Les tonneaux de Blaise Pascal VII, 40 2028-2029 Dedans tonneaux hors oingts
d'huile & gresse, Seront vingt vn deuant le port fermez, Au second guet par mort feront proüesse, Gaigner les portes, & du guet assommez. "greffe" Lors du siège du château en 1592, les habitants de Cirey y avaient transporté ce qu'ils avaient de plus
précieux ; les archives de la commune y étaient enfermées, et Pierre Bertin,
notaire-tabellion du bailliage, y avait aussi conduit les registres et actes du
tabellionage ainsi que ceux du greffe, le tout
enfermé dans un tonneau. On sait que tout fut brûlé On enduisait les tonneaux, mais à l'intérieur, de graisse
pour protéger le contenu de l'humidité Le stratagème des tonneaux Au moment de la Praguerie, 1440, Charles Ier de Bourbon
et le duc d'Alençon, partisans du dauphin, le futur Louis XI, tentèrent eux
aussi de surprendre Montferrand.
Pour eux cette place eut été un poste d'observation de premier ordre et une
retraite de toute sûreté. Mais dès l'annonce de la révolte du dauphin, par
mesure de prudence, les marais avaient été inondés, les fossés remplis d'eau et
les ponts-levis régulièrement levés. A cette vue,
renonçant à prendre la ville par surprise, les deux capitaines se mirent à en
faire le siège. Au bout de quelque temps, celui-ci se prolongeant, ils firent
le simulacre de se retirer et levèrent le camp, sans pour cela renoncer Ă
prendre la place. En effet, Bourbon, dont la prise de Montferrand hantait
l'esprit, avait imaginé un stratagème qu'il croyait infaillible. Ayant
dissimulé son armée tout proche, à Malmouche (Le
terroir de Malmouche, ou Mallemouche,
est situé au Nord-Est de la ville non loin de la route n° 9), la veille de la foire des Provisions, il
envoya Ă la ville, conduit par des charretiers, un convoi de tonneaux dans chacun
desquels, au lieu de vin, il avait caché des soldats. Ceux-ci introduits
dans les murs devaient, la nuit, en ouvrir les portes à l'armée. Mais, à leur
entrée, pendant que les charretiers s'expliquaient avec le guet, un paysan
gourmand, voulant goûter le vin, perça un des tonneaux ; rien naturellement
n'en coula, par contre un bruit insolite se produisit dans la pièce. Le paysan ébahi
en avertit le guet, les Consuls en furent avisés. Ceux-ci aussitôt firent
défoncer les tonneaux et leurs occupants furent incarcérés. Montferrand une
fois de plus était sauvé. Aussi en remerciement au Ciel d'une protection si
manifeste, la ville fit célébrer, depuis lors et jusqu'à la Révolution, le
dimanche de la Sexagésime, une messe solennelle d'action de grâce à Notre-Dame.
Peu après, les ducs de Bourbon et d'Alençon, agissant comme représentants du
dauphin, se rencontrèrent, au couvent des Cordeliers de cette ville, avec les
envoyés du roi Charles VII pour arrêter les préliminaires d'un traité de paix
qui fut signé postérieurement à Cusset par le roi et le dauphin eux-mêmes Charles de Bourbon, duc de Bourbonnais et d'Auvergne et
le duc d'Alençon s'étant ligués contre le roi Charles VII, pendant la
Praguerie, cherchent Ă profiter de la foire des Provisions, qui commence le
vendredi avant le carême, dans la ville de Montferrand des soldats cachés dans
des tonneaux destinés à la marée Le Port Dans le port de Montferrand, il y avait... Il n'y a pas de port à Clermont à part le quartier de ce
nom et l'Ă©glise Notre-Dame du Port. "portus" en latin veut
dire aussi "entrepôt". Au XIVe siècle, l'aire de Montferrand avec ses remparts et ses tours défendant les courtines était entre en bonne place entre Carcassonne et Orléans. D'autre part, sise sur la grande voie et à mi-chemin de Paris à Beaucaire, aux foires universellement réputées, Montferrand était, non seulement un lieu de passage très fréquenté des trafiquants allant ou venant de l'une à l'autre ville, mais encore un relais commode où s'effectuaient de nombreuses transactions. Y affluaient les denrées, les épices et les vins liquoreux d'Italie et d'Espagne, ils s'y échangeaient contre les produits des pays de Loire et du Nord de la France. Beaucaire, sur le Rhône était le port ouvert sur l'étranger ; Montferrand était l'entrepôt où se faisaient les échanges entre les marchandises venues par Beaucaire et les produits de l'intérieur (Henri Du Ranquet, Emmanuel Du Ranquet, Montferrand: ses vieilles pierres : château, remparts, église, logis (1935), 1997 - books.google.fr). La place Champet ou Champeix
aujourd'hui Delille chargée d'histoire est située sur la partie haute d'un
glacis qui allait en s'Ă©largissant en contrebas jusqu'au val de la Tiretaine au
nord, et Ă l'est jusqu'aux prairies humides du bas de la butte clermontoise. Son
premier nom vient sans doute de l'époque celte : le « champ herm
», ou champ désert. Dès le Moyen Age, elle ne mérite plus ce nom, car elle est
le carrefour commercial pour les arrivages - les « apports » de marchandises -
de la plaine de Limagne, du Midi et de la vallée du Rhône. Elle est alors
appelée « le Portus », « le champ de
l'apport » ou « le port de Clermont
», d'où le nom de la rue et de l'église voisines du Port. En novembre 1095, le
pape français Urbain II vient prêcher à Clermont la première croisade, pendant
que le concile siège à la cathédrale. C'est sans doute sur cette place, seule
capable de contenir la foule immense, oĂą l'on comptait treize archevĂŞques, plus
de deux cents évêques, de nombreux prélats et seigneurs dont le Lorrain
Godefroy de Bouillon, que débuta l'histoire des Croisades La place Delille est située au coin nord-est du plateau
central de Clermont-Ferrand, au pied du quartier du Port. À cet endroit arrivait
la route venant de Paris par Montferrand Vers 1440 on ne signalait plus Ă Montferrand que deux ou
trois boutiques mal approvisionnées contre une vingtaine autrefois et la
direction de la ville était passée entre les mains d'une quinzaine de riches
familles de propriétaires terriens Huile et graisse La foire des
Provisions, fondée en 1356, est ainsi nommée parce que on y faisait des
provisions de bombance pour les Jours Gras et de légumes secs pour le Carême,
s'ouvrait le vendredi suivant la Quinquagésime et ne finissait que le vendredi
suivant. On y trouvait des marchandises de Bruges, des draps du Nord, des
soieries de Lyon, des dentelles de
toutes sortes, surtout du Livradois et du Velay, des Ă©maux de Limoges, des
denrées de la Limagne, et de Montpellier et des pelleteries de toutes provenances.
Pour ce dernier article, la foire des Provisions de Montferrand est encore, de
nos jours, la seconde foire de France pour la Sauvagine Bien qu'elle ne soit pas située dans les Montagnes
Occidentales, il faut souligner le rôle essentiel joué en ce sens par la
fameuse foire aux provisions de Montferrand oĂą allaient se ravitailler Ă
l'entrée du Carême les maîtres d'hôtel des seigneurs des Montagnes, tels ceux
de Vernines et de Murol.
[...] Les épices sont un des éléments importants de la fameuse « foire aux
provisions » de Montferrand fixée au vendredi précédant le carême. A Vic sont
utilisés essentiellement le lard, pour les jours gras, et l'huile pour les
jours maigres. La consommation du lard a été incorporé
dans celle de la viande de porc. La consommation d'huile Ă©tait de 25 g par jour
maigre car le poisson et les œufs étaient souvent mangés frits. Marguerite de Latour utilise aussi de l'huile pour les jours maigres. A Murol le beurre tient la place de l'huile, ce qui représente
Ă©videmment une adaptation aux ressources locales et aussi une forme
d'autoconsommation puisque ce beurre Ă©tait fourni par la vacherie seigneuriale La ville de Montferrand fut prise, selon Froissart, le
jeudi d'avant le dimanche gras, le 17 février 1388 Il résulte d'un acte de Jehan de Berry, que
la prise de Montferrand eut lieu en fait le samedi 8 février, le jour de la
foire des Provisions 21 tonneaux :
problème mathématique Claude Gaspar Bachet, sieur de Méziriac, ainsi qu’il se présente lui-même, n’a guère
laissé de trace dans l’histoire. Lorsqu’il est mentionné, c’est le plus souvent
comme auteur d’une traduction commentée de Diophante qui fut le livre de chevet
de Fermat. Mais c’est aussi lui qui a écrit le premier ouvrage de quelque
ampleur consacré aux récréations mathématiques. Ses Problèmes plaisans et délectables ont
connu de son vivant deux éditions. La première fut publiée à Paris en 1612, la
seconde à Lyon en 1624. Mais d’abord quelques mots sur Bachet
lui-même. Il est né à Bourg-en-Bresse en 1582, d’une riche famille de magistrats
lettrés assez récemment anoblie. En dehors de quelques longs séjours à Paris et
en Italie, il passa sa vie dans sa province. Il mourut Ă Bourg en 1638. Avant
tout, c’était un humaniste érudit : polyglotte, traducteur du grec, du latin et
de l’italien, auteur de poésies en français, en latin et en italien... et l’un
des tout premiers membres de l’Académie française, où il ne mit jamais les
pieds. En mathématiques, c’était comme Pascal et Fermat un amateur, de niveau
plus modeste sans doute mais fort doué et dont la contribution, on le verra, n’est pas négligeable. L’édition de 1612 du
livre des « Problèmes » est, pour l’essentiel, un recueil d’énigmes de salon
destinées à un public curieux et cultivé mais sans talent particulier pour les
mathématiques. Certaines d’entre elles sont reprises de l’Anthologie grecque ou des Propositiones ad acuendos juvenes d’Alcuin. « Trois hommes ont à partager 21 tonneaux, dont il y en a
7 pleins de vin, 7 vides et 7 pleins
Ă demi. Je demande comment peut se faire le partage, en sorte que tous trois aient
un nombre égal de tonneaux et égale quantité de vin ». L’idée de ce problème
fameux est selon toute vraisemblance empruntée à Alcuin. On trouvera l’étude du
cas général (avec 2N tonneaux au lieu de 21) dans le B.V. no 512, aux pages
25-35 de l’article « Énigmes carolingiennes ». Il est à noter qu’Alcuin, qui
traite le cas N = 10, donne une seule de ses cinq solutions, alors que Bachet donne pour N = 7 les deux solutions, prouve que ce
sont les seules et indique sommairement comment trouver les trois solutions du
cas N = 8 Ce problème est cité chez Tartaglia (General trattato) comme le mentionne Bachet : Un bourgeois, proche de la mort, fait son testament. Il
laisse comme héritier universel un sien fils, et fait en outre de nombreux dons
à des églises, aux pauvres, à des hôpitaux et au Mont-de-Piété. Entre autres
choses en sa possession se trouvent 21 tonneaux Ă vin d'une mĂŞme grandeur, dont
7 sont pleins, 7 le sont à moitié, 7 sont vides. Il en lègue 7 au monastère de
Sainte-Marie-des-Grâces, 7 autres au monastère de Sainte-Marie-des-Anges, et 7
à l'église Sainte-Marie-des-Miracles, exprimant la volonté qu'ils aient autant
de tonneaux et autant de vin l'un que l'autre, mais en ne désirant pas que du
vin soit enlevé des tonneaux Jacques Ozanam, né le 16 juin 1640 à Sainte-Olive (Ain)
et mort le 3 avril 1718 à Paris, mathématicien français, parle de ce problème
dans ses Récréations mathématiques et physiques, 1re édition, Paris, Jombert, 1694 Les mathématiques
au XVème siècle La reprise du travail savant et une tournure nouvelle de
l'histoire européenne apparaîtront autour de 1450, de manière assez inattendue.
Nicolas de Cues (1401-1464), puis deux universitaires viennois Peurbach (1423-1461) et son élève Regiomontanus (1436-1476)
raniment le travail mathématique et scientifique. Dans le même temps Gutemberg met l'imprimerie au point (1455). Constantinople
passe au monde ottoman, envoyant un nouvel afflux de livres et de savants dans
un monde occidental en pleine transformation Les Compléments arithmétiques (De Arithmeticis complementis)
paraissent en 1450 et ne contiennent guère d'allusions philosophiques ; le
contenu est purement mathématique. Il s'agit pour N. de Cues de répondre à une
demande d'explication sur sa première prémisse des Transmutations Géométriques.
La même année, tout en pratiquant les mathématiques, N. de Cues étudie le
fonctionnement de la pensée ; il écrit le De
Idiota, dont le livre II, intitulé De Mente,
contient l'essentiel de sa théorie de la connaissance. La pensée est définie comme
mesure, comme nombre vivant, comme mouvement de la passion vers l'intellection Notons encore le mathématicien Nicolas Chuquet né à Paris
qui vécut à Lyon où il rédige en 1484 son œuvre majeure, écrite en français, Triparty en la science des nombres, qui ne fut jamais
publiée de son vivant. Estienne de La Roche a reproduit dans son propre ouvrage
Larismethique,Â
imprimée à Lyon en 1520 puis révisée et rééditée en 1538 par les frères Huguetan, de nombreux passages du Triparty
qu'il a sélectionnés, réagencés et enrichis. Au début
de Larismethique, il mentionne sa dette envers
Chuquet, Paccioli et Philippe Friscobaldi
(un banquier de Lyon né à Florence), mais seulement globalement "chuquet"
diminutif de "chuc" est un mot auvergnat
qui désigne une colline plus petite que le puy CHUQUET est une forme normanno-picarde
de souchet, "petite souche" ; il est attesté comme non de famille sur
la liste des propriétaires inscrits en 1823 sur la matrice cadastrale de Flottemanville Nicolas Chuquet crée le système actuel des grands nombres, dit l'échelle longue, ou système Chuquet, dans lequel
on groupe ces grands nombres par paquets de six chiffres, et oĂą le mot billion signifie un million de millions (10 puissance 12), alors que dans l'Ă©chelle courte il vaut un milliard.
Les mots bymillion et trimillion apparaissent en 1475 dans un manuscrit de Jehan Adam. Pour 10 puissance 12, puisque le mot million revient deux fois, il nomme ce nombre «bymillion».
Le terme million existait avant Adam et Chuquet. C’est un mot d’origine probablement italienne, millione, forme
intensifiée du mot mille : un million est étymologiquement un gros millier, rappelant les unités de second ordre d’Archimède.La manière dont Adam et Chuquet présentent ces termes suggère qu’ils décrivent
un usage préexistant, plutôt qu’une invention personnelle. Il est probable que des termes comme billion et trillion étaient déjà connus à cette époque, mais que Chuquet (expert dans l’art de manier les exposants)
en a généralisé le système, inventant les noms correspondant aux puissances plus élevées. On fait remonter à l'Arithmétique
de Jean Trenchant, mathématicien français, conseiller
des officiers du roi, né au XVe siècle, ayant principalement vécu à Lyon. le premier emploi du mot milliard, écrit “miliars" pour noter 1000 millions. Dix centaines de millions ou mille millions forment un
billion. La monnoie du plus bas aloi, soit de cuivre
seul, soit de cuivre mélangé d'un peu d'argent, est une monnoie
de billon. Dans le département du Puy-de-Dôme est une petite ville qui se nomme
Billom, où atelier monétaire est attesté à l'époque mérovingienne, L'université de Billom est une université (studium) présente à Billom, en Auvergne, entre le XIIe et
la fin du XVe siècle. Ayant accueilli jusqu'à 2000 étudiants elle est une des
plus grandes universités d'époque médiévale au sein du royaume de France ; elle
se voit être la première université d'Auvergne, ancêtre des universités
clermontoises postérieures L’université de Billom ne comprit d’abord que les facultés des arts; elle délivrait le diplôme de maître ès arts, assez semblable à notre diplôme de bachelier ès lettres (Historique du Collège de Billom. Discours prononcé par M. l'abbé Beauregard, 1864 - books.google.fr). Fondé au VIIIe siècle, le chapitre Saint-Cerneuf de la ville devint le studium
épiscopal. Au XIIIe siècle, on transforma l'école en Université: elle suivit de
peu Paris, Toulouse, Montpellier, et compta jusque deux milles élèves dans son
enceinte. Quand Saint-Louis et Robert, son chapelain, fondent la Sorbonne,
Billom fournit en jeunes gens le nouveau collège. Un peu plus tôt, Guillaume
d'Auvergne, le chef des «réalistes», était évêque de Paris. Plus tard, quand
Loyola fonda la Compagnie de Jésus. Billom fut le premier collège jésuite en
France, fondé en 1558, juste après le Collegium Romanum. De l'école de Billom, on garde plusieurs souvenirs
dans le Quartier Latin. Le collège de Montaigu (bibliothèque Sainte-Geneviève)
fut fondé à la fin du XIIIe siècle par Aycelin de
Montaigu, cardinal, de la famille des viguiers de Billom, puissante dans les
Ordres militaires, et à Jérusalem. Juste à côté, Béraud IX de Mercoeur fait construire le collège de Navarre. Plus tard,
la Convention y dressa Polytechnique. Au
XVIe siècle encore, le collège de Clermont (lycée Louis-le-Grand), filiale
parisienne de Billom, fondée sur l'ancien palais de la Tour d'Auvergne, à la
porte Saint-Jacques. Ces maisons accueillaient les jeunes venus des montagnes On devrait chercher dans la prose de Chuquet des éléments linguistiques soit normanno-picard soit auvergnat pour trancher. Il faut remarquer que Nicolas Chuquet (comme les auteurs de langue d'oc) a remplacé par CION la terminaison latine TIO des noms substantifs. N'oublions pas que l'enseignement officiel des mathématiques était toujours fait en latin [voir Fulconis dans le quatrain VII, 19] (Adolphe Viani, Un ouvrage d'économie et de mathématiques en nissart: le "Compendion de l'abaquo" (1492) de Pellos, Bulletin philologique et historique (jusqu'à 1610) du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1986 - books.google.fr). À la fin du XVème siècle, il y a presque un siècle et demi que l'occitan n'est plus employé à l'écrit par les administrations civiles à Clermont et à Montferrand, plus d'un demi-siècle que toutes les institutions religieuses l'ont également abandonné. En 1477, la Passion d'Auvergne est représentée en français à Montferrand. Il est possible que la Passion d'Auvergne ait servi de pont entre les Passions dramatiques du domaine occitan et celles du Nord (Jean-Pierre Chambon, Émmanuel Grélois, De Albas Peiras à Beaupeyras (lieu-dit, Clermont-Ferrand): les transformations d'un microtoponyme entre ancien occitan et français moderne, Revue belge de philologie et d'histoire, tome 83, fasc. 3, 2005 - www.persee.fr). On classe aujourd'hui la langue des registres consulaires de Montferrand parmi les dialectes d'oc, mais il s'agit, bien entendu, d'un dialecte occitan très septentrional. Que nous apprennent ces archives sur les comportements linguistiques des Montferrandais au Moyen Âge ? Est-ce que, en l'occurrence, les Montferrandais agissaient comme s'il se trouvait dans la plaine bourbonnaise, à quelques kilomètres ville, une frontière linguistique quelque peu abrupte ? La ville de Montferrand fut fondée seulement dans la deuxième moitié du XIIe siècle. Sa charte de franchises, rédigée en langue vulgaire et non en latin, date de 1198. Située sur les terres du Comte d'Auvergne à trois kilomètres du siège épiscopal de Clermont, les raisons de la fondation de la ville sont claires : il s'agissait pour le comte de tenir en échec les ambitions de son grand rival territorial, l'évêque de Clermont. Cette rivalité a persisté tout au long du Moyen Âge, jusqu’à la fusion de Montferrand avec Clermont en 1630, sinon plus tard. C’est vraisemblablement la prise de position anti-épiscopale qui explique l’attachement des consuls de Montferrand à la langue vulgaire. Les archives municipales que ceux-ci nous ont laissées sont immenses, comportant des centaines de registres de comptabilité, des rôles de taille, les procès-verbaux des séances du consulat etc. Beaucoup d’autres villes de consulat ont conservé des archives en langue vulgaire. Mais aucune, à ma connaissance, ne remonte aussi haut que celles de Montferrand. Elles commencent en 1258 et ne s’arrêtent qu’au milieu du XVIIIe siècle. Le nombre de documents qu’on y trouve rédigés en latin est infime, mais nous savons par ailleurs que les consuls ont utilisé cette langue dans toute leur correspondance avec la cour du roi jusqu’à la Guerre de Cent Ans. Entre 1258 et 1387 la langue de l’administration consulaire est l’occitan. Voici la liste des documents rédigés en langue d’oc. [...] Au lendemain de l’annexion, le pouvoir capétien n’a visiblement pas découragé l’emploi de cette langue régionale comme langue administrative. C’est seulement vers la fin du siècle suivant, sous la pression de la Guerre de Cent Ans, que le Duc de Berri intervient pour pousser les consuls à passer au français. [...] Pour ce qui est de la langue de ces consuls montferrandais, ce qui frappe d’abord c’est le caractère local de leur écriture. On voit la parenté entre cette langue et celle des chartes toulousaines, mais la présence dans l’esprit de nos «secrétaires de mairie » d’une norme occitane suprarégionale fait complètement défaut. Il s’agit incontestablement de l’occitan, mais d’un occitan qu’un Francimand descendu de Bourges n’aurait pas eu trop de mal à comprendre. [...] Il n’est pas évident que les Montferrandais se rendaient plus souvent en pays d’oc qu’en pays d’oïl. Ils traversaient assez souvent les Monts du Forez pour se rendre à Lyon, et les ressemblances entre la langue des Montferrandais et celle des Foréziens ne sont pas négligeables. Les consuls montferrandais se rendaient souvent à Paris (une distance de 400 km, soit 10 jours de route), et des Parisiens arrivaient souvent à Montferrand. Jamais dans les archives il n’est question de traducteurs ou de problèmes de compréhension. Le passage de l’occitan au français à la fin du XIVe siècle ne suscite aucun commentaire métalinguistique (Anthony Lodge, Le clivage oc-oïl au Moyen Âge : fiction méthodologique. Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 117, n°2. 2005 - www.persee.fr). De nombreux traités de géométrie médiévale s'occupent de calcul du volume des tonneaux, mais ce n'est qu'au XVe siècle que Jean Fusoris et Nicolas Chuquet donnent explicitement les moyens de calculer ces graduations (Pierre Portet, Les mesures du vin en France aus XIIIe et XIVe siècles d'après les mémoriaux de la Chambre des comptes de Paris, Bibliothèque de l'École des chartes, 1990 - books.google.fr). Le jeu du tonneau Nos ancêtres se divertissaient en des amusements simples.
Le dimanche, après la semaine de labeur, ils se plaisaient Ă se rĂ©unir et Ă
jouer au tonneau, dans les jardins des cabarets de banlieue. On ouvrait, dans
une barrique hors d'usage, des trous du mĂŞme calibre que celui de la bonde, et,
en bras de chemise, en buvant quelque peu, on s'exerçait à envoyer dans les
ouvertures des palets, voire mĂŞme de la monnaie. Aujourd'hui, les joueurs sont
en face d'un meuble assez complexe, demandant une adresse plus grande. Ce
meuble a des trappes surmontées d'arceaux, un moulinet tournant sur un axe qui
s'oppose mécaniquement à l'entrée de tout palet qui ne tombe point à plat sur l'aile
visible. Et en arrière de ce moulinet grimace d'ordinaire une figure: tête de
crapaud, tête de lion, chimère quelconque ouvrant sa gueule vers le joueur. Un
système ingénieux fait descendre le palet entré par une ouverture jusqu'à un
rebord inférieur où se lit le nombre de points correspondant à chacune des
ouvertures. Des jeux de tonneau sont spécialement construits pour les enfants ;
mais, pour eux comme pour les grandes personnes, ce jeu reste un amusement de
jardin ou de campagne. Comme autrefois, les gens du peuple aiment le jeu de
tonneau ; tous les marchands de vin de la banlieue de Paris en mettent Ă la
disposition des consommateurs Une carte postale publiée dans les Souvenirs de la Celle Saint-Cloud montre deux
personnes en train de jouer au tonneau, jeu d'adresse oĂą l'on doit lancer des
palets dans un coffre percé Montferrand et les sciences : Blaise Pascal L'année 1646 est le moment où Blaise commence de
s'intĂ©resser au vide et Ă
l'Ă©quilibre des liqueurs. En octobre Pierre Petit, un ami de Mersenne, a
rapporté la nouvelle de l'expérience d'Italie chez les Pascal à Rouen. Voici le
schéma compliqué du déroulement des événements. En octobre 1646 la bataille sur
le vide dure depuis deux ans. Les expériences princeps de Torricelli datent de
44. Dans toute l'Europe les savants tentent de refaire l'expérience. Elle est
difficile à réaliser car le verre est de mauvaise qualité et il casse sous la pression
du mercure avant que l'on puisse conclure. En outre deux problèmes restent en
suspens : pourquoi le mercure subsiste-t-il dans le tube, la pression de l'air
est-elle cause du phénomène comme Torricelli le pense ? Qu'y a-t-il au-dessus du mercure, le vide ou non ? Pascal
procède à des 'expériences'. Le réseau de diffusion de Pascal via l''Académie
de Paris' est très efficace. Dès le premier semestre de l'année 1647, avant
toute publication, Pascal acquiert une grande renommée dans le monde savant
français pour les expériences en cours. À l'automne cependant une lettre de
Varsovie parvient à Mersenne, envoyée au mois d'août. La missive annonce que
là -bas, le Père Magni se prévaut d'avoir le premier
montré l'existence du vide et fait moult expériences. Roberval est chargé de
réfuter la priorité du père 'polonais' en évoquant Torricelli. Quant à Pascal,
il se hâte d'écrire et diffuse le texte des Expériences nouvelles touchant le
vide..., en assurant l'avenir par l'annonce d'un traité dont la première ligne
n'est pas écrite. Le texte est publié en octobre 1647. Immédiatement le P.
Noël, recteur du collège de Clermont à Paris, publie une lettre critique.
Réponse de Pascal le 29 octobre. Nouvelle lettre du P. Noël, qui par ailleurs
dénonce auprès du Prince de Conti, homme de la Compagnie, les expériences
touchant le vide. Pascal répond par le biais d'une lettre adressée à Le
Pailleur cependant qu'Etienne Pascal signe la seconde réponse au P. Noël, on
est en février-mars 48. Le vide est une affaire de famille. Les Pascal sont
désormais en guerre ouverte contre le monde jésuite. Mais Pascal et Descartes
se sont rencontrés les 23 et le 24 septembre 47, une fois sans témoins.
Descartes, grand adversaire du vide, a dit et Ă©crit qu'il avait suggĂ©rĂ© Ă
Pascal comment vérifier l'hypothèse de la pression de l'air : en expérimentant
si la hauteur de mercure variait avec l'altitude. Après l'entrevue de Descartes
et Pascal tout le monde Ă Paris, Mersenne, Huygens, Auzout et Gassendi parle de
faire une telle expĂ©rience (L'oeuvre... Rochot p.299). Le 13 dĂ©cembre 1647 Descartes demande Ă
Mersenne des nouvelles de l'expérience dans une lettre fort intéressante
(Descartes Oeuvres... III, p.754-6). Pascal date du
15 novembre 1647 la lettre où il demande à son beau-frère Florin Périer de
faire l'expérience en Auvergne. La diminution de la hauteur du mercure dans le
tube torricellien entre la ville de Clermont et le
sommet du Puy-de-Dôme est constatée le 19 septembre 1648. Le beau-frère de
Blaise lui en rend compte dans une lettre du 22 septembre 1648. Presqu'un an
pour faire l'expérience ; tous les historiens des sciences sont d'accord sur
ce point : Blaise a antidaté sa première lettre. Il publie les deux lettres et
son interprétation à Paris en octobre 1648. C'est le Récit sur la grande
expérience des liqueurs... La controverse avec les jésuites se poursuit. Cette
fois-ci c'est un jésuite du Collège de
Montferrand qui conteste à Pascal la priorité de son expérience. Blaise
répond par deux lettres en été 1651 adressées à Monsieur de Ribeyre.
Enfin il rédige vers la même époque deux traités sur l'Equilibre des liqueurs
et sur la Pesanteur de la masse de l'air qui seront édités après sa mort par
Florin Périer en 1663. Voilà l'historique de la controverse Blaise Pascal naît le 19 juin 1623. Son père devient
échevin de Clermont l'année suivante. Il en démissionne en 1625, alors que son
fils était tombé malade. Il sera soigné par un cataplasme posé par la
rebouteuse qui lui aurait jeté le sort. […] Au cours de l'année 1625, Étienne Pascal acheta, pour la
somme considérable de 31 600 livres, la charge de second président de la Cour des
Aides de Montferrand. Le notable, officier royal, devenait juge. La Cour des
Aides de Clermont comptait deux ou trois présidents, avec rang d'ordre, et une
vingtaine de conseillers. C'Ă©tait une cour souveraine, c'est-Ă -dire qu'elle
jugeait en dernier ressort. Ses arrêts ne pouvaient être réformés que par le
roi en son Conseil. […] Etienne Pascal est un des artisans de la fusion des
villes de Clermont et de Montferrand en 1630 Le tonneau de Pascal Le crève-tonneau de Pascal est une expérience
hydrostatique réalisée par Blaise Pascal en 1646. Dans cette expérience Pascal insère
un tube de 10 m de long dans un tonneau rempli d'eau2. Quand de l'eau est
ajoutée dans le tube, Pascal montre que l'augmentation de la pression fait
exploser le tonneau Vocabulaire
mathématique Le latin probus est, selon
Quicherat, une syncope de probatus, qui a le sens
d'éprouvé. Pour être déclaré brave par excellence, il faut donc avoir fait ses
preuves, s'être distingué par ses prouesses. Le nombre de ces braves est limité
à neuf et il n'y a généralement pas d'écart pour leur désignation. «Probus, gallis preux, miles animo valens.» (Du Cange). — «Preux, vieux mot qui signifiait
hardi et vaillant, strenuus, fortis.
Ménage dérive ce mot de probus, comme prouesse de probicia
qu'on a dit pour probitas» (Dict. de Trévoux) On a dit de la théorie des probabilités qu'elle est la
science du hasard... En débattant le plus sérieusement du monde de ce qu'on
désignerait plus tard sous le nom de martingale, Blaise Pascal et Pierre de
Fermat en ont élaboré les germes dès le XVIIe siècle. Les jeux de hasard sont
ainsi devenus un objet de science. Pour Alain Rey, linguiste qui a dirigé l'élaboration du Dictionnaire historique de la langue française,
l'histoire du mot probable révèle son enracinement dans le subjectif à travers
l'évocation de concepts fondamentaux tels que la crédibilité (et ses nuances :
de la croyance admissible - conjectures - à la croyance possible), la probité (être
probe), le jugement éthique (approuver), le jugement de vérité ainsi que les
procédures de vérification permettant de parvenir à un tel jugement (prouver),
l'épreuve (éprouver), le probable et la probabilité. C'est en fait l'étude du
mot latin probus qui permet de mettre au jour
l'ensemble des concepts dĂ©rivĂ©s Ă©voquĂ©s ci-dessus. Dans le mot probus, le prĂ©fixe pro marque Ă
la fois, un dynamisme et une action positive qui se développe dans l’espace et
le temps. Par exemple, dans le domaine agricole, probus
ager désigne un champ où les graines germent puis
poussent bien : ce qui est probus répond à l’attente
et est de qualité. Appliqué aux
relations humaines, le mot exprime la bonté, la droiture, l’honnêteté
(probité), la réponse positive à l’attente. On trouve ensuite des mots comme probatio (la preuve) ; probare
(puis approbare, reprobare)
qui signifie à la fois « prouver » et « approuver » ; probabilis
qui va donner probable et probabilisme avec ses différents sens : le sens
des Jésuites est voisin de celui de la philosophie et de la théologie
scolastiques (probable désigne ici la qualité que procure à un jugement une ou
plusieurs autorités reconnues : le fait d'être probable signifie être
approuvable parce qu'approuvé par une autorité indiscutable), puis, au XVIIIe
siècle, avec Jakob Bernoulli, son sens mathématique (probabilisme quantitatif
avec la prise en considération du nombre de cas favorables à la réalisation
d'un événement et calcul de la valeur de l'espérance dans une situation
d'incertitude) Le mot « problème
» vient du grec ancien (pro-blêma) signifiant
littéralement : ce qui est jeté ou lancé
devant moi. D'où l'expression courante : être confronté à un problème On peut voir un jeu de mot avec deux sens anciens du mot assommer
dont l'un mathématique : Assommer briser,
escarboĂĽiller la teste, Macto, aui, atum, are. Caput grauiore ictu elidere. Caput comminuere.
Assommer vn bœuf, Mactare
bouem, Caput boui elidere, comminuere. Assommer, assoupir, Engourdir, Sopio, consopio, piui, tum, pire, stupefacio,
feci, factum, facere. Le
trop manger & boire, l'assomme Ă la table mesme,
Immodicus cibus, & potus eum, vel
ipsa in mensa, sopiunt, consopiunt, stupefaciunt, stupore obruunt. Assommer, sommer,
faire une somme de plusieurs pieces,
Summam cogere, colligere, conficere, conflare, facere multis ex partibus En 1556, Tartaglia publie une méthode de calcul des coefficients
binomiaux et une table du triangle arithmétique dans son ouvrage General trattato
di numeri et misure. En
1636, le père Marin Mersenne insère dans son Harmonicorum Libri
XII, une table du triangle arithmétique. [...] À la fin du XVIIe siècle ce triangle arithmétique fut
le point de départ de trois branches des mathématiques : recherches sur les
séries infinies, calcul des différences finies et théorie des probabilités. On
a sans doute associé le nom de Pascal au triangle arithmétique parce que ce
triangle fut appelé par Montmort en 1708, dans son ouvrage Essai d'analyse des
jeux de hasards, « la table combinatoire de M. Pascal » et par de Moivre, en
latin, en 1730, Triangle arithmétique de Pascal, comme on peut le voir sur la
figure de la page 181 du traité de De Moivre : Triangulum
Arithmeticum PASCALIANUM Typologie Le problème des 21 tonneaux posent la question du partage égalitaire. |