Avignon

Avignon

 

VII, 21

 

2014-2015

 

Par pestilente inimitié Volsicque,

Dissimulée chassera le tyran :

Au pont de Sorgues se fera la traffique,

De mettre à mort luy & son adherant.

 

"Hérétique"

 

pestem... peste associé à lues, comme en Mort 16, 262 («pestis ista et lues... horribilis et feralis...») ou, avec son dérivé pestilentia et en référence à Lc 21, 11 associé à fames : en Mort, 2, 21 (bella, fames, terrae motus, pestilentiae [cf. supra, 2, 1 : quod lues, quod fames]), et souvent dans les textes (cf. TLL s.v. «lues», col. 1797, 52, et Intr., supra, ibid.) ; pour sa traduction, cf. Intr., supra, p. 12, n. 1. Métaphoriquement: Mort, 15, 241 (la mort [mortalitas] est une «peste» [pestis] pour les Juifs et les païens mais une «sortie salutaire» [salutaris excessus] pour les chrétiens) ; ou, à propos des hérétiques, Epist, 43, 5, 2 ; 73, 4, 2 (haereticorum pestes) ; 74, 2, 4 (haereticae pestes), et, en citation, Vnit, 10, 254 («...quos designat in Psalmis [1, 1] Spiritus sanctus : sedentes in pestilentiae cathedra, pestes et lues fidei, serpentes ore fallent et corrumpendae ueritatis artifices» ; Cypr. recourt donc à pestilentia - qui ne se rencontre pas dans les Lettres - seulement en citation (Jean Claude Fredouille, A Démétrien de saint Cyprien, 2003 - books.google.fr).

 

La pestilence peut être "hérétique" puisqu'il est question des Volsques ("volsicque") ou plutôt Volques qui habitaient la région toulousaine et nîmoise : on se retrouve dans le contexte de la croisade contre les Albigeois.

 

"Dissimulee" : Ironie

 

Cicéron (Academica, 2, 15), que désapprouve Quintilien (De institutione oratoria, 9, 2, 44), utilise "dissimulatio" pour désigner l'ironie socratique ("eirôneia") (Auguste Haury, L'ironie et l'humour chez Cicéron, 1955 - books.google.fr).

 

Pour mener à bien son travail sur l'emploi de l'ironie par les troubadours occitans, Simon Gaunt (Troubadours and Irony, Cambridge, 1989) a été obligé de réduire le corpus de sa recherche à quelques-uns des plus célèbres membres de cette école : en effet, parmi un si grand nombre de troubadours, bien peu avaient écrit des textes dans lesquels l'ironie était assez nettement présente pour effectuer l'étude qu'il se proposait.

 

Avant de commencer une étude sur le traitement de l'ironie dans le corpus poétique de l'école troubadouresque galégo-portugaise, il faudrait se demander si ses membres avaient conscience de mettre en pratique cette figure de rhétorique dans les textes où nous pouvons en détecter l'emploi ou même s'ils en avaient une idée précise ; s'ils étaient capables de la distinguer clairement d'autres procédés ou si c'est le critique littéraire qui, dans son acharnement à disséquer les textes, y découvre les traces de la présence du procédé, alors que le trobador n'avait à l'esprit que la volonté de prouver son habileté dans l'emploi de l'ironie (en termes non stylistiques), pour faire passer un agréable moment à ses compagnons de loisir en proposant une chanson qui donne envie de rire ou de sourire, puisqu'ils participaient tous à un jeu dont les règles leur étaient bien connues. Dans son étude, Simon Gaunt conclut que, même si la définition de l'ironia se trouve dans les pages des traités de rhétorique classique, il est improbable que les troubadours occitans aient étalé leurs connaissances théoriques lorsqu'ils écrivaient des textes ironiques et qu'il faut plutôt croire qu'ils ne visaient qu'à faire rire leur public (Gaunt 1989 : 183-185). […]

 

S'il est difficile d'affirmer que les troubadours occitans aient reçu une formation théorico-littéraire et qu'on trouve le reflet de son apprentissage dans les textes qu'ils ont écrits, la situation se complique quand on tente d'en faire la vérification chez les membres de l'école atlantique. C'est dans ce but que Ch. Faulhaber a examiné les inventaires de manuscrits des bibliothèques des cathédrales, des monastères et des seigneurs qui ont pu conserver la culture livresque de l'Espagne médiévale ;  il en déduit que les livres de rhétorique étaient très rares (au moins avant le XIVe s.) : peut-être quelques copies du De Inventione de Cicéron, encore moins de la Rhétorique à Herennius et bien rares celles de la Rhétorique d'Aristote. Il y aurait encore quelques exemplaires de traités d'artes dictandi et d'artes praedicandi, mais il semble que dans cette zone ne circulaient pas les «modernes» artes poetriae répandues dans les bibliothèques européennes contemporaines (Faulhaber 1969 : 46), pas plus, bien sûr, que les traités occitans de poétique qui s'occupaient des questions de versification. Au demeurant, il ne leur aurait pas servi à grand-chose de les consulter, car même s'ils s'attardent sur l'analyse des problèmes liés à la composition, il n'y a pas la moindre trace de conseils éclairant.

 

En revanche, nous en trouvons dans les chapitres que les rhétoriques classiques consacrent à l'étude des tropes et des figures rhétoriques et point n'est besoin d'insister sur le fait que cela faisait partie des manuels que devaient parcourir les troubadours pendant leur formation9. Comme le reconnaît Murphy, les manuels qui circulaient suivaient les modèles de deux traditions latines, l'Institution Oratoire de Quintilien et la Rhétorique à Herennius (que l'on attribuait encore à Cicéron). Gaunt (1989 : 6) soutient que seuls ceux qui suivaient la première (Donat, Bede, saint Isidore, Jean de Salisbury, Hugues de Saint- Victor) s'attardent à discuter le concept et les emplois de l'ironia. Tous, à la suite de leur maître, s'accordent pour inclure Vironia dans le trope de l'allégorie Donat l'exprime de la façon suivante : «allegoria est tropus quo aliud significatur quam dicitur (...) Huius species multa sunt, ex quibus eminent septum :

ironia, antiphrasis, aenigma, carientismos, paroemia, sarcasmos, astismos» ; il dit aussi que l'ironie «est tropus per contrarium quod conatur ostendens». Ces sobres définitions suffisent à nous faire comprendre que l'ironia fait partie des figures de la pensée, mais sa formulation exige un discours simulateur qui énonce une chose distincte de celle que l'on pense. Si l'on met ce concept en rapport avec la définition de la cantiga d'escarneo précédemment exposée, qui insiste sur le fait que ce type de chanson est construit «per palavras cubertas que aja dous entendymentos pera lhe-lo nô entendere (...) ligeyrament[e]», et souligne ensuite que ce jeu de mots est connu sous le nom d'hequivocatio, on pourrait penser que, pour analyser l'emploi et les résultats du trope dans le domaine de la poésie galégo-portugaise, ils suffirait de se focaliser sur les textes que le copiste qualifie d'escarneo, puisque ce sera là que l'hequivocatio se prêtera à l'ironie (Elvira Fidalgo, Quand la satire n'est pas féroce : l'utilisation de l'ironie dans l'école galégo-portugaise, L'ironie au moyen âge, Revue des langues romanes, Volume 112, 2008 - books.google.fr).

 

C'est ainsi qu'en 1194 un échange poético-politique opposa le roi Richard, qui avait alors retrouvé son pouvoir, à Dalfin d'Alvernhe et que, de la même façon, entre 1216 et 1218, Gui de Cavaillon et Guilhem des Baux échangèrent des sirventés pour exposer leurs raisons de combattre et s'en prendre à leur adversaire (Gérard Gouiran, Un genre à la Jonction de l'histoire et de la littérature : les sirventès, Histoire et littérature au moyen âge, 1991 - books.google.fr).

 

Pour ce qui est des croisés, ils n'eurent que de très pauvres partisans parmi les poètes. Le seul troubadour dont on puisse faire mention est Perdigon (du Gévaudan), hostile au comte de Toulouse et à Pierre II, et client d'un des rares ennemis méridionaux de Raimon VII, Guilhem de Baux, assassiné en de Marseille, c'est de la période antérieure à son entrée en religion (vers 1190) que date son bagage poétique (surtout des chansons) ; il fut, en sa qualité d'évêque de Toulouse, l'instigateur du massacre des Albigeois : il ne trouva pas là un prétexte à chanter (Paul Remy, La littérature provençale au Moyen Âge: synthèse historique et choix de textes, 1944 - books.google.fr).

 

Gui et les autres troubadours de son parti s'en prennent à tous ceux qui collaborent avec l'envahisseur septentrional. La disparition de Guilhem de Baux laisse le champ libre à notre troubadour et aux Avignonais dans le Comtat Venaissin qu'ils maîtrisent pleinement fin 1218. Gui de Cavaillon concentre désormais ses efforts dans la reconquête du Languedoc. En 1220, il défend, aux côtés de Raimond VII, la place forte de Castelnaudary, encerclée par les troupes d'Amaury de Montfort. Il échange, à cette occasion, deux strophes avec Bertran Folco, consul d'Avignon et baile du comte de Toulouse dans cette ville, engagé corps et âme dans l'aventure albigeoise à l'instar de son interlocuteur. Aux termes de ces coblas, Gui se vante des efforts qu'il endure pour tenir le siège sous sa bannière au lion ; il incite son compagnon d'armes à venir à son secours au lieu de se reposer tranquillement. Dans sa réponse, pleine d'ironie, Bertran doute des capacités militaires de son ami ; il le voit mal en train de pousser son lion contre les Français : pour preuve, il lui reproche les défaites qu'il a subies à Usson, au sud-ouest de Courthézon, village dont Guilhem de Baux était le seigneur ; il ajoute que ce n'est pas de son plein gré, mais parce que le comte l'y a placé d'office, qu'il se trouve dans Castelnaudary (Marie-Paule Gimenez, Les voies de l'hérésie: Avant et après la croisade : seigneurs et seigneuries, 2001 - books.google.fr, Martin Aurell, La Vielle et l'épée: troubadours et politique en Provence XIIIe siècle, 1989 - books.google.fr).

 

Revenu à Marseille, Raymond en repartit aussitôt pour Salon, où nombre de ses vassaux du Marquisat s'étaient déjà rassemblés, avec, à leur tête, Guy de Cavaillon. Cet éminent chevalier, troubadour à ses heures, avait été longtemps familier de la cour du comte catalan de Provence, Alphonse, dont il avait, au dire de sa Vida, platoniquement courtisé l'épouse, Garsende de Sabran. Guy avait assisté en 1204 au mariage de Pierre II d'Aragon et de Marie de Montpellier. Puis, à la mort d'Alphonse, en 1209, il avait pris le parti de Raymond VI, et sa poésie a gardé trace de son hostilité aux Croisés : l'un de ses sirventès attaque avec une ironie mordante leur allié Guillaume des Baux, prince d'Orange - qu'il traite de «demi-prince», et moque de s'être fait couronner roi de Vienne. Et il lui fait savoir, «puisqu'il s'est totalement engagé avec les Français, qu'il ne s'imagine pas être quitte envers le consulat d'Avignon». En ce printemps 1216, le seigneur de Cavaillon trouva le temps de composer encore une chanson pour exhorter Raymond VI à reconquérir sa terre : Seigneur comte, je voudrais savoir / Ce que vous préfèreriez : / Que le pape vous rende / Votre terre par affection, / Ou que par chevalerie / Vous la conquériez avec honneur, / Endurant froidure et chaleur (Michel Roquebert, L'épopée cathare, Tome 3, 1970 - books.google.fr).

 

L'attitude de Guillaume des Baux, décrite dans la strophe V d’un sirventès des troubadours Tomier et Palaizi datée d’avant la mort du comte, est bien connue : dès le début de la Croisade, il a été hostile aux comtes de Toulouse. Il est curieux de noter l'argumentation politique de nos troubadours. Ils rappellent au seigneur des Baux ses liens de devoir envers celui qui leur apparaît comme l'ennemi tout indiqué du roi de France : Frédéric II. Par sa sympathie pour les Français, Guillaume s'expose à la même dérision que celle qui suivit, il y a trois ans son titre de «roi d'Arles et de Vienne» que lui avait conféré son suzerain, l'empereur, et qui restait sans aucun effet (Istvan Frank, Tomier et Palaizi, troubadours tarasconnais (1199-1226). In: Romania, tome 78 n°309, 1957 - www.persee.fr).

 

Avignon

 

Les Avignonais ne se contentèrent pas de faire au comte de Toulouse de vaines démonstrations d'amitié; ligués avec les villes municipales de Toulouse, Marseille, Tarascon, Beaucaire, Saint-Gilles, ils lui fournirent de l'argent et des troupes pour faire la guerre aux croisés. Le cardinal-légat, efirayé par cette coalition formidable, qui menaçait sérieusement l'oeuvre de dix années de guerre cruelle et injuste, fulmina contre les villes rebelles une sentence d'interdit et d'excommunication, les livrant au premier occupant. Mais les coalisés, peu inquiétés par les foudres inoffensives de l'Eglise, et blasés, du reste, par l'abus qu'on avait fait, contre eux, de pareils moyens, refusèrent unaninement de se soumettre. Le légat du pape entama cependant de nouveaux pourparlers avec les coalisés et leur promit de lever la sentence d'excommunication et d'interdit qui pesait sur eux, s'ils voulaient trompre la ligue. Cette fois, pour toute réponse, les habitants d'Avignon, Marseille, Beaucaire, Saint-Gilles et Tarascon prirent les armes, bloquèrent le légat dans Orange, le poursuivirent jusqu'au Pont-Saint-Esprit, et tirèrent sur lui de cette ville dont ils étaient les maîtres.

 

Peu de temps après, les Avignonais ayant fait tomber Guillaume des Baux, allié des croisés, dans une embuscade, s'en emparèrent, l'écorchèrent vif et le coupèrent en morceaux, si on en croit les auteurs. Représailles terribles, qui ne sont égalées que par la barbarie des actes qui les avaient provoquées, et qu'on ne peut s'expliquer que par le paroxysme d'une fureur qu'on avait tout fait pour pousser aux excès ! Le pape Honorius, en apprenant la nouvelle de ce meurtre, lança un bref par lequel il ordonnait à tous les fidèles de courir sus aux Toulousains, aux Avignonais, au comte de Toulouse et à son fils, aux comtes de Foix et de Comminges, comme assassins de Guillaume de Baux. Ce bref donna une nouvelle impulsion à la guerre, dont le théâtre fut transporté en Languedoc et en Gascogne. Dès lors, les Avignonais, éloignés du centre des opérations militaires, ne purent plus offrir à Raymond VII, qui venait de succéder à son père, que des services pécuniaires, et ils lui prêtèrent des sommes considérables pour lesquelles le jeune comte engagea une partie de ses États (Félix Achard, La municipalité et la république d'Avignon aux XIIe et XIIIe siècles, 1872 - bibnum.enc.sorbonne.fr).

 

Guilhem des Baux, tyran assassiné

 

Les mentions postérieures aux événements de 1216, à la veille du siège d'Avignon, concernent essentiellement la personnalité de Guillaume des Baux et ne touchent Avignon que par raccroc. Rappelons l'essentiel : Guillaume, hostile dès le début de la Croisade à Toulouse, attaqua cette ville d'accord avec les Français et finit tragiquement pendant ce siège en 1218, capturé, écorché vif et coupé en morceaux par les Avignonnais. Pourquoi une telle haine qui, au reste, leur valut d'être excommuniés ? Le prince d'Orange avait, dès 1214, "mis la main sur le Venaissin, sous le prétexte d'exécuter un ordre du Saint-Siège. Les Avignonnais lui en voulaient d'autant plus qu'ils redoutaient l'établissement à leurs portes d'une principauté trop puissante. [...] Mais, en bons marchands, les Avignonnais surent se faire octroyer des avantages en retour du secours apporté au jeune comte de Toulouse" (L.H. Labande, Avignon au XIIIe siècle, 1908).  Tomier et Palaizi font sans aucun doute allusion à ce personnage tant haï : Qui que fin ni.s recreza, Avignons puei'en proeza (que d'autres se désistent et se retirent, Avignon monte en prouesse) in SI co.l flacs molins torneia, str. 5, v. 29-30. (Hervé Aliquot, Avignon au Moyen âge: textes et documents, 1988 - books.google.fr).

 

Dans la région, et descendant de Guillaume, Raimond de Turenne aussi seigneur des Baux se manifesta par sa cruauté mais ne fut pas assassiné (fr.wikipedia.org - Raimond de Turenne).

 

Pont de Sorgues

 

Un sirventès de Tomier et Palaizi se rapporte aux événement de 1226, cela résulte clairement des allusions à Louis (vers 35) qui ne peut être que Louis VIII à l'armée de la Croisade qui s'approche (vers 17-20) et à la résistance qu'Avignon y oppose (Istvan Frank, Tomier et Palaizi, troubadours tarasconnais (1199-1226). In: Romania, tome 78 n°309, 1957 - www.persee.fr).

 

Des négociations avaient été entamées par plusieurs ambassades avignonnaises, députées au-devant du roi Louis VIII, qui s’en va assiéger Avignon en 1226, à Montélimar, à Orange et au camp de Pont-de-Sorgue. Elles n'ont été interrompues qu'après le 7 ou le 8 juin et c'est uniquement à partir de ce moment que les poètes peuvent parler d'une résistance, puisque auparavant il n'était question que des conditions sous lesquelles Avignon laisserait passer l'armée royale. En proposant donc de considérer la composition du sirventès comme contemporaine avec la rupture des négociations et la fermeture des portes de la ville devant les croisés, la date du 8 juin 1226 ne risque pas d'être loin de la vérité (Istvan Frank, Tomier et Palaizi, troubadours tarasconnais (1199-1226). In: Romania, tome 78 n°309, 1957 - www.persee.fr).

 

Mais ces négociations du Pont de Sorgue concernent l'année 1226 et non 1218, celle de la mort de Guillaume des Baux.

 

Le Pont de Sorgues est le lieu d'une sentence rendue par Guilhem des Baux au sujet d'une transaction.

 

Giraud III-Amic de Sabran, second fils de Giraud II-Amic, Connétable de Toulouse, & d'Alix, Comtesse de Forcalquier, fut Seigneur du Thor & de Châteauneuf, coseigneur de Caumont, puis Seigneur de Robion & de Jonquières. On le voit se porter garant, avec son frère Pierre-Amic, d'une vente faite par Elzéar [de Sabran] du Caylar ou de Castelar, à la Maison de l'Hôpital de Saint-Thomas, de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, le 20 Mai (XIII cal. Junii) 1202. Il figure, sous le nom de Giraudetus Amici, parmi les témoins au contrat de mariage (Juin 1202), de sa cousine Béatrix de Sabran avec André de Bourgogne, Dauphin de Viennois.

En Décembre 1209, il affilia son frère, le Comte de Forcalquier, dans l'acte de son affiliation à l'Ordre des Templiers. Il fut témoin au traité intervenu, à Saint-Gilles, le 14 Juillet 1210, entre Guillaume Ier de Baux, Prince d'Orange, & Raimond VI, Comte de Toulouse. En Mai 1212, il provoqua une sentence arbitrale entre lui & Raimond Renoard, au sujet de la tour de Vedènes (relevant de la ville d'Avignon), qu'il avait achetée à Geffroy, père de Raimond; sentence qui fut rendue par Guillaume de Baux, au Pont-de-Sorgue, en faveur de Giraud-Amic & de son frère Pierre-Amic. Le 26 Septembre (VI cal. Octobris) 1215, il rendit lui-même une sentence arbitrale entre Guillaume de Baux, Prince d'Orange, & les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérufalem, au sujet des biens qu'ils réclamaient dans Orange & son territoire. Il mourut avant le mois d'Août 1220. De son mariage avec Tiburge de Baux, fille de Guillaume Ier de Baux, Prince d'Orange, & d'Ermengarde de Sabran, qu'il avait épousée avant 1208, il eut : Giraud IV-Amic de Sabran ; Guillaume de Sabran, lequel, de même que son frère, prit une part active à la guerre qui s'engagea, en 1232, entre le Comte de Toulouse, celui de Forcalquier, &, contre le Comte de Provence ; Giraudet-Amic de Sabran, Commandeur de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem à Orange ; Tiburge-Amic de Sabran, mariée, vers 1230, à Giraud Adhémar, Seigneur de Rochemaure (Louis Pierre d'Hozier, Antoine Marie d'Hozier de Sérigny, Armorial général, ou Registres de la noblesse de France, 1865 - archive.org).

 

Essayer de définir la place précise du prélat dans le consulat entre 1160 et 1215 renvoie à une notion romaine, difficilement traduisible, et employée déjà par le notaire Estève en 1191, l’auctoritas. En plus de sa position temporelle dans la ville, l'évêque détient ce pouvoir qui permettait, à Rome, d'«augmenter l'efficacité d'un acte juridique ou d'un droit», et dont disposaient aussi bien le Sénat, à l'égard des magistrats républicains, que le vendeur envers l'acheteur et le tuteur à l'égard des actes de son pupille. Plus que de président ou de directeur, il faut, pour qualifier la place du prélat dans le consulat, employer le terme d'auctor, qui s'était déjà imposé à partir de la charte de Jouffré. Auctor du consulat, l'évêque est placé au-dessus des consuls, ce sont eux qui prennent les décisions, mais sa présence mais sa présence à leur côté est nécessaire pour les rendre plus efficaces. Il est donc parfaitement dans le rôle prévu par la charte de 1158. Renforcer un acte signifie en effet l'accepter, donc le contrôler, et par ce biais encadrer le pouvoir et le développement d'un consulat qui ne peut encore se passer de l'autorité et du prestige de son prélat. Il n'est dès lors en aucun cas surprenant que les consuls prêtent à cette époque leur serment, lors de leur entrée en fonction, devant l'évêque. Est également révélateur des relations entre le consulat et l'évêque le fait que ce dernier soit choisi par les magistrats comme arbitre dans un litige qui les oppose à un seigneur voisin au sujet d'une tour située dans le village de Vedène en 1212. [...]

 

Deux arbitres sont nommés pour trancher ce litige qui opposait Géraud Amic au consulat: l'évêque Guilhem et Guilhem des Baux. ll est vraisemblable que, comme cela a lieu souvent à cette époque, ainsi que l'indique Y. Jeanclos, op. cit., p. 97, chaque partie ait nommé un arbitre. Or la personnalité des personnes retenues tend à faire de l'évêque Guilhem celui des consuls. Guilhem des Baux, puissant seigneur provençal, était en effet plus proche de Géraud Amic, lui aussi féodal de premier plan, que d'un consulat avec lequel il n'a aucun rapport et auquel il s'opposa quelques années plus tard avant d'être assassiné par les Avignonnais en 1218 (Nicolas Leroy, Une ville et son droit: Avignon du début du XIIe siécle à 1251, 2008 - books.google.fr).

 

"adherant"

 

adhérent s.m. : Celui qui est attaché à quelque erreur, à quelque parti. Il s'emploie ordinairement au pluriel. Plusieurs écrivent adherant, pour distinguer le subst. de l'adjectif (Claude-Marie Gattel, Dictionnaire universel portatif de la langue française: avec la prononciation figurée, Tome 1, 1813 - books.google.fr).

 

Que faut-il entendre par «hérésie» ? Consultons à ce propos les étymologies proposées par saint Isidore et par quelques autres, et nous verrons que ce terme est doué d'une triple signification. On dit «hérésie» en premier lieu, et conformément à Isidore et Papias, du verbe «élire» (eligo). Et, en ce sens, «hérésie» équivaut à elesis ; «hérésie» émane alors d'«élection», comme «secte» de «section». On dirait dans ce cas «électeur» en disant «hérétique» (electivus, haereticus). Et à juste titre, car l'hérétique, se déterminant entre une doctrine vraie et une fausse, refuse la vraie doctrine et «choisit» comme vraie une doctrine fausse et perverse. Il est donc évident que l'hérétique «élit». Hugues propose un deuxième sens, dérivé du verbe «adhérer». Hérétique signifierait alors «adhérant» (haereticus, adhaesivus). L'hérétique est, effectivement, celui qui adhère avec fermeté et ténacité à une doctrine fausse qu'il tient pour vraie. Il est donc clair que l'hérétique «adhère». Isidore propose encore un autre sens : c'est du verbe erciscor, synonyme de divido, que viendrait le terme d'hérésie. [...]

 

Le domninicain catalan Nicolau Eymerich (Gérone, 1320 - Gérone, 1399) écrit son Directorium inquisitorium ou Manuel des inquisiteurs vers 1376 à Avignon alors qu'il est chapelain du pape Grégoire XI (Louis Sala-Molins, Le Manuel des inquisiteurs de Nicolau Eymerich, 2014 - books.google.fr).

 

Dans ce cadre, la prétention manifeste d'un grand seigneur provençal, Guilhem de Baux (1173-1218), nouveau maître de la seigneurie d'Orange à la fin du XIIe siècle, à revendiquer Guillaume comme ancêtre, ou tout au moins à se placer dans sa succession et sa postérité, viendrait fournir un témoignage de l'adhésion des élites laïques à ce modèle et au discours ecclésiastique. Le fait que Guilhem de Baux soit l'un des rares Méridionaux à rejoindre les légats pontificaux et les croisés français lors de la croisade de 1209 contre le comte de Toulouse, et à s'engager résolument à leurs côtés au point d'y perdre la vie en  1218, pourrait confirmer cette hypothèse : Guilhem de Baux n'est-il pas alors loué par le pape Honorius III lui-même, comme un miles Christi, l'équivalent, dans la basse vallée du Rhône, d'un Simon de Montfort en Toulousain, lui aussi tué en 1218 en luttant contre les «hérétiques» ? Cependant, l'étude précise du contexte dans lequel s'inscrivent la revendication et l'action de Guilhem de Baux devrait nous permettre de nuancer cette hypothèse et d'apporter un élément nouveau à la problématique de la «christianisation» de la chevalerie à l'âge seigneurial (Florian Mazel, Le prine, le saint et le héros : Guilhem des Baux (1173-1218) et Guillaume de Gellone alias Guillaume d'Orange, Guerriers et moines: conversion et sainteté aristocratiques dans l'occident médiéval, IXe-XIIe siècle, 2002 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain V, 76 - Remembrements - 1907-1908.

 

Il n'y a de terres & fiefs sujets à la Coutume de Paris, que dans l'ancienne Sénéchaussée de Carcassonne, dont ci-devant exprimé l'étendue, & non dans celle de Beaucaire & Nismes, dont on avoit chassé les adhérans de Simon de Montfort lors du traité fait en 1224, entre Amauri de Montfort & le jeune Raymond (Benoît-Léon Molières-Fonmaur, Traité du droit de quint, lods et ventes, requint, reventons, mi-lods, Selon le Droit commun du Royaume, 1783 - books.google.fr).

 

On parle plus souvent d'adhérents aux sectes hérétiques (A. Raguenet, Petits édifices historiques: avec notices descriptives facilitant l'étude des styles, Volumes 5 à 8, 1890 - books.google.fr).

 

Il peut s'agir d'un renversement : "c'est celui qui dit qui est".

 

Typologie

 

Si on prend comme date pivot 1218, on obtient une date dans les années 420.

 

C'est l'époque de la grande invasion. Les barbares se ruèrent sur Avignon, et, d'après lui, détruisirent l'église Sainte-Marie. Remarquez que les documents authentiques ne nous disent rien du sort de notre ville à ce moment. Mais Polycarpe est renseigné par ses manuscrits, et, comme après l'invasion de Chrocus, il sait mettre bien en place un deuxième «interpontificium». De 408 à 414, le siège d'Avignon resta vacant. Jean II, évêque en 414, mourut après 14 ans d'épiscopat, d'après le manuscrit de Savaron, et 15 ans, d'après celui de Saint-André. Cette discordance entre les deux manuscrits n'est qu'une mauvaise ruse de Polycarpe pour faire croire à la  valeur des sources qu'il emploie. Debo ou Bebo vint ensuite en 429. Cet évêque, que le Gallia Christiana fait sien, était sénateur à Avignon. Il fut sacré par saint Honorat. Puis il fit rebâtir l'église de Saint-Paul, détruite par les Vandales, et au milieu d'une grande affluence de prélats, de clercs et de peuple, Paul. Le document que produit Polycarpe, extrait du manuscrit de Saint-André, ne peut valoir plus que le manuscrit lui-même, qui est apocryphe (Eugène Duprat, Les origines de l'église d'Avignon (des origines à 879), Mémoires, Académie de Vaucluse, Avignon 1909 - books.google.fr).

 

A l'an 410, Sigebert mentionne la révolte de Stilicon et la dévastation des Gaules par les Vandales Sous l'an 411, il parle de l'invasion de Crocus, qu'il fait roi des Vandales, tandis qu'il était roi des Allemands, selon Grégoire de Tours, que Sigebert a mal copié (A.G.B. Schayes, Mémoire sur les documents du Moyen Âge, Mémoires couronnés et mémoires des savants etrangers, Volume 12, 1837 - books.google.fr).

 

En 407, en effet, Vandales, Alains et Suèves envahirent la Gaule et y commirent maintes destructions, mais le nom de Crocus n'apparaît pas. On le rencontre, au contraire, cent ans plus tôt. Constantin, en effet, a eu à son service, d'abord en Bretagne (306), puis sur le continent (306 à 331) un corps de troupes d'Alamans commandé par Crocus. Ce corps a pu commettre, bien qu'au service de l'empereur, mille désordres et atrocités, comme font les mercenaires en tous temps et en tous pays (Ferdinand Lot, Recherches sur la population et la superficie des cités remontant à la période gallo-romaine, 1950 - books.google.fr).

 

En 472, Avignon est pillée par les Burgondes et ravitaillée par Patiens, le métropolitain de Lyon, qui lui fait parvenir du blé En 536, Avignon suit le sort de la Provence qui est cédé aux Mérovingiens par Vitigès, le nouveau roi des Ostrogoths (fr.wikipedia.org - Histoire d'Avignon).

 

L'image de la croisade qui domine entre 1840 et 1880 est représentée dans la réédition de 1842 de la continuation de la monumentale histoire du Languedoc, où Du Mège déclare dans une note : ...Cette grande expédition fut moins une croisade qu'une nouvelle irruption des Barbares du Nord, se précipitant sur le Midi, comme jadis les Alains, les Hérules, les Suèves, les Vandales, les Normands (Monique Zerner, La Croisade albigeoise, 1979 - books.google.fr).

 

Même l'auteur favorable à la croisade de La chanson de la croisade albigeoise fait mention de l'évêque Exupère protecteur de la ville de Toulouse contre l'invasion barbare :

 

En la sobrana vouta, on es-l gentils cloquers

Mezon sant Exuperi e lums e candelers.

Bisbes fo de Tholoza dignes e santorers

E defen e restaura totz los sieus heretiers.

 

Cinquième évêque de Toulouse, Exupère est connu par une lettre que le pape Innocent Ier lui adressa le 10 février 405 et par des lettres de saint Jérôme, qui lui dédia un de ses ouvrages et qui écrivit de lui que «ses mérites avaient préservé Toulouse de la ruine». Comme le temps où saint Exupère vécut fut celui de grandes invasions barbares, une tradition, fondée sur ce texte, s'est établie anciennement qu'il avait empêché les Vandales de dévaster Toulouse ; mais on ne connaît pas de fait susceptible de corroborer cette tradition et on ignore si les Vandales assiégèrent la ville (E. Griffe, La Gaule chrétienne à l'époque romaine, t. III, p.  7, 141, 214). Ce qui est certain, c'est que saint Exupère, dont le corps était conservé et honoré dévotement dans l'église Saint-Sernin (Louis Halphen, Classiques de l'histoire de France au moyen âge, Volume 25, 1961 - books.google.fr).

 

2014

 

La victoire de Cécile Helle au second tour des municipales 2014 à Avignon, à la faveur d'une alliance difficile avec le Front de gauche et dans un contexte de défaite nationale du Parti socialiste, a rapidement fait disparaître les craintes suscitées par la qualification du candidat Front national au premier tour. Ce sont sans doute ces formes d'amnésie post-électorales que produisent depuis plusieurs décennies les verdicts électoraux (Lehingue, 2005) qui contribuent à installer durablement ce parti dans le paysage politique local. Les responsables politiques semblent découvrir au soir des élections l'ampleur du phénomène Front national et parlent abusivement de progression - qui laisserait supposer qu'ils ont été pris par surprise - alors qu'il s'agit d'un processus d'enracinement que l'analyse des résultats bureau de vote par bureau de vote révèle sans ambiguïté. Les victoires municipales socialistes à Carpentras ou Avignon ont gommé le fait que le Front national progresse dans des triangulaires au détriment de la droite (Le Pontet, Carpentras) ou de la gauche (Cavaillon) quand elles sont divisées ou discréditées. A contrario, les résultats des dernières élections départementales qui n'ont pas permis au Front national de ravir le département du Vaucluse ne doivent pas faire perdre de vue que sur cette élection les forces d'extrême droite rassemblent près de 90000 votants au deuxième tour contre un peu plus de 60000 pour les forces de gauche (grâce à un sursaut républicain dont on sent les signes d'essoufflement) et à peine un peu plus de 45000 pour les forces de droite. Tendance que les élections régionales de la même année n'ont pas démentie : ratant la grande porte du Conseil régional, le FN progresse encore très significativement sur l'ensemble de la région arrivant en tête dans tous les départements au premier tour. La liste conduite par Marion Maréchal Le Pen arrive par ailleurs en tête, en dépassant les 30 %, sur les Hautes-Alpes, et notamment sur les deux circonscriptions de gauche. Il semble que le FN soit perçu là comme une voix d'opposition au au pouvoir en place PS plus que l'UMP incarné par Christian Estrosi. Plus significativement dans le Vaucluse, la tête de liste FN dépasse la barre des 50 % au premier tour dans sa circonscription et les communes qui ont élu des maires FN lors des municipales (Le Pontet) ou des conseillers départementaux FN (Monteux) lors des départementales. Une fois les cameras des chaînes de télévision reparties, les responsables Front national reprennent leur travail de maillage du terrain politique local en s'inscrivant dans la dynamique initiée par Marion Maréchal Le Pen dont le retrait questionne la pérennité. Celui-ci a pourtant commencé à payer en 2015, par exemple dans le canton de Carpentras ravi par Hervé De Lepineau, que le candidat PS Francis Adolphe se réjouissait d'avoir battu au deuxième tour des municipales... Ce sont de plus en en plus les électeurs qui ne se déplacent pas qui font le résultat des élections. La gauche vauclusienne porte une responsabilité dans la désaffection des classes populaires à l'égard de la politique dans un des départements les plus pauvres de France. Les classes populaires abandonnées se sont massivement abstenues et ne sont pas, nous l'avons vu, récupérées par le Front national. C'est bien là que se trouvent les enjeux politiques de demain et sur lesquels les responsables politiques devraient concentrer leurs efforts au lieu d'instrumentaliser à tour de rôle l'épouvantail Front national, jeu dangereux dont ils commencent à sérieusement faire les frais à Avignon et plus largement dans le Vaucluse. C'est donc bien à une sociologie localisée des électorats Front national qu'invite ce chapitre pour déconstruire les raccourcis médiatiques nationaux qui monopolisent les commentaires politiques contemporains. Ces derniers placent artificiellement le Front National au cœur du jeu politique national quand il faudrait le remettre à sa place localement pour travailler les raisons de son implantation (Catherine Achin, À la conquête des villes: Sociologie politique des élections municipales de 2014, 2018 - books.google.fr).

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