L'an 2000

L'an 2000

 

VII, 1

 

2000

 

L'arc du thresor par Achilles deceu,

Aux procrées sceu la quadrangulaire:

Au faict Royal le comment sera sceu,

Corps veu pendu au veu du populaire.

 

Achille apparaît dans ce quatrain VII,1, lié apparemment au mausolée de Glanum (l'arc de Glanum), selon Roger Prévost (Nostradamus, le mythe et la réalité, Laffont, 1999, p. 167) sur lequel sont sculptées des scènes de combats qui paraissent plutôt topiques (lieu commun). Parmi l'une d'elles Mérimée reconnaissait Patrocle soutenu par Ménélas. D'autres ont vu Achille par ailleurs (Gilbert Charles Picard, Glanum et les origines de l'art romano-provençal. Seconde partie: sculpture.. In: Gallia, tome 22, fascicule 1, 1964 - www.persee.fr).

 

Les Myrmidons (myrmex qui veut dire « fourmi ») sont un peuple mythique de Grèce. Dans l'Iliade d'Homère ils participent à la guerre de Troie sous les ordres d'Achille. Le Myrmidon apparaît au quatrain IX,35.

 

"Pendu"

 

Michel de Nostredame, âgé de 27 ans, s'inscrit à l'école de médecine de Montpellier qui rivalise avec celle de Paris. Il est le condisciple d'étudiants appelés à la célébrité : Guillaume Rondelet, Antoine Saporta, Balthazar Noyer, Honoré Castellan, futur médecin de la Cour de France, et Rabelais lui-même. Ce dernier constitue une exception. Inscrit le 16 Septembre 1530, à l'âge de 40 ans, sous le patronage de Jean Schyron, directeur des études, il est bachelier le 1er Novembre suivant. Il est vrai que le jour même de son entrée en faculté, il est intervenu de manière brillante au sujet d'une thèse sur la vertu des plantes médicinales. Par la suite, il fait même des cours sur les aphrorismes d'Hippocrate et « l'Ars Pava » de Galien. Sorti de la Faculté de Montpellier à la fin de 1531, il est rattaché à l'hôpital de Lyon, sans ce doctorat qu'on lui accorde le 22 Mai 1537. François Rabelais, tout comme Nostradamus, est attiré par la renommée de capitale de l'imprimerie qu'est Lyon. cette ville, il trouvera les belles éditions recherchées dans toute l'Europe. Il espère rencontrer parmi les grands imprimeurs de l'époque : Sébastien Gryphe, Claude Nourry, Jean de Tournes et Guillaume de Rouville, un éditeur pour son Pantagruel. Il n'est pas inconnu parmi eux, car Sébastien Gryphe a déjà publié son Hippocrate. C'est chez Claude Nourry dit le Prince, qui tient boutique rue Raisin, devant Notre-Dame de Confort, que paraît le premier livre qui devait l'immortaliser : Pantagruel, qui sort des presses au début des foires de Novembre 1532. A la même date, Rabelais est nommé médecin du Grand Hôtel-Dieu de Lyon où il prend son service, aux gages de 40 livres par an. En Février 1535, « Maistre Rabellays qui s'est absenté et a habandonné ledict hospital sans advis ne prendre congié » est remplacé. Il revient à Lyon en Juin 1537 où il se fait remarquer pour l'époque en disséquant le cadavre d'un pendu (Rabelais, médecin de l'Hôtel-Dieu, par Marcel Colly, « Lyon et la médecine » (43 av. J.C. - 1958), numéro spécial de la Revue lyonnaise de médecine, 1958 ; voir également La Nouvelle Revue, septembre-octobre 1892, Rabelais à Lyon, par Alexis Bertrand).

 

On peut légitimement se demander si l'influence rabelaisienne sur Nostradamus n'a pas été profonde, car Rabelais possédait un côté ésotérique qui émergeait au oœur de ses énormes farces, sans qu'on pût toujours bien deviner s'il se voulait sérieux. Le chapitre de Pantagruel : « Comment nous descendîmes les degrés titradiques et la peur qu'en eut Panurge » s'ouvre par des considérations nettement cabalistiques : « Depuis descendîmes un degré marbrin sous terre, là estoit un repos ; tournant à gauche, en descendîmes deux autres, là estoit un pareil repos puis trois à destour, et repos pareil et quatre autres de mesme. Là demanda Panurge : « Est-ce icy »? - Quants degrés, dist nostre magnifique lanterne, avez compté ? — Un, répondit Pantagruel, deux, trois quatre — Quants sont-ce ? demanda-t-elle — Dix, répondit Pantagruel. — Par, dist-elle, mesme tetrade Pythagorique, multipliez ce qu'avez résultants. — Ce sont, dist Pantagruel, dix, vingt, trente, quarante. — Combien fait le tout ? dist-elle. — Cent, respondit Pantagruel. — Adjoustez, dist-elle, le cube premier, ce sont huit ; au bout de ce nombre fatal trouverons la porte du temple. Et y notez prudemment que c'est la vraye psychogonie de Platon, tant célébrée par les Académiciens, et tant soit peu entendue : de laquelle la moitié est composée d'unité des deux premiers nombres pleins, de deux quadrangulaires et de tant célébrée par les Académiciens, et tant soit peu entendue : de laquelle la moitié est composée d'unité des deux premiers nombres pleins, de deux quadrangulaires et de deux cubiques » (Livre V, XXXVI) (Michel Chomarat, Nostradamus entre Rhône et Saône, 1971 - books.google.fr).

 

Ces subtilités sont tirées du Timée de Platon, et surtout du traité où Plutarque les a résumées sous le titre de Psychogonie ou procréation de l'âme (Oeuvres de Rabelais, présenté par Burgaud Des Marets, 1858 - books.google.fr).

 

Certains ont affirmé que Rabelais avait été chapelain de la confrérie maçonnique des Gaults, ce qui est vraisemblable ; d'autres, grand maître, ce qui est moins probable. Dans un article paru en 1912 dans la revue Les Entretiens Idéalistes, dont Paul Vulliaud était le directeur, un anonyme indiquait même, sans pourtant citer de référence, le nom de la loge à laquelle Rabelais aurait été affilié à Lyon : « la Société Angélique, dont la firme était un chef angel ». Car il est certain que dans l'œuvre de Rabelais, de nombreuses allusions font penser au symbolisme maçonnique. Il faut également parler d'une autre grande société de pensée de la Renaissance que Rabelais n'a pu ignorer, « l'Agla ». C'était une société ésotérique groupant les apprentis, compagnons et maîtres de la corporation du livre. Le « glyphe » collectif de cette vaste association était « le quatre ». Il figurait, accompagné de fioritures ou d'adjonctions distinctives, dans la marque particulière de chacun des maîtres de cette confrérie. « Fréquemment, il surmonte un tracé secondaire indiquant une seconde association intérieure à laquelle appartenait le signataire. C'est ainsi que l'hexagramme, ou Sceau de Salomon, le monogramme de Marie, désignent une association s'occupant d'alchimie et d'hermétisme, alors que le oœur désigne un autre rameau dans lequel est plus particulièrement étudiée la Cabale. C'est à ce dernier groupe qu'appartint François Ier » (Paul Naudon, Rabelais franc-maçon) (Michel Chomarat, Nostradamus entre Rhône et Saône, 1971 - books.google.fr).

 

Le chapitre de Pantagruel : « Comment nous descendîmes les degrés titradiques et la peur qu'en eut Panurge » concerne le temple de la Dive Bouteille dont Bacbuc est la grande prêtresse.

 

C’est dans la seconde moitié du XVIe siècle seulement, en pleine ferveur pour l’antique, que les yeux s’ouvrent à cette beauté grandiose. Mais il semble que la science ait précédé la poésie. L’Italie de Masaccio, puis de Bmnellesco, s’adonne passionnément à la perspective, l’art abstrait, spéculatif, fait de certitude, qui crée de l’espace et le jalonne. Mensonge merveilleux parce qu’il est savant ! Il enivre d’orgueil les artistes d’alors ; ils se sentent les maîtres souverains de l’illusion, par règles et par principes. Il est devenu en architecture, dans la sculpture du bas-relief, dans la peinture, l’obsession des Florentins, puis de tous ceux qui de Padoue à Naples cherchent, par des rapports de lignes et de plans, à satisfaire le sens tout moderne de la profondeur. Alors il est curieux de voir nos artistes, plus ou moins italianisés, faire servir la ruine à la perspective. Si le monument intact peut s’y prêter, à plus forte raison le monument brisé, qui laisse voir dans ses flancs des fuites, des décrochements, des détours, où se pourchassent la lumière et l’ombre.

 

A ces artifices, nouveaux chez nous, Du Cerceau consacre ses Vues d'Optique Ce sont vingt petites gravures rondes où s’inscrivent des temples, des portiques à colonnades compliquées, qui s’éloignent sur des plans multiples. Pour atteindre les fonds, il semble qu’il faudrait des pas et des pas dans ces solitudes majestueuses et dévastées. Dans un palais splendide, deux tours d’escaliers, crevées, laissent voir la vis de saint Gilles, legs du moyen âge, virevolter habilement selon des règles infaillibles arrêtées par la science nouvelle. La netteté de ces édifices les ferait croire en construction ; mais des débris de colonnes, des herbes folles disent ça et là la vétusté, qui n’est d’ailleurs qu’un prétexte. Sous le fronton d’un de ces étranges monuments. Du Cerceau a gravé l’inscription mélancolique : Quondam fuit ingens Ilion. Elle se retrouve sur une estampe du graveur lucquois contemporain, Crecchi, et il est possible que ses Vues d’optique soient copiées de cet Italien.

 

Plus original est le fameux « Grand païsage » qui illustre, avec d'autres bois, le Livre de Perspective de Jean Cousin (1560). Cet énorme temple est bien « une manière de descente quadrangulaire ayant quatre faces, esquelles y a degrez pour descendre jusques au centre d'icelle quadrature » ; sur la colline lointaine de grands débris se dressent pour solliciter l’imagination. Les trois Français qui travaillent alors à Lyon demandent aussi aux ravages du temps de poétiser, ou même de faire naître les virtuosités « optiques ». La paradoxale Nativité de Jean de Gourmont, au Louvre, provenant du château d’Écouen et peinte probablement pour le connétable de Montmorency, est une gravure de perspective transposée en tableau : au-dessus de la Vierge et de l’Enfant se prolongent, en diminuant comme il convient, des forêts de piliers, de colonnes, de voûtes et d’escaliers, congrûment cassés pour nous permettre de voir comment c’est fait. Reverdy « le nouveau Zeuxis » comme l’appelle un poète de Lyon, et le maître au double C (Claude Corneille ?) encadrent comme lui dans des petites gravures rondes des palais fastueux où s’abritent, contre toute vraisemblance, des scènes minuscules qui donnent l’échelle des colosses. Cet art serait sec si on n’y sentait vivre la passion même de l’abstrait. Par la force des choses, les jeux lumineux l’animent aussi. Les trois Lyonnais traitent d’ailleurs la ruine en orfèvres : ils burinent précieusement ce qui est énorme et rongé. Cette scénographie, de saveur si italienne, prendra une autre allure dans les grandioses Antichità romane de G.-B. Piranesi, et rentrera transfigurée dans notre peinture du XVIIIe siècle (René Schneider, Le thème des ruines dans la Renaissance française, Actes du Congrès d'histoire de l'art de 1921, Tome III, 1924 - archive.org).

 

Par Achille deceu

 

Comme en témoigne Rabelais dès 1532, l’Hécube d’Euripide tient une place essentielle dans les arts pour le sacrifice de Polyxène. Dans le chapitre II du Quart-Livre, l’auteur décrit les tapisseries illustrant la vie d’Achille que Pantagruel achète dans l’île de Medamothi, et prend soin de préciser les sources qui ont présidé à l’élaboration du programme iconographique des 78 pièces à hautes lisses. Il achève sa description par « […] l’apparition de son umbre [l’ombre d’Achille], et sacrifice de Polyxene descript par Euripides ».

 

L'île de Medamothi, comme l'Utopie de Thomas More dont elle se souvient, est, en raison même de son étymologie, une île de nulle part, un lieu de papier et de vent, un non-lieu perdu sur une carte imaginaire (Frank Lestringant, L'exotisme en France à la Renaissance, Littérature et exotisme, XVIe-XVIIIe siècle, 1997 - books.google.fr).

 

Dans la plupart des représentations du XVIe siècle, Polyxène s’agenouille désormais sur le tombeau d’Achille qui s’apparente à un sarcophage quadrangulaire nu ou légèrement orné d’un décor peu visible (Estelle Leutrat, Honneur aux vaincus : autour des Troyennes et de Polyxène sacrifiée, en France dans la seconde moitié du XVIe siècle, Homère à la Renaissance, Mythe et transfigurations, 2011).

 

Platon, dans l'Hippias mineur, met en scène le sophiste Hippias d'Elis, qui se prétend également compétent dans tous les ordres de connaissances, en calcul, en géométrie, en astronomie, etc., si bien que le Socrate platonicien peut lui dire, non sans malice « tu es entre tous les hommes tout à fait le plus savant dans les disciplines les plus nombreuses ». Le même homme se prétendait aussi poète et littérateur, et même habile en tous les ordres d'artisanat : « Tu disais être une fois venu à Olympie, ayant ouvré toi-même tout, sans exception, ce que tu avais sur le corps » : vêtements, chaussures, et même les bijoux. Et ce savant, cet artiste et cet artisan se veut aussi le créateur d'une technologie intellectuelle et d'une pédagogie fondée sur une méthode mnémotechnique mise au point par ses soins. Ce portrait même s'il est, ou plutôt parce qu'il est, une caricature n'en parait que plus révélateur d'une prétention à un humanisme totalitaire qui évoque, par anticipation, celui d'un Pic de la Mirandole, ou les fringales épistémologiques des géants de Rabelais. Les Sophistes sont des hommes d'universalité parce que rien d'humain ne leur est étranger ; le relativisme dont on leur a fait reproche n'est que l'envers, ou la contre-partie, de leur universalisme. La réalité humaine, somme de tous ses tous ses aspects, ne peut être connue que par l'étude du présent et du passé, de l'ici et de Tailleurs ; le contraste, le dépaysement sont révélateurs de vérités qui échappent aux prisonniers du sommeil dogmatique entretenu par les évidences illusoires de la cité traditionnelle (Georges Gusdorf, Les sciences humaines et la pensée occidentale, Volumes 1 à 2, 1966 - books.google.fr).

 

L'Hippias mineur est sous-titré "sur la tromperie".

 

Le thème de la vertu-science est repris par l'Hippias mineur : « Le sophiste Hippias, dissertant sur Homère prouve qu'Achille est le plus brave, Nestor le plus sage, Ulysse le plus ambigu ». Et, précisant, il ajoute : « Achille est simple et sincère, Ulysse double et trompeur ». D'où Socrate conclut que, selon Hippias, « ambigu » veut dire « trompeur ». A cette thèse, Socrate oppose son paradoxe : pour tromper, il faut être « capable », par l'intelligence; mais un homme « capable » est celui qui fait ce dont il est capable quand il le veut, et qui fait le contraire quand il lui plaît. Donc, celui, dont la capacité intellectuelle se manifeste par la tromperie, est aussi celui qui peut faire exprès de ne pas tromper : le « véridique » et le « trompeur » s'identifient. Aussi bien, Achille trompe parfois, mais non volontairement; il est donc moins bon qu'Ulysse qui trompe volontairement, car celui qui dans un art ou un métier peut faire exprès de manquer son coup, comme de le réussir, est bien meilleur que celui qui fait bien sans le faire exprès. Et, sous les protestations d'Hippias, Socrate conclut ironiquement : « L'idéal, c'est d'agir mal en le faisant exprès et la justice qui est une force, ou une science, ou les deux, est la plus forte et la plus savante quand elle est capable de faire le bien et le mal volontairement. Le meilleur des hommes est celui qui fait le mal volontairement. Mais un tel homme existe-t-il? » (Paul-Bernard Grenet, Histoire de la philosophie ancienne, 1993 - books.google.fr, Platon, œuvres complètes, 2008 - books.google.fr).

 

Psaume 48

 

On rencontre Achille dans Gargantua comme terme de d'école : argument auquel il n'y a pas de réponse selon la démonstration de Zénon d'Elée qui disait que la tortue ne sera jamais rattrapée par Achille dans un certain mouvement qu'il appelait "achille".

 

Cet argument peut passer pour trompeur.

 

Au premier chapitre du VIe livre de la Physique, Aristote dit que Zenon se trompe en affirmant qu'on ne peut a toucher les infinis successivement dans un temps fini, parce que le temps est divisible à l'infini de la même manière que la longueur (M. G. Sorel, Les sophismes de Zénon d'Elée, Revue scientifique, 1892 - books.google.fr).

 

C'est au sujet de la demande de Janotus de Bragmardo à Gargantua de rendre les cloches de Notre-Dame. Un des ses arguments sont selon lui imparables, est tiré d'un psaume dont il a oublié le titre. C'est le psaume 48 (versets 13-21) qui compare à des bêtes de somme tous les mortels que la prospérité aveugle (Œuvres de Rabelais, Tome 1, Dalibon, 1823 - books.google.fr).

 

Pic de la Mirandole cite le psaume 48 dans l'Heptaple, au sujet de l'homme fait Ă  la ressemblance de Dieu.

 

Et certes, nous disputions déjà de l'homme ci-dessus, mais maintenant nous entendons premièrement en lui l'image de Dieu, d'où son domaine et empire sur les bêtes lui est acquis. Car l'homme a été établi par la nature à cette condition que la raison maîtrisât le sens, et que toute la rage et l'appétit de l'ire et de la convoitise fussent bridés par les lois : mais sitôt que le portrait de Dieu a été effacé en nous par la souillure du péché, nous avons commencé, malheureux et misérables, à servir nos bêtes et, avec le roi chaldéen, à loger dans leur hôtellerie — à nous courber et pencher vers la terre, affamés des choses terrestres, et ayant tout à fait oublié notre pays, père, royaume et dignité première, qui nous avait été conférée par un privilège. Et pourtant, l'homme qui était en honneur n'a point entendu, mais il a été appareillé aux lourdes bêtes, et leur a été fait semblable (Psaume 48,12) (Oeuvres philosophiques de Giovanni Pico della Mirandola, 1993 - books.google.fr).

 

Dans son commentaire du psaume 48, saint Augustin, au sujet des richesses, dira qu'elles sont trompeuses, employant le verbe latin "decipere", qui par son participe passé "deceptus" a donné deceu/deçu :

 

Si aliqua hvjus sœculi prosperitas arriserit, nonne deceptoria est, nonne fluxa, caduca ? nonne temporalis, volâtica, transitoria ? nonne plus habet deceptionis quàm deleclationis ? : Si vous avez goûté quelques douceurs de la prospérité, n'est-il pas vrai qu'elles sont fausses et trompeuses, superficielles, vaines et de peu de durée ? n'ont-elles pas plus de pouvoir pour nous séduire et nous tromper que pour nous contenter et nous rendre heureux ? (La bibliothèque des prédicateurs: Morale, Tome 7, 1867 - books.google.fr).

 

Le psaume 48 parle encore du shéol, séjour des morts, dont Achille habitera sa version grecque et dans l'Odyssée :

 

Surviennent l'âme d'Achille, celles de Patrocle, de l'irréprochable Antiloque et d'Ajax, qui, pour la taille et la beauté, était le premier des Grecs après le fils d'Eacide. Je me laisse reconnaître par l'âme d'Achille, et en gémissant elle m'adresse ces paroles rapides : « Divin fils de Laërte, infortuné ! comment ton esprit a-t-il pu se résoudre à surpasser tous tes travaux? Quoi ! tu oses descendre chez Pluton, où demeurent les morts privés de sens, images des hommes qui ne sont plus ? — O Achille, lui dis-je, ô le plus vaillant de tous les Achéens ! la nécessité m'a contraint de venir prendre conseil de Tirésias, pour apprendre comment je retournerai dans l'âpre Ithaque... Et toi, Achille, quel mortel a jamais été ou sera jamais plus heureux que toi ? Vivant, les Argiens t'honoraient comme une divinité, et dans les enfers tu domines sur toutes les âmes. Ne te plains pas, ô Achille ! d'avoir subi le trépas. — Noble Ulysse, s'écrie soudain le héros, ne me parle pas de la mort; j'aimerais mieux être le mercenaire d'un homme voisin de la pauvreté, à peine assuré de sa subsistance, que de régner sur tous ceux qui ne sont plus » (Odyssée, XI, 466. Traduction Giguet, in-18, Hachette. Paris, 1863) (Th. L., L'Achille d'Homère, Revue britannique: revue internationale reproduisant les articles des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne et de l'Amérique, Volume 1875,Numéro 2, 1875 - books.google.fr).

 

Achille balançait entre deux solutions : tuer son roi ou contenir sa colère. Déjà l'épée scintillait, l'irréparable allait s'accomplir. La déesse est venue du ciel pour rendre Achille à lui-même. Précisons que le héros ne sera ni possédé ni entraîné par Athéna, mais simplement conseillé par elle. L'intervention divine se borne à lui rendre ce que la colère lui avait fait perdre : une saine appréciation des faits, non seulement par rapport à sa situation présente, mais encore en prévision des rétributions à venir (v. 212-214). Achille était devenu la proie du temporel et du psychologique : il voulait savourer l'immédiate volupté de la vengeance. Athéna ouvre devant lui la perspective du temps : « Un jour viendra.... » Aussitôt tout se transforme. Le héros juge sa situation personnelle du même point de vue que les dieux, selon les critères de l'altitude et de l'éternité. Il domine l'immédiat (René Schaerer, L'Homme antique, 1958 - books.google.fr).

 

Homère par l'ombre d'Achille qui lui inspira la fureur poétique qui contient en soi toute contemplation intellectuelle, fut privé des yeux du corps. Saint Paul l'apôtre fut ravi, & il ne s'était pas encore élevé jusqu'au troisième ciel que ses yeux furent rendus aveugles aux choses sensibles par la vision des choses divines. Mais si nous revenons au point principal de notre matière, je dis que tandis que notre âme est tournée vers les choses sensibles, elle ne peut jouir de la vision de la beauté intellectuelle (Jean Pic de la Mirandole, Commentaire sur une chanson d'amour de Jérôme Benivieni, traduit par Patricia Mari-Fabre, 1991 - books.google.fr).

 

L'interprétation du monde de l'Odyssée comme signant la fin du monde héroïque est un acquis (Pierre-Yves Brandt, Séduction et dévoration dans le parcours d'Ulysse, Foi de cannibale!: la dévoration, entre religion et psychanalyse, 2012 - books.google.fr).

 

Thrésor

 

Augustin dans l'Enarratio in Ps. 48 emploie le mot thesaurarium (tirelire) : THESAURARIUM, pro Thesaurus, apud S. Augustin. enarrat. in Psal. 48. Numquid perdes in Thesaurario Christi ponens ? Ibidem : Inveniunt nummos, & ponunt in Thesaurario (Charles du Fresne Du Cange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis, Tome 6, 1736 - books.google.fr, Saint Augustin, Oeuvres complètes, 1870 - books.google.fr).

 

Dans sa querelle avec Agamemnon, Achille lui avait dit : Je pars dès ce moment pour Phtie : car il me vaut bien mieux Retourner chez moi avec mes vaisseaux noirs ; et je ne pense pas [370d] Qu'Achille étant ici sans honneur, tu accroisses ta puissance et tes richesses [Iliade, liv. 1, v. 169-171]. Après avoir parlé de la sorte, tantôt en présence de l'armée entière, tantôt vis-à-vis ses amis, il ne paraît nulle part qu'il ait fait les apprêts de son voyage, ni qu'il ait mis ses vaisseaux en mer, pour retourner dans sa patrie ; on voit au contraire qu'il se fort peu en peine de dire la vérité. Je t'ai donc interrogé au commencement, Hippias, parce que je doutais qui des deux était représenté comme meilleur [370e] par le poète, que je les croyais tous deux très grands hommes, et qu'il me paraissait difficile de prononcer lequel avait l'avantage sur l'autre, tant à l'égard du mensonge que de la véracité et des autres vertus ; d'autant plus que, dans le point dont il s'agit, ils se ressemblent fort (Platon, Hippias mineur - Hippias majeur, 2013 - books.google.fr).

 

L’avenir du riche n’est pas enviable, au dire du psalmiste. Et saint Paul le rejoint quand il écrit à Timothée : « Nous n’avons rien apporté en ce monde, et nous ne pouvons rien en emporter. Par conséquent, si nous avons la nourriture et les vêtements, cela doit nous suffire. Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, ils sont pris au piège par de nombreux désirs insensés et néfastes, qui plongent les hommes dans la ruine et provoquent leur perte. Car l’amour de l’argent est la racine de toutes sortes de maux. Certains ont une telle envie d’en posséder qu’ils se sont égarés loin de la foi et se sont infligés bien des tourments. » (1 Timothée 6,7-10) (Denis Ganon, La richesse n’a pas d’avenir : Psaume 48 (49), 2012 - www.interbible.org).

 

Fait Royal : Chiron et Achille avec Machiavel

 

Le centaure est, dans le bestiaire de Gervaise l'image de l'homme fourbe hypocrite et trompeur (il exhorte au bien par devant et fait le contraire par derrière) et soutend une morale : l'homme qui s'attache aux honneurs n'est pas raisonnable et sera traité comme une bête de somme (Référence à Ps. 48) (Antoine Guillaumont, Mythologie chretienne de l'eau: à travers quelques exemples de la sculpture romane d'Auvergne et du Velay : Saint-Michel-D'Aiguilhe, Chassignolles, Nonette, Mauriac, Mozac, 2003 - books.google.fr).

 

Majesté terrible et humilité forment une paire homologue iustitia-misericordia et fortitudo-decus. Le rôle légitimant des manifestations rituelles de l'humilité est bien connu. Un Christus domini doit savoir mettre en scène la mort et la résurrection de potestas. Les textes exégétiques montrent que pour une bonne partie de opinion cléricale la capacité induire la terreur chez les gouvernés est une nécessité du même ordre. Telle est pour certains commentateurs la fonction symbolique de la chasse royale. Une analyse rétrograde partant de ce texte fondateur de la philosophie politique moderne qu'est Le prince le démontre. Au chapitre de L'éducation du prince, Machiavel présente l'étrange précepteur Achille Chiron. Pour le Florentin le gouvernant eduqué par le monstre mi-homme mi-bête doit savoir tenir du centaure, être la fois homme et bête. Au premier abord on se sent loin de idéal médiéval un prince mi-homme mi-ange tel qu'il s'incarne dans le saint Louis de l'hagiographie. Ce renversement des valeurs opéré par Machiavel est cependant préparé par la tradition médiévale dans la mesure où c'est elle qui développe les images que Le prince pervertit. Qu'il pervertit et accomplit car le Florentin ne fait exagérer un des éléments de la paire définissant attitude du roi. Il opère ainsi une transgression des limites posées par anthropologie politique du Moyen Age la crainte que le souverain doit inspirer ses sujets. Une des clefs de la présence de Chiron le centaure se trouve dans le Policraticus de Jean de Salisbury. Se proposant de dresser un portrait normatif du roi, le secrétaire de Thomas Becket essaie en premier lieu de dissuader le monarque de chasser. Il explique en particulier que le veneur instruit une pratique anti-naturelle car il apprend par une lutte constante contre les bêtes et par les massacres cynégétiques à ne pas craindre la mort. Le chasseur devient lui-même une bête ; le chasseur royal qui "mange" ainsi la cruauté, un tyran qui dévorera ses sujets. Pour illustrer son propos Jean de Salisbury choisit le mythe que reprendra plus tard Le prince. Il conclut tout comme Machiavel mais avec réprobation qu'Achille est devenu une demi-bête semifera à l'instar de son précepteur.

 

"Dans la caverne du demi-homme Chiron... Achille apprit jouer de la lyre et de la cithare puis fut emmené dans les bois pour massacrer les bêtes sauvages accoutumant au meurtre et un mode de vie répugnant il abandonna toute révérence pour la nature et [toute] peur de la mort ... Certes ceux qui adonnent de telles pratiques et loisirs sont des demi-bêtes qui ayant abandonné la plus haute part de être humain assimilent aux monstres par leur mode de vie Ils progressent de la frivolité la lascivité" (Policraticus, I, IV) (Philippe Buc, Pouvoir royal et commentaires de la Bible (1150-1350). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e année, N. 3, 1989 - www.persee.fr).

 

On reste dans le sens du psaume 48,13, de la ressemblance bestiale.

 

« Néanmoins on voit par expérience, de nos temps, qu'ils ont fait de grandes choses, ces princes qui ont tenu peu de compte de leur parole, qui ont su, par leur astuce, embarrasser la cervelle des hommes, et qu'ils ont à la fin vaincu ceux qui avaient fait fond sur la loyauté : vous devez donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une avec les lois, l'autre avec la force. La première manière est propre à l'homme, la seconde est propre à la bête.Comme la première souvent ne suffit pas, il arrive qu'on recourt à la seconde; ainsi il est nécessaire qu'un prince sache bien être la bête et l'homme. Cette doctrine a été enseignée d'une manière détournée par les anciens auteurs qui écrivent comment Achille et beaucoup d'autres de ces princes furent nourris par le centaure Chiron qui les tint sous sa garde : avoir ainsi pour précepteur une demi-bête et un demi-homme ne veut pas dire autre chose, sinon qu'il faut qu'un prince emploie les deux natures, et que l'une sans l'autre n'est pas durable. Un prince étant contraint de recourir aux moyens de la bête, il doit, dans cette nature, suivre l'exemple du lion et du renard, parce que le lion ne sait pas se défendre des lacs, et que le renard ne sait pas se défendre des loups : il faut donc être renard, et connaître bien les lacs, et lion pour effrayer les loups : ceux qui simplement s'en tiennent au lion, ne s'y entendent pas : donc, un seigneur prudent ne doit pas observer la foi, quand une semblable observance tourne contre lui, et que les raisons qui ont décidé sa promesse sont détruites. Si les hommes étaient tous bons, ce précepte ne serait pas bon. Mais, comme les hommes sont méchants, et qu'ils ne l'observeraient pas envers toi, toi, encore, tu n'as pas à l'observer avec eux. Jamais les motifs, pour colorer la non observance, ne manqueront à un prince. De cela, on pourrait donner une foule d'exemples modernes, et montrer combien de paix, combien de promesses ont été rendues nulles et vaines par l'infidélité des princes, et celui qui a su le mieux faire le renard, a le mieux tourné. Mais il est nécessaire de savoir colorer cette nature et d'être grand dissimulateur. Les hommes sont si simples, ils obéissent tellement aux nécessités présentes, que celui qui trompe, trouvera toujours qui se laissera tromper. Parmi les exemples récents, il y en a un que je ne veux point passer sous silence. Alexandre VI ne fit jamais que tromper les hommes, il ne pensa pas à autre chose, et trouva toujours moyen de le faire; il n'y eut jamais d'homme qui réussît plus à protester, et qui avec plus de serments affirmât une chose, en l'observant moins. Cependant les tromperies lui réussirent à souhait (ad votum), parce qu'il connaissait bien cette partie des affaires. » « Il n'est donc pas nécessaire qu'un prince ait les qualités ci-dessus rappelées, mais il est bien nécessaire qu'il paraisse les avoir; même j'aurai la hardiesse de dire cela, que quand on les a, et qu'on les observe toujours, elles sont préjudiciables : lorsqu'il semble qu'on les possède, elles sont utiles, c'est-à-dire qu'il faut paraître être clément, fidèle, humain, religieux, intègre, et l'être en effet. Mais il faut se trouver ensuite dans l'esprit, construit tellement, que s'il ne convient pas d'avoir ces vertus, tu puisses et tu saches prendre le rôle contraire. Entends bien ceci : c'est qu'un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut observer toutes les choses qui font réputer les hommes bons, parce que pour conserver l'état, il est souvent dans l'obligation d'opérer contre la foi promise, contre la charité, contre l'humanité, contre la religion » (Le prince) (Machiavel, son génie et ses erreurs par A. F. Artaud, Tome 1, 1833 - books.google.fr).

 

Noterez doncq icy, beuveurs, que la maniere d'entretenir et retenir pays nouvellement conquestez n'est, comme ha esté l'opinion erronee de certains espritz tyrannicques a leur dam et deshonneur, les peuples pillant, forceant, engariant, ruinant, mal vexant et regissant avec verges de fer; brief les peuples mangeans et devorant, en la façon que Homere appelle le roy inique Demoboron c'est a dire, mangeur de peuple (François Rabelais, Tiers livre, 1823 - books.google.fr).

 

L’ajectif « démovore » du Tiers Livre est celui d’Achille contre Agamemnon (Iliade, I, 231). Derrière l’illusion sympathique de la mangeaille rabelaisienne, se lit l’horreur d’un roi ogre, « les peuples mangeant et dévorant », tels les Lestrygons chez Lemaire, « tyrans et mangeurs de gens » (ouvroir-litt-arts.univ-grenoble-alpes.fr - Francis Goyet, D’Hercule à Gargantua : l’ambivalence des géants, Rabelais pour le XXIe siècle, 1988).

 

Avec "l'opinion erronee de certains espritz tyrannicques", Rabelais vise vraisemblablement Machiavel, dont le livre fut publié en 1532.

 

Au sujet des "Beuveurs", « le commentaire du psaume 48 par Augustin, parle de l'ivrognerie des banqueteurs et indique avec précision le rite funéraire de la libation : on versait dans la tombe du vin qui était censé parvenir au mort. » (Victor Saxer, Morts, Martyrs, Reliques, Théologie historique, Tome 55, 1980 - books.google.fr).

 

L'exercice de la chasse doit terrifier les sujets. Le peuple assimilé aux bestias est la proie symbolique du prince. Le peut-être du commentateur indique cependant que cette prédation sera condamnée si elle est excessive Le pouvoir royal doit savoir être féroce sans être cruel que le prince manifeste sa puissance sans excès ni défaut. Fait à priori étonnant son exégèse est assez hostile aux princes de son temps) Pierre le Chantre accepte l'ostension par le gouvernant de sa férocité antithèse de humilité. Mais c'est de façon toute parallèle que les clercs approuvent la domination violente de la colère sur les appétits bestiaux la lecture tropologique répète constamment que celle-ci passion (Philippe Buc, Pouvoir royal et commentaires de la Bible (1150-1350). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 44e année, N. 3, 1989 - www.persee.fr).

 

Psychogonie

 

L'Ame du monde est le principe des mouvements ordonnés de l'univers. C'est la cause générale de la vie, et la vie se manifeste toujours par des mouvements régulièrement ordonnés vers une certaine fin. Au centre de l'univers, le démiurge mit une âme, qui s'étend partout et enveloppe même le corps de l'univers. Pour former l'Ame du monde, l'anima mundi, il prit la substance indivisible, qui est toujours la même, et la substance divisible qui devient toujours, et, en les combinant, il en fit une troisième substance, intermédiaire donc, qui participe à la fois de la nature du Même et de celle de l'Autre. L'Ame est donc d'une nature composée de Même et d'Autre. C'est un parfait mélange. Elle est médiatrice. Il place cette Ame entre les deux premières substances et les combina toutes en une forme unique, qu'il divise en sept parties. Ces parties sont entre elles comme les termes de deux progressions géométriques, l'une de raison 2 (1,2,4,8) et la seconde de raison 3 (1,3,9,27). A l'aide de ces deux progressions, le Démiurge forme une progression unique, 1,2,3,4,9,8,27. Puis, il remplit les intervalles subsistant entre les termes. Pour définir les intervalles, Platon va faire appel à des notions empruntées à la musique et non plus à l'arithmétique. Différences entre des sons : octave, quinte, quarte... Les intervalles qui séparent ces nombres sont remplis par d'autres nombres jusqu'à ce qu'on arrive à une série composée de notes musicales aux intervalles d'un ton ou d'un demi-ton.

 

Il faut qu'il l'ait regardée comme une substance divisible, puisqu'il prétend que les astres et tous les globes, sans en excepter la terre, sont autant d'êtres animés, vivants et intelligents, dont les âmes sont des parties détachées de la grande âme du monde. Conséquemment il appelle tous ces grands corps les animaux divins, les dieux célestes, les dieux visibles; il dit que la terre est le premier et le plus ancien des dieux qui sont dans l'enceinte du ciel, que Dieu est l'artisan et le père de tous ces dieux.

 

L'âme de l'homme est formée de l'âme divine (immortelle) dans la tête, façonnée par le Démiurge lui-même, puis isthme du cou ; de l'âme mortelle supérieure dans la poitrine, entre le diaphragme et le cou, la meilleure partie de l'âme mortelle est plus proche de la tête, la partie inférieure de l'âme mortelle est entre le diaphragme et le nombril (philosophie-marseille.com - Le Timée, Nicolas Bergier, Dictionnaire de théologie, Tome IV, 1852 - books.google.fr).

 

On retrouve l'arithmétique de la Psychogonie dans les Oracles qui ont cessé du même Plutarque, où la fin du monde est abordée.

 

XVIII. Il parloit encore quand Demetrius, rompant son propos, prit la parole, en disant : Comment est il possible Cleombrotus, que tu soustienes que un an ait esté appellé parce poëte l'aage d'un homme ? car ce n'est la durée ny de la fleur de l'aage de l'homme, ny de sa vieillesse, pource qu'il y a en cest endroit diverse leçon, d'autant que les uns y lisent Hebonton, qui seroit à dire florissans, et les autres Geronton, qui signifieroit vieillissans : et ceux qui y lisent florissans, y mettent l'aage de l'homme à trente ans, suyvant l'opinion d'Heraclitus, que c'est l'espace de temps dedans lequel un pere qui a engendré un fils le rend apte et propre à en engendrer un autre : et ceux qui y lisent vieillissans, attribuent à l'aage de l'homme, cent et huict ans, disans que cinquante et quattre ans sont justement la moytié de la vie de l'homme, estant composé de l'unité des deux premiers nombres plains, des deux quarrez et des deux cubiques, lesquels nombres Platon mesme a pris à bastir la generation de l'ame qu'il descrit : et semble que le poëte Hesiode par ces paroles-là couvertement ait voulu designer la consommation du monde par feu, auquel temps il est vraysemblable que les Nymphes avec toute humeur et liqueur periront (Traité des oracles qui ont cessé) (Œuvres morales de Plutarque, traduit par Amyot (1572), Tome 17, 1819 - books.google.fr).

 

Dans le De animœ procreatione in Timaeo Platonis, après la citation du passage de Timée, où Platon, comme on sait, expose la série des nombres : 1, 2, 3, 4, 9, 8, 27, Plutarque entreprend son commentaire; il s'agit tout d'abord de savoir si ces nombres doivent ainsi être rangés sur une seule ligne, comme le veut Théodore de Soles, ou s'il n'est pas plus rationnel de les disposer, avec Crantor, en une double série, partant d'un sommet commun, l'unité, puis Premières puissances, Carrés et Cubes. C'est cette disposition, indiquée XXX, 3, que Plutarque appellera (XIV, 5) quaternaire platonicien, en l'opposant au quaternaire pythagoricien (Paul Tannery, Une transposition dans le traité de Plutarque sur la Psychogonie du Timée. In: Revue des Études Grecques, tome 7, fascicule 26, 1894 - www.persee.fr).

 

Il y a quelques explications à donner ici sur les diverses hypothèses qui ont pour objet la génération de l'âme. L'hypothèse d'Origène a élé acceptée par une secte dont les membres ont reçu le nom de Préexistenciens. Les théologiens, qui, fidèles aux principes d'Aristote, ont affirmé que l'âme d'Achille vient de Pélée, ont élé nommés Traduciens, c'est-à-dire partisans du système de la transmission. Saint Thomas est du parti drs Créatiens. Mais, entre les Créatiens eux-mêmes, il y a de grandes députes; les uns, les Infusiens, prétendant que l'âme s'unit au corps déjà engendré ; les autres, les Coexistenciens, soutiennent, avec non moins d'éneigie, que l'union des deux parties du composé s'opère dans le même temps que la génération de l'une et de l'autre (Barthélemy Hauréau, De la philosophie scolastique, Tome 2, 1850 - books.google.fr).

 

TĂ©traktys : 10 ans de la guerre de Troie

 

J'aimerais signaler les deux tetraktys 1, 2, 4, 8 et 1, 3, 9, 27 qui, placés en un triangle de sommet 1 (qui ne compte ainsi qu'une fois), font une somme égale à 54 dont le double constitue la « vraye psychogonie de Platon ». Le produit de 108 par 90 est 9720 (nombre employé par Rabelais) (Marcel Françon, Remarques à propos de Rabelais, Bulletin, Volume 2, Numéros 8 à 10, Association des Amis de Rabelais et de la Devinière, 1969 - books.google.fr).

 

Nous retrouverons le nombre 108, sa moitié 54, et son quart 27, dans la tétractys pythagoricienne, point de départ du diagramme de Platon. Nous le retrouverons dans le décagone étoilé, comme nombre de degrés de l'arc sous-tendu par la "corde d'or" (D. Néroman, La leçon de Platon, 1983 - books.google.fr).

 

Ce nombre 108 est l'expression symbolique du Nombre d'Or, symbole lui-même de la théorie de la psychogonie (Paul Naudon, La tradition et la connaissance primordiale dans la spiritualité de l'Occident: les silènes de Rabelais, 1973 - books.google.fr).

 

Le récit de la guerre de Troie s'appelle aussi «la colère d'Achille », colère funeste qui empêche les Grecs degagner et qui faillit même causer leur défaite, au moment où la mort de Patrocle bouleverse la situation et où Achille revient surle champ de bataille pour venger son ami. A l'origine de sa colère, il y a une injustice commise par le chef de l'expédition, général en chef des Grecs, et roi de Mycènes, Agamemnon. [...] Une fois commencé, le conflit de dix ans dont l'Iliade retrace cinquante jours aurait dû s'achever, dans l'esprit des Danaens, par une victoire rapide et décisive. Sans l'intervention des dieux, c'est peut-être ce qui se serait produit, mais ils participenteux aussiàla guerre. [...] Le rôle de Zeus, comme celui d'Apollon, d'Athéna, d'Arès ou d'autres dieux de moindre importance, est de montrer aux hommes que les événements leur échappent (Thérèse Delpech, L'appel de l'ombre, 2010 - books.google.fr).

 

Sceu : âme connaissante

 

La définition du corps comme "tombeau de l'âme" se trouve sous la plume d'Evagre le Pontique dans le Commentaire des Psaumes (in Ps. 48, 12, PG 12, 1445 d). Mais l'expression, pour être bien comprise, doit être située dans le système. L'âme déchue est, en effet, comme morte et, par là, le corps qui l'enveloppe est bien un tombeau. Mais c'est un tombeau qui doit, en quelque sorte, lui permettre de retrouver la vie, en lui rendant possible la connaissance sensible, de laquelle elle s'élèvera, par des contemplations de plus en plus hautes, jusqu'à la science essentielle, qui est la vie même de l'intellect (Antoine Guillaumont, Les "Képhalaia gnostica" d'Évagre le Pontique et l'histoire de l'origénisme chez les Grecs et chez les Syriens, 1962 - books.google.fr, Julie Casteigt, Connaissance et vérité chez Maître Eckhardt, 2006 - books.google.fr).

 

Tu n'ignores pas, je pense, que les géomètres et les arithméticiens supposent deux sortes de nombres, l'un pair, l'autre impair, des figures, trois espèces d'angles, et ainsi du reste, selon la démonstration qu'ils cherchent ; qu'ils regardent ensuite ces suppositions comme autant de principes certains et évidents, dont ils ne rendent raison ni à eux-mêmes ni aux autres; qu'enfin ils partent de ces hypothèses, et, par une chaîne non interrompue, descendent de proposition en proposition jusqu'à celle qu'ils avaient dessein de démontrer. — Je sais cela. — Tu sais donc aussi qu'ils se servent pour cela de figures visibles, et qu'ils y appliquent leurs raisonnements, quoique ce ne soit point à elles qu'ils pensent, mais à d'autres figures représentées par celles-là. Par exemple, ce n'est ni sur le carré ni sur la diagonale, telle qu'ils la tracent, que portent leurs raisonnements, mais sur le carré tel qu'il est en lui-même avec sa diagonale. J'en dis autant des autres figures qu'ils représentent soit en relief, soit par le dessin, et qui se reproduisent aussi soit dans leur ombre, soit dans les eaux. Les géomètres les emploient comme autant d'images qui leur servent à connaître les vraies figures, qu'on ne peut connaître que par la pensée. — Tu dis vrai. — Voilà la première classe des choses intelligibles. L'âme, pour parvenir à les connaître, est contrainte de se servir de suppositions, non pour aller jusqu'à un premier principe, parce qu'elle ne peut remonter au delà des suppositions qu'elle a faites; mais, employant les images terrestres et sensibles, qu'elle ne connaît que par l'opinion, et supposant qu'elles sont claires et évidentes, elle s'en aide pour la connaissance des vraies figures (Platon, Oeuvres completes de Platon: 7: La Republique ou l'Etat, traduit par Dacier et Grou, 1873 - books.google.fr).

 

Ă‚me royale

 

Le petit monde est l'imitation du grand ; il ne peut rien contenir que ne contienne mieux encore le grand monde auquel il emprunte sa vie; et tout ce qui est dans l'homme doit avoir sa réalité éminente dans une cause supérieure. « Nous ne concevrons pas que cet élément de la cause, qui se trouve en tout, qui nous donne, à nous en particulier, une âme, une force vitale, conservatrice et réparatrice de la santé, et qui produit en mille autre choses d'autres compositions ou réparations, en reçoive pour cela le nom de sagesse universelle et variée; et que, dans l'immensité de ce monde, qui renferme aussi ces quatre genres, mais plus en grand et dans une beauté et une pureté sans égales, on ne trouve pas le genre le plus beau et le plus excellent de tous » (Platon, Philèbe). Il y a donc dans le monde, comme dans le corps humain, une pensée toujours présente, qui mérite à très-juste titre le nom de sagesse et d'intelligence. « Mais il ne peut y avoir de sagesse et d'intelligence là où il n'y a point d'âme. Ainsi tu diras qu'il y a » dans Jupiter, en qualité de cause, une âme royale, une intelligence royale, et dans les autres natures, d'autres belles qualités (dérivées de celle-ci), quel que soit le nom sous lequel il plaise à chacun de les désigner » (Platon, Philèbe). En résumé, la présence en nous d'une âme suppose dans la cause première une âme à laquelle la nôtre participe. Notre âme emprunte sa vie à celle de l'univers; et l'univers à son tour peut être considéré comme un grand Vivant, qui emprunte lui-même sa vie à l'âme et à l'intelligence divines. Sous ce rapport, Dieu est l'Ame du monde, éclairée par la Pensée éternelle, fille du Bien. Et dans tous les êtres se trouvent à quelque degré la vie, la pensée et le bien (Alfred Fouillée, La philosophie de Platon: exposition, histoire et critique de la théorie des idées, 1869 - books.google.fr).

 

Le "corps" du dernier vers peut laisser suggérer une "âme" en filigrane.

 

Le philosophe néoplatonicien Proclus (412 - 485) reconnaît dans le bûcher de Patrocle un rite théurgique célébré par Achille, il met en rapport Patrocle et l'âme intellective (Commentaire sur la République). Diacceto (1466-1522) poussera l'allégorie plus loin en identifiant les deux, tandis qu'Achille représentera l'âme sensitive (Opera omnia) (Stéphane Toussaint, Francesco Cattani Da Diacceto commentateur du Banquet, Commenter et philosopher à la Renaissance: Tradition universitaire, tradition humaniste, 2016 - books.google.fr).

 

Livre V

 

Selon le témoignage des Centuries, Rabelais, identifié par le pendu, les quadrangulaires, Achille et le psaume 48 serait donc bien l'auteur du Cinquième livre de Pantagruel.

 

Ronsard

 

De nombreux termes et thèmes du quatrain VII,1 se retrouvent dans l'Institution pour l'adolescence du roy tres chrestien Charles IX. de ce nom qui suit les Discours des Misères de ce temps publiées en 1562 : Achille et Chiron, la brutalité des rois comparée à la chasse au cerf, l'âme royale qui doit être acquise comme le corps royal est donné, défense du "populaire" face aux injures des Grands (Oevvres De Pierre De Ronsard Gentilhomme Vandosmois Prince Des Poetes François, Tome 2, 1623 - books.google.fr, Pierre de Ronsard, Institution pour l'adolescence du Roy treschrestien Charles neusuiesme de ce nom, 1562 - books.google.fr).

 

Pic de la Mirandole et typologie

 

Parmi les 900 Conclusions de l'humaniste florentin Jean Pic de la Mirandole, publiée le 7 Décembre 1486, on trouve celle-ci, à rapprocher – Renaissance oblige – du cycle pascal de 532 ans (cf. quatrains III-94 et X-72) : " S'il est une conjecture humaine sur les derniers temps, nous pouvons découvrir par la voie la plus secrète de la Cabale que la fin des temps adviendra dans 514 ans et 25 jours. " (" Si qua est de nouissimis temporibus humana coniectura, inuestigare possomus per secretissimam uiam Cabalae, futuram esse consumationem seculi hinc ad annos quingentos, et quatordecim, et dies uingitiquinque. " (Conclusiones DCCCC, 837).

 

Or 1486 plus 514 font 2000, et 25 jours ajoutés à 7 font 31 plus 1 : on ne pourrait demander plus de précision (cura.free.fr, Jean Pic de la Mirandole, Conclusions, traduit par Bertrand Schefer, 1999 - books.google.fr).

 

G. Defaux (Un "extraict de haute mythologie" humaniste : Pantagruel, Picus redivivus) a montré les ressemblances frappantes qui existent entre la vie de Pic rédigée par son neveu Jean-François et la jeunesse de Pantagruel telle que nous la livre Rabelais. Or, si l'allusion à Pic est évidente, le génie florentin est-il un vrai modèle ou n'est-il que le modèle d'un discours humaniste poussé dans ses conséquences extrêmes ? Ici, la culture tous azimuts qui est prônée semble moins un programme à suivre que le parti-pris de prendre le programme humaniste au pied de la lettre et d'en montrer la mise en pratique improbable sinon par un géant. Il reste à examiner le le dernier précepte de Gargantua : Et veux que de brief tu essaye combien tu as profitté, ce que tu ne pourras mieulx faire, que tenant conclusions en tout sçavoir publiquement envers tous et contre tous : et hantant les gens lettrez qui sont tant à Paris comme ailleurs (Livre II).

 

Defaux, dans son article sur les rapports de Pantagruel et et de Pic, s'interroge sur la validité du modèle humaniste constitué par la lettre de Gargantua à Pantagruel à partir de cette phrase. Selon ce critique, aucun humaniste digne de ce nom ne saurait conseiller la pratique de la dispute : certes, Pic de la Mirandole, modèle humaniste s'il en fut, l'a abondamment pratiquée, mais il a fait amende honorable, et a fini par renier cette recherche effrénée de savoir.

 

Dans une note de son édition, Defaux pose à nouveau le problème : Après cet hymne au savoir et la présentation de ce curriculum tout imprégné d'humanisme, Rabelais - ou plutôt Gargantua - conseille à son fils de se livrer à un genre d'exercice alors unanimement condamné par tous les humanistes depuis Pétrarque, la « disputatio » publique « pro et contra ». Et la façon dont il formule ce conseil - « en tout savoir, publiquement, envers tous et contre tous « - ne laisse planer aucun doute sur la dimension sophistique de sa pensée. Si bien que l'on se trouve confronté à cette contradiction, voire à cette impossibilité, d'un Rabelais - d'un Gargantua - tout à la fois sophiste et chantre inspiré des bonnes lettres et de l'humanisme (Béatrice Périgot, Dialectique et littérature: les avatars de la dispute entre Moyen Age et Renaissance, 2005 - books.google.fr).

 

9764, nombre des thèses proposé par Pantagruel (Livre II : "Pantagruel, bien records des lettres et admonition de son père, voulut ung jour essayer son sçavoir : et de faict, par tous les carrefours de la ville, mist conclusions en nombre de sept cens soixante, en tout sçavoir"), est proche du nombre apparaissant chez Plutarque (Traité des oracles qui ont cessé) 9720.

 

D'après Plutarque (Cessation des Oracles, 11), voici Quel est le calcul d'Hésiode : 4 fois 9, âge extrême de la corneille, donne 36, âge limite du cerf; 36 X 3 = 108, âge du corbeau ; 108 X 9 = 972, âge du phénix ; enfin 972 X 10 = 9720, limite d'âge des génies et des démons (Livre IV, Œuvres de Rabelais, annoté par A.L. Sardou, Tome 2, 1875 - books.google.fr, Traité des oracles qui ont cessé, Œuvres morales de Plutarque, Tome 17, 1819 - books.google.fr).

 

Ces nombres mythologiques des Indiens et des Chaldéens paraissent avoir été connus de bonne heure en Grèce. En effet, suivant des vers attribués à Hésiode, 9 générations d'hommes dans la vigueur de l'âge sont la vie d'une corneille ; 4 vies de corneille sont la vie d'un cerf; 3 vies d'un cerf sont la vie d'un corbeau ; 9 vies de corbeau sont la vie du phénix; 10 vies du phénix sont la vie d'une nymphe. Or, suivant Horapollon, la vie d'une corneille serait de 400 ans : ce qui donnerait 44 ans et 4/9 pour une génération d'homme dans la vigueur de l'âge. A ce compte, la vie du phénix serait de 43200 ans, c'est-à-dire d'un sané ou an cosmique des Chaldéens, et la vie d'une nymphe serait de 432 000 ans ou de 10 sanés, période égale, suivant les Chaldéens, à l'intervalle de la création au déluge. Il n'est pas probable que celte coïncidence de nombres soit fortuite (Henri Martin, Le nombre nuptial et le nombre parfait de Platon, Revue archéologique, Volume 13, 1856 - books.google.fr).

 

Le manuel d'Horapollon – qui fut également traduit en vers par Nostradamus – a été fréquemment décrié par les égyptologues modernes pour ses erreurs et ses interprétations démesurément imaginatives et allégoriques de nombreux caractères (Patrick Tort, Qu'est-ce que le matérialisme?: Introduction à l'analyse des complexes discursifs, 2007 - books.google.fr).

 

44 ans, de la génération d'un homme, plus 9720 donne 9764 : génération d'un homme additionné à la génération d'un génie : homme-dieu ? Les deux nombres 44 et 9720 sont issus de deux calculs contradictoires.

 

Lorsque Basile de Césarée commente le titre du Ps 48 (In Ps. 48, hom. 1), eis to télos, « pour la fin » — c'est-à-dire pour la vie bienheureuse dans le siècle futur, « quand le Fils remettra le royaume au Père » (I Co 15, 24 : puis ce sera la fin lorsqu'il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté...) — , il justifie d'emblée ce sens eschatologique par le témoignage de Sophonie selon 3, 8-9 : « car mon jugement s'adressera aux assemblées des nations, etc. » (Marguerite Harl, Les douze Prophètes, Partie 49, 1999 - books.google.fr).

 

Pour Basile de Césarée, nous sommes créés capables de ressembler à Dieu, nous sommes les artisans de cette ressemblance, nous sommes en quelque sorte co-créateurs, même si nous sommes créés tandis que Dieu est par définition l'Incréé. Origène, autre père de l’Église, écrit de son coté : « Il le fit à l'image de Dieu ; ne parlant pas de la ressemblance, il montre que l'homme a reçu, dans sa première création, la dignité de l'image, mais que la perfection de la ressemblance est réservée pour la fin […] Quelle est donc cette image de Dieu à la ressemblance de laquelle l'homme a été fait ? Ce ne peut être que notre Sauveur. » (G&S, Création et incarnation : la vision des prophètes de la Bible (2), 2011).

 

Lamnatséak, traduit par "Eis to telos", dans les Septante, et par In finem dans la Vulgate, se trouve aux titres des Psaumes IV, V, VI , VIII , IX et de cinquante autres. Or, In finem (pour la fin ou jusqu'à la fin), peut signifier: que ces Psaumes doivent être chantés très-fréquemment, très assidûment, dans toute la postérité; ou qu'ils contiennent des vérités et des instructions qui subsisteront toujours ; ou encore, que, dans la Synagogue, ils étaient chantés à la fin du sabbat et des autres jours de fête ; ou enfin que ces Psaumes annoncent la fin des temps, c'est-à-dire, le règne du Messie, qui est ainsi désigné par Saint Paul, dans sa 1ère Epitre aux Corinthiens, X, 11 (L.J. Bondil, Le livre des Psaumes, 1840 - books.google.fr).

 

Pic de La Mirandole estime, dans son Apologie, qu'il faut « garder les dogmes à l'abri de la profanation du vulgaire, par des nœuds et des énigmes » et il s'autorise d'Origène et de Denys l'Aréopagite pour penser que le Christ a fait des des révélations que ses disciples n'ont pas voulu mettre par écrit, de peur qu'elles ne oient profanées par le vulgaire. [...] Déjà saint Basile fait état d'une tradition porteuse de choses secrètes que les Pères ont conservées et transmises à l'abri : « Ils comprenaient bien, en effet, que la majesté des mystères est protégée par le secret. » (De Spiritu sancto) (Jean-Pierre Massaut, Critique et tradition à la veille de la Réforme en France, 1974 - books.google.fr).

 

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