Alésia VII, 34 2024 En grand regret sera la gent Gauloise, Cœur vain, léger croira témérité : Pain, sel ne vin, eau, venin ne cervoise, Plus grand captif, faim, froid nécessité. "pain" Alis (Anc. Franç.).
Dans son article alis, Godefroy a rejeté à la fin le
sens de «serré, compact, surtout en parlant de la pâte qui n'est pas levée», et
il a mis en tête celui de «uni, poli, lisse, doux, fin, délicat, en parlant de
la peau et de la taille». Je crois qu'il aurait fallu faire le contraire.
Bernard Palissy, qui était bon observateur, sinon linguiste de profession, fait
la remarque suivante, citée tout au long par Godefroy : «Alises, sont les
choses serrées, comme le caillou, et le pain broyé auquel n'a esté donné lieu de se lever, et toutes choses qui sont si
bien condencées qu'il n'y a aucuns pores apparents.» Le
glossaire de Conches, cité aussi par Godefroy, traduit le Lit. azyma par «pain alis». Or dans un Hermeneuma dont
le plus ancien manuscrit (Vatic. Regin.
1260) remonte au Xe siècle, on lit cette glose : «Azima,
id est alisum.» Il saute aux yeux que ce latin alisum, qui n'a pas été rencontré ailleurs, est identique Ã
l'anc. franc, et anc. prov. alis. M. Goetz, dans son Thesaurus glossarum
emendatarum, I, 122, art. azyma, l'a prudemment accompagné d'un point
d'interrogation. M. Heraeus, dans une note
énigmatique, a voulu mettre alisum en rapport avec le
grec "aleison" qui désigne une sorte de
vase : cette idée qui repose sur une confusion supposée entre «levain» et
«jus», ne me paraît pas pouvoir être prise au sérieux. Van Hamel a proposé
comme étymologie du franç. alis le lat. allïsus,
participe passé de allïdere ; l'expression de
«pain broyé» dont se sert Bernard Palissy semble indiquer qu'il a vu juste. Il
est pourtant surprenant que dès le Xe siècle on écrive alisum
pour allisum. Ayant communiqué les notes qui
précèdent à la Société de linguistique de Paris, dans la séance du 24 avril
1909, j'ai reçu de mon collègue M. Isidore Lévy une intéressante indication. M.
Lévy m'a signalé un article de M. A.-J. Reinach, publié dans le Pro Alesia
d'août-septembre 1907, p. 209 et s., article intitulé
: le pain d'Alésia. Je n'en veux retenir que ce fait, connu depuis longtemps
des archéologues, mais de moi ignoré (comme tant d'autres choses), à savoir que
l'écolâtre Héric (mort en 880) a écrit sur le nom
d'Alésia les vers suivants : Te quoque Caesareis fatalis Alesia castris, Haud jure abnuerim calamis committere nostris, Quae quod alas proprios
praepingui pane colonos
Nominis adjectu quondam signata putaris. Je vois là la preuve que le nom latin Alesia avait déjà évolué en Alise au Xe siècle, que
l'expression pain alis était connue du bon Héric, car je la trouve rendue assez justement par «praepinguis panis», et que les
beaux esprits et étymologistes du temps voyaient dans l'adjectif alis l'explication du nom de la ville d'Alise. Godefroy
a déjà noté la survivance de l'adjectif alis, employé
parfois substantivement, dans les parlers du Poitou ; cf. Lalanne,
art. aglise, ali et alise. Le mot est aussi usité en Saintonge (Jônain, art. alis, où il y a un
rapprochement erroné avec agllat) et dans le
Bas-Maine (Dottin, art. ali,
alizé et ALIZOUÉ) (Antoine
Thomas, Notes étymologiques et lexicographiques. In: Romania, tome 38 n°151,
1909 - www.persee.fr). Jules Quicherat utilise déjà ce texte d'Héric pour contester la localisation d'Alésia Ã
Alise-Sainte-Reine (Jules
Quicherat, L'Alesia de César rendue à la Franche-Comté. Réfutation de tous les
mémoires pour Alise lue à la Société Impériale des Antiquaires de France, 1857
- books.google.fr). "léger" On nous demandera peut-être pourquoi le nom de sainte
Reine n'est pas resté attaché à l’Eglise paroissiale d'Alise, puisque c'était
là que s’éleva le monastère fondé sous son nom. Nous répondons à cette question
par la coutume générale de ces anciens temps. Les églises monacales avaient
assez généralement des oratoires destinés aux habitants des lieux, à ceux qu'on
nommait pour cela les manants en latin, manentes, dest-à -dire qui demeuraient auprès de ces monastères. On
donnait toujours à ces oratoires un patron différent du titulaire de
l'établissement conventuel. Cet oratoire
d'Alise reçut donc pour patron un des plus illustres évêques d'Autun, saint
Léger, Leodegarius, dont le culte est très répandu
dans la France. On sait que le martyre de saint Léger arriva en 678, dans
la forêt d'Yveline, au diocèse d'Arras et qu'aussitôt
après sa mort il fut honoré comme un saint. Or, c'est en ce même siècle, ou
quelques années après, que le monastère de Sainte-Reine était dans une
situation prospère. L'édifice actuel de
Saint-Léger d'Alise ne date pas d'aussi haut, mais il est permis de croire
qu'après la suppression du monastère d'Alise, cette église fut construite ou
renouvelée. La partie du chœur annonce certainement une haute antiquité,
tandis que la nef est beaucoup plus récente, sans être néanmoins moderne (Jean-Baptiste
Étienne Pascal, Alise-Sainte-Reine (Côte-d'Or) avant et après l'ère chrétienne:
Précis historique et critique, 1858 - books.google.fr). "témérité" Après le témoignage de Plutarque, voici celui de Dion
Cassius. Nous prenons son récit au moment où il vient de rapporter que, «à la
nouvelle de la défection de la cité éduenne, les Éduens qui servaient comme
auxiliaires dans l'armée de César demandèrent tous à rentrer chez eux, en lui
promettant de ramener et de maintenir leurs concitoyens dans son alliance.» On
voit que ceci correspond au moment où l'armée romaine, après la levée du siége de Gergovia, passa l'Allier entre Vichy et Moulins.
Dion rapporte ensuite les événements de Noviodunum
(Nevers) de la même manière que César; puis il ajoute : «César aussitôt tenta
d'aller chez les Eduens (du côté d'Autun), mais, la Loire y faisant obstacle,
il se rendit par un détour chez les Lingons, et toutefois il ne fit plus rien
de ce côté-là . Mais Labienus s'empara d'une île de la Seine (Melun). Ceux qui
s'étaient assemblés en grand nombre sur la terre ferme (l'armée de Camulogène), pour l'empêcher de passer le fleuve (la
Seine), il les défit après avoir fait passer les siens...» Puis l'auteur,
revenant à ce qui concerne César lui-même, continue son récit en ces termes: «Vercingetorix, dédaignant César à cause des pertes que
celui-ci avait éprouvées, entreprend de porter la guerre chez les Allobroges.
César allant à leur secours, il le surprend chez les Séquanes et l'enveloppe.
Il ne fit pourtant éprouver aucun désastre aux Romains, mais, au contraire, en
leur ôtant tout espoir de salut, il leur rendit le courage, et lui-même, pour
avoir eu trop de confiance dans le grand nombre des siens, il fut victime de sa
témérité. Cette victoire des Romains fut due, non pour la moindre part, aux
Germains, que César avait appelés à son secours. Leur intrépidité à la charge,
jointe à leur énorme masse, rompit la ligne des ennemis qui les entouraient.
Après cette victoire qui venait de s'offrir à lui, les ennemis s'étant réfugiés
à Alesia, César, persuadé qu'il ne fallait point hésiter, les enferma dans cet
oppidum et les y tint bloqués» (Jacques
Maissiat, Jules César en Gaule, Tomes 2 à 3, 1876 - books.google.fr). "venin" Cet autre nom de cervarius
était-il également un nom gaulois ? Pline
nous apprend que les Gaulois nommaient l'ellébore "venenum cervarum", (Vid supra,
art. Limeum). On sait en outre qu'une localité de la
Gaule portait le nom de Cervaria : "Locus Cervaria, finis Galliae"
(Pomponius Mela, lib. 11, e. 3, fin). Voici
l'explication du mot cervarius : le lynx se nomme
aussi loup cervier, parce qu'il attaque les cerfs (dit Buffon), ou plutôt parce
que sa peau est variée de taches, à peu près comme celle des jeunes cerfs
lorsqu'ils ont la livrée (pardorum maculés). R. ?
Lat. cervus LIMEUM. Plante médicinale. Ellébore ? "Limeum herba appellatur in Gallis, qua, sagittas in venatu tingunt medicamento, quod venenum cervarium
vocant." (Pline, lib. XXVII, c. 76). "Galli sagittas
in venatu elleboro tingunt, circumcisoque teneriorem sentiri carnem affirmant" (Pline, liv. XXV. c. 25) (G.
Lévêque, Recherches sur l'origine des Gaulois, 1869 - bibnum.enc.sorbonne.fr). La "cervoise" est la bière gauloise mais est à rapprocher de "cervarius". "froid" Contraint de faire face à l'accroissement de la
population, le roi Ancus Marcius
(deuxième moitié du VIIe siècle av. J.-C. selon la tradition), dut faire
construire une prison (carcer), terrible endroit où
on étranglait ou laissait mourir les ennemis de Rome. Ce qui reste maintenant
du carcer est la partie la plus intérieure et la plus
secrète du cachot. De l'église San Giuseppe dei Falegnami
(Saint Joseph des Charpentiers), un escalier moderne conduit à l'édifice antique
dont la façade en travertin date du début de l'époque impériale. Derrière, on
trouve une façade plus ancienne. [...] D'illustres personnages périrent ici -
une inscription moderne gravée à droite de la porte d'entrée rappelle leur nom
- comme Jugurtha, en 104 av.J.-C., pendant que
défilait au Forum le cortège triomphal de son vainqueur, Marius. Notons l'humour de Jugurtha, qui une fois
précipité par ses bourreaux dans le Tullianum, leur lança : «Comme votre
bain est froid, Romains !» En 63 av.J.-C., les
conjurés, amis de Catilina, y furent étranglés. En 46 av.J.-C., Vercingétorix y fut également
étranglé après le triomphe de César. La prison ne se composait pas seulement
des deux cachots décrits. Au-delà , sur la pente du Capitole, se trouvaient
d'autres pièces, les Lautumiae (Philippe
Fleury, La Rome antique: plan relief et reconstitution virtuelle, 2005 -
books.google.fr). "nécessité" Le lendemain, Vercingetorix dit, dans le conseil, qu'il n'avait point
entrepris cette guerre dans un intérêt privé, mais pour la délivrance de la
patrie; que, la fortune le trahissant, il se remettait entre leurs mains,
soit pour apaiser le proconsul par sa mort, soit pour lui être livré vivant, Ã
leur volonté. On envoya à ce sujet vers César, qui prescrivit de livrer les
armes et d'amener les chefs. Il se plaça sur le rempart devant son camp, et là ,
les chefs furent conduits, Vercingetorix livré, les
armes déposées. Ensuite il donna, à titre de butin, un prisonnier à chaque soldat
de son armée, en réservant les Éduens et les Arvernes dont il voulait se servir
pour regagner leurs cités à son alliance. Cette affaire réglée, César se rendit
chez les Éduens et reçut leur soumission : LXXXIX. Postero die Vercingetorix
consilio convocato id bellum se suscepisse non suarum necessitatum, sed communis libertatis
causa demonstrat, et quoniam
sit fortunæ cedendum, ad utramque rem se illis offerre, seu morte sua Romanis satisfacere,
seu vivum tradere velint (Commentaires
de J. César. Guerre des Gaules, tr. nouv. accompagnée
de notes par A. Bertrand et le général Creuly, 1865 - books.google.fr). Typologie Le report de 2024 sur -52 donne -2128. Jacques Charron (Histoire universelle, 1621), il est vrai
et Juigné-Broissinière (Dictionnaire, 1668) après
lui, attribuent la fondation de Bayeux à Samothès,
roi des Gaules, vers l'an du monde 1802 (2200 avant J.C.) (Mémoires
pour servir à l'état historique et géographique du diocèse de Bayeux, Volume 1,
1896 - books.google.fr). Samothès, treizième roi, surnommé Dis, qui
signifie riche et suffisant en toutes choses, était fils ou frère de Gomer; c'est le premier
roi des Gaulois qui ait résidé sans interruption, et on croit qu'il régna cent quatre-vingts ans (J.
Collin de Plancy, Légendes des origines, 1864 - books.google.fr). L'an 12 de Saturne , fondateur de Babilone
, dit le Bérose d'Annius,
c'est-à -dire, l'an 2194 avant l'ère chrétienne, Jubal
forme la nation des Celtibères ; et peu de tems
après, Samothès, appelé aussi Dis, fonde les colonies
celtes (Agricol
Fortia d'Urban, Tableau historique et géographique du monde, depuis son origine
jusqu'au siècle d'Alexandre, 1810 - books.google.fr). Les Dynasties, ou Traicté des
anciens rois des Gaulois et des François, depuis le déluge jusqu'au roy Mérovée, par Jacq. Cassan.
Paris, Gervais Alliot (1621); in-8, front. gr. vélin.
20 fr. : le
frontispice, gravé sur cuivre, représente, dans la partie supérieure, Louis XIII
assis sur un trône et recevant le sceptre que lui offrent les anciens rois Samothès et Celtès. Au-dessous,
on voit les portraits en médaillons de Brennns, Ambigat, Vercingétorix et Pharamond. Dans le soubassement,
une Gauloise soutient un écu armorié d'un navire, et une dame, en costume du
temps de Louis XIII, soutient un autre écu aux armes de France. Les Dynasties de Jacques Cassan,
juge à la temporalité de la ville et évêché de Béziers, sont dédiées au roi
Louis XIII. Cette Å“uvre hardie, qui fait remonter l'histoire de France jusqu'au
déluge, n‘est que le recueil des fables anciennement débitées sur l‘origine et
les chefs des Gaulois. L’auteur invoque fréquemment les témoignages du faux Bérose et de Manéthon, dont il cherche à prouver
l'authenticité. D‘après Jacques Cassan, Gomer, fils de Japhet, vint s’établir, par mer, dans les
Gaules, et en fut le premier roi : c'est de lui que descendent les Gaulois. Le
mot Gallim, qui signifie une galère, peut avoir donné
son nom à ce peuple; et, pour conserver le souvenir de sa transmigration, il prit
pour armes un navire: ce qui fait croire que les Gaulois adoraient la déesse
Isis. L’auteur développe alors la suite des prétendus rois
issus de Gomer. Il les classe en trois séries: la
première régna depuis Gomer jusqu‘à la fondation de
Rome ; la seconde, jusqu‘à la conquête des Gaules par Jules César; la
troisième, jusqu’à l'époque où le royaume échut en partage aux Francs, comme vrais
et originaires Gaulois. Ces rois sont au nombre de soixante- huit, depuis Gomer jusqu'à Mérovée. On trouve, dans cette liste, des
noms légendaires, tels que ceux de Magna, Belgius,
Paris, Rhemus, Brancus, Celtès, Allobroy, etc. La langue grecque fut, selon Cassan, connue de tous temps dans les Gaules, et les Grecs l’auraient empruntée des Gaulois. L’auteur parle ensuite de leurs costumes et de leur police, qu‘il trouve admirables (Léon Techener, Répertoire universel de bibliographie, Tome 1, 1869 - books.google.fr). Le pays, qu’est devenue la Gaule 2000 ans plus tard, sera-t-il asservi, peut-être pas à une puissance étrangère, ou à l’onion européenne, mais aux marchés financiers, perdant le peu d’indépendance qui lui restait ? |