La Ligue du Nord

 

VII, 15

 

2010

 

Devant cité de l'Insubre contree

Sept ans sera le siege devant mis :

Un très grand Roi y fera son entrée,

Cité plus libre hors de ses ennemis.

 

Milan, un siège de sept ans

 

Selon le chroniqueur Guillaume de Nangis, Frédéric Barberousse tint sept ans le siège de Milan.

 

1157. Frédéric, empereur des Romains, assiégeant avec une armée innombrable les villes et les châteaux d'Italie, en prit un grand nombre, mais il demeura près de sept ans au siège de Milan. Engebaud, archevêque de Tours, étant mort, Josse, Breton, lui succéda. Marguerite, fille du roi de France Louis et de la reine Constance, fut fiancée à Henri, fils aîné de Henri, roi d'Angleterre, et la paix fut conclue entre eux.

 

1162. Baudouin, roi de Jérusalem, étant mort sans héritiers, son frère Amaury lui succéda. Il y eut une grande famine par tout le royaume de France. Les Milanais, assiégés depuis sept ans par Frédéric, empereur des Romains, étant tourmentés de la disette, et voyant que les autres villes d'Italie avaient renoncé à la révolte, se rendirent à l'Empereur, qui détruisit les murs de la ville, renversa les tours, et dispersa les habitans dans les environs. Cela fait, Renaud, archevêque de Cologne, transporta de Milan en cette ville les corps des trois rois Mages qui avaient adoré le Seigneur Jésus-Christ dans Bethléem. Ces corps avaient été autrefois apportés de Constantinople à Milan. Le pape Alexandre vint en France, et fut reçu par les rois de France et d'Angleterre. Saint Thomas devint archevêque de Cantorbéry en Angleterre (Chronique de Guillaume de Nangis, traduit par François Guizot, 1825 - www.google.fr/books/edition, Satyre Ménippée, de la vertu du Catholicon d'Espagne, et de la tenue des Etats de Paris, 1752 - www.google.fr/books/edition).

 

L'histoire semble plus compliquée (Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du Moyen Âge, Tome 2, 1807 - www.google.fr/books/edition).

 

Le récit légendaire de la translation des reliques des mages de Milan à Cologne en 1164 par l'évêque Rainald von Dassel, fut élaborée par l'évêque lui-même et ne s'imposa que progressivement avant que l'empereur Otton IV s'en empare (Philippe Cordez, La châsse des rois mages à Cologne, Le trésor au Moyen Âge: discours, pratiques et objets, 2010 - www.google.fr/books/edition).

 

Frédéric Ier de Hohenstaufen est un empereur du Saint-Empire romain germanique de 1155 à sa mort. Il est surnommé Frédéric Barberousse en raison de son éblouissante barbe rousse (en allemand : Friedrich Barbarossa, en latin : Fridericus Ænobarbus).

 

Il est né en 1122 et mort le 10 juin 1190. Proclamé empereur en 1155, il possède également les titres de roi de Germanie, roi d'Italie, roi de Bourgogne et comte palatin de Bourgogne, après avoir été un temps duc de Souabe et d'Alsace (fr.wikipedia.org - Frédéric Barberousse).

 

Typologie

 

Le report de 2010 sur la date pivot 1162 donne 314.

 

Débarrassée, en 312, de Maxence, dont l'intolérable tyrannie n'exaspérait pas l'Afrique seulement, mais tout l'empire, la Numidie eût pu jouir pendant un demi-siècle au moins de la tranquillité qui lui était tant nécessaire, si dans le sein même de l'Eglise ne s'était pas formé tout à coup un parti formidable d'intransigeants à la tête desquels s'était placé l'évêque Donat, des Cases Noires. Condamné par le concile de Rome en 313, par celui d'Arles en 314, et par un jugement rendu à Milan en 315 par Constantin-le-Grand lui-même, confirmant l'arrêt porté contre eux par ces deux assemblées, ce parti, loin de s'apaiser, de se soumettre, ne fit que prendre au contraite d'autant plus d'intensité, de puissance et d'extension que, formé d'exaltés prêchant l'égalité sur la terre, au nom du christianisme qu'ils dénaturaient en l'exagérant, il ne tarda pas à sé grossir d'esclaves fugitifs, de colons et petits propriétaires ruinés par le fisc, de tous ceux qui, appartenant à la classe opprimée et souffrante, voulaient une réorganisation sociale et tentaient d'établir en ce monde ce que beaucoup d'entre eux, sous le fouet du maître et au milieu des plus rudes travaux, avaient appelé si souvent le règne d'une parfaite égalité. Il va sans dire qu'à ces bandes d'illuminés, dont les uns avaient bien le droit de se plaindre, il est vrai, des exactions commises par les agents du fisc, et les autres des mauvais traitements que leur infligeaient des maitres injustes et inhumains, s'était bientôt joint toute la lie du peuple et une multitude de voleurs ne reculant devant aucun forfait (A. Papier, Notice sur les fouilles du jardin de M. Chevillot à Bône, Bulletin, Numéros 28 à 29, Académie d'Hippone, Bone, Algeria, 1896 - www.google.fr/books/edition).

 

Perspectives

 

Dans le cas de la Ligue du Nord, le mythe fondateur de la Padanie qui cohabite avec le celtisme est en réalité celui de la Ligue lombarde, qui, aux XIIe et XIIIe siècles, combattit victorieusement l'empereur. La bataille de Legnano (1176), le serment de Pontida, le Carroccio sont les symboles de la nouvelle nation. En octobre 2009, est paru au cinéma le film Barbarossa, une fresque de l'aspiration à l'indépendance du «peuple padanien» du XIIe siècle. Le phénomène du médiévalisme de la Ligue du Nord tire ses origines d'une doctrine politique qui, formulée par Gianfranco Miglio, préconise la fin de l'État moderne et prévoit la nécessité de repenser les structures dans un sens fédéraliste, en prenant de nouveau en compte la validité des systèmes politiques antérieurs, en particulier ceux propres aux institutions corporatives et territoriales – cités franches, fédérations – autour desquelles s'articulait la société du bas Moyen Âge.

 

La Ligue du Nord (dont le cœur, avant de se transformer en une fédération de mouvements dans les années 1980, était un parti précisément appelé Ligue lombarde) utilise les stéréotypes médiévaux forgés au XIXe siècle pour mener sa propre bataille politique (Tommaso Di Carpegna Falconieri, Médiéval et militant: penser le contemporain à travers le Moyen Âge, traduit par Michèle Grévin, 2015 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Ligue du Nord).

 

Les mouvements et partis associés à l’extrême droite en Europe expriment des positions anti-égalitaristes (Frédérick Nadeau, Denise Helly, Une extrême droite en émergence ? Les pages Facebook pour la charte des valeurs québécoises, 2016 - www.erudit.org).

 

Ils remettent en cause des compromis sociopolitiques de l'Europe d'après-guerre, incarnés par l'État providence et par la philosophie égalitaire et universaliste qui le sous-tend. Ils exacerbent le clivage entre secteurs public et privé, opposant les travailleurs vertueux du secteur privé, aux fonctionnaires et au monde de la culture vivant de subventions, ainsi que l'antagonisme géographique entre région du Nord et Mezzogiorno en Italie.