persĂ©cuteurs sont trois du vivant de FrĂ©dĂ©ric II, roi de Sicile et empereur :

 

FrĂ©dĂ©ric II rĂ©ussit, non sans d'importantes concessions, Ă  faire accepter ses fils par les princes : Henri (VII), fils de Constance d'Aragon, puis Conrad IV, fils d'Isabelle de Brienne, devinrent rois de Germanie respectivement en 1220 et en 1237 (Sylvain Gouguenheim, Frederic II, 2021 - books.google.fr).

 

Domitien et Frédéric II

 

Les règnes de Vespasien, de Titus et de Domitien, à eux trois, ont duré près de vingt-sept ans. Cette durée peut renvoyer au quatrain VIII, 77 traitant de l'Antéchrist trois (François Ier). Frédéric II étant le "second Antéchrist".

 

Sainte Eulalie de MĂ©rida et Proserpine

 

Des vases grecs nous montrent l'âme s'échappant comme un oiseau à tête de femme du corps d'un mourant, la vieille cantilène française nous parle d'une sainte qui, à sa mort «in figure de colomb volat a ciel». Ces âmes résident aux Enfers, comme les Kères, les Harpyes, les Furies, les Stryges et les Moires, qui, avec les Sirènes, ne sont que d'autres noms venus sans doute de diverses parties de la Grèce, pour désigner des démons de même nature. Mais souvent elles quittent leur résidence habituelle pour parcourir les campagnes, aveugler et affoler les hommes et jouer le rôle de vengeresses; ce sont elles qui causent les rêves effrayants et les cauchemars, et c'est sous cet aspect que M. Crusius a reconnu une Sirène dans un beau bas-relief attique, représentant une jeune femme ailée aux pieds palmés s'approchant d'un berger endormi. Mais elles peuvent être apaisées par des sacrifices : quand elles ont obtenu la satisfaction qu'elles réclamaient, elles deviennent bienveillantes et favorables, et comme les Furies, dans les mêmes conditions, se transforment en Euménides, les Sirènes mettent leur chant et leurs instruments au service des mortels affligés qui sauront les adoucir. C'est ainsi que, dans Euripide, Hélène les invoque «Vierges ailées, filles de la Terre, Sirènes mélodieuses, venez accompagner mes gémissements avec le son plaintif de la syrinx et de la flûte libyenne, afin que vos chants en accord avec mes larmes et mes maux déplorables envoient à Proserpine des chœurs lugubres répondant à mes lamentations». C'est là sans doute la raison de leur présence sur les tombeaux; elles sont proprement «l'oiseau de l'âme» et comme un symbole de l'"eidôlon"; et elles représentent, pour les Romains comme pour les Grecs, l'âme apaisée qui prend part à la peine des vivants après avoir été pour eux un danger. En même temps, elles constituent pour la tombe une protection contre les entreprises des mauvais esprits, un puissant "apotropaion", comme les têtes de Gorgone que l'on y plaçait aussi. Suivant un principe bien connu de la superstition, le "baskanos" protège contre la "baskania". C'est aussi comme symbole et substitution de l'âme qu'on a placé souvent leurs images à l'intérieur même des tombes (Charles Daremberg, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Tome 4, 1877 - books.google.fr).

 

La Séquence (ou Cantilène) de sainte Eulalie s'inspire d'une hymne du poète latin Prudence qu'on peut lire dans le Peristephanon. C'est un poème de 29 vers décasyllabes. Depuis la découverte du texte en 1837 par Hoffmann von Fallersleben, la Séquence a soulevé de nombreux débats, notamment sur le sens énigmatique de son quinzième vers. On s’accorde aujourd’hui à dater le codex du début du IXe siècle (fr.wikipedia.org - Séquence de sainte Eulalie).

 

Decasyllabes comme les vers des quatrains des Centuries.

 

Les roses nées du sang de Vénus, selon une légende bien attestée dans l'Antiquité tardive, reçoivent dans le Rapt de Proserpine de Claudien une valeur symbolique qui n'est pas tout à fait absente de l'hymne en l'honneur d'Eulalie (Laurence Gosserez, Poésie de lumière: une lecture de Prudence, 2001 - books.google.fr).

 

Agnès représente les vierges martyres dans le "canon" des sept Passions; dans le Peristephanon élargi, il y aura aussi Eulalie (perist. 4, 109-140). Perist. 14 précède perist. 5 et a pour pendant perist. 13. Perist. 14 est, avec perist. 2, l'un des plus anciens poèmes du recueil; l'un et l'autre évoquent une sainteté accessible par le martyre et par l'ascèse (virginité consacrée, pauvreté), et font du martyr un triomphateur et un protecteur des Romains. Agnès (rejoignant aux cieux de plein gré le Christ-Époux) peut être opposée à Proserpine (c. Symm. 1, 356-360), enlevée aux enfers contre son gré par Pluton - dans les deux cas, il est fait mention des Quirites, suppliant Proserpine ou protégés par Agnès (v. 4).

 

Prudence narre l'exposition d'Agnès au lupanar, sous-entendu dans les versions antérieures. Cet épisode est situé sous arcade du cirque de Domitien dont la place Navone épouse l'ellipse sur laquelle se trouve l'église Sant'Agnese in Agone (Pierre-Yves Fux, Les sept passions de Prudence: (Peristephanon 2.5.9. 11-14); introduction generale et commentaire, 2003 - books.google.fr).

 

Son livre intitulĂ© Peri StephanĂ´n : «A propos des couronnes», dut ĂŞtre dans sa pensĂ©e un «livre de dĂ©votion». Cette pensĂ©e inspiratrice se trahit dans la prĂ©occupation soutenue chez le poète de ne changer que peu de chose aux mĂ©moires originaux d'après lesquels il travaillait (Henri Leclercq, Les martyrs: recueil de pièces sur les martyrs depuis les origines du christianisme jusqu'au XXe siècle, Tome 3, 1921 - books.google.fr).

 

Astronomiquement, Proserpine serait la Couronne boréale.

 

"Pempotan"

 

Alphonse VIII roi de Castille est marié en 1170 à sa majorité à l'âge de 15 ans, avec Aliénor d'Angleterre âgée de 8 ans, fille d'Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine, dont les possessions en font le plus grand souverain du moment. Ils ont douze enfants, dont quatre filles qui deviennent reines dont Bérengère, reine de Castille (1180–1246) après son frère Henri, mariée à Conrad II de Souabe, duc de Souabe et fils de l'empereur Frédéric-Barberousse, puis à Alphonse IX, roi de León (fr.wikipedia.org - Alphonse VIII de Castille).

 

Si "Pempotan" est associé à l'Angleterre dans le quatrain X, 100, notons que Bérengère de Castille, fille d'une Anglaise, est la mère de Ferdinand III, dit le Saint, roi de Castille, qui supportera son père Alphonse IX roi de Léon dans la conquête de Mérida et de l'Estrémadure (Charles Petit-Dutaillis, L'essor des états d'Occident (France, Angleterre, Péninsule ibérique), 1944 - books.google.fr, Vies des saints choisies dans les auteurs les plus modernes et les plus célèbres, principalement Croiset et Godescard, 1823 - books.google.fr).

 

Cf. X, 47 - La guirlande de Julie ou Alphonse IX de LĂ©on - 2211-2212.

 

Première chronologie : 4757 ans

 

Car l'espace de temps de noz premiers, qui nous ont precedez sont telz, me remettant soubz la correction du plus sain jugement, que le premier homme Adam fut devant NoĂ« environ mille deux cens quarante deux ans, ne computant les temps par la supputation des gentilz, comme a mis par escript Varron : mais tant seulement selon les sacrees escriptures, & selon la foiblesse de mon esprit, en mes calculations astronomiques : Apres NoĂ« de luy & de l'universel deluge vint Abraham environ mille huictante ans, lequel a estĂ© souverain astrologue, selon aucuns, il inventa premier les lettres caldeiques, apres vint Moyse environ cinq cens quinze ou seize ans, & entre le temps de David Ă  Moyse ont estĂ© cinq cens septante ans, lĂ  environ. Puis apres entre le temps de David & le temps de nostre sauveur, & redempteur Iesus Christ, nay de l'unique vierge, ont estĂ© selon aucuns Cronographes mille trois cens cinquante ans, pourra objecter quelcun ceste supputation n'estre veritable, pource qu'elle differe Ă  celle de Eusebe.

 

Ce qui fait 4757 annĂ©es et une diffĂ©rence de 665 ans (chiffre presque "satanique") avec le 4092 de la seconde chronologie. A relier Ă  une partie de la lettre vers la fin :

 

...& durant icelle supputation Astrologicque conferee auxsacrees lettres la persecution des gens ecclesiastiques prendra son origine par la puissance des Roys aquilonaires unys avecques les orientaux, & celle persecution durera xj ans quelque peu moings, que par lors defaillira le principal Roy aquilonaire, lesquelz ans acomplis surviendra son uny meridional, qui persecutera encore plus fort par l'espace de troys ans les gens d'eglise, par la seduction apostatique d'un qui tiendra toute puissance absolue à l'eglise militante & le sainct peuple de Dieu observateur de sa loy & tout ordre de religion sera grandement persecuté & affligé [...]

 

...& par autre guerre navalle rougira la mer que le raport d'un Roy Ă  l'autre luy sera dict : Bellis rubuit navalibus aequor. [...]

 

...en apres l'antechrist sera le prince infernal, encores par la derniere foy trembleront tous les Royaumes de Chrestienté & aussi des infidelles par l'espace de 25 ans, & feront plus grieves guerres & batailles, & seront villes citez chasteaux & tous autres edifices bruslez desolez destruictz, avec grande effusion de sang vestal, mariees, & vefves violees, enfans de laict contre les murs des villes allidez & brisez, & tant de maux se commettront par le moyen de Satan prince infernal, que presque le monde universel se trouvera defaict & desolé, & avant iceulx advenemens, aucuns oyseaulx insolites [...]

 

...& apres que tel temps aura duré longuement sera presque renouvellé ung autre regne de Saturne, & siecle d'or, Dieu le createur dira entendant l'affliction de son peuple, Satan sera mis & lyé dans l'abisme du barathre dans la profonde fosse, & adoncques commencera entre Dieu & les hommes une paix universelle & demeurera lyé environ l'espace de mille ans, & tornera en sa plus grande force, la puissance ecclesiastique, & puis torne deslié.

 

"& cela sera proche du septiesme millenaire". Par rapport Ă  la première chronologie biblique donnant 4757 ans de la crĂ©ation Ă  JĂ©sus-Christ la fin du 6ème millĂ©naire arrive en 1243 Ă©poque de FrĂ©dĂ©ric II. Mille ans plus tard c'est 2242 annĂ©e chronocratorique de Saturne et son âge d'or : "Et apres que tel temps aura durĂ© longuement, sera presque renouuellĂ© vn autre regne de Saturne, & siecle d'or" (quelques lignes plus loin). Cf. quatrain X, 89 - L'âge d'or - 2242-2243. A la mort de FrĂ©dĂ©ric en 1250, on se place mille ans avant la fin des Centuries selon notre mĂ©thode : 2251.

 

Fridaria - Frédéric

 

Les chronocratories planétaires sont les chronocratories que les auteurs arabes et les astrologues de la Renaissance appellent les fridariae ou ferdariae planetarum, un mot persan ou arabe, auquel Saumaise se chargerait volontiers de trouver une origine grecque : vox depravata ex Graeco "periodarion" quae "mikran periodon" significat (p. 231). Le sens du mot est très bien défini par Haly ou son traducteur : Est autem Fridaria seu "chronokrateia" certus quidam annorum terminus et notas, in quo planeta gubernam vitam nali dat et infert et bonum val malum pro aui natura (VI, ch. IV) (Auguste Bouché-Leclercq, L'astrologie grecque, 2013 - books.google.fr).

 

Astrology also moved into the royal courts. Michael Scotus, who worked in Toledo and lectured in Bologna, was employed by Emperor Frederick II. Guido Bonatti, who lectured at the University of Bologna, was employed by Emperor Frederick II, Ezzelino da Romano III, Guido Novello da Polenta, and Guido I da Montefeltro, all Ghibelline supporters of the Holy Roman emperor in conflict with the Guelphs and the Papacy. [...]

 

Tools in the medieval astrologer's toolkit included the ability to judge profession, marriage, wealth, and length of life from the chart as well as levels of eminence or slavery, and prediction via planetary periods (al Firdaria), profections, revolutions, and directing by triplicity, a central tenet in Arabic (William E. Burns, Astrology through History: Interpreting the Stars from Ancient Mesopotamia to the Present, 2018 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net