En Italie VII, 27 2019 Au cainct de Vast la grande cavalerie Proche Ă Ferrage empeschee
au bagage Prompt à Turin feront tel volerie Que dans le fort raviront leur hostage. Le quatrain entreprend une remontée dans le temps dans l’année
1536, année de guerre en Italie. Cainct cainct
de ceindre, encercler : par exemple voir le Psaume 18 (17) Quelle célèbre bataille gagna Clovis, en 507 ? R. Ce fut
celle de Vouillé, près de Poitiers. Clovis ambitionnait la conquête du royaume
des Visigoths. Les Français, en partant pour cette guerre, jurèrent de ne se
point faire la barbe, qu'ils n'eussent vaincu leurs ennemis. Ces sortes de vœux
étaient fort usités chez les anciens Francs. Tout est
plein de merveilles dans cette entreprise du monarque français. L'usage de ces
temps Ă©tait de tirer augure du verset qu'on chantait Ă l'office au moment qu'on
arrivait à l'église. Les envoyés de Clovis, à leur entrée dans Saint-Martin,
entendirent ces paroles du pseaume 17e : « Vous
m'avez revêtu de force pour la guerre; vous avez supplanté ceux qui s'étaient
élevés contre moi; vous avez mis mes ennemis en fuite, et vous avez exterminé
ceux « qui me haïssaient. » Ce qui arriva sur les bords de la Vienne fut une
confirmation de cet heureux présage ou Maurice Scève : cainct
: O quand ie voy, que ce ceinct t'enuironne (DĂ©lie CLXXII)
Ceinct de Citez (DĂ©lie CCVIII) Les MĂ©moires de Guillaume du Bellay mentionnent Alphonse
d'Avalos marquis de Vasto ("Vast"),
appelé du Guast en français, faisant une
reconnaissance près des remparts (ceinture, courtine) de la ville d'Arles, le
17 août 1536 : Le seigneur marquis du Guast et
le capitaine Paule Saxe avoient, durant ce temps, continué le chemin qui leur avoit esté ordonné, avoient
traversé tout le plain de Crau ,
dict autrement les Champs-Pierreux , sans y avoir
trouvé rencontre: et à costé dudict
plain, vers les maraiz. assez
près du pont de Crau, s'arrestèrent et prindrent advis de ce qu'ils auroient à faire. Le capitaine Paule Saxe demoura audit lieu avecques la trouppe; le marquis, avecques
seulement trente chevaulx , vint jusquesau
pont, et y en laissa vingt Ă la garde; luy, avecques le surplus, passa le pont, et vint jusques en un
tertre regardant sur la ville, lequel on luy avoitditestre moult propice (ainsi qu'estoit
la vérité) pour la tenir en extrême subjection : car , y asséant
quelques pièces d'artillerie, et faisant batterie par le costé
dont la ceinture, ou courtine, se venoit encoigner avecques celle qui est au-dessous d'icelle montaigne,elles eussent battu par-dedans la ville, au long
d'icelle courtine, oĂą seroit faicte
la batterie, en sorte que ceux de dedans ne se feussent
osez présenter à soustenir l'assaut. En ceste sorte
s'arresta le marquis, et, se tenant derrière deux
moulins à vent qui le couvraient, apperceut clérement qu'il avoit esté pourveu a
l'encontre de lacommodité qu'il y espéroit
trouver ; et luy, en cas pareil, fut descouvert et apperceu des nostres. [...] Toutes ces fortifications veoit le seigneur marquis du Guast,
dudict hault lieu où il s'estoit embusché, derrière les
moulins Ă vent, ainsi que j'ay dict cy-dessus, et bien jugeoit Ă
l'œil qu'il avoit esté
suffisamment remédié contre toutes les commoditez
qu'il avoit espéré trouver au siége
et batterie de la ville; mais tost après il eust moyen (et non sans danger de sa vie) d'en juger par
expérience, non que de l'œil; car il fut descouvert
des nostres, et fut incontinant
par ledict séneschal
d'Agenois, lequel se pourmenoit avecques
ledit seigneur de Bonneval, monstré au seigneur de
Villiers, commissaire très-diligent et très-expérimenté au faict
de l'artillerie, lequel promptement addressasi Ă
propos devers le lieu oĂą estoit ledict
marquis, les deux pièces estans sur le théâtre des Arennes, que si le marquis, voyant mettre le feu, ne se fust tiré à costé, il n'eust failly d'arriver la fin de
sa vie. Les boullets qui tombèrent près de luy et firent jaillir la terre à l'entour, effrayèrent
tellement le cheval sur lequel il estoit monté, qui
de fortune en avoit esté attaint, qu'il retourna la teste vers le chemin dont il estoit venu, et n'en sceust le
marquis estre maistre,
qu'il n'arrivast au pont oĂą il avoit
laissé les vingt chevaulx de garde L'infanterie impériale avait une légère supériorité
numérique sur l'infanterie française : 12.500 à 13.000 hommes, contre 11.000.
Par contre la cavalerie était le point faible de l'armée du marquis Del Vasto. la cavalerie était le point
faible de l'armée du marquis Del Vasto. Elle ne
comprenait que de la cavalerie légère au plus 800 chevaux, dont 250 fournis par
Florence. Peu d'artillerie de part et d'autre. Légère supériorité du côté
français (19 à 20 pièces, contre 16 à 17 du côté impérial 11) Empeschee Le 10 août 1536 mourrait le dauphin, fils aîné de François
Ier. Scève impute cette mort à celui qu'il désigne sous le
pseudonyme de Crocodile : il s'agit de SĂ©bastien, comte de Montecucculi, un
noble italien de Ferrare qui Ă©tait venu en France dans la suite de Catherine de
MĂ©dicis, l'Ă©chanson du Dauphin. Montecucculi fut un bienfaiteur des lettres
françaises et le protecteur, à Lyon, de François Rabelais qui, grâce à lui, put
s'y établir comme médecin en 1531-1532. [...] Accusé de l'avoir empoisonné
après avoir été circonvenu par des agents de Charles Quint, Montecucculi fut
emprisonné. Sous la torture, il avoua tout ce qu'on voulait. Il fut écartelé
ensuite, en présence du roi. Maurice Scève revient sur cet empoisonnement
présumé – la France tout entière en était persuadée et s'en indigna – dans au
moins deux des dizains de la Délie. Le numéro 116 compare le Dauphin à Abel et
incrimine la corruption de l'échanson (« Insatiable est l'appétit de l'homme /
Trop effréné en sa cupidité »). Le dizain précédent (115) condamne Charles
Quint pour cet assassinat politique Après le jugement et l'écartèlement de Sébastien
Montecucculi – échanson du dauphin qui avait eu le malheur de posséder dans ses
bagages un traité des poisons copié de sa main et un sauf-conduit impérial – et
faute de preuves tangibles ou plus probablement faute de crédibilité de ce qui
aurait été un geste politique désespéré, la rumeur d'un empoisonnement fomenté
par l'Empereur disparut de l'argumentaire diplomatique sauf Ă demeurer
mythifiée dans la production littéraire que suscita ce décès mystérieux. Il ne faut pas oublier que, plus que tout autre,
<b>François de Valois</b> était probablement l'héritier au trône dont
les contemporains avaient le plus conscience : il <b>avait été tout à la
fois l'otage de Charles Quint à la place de son père</b>, le motif de la
rançon à laquelle contribuèrent tous les sujets du royaume pour le faire
libérer mais aussi le jeune dauphin qui avait fait son tour de France et
multiplié les entrées urbaines de 1532 à 1534 Il est vrai on ne trouve pas le terme de
"bagages" dans l'affaire de Montecucculi dans les textes de l'époque. "empeschée"
de empêcher : entraver, embarraser du bas latin impedicare : prendre dans un piège. "empeschée" est au féminin
d'où en rapport avec la mort du Dauphin : Poison. L'Auteur des Remarques a décidé en deux endroits,
que ce mot estent toujours masculin. Il est vray que présentement on s'en sert plus ordinairement en ce
genre. Mais da temps de Malherbe, & au dessus de
son temps, il estoit aucontraire
presque toujours féminin. Crétin dans son Chant Royal : « Pour l'empescher mist au verger terrestre / Une poison. » Ronsard dans une de ses Elégies, imprimée parmi les
Sonnets pour Héléne : "Mon ame
en vos yeux but la poison amoureuse." Et dans son Epitre au Lecteur, pour
réponse à ses Calomniateurs examinant ces vers d'un de ses adversaires : "Ie n ay suivi la Pleïade enyvrée / Du doux poison de ton brave cerveau / Tu
trouveras ce mot de poison plus usité au genre féminin. Mats tu ressembles aux
Athéniens." Belleau dans la première Journée de sa Bergerie:
"Puis si-tost qu'ay versé la poison
altérée." Desportes dans sa seconde Elégie : "Je semois la poison dans mes os écoulée." Et dans ses
Stances du Mariage : "Du repos des Humains l'inhumaine poison". Malherbe dans une de ses Chansons : "D'oĂą s'est
coulée en moi cette lâche poison ?" Et c'est de ce genre en effet qu'il devroit estre selon l'etymologie, aiant esté fait de potio, comme je l'ay
remarqué dans mes Origines de la Langue Françoise. Mais nonobstant l'etymologie & l'autorité des Anciens, il est
présentement masculin. Et il y a mesme déja allez long-temps que les
bons Auteurs l'ont employé ence genre. Bertaud dans ses Stances : "Et pour me convier
d'avaler le poison / La déloiale a feint d'en goûter
la premiere." Comme la Poésie aime les mots extraordinaires, je croi qu'on pourroit encore l'emploier en vers en ce genre. Mais en prose il faut
toujours le faire masculin La citation majeure dans ce quatrain est celle de Crétin
: Guillaume Dubois, dit Crétin, né vers 1460 et mort le 30
novembre 1525, est un poète français.Il fut trésorier
de la Sainte-Chapelle de Vincennes, puis chantre de la Sainte-Chapelle de Paris
et aumônier ordinaire du roi François Ier.On a de lui
des chants royaux (1527), loués par ses contemporains. Reconnu comme un maître,
notamment par Jean Lemaire de Belges et Clément Marot, toutes ses œuvres
poĂ©tiques sont de circonstance En 1536, Calvin et Marot trouvèrent bon accueil Ă
Ferrare, par Renée de France, épouse d'Hercule d'Este beaucoup moins
enthousiaste. Pillage de Turin François Ier désire toujours posséder le Milanais et, pour faciliter cette tâche, il envahit la Savoie le 1er février 1536. Charles III perd Bourg-en-Bresse le 24 février 1536 et Chambéry le 1er mars de la même année. La conquête de la Savoie s'achève en mars 1536 avec la prise de Turin, mais le roi de France n'empiète pas sur le Milanais afin de ne pas être l'instigateur de la guerre avec Charles Quint. Celui-ci lui propose alors à nouveau la Bourgogne contre le Milanais, mais voyant que leurs positions respectives demeurent inchangées depuis plusieurs années, Charles Quint décide d'envahir la Provence le 13 juillet 1536 en traversant Nice. Antibes tombe le 17 juillet 1536. Pour contrecarrer l'offensive, François Ier se poste en Avignon le 25 juillet 1536. Charles Quint, en réalité, reprend le plan du duc de Bourbon de 1524 qui ne se contentait pas d'envahir la Provence, mais lançait aussi une offensive dans le Nord afin que les armées du roi de France soient divisées. De Provence, Charles Quint laisse Henri de Nassau maître des opérations dans le Nord (Jean-Paul Duviols, Annie Molinié-Bertrand, Charles Quint et la monarchie universelle, 2001 - books.google.fr). Le 25 juillet, les syndics et bourgeois de Turin s'adressaient encore au roi : leur ville, lui écrivaient-ils, "pensoit havoyr mis fin a ses malheurs , estant par vostre benigne graice reduyte, et unye a vostre couronne" ; les habitants espéraient que "dicte vostre cité seroyt soulaigee et tenue soubs vostre protection comme se feust Lyon ou Paris" ; or la ville est pillée par les "souldars" (Ordonnances des rois de France ...: pt. 1. Janvier-Juillet 1536, Volume 8, Parties 1 à 3 de Ordonnances des rois de France, Académie des sciences morales et politiques (France), 1963 - books.google.fr, Documenti di storia italiana copiati su gli originali autentici e per lo piu' autografi esistenti in Parigi Giuseppe Molini: 2, 1837 - books.google.fr). |