La guerre des Alpes VII, 7 2004 Sur le combat des grands chevaux legers, On criera le grand croissant confond : De nuict tuer monts, habits de bergers, Abismes rouges dans le fossé profond. Le quatrain I, 69 propose aussi les mots
"montagne"/"monts",
"abismans"/"abismes" et serait à interpréter en rapport
avec la catastrophe savoyarde du Mont Granier (1248). Les Abymes de Myans résultent de l'effondrement du
Granier. Restons en Savoie. "croissant" C'est Ă la limite de la Savoie, que surgit le mont
Granier, redoutable sentinelle de cette entrée du Dauphiné ; sa concavité
dessine à l'horizon un croissant régulier : c'est de ce creux qu'ont
glissé les masses des Abîmes de Myans, obstruant le lit de l'ancien Rhône et
ensevelissant les villes de Granier et de Saint-André (Paul
Berret, Le Dauphiné: choix de textes précédés d'une étude, 1922 -
books.google.fr). Au-delà de Montmélian, le croissant découpé dans les
flancs du mont Granier par l'éboulement de 1248, qui fit de Saint-André,
capitale du décanat de Savoie, et de quatre villages des Pompéi savoyardes
encore ensevelies sous terre, se profile sur le ciel bleu, marquant l'extrĂŞme
limite du Dauphiné, et le mont Joigny s'élance dans les airs, à l'entrée de la
vallée de Chambéry (Charles
Buet, La maldonne de Viry, Revue du monde catholique, Volume 85, 1886 -
books.google.fr). Les ruines de Pompéi commencent à être sérieusement
entreprises vers 1738 (Juliette
Barbarin, Naples et Pompéi: les itinéraires de Vivant Denon, 2009 -
books.google.fr). "confond" "confondre" :
bouleverser, mélanger, mettre en désordre (Auguste
Scheler, Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la
science moderne, Tome 1, 1862 - www.google.fr/books/edition). A vrai dire, rares sont les exemples de Confondre au sens
de «mettre en désordre, bouleverser» : «C'est en vain qu'on veut m'assiéger ;
Vous romprez les filets, vous confondrez le siège» (Corneille, IX, 327, éd. G.
E., Off. V., 19 [psaume XXX] [Lexique des Grands Ecrivains : «Confondre, mettre
en désordre»]). « Turenne meurt, tout se confond. » (Fléch., Tur. [Littré : «
Se confondre, tomber dans le désordre »]). Ces deus indices sont précieus. Nous pouvons les appuyer
en rappelant un des sens du latin confundere et du simple fundere : «jeter dans
le désordre, brouiller», et, en langage militaire : «mettre en déroute» (Edouard
Portier, Essai de sémantique, Revue de philologie française, 1912 - archive.org). Bouleversement géologique et mouvement militaire. "habits de bergers" L'auteur du premier dialogue est à nouveau le prétendu
Wolfgang Zierer, qui se dit cette fois lansquenet (voir cat. n° 78) et aurait
entendu et retranscrit cette conversation entre un ermite et un orphelin,
personnages plus allégoriques que réels. Le jeune homme – fort versé dans les
questions religieuses – est en fait un orphelin “ symbolique ” de la hiérarchie
ecclésiastique, qui empêche le fidèle d'accéder à la vérité évangélique. Le
“Waldbruder” est une allusion évidente aux “Waldenser”, aux Vaudois, donc aux
prétendus hérétiques, précurseurs de Luther. Se développe alors entre ces deux
personnages un dialogue d'une grande violence anticléricale où le pape, les
moines, les indulgences, les pélerinages sont une fois de plus dénoncés. La métaphore principale est celle des loups
déguisés en bergers qui dévorent les agneaux de Dieu, autrement dit les fidèles
auxquels ils devraient montrer la voie (il y a lĂ un jeu de mots
difficilement traduisible entre “bischoff” et "beisschaf"
[mange-mouton]) (Frank
Muller, Heinrich Vogtherr l'ancien: un artiste entre Renaissance et RĂ©forme,
1997 - books.google.fr). Heinrich Vogtherr (dit l'Ancien) (Dillingen, 1490 -
Vienne, 1556) est un artiste des temps de la RĂ©forme. Il fut tout Ă la fois
peintre, portraitiste, graveur, imprimeur, Ă©diteur, auteur d'Ă©pigrammes, de
poèmes religieux et d'essais de médecine. Il consacra une grande partie de son
travail Ă propager par le dessin et l'Ă©crit la doctrine de Luther (fr.wikipedia.org
- Heinrich Vogtherr l'Ancien). La guerre des
Alpes En 1740 à la mort de l’Empereur Charles VI, sa fille
Marie-Thérèse lui succède. Elle hérite de l’Autriche, de la Bohème, de la
Hongrie, de la Belgique et du Milanais, mais Ă©tant une femme, elle ne peut ĂŞtre
élue Empereur. Cet héritage est contesté par plusieurs souverains européens et
l’attaque de la Silésie, qui fait partie de la Bohème, par le roi de Prusse
Frédéric II déclenche la guerre de Succession d’Autriche. L’Espagne souhaite reconquérir le Milanais, ce qui
conduit le Roi de Piémont-Sardaigne Charles-Emmanuel III hostile à la présence
espagnole en Italie à s’allier à l’Autriche. Le roi d’Espagne envoie des
troupes en Italie fin 1741 et début 1742. Mais ensuite le reste des troupes
espagnoles est bloqué à Barcelone par l’intervention de la flotte anglaise en
Méditerranée. Louis XV autorise alors le passage des espagnols par la France
(mars 1742). Le roi de Sardaigne a mis en défense Nice et Villefranche-sur-Mer,
ce qui fait que les espagnols commandés par l’infant Philippe, plus jeune fils
de Philippe V d’Espagne et d’Elisabeth de Parme, restent bloqués à Antibes,
pendant que ceux dĂ©barquĂ©s en Italie sont refoulĂ©s. Madrid ordonne alors Ă
l’armée de prendre la route des Alpes par Barcelonnette, Briançon, mais elle
hésite à passer en Piémont et finalement se rabat sur la Savoie, destination
tout-à -fait imprévue... Le 1er septembre 1742 l’avant-garde espagnole passe le
col du Galibier et descend sur Valloire et la Maurienne. La Savoie n’est pas en
état de se défendre ; les hauts fonctionnaires piémontais totalement surpris
expédient à Turin les caisses des deniers royaux et les archives et se replient
au delà des Alpes. Très vite le territoire est occupé sans heurt par 18000
espagnols. Les autorités locales sont invitées à se soumettre et à reconnaître
le roi d’Espagne comme suzerain. Très vite paraissent des ordres de réquisition
pour l’entretien de l’armée espagnole, qui se répartit sur le territoire, mais
ne garde pas les cols. DĂ©but octobre le roi de Sardaigne avec 11000 hommes
pénètre en Savoie à la fois par les cols du Mont-Cenis et du
Petit-Saint-Bernard, refoule les espagnols dans les vallées de la Maurienne et
de la Tarentaise. Les 2 armées se font face devant Montmélian, mais l’armée
espagnole refuse le combat et passe en France pour stationner autour de
Fort-Barraux. Cela oblige l’armée piémontaise à stationner dans des conditions
difficiles autour de Montmélian. Madrid remplace son chef d’état-major par le
marquis de la Mina avec ordre de contre-attaquer. En décembre les espagnols envahissent à nouveau la Savoie
: seul le château d’Apremont résiste ; les piémontais en infériorité numérique
font retraite, talonnés par les espagnols et repassent difficilement les cols.
Le 5 janvier 1743 accueilli par les autorités, l’infant Philippe fait une
entrée solennelle à Chambéry et s’installe au château. Il impose le 25 février
une prestation de serment de la noblesse, du Sénat et de toutes les autorités
de Savoie. La Guerre de Succession d’Autriche se termine en juillet
1748. Les espagnols commencent à quitter la Savoie. La paix est signée au
traité d’Aix-la-Chapelle en octobre. Charles-Emmanuel III récupère la Savoie et
Nice et gagne quelques territoires du Milanais. L’infant Philippe devient duc
de Parme, héritage de sa mère ; il fonde ainsi la maison de Bourbon-Parme (un
de ses descendants actuels est le Grand-Duc de Luxembourg). Il quitte Chambéry
en décembre ; les derniers espagnols en février 1749 (Une occupation
espagnole en Savoie 1742-1749, 2017 - www.museemilitairelyon.com). Notre Dame de
Myans L'armée espagnole
reprend l'offensive. M. de Las Minas arrive à Barraux le 5 décembre, fait
une reconnaissance le 8, et décide qu'on attaquera les Piémontais, mais il
garde le plus grand secret sur ce projet. Le 12, ordre est donné de faire venir
la cavalerie. Le 16, 500 miquelets arrivent Ă Pontcharra et Ă©tablissent des
postes de 80 hommes Ă la Chapelle-Blanche, Ă Bard et Ă Laissaud. Le 18, le pain
est distribué pour 6 jours et l'on forme des brigades d'infanterie. Le même
jour, à 8 heures du soir, l'armée s'ébranle en deux colonnes ; l'une de 4 brigades, avec la moitié de la
cavalerie et un détachement de fusiliers de montagnes, se porte sur Apremont
par Bellecombe et l'ancien chemin de Chambéry qui traverse les abîmes de Myans ;
l'autre de 3 brigades, avec le reste de la cavalerie, marche aux ponts sur
l'Isère, tandis que les miquelets de Pontcharra refoulent les Vaudois de
Villaroux, Arvillard et les Mollettes. Après avoir fait cette
démonstration, la deuxième colonne revient sur ses pas et se met à la suite de
la première par Chapareillan. [...] Le roi de
Sardaigne, couvert à sa gauche par les inondations de l'Isère, replie ses
détachements et place sa droite entre Notre-Dame-de-Myans et la ferme de Favras.
Une bataille semble inévitable. Mais l'armée piémontaise était de plus en plus
affaiblie par les maladies auxquelles la rigueur de la température donnait lieu
; il Ă©tait Ă craindre que les cols du petit Saint-Bernard et du Mont-Cenis ne
fussent bientôt fermés par les neiges. Se maintenir en Tarantaise et en
Maurienne était évidemment possible, Conflans soutenant le débouché de la
première vallée et Charbonnière couvrant celui de la seconde; mais comme on
n'aurait pu y subsister qu'à l'aide d'approvisionnements tirés du Piémont, le
roi aima mieux repasser les Alpes et abandonner la Savoie que de s'exposer Ă
voir sa communication absolument interrompue par la neige avec les plaines du
Piémont, et son armée réduite à manquer de tout. Charles-Emmanuel,
s'entretenant avec Bourcet qu'il avait l'occasion de recevoir Ă Turin, Ă la fin
de 1759, lui dit qu'il n'avait jamais fait de plus grande faute que de
s'avancer en Savoie, contre l'avis de ses généraux, et par trop de jeunesse et
d'inexpérience : qu'il savait que M. de Glimes avait projeté une diversion
pour le surprendre du côté de Freterive sur ses derrières ; heureusement pour
lui l'Espagne avait rappelé M. de Glimes et l'avait reinplacé par M. de Las
Minas qui, ignorant ledit projet, ne l'avait point exécuté et lui avait laissé
la liberté de sa retraite, convenant que ledit projet l'aurait perdu s'il avait
été exécuté. (Entretien du roi de Sardaigne avec le commissaire principal de
France sur la limitation convenue en 1760) (François
Eugène de Vault, Les guerres des Alpes: Guerre de la succession d'Autriche
(1742-1748), Tome 2, 1892 - books.google.fr). Cf. le quatrain précédent VIII, 6 qui parle de Sardaigne,
Naples etc. Chevaux légers de
Savoie Les chevaux légers du roi, qu'on appela d'abord dragons
de Genevois, ou dragons verds, ensuite dragons d'Altesse, et enfin chevaux
légers en 1774, furent levés par le comte de Chaumont, d'après la capitulation
signée entre le gouvernement et cet officier, le 7 octobre 1686; le roi accorda
à monsieur de Chaumont la première nomination de tous les officiers, à la
réserve du major, et s'engagea à lui payer quatre-vingt-seize mille livres pour
la levée de huit compagnies de cinquante hommes, qui devaient être complétées,
montées et équipées dans trois mois de temps ; on ajouta à ce régiment une
neuvième compagnie en 1691 et il subit ensuite les chances d'augmentation, et
de diminution que courut le reste de la cavalerie. Le 21 novembre 1699 on
réforma les chevaux de ce corps, et ils ne lui furent rendus que par une
ordonnance du 20 mai 1701. Les chevaux légers se trouvèrent aux batailles de
Staffarda et de Marsaglia ; ils servirent à pied au siège de Valenza en 1696,
et ils s'y distinguèrent; ils marchèrent à Verceil, qu'on espérait surprendre,
en 1704 ; mais l'expédition ayant manqué, ils perdirent beaucoup de monde dans
la retraite; en 1706 ils servirent dans le duchĂ© d'Aoste; et ils battirent Ă
plusieurs reprises les partis ennemis qui cherchaient à y pénétrer ; ils
se trouvèrent la même année à l'attaque des lignes françaises sous Turin; ils
se distinguèrent au combat de Conflans en 1711; ils marchèrent en Italie, en
1733. Ce régiment se trouva à la défense de Casteldelfino ; il souffrit
beaucoup au combat de Bassignana; il fit la campagne offensive de Savoie en
1793, et il fut au combat de Roque Sevin, oĂą l'on enleva Ă l'ennemi les pontons
qu'il avait sur l'Isère, et l'artillerie qui les défendait. Lorsqu'à l'époque
du 6 décembre 1798 l'armée piémontaise fut incorporée à l'armée française
d'Italie, les chevaux légers du roi formèrent avec deux escadrons de Savoie
cavalerie le second régiment de dragons piémontais, et ce corps, qui eut part
aux plus sanglantes actions de la campagne du 1799, mérita également des éloges
par sa bravoure et par sa constance (Alexandre
Saluces, Histoire Militaire du Piemont, 1859 - books.google.fr). Peu de tems après on fit venir d'Italie aussi les deux
régimens de cavalerie de Piémont Royal, et de Savoye, et les deux de Dragons
Genevois, et la Reine, et qui n'y laisserent chacun qu'un escadron de 100
chevaux. Piémont Royal se rendit à Carmagnole, Savoye à Chivas et Caselle,
Genevois Ă Fossan , et la Reine Ă Racconis. Les
Dragons du Roi étoient à Pignérol et Saluces, et les Dragons de Piémont étoient
à Savillan. Par cette disposition toutes les troupes étoient placées à portée
de se rendre ou dans la vallée de Suse, ou dans celle de Varaita, selon que les
ennemis auroient paru vouloir tenter de l'un ou de l'autre côté. M. le marquis
d'Aix que le Roi avoit destiné pour commander le plus gros des troupes, eut
ordre vers la moitié de Juillet, de se rendre à Saluces, pour y donner toutes
les dispositions nécessaires dans les vallées de Vraita, de Po, de Maira, et de
Sture. Ce Général resta quelques jours dans cette Ville, et lorsque Mr. du
Verger y fut arrivé, il se rendit avec lui du côté de Château Dauphin pour y
visiter ensemble les différens postes de cette vallée, et de celle de Bellin.
Mr. le marquis d'Aix s'en retourna ensuite Ă Saluces, d'oĂą il se rendit Ă
Turin, pour rendre compte au Roi de ce qu'il avoit projetté, et pour recevoir
ses ordres sur la façon de faire avançer les troupes dans la vallée de St.
Peire, il ne s'arrĂŞta qu'un jour dans cette capitale, et s'en retourna Ă
Saluces, oĂą il mit en mouvement les bataillons que l'on vouloit faire avancer
les premiers. Il se rendit ensuite Ă St. Peire, oĂą il Ă©tablit son premier
quartier, et y fit marcher le régiment des Gardes, qui y arriva de Barge dans
une seule marche par le Col du Prêtre. Le régiment de Savoye alla au Mel, celui
d'Audibert Ă Brousasque, les deux premiers bataillons de Guibert Ă Venasca, et
celui de Mondovì à Verzuol (Carlo
Emanuele III [i.e. Terzo] nella Guerra di successione austriaca, 1742-1743,
1935 - books.google.fr). Acrostiche : SODA Grange à Soda Benoît et Soudanne à Saint Etienne de
Cuines, Maurienne (Adolphe
Gros, Dictionnaire Ă©tymologique des noms de lieu de la Savoie, 2004 -
www.google.fr/books/edition). Comme les de Cuines, les du Pont relevaient des seigneurs
de La Chambre, dont ils Ă©taient hommes liges, mĂŞme pour leur seigneurie
principale, celle du Villaret. A toutes les Ă©poques, les du Pont figurent dans
l'entourage des La Chambre, les servant comme châtelains ou autrement, et
jouissant de toute leur confiance, au point que, en 1261, Pierre du Pont est
nommé exécuteur testamentaire de Pierre de La Chambre. Ils ont possédé, surtout
au XVIe siècle, beaucoup de biens disséminés sur un grand nombre de paroisses
de la Maurienne et de la Savoie, mais pas un seul fief considérable avec
juridiction. On peut se faire une idée de leur richesse territoriale par le
testament de noble, généreux et puissant Jean-François du Pont, le 10 janvier
1535. On y voit qu'il possĂ©dait une douzaine de maisons-fortes au Châtel, Ă
Sainte-Marie et Ă Saint-Etienne-de-Cuines, â Saint-Aure, Ă Saint-Michel, Ă
Saint-Jean, etc., la maison-forte de Myans avec ses dépendances aux Marches, â
Apremont, à Saint-Geoire et ailleurs, de l'Isère à Chambéry. Jean-François du
Pont avait huit enfants, tous nés de sa première femme, Claudine d'Arvillard.
Il avait encore un fils illégitime, nommé Jean, qui était prêtre et bénéficier
de Maurienne. De ses fils, les uns mourront jeunes encore, les autres n'auront
pas d'enfants ou n'auront que des filles, et, au commencement du XVIIe siècle,
le nom des du Pont aura disparu (A.
Gros, Histoire de la Maurienne, Tome I : Des origines au XVIe siècle, 2013 -
books.google.fr). "fossé profond" De Chambéry, l'ascension au Granier peut se faire en
venant au Pas de la Fosse et remontant directement depuis lĂ ; mais le passage
est abrupte et pénible après avoir traversé des prés très-glissants (Louis
Laurent Gabriel de Mortillet, Savoie et Haute-Savoie, guide, 1874 -
www.google.fr/books/edition). Nous sommes au point de contact entre Bauges et
Chartreuse ; dans chaque massif s'observe un pendage très net des couches en
direction de la cluse ; en plein coeur de celle-ci, l'affleurement valanginien,
qui a tendu la cuesta du Pas de la Fosse, trouve le moyen de s'effondrer de
plus de 1.200 mètres, puis de se hausser d'autant, tout cela en moins de 9
kilomètres (Revue
de geographie alpine, Volume 34, 1946 - books.google.fr). Typologie Le report de 2004 sur la date pivot 1742 donne 1480. Pour travailler Ă la conversion des Vaudois, on Ă©tablit
un couvent à Cluses en 1471. Il fut occupé par des religieux venus de Myans,
qui donna aussi un essaim pour Saint-Michel en Tarentaise (Abbé
Douillet, Sainte Colette: sa vie, ses oeuvres, son culte, son influence, 1869 -
books.google.fr). Cluses sera détruite par les flammes en 1478. [...] Janus de Savoie
dit aussi de Genève, né en 1440 à Genève et mort à Annecy le 22 décembre 1491,
est un membre de la maison de Savoie, fait comte apanagiste de Genevois, baron
de Faucigny et de Beaufort, de 1460 jusqu'Ă sa mort (fr.wikipedia.org - Janus
de Savoie). Louys I. du nom, & II. Duc de Sauoye, eut de sa femme
Madame Anne fille de Ianus de Lusignan, Roy de Chypre, sept enfans malles pour
lesquels apennager, il donna le Comté de Geneue, & cette Baronnie de
Foucigny au troisieme nommé Ianus, du nom de son grand pere maternel &
parrain, le Roy de Chypres, qui espousa Dame Heleine de Luxembourg, fille du
Conestable S.Paul. Et en ce temps-lĂ
estoit en vogue dans le Foucigny une heresie laquelle pulluloit estrangement,
& n'ay peu bonnement sçauoir de quelle secte estoient ces heretiques,
d'autant que les autheurs ny la Bulle que nous citerons cy apres, ne la
specifient point, sinon que quelques vns tiennent par tradition, que c'estoient
Vaudois & sorciers, & que le particulier lieu de leurs assemblées &
sinagogues estoit vne certaine concauité que ceux du pays appellent Barme, qui
se treuue dans les rochers de la vallée tirant depuis la ville de Cluses, contre
la parroisse de Passier, oĂą il y auoit vn puits, & des sources, de
fontaines, où ses heretiques exerçoient leurs sortileges, & faisoient leurs
festins & conuiues dans vn viel chasteau nommé les Rosiers, derriere ladite
parroisse de Passier, basty sur un mont, d'oĂą l'on descouure tout l'haut
Foucigny. En somme c'estoient des lieux fort propres Ă personnes consacrees au
diable, ainsi qu'estoient iadis le val de Frecenieres, & le val Loyse (qui
a ceste occasion estoit pour lors nommé le val putte) au haut Dauphiné en
l'Archeuesché d'Ambrun. Les Religieux du
Couvent nostre Dame de Myans entendant que ceste maudite heresie serpoit comme
vn cancer, & infectoit presque tout le Foucigny, & preuoyant que tant
plus on tarderoit Ă s'y opposer par bonnes predications, elle seroit puis apres
d'autant plus difficile à deraciner, portés d'vn grand zele à la foy de
Iesus-Christ, & de son espouse l'Eglise, firent vne mission de plusieurs
d'entr'eux, qui se disperserent par tout le Foucigny, preschant feruemment
& courageusement contre ceste heresie. Le chef & conducteur de
ceste mission, estoit ce venerable, & faut dire Beat, le P. F. Iean
Bourgeois, Lecteur dudit Conuent de Myans, lequel animoit & rendoit
grandement hardis ses compagnons par ces parolles, qu'il leur repetoit souuent
par les chemins : Nolite cogitare quomodo, aut quid loquamini, dabitur
enim vobis in illa hora quid loquamini. les exhortant
de mettre toute leur esperance en celuy qui linguas infantium facit disertas.
Et d'autant que ce P. F. Iean Bourgeois, estoit le plus capable, plus serieux
& plus feruent en ses predications, il print pour son departement la
susdicte vallee, qui va despuis Cluses contre Passier, comme la plus infectee, de
sorte que, & les vus & les autres faisoient vn tres-grand progrez Ă
l'aduancement de la gloire de Dieu, conuertissant tous les jours Ă la Foy
quelques vns de ces miserables deuoyez. Dequoy
l'Illustre Ianus Baron du pays, recevoit vne grande confolation &
contentement, qui Ă ceste occasion escriuit une lettre fort humaine Ă ces
Peres, les congratulant & remerciant tous ensemblement de si vtile proffit,
qu'ils faisoient Ă l'instruction & conuersion de ses subiects, leur offre
toute assistance tant de son authorité, que de ses ces Peres, moyens, les
prioit de continuer vne si saincte oeuvre, si heureusement encommencée. Ce
que ces vertueux Religieux desiroient ardemment faire, n'ayant plus grande
volonté, que de cultiuer la vigne de Dieu, & trauailler à la conuersion des
errans : mais comme ce n'estoit pas oeuure d'vn iour, attendu que le mal
estoit si espanché, & par trop enraciné, il leur deplaisoit grandement de
demeurer à longues années hors de leurs cloistres dispersez les uns d'avec les
autres, par cy, par lĂ , entre les mondains (Jacques
Fodere, Narration historique, et topographique des Conuens de l'Ordre S.
François, et monasteres S. Claire, Erigez en la prouince anciennement appellee
de Bourgongne, Ă present de S. Bonauenture, 1619 - books.google.fr). En 1619, le
franciscain Jacques Fodéré, gardien du sanctuaire de Myans, au pied du Granier,
donna un nouveau récit, qui se voulait historique, à une catastrophe qu'il
situait en 1249 et non en 1248, comme certains chroniqueurs du XIIIe siècle. Il
mêlait habilement la légende à une contextualisation politique, qui donnait une
explication religieuse et morale Ă l'inexplicable, tout en faisant la promotion
de son ordre et de son rôle de gardien irréprochable du sanctuaire. Selon
lui, la catastrophe avait été directement déclenchée pour punir la présomption
d'un courtisan, Jacques Bonivard, alors secrétaire du comte Thomas de Savoie.
Il aurait convaincu son maître de soutenir le pape Innocent IV dans la querelle
qui l'opposait à l'empereur Frédéric II, apportant au pontife l'atout de la
maîtrise des cols que détenait le comte : «D'autant que pour être Seigneur Souverain des Alpes, il pouvait donner
ou empêcher le passage à Frédéric.» En récompense, Bonivard obtint du pape le
«fort riche prieuré» bénédictin de Saint-André, au pied du mont Granier. Le
conseiller est présenté par Fodéré comme un intrigant qui profite de la
détresse du pape et abuse de la confiance du comte, le tout pour faire avancer
ses propres intérêts, en l'occurrence s'arroger les revenus d'une terre
d'Église. D'autant que, comble du péché, Bonivard en chasse brutalement les
pieux occupants, remplaçant le sacré par le profane, évoqué dans le récit par
un scandaleux banquet. De telles injustices et profanations simoniaques, Ă
resituer dans le contexte réformateur postérieur au concile de Trente
(1545-1563), apparaissaient scandaleuses et, Ă ce titre, ne pouvaient rester
impunies (Stéphane
Gal, Histoires verticales: Les usages politiques et culturels de la montagne
(XIVe-XVIIIe siècles), 2019 - books.google.fr). On retrouve Frédéric II, possible deuxième Anrtéchrist de
la Lettre Ă Henry, dans cette Centurie VIII. Encore dans la Lettre Ă Henry, le
"Fulcy" pourrait désigner le Faucigny, possession de la Maison de
Savoie. "rouges" En Faucigny, entre l'été et l'automne 1492 se déploie un
mouvement paysan provoqué par les extorsions des gentilshommes sur les paysans.
Il prend comme signe de ralliement la robe rouge. De fait, on a conservé
quelques «bans» venant sanctionner le port d'une vestem rubeam dans les comptes
des châtellenies de Montjoie, Sallanches, Faucigny et Bonne. L'événement est
surtout connu par le récit d'un chroniqueur genevois François de Bonivard (Jean-Marc
Moriceau, La MĂ©moire des Croquants, 2018 - books.google.fr). Jacques MĂ©tral, d'Arbignion en Valais, cherche Ă se
débarrasser de son frère Collet, avec lequel il est décidé à ne pas partager
l'héritage paternel. Sa femme Jeannette, sur le conseil de siens parents
originaires de Chamonix, prend contact avec deux Chamoniards résidant à ce
moment Ă Martigny, Pierre Veytet et Jacques Bontemps, qui acceptent et
exécutent le contrat contre la somme de 19 florins. Jacques Bontemps portait
alors calligas rubeas cissas sub genu et bonetum rubeum a latere. La couleur
rouge était le signe de ralliement des révoltés faucignerans de 1492, auxquels
la chronique a donné le nom de «Robes rouges». [...] Les montagnards faucignerands resteront serfs en grande
mahjorité jusqu'aux affranchissements du XVIIIe siècle (Cahiers
de recherches médiévales: CRM., Numéro 10, 2003 - books.google.fr). Roseaux La Tarentaise où se trouve le Mont Granier et Myans n'est
pas très proche du Faucigny. Le terme Yam Souf
de la Bible est traduit comme Mer Rouge, tandis qu'en réalité, il veut dire Mer
des Roseaux. On connait d'après les textes égyptiens que l'âme d'un mort
était purifiée par le passage de la Mer des Roseaux. Aussi le terme Yam Souf
semble être appliqué dans la Bible dans le sens métaphorique ; le passage
d'Israël par la Mer rouge doit être considéré comme une sorte de baptême. Cette
interprétation semble être confirmée par I Cor 10 - 1 - 2 où il est question du
baptême par Moise dans la nuée et dans la mer (Bulletin
signalétique: Sciences humaines, philosophie. 19-24, Volume 19, 1965 -
books.google.fr). "De tous les peuples modernes, dit Boyer, il
n'en est aucun qui offre plus d'analogie avec l'ancien peuple juif, que les
Vaudois des Alpes du Piémont : (nulle histoire n'a eu plus de prodiges
que la leur, nulle Église plus de martyrs.)" Ces lignes suffisent Ă
expliquer le titre de cet ouvrage : l'Israël
des Alpes (Alexis
Muston, L'Israel des Alpes. Premiere histoire complete des Vaudois deu Piemont
et des leurs colonies, Tome 1, 1851 - books.google.fr). L'auteur, P. Marin de Boylesve fait un usage admirable de
l'ancien et du nouveau Testament dans l'interprétation des deux visions
d'Ezéchiel et de Daniel, où tout converge vers l'Homme-Dieu, régnant au plus haut
des cieux, « tandis qu'au fond des abîmes, on entend les vains rugissements de
Lucifer et de la révolution diabolique et humaine (p. 47).» «Mettez dans la
main (du Christ) un roseau, conclut l'auteur: avec ce roseau, plus fort que la
verge de Moïse, il précipitera les modernes Pharaons; il sauvera l'Israël
nouveau (ibid).» (COUP-D'EIL, SUR L'HOMME, considéré comme le couronnement de
la création, par le P. MARIN DE BOYLESVE, S. J.- 1 volume in-12 de 48 pages;
chez R. Haton, 1877) (Bibliographie
catholique, Volume 56, 1877 - books.google.fr). La Ravoire, est Ă©galement un terroir très favorable Ă
l'agriculture. Les Ă©boulis des coteaux offrent un autre type de sol, pierreux,
léger, s'échauffant rapidement et situé à une altitude qui le met à l'abri des
gelées. Sur la rive droite, ils ne constituent qu'une frange au pied des crêtes
de Chignin, au long des pentes de Challes, de Barby et de Saint-Alban, mais sur
la rive gauche, la catastrophe du Mont Granier a Ă©largi cette zone : Apremont,
Les Marches, Myans ont un sol de ce type, particulièrement propice à la culture
de la vigne. Enfin, même les zones défavorisées, les marais d'Apremont ou de Challes, ne sont pas totalement
improductives, elles fournissent des roseaux et d'autres plantes aquatiques
utilisables comme litières (Réjane
Brondy, Chambéry: histoire d'une capitale vers 1350-1560, 1988 -
books.google.fr). Dans les bas-fonds de l'Ă©boulement luisent Ă©trangement
des lacs aux eaux dormantes : le Lac des Pères, le Lac Noir, le Lac
Saint-André ; la légende dit qu'on entend, au crépuscule, le râle des damnés
dans la plainte des roseaux et, parfois, la nuit, s'élève mystérieusement du
fond des eaux le son d'une cloche, de la cloche que sonna vainement, au jour de
la catastrophe, le prieur épouvanté d'une abbaye maudite (Paul
Berret, Le Dauphiné: choix de textes précédés d'une étude, 1922 -
books.google.fr). Les Abymes de Myans, c'est le creuset des Ă©boulis. La
lutte de l'homme est là . Un combat sans merci mené contre la montagne, avec
elle. A un certain moment, les plants de vigne cessent de grimper, cèdent le
pas aux murailles calcaires. Les Abymes,
ce sont surtout, en contrebas, les marécages que hantent roseaux, saules ou
peupliers (Gilles
Pudlowski, Le devoir de français, 1984 - books.google.fr). Dans La Savoie, dédiée à la duchesse de Savoie et de
Berry Marguerite de France, Ă©pouse d'Emmanuel-Philibert Ier, et fille de
François Ier, Jacques Pelletier du Mans parle des limoines aux "greins
rouges" (Tiers Livre), et des "abyz de Mians" (Memoires
et documents publ. par la societe Savoisienne d'histoire et d'archeologie, Tome
1, 1856 - books.google.fr). En patois de Savoie, "rojo" : roseau ; et
"rojho" : rouge (Charles
Joisten, Alice Joisten, Nicolas Abryn, ĂŠtres fantastiques de Savoie: patrimoine
narratif du département de la Savoie, 2009 - books.google.fr, Félix
Fenouillet, Monographie du patois savoyard, 1903 - books.google.fr). |