Politique extérieure de Louis XVI

Politique extérieure de Louis XVI

 

IV, 4

 

1781

 

L'impotent prince faché plainctz & quereles

De rapts & pilles par coqs & par libyques :

Grand est par terre, par mer infinies voiles :

Seule Italie sera chassant Celtiques.

 

Cf. quatrain III, 91 où est évoqué la stérilité du mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette de 1770 à 1778.

 

Celtiques

 

L'hôpital celtique, appelé Martinetto, situé à un mille à l'Ouest de Turin, sur la rive droite de la Dora, est destiné au traitement des femmes publiques, atteintes de maladies vénériennes (Louis Valentin, Voyage en Italie fait en l'annee 1820. 2. ed. corr. et augm. de nouvelles observations faites dans un 2. voyage en 1824, 1826 - books.google.fr).

 

En Italie, on désigne sous le nom de maladies celtiques l'ensemble des maladies vénériennes (Annales des maladies vénériennes, Volume 11, 1916 - books.google.fr, (Il mercurio sperimentato nella cura della lue venerea opera pratica del dott. G. R. med. fis. nella quale si spiegano in sintomi che caratterizzano ogni malattia particolare, 1776 - books.google.fr).

 

Le Docteur Charles-Maurice Gamba a soutenu, Ă  Turin, au mois d'AoĂ»t 1783, une Thèse publique, concernant la guĂ©rison de la syphillis ou maladie vĂ©nĂ©rienne. Nous en extrairons ce passage : "Il nous est parvenu depuis peu de l'AmĂ©rique un nouveau remède contre le mal vĂ©nĂ©rien & le chancre, remède dont les Indiens se servent avec beaucoup de succes contre ces deux maladies. Les EuropĂ©ens qui demeurent dans l'Inde en ont fait, dit-on, des expĂ©riences, dont le rĂ©sultat a Ă©tĂ© heureux. On prend un lĂ©zard verd, parfaitement ressemblant, quant Ă  la descripcion qu'on en fait & aux taches qu'ils ont, Ă  nos lĂ©zards veds. On en coupe la tĂŞte & la queue; on en Ă´te la peau & les intestins ; on broie la chair qui reste, & on la fait man ger crue & toute chaude. On mange chaque jour l'espace d'environ dix jours on est parfaitement guĂ©ri. L'expĂ©rience apprendra si ce remède est efficace ; ce qui seroit extrĂŞmement Ă  d Ă©sirer. L'expĂ©rience a prouvĂ© que divers MĂ©decins ont obtenu des guĂ©risons en employant ce remède. On remarque que c'est un grand balsamique confortatif ; & les malades disent unanimement qu'il remet & reconforte le coeur; que cette chair a bon goĂ»t, comme pourroit avoir des cailles (Affiches, annonces et avis divers ou Journal gĂ©nĂ©ral de France, NumĂ©ro 58, 1784, - books.google.fr).

 

"Coqz et libyques"

Cyrénaïque ancienne : dès les temps les plus reculés, le Dieu Esculape, auquel le Coq est consacré, était l'objet d'une vénération toute particulière dans ces régions. Aussi une monnaie cyrénéenne, datée d'entre 640 et 450. avant l'ère chrétienne et faisant partie du Musée de La Haye, porte-t-elle l'empreinte d'un Coq (M. Marschall, Notice sur l'histoire des gallinacés par L.H. Jeitteles, Bulletin, Société philomathique de Paris, 1878 - books.google.fr).

 

Cette monnaie présente un coq, encadré d'un grènetis carré dans un champ creux; dans l'angle inférieur à dr., un ornement (une fleur). Le coq, qu'on ne trouve sur aucune autre monnaie de la Cyrénaïque, est le symbole connu d'Esculape ; ce dieu était dès les premiers temps révéré chez les Cyrénéens (Falbe, Numismatique de l'ancienne Afrique, Tome 4, 1874 - books.google.fr).

 

Les Carthaginois avaient élevé au Dieu de la santé, à Esculape, un magnifique temple au milieu de leur ville et sur le sommet de la montagne où était placée leur citadelle, connue sous le nom de Byrsa et de Cadmeia. Il n'est pas étonnant que le fameux Cadmus des Phéniciens, le fils de Syduc, Esculape célébré dans la cosmogonie de Sanchoniathon, comme frère des Dieux cabires, eût des temples chez un peuple qui était une colonie de Phéniciens, et qui allait tous les ans à Tyr honorer Hercule, nom que porte également le serpentaire. Le culte de ce Dieu était établi dans la Cyrénaïque, le long de la côte de Libye, où l'on trouve aussi la ville d'Arsinoë. Le faux Hermès suppose qu'Esculape, inventeur de la médecine, avait aussi un temple sur le mont de Libye, près le rivage des Crocodiles. Il en avait un à Alexandrie, dans lequel on nourrissait un serpent, qui lui était consacré. La ville de Memphis était surtout fameuse par le culte d'Esculape, qui l'honorait d'une manière toute particulière de sa présence. La plus ancienne chronologie des rois de Memphis compte Esculape pour un de ses rois. Il est désigné sous le nom de Tosothrus (Charles François Dupuis, Origine de tous les cultes, ou, Religion universelle, Tome 4, 1835 - books.google.fr).

 

Toujours dans le quatrain III, 91, apparaît l'auteur Sanchoniathon dont les écrits mentionnés par des auteurs plus tardifs parlent de Kronos et de la circoncision.

 

Tripoli

 

L’étude des captifs chrétiens dans la Régence de Tripoli de la fin du XVIIe jusqu’à la fin du xviiie siècle doit s’inscrire dans le cadre plus global de la recherche sur l’histoire de l’esclavage en Méditerranée. On parle à ce propos de «captif» ou encore d’«esclave», puisque dans nos sources nous sommes confrontés à des hommes, des femmes et parfois même des enfants qu’on libère de leur « esclavage », mais aussi – et le terme apparaît assez souvent pour la fin du XVIIIe siècle – de leur «captivité». Retenons donc le terme de «captif» car les individus dont nous traitons sont des «esclaves provisoires» ; ce sont aussi les seuls que l’on peut compter. Ces chrétiens délivrés de leur servitude apparaissent dans les contrats de rachat recopiés dans lesregistres de la chancellerie des consulats français dans les régences. Evidemment un captif ignore s’il sera un jour délivré de sa servitude puisque les délais sont extrêmement variables. Certains sont rachetés après quelques mois de captivité, d’autres après plusieurs années et certains jamais.

 

Très vite, et la distance aidant, les Régences de Tunis, d’Alger et de Tripoli se détachent de la tutelle politique de la Porte. Cette prise de distance se traduit très concrètement par l’établissement à Tripoli dès 1711 d’une dynastie régnante, les Qaramânlis6. Tripoli rompt donc avec l’instabilité politique en portant au pouvoir un homme fort : Ahmad Qaramânli, qui ne fut reconnu par la Porte qu’en 1722. Dans ce contexte de reprise en main de la ville, on peut s’interroger sur le sort des captifs, mais aussi sur leurs conditions de détention et de libération. L’étude du groupe de captifs dont nous avons retrouvé la trace nous permet de comprendre les mécanismes du rachat mais aussi de déterminer l’identité des libérateurs et les raisons qui les poussèrent à sortir des fers ces chrétiens. Sans chercher à apporter de réponse définitive, nous avons voulu donner des pistes de réflexion en présentant tout d’abord notre principale source, le contrat de rachat.

 

Les razzias terrestres et maritimes sont les sources d’approvisionnement en captifs et esclaves pour les régences ottomanes.

 

En 1673, 700 Français écrivirent à Louis XIV pour lui demander de leur venir en aide. Louis XIV, qui accusa réception de la lettre, leur fit savoir qu’il s’occuperait de leur cas une fois ses guerres avec l’Espagne et la Hollande terminées.

 

En un peu moins d’un siècle, de 1693 à 1783, ce sont près de 318 contrats qui sont rédigés dans la chancellerie de Tripoli7, et presque autant de chrétiens libérés. Dans le bâtiment de la chancellerie, se réunissent le chancelier, qui consigne l’acte dans son registre, deux témoins, généralement des marchands français, qui apposent leur signature en bas du contrat, et le captif, avec le drogman si nécessaire pour la traduction.

 

Le chancelier donnait une copie du contrat au captif : cet acte officialisait le rachat. Dès les années 1750 on a remplacé le terme de «rachat» par celui de «rançon» : dès lors, on établit systématiquement la liste des frais engagés. Ces frais dépendaient de la situation du captif et de sa nationalité Amna Abidi, Le processus de rachat des captifs dans la Régence de Tripoli de Barbarie au XVIIIe siècle, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 116-3, 2009 https://journals.openedition.org/abpo/508

 

Sous les Karamanli, la flotte corsaire de Tripoli continua sa maraude et elle multiplia les prises. En 1728, la France rĂ©agit vigoureusement en envoyant une escadre de 14 navires placĂ©e sous les ordres de l'amiral de Grand PrĂ©. Trois navires français furent rendus mais, comme Ahmed Karamanli refusait de verser une indemnitĂ©, Tripoli fut soumise Ă  un violent bombardement. Cependant, dès le dĂ©part de la flotte française, les corsaires reprirent leur activitĂ© ; aussi, le 28 novembre 1728, Duguay-Trouin, lieutenant gĂ©nĂ©ral du Royaume proposa-t-il une mesure radicale :

 

...faire passer à Tripoly douze mille hommes de troupes. Il est certain qu'en prenant cette ville, la réduisant en cendres, démolissant de fond en comble les remparts et toutes les fortifications, et faisant le dégast dans la campagne, nous donnerions une terreur générale à tous les pirates d'Afrique.

 

L'annĂ©e suivante, le 3 juin 1729, une escadre française commandĂ©e par le capitaine de vaisseau de Gouyon se prĂ©senta devant Tripoli et le pacha traita. Ă€ partir de cette date, il n'y eut plus de guerre avec la France, mĂŞme si, chaque annĂ©e, des flottes françaises croisèrent devant Tripoli pour y assurer une prĂ©sence. Puis, la RĂ©gence s'ouvrit au commerce international. Cependant, comme l'Ă©crivait en 1750 le consul anglais Robert White :

La cupidité est le principal mobile de cet État [la Libye], comme tous ceux de ce rivage. Ceux qui donnent le plus sont considérés comme leurs meilleurs amis. Et la nation qui saura le mieux adapter ses présents aux besoins du moment y trouvera toujours le plus grand intérêt et avantage.

 

À la fin du XVIIIe siècle, le climat politique de la Régence de Tripoli tourna à l'anarchie car plusieurs tribus arabes rejetèrent l'autorité des Karamanli (Bernard Lugan, Histoire de la Libye : Des origines à nos jours, 2022 - books.google.fr).

 

Les Karamanli ou Qaramanli sont une dynastie d'origine turque de l'Empire ottoman ayant régné sur la régence de Tripoli en tant que pachas entre 1711 et 1835 (fr.wikipedia.org - Dynastie karamanli).

 

C'est en 1711 que Ahmad Qaramanli, élu gouverneur de Tripoli par le divan, c'est-à-dire l'assemblée des notables, s'était déclaré indépendant de Constantinople, fondant une dynastie qui durera jusqu'en 1835. En 1719, il avait annexé la Cyrénaïque, soustrayant ainsi à l'autorité du calife tout le territoire compris entre la Tunisie et l'Egypte. Les liens avec Constantinople n'étaient pourtant pas rompus. Tripoli demeurait, nominalement, partie de l'empire, et chaque fois qu'un nouveau souverain succédait à son père, il recevait l'investiture du calife (Al Ansâri, ouvrage cité, p. 285 à 287). Par la suite le Femân, relais du trafic caravanier avec le Bornou, Kano et le Wadday, tomba également sous l'autorité du pacha de Tripoli. Peu après son avènement, Ali Qaramanli (1754-1793) soumit le souverain de ce pays, désormais obligé à payer à la régence un tribut annuel de six à sept cents esclaves. (D'André, Mémoire sur le commerce de Tripoli, 10 août 1782, AEB' 1108) (Gens du roc et du sable, Les Toubou, 2020 - books.google.fr).

 

François-Alexandre d'André est consul général de Tripoli de Barbarie de 1779 à 1787 (Alain Blondy, Jean Bérenger, Documents consulaires: Volumes XVI à XXV, Tome 3, 2014 - books.google.fr, (Anne Mézin, Les consuls de France au siècle des lumières (1715-1792), 1998 - books.google.fr).

 

C'est en Égypte, à laquelle Jean Baptiste Michel Guyot de Kercy entonne un hymne, que la France cherchera à s'établir, grâce à la dissolution de l'empire ottoman. Singulière logique ! Mais il y en aura des exemples jusqu'à la fin de 1829. Elle est plus excusable en 1782, où de nombreux agents français pressaient le gouvernement de s'assurer la possession de l'Égypte. En Algérie, nous nous bornerions à affranchir «les Maures» du joug des Turcs. La politique de Kercy ne fut pas adoptée par les ministres de Louis XVI, qui restèrent fidèles à la leur. Peu de temps avant, le consul de France à Tripoli de Barbarie les avait incités à mettre la main sur la rade et l'ile de Bomba, à l'extrémité est de la Cyrénaïque, entre Derna et la frontière égyptienne. Le bruit courait que les les Russes avaient fait reconnaitre ce lieu, poste avancé sur la route d'Égypte. Mais la crainte d'être devancé à Bomba par les vaisseaux de Catherine II fut sans effet sur le gouvernement du roi (F. Charles-Roux, France et Afrique du Nord avant 1830, Revue historique, Volume 169, 1967 - books.google.fr).

 

Richelieu poursuit les Barbaresques avec vigueur. Excité par les remontrances du parlement d'Aix, il envoie des escadres sur les côtes d'Afrique, fait nettoyer la mer, et donne les ordres les plus précis pour la destruction des pirates. Mazarin continue l'oeuvre de Richelieu. Il songe même un moment à la conquête du nord de l'Afrique, et Duquesne propose à Louis XIV de faire creuser le port de Djidjel. Une expédition brillante, commandée par le duc de Beaufort, s'empare de cette petite ville qu'on est bientôt forcé d'abandonner (1663). En 1682, Duquesne bombarde Alger; il brûle encore Alger l'année suivante ? La paix est faite en 1684, et un ambassadeur vient à Paris demander pardon à Louis XIV de l'insulte commise envers son pavillon. Cependant dès 1688 le pavillon français est de nouveau insulté; des navires nationaux sont pris, et le maréchal d'Estrées jette dix mille bombes dans Alger. Il fallut traiter de la même façon Tunis et Tripoli. Les Barbaresques se tinrent assez tranquilles vers la fin du règne de Louis XIV. Néanmoins, plusieurs vaisseaux de notre commerce furent encore pillés, et la navigation ne fut jamais complétement rassurée. On les coulait bas, on incendiait leurs villes, on exigeait d'eux la restitution des esclaves, et on leur imposait d'énormes indemnités. Quelques moments après, ils recommençaient. Ils agirent ainsi plus ou moins sous Louis XV, sous Louis XVI, sous la République. Intimidés un instant par Napoléon, ils reprirent leurs courses dans les derniers jours de l'Empire, et ne disparurent qu'avec la prise d'Alger (P. Mauroy, Du commerce des peuples de l'Afrique septentrionale dans l'antiquité, le moyen-âge et les temps modernes comparé au commerce des Arabes de nos jours, 1845 - books.google.fr).

 

Toutefois les abus reprirent bientôt le dessus, et en 1766, une escadre, commandée par le prince de Listenois, se présenta à Tripoli pour exiger le redressement de quelques griefs. Sous Louis XVI, à une époque où la guerre d’Amérique nous relevait de notre affaissement de la paix de 1763, les Tripolitains ayant capturé dans les eaux de la Provence un bâtiment génois, une réparation fut énergiquement exigée. On signa en 1774 à cette occasion cinq nouvelles additions au traité de 1729. Nos rapports avec la régence de Tripoli continuèrent ainsi jusqu’à la période révolutionnaire (E. Pellissier de Reynaud, La Régence de Tripoli. Les Révolutions et les deys de Tripoli, les pachas Turcs et les beys arabes, Revue des Deux Mondes, 2e série de la nouv. période, tome 12, 1855 - fr.wikisource.org).

 

"voilles"

 

Cf. encore le quatrain III, 91 "fera voile bondir".

 

On connaît l'intérêt de Louis XVI pour les découvertes maritimes et son attention envers Lapeyrouse. Mais aussi la guerre d'Indépendance américaine sera l'occasion de batailles navales et de voyages à travers les océans.

 

John Paul Jones, né à Arbigland près de Kirkbean (Écosse) le 6 juillet 1747 et mort à Paris le 18 juillet 1792, est un officier de marine écossais. Engagé dans la marine américaine, il est l'un des héros sur mer de la guerre d'indépendance des États-Unis. Bien qu'il se soit fait des ennemis au sein de l'élite politique américaine, son action pendant la révolution lui vaut une réputation qui dépasse les frontières de la jeune nation et qui persiste aujourd'hui. Il sert par la suite dans la Marine impériale russe (fr.wikipedia.org - John Paul Jones (marin)).

 

En 1780, à la suite des excès des corsaires barbaresques dans la Méditerranée, excès qui amenèrent plus tard les Américains à bombarder Tripoli en 1801, il fit ses offres de services à Louis XVI pour une expédition sur les côtes d'Algérie ; il prophétise merveilleusement l'avenir de la France dans l'Afrique du Nord (Revue des cours et conférences, Volume 22, Numéro 1, 1914 - books.google.fr).

 

L'Histoire de Tom Jones, enfant trouvé (The History of Tom Jones, a Foundling en anglais), abrégé en Tom Jones, est un roman de Henry Fielding, publié par l'éditeur londonien Andrew Millar en 1749. Commencé en 1746 et terminé en 1748, c'est un livre ambitieux qui doit en partie son inspiration à la vie de son auteur, ne serait-ce que par le portrait de l'héroïne censé être à l'image de sa première épouse Charlotte Craddock, décédée en 1744. Très critiqué à sa parution, il devient vite un immense succès populaire qui ne s'est jamais démenti et il est souvent cité parmi les dix plus grands romans de la littérature universelle (fr.wikipedia.org - Histoire de Tom Jones, enfant trouvé).

 

Acrostiche : LGDS

 

Swift ne fut pas le premier à introduire des fragments de langues inventées dans un récit de voyage imaginaire. Travels into Several Remote Nations of the World. By Lemuel Gulliver (1726) s'inscrit dans la lignée d'Utopia (1516) de More ainsi que de Gargantua (1534), du Tiers Livre (1546) et du Quart Livre (1552) de Rabelais, qui influença la langue lunaire du Consolidator; or, Memoirs of Sundry Transactions from the World in the Moon (1705) de Defoe, puis celle des Ptfghsiumgski ("Inconstants"), créée par Fielding dans "The Voyages of Mr. Job Vinegar" (1740), qui offre une image prétendument inversée de la société anglaise, où la corruption constitue la vertu des autochtones. Le recours au récit de voyage imaginaire est une arme bien connue de la satire indirecte et l'invention de langues permet un commentaire satirique des imperfections de celles d'une époque.

 

La langue des Inconstants, elle, offre moins de difficultés de compréhension, une moindre richesse aussi. Formés principalement de consonnes, imprimés en majuscules (à la façon du vocable "GLUBBDUBDRIB" [3.7.186] qui s'impose à l'œil plus par la succession de ses lettres massives que par leur taille et évoque sans doute quelque formule magique en accord avec la signification proposée ["the Island of Sorcerers or Magicians"]), les mots ne pouvent échapper à la lecture qu'ils gênent, voire entravent parfois, et sont souvent imprononçables, comme le fait remarquer Job Vinegar (n°116, 18). D'apparence ésotérique, "MTPHYSCNS" ou "TKNG A MN BY THE NSE" sont simples à décoder. Le lecteur rétablit sans peine les voyelles élidées, par exemple dans "DSSNTNG," "DRNKNG," "GD BRDNG," "MNEY" ou "MRCHNTS," et restitue aux mots leur intégrité et la signification dont, à première vue, ils sont dénués.102 L'obscurité de cette langue est toute relative, d'autant que, dans son édition, Sackett inclut un glossaire des cent dix-neuf mots et expressions (38-39), créés sans grand effort d'imagination par Fielding (qui concrétise ici quelques projets du XVIIe siècle); pour cinq d'entre eux, aucune reconstitution n'est avancée et sept termes du texte n'y sont pas repris ( "PDDNG" [Pudding] (n°106, 9), "RCDFTN," "Dr. CDFGK," "Dr. DENSN" et "LAZY LDGS" (n°119, 21), "HOGGUS" (n°120, 26) et "PARSONOLBOTHON" (n°131, 33)) (Guyonne Leduc, Langues inventées et langue anglaise dans Gulliver's Travels de Swift et dans "The Voyages of Mr. Job Vinegar" de Fielding. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°53, 2001 - www.persee.fr).

 

Among the extracts of the Voyages of Mr. Job Vinegar, there is one that evidently brands Walpole's greed and rapacity. It is the description of the country of "the Ptfghsiumgski or the In-constants" from which we learn that the chief deity is and that about three hundred priests, with Hum Clum, their high-priest, as their leader, keep -Mney" entirely to themselves and have decided that nobody shall have any "Mney- but those who please Hum Clum (Ronald Paulson, Thomas Lockwood, Henry Fielding Critic and Satirist, 1969 - books.google.fr).

 

Le dĂ©ficit augmentant d'annĂ©e en annĂ©e, Calonne ne marcha qu'en empruntant toujours, et finit par engager l'Etat dans un surcroĂ®t de dettes de huit cents millions. Toutes ces opĂ©rations d'argent qui remplirent son ministère donnèrent le branle Ă  la spĂ©culation, et firent naĂ®tre un agiotage effrĂ©nĂ©. Le règne de Louis XVI, sous ce ministre, offre plus d'un trait de parentĂ© avec la rĂ©gence. A quel excès ne dut pas ĂŞtre poussĂ© cet agiotage, puisque Calonne en fut alarmĂ©, et qu'un arrĂŞt du conseil, du 22 janvier 1785, dĂ©clara nuls les marchĂ©s Ă  primes : «Sur ce qu'il a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© au roi... qu'il s'Ă©tait fait, sur les dividendes de «« la caisse d'escompte, un trafic tellement dĂ©sordonnĂ©, qu'il s'en Ă©tait vendu quatre fois plus qu'il n'en existe rĂ©ellement... Que de pareils actes enfantĂ©s par un vil excès de cupiditĂ© ont le ca« ractère de ces jeux infidèles que la sagesse des lois du royaume (a proscrits; qu'ils tiennent Ă  un esprit d'agiotage qui, depuis quelque temps, s'introduit et fait des progrès aussi nuisibles Ă  l'intĂ©rĂŞt du commerce et aux spĂ©culations honnĂŞtes, qu'au a maintien de l'ordre public; que c'est ainsi qu'Ă  l'occasion du dernier emprunt, on a vu nĂ©gocier jusqu'Ă  l'espĂ©rance d'y ĂŞtre admis.» Anc. lois franç. : règne de Louis XVI. T. VI, p. 7. M. Droz rapporte encore que l'agiotage alla jusqu'Ă  s'exercer sur des bons qui portaient la promesse de faire obtenir des places de finances. Hist. de Louis XVI. T. I, p. 456. En effet, on y voit se rĂ©pĂ©ter, de point en point, jusqu'aux singularitĂ©s les plus caractĂ©ristiques de 1783 Ă  1787 l'Ă©poque de Law; ce temps ouvrait aux imaginations tant de perspective vers l'inconnu, que la richesse avait ses chimères et ses superstitions, de mĂŞme que la science, de mĂŞme que la politique (Jean Charles L. Simonde de Sismondi, AmĂ©dĂ©e RenĂ©e, Histoire des Français, 1844 - books.google.fr).

 

Dans un écrit de jeunesse, Maximes morales et politiques tirées de Télémaque sur la science des rois et le bonheur des peuples, le jeune futur Lousi XVI écrit :

 

Les Français, enfin, sont naturellement légers et inconstants. Ils se passionnent pour les nouveautés, ils mettent de la mode dans tout et ils la suivent aveuglément même dans les choses les plus essentielles et les plus sérieuses, comme dans les plus frivoles et les plus indifférentes (Bernard Faÿ, Louis XVI, Ou La fin d'un monde, 1981 - books.google.fr).

 

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