Le turbot de Domitien

Le turbot de Domitien

 

VII, 4

 

2002

 

Le Duc de Langres assiegé dedans Dole,

Accompagné d'Autun & lyonnois,

Geneve, Ausbourg joins ceux de Mirandole,

Passer les monts contre les Anconnois.

 

Mirandole

 

Une mention de Mirandola serait faite en rapport avec l'année 1049 dans une charte de l'abbaye de Nonantola. Ce serait un faux. La première mention sure serait faite en 1102 par une charte de la comtesse Mathilde (Alfred Overmann, Gräfin Mathilde von Tuscien: Ihre besitzungen. Geschichte ihres gutes von 1115-1230 und ihre regesten, 1895 - books.google.fr, Mirandola Nel Duecento: Dai Figli di Manfredo ai Pico /a cura di Bruno Andreolli e Mauro Calzolari, 2003 - books.google.fr).

 

Mirandola (la Miràndla en dialecte mirandolese et La Mirandole en français) est une commune d'environ 25000 habitants située dans la province de Modène dans la région de l'Émilie-Romagne en Italie. [...] 

 

Jean Pic de la Mirandole (Giovanni Pico della Mirandola), qui se faisait aussi appeler Comte de la Concordia (la Concorde), né à Mirandola le 24 février 1463 et mort le 17 novembre 1494 à Florence, est un philosophe et théologien humaniste italien, troisième fils d'une vieille famille comtale. À la recherche de la prisca theologia (ou théologie première exposée par les Anciens), il étudia et synthétisa les principales doctrines philosophiques et religieuses connues à son époque, notamment le platonisme, l'aristotélisme, la scolastique. Il est le fondateur de la kabbale chrétienne (fr.wikipedia.org - Jean Pic de la Mirandole).

 

Mirandola et Canossa se trouvent dans l'ancien duché de Modène en Italie.

 

Le duché de Modène trouve son origine dans un marquisat lombard devenu indépendant à la mort de la comtesse Mathilde, dernière descendante des comtes de Toscane de la maison de Canossa, en 1115. De 1288 à 1306, puis de nouveau à partir de 1336, Modène tomba sous la souveraineté de la maison d'Este, originaire de la ville voisine de Ferrare (www.monarchie-noblesse.net).

 

Cf. quatrain VII, 1.

 

Duc de Langres : Ă©vĂŞque-duc de Langres

 

On ignore Ă  quelle Ă©poque le comtĂ© de Langres fut Ă©rigĂ© en duchĂ©. Tout ce que l'on sait de certain Ă  ce sujet, c'est que Guillaume de Poitiers est le premier de nos Ă©vĂŞques qui ait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© dans des actes royaux sous le titre de duc, en 1355 dans les lettres de confirmation des privilèges de la ville de Langres par le roi Jean II, et en 1363 dans une charte du mĂŞme roi en faveur des Franciscains de Dijon. [...] Comme Gaultherot affirme que Philippe-Auguste a appelĂ© l'Ă©vĂŞque de Langres duc et pair dans une lettre adressĂ©e en 1217 au pape Honorius III, et que, d'après la Gallia christiana, Garnier de Rochefort est qualifiĂ© d'Ă©vĂŞque et duc de Langres dans une charte du prieurĂ© du Val-des-Choux, il est possible que le comtĂ© de Langres ait Ă©tĂ© Ă©rigĂ© en duchĂ© peu après que l'Ă©vĂŞque Gauthier de Bourgogne en eut fait hommage au roi de France. [...] Si l'on ne possède aucun renseignement relatif Ă  l'Ă©rection du duchĂ© de Langres, on ignore pour une cause semblable la date Ă  laquelle le siĂ©ge Ă©piscopal fut honorĂ© de la pairie. [...] Clairambault semble dire que la pairie de Langres fut instituĂ©e en 938, lorsque Louis d'Outremer, ayant conquis la citĂ© Langroise sur Hugues le Noir, la prit sous sa sauvegarde particulière. «Plusieurs auteurs, Ă©crit le P. Anselme, ont cru que c'Ă©tait en considĂ©ration de Brunon de Rouci, Ă©vĂŞque de Langres (980–1017), que Hugues Capet avait attribuĂ© Ă  son Ă©glise la dignitĂ© de pair de France, mais ils n'en apportent aucune preuve. Il paraĂ®t seulement que Gauthier de Bourgogne parut comme pair ecclĂ©siastique au sacre de Philippe-Auguste en l'an 1179.» [...] Que l'Ă©vĂŞque de Langres ait ou n'ait pas assistĂ© au sacre de Philippe-Auguste, il n'en n'est pas moins constant que quelques-uns de ses prĂ©dĂ©cesseurs figurèrent aux couronnements prĂ©cĂ©dents ; entre autres : Lambert de Vignory, au sacre de Henri le (1027); Harduin, Ă  celui de Philippe le (1059) (Arthur Daguin, Les EvĂŞques de Langres: Etude Ă©pigraphique sigillographique et hĂ©raldique, 1881 - books.google.fr).

 

Les duchés de France sont fondés au IXe siècle par les rois carolingiens et les membres princiers de leur famille qui se partagent l'Empire de Charlemagne dont ils ont hérité en réorganisant tous les royaumes carolingiens de France en duchés et comtés féodaux vassaux du roi de France.

 

En 1275, le roi Philippe III établit la liste des douze pairs. Il y avait six pairs ecclésiastiques : l'archevêque-duc de Reims, l'évêque-duc de Langres, l'évêque-duc de Laon, l'évêque-comte de Beauvais, l'évêque-comte de Chalons et l'évêque-comte de Noyon. Les six pairs laïcs étaient le duc d'Aquitaine, le duc de Bourgogne, le duc de Normandie, le comte de Champagne, le comte de Flandre, le comte de Toulouse (fr.wikipedia.org - Duc et pair, www.memoireonline.com).

 

Duc de Langres : Hugues de Breteuil, Ă©vĂŞque-duc de Langres

 

« oppugnatus Â» : assiĂ©gĂ© pour attaquĂ©, accusĂ© au sens figurĂ© (Salluste, CicĂ©ron) (Salluste, Oeuvres complètes, Tome 5 : La conjuration de Catilina, 1859 - books.google.fr, François Joseph Michel NoĂ«l, Dictionarium Latino-Gallicum. Dictionnaire Latin-Francais, 1825 - books.google.fr).

 

Comme dans l'Ă©pitre 124 oĂą saint Bernard dĂ©fend le pape Innocent II contre l'"antipape" Anaclet II, l’influence de CicĂ©ron est en ce sens irrĂ©futable et la lecture des Ă©pĂ®tres de Bernard renvoie inĂ©vitablement aux Catilinaires : un complot dĂ©voilĂ© en marge d’une Ă©lection par un orateur clairvoyant et salvateur ; une sĂ©rie de discours diffamatoires sans avoir la possibilitĂ© de fournir des preuves tangibles des affirmations en dehors d’une rĂ©putation sombre et semble-t-il reconnue par les gens de bien – comme Catilina haĂŻ, mĂ©prisĂ© et craint par tous les bons citoyens (argumentation de la première catilinaire) Anaclet est rejetĂ© par la sanior pars des Ă©lecteurs et fait l’unanimitĂ© contre lui ; dĂ©nigrement des partisans rares, indignes et rongĂ©s d’ambition – Girard d’AngoulĂŞme, prĂŞt Ă  tout pour obtenir une lĂ©gation, n’a rien Ă  envier aux amis «perdus de vices» (première catilinaire X-23) de Catilina ; nĂ©cessitĂ© de rĂ©agir sans attendre, sans faiblesse et sans ambiguĂŻtĂ© : l’excommunication et la lutte ouverte contre les anaclĂ©tins est le pendant du recours aux armes et de la condamnation Ă  mort de Catilina et des siens (Alain Rauwel, La rumeur dans le psychodrame grĂ©gorien : autour d’Hugues de Breteuil In : La rumeur au Moyen Ă‚ge : Du mĂ©pris Ă  la manipulation, Ve-XVe siècle, 2011 - books.openedition.org).

 

Langres, Dolle (ou Dol ?), Lyon, Autun, autant d'évêchés ou d'archevêchés qui laissent supposer un synode ou un concile.

 

Le 3 octobre 1049, à Saint-Remi de Reims, à l’occasion de la dédicace de l’église abbatiale, se tient une grande assemblée d’évêques et d’abbés convoquée et présidée par le pape Léon IX. Cet événement nous est fort bien connu grâce au récit circonstancié d’un témoin oculaire, Anselme, moine de Saint-Remi. Par lui, nous savons que le premier jour, monition fut adressée aux évêques présents de se purger par serment de toute suspicion de simonie. Tous le firent, sauf l’archevêque de Reims et les évêques de Langres, Nevers, Nantes et Coutances, qui demandèrent que leur cas fût remis au lendemain pour avoir le temps d’en conférer. On passa alors aux abbés, parmi lesquels fut mis en cause celui de Pothières, un ancien monastère du Châtillonnais fondé au milieu du IXe siècle, en même temps que Vézelay, par Girard de Roussillon. Son diocésain, qui était justement l’évêque de Langres, l’attaqua violemment – alors même qu’il était sous le coup d’accusations dont il avait refusé de se purger ! Le régulier était accusé : de vivre in fetore luxuriae ; de ne pas payer le cens dû à saint Pierre, à qui appartenait son monastère (ce qui est exact) ; de continuer à célébrer les saints mystères alors qu’il était ipso facto excommunié. Ce triple forfait – et surtout, semble-t-il, le deuxième – valut à l’abbé la déposition immédiate. Hugues de Langres n’eut que peu de temps pour s’en réjouir. Dès le 4 octobre, son tour venait (Alain Rauwel, La rumeur dans le psychodrame grégorien : autour d’Hugues de Breteuil In : La rumeur au Moyen Âge : Du mépris à la manipulation, Ve-XVe siècle, 2011 - books.openedition.org).

 

Les manœuvres simoniaques avaient placé sur le siège épiscopal de Langres, en 1031, Hugues, fils de Gelduin, comte de Breteuil. Il s'y souilla d'exactions, de honteux trafics, d'homicides, d'adultères et de sodomie. Lorsque le synode de Reims le mit en jugement, au mois d'octobre 1049, un clerc déposa en ces termes : «J'étais marié avant d'entrer dans les ordres; l'évêque m'a enlevé ma femme. – Hugues, dit un autre prêtre, m'a fait arrêter, et m'a livré à ses satellites. Après m'avoir torturé de différentes manières, ils m'ont percé les génitoires avec des clous très-pointus, el m'ont extorqué, par cette violence, dix livres de deniers.» (Emile de La Bédollière, Histoire des mœurs et de la vie privée des Français, depuis l'origine de la monarchie jusqu'à nos jours, Tome 3, 1855 - books.google.fr).

 

Le cas d’Hugues de Langres a montrĂ© comment, Ă  partir du XIe siècle, dans les milieux d’Église, se multiplient les rumeurs diffamatoires destinĂ©es Ă  disqualifier adversaires et compĂ©titeurs. Une lecture attentive des formules employĂ©es rĂ©vèle aisĂ©ment que ces rumeurs ne sont ni de pures inventions Ă  caractère « spontanĂ© » – la spontanĂ©itĂ© de la rumeur est une idole qu’il convient de renverser –, ni la simple amplification de faits rĂ©els ou supposĂ©s tels. Elles puisent au vaste recueil de motifs fourni par la masse des traitĂ©s moraux et spirituels. Dans l’Église, la circulation des rumeurs doit donc ĂŞtre rangĂ©e parmi les pratiques savantes ; elle est une activitĂ© de lettrĂ©s. La «rĂ©forme grĂ©gorienne» (Ă©tant entendu que cette dĂ©nomination est aussi inadĂ©quate que possible) en est Ă  coup sĂ»r la belle Ă©poque : les annĂ©es 1070-1080, certes, oĂą les attaques ad hominem atteignent leur paroxysme autour de «spĂ©cialistes» comme Hugues de Die, mais une des leçons du dossier langrois est de mettre en lumière combien tout, dès le pontificat de LĂ©on IX, est dĂ©jĂ  en place. L’absence de fondement des accusations, l’extrĂŞme violence du ton, la versatilitĂ© d’assemblĂ©es houleuses : on a lĂ  toutes les composantes d’une mise en crise du fonctionnement institutionnel rĂ©gulier par l’intrusion de phĂ©nomènes de type charismatique. Pour autant, cette mise en crise est voulue, recherchĂ©e, elle est d’un mĂŞme mouvement mise en Ĺ“uvre d’un projet ecclĂ©siologique bien dĂ©fini, au service duquel les affects sont stratĂ©giquement convoquĂ©s. Les milieux rĂ©formateurs construisent ainsi ce que W. Reddy a proposĂ© d’appeler un «rĂ©gime Ă©motionne», lequel trouve toute son efficacitĂ© dans le psychodrame conciliaire. Les Romains du XIe siècle n’ont cessĂ© d’en jouer et Hugues de Breteuil aura Ă©tĂ© l’une de leurs premières victimes.

 

Sa condamnation, et ce n’est pas le moindre paradoxe de l’affaire, advint pratiquement en même temps que celle de son condisciple Bérenger, dont il avait pourtant détecté avant tous les censeurs les «hérésies», qui n’étaient en fait que la réitération impavide, en un temps qui ne pouvait plus les entendre, des définitions sacramentaires de l’âge patristique. De même que Bérenger était un augustinien égaré au siècle du réalisme, Hugues était un évêque de tradition hincmarienne, chef et docteur, confronté aux ambitions montantes des réguliers, désormais prompts à mesurer l’Ecclesia à la seule aune de leur famille spirituelle. En matière de doctrine autant que de discipline, le choc était inévitable. Ce qui en fait l’originalité, c’est de se jouer à fronts renversés : les «traditionalistes» accusés par les tenants d’un courant nouveau de mettre en péril l’équilibre séculaire de l’Église. Plus originales encore, et plus décisives de notre point de vue, sont les modalités de l’attaque. Le fait que les deux parties aient eu recours au même procédé, la rumeur, montre à quel point celle-ci était déjà installée au cœur du système ecclésiastique, prête à devenir, et pour longtemps, son instrument de régulation ultime (Alain Rauwel, La rumeur dans le psychodrame grégorien : autour d’Hugues de Breteuil In : La rumeur au Moyen Âge : Du mépris à la manipulation, Ve-XVe siècle, 2011 - books.openedition.org).

 

Lyon, Autun

 

L'évêque de Lyon, proche du pape Léon IX, était Halinard. C'est lui qui sacra le successeur d'Hugues de Breteuil à Langres, Ardouin . Il était à Reims en 1049 (Histoire ecclésiastique, Tome 12 : Depuis l'an 924 jusques à l'an 1054, 1742 - books.google.fr).

 

Pour ce qui est de celui d'Autun, Helmuin (1025 - 1055), cela n'est pas dit (Louis Mas Latrie, Dictionnaire de statistique religieuse et de l'art de vérifier les dates, 1851 -  books.google.fr).

 

En 1027, Landry, comte de Nevers, et Odilon, abbé de Cluny, avaient voulu introduire la réforme à Vézelay, dépendant de l’évêché d’Autun. L'abbé Hermann et ses moines en furent chassés et remplacés par des clunisiens. Parmi eux figurait un nouvel abbé Eudes que le comte avait obtenu de saint Odilon. L'évêque d'Autun, Helmoin (1025-1055), n'avait pas été consulté. Il excommunia les intrus. Ceux-ci n'avaient cure de l'excommunication et foulèrent aux pieds la lettre qui la leur notifiait. Helmoin, en réponse, jeta l'interdit sur tous les autels que les clunisiens possédaient dans son diocèse. C'est alors qu'intervint en pacificateur Guillaume de Volpiano, abbé de Saint-Bénigne de Dijon (mort en 1031), par lequel nous connaissons l'incident. Dans une lettre à son confrère de Cluny il conseilla le retrait pur et simple des clunisiens. Ceux-ci partirent de Vézelay. Hermann et les siens revinrent. L'abbé mourut à la tête de son abbaye en 1037. Si les clunisiens avaient échoué dans leur première tentative de se soumettre l'abbaye de Vézelay, les comtes de Nevers avaient retiré quelques avantages des événements de 1027. Si l'on en juge d'après l'usage qu'ils en firent plus tard, les comtes avaient dû obtenir le droit de gîte ou de procuration deux ou trois fois par an au maximum, à Pâques, à la Sainte-Marie-Madeleine et, peut-être, à la Pentecôte. De cette concession initiale les descendants de Landry s'appliquèrent à faire sortir tous les avantages qu'ils pourraient. Lorsque l'abbé Hermann de Vézelay mourut en 1037, Cluny prit sa revanche de l'échec subi dix ans plus tôt. Geoffroi (1037-1052), successeur d'Hermann, semble avoir été désigné par Hugues le Grand aux suffrages des moines et à l'approbation des évêques. Sans doute, Hugues le Grand avait-il sauvegardé les formes que son prédécesseur Odilon avait cru pouvoir omettre. Il réussit par la diplomatie là où l'autre avait échoué par la force. En tout cas, Geoffroi fut un des plus grands abbés de Vézelay : il donna une impulsion décisive au culte de sainte Marie-Madeleine dans son abbaye ; il travailla aussi activement à réformer cette dernière (V. Saxer,  Le Statut juridique de Vézelay, Revue de droit canonique, Volume 6, 1956 - books.google.fr).

 

L'abbé Geoffroi assista au concile de Reims, en 1049. Il n'avait pas été question de Sainte Marie-Madeleine, dans aucune lettre des papes, pour le vocable de l'église de Vézelay (dit le Gallia christ.); ce n'est que maintenant (vers 1040) qu'il commence à porter le nom de cette Sainte (Nicolas Léonard Martin, Précis historique et anecdotes diverses sur la ville et l'ancienne abbaye de Vézelay, et sur ses alentours, au département de l'Yonne, 1832 - books.google.fr).

 

"Anconnois" : AncĂ´ne

 

Il s'agit ici de la province désignée ordinairement sous le nom de Marche d'Ancône, à laquelle correspondent à peu près les quatre provinces Adriatiques des anciens Etats de l'Eglise, qu'on appelle encore aujourd'hui les Marches (Pesaro-Urbin, Ancône, Macerata, et Ascoli). Cette appellation de Marches (au pluriel) répond fort bien à l'origine même du nom donné à cette

longue étendue de pays, qui se compose , en réalité, de plusieurs Marches anciennes. [...]

 

En 1078, il n'Ă©tait encore nullement question d'une Marche d’AncĂ´ne, car GrĂ©goire VII Ă©crivait, le 28 janvier (JaffĂ©, no 5063), Ă  l'archevĂŞque de Ravenne, «omnibusque suffragancis ejus, et universis episcopis el abbatibus in Marchia Firmana, et Camerina, et in Pentapoli, ac Emilia et Longobardiæ partibus constilutis.» A ce moment pourtant la puissance qui devait ĂŞtre comme le noyau de la formation nouvelle Ă©tait dĂ©jĂ  crĂ©Ă© ; l'allemand Werner ou Guarnerio, chef d'une des bandes envoyĂ©es par Henri III au secours de LĂ©on IX, s'Ă©tait dĂ©jĂ  emparĂ© d'AncĂ´ne. Les descendants de ce premier Guarnerio accrurent considĂ©rablement les Etats que leur avait laissĂ©s le fondateur de leur maison, et peu Ă  peu on put dĂ©signer, sous le nom de Marchia Guarnerii une vaste province, qui Ă©tait la Marche d'AncĂ´ne (Cf. Fatteschi, Serie de duchi di Spoleto, p. 120). C'est encore sous le nom de Marchia Guarnerii que cette province est dĂ©signĂ©e dans le Provincial du manuscrit 8874 de Paris. C'est sous le règne de FrĂ©dĂ©ric Barberousse qu'on trouve la première mention d'une Marchia Ancona (Compagnoni, Della reggia Picena, p. 71, doc. de 1162). Or, c'Ă©tait le moment (nous l'avons vu plus haut Ă  propos de Camerino), oĂą Spolète avait cessĂ© d'appartenir aux descendants de Werner, tandis que la Marche de Camerino et celle de Fermo demeuraient sous leur influence. (Cf. documents de 1165, publiĂ©s par Amiano, Memorie Fanesi.) Le nom de Marche d'AncĂ´ne devenait donc, dès lors, une expression gĂ©ographique dĂ©signant un groupement nouveau des territoires (Paul Fabre, Le Liber censuum de l'Église romaine, Parties 1 Ă  4, 1889 - books.google.fr).

 

Augsbourg

 

Augsbourg est une ville de la région allemande de Souabe, partagée entre Bavière et Wurtemberg (fr.wikipedia.org - Souabe).

 

Le Pape, aiant grossi son armée de Troupes rassemblées à Rome, dans le Duché de Spolète, dans les Marches de Camerino, de Fermo, d'Ancone & dans d'autres endroits d'Italie, ne songe plus qu'à son expédition contre les Normans. Il se met en marche aussitôt après le Concile. Les sept cens homes de Souabe, qu'il avoit retenus à sa solde, avoient à leur tête Werner, ou Garnier, qui fut apparemment dans la suite le premier des Marquis d’Ancone de ce nom. Le Général de toute l'Armée devoit être Godefroi, Duc de la Basse-Lorraine, s'il est vrai qu'il eût accompagné le Pape jusqu'à Rome, ce qui paroît très incertain (Charles Hugues Lefebvre de Saint-Marc, Abrégé Chronologique De L'Histoire Générale D'Italie, Tome 3, 1766 - books.google.fr).

 

Godefroi (Gottefrido) est le second mari de Béatrice, mère de la comtesse Mathilde (fr.wikipedia.org - Mathilde de Toscane).

 

Genève

 

Frédéric, évêque de Genève, assiste à Rome à un synode convoqué par Léon IX en 1050 dans lequel Gérard, ancien évêque de Toul, est canonisé. – Nomina sanctorum Patrum qui prescripto Synodo interfuerunt.... Fridericus Genuensis episcopus. Mabillon, Ann. ord. Ben. IV, p. 738. - Mansi, XIX, p. 769. — Pertz, Script. IV, p. 506. — Jaffé, no 3209. Le pape Léon IX (Bruno ) avait été évêque de Toul de 1026 à 1049; c'est lui qui, en 1031, avait consacré Hugues I, archevêque de Besançon, et il est probable que Frédéric, archidiacre de cette église, avait dès cette époque fait la connaissance personnelle du prélat qui fut élevé, en 1049, au pontificat (Régeste genevois: ou, Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, 1866 - books.google.fr).

 

A moins que ce Frédéric au synode de Rome ne soit évêque de Gênes en Italie (Giuseppe Cappelletti, Le chiese d'Italia dalla loro origine sino ai nostri giorni, Tome 13, 1857 - www.google.fr/books/edition).

 

Enprès cez s'en isirent Pisans et Genevois

Et cil de Senegaille et tuit li Anconois,

De Sane et d'Ipolice et Toscan et Lucois

Et cil de la marinne c'on apelle Puillais

(Genevois , habitants de Gênes ; tributaires de Rome) (Florence de Rome: chanson d'aventure du premier quart du XIIIe siècle, Volume 2t, 1907 - books.google.fr).

 

Florence (Florence de Rome) dépasse en beauté Hélène et Iseut, Judith et Suzanne, «et elle fut très savante de sorte que science, sens, beauté et bonté se multipliant en elle, Dieu fit d'elle un miracle. Elle fut élevée avec le plus grand soin, car son père l'empereur Othon lui faisait enseigner par des clercs très subtils la haute science, les divines écritures et le cours des étoiles. Elle savait argumenter contre les plus retors. On lui avait appris aussi la médecine, la vertu des herbes et des pierres». L'histoire nous montre quelques femmes savantes. Charlemagne, dit Eginhard (Vita Karoli imperatoris, édit. Teulet, I, 64), voulut que ses filles aussi bien que ses fils fussent instruits dans les arts libéraux. La mère du pape Léon IX, Helvide, de la race ducale de Lorraine, parlait couramment le latin ; la célèbre comtesse Mathilde «connaissait parfaitement les langues allemande, française et lombarde... Elle s'adonna aussi à l'étude des sciences et des arts libéraux ; elle posséda une importante bibliothèque» (Vita Mathildis, dans Muratori) (Robert de Labusquette, Les Béatrices, 2018 - books.google.fr).

 

Mais il semble qu'il soit bien de Genève :

 

Wennman, wie es allgemein geschieht, den an 49. Stelle genannten Fridericus Genuensis episcopus als Bischof von Genua auffaĂźt, muĂź man mit Schwartz die Angabe als falsch verwerfen ; in Wirklichkeit aber handelt es sich um Bischof Friedrich von Genf, der, wie wir aus anderer Ăśberlieferung wissen), nach der Synode den Papst bei seiner Reise ĂĽber die Alpen begleitete (Hans-Georg Krause, Ăśber den verfasser der Vita Leonis IX papae, Deutsches Archiv fĂĽr Erforschung des Mittelalters, 1976 - books.google.fr).

 

Un autre Frédéric, le futur pape Etienne X ou IX, est le frère du duc Godefroid II de Basse-Lotharingie, seconde mari de Béatrice mère de la comtesse Mathilde.

 

Ce fut pendant un de ses voyages en Allemagne, et peut-être en passant par Liége, que Léon IX emmena avec lui Frédéric. [...] Que Frédéric ait été avec Léon IX en Italie, en 1051 et en 1053, et en Allemagne, en 1052, cela n'est pas douteux; car on sait de source certaine que, le 20 mai 1052, Frédéric était à San-Germano, d'où il datait un privilège pour l'abbé du Mont-Cassin, et, le 1er juin suivant, à Bénévent. [...] Le 6 novembre, il était à Tribur; le 10 juin 1053, à Sala, ville de la Principaute ultérieure, avec Humbert, évêque de Silva Candida, Pierre, archevêque d'Amalfi, et d'autres prélats et seigneurs qui accompagnaient Léon IX dans son expédition contre les Normands. Il assista sans doute aussi à la déroute de l'armée pontificale à Civitella (Ulysse Robert, Un pape belge: histoire du pape Étienne X, 1892 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Etienne IX).

 

Léon IX est fait prisonnier par les Normands qui reconnaissent cependant sa suzeraineté sur leurs conquêtes.

 

Frédéric de Genève aurait-il aussi accompagné Léon IX en Italie du Sud ? Du moins devait-il l'aider des ressources de son diocèse dans sa politique d'affermissement du trône pontifical.

 

"Dolle"

 

"Dolle" pour Dol ? (Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789 : Journal de voyages, traduit par Henri Eugène Sée, 1931 - books.google.fr).

 

Dans l’affaire Bérenger, Hugues de Breteuil joua un rôle à la fois décisif et très précoce. Tout au début de la crise, vraisemblablement dans le courant de 1048, il écrivit à l’écolâtre, son ancien camarade d’école, une vigoureuse lettre d’objurgation. [...] 

 

Sa condamnation, et ce n’est pas le moindre paradoxe de l’affaire, advint pratiquement en même temps que celle de son condisciple Bérenger, dont il avait pourtant détecté avant tous les censeurs les «hérésies», qui n’étaient en fait que la réitération impavide, en un temps qui ne pouvait plus les entendre, des définitions sacramentaires de l’âge patristique. De même que Bérenger était un augustinien égaré au siècle du réalisme, Hugues était un évêque de tradition hincmarienne, chef et docteur, confronté aux ambitions montantes des réguliers, désormais prompts à mesurer l’Ecclesia à la seule aune de leur famille spirituelle (Alain Rauwel, La rumeur dans le psychodrame grégorien : autour d’Hugues de Breteuil In : La rumeur au Moyen Âge : Du mépris à la manipulation, Ve-XVe siècle, 2011 - books.openedition.org).

 

Le synode de Reims  avait pour objet aussi le jugement des prétentions métropolitaines de l'archevêque de Dol en Bretagne.

 

Né à Meung-sur-Loire en 1045, mort à Préaux le 5 janvier 1130, Baudry, disciple de Bérenger de Tours, est un poète, historien et moine bénédictin de l'abbaye de Bourgueil (env. 1078-1107) puis archevêque de Dol (1107 à sa mort) (www.arlima.net, La Vérité historique: revue destinée à rétablir les faits altérés par l'ignorance ou la mauvaise foi, 1859 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2002 sur la date pivot 1049 donne 96.

 

Au Printemps 96 : conspiration contre Domitien à l’instigation du chambellan Parthenius et du procurateur Stephanus. S’y joint des membres de l’aristocratie sénatoriale, les deux préfets du prétoire T. Petronius Secundus et Norbanus, un autre chambellan Sigetius, le chef du bureau de la correspondance, Entellus et l’impératrice elle-même, Domitia Longina, qui craint pour sa vie. 18 septembre : Domitien est poignardé dans la chambre impériale par un de ses affranchis, Stephanus. Le soir même, M. Cocceius Nerva, un des doyens du Sénat (70 ans), désigné par les conjurés, devient le premier empereur de la dynastie des Antonins. De santé fragile, il ne règne qu’un an et demi (fr.wikipedia.org - Année 96).

 

C'est près d'Ancône qu'avait été pêché le monstrueux turbot (rhombus) chanté par Juvénal, sur lequel Domitien fit délibérer le sénat, et qui n'a pas manqué de postérité. On doit signaler encore le rouget (rosciolo); les soles (sfoglie); et surtout la variole (varolo) plus savoureuse que celle de l'Océan et de la Méditerranée. Les petits crustacés (canocchie) sont exquis. Le frutto di mare, appelé balleri, estimé des anciens, que Pline disait briller dans la bouche de celui qui le mange, ne se trouve en Italie, que parmi les rochers d’Ancône (Antoine Claude Pasquin Valery, L 'Italie confortable manuel du touriste, 1840 - books.google.fr).

 

Ce poisson géant était d'une telle dimension, que l'on ne trouvait point de plat assez vaste pour le soumettre à la cuisson. L'empereur, embarrassé, convoqua donc aussitôt le sénat pour résoudre cette immense difficulté, et il demanda s'il fallait partager le turbot. Mais, sur l'avis de Montanus, un des plus méprisables courtisans, il fut convenu que l'on fabriquerait de suite un plat capable de contenir en entier cette merveille de l'Adriatique. La scène, dont Juvénal rend compte, se joua dans le palais que l'empereur possédait au-dessus du lac d'Albe, et dont on voit encore des ruines à Castel-Gandolfo, dans la villa Barberini (Imitation de la IVe Satire de Juvénal, Le Turbot, par P. Saint-Olive, 1866 - books.google.fr).

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