LETTRE à HENRY - Eulalie 2

Lettre à Henry

 

Eulalie 2

 

"cinquantesme degré" ou "cinquiesme degré"

 

Les éditions de la Lettre n'ont pas toutes le même texte : on retient "cinquiesme" (Eugène Bareste, Nostradamus, 1840 - books.google.fr, Les propheties de Michel Nostradamus, 1611 - books.google.fr).

 

Dans l'ancienne Loi, quand les hommes n'étoient point encore assez multipliés, Dieu permit les Mariages entre les parens au fecond degré, à cause de la nécessité urgente; c'est pour cela qu'Abraham épousa Sara, qui étoit sa niéce, fille de son frere. Isaac épousa Rebecca sa parente au troisiéme degré de consanguinité. Jacob épousa les deux filles de Laban, Lia & Rachel ses cousines germaines, puisque Laban étoit frere de Rebecca mere de Jacob.

 

Mais dans la Loi de grace où nous vivons, ce motif de la nécessité urgente ne subsistant plus, l'Eglise a réduit la parenté au quatrième degré de consanguité inclusivement, & elle a permis à un jeune homme d'épouser la personne qui ne lui est parente qu'au cinquième degré dans la ligne collatérale de manière que les degrés prohibés dans cette ligne ne s'étendent qu'à ce quatrième degré. Mais l'Eglise en exclu tous les degrés de la ligne directe comme de pere à ses enfans & aux enfans de ses enfans, en descendant toujours à perpétuité. C'est ainsi que le quatrième Concile de Latran l'a décidé sous Innocent III l'an 1215 (Daniel de Paris, Conferences theologiques et morales par demandes et réponses sur les commandemens du Décalogue et de l'Eglise, Tome 4, 1753 - books.google.fr).

 

Philippe-Auguste, roi de France, fut forcé de reprendre sa femme qu'il avait répudiée, et de chasser sa concubine. [...] En même temps, Innocent III forçait le roi de Castille, Alphonse IX, de se séparer de sa femme Bérengère, qui était en même temps sa petite-fille. [...] Il termina sa vie (1216) peu après avoir tenu à Rome le douzième grand concile ecuménique (quatrième de Latran) (Auguste Ott, Manuel d'histoire universelle, 1840 - books.google.fr).

 

En 1214, Innocent III confirmait la paix intervenue entre Alphonse VIII de Castille et Alphonse IX de Léon. Les motifs allégués sont toujours les mêmes : faire régner la paix, protéger les églises et les faibles, permettre la réalisation du projet de croisade. Au concile de Latran de 1215, Innocent III proclamait une paix de quatre ans pour l'«intérêt de la Terre sainte». Dans toutes ces interventions, le pape faisait encore figure de chef de la Chrétienté, de pasteur chargé de faire régner la paix dans le troupeau confié à sa garde. Mais déjà les résistances des princes se faisaient plus vives. Elles ne se bornaient pas à négliger en fait les conseils pontificaux. Elles mettaient en question leur légitimité. Ainsi, dès le début du XIIIe siècle, s'annonçait le tournant historique, le déclin de la Chrétienté, la naissance des Etats nationaux. Honorius III héritait de l'appel à la paix lancé au concile de 1215 (Jean Gaudemet, La société ecclésiastique dans l'Occident médiéval, 1980 - books.google.fr).

 

Rabieux

 

Alphonse IX, roi de Léon, est surnommé le Baveux (El baboso) par les chroniques musulmanes.

 

Cf. quatrain X, 47 - La guirlande de Julie ou Alphonse IX de Léon - 2211-2212.

 

C'est sans doute par suite de l'idée de folie que les Arabes attachaient, eux aussi, à l'écoulement répété de la salive, que leurs chroniqueurs ont donné au roi de Léon, Alphonse IX, le surnom de albâboudj, qu'ils traduisent par baveux et qui est une transcription de l'espagnol bavoso. Ce sobriquet est devenu chez les auteurs arabes le nom des rois de Léon (M. Defrémery, Opinions singulières des Musulmans, Comptes rendus des séances: de l'année, 1871 - books.google.fr).

 

L'horreur de l'eau, le serrement de la queue entre les jambes, la bouché baveuse et écumante, etc., étaient les seuls symptômes patents de la rage chez le chien (Journal vétérinaire et agricole de Belgique, Volume 5, 1846 - books.google.fr).

 

Roi de Castille et de León (1252-1284) et petit-fils d'Alphonse IX, Alphonse X, dit le Sage ou le Savant, a laissé de lui l'image d'un souverain trop affairé à contempler les étoiles pour prêter attention aux choses de ce bas monde (Dictionnaire du Moyen Âge, histoire et société : Les Dictionnaires d'Universalis, 2015 - books.google.fr).

 

Chez les chroniqueurs arabes médiévaux, le terme Babûg pour Baboso "Baveux" désigne deux souverains, soit Ferdinand II de León (r. 1157-1188) chez Abd al-Malik ibn Sahib al-Salat (fin VIi°/XII° siècle) ou son fils Alphonse IX (r. 1188-1230) chez Ibn Haldûn, quoique le texte soit confus. Vu la date de décès de 'Abd Allah ibn Ibrâhim al-Higari 1155, aucun des deux ne convient, mais comme il s'agit bien du roi du León, l'expression désignerait alors le père de Ferdinand II : Alphonse VII, roi de León et Castille de 1126 à 1157 (Jean-Charles Ducene, L'Europe et les géographes arabes du Moyen Age, 2018 - books.google.fr).

 

Au seizième siècle, la légende de la Belle Juive, Rachel de Tolède, aurait envoûté Alphonse VIII, roi de Castille au douzième siècle. Le mythe sera mille fois ressassé de Lope de Vega à Grillparzer et Balzac, en passant par Jacques Cazotte au dix-huitième siècle (Stéphane Zagdanski, De l'antisémitisme, 2006 - books.google.fr).

 

Cazotte confond du reste jusqu'au bout Alphonse VIII avec sont grand père Alphonse VII roi de Léon et de Castille, car il lui fait décerner le titre d'Empereur (Elie Lambert, Alphonse de Castille et la Juive de Tolède. In: Bulletin Hispanique, tome 25, n°4, 1923 - www.persee.fr).

 

Alphonse VII l'Empereur, né le 1er mars 1105 à Caldas de Reis et mort le 21 août 1157 à Santa Elena ou Viso del Marqués, est roi de Galice de 1112 à 1157 et de León et Castille de 1126 à 1157. Il est couronné Imperator totius Hispaniæ, «empereur de toutes les Espagnes» en 1135 (fr.wikipedia.org - Alphonse VII).

 

Cf. "sera uny le royaume du Rabieux".

 

Ordoño II, roi de Léon, fait clouer la tête d'un général musulman aux murs du château de Saint-Etienne de Gormaz, à côté d'une hure de sanglier. Dans les deux camps, on se traitait mutuellement de «chiens» et de «fils de chiens». On n'avait rien à s'envier en fait de férocité et de barbarie destructrice (Louis Bertrand, Histoire d'Espagne, 1932 - books.google.fr).

 

"deux glaives"

 

Depuis Grégoire VII jusqu'à Boniface VIII les papes ont effectivement une doctrine nette exposée notamment par ces deux pontifes ainsi que par Innocent III : la société est gouvernée par deux glaives, tous deux au service de l'Eglise et l'autre, le temporel, à l'Etat, c'est-à-dire aux rois mais seulement aussi longtemps que le pape le commande aux fidèles. En effet, les rois tiennent leur pouvoir de l'Eglise qui les sacre, ainsi possèdent-ils leur royaume comme des fiefs tenus de Dieu que l'Eglise représente sur terre. La papauté gouverne les âmes et elle est supérieure à la royauté qui ne gouverne que les corps et n'a de pouvoir que sur terre, l'Eglise ayant pouvoir dans le ciel. [...] Ce pouvoir des papes sur les princes et sur la chrétienté entière est exprimé par Innocent III dans son titre de vicaire du Christ (Gabriel Lepointe, Les rapports de l'Église et de l'État en France, 1960 - books.google.fr).

 

En effet, dès le XIe siècle, les clercs inventent la théorie des deux glaives, l'un spirituel, l'autre temporel à partir du texte de l'évangile "Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". Cette issue de la lutte entre le sacerdoce et l'Empire conduit par ailleurs au renforcement du pouvoir des rois et des princes qui se libèrent du pouvoir temporel des papes et de l'autorité des Empereurs. Les légistes des rois, tels en France, ceux de Saint-Louis, affirment la souveraineté du roi en le décrétant «empereur en son royaume». Tout le pouvoir réel passe ainsi dès le XIIIe siècle aux mains des princes : la justice, l'armée, le droit de lever l'impôt et de battre monnaie. La théocratie ainsi écartée en Europe et la supériorité du pouvoir des rois et des princes affirmée, le Saint-Empire romain germanique, qui échoit à la maison des Habsbourg, ne représente bientôt plus qu'un espace politique formel dans lequel se développent une multitude d'États indépendants, royaumes mais aussi principautés aussi principautés, duchés, villes libres et communes, fédérations de cantons comme en Suisse, seigneuries et républiques comme Gênes ou Venise, en Italie du Nord. L'existence d'une telle structure supraétatique et supranationale regroupant un très grand nombre d'États - au XVIIIe siècle, l'Empire germanique en compte plus de 400 qui ne sont évidemment pas tous nationaux - aux formes politiques très variées retarde le développement d'entités politiques modernes sans pour autant y faire régner la paix : les unités italienne et allemande ne sont réalisées qu'en 1870-1871. Les guerres s'y déroulent en effet de manière continue : guerres internes du «protestantisme militaire et politique» au XVIe siècle; guerre de Trente Ans (1618-1648) dont l'enjeu est, pour les principales maisons royales d'Europe, la suprématie politique sur le continent; lutte entre la maison prussienne des Hohenzollern et celle autrichienne des Habsbourg pour la constitution d'un État allemand cohérent qui s'achève par la défaite de Sadowa obligeant Vienne à adopter la double monarchie austro-hongroise et à basculer son centre de gravité stratégique sur l'axe danubien (Laurent Carroué, Didier Collet, Claude Ruiz, L'Europe, 2006 - books.google.fr).

 

Cette soif de pouvoir temporel, qui, après les avoir longtemps poussés à l'usurpation et au mensonge, parut atteindre son but, à partir du temps d'Innocent III et de Nicolas III, affaiblit les parties les plus essentielles de l'autorité papale. Dans les quatorzième et quinzième siècles, les papes dégradèrent leur caractère en s'attachant trop exclusivement aux affaires politiques de l'Italie (Henry Hallam, L'Europe au moyen âge, Tome 3, 1840 - books.google.fr).

 

"enseignes"

 

Les deux points, aux yeux de Calvin, qui déterminaient le caractère d'une Eglise chrétienne sont définis par : «Nous avons mis pour enseignes de l'Eglise la prédication et l'administration des sacrements.» (Inst. chrét., édit. 1560, 1. IV, chap. 4er.) (Amédée Roget, L'église et l'état à Genève du vivant de Calvin: étude d'histoire politico-ecclésiastique, 1867 - books.google.fr).

 

"curvature" : curvitas

 

Après Calvin, on reste dans le domaine protestant.

 

Luther emploie souvent la notion de courbure (curvitas) pour dire le péché originel. Ainsi en 1517 dans le commentaire du psaume 4, 11 : «Courbé est l'esprit de la chair et d'Adam, qui en toutes choses se courbe sur lui-même, recherche son bien; cet esprit est inné en nous». Le péché originel est recroquevillement sur soi-même. L'homme est définitivement «courbé sur lui-même (incurvatus) sur lui-même au point d'infléchir vers lui-même non seulement les biens corporels mais encore les biens spirituels, et de se chercher lui-même dans tous. Or, cette courbure est maintenant naturelle : c'est un vice et un mal naturel» (Robert Grimm, Luther et l'experience sexuelle: sexe, celibat, mariage chez le Reformateur, 1999 - books.google.fr).

 

"attire" : appel

 

L'action naturelle et mystérieuse de la Providence sur le monde païen une forme générale de l'appel divin. L'appel sérieux et définitif, qu'ils appellent la vocatio specialis, est la prédication personnelle et directe de la bonne nouvelle du salut apporté par Jésus-Christ. Ce dernier appel s'adresse sans distinction dans les intentions de Dieu à tous les hommes; d'un autre côté l'expérience prouve que cet appel ne s'applique en réalité qu'au petit nombre, et, comme l'action du Christ est limitée par l'ancienne dogmatique au temps présent, elle se trouve en face de difficultés insurmontables. Ce n'est que par des arguments subtils et peu concluants que la dogmatique luthérienne évite l'écueil des deux décrets (le décret de la justice par la loi et celui de la jusitce sans la loi) (Isaak August Dorner, Histoire de la théologie protestante en particulier en Allemagne, 1870 - books.google.fr).

 

Le baptême est un sacrement qui efface le péché originel, et nous fait chrétiens, enfants de Dieu et de l'Eglise. Le baptême a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Lorsqu'il se fit baptiser par saint Jean dans le Jourdain, Jésus donna aux eaux la vertu d'opérer la régénération spirituelle. Durant les années de sa prédication, il faisait baptiser par ses disciples, et, avant de monter au ciel, il leur dit : «Allez, enseignez les nations et baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.» (Anthelme-Romain Moulin, Exposition élémentaire de la doctrine catholique en face des erreurs modernes, 1888 - books.google.fr).

 

"le peuple le faisant aller droict, & ne voulât se condescendre à eux par le bout opposite de la main aigue, touchât terre"

 

Kant lui a donné à deux reprises un sens philosophique, celui de la finitude morale de l'homme, qui est fait d'un «bois trop courbe» pour qu'on puisse y tailler quelque chose de droit, auquel fait écho sa théorie du mal radical (Christophe Bouton, la religion de la liberté, Hegel, avant et après, 2004 - books.google.fr).

 

"main aigue" : "acra manus" liée à la mort chez le poète romain Properce (Elegie VI "Avarice", Livre III) (C. Valerii Catulli, Albii Tibulli et Sexti Aurelii Propertii Carmina selecta, 1808 - books.google.fr).

L'extrémité opposée à la mort est la naissance, la conception, la perpétuation du péché originel.

 

"se condescendre" : se mettre au niveau (Gaffiot).

 

Les contemporains de l'Antiquité tardive utilisent volontiers le terme de clarification. [...] Non seulement l'État, mais aussi l'Église s'embarquent dans un processus de «clarification» de leurs structures. Avec l'Antiquité tardive naît la hiérarchie ecclésiastique... Celle-ci apporte une «clarification» bienvenue aux problèmes posés à l'ensemble des chrétiens par l'éthique du Nouveau Testament. Qui doit se soumettre à la continence sexuelle ? Qui, au contraire doit procréer pour assurer la survie de l'Église ? Quelle attitude faut-il avoir face aux richesses, signes de la bonté de la providence divine ? Alors que les dissidents, hostiles au monde, adeptes d'une continence et d'une pauvreté absolues, disparaissent peu à peu de la Grande Église du 3e siècle, celle-ci «clarifie», lentement, mais sûrement ses structures : La sainteté, la continence et la pauvreté aux clercs (klêros), qui sont appelés à servir l'Église de diverses manières. Notons que klêroô signifie tirer au sort, élire, attribuer par tirage au sort, par exemple l'élection de Matthias pour remplacer Judas Iscariot dans les Actes des Apôtres 2, 24-26 (epesen ho klêros epi Matthian : le sort tombe sur Matthias). Quant aux laïcs (de laos peuple) ce qui leur incombe, c'est la procréation des enfants, leur instruction et la gestion des biens. (Jacques Rossel, Aux racines de l'Europe occidentale, 1998 - books.google.fr).

 

Dans le livre I du mariage, Augustin établit avec force et netteté le dogme du péché originel et la sainteté du mariage, qui change en quelque chose de bon le mal de la concupiscence. La gloire du mariage, c'est de faire servir aux vues providentielles les désirs de la chair, si contraires aux désirs de l'esprit. L'évêque d'Hippone fait ressortir la beauté morale de cette union que la stérilité elle-même ne doit pas dissoudre (www.bibliotheque-monastique.ch).

 

Cf. "le faisant aller droit".

 

Les laïcs (le "peuple") ne se mettent pas au niveau des clercs par le mariage et la procréation.

 

Latran IV (1215), sous Innocent III, le plus grand concile du moyen âge, condamne les albigeois, et règle d'importantes questions disciplinaires (sacrements, mariage, organisation de la prédication) (Au seuil de la théologie: initiation en trois années, Tome 3, 1966 - books.google.fr).

 

Depuis l'époque carolingienne, les laïcs étaient définis comme les gens mariés (conjugati), mais la réforme grégorienne promeut une transformation radicale de cet état en érigeant le mariage en sacrement régi par les lois de l'Église. L'évêque Yves de Chartres joue de nouveau dans cette affaire un rôle crucial en définissant le mariage non par la décision du père (tradition romaine hégémonique au premier Moyen Âge), ni par la consommation sexuelle (un point de vue encore défendu par de nombreux juristes au XIIe siècle), mais par le double consentement des époux conçu comme l'expression de l'amour qui doit les unir. Dans ce cadre, le mariage est pensé comme un remède au péché originel : seul cadre d'une sexualité légitime dont la finalité est la procréation, il permet aux laïcs de faire leur salut, ce qui constitue la définition même d'un sacrement (un signe efficace de la grâce de Dieu). Cette nouvelle conception du mariage s'impose au cours du XIIe siècle dans la législation canonique. Le mariage apparaît pour la première fois vers 1124 dans une liste des sept sacrements de l'Église établie à l'initiative de l'évêque Otto de Bamberg. Sous le pontificat d'Alexandre III (1159-1181), la papauté reconnaît la primauté du double consentement sur l'union sexuelle au fondement du mariage, avant que Lucius III en 1184 puis Innocent III en 1208 définissent canoniquement le mariage comme sacrement. Le septénaire catholique (baptême, confirmation, onction des malades, eucharistie, pénitence, mariage, ordre ou ordination) est dès lors fixé (Nouvelle Histoire du Moyen Âge, 2021 - books.google.fr).

 

Prédication et "embrassements de Rachel"

 

Bernard de Clairvaux (mort en 1153) plaide pour l'exercice de l'action avant le repos de la contemplation; on ne saurait «négliger la fécondité de Lia pour ne jouir que des embrassements de Rachel» (Jean Châtillon, Monique Duchet-Suchaux, Jean Longère, Beniamin minor de Richard de Saint-Victor, 1997 - books.google.fr).

 

Une impulsion proprement cléricale est donnée par le concile de Latran IV (1215) à la pastorale : entre autres décisions significatives, on y trouve l'obligation, pour les clercs ayant charge d'âme, d'une prédication régulière aux laïcs (Alexis Charansonnet, Du Berry en Curie, la carrière du cardinal Eudes de Châteauroux (1190 ?-1273) et son reflet dans sa prédication, Revue d'histoire de l'Église de France, Volume 86, Numéro 216, 2000 - www.persee.fr).

 

Au moment où le Concile de Latran IV (1215) rappelle aux 'prélats' leur devoir de prêcher, les Ordres mendiants apparaissent l'élément essentiel du renouveau évangélique (Archivum franciscanum historicum, Volume 79, 1986 - books.google.fr).

 

La vocation contemplative et retirée du monde cistercienne, dans les "embrassements de Rachel", semblait l'écarter radicalement d'un ministère "au service de Lia". L'Ordre se chargeait de le rappeler de temps en temps avec insistance et respect; parfois même impatience. Mais il y avait dans la vie d'unanimité que pratiquaient les Cisterciens comme les chanoines Prémontrés, une imitation très consciente des apôtres qui pouvait servir de point de départ à un ministère également apostolique. Certains Cisterciens ou Prémontrés le savaient. Le pape aussi. C'est pourquoi Innocent III ne se contente pas de puiser dans le réservoir de Citeaux, quoique l'Ordre en puisse penser, pour l'évangélisation de la Prusse ou de la Livonie. Il envoie des Cisterciens prêcher en Sicile, en Toscane. Il leur réserve aussi le ministère de la prédication auprès des hérétiques albigeois; ce qu'il a fait dès 1199 en dirigeant là-bas son propre confesseur, frère Rainier, avant d'y envoyer d'autres Cisterciens, puis l'abbé même de Citeaux. Le conflit amical (car il naît d'une prédilection explicite) qui l'oppose ainsi à l'Ordre de Cîteaux n'a-t-il à sa base que l'importunité du chef de l'Eglise qui, pour trouver les prédicateurs et les missionnaires dont il a besoin, puise sans arrêt dans les rangs d'une institution contemplative ? On est en droit d'y voir également une divergence dans la conception de la place occupée par la vie cénobitique dans l'édifice de l'Eglise. Il est manifeste que, conformément à une tradition continuellement affirmée au cours du XIIe siècle, le pape considère que la vie commune et austère des Cisterciens, qu'eux-même rattachent avec insistance à la vita apostolica, les adapte d'une manière particulièrement efficace, peut-être même indispensable, au ministère de la prédication apostolique. Le pape avait raison sans doute de voir une nécessité de l'Eglise dans l'orientation vers la prédication missionnaire des religieux de «vie apostolique» (Marie-Humbert Vicaire, Dominique et ses prêcheurs, Studia Friburgensia, Numéro 55, 1977 - books.google.fr).

 

"iusques, a ce que naistra d'vn rameau de la sterile de long temps, qui deliurera le peuple vniuers"

 

XIIIe s. universe «tout entier, complet» (Dialogue de l'âme et de la raison, éd. F. Bonnardot ds Romania t. 5, p. 299: universe genz, eingimis sor moi [trad. du lat. ingemiscite super me, universum gentis]) (www.cnrtl.fr).

 

Le duc de Bourgogne arriva à Paris le 5 janvier 1421 "et y fut reçu à gloire et à exultation du peuple univers, et à solemnité de processions du clergé et de tous les notables de la ville, là où hommes et femmes et enfans crièrent «Noël» à joye amiable, dont les voix le conduisirent jusques à son hostel d'Artois là où il descendit" (Chronique, Chapitre LXXXXIV, Oeuvres de Georges Chastellain (vers 1405 - 1475), 1863 - books.google.fr).

 

Car comment pourrois-je souffrir la mort & le carnage de tout mon peuple ? (Livre d'Esther, VIII,6) (Augustin Calmet, Commentaire Litteral Sur Tous Les Livres De L'Ancien Et Du Nouveau Testament: Les Paralipomenes, Esdras, Tobie, Judith, Esther, Et Les Maccabees, Tome 3, 1724 - books.google.fr).

 

Nous devons nous tourner vers l'étrange personnage qu'est «ben Yoseph», aussi appelé Machiach ben Ephraïm, pour trouver, dans les principales traditions juives, une correspondance avec l'interprétation messianique des chants du serviteur souffrant dans le second Isaïe. Il s'agit d'un guerrier qui a reçu l'onction, descendant de Rachel (Gn 30, 24) et qui meurt aux mains de Gog et Magog (Ez 38-39). Le Machiach ben David le ressuscite. Le texte de référence est Dn 9, 24-26 (v. 26 : «Après les soixante-deux semaines, un homme ayant été oint sera retranché»). Le même personnage devient le messie qui meurt en 4 Esd 7, 27-30. Il existe aussi des spéculations à propos de Moïse, modèle du messie qui meurt des mains de son propre peuple. Voir, par exemple, y. Suk. 5, 1.55B et 5, 1.52A. En tout cas, l'association de la souffrance et de l'événement messianique est commune à la fois au judaïsme et au christianisme (André Lacocque, Jésus, le Juif central, son temps et son peuple, 2018 - books.google.fr).

 

Bosra est là, tout près de nous, étalant aux premiers feux du soleil ses maisons blanches qui grelottent sous la froidure matinale. Et chacun se prend à redire le passage mémorable d'Isaïe :

 

Quel est celui qui vient d'Edom

Aux vêtements écarlates de Bosra ?

Il est splendide dans son costume,

Fier de la plénitude de sa force (Isaïe, LXIII).

 

Le prophète Isaïe décrit la marche triomphale du Messie, le brillant conquérant qui a terrassé ses ennemis, les a foulés aux pieds, et souillé ainsi ses vêtements de leur sang. Quand l'Eglise, dans sa liturgie, nous représente Jésus au milieu des tortures de la Passion, ruisselant de sang durant la flagellation, elle n'entend aucunement proposer une nouvelle interprétation de la prophétie, elle fait ici comme en nombre d'endroits une pure accommodation.

 

Bosra est l'ancienne capitale d'Edom qu'il ne faut pas confondre avec Bosra de la tribu de Ruben et Bostres du Hauran. Cette ville est mentionnée plusieurs fois par les prophètes dans leurs oracles contre les fils d'Esau. Amos, Isaïe, Jérémie la menacent tour à tour des vengeances célestes (Siméon Vaihle, Voyage à Pétra, Échos d'orient, Volumes 1 à 2, Institut français d'études byzantines, 1897 - books.google.fr).

 

BOZRA, BOSTRA, ou BOSTRES, qu'on nomma aussi Bosor, Cap. de l'Idumée orientale, & que quelques géographes ont pris pour la ville de la tribu de Ruben qui se nomme Bosor (François Morenas, Dictionnaire historique-portatif de la geographie sacree ancienne et moderne (etc.), 1759 - books.google.fr, M. Belley, Les médailles de la ville de Bostres en Arabie, Memoires de literature tiréz des registres de l'Academie Royale des inscriptions et belles lettres, 1771 - books.google.fr).

 

Voici en quels termes Barbié du Bocage parle de Bosra : «Bosra, ville contre laquelle les prophètes ont émis des prophéties terribles, est bien différente de celle de Bosor, avec laquelle plusieurs commentateurs, et D. Calmet est du nombre, l'ont confondue. Elle appartenait à la demi-tribu de Manassé fils de Joseph, et fut donnée aux lévites. Etant située sur la frontière, au pays de Theman, dans l'Idumée orientale, on a supposé, avec assez de vraisemblance, que c'était la même ville que Bostra, qui donna naissance à l'empereur Philippe, surnommé l'Arabe, successeur de Gordien III. D'après les paroles d'Isaïe (LXIII, 1), on pourrait croire qu'il y avait à Bosra des ateliers où l'on teignait fort bien les étoffes en rouge.» On a vu au mot Bosor que D. Calmet rejette l'opinion de ceux qui admettent plusieurs villes de Bosra. Barbié du Bocage ne mentionne que celle dont il vient l'être parlé. L'auteur de la Géographie sacrée, qui fait partie de la Bible de Vence, reconnaît cependant trois villes de ce nom. Je ne voudrais pas affirmer qu'il y en eût trois, mais je suis bien persuadé qu'il y en avait plus d'une (Encyclopédie théologique, Dictionnaire historique, Tome 1, 1845 - books.google.fr).

 

Mésopotamie exiguë

 

L'Assyrie est appellée la grande Mésopotamie, differente de la petite Mésopotamie, ou de la Mésopotamie de Syrie, contenuë entre l'Euphrate, le Marsyas, l’Oronte & le Jourdain (Berruyer, Histoire du peuple de Dieu depuis son origine jusqu'a la naissance du Messie, Tome 1, 1734 - books.google.fr, Gottfried Wilhelm Leibniz, Scriptores rerum Brunsvicensium illustrationi inservientes, antiqui omnes et religionis reformatione priores, Tome 2, 1710 - books.google.fr).

 

Musa reste environ six mois en Espagne, jusqu'à son départ pour Damas fin 712, appelé par le calife Al-Walid Ier pour rendre compte. Musa emporte à Damas une partie du riche trésor des rois wisigoths et du butin amassé en Hispanie. Il prend dans sa suite quelques nobles wisigoths, ainsi que son affranchi Tariq. À Damas, où règne à présent le calife Sulayman, successeur de Walid, il tombe en disgrâce, est jugé sur la façon dont il a divisé le butin, et est condamné à mort par crucifixion, pour détournement de fonds, crime pour lequel il est récidiviste. Sa peine de mort est commuée contre une lourde amende. Musa mourut en 716, assassiné dans une mosquée de Damas. Tariq mourut dans la pauvreté (fr.wikipedia.org - Conquête musulmane de l'Hispanie).

 

Le Haran de Laban se situerait dans la montagne du Hauran au sud de la Syrie, dans la "Mésopotamie de Syrie" ou "petite Mésopotamie" (S. R., Haran. In: Échos d'Orient, tome 1, n°8, 1898 - www.persee.fr).

 

Il s'agirait de Haran El Awamid dans le nord du Hauran (Revue biblique internationale, Volume 4, 1893 - books.google.fr, en.wikipedia.org - Harran al-Awamid).

 

Le Hauran fut incorporé dans le territoire musulman en expansion en 13/634, à peu près au même moment que la ville de Damas, qui prit de l'importance comme capitale de la dynastie omeyyade (41 de l'Hégire/661 ap. J.C. - 132 de l'Hégire/750 ap. J.C.) (Michel al-Maqdissi, Jacqueline Dentzer-Feydy, Bosra aux portes de l’Arabie, 2014 - books.google.fr).

 

L'empereur Philippe l'Arabe était originaire de cette région : cf. quatrains IX, 89 et IX, 56 (Philippe Auguste/Philippe l'Arabe).

 

Il y a là tout un discours monétaire cohérent, à la gloire de Philippe, organisé d'une façon originale, comme certains tableaux en mosaïque, qu'il s'agisse de la mosaïque cosmologique de Mérida, en Lusitanie, ou de celle de Philippopolis, en Arabie, et qui trouve de nombreuses correspondances dans les courants philosophiques de cette époque. Dans cette perspective, il ne me paraît point exagéré de qualifier l'ensemble fragmenté des émisssions monétaire de 248 de «tableau cosmologique» où le «calme de la mer», garanti par le prince, rejoint la nature sauvage pacifiée sous l'égide de la famille impériale (Daniel Nony, De la tranquillitas de Philippe l'Arabe à l'hippopotame d'Otacilia. In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 10, 1999 - www.persee.fr)

 

On revient à Rachel :

 

D'après ce témoignage, il est constant que les idoles tirèrent leur origine de la région de Chaldée dans la grande Mésopotamie. De là Tharé les avait apportées à Haran dans la petite Mésopotamie de Syrie, d'où Rachel et les autres Syriens de la maison de Jacob les apportèrent eux-mêmes au pays de Chanaan (Pierre-J. Jallabert, Le catholicisme avant Jésus-Christ: études sur les croyances des peuples qui ont précédé l'ère chrétienne, Tome 1, 1872 - books.google.fr).

 

Jacob ayant pris ainsi congé d'Isaac, partit pour se rendre en Mésopotamie, qui est en Syrie, chez Laban, fils de Bathuel syrien, frère de Rébecca sa mère. Jacob s'engage à sept ans de service pour avoir Rachel, Laban lui donne Lia en la place de Rachel. Il sert encore sept autres années pour Rachel. Naissance de Ruben, de Siméon, de Lévi, et de Juda (La Sainte Bible, Tome 1, 1841 - books.google.fr).

 

Dieu héliaque et armé, Aziz est honoré par les militaires dans les provinces danubiennes. C'est le Bonus Puer Conseruator assimilé à Phosphorus, l'Etoile du Matin à laquelle fait pendant l'Etoile du Soir (Hesperus). Aziz, le «dieu fort» semblable au sidéral Lucifer fils de l'Aurore. [...]

 

Mais dans la tradition littéraire, c'est Dusarès qui apparaît comme le grand dieu des Arabes (Robert Turcan, Les cultes orientaux dans le monde romain, 1989 - books.google.fr).

 

Puer-Dusarès, dit «divin enfant», ap. Saint Epiphane (fr.wikipedia.org - Dusarès, Toufic Fahd, Le Panthéon de l'Arabie centrale à la veille de l'Hégire, 1968 - books.google.fr).

 

Saint Epiphane qui est né à Eleutheropolis ("cité libre" en grec) (fr.wikipedia.org - Bayt Jibrin).

 

Hesychius assimile Dusarès au dieu grec Dionysos s'inscrivant sur ce point dans une tradition remontant à Hérodote via les historiens d'Alexandre. D'autres établissaient, semble-t-il, une relation entre Dusares et Zeus, en sa qualité de dieu suprême. Curieusement, l'auteur de la notice de la Souda (encyclopédie grecque de la fin du X e siècle) identifie Dusares à Ares. Un commenatire de la Souda dit aussi que "Theos Arès" est vénéré à Botsra. Or les deux divinités apparaissent comme distinctes sur un jaspe rouge gravé, vu avant 1875 par le collectionneur Wilhelm Froehner et aujourd'hui perdu, énumérant la triade : "Arès" "Theandrios" "Dousarès". [...] Mais on ne saurait préciser si l'auteur grec dont s'inspire l'Anonyme parle des Arabes en général ou des Nabatéens en particulier. Toujours est-il qu'il considère Arès comme la divinité la plus vénérée de son temps dans cette région, et c'est pourquoi il croit pouvoir en déduire que le Dusarès aniconique de Pétra n'est autre que l'Arès adoré ailleurs dans la province d'Arabie (Hellènika symmikta: histoire, archéologie, épigraphie, Tome 8, 1995 - books.google.fr).

 

L'iconographie du Hauran intéresse apparemment un autre jeune dieu syrien du renouveau. A Bosrâ, capitale des Nabatéens du Hauran, résidence du dernier roi Rabbel II, Dûshara porte l'épithète Aarra, ou plutôt s'assimile un dieu local ainsi nommé; on explique ce nom par l'arabe aghra, que l'on traduira par 'Oint' (Aufstieg und Niedergang der römischen Welt: Principat, 1990 - books.google.fr).

 

"cité libre"

 

Dans le courant du IIIe siècle, Bostra change de statut. Cité (polis) depuis Trajan, elle devient colonie romaine sous Sévère Alexandre (222-235). Des monnaies représentent la fondation symbolique de la colonie sous la forme d'un attelage de bÅ“ufs traçant le sillon délimitant la nouvelle colonie. En réalité, cette promotion ne changeait rien de fondamental : tous les citoyens d'une colonie devenaient automatiquement citoyens romains, mais, ici, cela n'avait plus de sens puisque, depuis 212, tous les habitants libres de l'Empire jouissaient de cette citoyenneté. De même, le latin aurait dû devenir la langue officielle de la colonie, à la place du grec; or, en dehors des légendes monétaires et de quelques inscriptions officielles, le grec resta largement en usage et même très majoritaire dans les inscriptions de la ville. L'avantage était cependant fiscal, car, si la colonie bénéficiait du «droit italique» (ius italicum), son territoire était assimilé au sol de l'Italie et donc exempt du tribut dû à Rome. C'était surtout un titre honorifique qui permettait de distinguer Bostra des autres villes de la province; seule Pétra possédait aussi le rang de colonie et de métropole. Bostra fut décorée aussi de ce dernier titre au temps de Philippe l'Arabe (244-249), né dans la province, au village de Shahbâ dont il fit la colonie de Philippopolis (Michel al-Maqdissi, Jacqueline Dentzer-Feydy, Bosra aux portes de l’Arabie, 2014 - books.google.fr).

 

Servius dit que le Silène debout sur les monnaies d'une cité signifie que cette cité est libera. Or le Silène se trouve sur les monnaies de douze cités dont j'ai donné plus haut la liste, parmi lesquelles Botsra; et si nous étudions l'une après l'autre la condition de ces douze cités, nous voyons que pas une seule n'est une ville libre, mais que toutes sont des villes romaines, onze des colonies et une un municipe. Il y a plus; quelques-unes de ces villes ont été des villes libres avant d'être des colonies; or le Silène ne se trouve pas une seule fois sur les monnaies autonomes de ces cités, mais uniquement sur leurs monnaies coloniales (Édouard Beaudouin, Étude sur le jus italicum, 1883 - books.google.fr).

 

Emerita (Merida). PERMISSV CAESARIS AVGVSTI. Tête barbare de Silène, de face. R. AVGV[STA] EMERITA. Prêtre, à dr., conduisant une charrue attelée de deux bœufs. - Br.28. Heiss, pl. LX, no 15 (Emile Bonnet, Médallier de la Société archéologique de Montpellier: description des monnaies, médailles, et jetons qui composent de médaillier, 1896 - books.google.fr).

 

Il y a encore un autre type qui ne se trouve que sur les monnaies coloniales, et sur lequel nous devons appeler l'attention de nos lecteurs : c'est Silène debout, la main droite étendue, et soutenant de la gauche une outre posée sur son épaule. La meilleure interprétation qui en ait été donnée est, à notre avis, celle de Eckhel : ce savant, après avoir établi que Silène et Marsyas ont été souvent confondus par Hérodote et par Pausanias, rappelle que, suivant Servius (ad Æneid., III, 20; IV, 58), la statue de Marsyas, symbole de Bacchus, Liber pater, était dans toutes les villes libres d'Italie; il fait ensuite remarquer que, parmi les monnaies coloniales au type de Silène, il en est plusieurs, telles que celles d'Alexandrie de Troadé, de Béryte, de Laodicée, de Paros et de Tyr, qui ont été émises par des colonies jouissant du jus italicum, liberté fort importante, qu'Auguste n'avait d'abord accordée qu'aux villes d'Italie, et qui consistait dans l'exemption du tribut capitis et soli. Il en conclut donc que Marsyas ou Silène étant le symbole de la liberté, les colonies qui le prirent pour type principal de leurs monnaies étaient celles auxquelles on avait concédé le droit italique (Anatole Jean Baptiste Antoine de Barthélemy, Nouveau manuel complet de numismatique ancienne, 1866 - books.google.fr).

 

"trois sectes", "rouges", "blancs" : Fatimides, Omeyyades, Abbassides

 

Historiquement, le vert est la couleur des Abbassides, le rouge celle des Hachémites, le noir celle des Fatimides, et le blanc celle des Omeyyades (Michel Pastoureau, Une histoire symbolique du Moyen Age occidental, 2015 - books.google.fr).

 

La couleur des Omeyyades était le blanc; celle des Abbassides, le noir; celle des Fatimides, le vert (Tareq Oubrou, Ce que vous ne savez par sur l'Islam, 2016 - books.google.fr).

 

Le prophète Mahomet, descendant de la tribu des Quarayshites, a conservé le fanion noir tout en lui préférant la blanc. Le rouge était très probablement la couleur de la chefferie proprement dite; la tente du seyyid bédouin antéislamique était en cuir rouge. On retrouve cette même couleur chez les princes berbères appartenant à la dynastie des Almohades, qui régna sur l'Afrique septentrionale et la moitié de l'Espagne de 1147 à 1269. Les Abbassides (632-1258), dont le califat fut fondé à Médine puis transféré à Bagdad, avaient des drapeaux noirs, et sous le septième calife, verts. Ceux des Alides étaient blancs, couleur qui passa aux Fatimides (califat d'Égypte); ceux enfin, des Oméyyades, fondateurs de Damas étaient rouges (ou verts, selon l'historien arabe Aboul-Feda) (Dominique Zahan, L'homme et la couleur, Histoire des mœurs : Les coordonnées de l'homme et la culture matérielle, 1990 - books.google.fr).

 

Le calife almohade a conservé l'étendard blanc des Fatimides, qui était la couleur des souverains descendants du Prophète car Ibn Tumert prétendait être le Mahdi, s'appeler Mohammed ben 'Abd Allah comme le Prophète et en être issu. Ce n'est point en effet à la couleur de l'étendard qu'il convient de restreindre l'usage d'une couleur dynastique, mais il importe de l'étendre aux vêtements officiels des souverains et de leurs représentants. Les étendards des Abbassides étaient noirs, mais aussi leurs costumes d'apparat; le hatib envoyé à la Mekke par le calife 'abbasside en 1183 porte des «habits califiens», un costume noir avec broderies d'or et un turban noir. Pour le calife fatimide, la couleur blanche est celle de ses vêtements les plus nobles, de ceux qu'il porte pour faire la prière de la fête de la rupture du jeûne; le bandeau de son diadème est blanc; son parasol est blanc (Maurice Gaudefroy-Demombynes, "Masalik el absar" de Ibn Fadl Allah El-'Omari, Bibliothèque des géographes arabes, 1927 - books.google.fr).

 

Histoire de l'Islam en Espagne

 

De Bosra en Arabie on passe aux Sarrasins. Et de la Syrie on retourne en Espagne, de la petite Mésopotamie (autre Mésopotamie) à la Mésopotamie d'Europe, la Béturie et Mérida.

 

Lope de Vega imagine un rêve éminemment tragique dans El ultimo godo, et d'autant plus tragique qu'il ne donne au rêveur aucune chance d'échapper à la mort, et que le drame annoncé n'est pas seulement celui d'un individu, mais celui de toute une nation : je veux parler du cauchemar du roi wisigoth Rodrigue. Dès l'indication scénique, le lecteur est invité à se représenter le Roi dans un état d'agitation extrême, avec une épée dégainée contre un mystérieux ennemi. En fait le Roi vient de faire un cauchemar, et il oscille entre le monde du rêve et celui de la réalité. [...]

 

Le chien méchant que le Roi n'arrive pas à tuer ni dans son rêve ni dans la réalité, autrement dit, ce chien qui le saisit et qui est lui-même insaisissable préfigure l'invasion arabe de l'Espagne, et la nouvelle ère des "Infidèles" qui se prépare. Et ce cauchemar qui vient après le viol de la Cava entretient surtout un sentiment de malaise et s'intercale entre le débarquement de Muza, Tarife, Abembucar et la prise de Gibraltar. La prémonition onirique et la mélancolie du dernier Roi wisigoth espagnol sont bien intégrées dans le drame historique de l'Espagne elle-même, et Lope réussit de la sorte à rendre vivant et pathétique un épisode qui pour important qu'il fût se situait à plus de huit siècles de son public (Christian Andrès, Un aspect du rêve dans la Comedia de Lope de Vega, Théâtres du Monde, Cahier 12 : Rêves et cauchemars au théâtre, 2002 - books.google.fr).

 

Le comte Julien appela les Arabes en Espagne, pour venger l'honneur de sa fille Florinda outragée par le roi Roderick (Cava est le nom que les Arabes donnent à Florinda). Après la défaite et la mort du roi Roderick à Xeres (17 juillet 711), Pelage, fils du comte de Cantabrie, se réfugia dans les Asturies, et fonda dans le roc un petit royaume que les Arabes ne purent entamer, et d'où l'indépendance de l'Espagne descendit en sept siècles, de plateau en plateau (George Gordon Byron, Childe Harold's Pilgrimage, 1882 - books.google.fr)

 

Les allusions à sainte Eulalie de Mérida, dont la cantilène éponyme est le premier texte littéraire en français, pourraient signifier la prise en considération dans les Centuries de l'histoire de la langue française dont l'emploi de certains mots permettrait de donner une date événementielle aux quatrains.

 

Musa qui fait marche sur Tolède atteint Merida, en utilisant la chaussée qui relie Séville à cette ville. Mais sur sa route, Merida résiste fermement, avec une forte armée provinciale ravitaillée par son port fluvial à l’abri de ses murs imposants. Pour ne pas être retardé, Musa doit y laisser un contingent de siège, et continue en direction de son objectif avec l'armée principale (fr.wikipedia.org - Conquête musulmane de l'Hispanie).

 

Cf. les 165 milles qui constituent la somme des nombres donnés par la Lettre à Henry (cf. "1792") et qui séparent Mérida de Séville.

 

A l'époque de la conquête arabe de l'Espagne, Sacaru, chef goth qui dirigeait la défense de Mérida, utilise un stratagème déjà employé par Thrasybule de Milet ("second Trasibulus" - voir Lettre à Henry - Eulalie) (Bernabe Moreno de Vargas, Historia de la ciudad de Merida, Tome 7, 1633 - books.google.fr).

 

La chaîne du Bosphore a été ouverte sous l'empereur Léon l'Isaurien, contemporain de l'invasion arabe de l'Espagne.

 

Léon III l'Isaurien, né vers 680 à Germanicia (aujourd'hui Kahramanmaras, dans le sud-est de la Turquie et mort le 18 juin 741, est un empereur byzantin de 717 à 741. Il fonde la dynastie isaurienne (fr.wikipedia.org - Léon III l'Isaurien).

 

Léon l'Isaurien fit ouvrir la chaîne de la Corne d'Or, mais les Sarrasins, soupçonnant un piège, n'y entrèrent point : ils jugèrent plus sage de se concentrer dans la baie de Sténia (J. pargoire, A propos de Boradion, Byzantinische Zeitschrift, Volume 12, 1903 - books.google.fr).

 

En 717, une grande peste fait de grands ravages dans Constantinople (Antoine Godeau, Histoire de l'eglise, Tome 5, 1680 - books.google.fr).

 

"jeté du milieu" : Sacaru/sacar

 

SACAR, v. a. Tirer; sortir, ôter de sa place. Tirer; produire, mettre au jour. Tirer d'un emploi; détourner d'une occupation (entre autre) (Claude Marie Gattel, Nouveau dictionnaire espagnol et françois, françois et espagnol, Tome 2, 1790 - books.google.fr).

 

"lieu de l'air"

 

"sublimis", is, e, suspendu dans l'air; élevé; sublime (Michel Bréal, Anatole Bailly, Dictionnaire étymologique latin, 1885 - books.google.fr).

 

"Sublimis" désigne la zone qui se trouve sous la frontière que constitue la course de la Lune : c'est l'air atmosphérique, sublunaire, lieu des phénomènes aléatoires (Jean-Pierre Aygon, Mythes et savoirs dans les textes grecs et latins: actes du colloque international, 2008 - books.google.fr).

 

Le poète Juvénal a en plusieurs endroits parlé du meuble même en termes plus explicites : «J'aurai peu d'estime, dit-il, pour celui qui, sachant de quelle hauteur l'Atlas domine les montagnes de la Libye, ignore combien un petit sac d'argent diffère d'un coffre-fort garni de fer :

 

Despiciam qui scit quanto sublimior Atlas

Omnibus in Libya sit montibus; hic tamen idem

Ignoret quantum FERRATA distet ab ARCA

SACCULUS (Henri de Longpérier, Récipients monétaires, Revue archéologique, Volume 50, 1868 - books.google.fr).

 

Hésiode, le père de la poésie, a dit : la Nuit enfanta les Hespérides qui gardent les pommes d'or au sein de l'Océan, aux lieux mêmes où Atlas supporte le ciel. Il est impossible de peindre Ténériffe d'une façon plus exacte dans le langage mythologique du temps. Diodore de Sicile dit : Les Hespérides ou Atlantides étaient les sept filles d'Atlas. C'est la désignation précise du groupe des sept îles; il n'y a pas de doute possible, car Denys d'Halicarnasse dit les Hespérides, nées d'Atlas, étaient les sept pléiades qui eurent pour mère Hespérie, laquelle était fille d'Hesperus, frère d'Atlas. (Eugène Pégot-Ogier, Les iles fortunées : ou, Archipel des Canaries, Tome 2, 1869 - books.google.fr).

 

Sur un cratère du peintre de Darius (IVe siècle), Atlas est suspendu en l'air sans contact avec l'assise terrestre. Il en va de même pour une amphore apulienne du même peintre ou d'un artiste très proche de son style. Pour Phérécyde, Atlas loge au Jardin des Hespérides, pour Eschyle au couchant (G. Cursaru, Parcourir l'invisible: Les espaces insondables a travers les mouvements des dieux dans la pensee religieuse grecque de l'epoque archaique, 2019 - books.google.fr).

 

It is from Christian Iberia that the legend of Antillia emerged. According to the legend, in c. 714, during the Muslim conquest of Hispania, seven Christian bishops of Visigothic Hispania, led by the Bishop of Porto, embarked with their parishioners on ships and set sail westward into the Atlantic Ocean to escape the Arab conquerors. The legend, in this form, is told in various places. The principal source is an inscription on Martin Behaim's 1492 Nuremberg globe. Yet another variant of the tale is told in Manuel de Faria e Sousa (1628), of Sacaru, a Visigothic governor of Mérida. Besieged by the Muslim armies and finding his situation hopeless, Sacaru negotiated capitulation, and proceeded, with all who wished to follow him, to embark on a fleet for exile in the Canary islands. Faria e Sousa notes they may not have reached their destination, but may have ended up instead on an Atlantic Ocean island "populated by Portuguese, that has seven cities... which some imagine to be that one which can be seen from Madeira, but when they wish to reach it, disappears" (en.wikipedia.org - Antillia).

 

A la requête de Las Casas, en 1537, le Pape Paul III promulgue la bulle «Sublimis Deus».

 

Le texte affirmait en conclusion que c'est par la prédication de la parole de Dieu et par l'exemple d'une vie bonne et vertueuse que les Indiens devaient être attirés à la foi (Louise Bénat-Tachot, Bernard Lavallé, L'Amérique de Charles Quint, 2005 - books.google.fr).

 

On a vu ce que ces bonnes intentions ont donné avec les Cathares qui se refusaient à retourner au cacatholicisme.

 

Locus aëris temperie gratus (Jacobus Golius, Lexicon arabico-latinum contextum ex probatioribus orientis lexicographis, 1653 - books.google.fr).

 

Quae à nobis INSVLAS CANARIAE nominatur, hae ad Occidentem in Oceano meridionali contra extremam Mauritaniam sunt; e Fortunata priscis auctoribus fuere, à fructuum ubertate, atq; aeris temperie sic dicta (Iacobi Mainoldi Galerati Cremonensis De titulis Philippi Austrij regis catholici liber. Atque in ipsas titulorum successiones tabulae. Index capitum, 1573 - books.google.fr).

 

Nous avons déjà dit que l'homme étoit incorruptible et immortel, non que son corps possédât une sorte d'incorruptibilité naturelle, mais parce que son ame avoit la propriété de mettre le corps à l'abri de la corruption. Or, le corps humain peut être exposé à se corrompre, soit par un principe intérieur, soit par un principe extérieur. Le premier effet a lieu par la consomption des éléments liquides qui le constituent, et par la vieillesse; l'homme prévenoit ce genre de corruption par les aliments qu'il prenoit. Parmi les agents extérieurs de corruption, le plus actif paroît être l'intempérie de l'air; un air tempéré doit, par conséquent, être le meilleur moyen d'empêcher ce genre de corruption. Rien ne manquoit, sous ce double rapport, dans le paradis. Damascène, dans le passage déjà cité, nous le représente cemme un séjour «inondé d'un air parfaitement tempéré, subtil, pur et transparent, et couvert d'une végétation toujours fleurie.» D'où il suit évidemment que le paradis étoit un lieu convenable à l'habitation de l'homme, dans le premier état de son immortalité (Somme théologique de S. Thomas D'Aquin, Tome 3, traduit par F. Lachat, 1856 - books.google.fr).

 

La tradition des îles Fortunées se perpétue pendant tout le Moyen Âge, notamment avec Gervais de Tilbury au XIII siècle, Barthélemy l'Anglais au XIVe, le cardinal Pierre d'Ailly au XVe, qui écrit : "Les îles Fortunées signifient par leur nom qu'elles renferment tous les biens; comme si elles étaient heureuses de l'abondance de leurs fruits; les forêts produisent naturellement tous les fruits les plus précieux; les collines sont couvertes de vignes sauvages. C'est cette fécondité du sol qui a fait croire aux Gentils que le Paradis était dans ces îles." (Ymago mundi).

 

Au XIVe siècle, les descriptions deviennent plus précises : «Les îles Fortunées sont comme un paradis», dit le dit le Polychronicon de Hygden, et l'atlas catalan de Charles V est particulièrement bien renseigné (Georges Minois, L'Âge d'or: Histoire de la poursuite du bonheur, 2009 - books.google.fr).

 

Air et (Nouvelle) Atlantide

 

Notons, d’après le Dictionnaire de la Bible de F. Vigouroux (Paris, Letouzey et Ané, t. I, 1985, art. AIR, p. 322), qu’il n’existe pas de mot, dans la Bible hébraïque, qui corresponde exactement au mot «air». La Vulgate s’est servie plusieurs fois du mot «aer» dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, le mot grec «aer», d’où viennent le mot latin «aer» et le mot français «air»,a plusieurs fois le sens d’«air que nous respirons», quelquefois le sens de «souffle, vent léger», mais la plupart du temps il désigne l’atmosphère, la région de l’air (par opposition à la région du ciel, plus élevée et plus pure, appelée par les Grecs «aithêr») (Sylviane Albertan-Coppola, De l’air au Ciel dans l’Encyclopédie, enjeux théologiques de l’article AIR, Sur un Air d’Encyclopédie, Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, 2009 - journals.openedition.org).

 

Nous avons encore de hautes tours; les plus élevées ayant au moins un demiinille de hauteur. Quelques-unes aussi ont été bâties à dessein sur de hautes montagnes; ensorte que si l'on ajoute la hauteur de la montagne à celle de la tour, le sommet de celle-ci se trouve élevé au moins de trois milles au dessus du rez-de-chaussée. La partie la plus élevée de ces tours est ce que nous appellons la région supérieure; car cette partie de la région de l'air, qui se trouve située entre le sommet et le pied, nous l'appellons la région moyenne. Ces tours, autant que le comportent leurs différentes situations et élévations, servent pour l'insolation, le refroidissement, ou la conservation de certains corps, et pour l'inspection de différens météores, tels que vents, pluies, neiges, grêles, etc. ainsi que pour l'observation de certains météores ignées. Sur quelques-unes de ces tours vivent aussi des hermites, que nous visitons de temps en temps, et auxquels nous prescrivons ce qu'ils doivent principalement observer (New Atlantis) (Oeuvres de François Bacon, Tome 15, 1800 - books.google.fr).

 

La Nouvelle Atlantide (New Atlantis) est une nouvelle philosophique importante de Francis Bacon écrite vers 1624 et parue de manière posthume en 1627. L'ouvrage décrit une île, Bensalem, qui est gouvernée par une société philosophique savante : la Maison de Salomon (fr.wikipedia.org - La Nouvelle Atlantide).

 

Thrasybule : la conjuration du comte Julien

 

Les Ghomara sont restés dans leur territoire actuel au moins depuis les premières invasions musulmanes, et nos connaissances au sujet de leur histoire ne remontent pas au-delà de cette époque. Les musulmans leur livrèrent alors plusieurs batailles meurtrières, mais ce fut Mouça-Ibn-Noceir qui leur fit essuyer la défaite la plus rude et les porta à embrasser l'islamisme. Il retint leurs fils comme ôtages et plaça en garnison à Tanger, sous les ordres de Tarec, un corps de troupes qu'ils lui avaient fourni. A cette époque, ils eurent pour émir le même Yulîan (Julien) qui reçut la visite de Mouça-Ibn -Noceir et le poussa à envahir l'Espagne. Yulian se tenait à Ceuta, comme nous le dirons tantôt. Ces événements eurent lieu avant la fondation de la ville de Nokour. Quand les Ghomara se furent convertis à l'islamisme, ils travaillèrent à fonder des empires au profit de chefs appartenant à d'autres races. Plusieurs faux prophètes se sont montrés chez eux, et, dans tous les temps, leurs montagnes ont offert aux rebelles une retraite assurée. Lors de la manifestation de l'islamisme, Ceuta, ville d'une haute antiquité, servait de résidence à Yulian, prince des Ghomara. Ce chef, ayant appris que Mouça-Ibn-Noceir marchait de son côté, gagna sa bienveillance en lui prodiguant des cadeaux et en payant la capitation. Mouça le confirma dans le commandement de Ceuta, après avoir retenu, comme ôtages, son fils et les fils de son peuple. Il établit aussi Tarec- Ibn-Ziad dans Tanger et y plaça en garnison un corps de troupes que les Ghomara s'étaient obligés à lui fournir. Tarec passa ensuite en Espagne et frappa les Ghomara de nouvelles réquisitions en hommes, jusqu'à ce qu'il eut effectué la conquête dont nous avons parlé ailleurs et dont on ne vit jamais la pareille. Après la mort de Yulian, les Arabes s'installèrent dans Ceuta, ayant obtenu du peuple de ce chef que la ville leur fût remise à l'amiable (Ibn-Khaldun, Histoire des Berbères, et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, 1854 - books.google.fr, Patrick Henriet, Le jour où la reconquête commença, Faire l'événement au Moyen Âge, 2017 - books.google.fr).

 

Thrasybule et Atlantide : excursion temporelle

 

Dans deux documents sur trois, Leucippe n'est pas «le maître», mais «la maîtresse» de Démocrite, et si Diderot ne juge pas nécessaire de préciser pour sa Sophie, c'est qu'elle avait, très vraisemblablement, lu la Lettre de Thrasybule à Leucippe, ouvrage attribué à Fréret, où celui-ci expose ses raisons pour maintenir sa soeur, enfermée au couvent, et donc exposée à la «contagion», dans l'athéisme le plus strict. On date de 1722 cette oeuvre demeurée longtemps clandestine et répandue par des copies manuscrites, mais elle fut imprimée, sans doute par les soins de d'Holbach, en 1765, et fit beaucoup de bruit. Il n'empêche que Thrasybule fut un homme d'État et non un philosophe, que la Leucippe de Fréret est une «grande dame romaine».

 

Le nom de Leucippe est aussi bien féminin que masculin : la mythologie grecque le donne à une fille d'Okeanos, et Platon (Critias, 1130), suivi par Diderot (DPV, XIII, 294) à la femme du colonisateur de l'Atlantide. On lisait alors couramment, en latin plutôt qu'en grec, le De Clitophontis et Leucippae amoribus d'Achille Tatius, célèbre parmi les erotici scriptores.

 

Voltaire a lu «Thrasybule» en novembre 1765 (Best. 12148). La date de 1722 est donnée par l'éditeur des OEuvres complètes de Fréret en 1775. Les témoignages de l'époque confirment l'attribution, à commencer par Grimm (C.L., VII, 45 et VIII, 10); Naigeon affirme que les copies s'étaient multipliées du vivant de l'auteur, ce dont atteste le nombre de manuscrits existant encore (La rêve de d'Alembert de Denis Diderot, idées IV, 1987 - books.google.fr).

 

"Leucippe" : cavale blanche en grec.

 

Les Lusitaniens avaient aussi une belle race de chevaux : plusieurs auteurs ont écrit qu'en Lusitanie, sur les bords du Tage, le vent féconde les cavales; cette fable est née de la fécondité des juments, de la multitude des chevaux de la Galice et de la Lusitanie, où leur merveilleuse légèreté a pu faire supposer que le vent leur avait donné naissance (Charles Daremberg, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines: d'après les textes et les monuments, Tome 2, Partie 1, 1892 - books.google.fr).

 

"Stoechades" : îles d'Hyères

 

Dans le courant du septième et du huitième siècles, à l'invasion des barbares vinrent se joindre des pestes des inondations, des famines, des tremblements de terre et des guerres civiles. [...] Narbonne était déjà prise en 719, les églises étaient partout renversées, les hommes, les femmes et les enfants qui échappaient à la mort étaient menés en esclavage... Des déserts de l'Afrique et des chaînes accidentées de l'Atlas, des Musulmans arrivent tous les jours pour grossir les rangs de ces barbares qui sont à nos portes. Déjà l'étendard des Sarrasins flottait sur les navires qui sillonnaient sous les remparts d'Antibes, lorsque saint Porcaire, abbé de Lérins, disait à ses disciples : «Le bras du Seigneur est levé, vous êtes libres de fuir. Nous serons martyrs,» répètent à la fois les cinq cents religieux... Les novices sont renvoyés en Italie, les saintes reliques sont cachées. Marseille était prise, les religieuses de Saint-Cyr étaient massacrées, l'abbaye des îles d'Hyères dévastée et Fréjus saccagée de fond en comble... Enfin, le 20 août 730, les Lérinois virent débarquer ces infidèles sur les côtes. [...] Les Sarrasins remontent sur leurs barques et vont dévaster tout le bassin du Var et des Alpes-Maritimes, Antibes, Nice et Cimiez (Alexander Aubert, Histoire civile & religieuse d'Antibes, 1869 - books.google.fr).

 

Saint Honorat qui fonda le monastère de Lérins serait venu se recueillir à Porquerolles où un monastère détaché aurait été fondé au Ve siècle, comme probablement sur l'île du Levant voisine (fr.wikipedia.org - Île de Porquerolles).

 

"Melite"

 

Les Kerkennah sont un archipel tunisien de la mer Méditerranée près de Sfax. Il est composé de deux îles principales — Gharbi, aussi appelé Mellita du nom du village qu'elle abrite, et Chergui ou Grande Kerkennah — et de douze îlots. Au VIIe siècle, avec la conquête musulmane du Maghreb, l'archipel se convertit. Il apparaît vite comme un enjeu dans la rivalité entre les puissances de la Méditerranée occidentale : il est ainsi conquis tour à tour par les Almohades au XIIe siècle (fr.wikipedia.org - Kerkennah).

 

Le nom «Malte» vient du latin Melita, issu du phénicien mlt («refuge»). En 870 les Aghlabides s'emparent de l'archipel lors de la conquête de la Sicile. En 1090, les Normands, maîtres de la Sicile, menés par le comte Roger de Hauteville, s’emparent de Malte. En 1127, l’archipel passe sous domination sicilienne. Finalement, entre 1240 et 1250, Frédéric II du Saint-Empire expulse les musulmans, même si beaucoup se convertissent pour rester dans les îles. (fr.wikipedia.org - Malte).

 

La présence sarrasine à Malte éloigne des années 710.

 

"Sault Castulon" : saltus castulonensis ou la reconquête chrétienne

 

Au XIIIe siècle, Castulo est conquise par Ferdinand III de Castille, fils d'Alphonse IX roi de Léon, durant la campagne de Baeza et qui met en place progressivement un conseil municipal jusqu'au milieu du XIVe siècle la ville passe sous la juridiction de Linares (fr.wikipedia.org - Castulo).

 

On en revient au début de ce passage et à son époque le XIIIe siècle.

 

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