Avignon VII, 21 2014-2015 Par pestilente inimitié Volsicque,
Dissimulée chassera le tyran : Au pont de Sorgues se fera la traffique, De mettre à mort luy
& son adherant. "Hérétique" pestem...
peste associé à lues, comme en Mort 16, 262 («pestis ista et lues... horribilis et feralis...») ou, avec son dérivé pestilentia
et en référence à Lc 21, 11 associé à fames : en Mort, 2, 21 (bella, fames, terrae motus, pestilentiae [cf. supra, 2, 1 : quod lues, quod fames]), et souvent dans les textes (cf. TLL s.v. «lues», col. 1797, 52, et Intr.,
supra, ibid.) ; pour sa traduction, cf. Intr., supra,
p. 12, n. 1. Métaphoriquement: Mort, 15, 241 (la mort [mortalitas]
est une «peste» [pestis] pour les Juifs et les païens
mais une «sortie salutaire» [salutaris excessus] pour les chrétiens) ; ou, à propos des
hérétiques, Epist, 43, 5, 2 ; 73, 4, 2 (haereticorum pestes) ; 74, 2, 4 (haereticae pestes), et, en citation, Vnit,
10, 254 («...quos designat
in Psalmis [1, 1] Spiritus
sanctus : sedentes in pestilentiae
cathedra, pestes et lues fidei, serpentes ore fallent et corrumpendae ueritatis artifices» ; Cypr.
recourt donc à pestilentia - qui ne se rencontre pas
dans les Lettres - seulement en citation La pestilence peut être "hérétique" puisqu'il
est question des Volsques ("volsicque") ou
plutôt Volques qui habitaient la région toulousaine et
nîmoise : on se retrouve dans le contexte de la croisade contre les
Albigeois. "Dissimulee" : Ironie Cicéron (Academica, 2, 15), que
désapprouve Quintilien (De institutione oratoria, 9, 2, 44), utilise "dissimulatio"
pour désigner l'ironie socratique ("eirôneia") Pour mener à bien son travail sur l'emploi de l'ironie
par les troubadours occitans, Simon Gaunt
(Troubadours and Irony, Cambridge, 1989) a été obligé
de réduire le corpus de sa recherche à quelques-uns des plus célèbres membres
de cette école : en effet, parmi un si grand nombre de troubadours, bien peu
avaient écrit des textes dans lesquels l'ironie était assez nettement présente
pour effectuer l'étude qu'il se proposait. Avant de commencer une étude sur le traitement de
l'ironie dans le corpus poétique de l'école troubadouresque galégo-portugaise,
il faudrait se demander si ses membres avaient conscience de mettre en pratique
cette figure de rhétorique dans les textes où nous pouvons en détecter l'emploi
ou même s'ils en avaient une idée précise ; s'ils étaient capables de la
distinguer clairement d'autres procédés ou si c'est le critique littéraire qui,
dans son acharnement à disséquer les textes, y découvre les traces de la
présence du procédé, alors que le trobador n'avait Ã
l'esprit que la volonté de prouver son habileté dans l'emploi de l'ironie (en
termes non stylistiques), pour faire passer un agréable moment à ses compagnons
de loisir en proposant une chanson qui donne envie de rire ou de sourire,
puisqu'ils participaient tous à un jeu dont les règles leur étaient bien
connues. Dans son étude, Simon Gaunt conclut que,
même si la définition de l'ironia se trouve dans les
pages des traités de rhétorique classique, il est improbable que les
troubadours occitans aient étalé leurs connaissances théoriques lorsqu'ils
écrivaient des textes ironiques et qu'il faut plutôt croire qu'ils ne visaient
qu'à faire rire leur public (Gaunt 1989 : 183-185). […]
S'il est difficile d'affirmer que les troubadours
occitans aient reçu une formation théorico-littéraire et qu'on trouve le reflet
de son apprentissage dans les textes qu'ils ont écrits, la situation se
complique quand on tente d'en faire la vérification chez les membres de l'école
atlantique. C'est dans ce but que Ch. Faulhaber a
examiné les inventaires de manuscrits des bibliothèques des cathédrales, des
monastères et des seigneurs qui ont pu conserver la culture livresque de
l'Espagne médiévale ; il en déduit que
les livres de rhétorique étaient très rares (au moins avant le XIVe s.) : peut-être
quelques copies du De Inventione de Cicéron, encore
moins de la Rhétorique à Herennius et bien rares
celles de la Rhétorique d'Aristote. Il y aurait encore quelques exemplaires de traités
d'artes dictandi et d'artes praedicandi, mais il semble
que dans cette zone ne circulaient pas les «modernes» artes
poetriae répandues dans les bibliothèques européennes
contemporaines (Faulhaber 1969 : 46), pas plus, bien
sûr, que les traités occitans de poétique qui s'occupaient des questions de
versification. Au demeurant, il ne leur aurait pas servi à grand-chose de les
consulter, car même s'ils s'attardent sur l'analyse des problèmes liés à la
composition, il n'y a pas la moindre trace de conseils éclairant. En revanche, nous en trouvons dans les chapitres que les
rhétoriques classiques consacrent à l'étude des tropes et des figures
rhétoriques et point n'est besoin d'insister sur le fait que cela faisait
partie des manuels que devaient parcourir les troubadours pendant leur
formation9. Comme le reconnaît Murphy, les manuels qui circulaient suivaient
les modèles de deux traditions latines, l'Institution Oratoire de Quintilien et
la Rhétorique à Herennius (que l'on attribuait encore
à Cicéron). Gaunt (1989 : 6) soutient que seuls ceux
qui suivaient la première (Donat, Bede, saint Isidore, Jean de Salisbury,
Hugues de Saint- Victor) s'attardent à discuter le concept et les emplois de l'ironia. Tous, à la suite de leur maître, s'accordent pour
inclure Vironia dans le trope de l'allégorie Donat
l'exprime de la façon suivante : «allegoria est tropus quo aliud significatur quam dicitur (...) Huius species multa sunt,
ex quibus eminent septum : ironia,
antiphrasis, aenigma, carientismos, paroemia, sarcasmos, astismos» ; il dit
aussi que l'ironie «est tropus per contrarium quod conatur ostendens». Ces sobres définitions suffisent à nous faire
comprendre que l'ironia fait partie des figures de la
pensée, mais sa formulation exige un discours simulateur qui énonce une chose
distincte de celle que l'on pense. Si l'on met ce concept en rapport avec la
définition de la cantiga d'escarneo précédemment
exposée, qui insiste sur le fait que ce type de chanson est construit «per palavras cubertas que aja dous entendymentos
pera lhe-lo nô entendere (...) ligeyrament[e]»,
et souligne ensuite que ce jeu de mots est connu sous le nom d'hequivocatio, on pourrait penser que, pour analyser
l'emploi et les résultats du trope dans le domaine de la poésie galégo-portugaise, ils suffirait de se focaliser sur les
textes que le copiste qualifie d'escarneo, puisque ce
sera là que l'hequivocatio se prêtera à l'ironie C'est ainsi qu'en 1194 un échange poético-politique
opposa le roi Richard, qui avait alors retrouvé son pouvoir, à Dalfin d'Alvernhe et que, de la
même façon, entre 1216 et 1218, Gui de Cavaillon et Guilhem des Baux
échangèrent des sirventés pour exposer leurs raisons
de combattre et s'en prendre à leur adversaire Pour ce qui est des croisés, ils n'eurent que de très
pauvres partisans parmi les poètes. Le seul troubadour dont on puisse faire
mention est Perdigon (du Gévaudan), hostile au comte de
Toulouse et à Pierre II, et client d'un des rares ennemis méridionaux de Raimon VII, Guilhem de Baux, assassiné en de Marseille,
c'est de la période antérieure à son entrée en religion (vers 1190) que date
son bagage poétique (surtout des chansons) ; il fut, en sa qualité
d'évêque de Toulouse, l'instigateur du massacre des Albigeois : il ne trouva
pas là un prétexte à chanter Gui et les autres troubadours de son parti s'en prennent
à tous ceux qui collaborent avec l'envahisseur septentrional. La disparition de
Guilhem de Baux laisse le champ libre à notre troubadour et aux Avignonais dans le Comtat Venaissin qu'ils maîtrisent
pleinement fin 1218. Gui de Cavaillon concentre désormais ses efforts dans la
reconquête du Languedoc. En 1220, il défend, aux côtés de Raimond VII, la place
forte de Castelnaudary, encerclée par les troupes d'Amaury de Montfort. Il
échange, à cette occasion, deux strophes avec Bertran
Folco, consul d'Avignon et baile du comte de Toulouse
dans cette ville, engagé corps et âme dans l'aventure albigeoise à l'instar de
son interlocuteur. Aux termes de ces coblas, Gui se vante des efforts qu'il
endure pour tenir le siège sous sa bannière au lion ; il incite son compagnon
d'armes à venir à son secours au lieu de se reposer tranquillement. Dans sa
réponse, pleine d'ironie, Bertran doute des capacités
militaires de son ami ; il le voit mal en train de pousser son lion contre les
Français : pour preuve, il lui reproche les défaites qu'il a subies à Usson, au sud-ouest de Courthézon,
village dont Guilhem de Baux était le seigneur ; il ajoute que ce n'est pas de
son plein gré, mais parce que le comte l'y a placé d'office, qu'il se trouve
dans Castelnaudary Revenu à Marseille, Raymond en repartit aussitôt pour
Salon, où nombre de ses vassaux du Marquisat s'étaient déjà rassemblés, avec, Ã
leur tête, Guy de Cavaillon. Cet éminent chevalier, troubadour à ses heures,
avait été longtemps familier de la cour du comte catalan de Provence, Alphonse,
dont il avait, au dire de sa Vida, platoniquement courtisé l'épouse, Garsende de Sabran. Guy avait
assisté en 1204 au mariage de Pierre II d'Aragon et de Marie de Montpellier. Puis,
à la mort d'Alphonse, en 1209, il avait pris le parti de Raymond VI, et sa
poésie a gardé trace de son hostilité aux Croisés : l'un de ses sirventès attaque
avec une ironie mordante leur allié Guillaume des Baux, prince d'Orange - qu'il
traite de «demi-prince», et moque de s'être fait couronner roi de Vienne. Et il
lui fait savoir, «puisqu'il s'est totalement engagé avec les Français, qu'il ne
s'imagine pas être quitte envers le consulat d'Avignon». En ce printemps 1216,
le seigneur de Cavaillon trouva le temps de composer encore une chanson pour
exhorter Raymond VI à reconquérir sa terre : Seigneur comte, je voudrais savoir
/ Ce que vous préfèreriez : / Que le pape vous rende / Votre terre par affection,
/ Ou que par chevalerie / Vous la conquériez avec honneur, / Endurant froidure et chaleur L'attitude de Guillaume des Baux, décrite dans la strophe
V d’un sirventès des troubadours Tomier et Palaizi datée d’avant la mort du comte, est bien connue :
dès le début de la Croisade, il a été hostile aux comtes de Toulouse. Il est
curieux de noter l'argumentation politique de nos troubadours. Ils rappellent
au seigneur des Baux ses liens de devoir envers celui qui leur apparaît comme
l'ennemi tout indiqué du roi de France : Frédéric II. Par sa sympathie pour les
Français, Guillaume s'expose à la même dérision que celle qui suivit, il y a
trois ans son titre de «roi d'Arles et de Vienne» que lui avait conféré son
suzerain, l'empereur, et qui restait sans aucun effet Avignon Les Avignonais ne se
contentèrent pas de faire au comte de Toulouse de vaines démonstrations
d'amitié; ligués avec les villes municipales de Toulouse, Marseille, Tarascon,
Beaucaire, Saint-Gilles, ils lui fournirent de l'argent et des troupes pour
faire la guerre aux croisés. Le cardinal-légat, efirayé
par cette coalition formidable, qui menaçait sérieusement l'oeuvre
de dix années de guerre cruelle et injuste, fulmina contre les villes rebelles
une sentence d'interdit et d'excommunication, les livrant au premier occupant.
Mais les coalisés, peu inquiétés par les foudres inoffensives de l'Eglise, et
blasés, du reste, par l'abus qu'on avait fait, contre eux, de pareils moyens,
refusèrent unaninement de se soumettre. Le légat du
pape entama cependant de nouveaux pourparlers avec les coalisés et leur promit de
lever la sentence d'excommunication et d'interdit qui pesait sur eux, s'ils
voulaient trompre la ligue. Cette fois, pour toute
réponse, les habitants d'Avignon, Marseille, Beaucaire, Saint-Gilles et
Tarascon prirent les armes, bloquèrent le légat dans Orange, le poursuivirent
jusqu'au Pont-Saint-Esprit, et tirèrent sur lui de cette ville dont ils étaient
les maîtres. Peu de temps après, les Avignonais
ayant fait tomber Guillaume des Baux, allié des croisés, dans une embuscade,
s'en emparèrent, l'écorchèrent vif et le coupèrent en morceaux, si on en croit
les auteurs. Représailles terribles, qui ne sont égalées que par la barbarie
des actes qui les avaient provoquées, et qu'on ne peut s'expliquer que par le
paroxysme d'une fureur qu'on avait tout fait pour pousser aux excès ! Le pape
Honorius, en apprenant la nouvelle de ce meurtre, lança un bref par lequel il
ordonnait à tous les fidèles de courir sus aux Toulousains, aux Avignonais, au comte de Toulouse et à son fils, aux comtes
de Foix et de Comminges, comme assassins de Guillaume de Baux. Ce bref donna
une nouvelle impulsion à la guerre, dont le théâtre fut transporté en Languedoc
et en Gascogne. Dès lors, les Avignonais, éloignés du
centre des opérations militaires, ne purent plus offrir à Raymond VII, qui
venait de succéder à son père, que des services pécuniaires, et ils lui
prêtèrent des sommes considérables pour lesquelles le jeune comte engagea une
partie de ses États Guilhem des Baux,
tyran assassiné Les mentions postérieures aux événements de 1216, à la
veille du siège d'Avignon, concernent essentiellement la personnalité de
Guillaume des Baux et ne touchent Avignon que par raccroc. Rappelons
l'essentiel : Guillaume, hostile dès le début de la Croisade à Toulouse,
attaqua cette ville d'accord avec les Français et finit tragiquement pendant ce
siège en 1218, capturé, écorché vif et coupé en morceaux par les Avignonnais.
Pourquoi une telle haine qui, au reste, leur valut d'être excommuniés ? Le
prince d'Orange avait, dès 1214, "mis la main sur le Venaissin, sous le
prétexte d'exécuter un ordre du Saint-Siège. Les Avignonnais lui en voulaient
d'autant plus qu'ils redoutaient l'établissement à leurs portes d'une
principauté trop puissante. [...] Mais, en bons marchands, les Avignonnais
surent se faire octroyer des avantages en retour du secours apporté au jeune
comte de Toulouse" (L.H. Labande, Avignon au
XIIIe siècle, 1908). Tomier
et Palaizi font sans aucun doute allusion à ce personnage
tant haï : Qui que fin ni.s recreza,
Avignons puei'en proeza (que d'autres se désistent et se retirent, Avignon
monte en prouesse) in SI co.l flacs
molins torneia, str. 5, v. 29-30. Dans la région, et descendant de Guillaume, Raimond de
Turenne aussi seigneur des Baux se manifesta par sa cruauté mais ne fut pas assassiné Pont de Sorgues Un sirventès de Tomier et Palaizi se rapporte aux événement
de 1226, cela résulte clairement des allusions à Louis (vers 35) qui ne peut
être que Louis VIII à l'armée de la Croisade qui s'approche (vers 17-20) et Ã
la résistance qu'Avignon y oppose Des négociations avaient été entamées par plusieurs
ambassades avignonnaises, députées au-devant du roi Louis VIII, qui s’en va
assiéger Avignon en 1226, à Montélimar, à Orange et au camp de Pont-de-Sorgue.
Elles n'ont été interrompues qu'après le 7 ou le 8 juin et c'est uniquement Ã
partir de ce moment que les poètes peuvent parler d'une résistance, puisque
auparavant il n'était question que des conditions sous lesquelles Avignon
laisserait passer l'armée royale. En proposant donc de considérer la
composition du sirventès comme contemporaine avec la rupture des négociations
et la fermeture des portes de la ville devant les croisés, la date du 8 juin
1226 ne risque pas d'être loin de la vérité Mais ces négociations du Pont de Sorgue concernent
l'année 1226 et non 1218, celle de la mort de Guillaume des Baux. Le Pont de Sorgues est le lieu d'une sentence rendue par
Guilhem des Baux au sujet d'une transaction. Giraud III-Amic de Sabran, second fils de Giraud II-Amic,
Connétable de Toulouse, & d'Alix, Comtesse de Forcalquier, fut Seigneur du
Thor & de Châteauneuf, coseigneur de Caumont,
puis Seigneur de Robion & de Jonquières.
On le voit se porter garant, avec son frère Pierre-Amic,
d'une vente faite par Elzéar [de Sabran]
du Caylar ou de Castelar, Ã
la Maison de l'Hôpital de Saint-Thomas, de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem,
le 20 Mai (XIII cal. Junii) 1202. Il figure, sous le
nom de Giraudetus Amici, parmi les témoins au contrat
de mariage (Juin 1202), de sa cousine Béatrix de Sabran
avec André de Bourgogne, Dauphin de Viennois. En Décembre 1209, il affilia son frère, le Comte de
Forcalquier, dans l'acte de son affiliation à l'Ordre des Templiers. Il fut
témoin au traité intervenu, à Saint-Gilles, le 14 Juillet 1210, entre Guillaume
Ier de Baux, Prince d'Orange, & Raimond VI, Comte de Toulouse. En Mai 1212, il provoqua une sentence
arbitrale entre lui & Raimond Renoard, au sujet
de la tour de Vedènes (relevant de la ville
d'Avignon), qu'il avait achetée à Geffroy, père de Raimond; sentence qui fut
rendue par Guillaume de Baux, au Pont-de-Sorgue, en faveur de Giraud-Amic & de son frère Pierre-Amic.
Le 26 Septembre (VI cal. Octobris) 1215, il rendit
lui-même une sentence arbitrale entre Guillaume de Baux, Prince d'Orange, &
les Chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérufalem,
au sujet des biens qu'ils réclamaient dans Orange & son territoire. Il
mourut avant le mois d'Août 1220. De son mariage avec Tiburge
de Baux, fille de Guillaume Ier de Baux, Prince d'Orange, & d'Ermengarde de Sabran, qu'il avait
épousée avant 1208, il eut : Giraud IV-Amic de Sabran ; Guillaume de Sabran,
lequel, de même que son frère, prit une part active à la guerre qui s'engagea,
en 1232, entre le Comte de Toulouse, celui de Forcalquier, &, contre le
Comte de Provence ; Giraudet-Amic de Sabran, Commandeur de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem
à Orange ; Tiburge-Amic de Sabran,
mariée, vers 1230, à Giraud Adhémar, Seigneur de Rochemaure Essayer de définir la place précise du prélat dans le
consulat entre 1160 et 1215 renvoie à une notion romaine, difficilement
traduisible, et employée déjà par le notaire Estève en 1191, l’auctoritas. En plus de sa position temporelle dans la
ville, l'évêque détient ce pouvoir qui permettait, à Rome, d'«augmenter
l'efficacité d'un acte juridique ou d'un droit», et dont disposaient aussi bien
le Sénat, à l'égard des magistrats républicains, que le vendeur envers
l'acheteur et le tuteur à l'égard des actes de son pupille. Plus que de
président ou de directeur, il faut, pour qualifier la place du prélat dans le
consulat, employer le terme d'auctor, qui s'était
déjà imposé à partir de la charte de Jouffré. Auctor du consulat, l'évêque est placé au-dessus des
consuls, ce sont eux qui prennent les décisions, mais sa présence mais sa
présence à leur côté est nécessaire pour les rendre plus efficaces. Il est donc
parfaitement dans le rôle prévu par la charte de 1158. Renforcer un acte
signifie en effet l'accepter, donc le contrôler, et par ce biais encadrer le
pouvoir et le développement d'un consulat qui ne peut encore se passer de
l'autorité et du prestige de son prélat. Il n'est dès lors en aucun cas
surprenant que les consuls prêtent à cette époque leur serment, lors de leur
entrée en fonction, devant l'évêque. Est
également révélateur des relations entre le consulat et l'évêque le fait que ce
dernier soit choisi par les magistrats comme arbitre dans un litige qui les oppose
à un seigneur voisin au sujet d'une tour située dans le village de Vedène en 1212.
[...] Deux arbitres sont
nommés pour trancher ce litige qui opposait Géraud Amic
au consulat: l'évêque Guilhem et Guilhem des Baux. ll est vraisemblable que, comme cela a lieu souvent Ã
cette époque, ainsi que l'indique Y. Jeanclos, op. cit., p.
97, chaque partie ait nommé un arbitre. Or la personnalité des personnes
retenues tend à faire de l'évêque Guilhem celui des consuls. Guilhem des Baux, puissant seigneur
provençal, était en effet plus proche de Géraud Amic,
lui aussi féodal de premier plan, que d'un consulat avec lequel il n'a aucun
rapport et auquel il s'opposa quelques années plus tard avant d'être assassiné
par les Avignonnais en 1218 "adherant" adhérent s.m. : Celui qui est attaché
à quelque erreur, à quelque parti.
Il s'emploie ordinairement au pluriel. Plusieurs écrivent adherant, pour distinguer le subst. de l'adjectif Que faut-il entendre par «hérésie» ? Consultons à ce
propos les étymologies proposées par saint Isidore et par quelques autres, et
nous verrons que ce terme est doué d'une triple signification. On dit «hérésie»
en premier lieu, et conformément à Isidore et Papias,
du verbe «élire» (eligo). Et, en ce sens, «hérésie»
équivaut à elesis ; «hérésie» émane alors
d'«élection», comme «secte» de «section». On dirait dans ce cas «électeur» en
disant «hérétique» (electivus, haereticus).
Et à juste titre, car l'hérétique, se déterminant entre une doctrine vraie et
une fausse, refuse la vraie doctrine et «choisit» comme vraie une doctrine
fausse et perverse. Il est donc évident que l'hérétique «élit». Hugues propose un deuxième sens, dérivé du
verbe «adhérer». Hérétique signifierait alors «adhérant» (haereticus,
adhaesivus). L'hérétique est, effectivement, celui
qui adhère avec fermeté et ténacité à une doctrine fausse qu'il tient pour
vraie. Il est donc clair que l'hérétique «adhère». Isidore propose encore
un autre sens : c'est du verbe erciscor, synonyme
de divido, que viendrait le terme d'hérésie. [...] Le domninicain catalan Nicolau Eymerich (Gérone, 1320 -
Gérone, 1399) écrit son Directorium inquisitorium ou Manuel des inquisiteurs vers 1376 Ã
Avignon alors qu'il est chapelain du pape Grégoire XI Dans ce cadre, la prétention manifeste d'un grand
seigneur provençal, Guilhem de Baux (1173-1218), nouveau maître de la
seigneurie d'Orange à la fin du XIIe siècle, à revendiquer Guillaume comme
ancêtre, ou tout au moins à se placer dans sa succession et sa postérité,
viendrait fournir un témoignage de l'adhésion des élites laïques à ce modèle et
au discours ecclésiastique. Le fait que Guilhem de Baux soit l'un des rares
Méridionaux à rejoindre les légats pontificaux et les croisés français lors de
la croisade de 1209 contre le comte de Toulouse, et à s'engager résolument Ã
leurs côtés au point d'y perdre la vie enÂ
1218, pourrait confirmer cette hypothèse : Guilhem de Baux n'est-il pas alors
loué par le pape Honorius III lui-même, comme un miles Christi, l'équivalent,
dans la basse vallée du Rhône, d'un Simon de Montfort en Toulousain, lui aussi
tué en 1218 en luttant contre les «hérétiques» ? Cependant, l'étude précise du
contexte dans lequel s'inscrivent la revendication et l'action de Guilhem de
Baux devrait nous permettre de nuancer cette hypothèse et d'apporter un élément
nouveau à la problématique de la «christianisation» de la chevalerie à l'âge seigneurial Cf. quatrain V, 76 - Remembrements - 1907-1908. Il n'y a de terres & fiefs sujets à la Coutume de
Paris, que dans l'ancienne Sénéchaussée de Carcassonne, dont ci-devant exprimé
l'étendue, & non dans celle de Beaucaire & Nismes,
dont on avoit chassé les adhérans
de Simon de Montfort lors du traité fait en 1224, entre Amauri de Montfort
& le jeune Raymond On parle plus souvent d'adhérents aux sectes hérétiques Il peut s'agir d'un renversement : "c'est celui
qui dit qui est". Typologie Si on prend comme date pivot 1218, on obtient une date
dans les années 420. C'est l'époque de la grande invasion. Les barbares se
ruèrent sur Avignon, et, d'après lui, détruisirent l'église Sainte-Marie. Remarquez
que les documents authentiques ne nous disent rien du sort de notre ville à ce
moment. Mais Polycarpe est renseigné par ses manuscrits, et, comme après
l'invasion de Chrocus, il sait mettre bien en place
un deuxième «interpontificium». De 408 à 414, le
siège d'Avignon resta vacant. Jean II, évêque en 414, mourut après 14 ans
d'épiscopat, d'après le manuscrit de Savaron, et 15
ans, d'après celui de Saint-André. Cette discordance entre les deux manuscrits
n'est qu'une mauvaise ruse de Polycarpe pour faire croire à la valeur des sources qu'il emploie. Debo ou Bebo vint ensuite en 429.
Cet évêque, que le Gallia Christiana fait sien, était
sénateur à Avignon. Il fut sacré par saint Honorat. Puis il fit rebâtir
l'église de Saint-Paul, détruite par les Vandales, et au milieu d'une grande
affluence de prélats, de clercs et de peuple, Paul. Le document que produit
Polycarpe, extrait du manuscrit de Saint-André, ne peut valoir plus que le
manuscrit lui-même, qui est apocryphe A l'an 410, Sigebert mentionne la révolte de Stilicon et
la dévastation des Gaules par les Vandales Sous l'an 411, il parle de l'invasion
de Crocus, qu'il fait roi des Vandales, tandis qu'il était roi des Allemands,
selon Grégoire de Tours, que Sigebert a mal copié En 407, en effet, Vandales, Alains
et Suèves envahirent la Gaule et y commirent maintes destructions, mais le nom
de Crocus n'apparaît pas. On le rencontre, au contraire, cent ans plus tôt.
Constantin, en effet, a eu à son service, d'abord en Bretagne (306), puis sur
le continent (306 à 331) un corps de troupes d'Alamans commandé par Crocus. Ce
corps a pu commettre, bien qu'au service de l'empereur, mille désordres et
atrocités, comme font les mercenaires en tous temps et en tous pays En 472, Avignon est pillée par les Burgondes et
ravitaillée par Patiens, le métropolitain de Lyon,
qui lui fait parvenir du blé En 536, Avignon suit le sort de la Provence qui
est cédé aux Mérovingiens par Vitigès, le nouveau roi des Ostrogoths L'image de la croisade qui domine entre 1840 et 1880 est
représentée dans la réédition de 1842 de la continuation de la monumentale
histoire du Languedoc, où Du Mège déclare dans une
note : ...Cette grande expédition fut moins une croisade qu'une nouvelle
irruption des Barbares du Nord, se précipitant sur le Midi, comme jadis les Alains, les Hérules, les Suèves, les Vandales, les Normands Même l'auteur favorable à la croisade de La chanson de la
croisade albigeoise fait mention de l'évêque Exupère protecteur de la ville de
Toulouse contre l'invasion barbare : En la sobrana vouta, on es-l gentils cloquers Mezon sant Exuperi e lums e candelers. Bisbes fo de Tholoza dignes e santorers E defen e restaura totz los sieus heretiers. Cinquième évêque de Toulouse, Exupère est connu par une
lettre que le pape Innocent Ier lui adressa le 10 février 405 et par des
lettres de saint Jérôme, qui lui dédia un de ses ouvrages et qui écrivit de lui
que «ses mérites avaient préservé Toulouse de la ruine». Comme le temps où
saint Exupère vécut fut celui de grandes invasions barbares, une tradition,
fondée sur ce texte, s'est établie anciennement qu'il avait empêché les
Vandales de dévaster Toulouse ; mais on ne connaît pas de fait susceptible de
corroborer cette tradition et on ignore si les Vandales assiégèrent la ville (E.
Griffe, La Gaule chrétienne à l'époque romaine, t. III, p. 7, 141, 214). Ce qui est certain, c'est que
saint Exupère, dont le corps était conservé et honoré dévotement dans l'église Saint-Sernin 2014 La victoire de Cécile Helle au
second tour des municipales 2014 Ã Avignon, Ã la faveur d'une alliance
difficile avec le Front de gauche et dans un contexte de défaite nationale du
Parti socialiste, a rapidement fait disparaître les craintes suscitées par la
qualification du candidat Front national au premier tour. Ce sont sans doute
ces formes d'amnésie post-électorales que produisent depuis plusieurs décennies
les verdicts électoraux (Lehingue, 2005) qui
contribuent à installer durablement ce parti dans le paysage politique local.
Les responsables politiques semblent découvrir au soir des élections l'ampleur
du phénomène Front national et parlent abusivement de progression - qui
laisserait supposer qu'ils ont été pris par surprise - alors qu'il s'agit d'un
processus d'enracinement que l'analyse des résultats bureau de vote par bureau
de vote révèle sans ambiguïté. Les victoires municipales socialistes Ã
Carpentras ou Avignon ont gommé le fait que le Front national progresse dans
des triangulaires au détriment de la droite (Le Pontet, Carpentras) ou de la
gauche (Cavaillon) quand elles sont divisées ou discréditées. A contrario, les
résultats des dernières élections départementales qui n'ont pas permis au Front
national de ravir le département du Vaucluse ne doivent pas faire perdre de vue
que sur cette élection les forces d'extrême droite rassemblent près de 90000
votants au deuxième tour contre un peu plus de 60000 pour les forces de gauche
(grâce à un sursaut républicain dont on sent les signes d'essoufflement) et Ã
peine un peu plus de 45000 pour les forces de droite. Tendance que les
élections régionales de la même année n'ont pas démentie : ratant la grande
porte du Conseil régional, le FN progresse encore très significativement sur l'ensemble
de la région arrivant en tête dans tous les départements au premier tour. La
liste conduite par Marion Maréchal Le Pen arrive par ailleurs en tête, en
dépassant les 30 %, sur les Hautes-Alpes, et notamment sur les deux
circonscriptions de gauche. Il semble que le FN soit perçu là comme une voix
d'opposition au au pouvoir en place PS plus que l'UMP
incarné par Christian Estrosi. Plus significativement dans le Vaucluse, la tête
de liste FN dépasse la barre des 50 % au premier tour dans sa circonscription
et les communes qui ont élu des maires FN lors des municipales (Le Pontet) ou
des conseillers départementaux FN (Monteux) lors des départementales. Une fois
les cameras des chaînes de télévision reparties, les responsables Front
national reprennent leur travail de maillage du terrain politique local en s'inscrivant
dans la dynamique initiée par Marion Maréchal Le Pen dont le retrait questionne
la pérennité. Celui-ci a pourtant commencé à payer en 2015, par exemple dans le
canton de Carpentras ravi par Hervé De Lepineau, que
le candidat PS Francis Adolphe se réjouissait d'avoir battu au deuxième tour
des municipales... Ce sont de plus en en plus les électeurs qui ne se déplacent
pas qui font le résultat des élections. La gauche vauclusienne porte une
responsabilité dans la désaffection des classes populaires à l'égard de la
politique dans un des départements les plus pauvres de France. Les classes
populaires abandonnées se sont massivement abstenues et ne sont pas, nous
l'avons vu, récupérées par le Front national. C'est bien là que se trouvent les
enjeux politiques de demain et sur lesquels les responsables politiques
devraient concentrer leurs efforts au lieu d'instrumentaliser à tour de rôle
l'épouvantail Front national, jeu dangereux dont ils commencent à sérieusement
faire les frais à Avignon et plus largement dans le Vaucluse. C'est donc bien Ã
une sociologie localisée des électorats Front national qu'invite ce chapitre
pour déconstruire les raccourcis médiatiques nationaux qui monopolisent les
commentaires politiques contemporains. Ces derniers placent artificiellement le
Front National au cœur du jeu politique national quand il faudrait le remettre
à sa place localement pour travailler les raisons de son implantation |