Annibal

Annibal

 

VII, 31

 

2021-2022

 

De Languedoc et Guyenne plus de dix

Mille voudront les Alpes repasser :

Grands Allobroges marcher contre Brundis,

Aquin et Bresse les viendront recasser.

 

"dix mille"

 

Scaliger et Ménage regardent la dénomination de Guienne comme une transformation du mot Aquitaine, qui auroit fait, dans le langage habituel, la Quitaine, la Quiaine, puis enfin la Guienne. Le plus ancien souvenir pour l'histoire de cette province est le passage d'Annibal, qui, allant porter la guerre en Italie, à travers l'Espagne et les Gaules, passa par l'Aquitaine, et y laissa une garnison sous le commandement d'Hannon (La Guyenne, Bulletin des bibliothèques et des archives, 1861 - books.google.fr).

 

Il longea les cĂ´tes de l'Aquitaine, les Auscitains se joignirent Ă  Annibal, ils franchirent avec lui les Alpes, et Silius Italicus dit que l'Aquitain combattait en dĂ©daignant de se couvrir du casque. « Cantaber et galeo contempto tegmine Vasco Â», Ă  la bataille de Trasimène et de Cannes (LĂ©on Sorbets, Origine des Aquitains, Bulletin trimestriel de la SociĂ©tĂ© de Borda, 1895 - books.google.fr).

 

Comme il s'agit de "repasser", le quatrain pourrait faire référence aux 10000 Gaulois Gésates, selon Plutarque - Orose parle de 30000 -, battus en 222, lors de la bataille de Clastidium, par Claudius Marcellus qui tua leur roi Viridomaros. Il prit Milan, capitale des Insubres. À l'issue de son triomphe, il déposa les dépouilles opimes du roi gésate dans le temple de Jupiter Férétrien. Claudius Marcellus combattit dans la seconde guerre punique

 

Strabon, dans sa GĂ©ographie, IV, 1, 11 : « les Allobroges entreprirent naguère de nombreuses expĂ©ditions avec des armĂ©es de plusieurs dizaines de milliers d'hommes Â». Cet auteur implique lĂ  probablement des dĂ©parts de mercenaires allobroges, ainsi que des « peuples du bord du RhĂ´ne » (les Segovellaunes ?). Le dĂ©part Ă  la guerre semble ĂŞtre devenu une tradition chez certains peuples et reprĂ©sentait dans l'AntiquitĂ© un moyen personnel d'enrichissement. Ainsi, la pratique du mercenariat est très rĂ©pandue chez les Celtes et notamment dans le Midi de la Gaule (fr.wikipedia.org - GĂ©sates, fr.wikipedia.org - Marcus Claudius Marcellus (consul en -222), Scipion Du-Pleix, Memoires Des Gaules Depuis Le Deluge Jusques A L'Establissement De La Monarchie Francoise. Avec L'Estat De L'Eglise Et De L'Empire depuis la naissance de Jesus-Christ, 1650 - books.google.fr).

 

D'autres Gaulois passeront alors les Alpes avec Annibal et on en compterait près de 40000 ("plus de dix mille")  (fr.wikipedia.org - Hannibal Barca).

 

Mais, au cours du XIXe siècle, les auteurs n'avaient pas encore découvert le col du Clapier, le seul col des Alpes du Nord ayant une vue sur la plaine du Pô. Alors, les auteurs du XIXe siècle ont estimé que le geste d'Hannibal, montrant la plaine du Pô à ses soldats, était simplement un geste oratoire et qu'il fallait interpréter sagement les textes antiques. Pourtant, le découragement des soldats d'Hannibal était tout à fait naturel et leur regain de confiance en voyant la plaine du Pô était aussi tout à fait naturel. Il peut être comparé « aux dix mille soldats de Xénophon en voyant la mer, aux compagnons d'Enée en apercevant la terre d'Italie et aux soldats de l 'Empire en découvrant Moscou » (Paul Azan) (Geoffroy de Galbert, Hannibal et César dans les Alpes: Le site de l'embuscade des Gaulois sur leurs convois en Maurienne, 2008 - books.google.fr).

 

"Grands Allobroges"

 

Annibal, tout en traversant le territoire des Tricastini des Vocontii et des Tricoriï, n'aura cessé de traverser le territoire des Allobroges, et cette supposition, qui concilie d'une manière si naturelle l'apparente contradiction des historiens Tite-Live et Polybe, se trouvera encore confirmée par le langage même de Polybe au sujet de ce peuple. Il le représente non point comme formant un corps de nation, soumis à un seul chef, mais comme subdivisé en plusieurs petits peuples ayant chacun leurs chefs particuliers, et ne se réunissant que pour l'attaque d'un ennemi commun.

 

Polybe, III, 50 est traduit par M. Schweighaeuser avec Casaubon, minores omnes Allobrogum duces, et M. Deluc avec dom Thuillier, les chefs inférieurs des Allobroges ; de-là on a cru pouvoir induire l'existence de petits Allobroges, distincts des grands Allobroges, habitant l'île (voy. Abauzit, OEuv. div., tom. II, pag. 151), et cela pour se tirer des difficultés qui résultent de la fausse supposition que les Allobroges occupaient l'Ile à cette époque. Mais le grec ne parle ni de grands ni de petits Allobroges, mais seulement de chefs divers, commandant chacun de leur côté leur tribu particulière, omnes pro virili parte Allobrogum duces  (Jean-Louis Larauza, Histoire critique du passage des Alpes par Annibal, 1826 - books.google.fr).

 

Firmin Abauzit, né à Uzès en 1679 et mort à Genève en 1767, est un écrivain français. Son père meurt lorsqu'il a deux ans. En 1685, après la révocation de l'Édit de Nantes, lorsque les autorités veulent imposer une éducation dans la foi catholique, sa mère organise sa fuite. Pendant deux ans, son frère et lui vivent en fugitifs dans les montagnes des Cévennes. Ils arrivent à Genève en 1689, où leur mère les rejoint, après avoir quitté la prison où on l'a enfermée au moment de leur fuite. Après avoir fait de brillantes études à Genève en linguistique, physique et théologie, Firmin Abauzit visite l'Allemagne, la Hollande et l'Angleterre. Il fait connaissance avec les savants les plus distingués, tels que Bayle et Newton, et gagne leur estime et amitié. On a publié à Genève, en 1770, 1 vol. in-8, et à Londres, en 1773; 2 vol. in-8, ses œuvres diverses, qui se composent de morceaux d'histoire, de critique et de théologie (fr.wikipedia.org - Firmin Abauzit).

 

Isaac Casaubon, né à Genève le 18 février 1559 et mort à Londres le 1er juillet 1614, est un humaniste et érudit protestant. Casaubon resta à Paris de 1600 jusqu’en 1610. Ces dix années furent les plus brillantes de sa vie. Il avait acquis la réputation d’être, après Scaliger, l’homme le plus savant de son époque. Casaubon avait à souffrir des attaques ouvertes des pamphlets jésuites, qui, après son émigration en Angleterre, en avaient fait leur cible. Il fut enterré dans l’abbaye de Westminster (fr.wikipedia.org - Isaac Casaubon).

 

On peut inférer des minores... Allobroges de Casaubon les grands.

 

L’édition de Polybe, sur laquelle il avait beaucoup travaillé, est restée inachevée. Elle parue en 1609 (Isaac Casaubon, Polybii Lycortae F. Megalopolitani Historiarum libri qui supersunt, 1609 - books.google.fr).

 

Les "Allobroges" marquent une situation par laquelle Annibal est passée (Alpes).

 

"Brundis"

 

Brindisi (autrefois en français, Brindes) est une ville de la province de Brindisi dans les Pouilles en Italie, située sur la côte adriatique au sud de la péninsule, sur le saillant externe du talon de la « botte ». Son port naturel, un des mieux protégés de la côte adriatique, et sa situation au plus près de la Grèce en ont fait une porte vers l'Orient, dès l'époque romaine. Cité grecque à l'origine et capitale des Salentins, Brundisium est conquise par le consul Marcus Atilius Regulus en 267 av. J.-C., achevant la conquête romaine du sud de l'Italie. La cité fut rapidement reliée à Rome par la via Appia, puis par la Via Traiana (fr.wikipedia.org - Brindisi).

 

Après ses victores de La Trébie, Trasimène et Cannes, Hannibal temporise à Capoue, car il espère une désagrégation totale de la confédération italienne ainsi que de nouvelles alliances qui lui permettraient enfin d'obtenir la domination sur mer. De fait, les peuples et les cités d'Italie centrale et méridionale sont nombreux à s'allier au Carthaginois. En 216 av. J.-C., le Bruttium (actuelle Calabre) bascule tout comme Locri Epizefiri (actuelle Locres) et Crotone en 215 av. J.-C. En 212 av. J.-C., c'est aussi le cas de Métaponte dans le golfe de Tarente, Thourioi, près de Sybaris, et Tarente, dans les Pouilles. Ces cités s'ajoutent aux Gaulois de Cisalpine et à Capoue. Pourtant, Rome tient bon et Latins, Étrusques et Ombriens lui demeurent fidèles.

 

À partir de 212 av. J.-C., Hannibal connaît des difficultés de plus en plus grandes. En effet, depuis 215 av. J.-C., les Romains reprennent la stratégie de Fabius Cunctator et évitent d'affronter Hannibal en bataille rangée. Ils augmentent également leurs effectifs par une politique d'enrôlement d'esclaves et de jeunes hommes de moins de 17 ans. Mais surtout, ils comprennent à quel point il est nécessaire de reprendre l'offensive sur le terrain politique et idéologique (fr.wikipedia.org - Hannibal Barca).

 

Durant la deuxième guerre punique, c'est «Brundisium», érigée en colonie en -244, qui sert de point d'appui oriental à la marine romaine. La capitale messapienne reste tenue par sa garnison romaine après que la catastrophique défaite de Cannes du 2 août -216, a commencé à faire basculer progressivement l'Italie dans l'alliance carthaginoise. Avec Rhégion et Neapolis, elle contribue à l'asphyxie des troupes d'Hannibal et abrite les vingt-cinq vaisseaux de l'amiral Flaccus. Ceux-ci interceptent en -215 l'ambassade de Xénophane qui vient de conclure l'alliance de l'antigonide Philippe de Macédoine avec le général cathaginois. Le préteur pérégrin Laevinus prend le commandement des opérations depuis la base navale de Brindes. Propréteur doté d'une légion l'année suivante, celui-ci tâche de tenir la campagne messapienne et réussit à bloquer le port de Tarente et ravitailler la garnison enfermée dans la citadelle quand la ville rallie Hannibal venu de Capoue. La flotte de Brindes donne la chasse aux navires carthaginois tentant de livrer armes et éléphants de guerre à Hannibal. Elle est alors doublée pour empêcher une invasion que porteraient les cent vingt navires de l'ennemi macédonien et permettre au propréteur de débarquer à Apollonie (fr.wikipedia.org - Messapiens).

 

"Brundis", port tenu par Rome, désigne l'objectif d'Annibal : le combat contre les Romains.

 

"Bresse" et "Aquin"

 

Brescia, Bresse ou Bresce, s'appelle en latin Brixia (Joseph Jérôme Le Français de Lalande, Voyage en Italie, Tome 7, 1788 - books.google.fr).

 

De même que les Insubres, les Cénomans étaient de sang gaulois. Venus en Italie à la suite du brenn Elitovius, ils étaient établis au sud du lac de Garde, entre Brescia et Vérone. Brescia fut leur capitale (Eugène Hennebert, Histoire d'Annibal, Tome 1, 1878 - books.google.fr).

 

La victoire de la Trébie (fin décembre -218) donnait définitivement la maîtrise de la Cisalpine à Hannibal. Cependant, les Cenomans de Brescia, appuyés sur leurs voisins Vénètes, alliés traditionnels des Romains, refusèrent de rallier le camp vainqueur (Gilbert Charles Picard, Hannibal, 1967 - books.google.fr).

 

Frégelles était une ville du Latium adiectum situé sur la via Latina entre Aquinum (Aquino) e Frusino (Frosinone), à la confluence du Liri et du ruisseau Trerus, sur une position stratégique entre Latium et Campanie, qui se trouve dans le territoire de la commune de Arce. Frégelles fit face à la progression d'Hannibal en 212 av. J.-C. en détruisant le pont sur le Liri. La ville a été l'une des 18 colonies en 209 av. J.-C. à être restée fidèle à Rome, et un corps de cavalerie de cette ville est mentionné dans la bataille qui a tué Marcelus (fr.wikipedia.org - Frégelles, Tite-Live, Histoire romaine, Tome 9, 1811 - books.google.fr).

 

Aquinum fece la sua prima comparsa nei documenti al tempo della II guerra punica. La sua origine molto probabilmente era sannita. Al termine della prima guerra sannitica, dopo il 354 a.C., Roma ottenne il controllo di Sora, Satricum, Fabrateria e Luca, tutte cittĂ  volsche, lasciando ai Sanniti la possibilitĂ  d'impadronirsi di Interamna, Casinum, Arpinum e probabilmente di Aquinum. La pace del 304, seguita alla ii guerra sannitica, consentì ai Romani di trasformare il territorio lungo il confine fra Lazio e Sannio. Fu così che Teanum Sidicinum e probabilmente Aquinum, entrarono a far parte del mondo romano in qualitĂ  di civitates foederate. CittĂ , queste, che dovevano collaborare con le colonie latine. Le monete, anche d'Aquinum - siamo sempre nel campo dell'ipotesi - come quelle di Teanum, dovevano avere la testa d'una dea guerriera ed un gallo con stella a 8 punte. Tutti i termini etnici contenuti dovevano avere il suffisso latino -no. La romanizzazione di Aquinum si ebbe in pratica dopo il 290 a.C., allorchĂ© Aquinum (?), Teanum, Cales, Suessa Aurunca ed Interamna assunsero il carattere di zona cuscinetto fra il territorio romano e sannita. Nel 211 a.C., con l'arrivo di Annibale, Aquino esce dai sottintesi. Il generale cartaginese « sotto Casino sostò due giorni saccheggiando qua e lĂ , poi passati Interamna e Aquino, giunse nell'agro di Fregeue sul fiume Liri.. Â» (Livio XXVI, 9) (Mauro Quercioli, Le cittĂ  perdute del Lazio: il fascino suggestivo e misterioso degli antichi centri laziali vissuti all'ombra dell'egemonia storica di Roma e decaduti nel corso dei secoli, 1992 - books.google.fr).

 

"Bresse" et "Aquin" définissent les alliés fidèles de Rome.

 

"recasser"

 

Le Couteau à talon, ou fer à recasser, qui sert à amortir & recasser les peaux, ne coupe point ; mais il a un tranchant mousse dans sa partie concave, qui sert à écraser les inégalités, à fouler la peau, à écraser le nerf, à en dompter la roideur; & la partie convexe est simplement quarrée, ainsi que le dos d'un rasoir (Jérôme de La Lande, Simonneau, Art de faire le parchemin par M. de la Lande, 1762 - books.google.fr).

 

A côté du verbe essentiel labourer, d'autres, plus particuliers, se rencontrent: "recasser", c'est donner le premier labour à une terre, sitôt après qu'elle a porté du bled.  D'où "recassis", terre labourée sur le chaume après que le bled est moissonné (Ferdinand Brunot, Charles Bruneau, Histoire de la langue française des origines à 1900, 1930 - books.google.fr).

 

Pendant le siège de Casilin, la famine qui croissait toujours, obligea les assiégés à demander de se rendre, après avoir mangé tous les animaux, même les plus immondes, et jusqu'aux cuirs de leurs cuirasses et de leurs boucliers. Annibal ayant refusé d'entendre parler de capitulation, les assiégés prirent le parti de labourer les terres le plus voisines des remparts, et d'y semer des légumes qui croissent en peu de temps. Cette résolution désespérée adoucit Annibal, et il permit à la garnison de se racheter par une somme de sept onces d'or par tête. Cette somme payée, la garnison fut remise à Cumes, réduite à peu près à la moitié. Le courage et la fidélité des Prénestins, qui en composaient la majeure partie, furent récompensés par une double paye, l'exemption de cinq années de service, et le titre de citoyens romains (Frédéric Guillaume, Histoire des campagnes d'Annibal en Italie pendant la deuxième guerre punique, Tome II, 1812 - books.google.fr).

 

Carthage ne sera pas seulement détruite dans le présent, elle sera privée d'avenir : un décret de Rome interdira à quiconque de s'installer sur ses ruines. La charrue symbolique de Scipion est passée sur Carthage. En fait, il s'agit d'une légende. Les légionnaires n'eurent pas même besoin de labourer le sol de Carthage pour y semer le sel (Christian Godin, La totalité, Volume 6, 1997 - books.google.fr).

 

Caton n'avait pas cessé de marteler : Delenda est Carthago, «II faut détruire Carthage !» En 146 av. J.-C., Scipion Emilien fit raser la capitale punique : plus un seul bâtiment ne resta debout, du sel fut jeté sur le sol pour empêcher l'herbe de repousser et une solennelle malédiction interdit à quiconque d'y établir sa demeure à l'avenir.

 

Typologie

 

Des alliés fidèles permettront de renverser une situation désespérée.

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