Révolutions manquées en Italie et l’insurrection grecque

Révolutions manquées en Italie et l’insurrection grecque

 

IV, 58

 

1820-1821

 

Soleil ardent dans le gosier coller,

De sang humain arrouser terre Etrusque:

Chef seille d'eau, mener son fils filer,

Captiue dame conduicte en terre Turque.

 

"seille" : sceau et Modène

 

Le Seau enlevé (La secchia rapita) est un poème héroï-comique d'Alessandro Tassoni, publié à Modène en 1622 (et réédité en 1744). C'est une parodie des procédés de la poésie épique. Tassoni y chante en vers burlesques la bataille de Zappolino, une querelle survenue au XIIIe siècle entre Modène et Bologne, qui dégénéra en l'une des plus grandes et des plus meurtrières batailles du Moyen Âge. Le titre de l’œuvre provient du fait que le seul butin obtenu par le camp victorieux, Modène, est le seau de bois d'un puits, aujourd'hui encore conservé dans la ville. La querelle est racontée en 12 chants émaillés d'épisodes mythologiques (fr.wikipedia.or - Le Seau enlevé).

 

La bataille de Zappolino est une bataille qui s'est déroulée le 15 novembre 1325 en Italie. Elle voit s'affronter les troupes modénaises du parti gibelin, et les troupes bolonaises du parti guelfe soutenu par le pape Boniface VIII. Il s'agit de l'un des plus grands affrontements du Moyen Âge, avec plus de 40000 combattants et plus de 2000 morts, qui s'achève sur une victoire des troupes modénaises.

 

Les Modénais parvinrent aux portes de Bologne après avoir détruit au passage les châteaux de Crespellano, de Zola, de Samoggia, d'Anzola, de Castelfranco et de Piumazzo, ainsi que l'église du Reno, près de Casalecchio, qui permettait de dévier les eaux du fleuve vers la ville. Ils ne tentèrent toutefois pas d'assiéger la ville, mais se contentèrent de narguer quelques jours les vaincus en courant quatre palios hors les murs et rentrèrent finalement à Modène en emportant comme trophée le seau d'un puits, qui se trouve encore sous une bouche d'égout située à l'extérieur de la porte San Felice (fr.wikipedia.org - Bataille de Zappolino).

 

De tous les imitateurs du poĂ«me parodiĂ© d'Homère, le plus heureux, avant Boileau, avait Ă©tĂ© l'Italien Alexandre Tassoni, auteur de la Secchia rapita (le Sau enlevĂ©), dont voici le sujet. Il arriva que dans la guerre entre l'empire et le sacerdoce, entre les Guelfes et les Gibelins, qui affligea l'Italie durant tant d'annĂ©es, les habitants de Modène, Ă©tant entrĂ©s dans la ville de Bologne et poursuivant des fuyards, s'arrĂŞtèrent près d'un puits afin d'y Ă©tancher leur soif. Ils y descendent le seau Ă  la hate; mais, pendant qu'ils s'abreuvent Ă  l'envi, les Bolonais se rallient et fondent sur leurs vainqueurs, qui sont vaincus Ă  leur tour. L'un d'eux s'empare du seau et s'en fait un bouclier. C'est pour la conquĂŞte de ce seau que le combat recommence et que le sang coule de nouveau. L'arrivĂ©e du vaillant Manfred ayant dĂ©cidĂ© la victoire en faveur des Modenois, le hĂ©ros fait placer le seau au bout d'une pique, comme trophĂ©e de sa victoire. Bologne le rĂ©clame : les dieux de l'Olympe interviennent: on se bat de nouveau; et le seau reste enfin aux Modenois victorieux (Edouard Mennechet, MatinĂ©es littĂ©raires: cours complet de littĂ©rature moderne, Tome 3, 1875 - books.google.fr).

 

Famille régnante à Modène

 

La guerre du seau eut lieu sous le règne de Rinaldo «Passerino» (le moineau) Bonacossi à Modène et à Mantoue.

 

BONACOSSI (PASSERINO) fut obligé, à la mort de son frère Bottesella, de permettre le retour des Guelfes dans Mantoue, et d'admettre dans cette ville un vicaire impérial envoyé par Henri VII; mais, peu de temps après, il fit prendre les armes aux Gibelins de Mantoue, il chassa les Guelfes de la ville, et avec eux le vicaire de l'Empereur. Cependant il obtint de Henri VII, qui avait alors à se plaindre des Guelfes, un décret qui le constituait lui-même vicaire impérial à Mantoue. Alors la domination de Bonacossi parut acquérir un titre plus légitime. Le 5 octobre 1312, Passerino réussit à se faire déclarer aussi seigneur de Modène par les Gibelins de cette ville. Elle lui fut enlevée, en 1318, par François Pic de la Mirandole; mais il la recouvra en 1319, et la Mirandole étant tombé entre ses mains, avec deux de ses fils, il les enferma, en 1321, au fond de la tour de Castellero, où il les laissa mourir de faim. Passerino passait pour le meilleur politique parmi les tyrans de l'Italie, et pour celui dont l'autorité était le plus solidement établie. On le reconnaissait pour un des plus habiles capitaines de son siècle. Sa capitale était estimée imprenable, ses soldats lui étaient dévoués, ses peuples même n'étaient pas mécontents; mais l'insolence d'un de ses fils causa sa ruine, au moment où l'on pouvait le moins s'y attendre. Passerino avait pour beau-frère Louis de Gonzague, qui tenait alors le premier rang parmi la noblesse de Mantoue. Les trois fils de Gonzague, et François, fils de Passerino, étaient liés ensemble, non par l'amitié, mais par l'habitude des mêmes débauches. Cependant, François ayant conçu quelque jalousie de Philippino de Gonzague, lui déclara, dans sa brutale colère, qu'il se vengerait de lui en violant sa femme sous ses propres yeux. Gonzague invoqua le secours de ses frères pour se défendre d'une aussi mortelle injure; il rassembla les mécontents, il obtint l'assistance de Cosme de la Scala, qui ne pardonnait pas à Passerino d'occuper le premier rang dans le parti gibelin, et, le 14 août 1328, il introduisit dans la ville ses vassaux qu'il avait armés, et les soldats de Cosme qu'il joignit aux conjurés. Passerino, alarmé par les cris de mort qu'on répétait dans les rues, accourut à cheval pour calmer la sédition; mais il fut renversé par le comte Albert Saviola, qui le tua d'un coup d'épée aux portes mêmes de son palais. Son fils François fut traîné dans la même tour de Castellero, où il avait fait mourir de faim François Pic de la Mirandole, et il y fut égorgé par le fils de ce gentilhomme. Plusieurs partisans de Bonacossi furent massacrés; les autres s'étant enfuis, leurs biens furent confisqués, et Louis de Gonzague se fit proclamer seigneur de Mantoue et de Modène (Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, Tome 4, 1843 - books.google.fr).

 

La rédaction de La secchia rapita dans les premières années du XVIIe siècle concordent avec l'aventure de Charles de Gonzague rêvant de reconquête de la Morée et de l'empire byzantin.

 

"filer"

 

On connaît l'épisode où Hercule file aux pîeds d'Omphale (fr.wikipedia.org - Omphale).

 

Lisez dans le chant II du poëme de Tassoni la description burlesque d'un conseil des Dieux convoqué par Jupiter, pour trouver un terme aux maux causés par le seau. Ils accourent tous, mais "on ne vit point paraître Diane la pucelle qui, étant allée laver la lessive à une fontaine, dans les maremmes du pays toscan, avait été surprise en revenant par la tramontane qui faisait tourbillonner son char dans les airs. Sa mère vint, d'un air empressé, présenter ses excuses en tricotant une paire de bas. Junon manqua aussi à l'appel, parce qu'à ce moment elle était à se laver la tête. Ménippe, intendant de la cuisine de Jupiter, apporta les excuses des Parques, qui faisaient le pain ce jour-là et qui avaient de plus une grande quantité d'étoupes à filer. Silène, le cantinier, resta dehors pour tremper le vin des serviteurs" (Joseph Zirardini, L'Italie littéraire et artistique, 1851 - books.google.fr).

 

Ma intanto che la palma ancor sospesa

Pende, e l'un campo e l'altro, è omai disfatto;

Due Politici fanno in ciel contesa,

E vengono l'ingiurie al primo tratto.

Mercurio de' Petroni ha la difefa,

Favorifce i Potteschi Alcide matto :

Giove sta in mezzo, e con real decoro

Raffrena l'ire e le discordie loro

 

Mais tandis que la victoire planoit au milieu des deux partis, qui se défaisoient tour à tour deux Politiques contestoient dans le ciel; bientôt ils s'accablerent d'injures. Mercure soutenoit les Petroniens, le stupide Hercule défendoit les Geminiens. Jupiter étoit neutre, & modéroit la dispute avec dignité (Le Seau enlevé. Poëme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien du Tassoni par De Cedors, Tome 2, 1758 - books.google.fr).

 

Geminiens, Petroniens. Le Poëte appelle les Bolonnois, Petroniens, & les Modenois, Geminiens, à cause de la quantité de ceux qui portent le nom de Petrone & de Geminien, deux Saints, dont l'un est Patron de Bologne, & l'autre de Modene (Le Seau enlevé. Poëme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien du Tassoni par De Cedors, Tome 1, 1759 - books.google.fr).

 

De sang... terre Etrusque" : en Toscane

 

Castruccio Castracani, né en 1281 à Lucques, mort le 3 septembre 1328 à Lucques, est un condottiere, qui fut duc de Lucques. Devenu seigneur de Lucques en 1320, il entreprit de diriger tous les Gibelins de Toscane, et de les faire agir de concert avec ceux de Lombardie. Machiavel a fait, sous le nom de Vie de Castruccio, une espèce de roman, où il ne faut chercher aucune vérité historique (fr.wikipedia.org - Castruccio Castracani).

 

Un ennemi plus puissant que Castruccio menaçait en ce moment le parti guelfe d'une entière destruction. Louis de Bavière avait fini par triompher de son compétiteur Frédéric d'Autriche; ce dernier, vaincu et fait prisonnier à la bataille de Muhldorf (1322), après plusieurs années de captivité, avait enfin, pour recouvrer sa liberté, renoncé à toute prétention à l'empire et reconnu son rival pour légitime empereur. Le pape Jean XXII, qui régnait alors, voulut annuler ce traité; mais Frédéric resta fidèle à ses promesses. Louis de Bavière, qui se faisait appeler Louis IV, assuré désormais de la tranquillité de l'Allemagne, songea à passer en Italie, pour recevoir, selon l'antique usage, la couronne royale à Milan et la couronne impériale à Rome. Le manque d'argent et de soldats, suite des longues guerres qu'il avait eu à soutenir depuis son élection, retarda seul cette expédition. Mais en 1327, les Gibelins d'Italie l'invitèrent à passer les Alpes, lui promettant de l'aider de tous leurs moyens. En conséquence, Louis se rendit en Italie avec une suite peu nombreuse, et bientôt il se vit entouré des principaux Gibelins de la Lombardie et de la Romagne. Le 30 mai 1327, il fut sacré à Milan par les évêques de Brescia et d'Arezzo, précédemment déposés et excommuniés par le pape (Louis de Bavière étant excommunié lui-même, aucun évêque resté dans l'obédience de l'Église n'aurait voulu présider à cette cérémonie).

 

Castruccio, comme on le pense bien, comptait sur l'alliance de Louis de Bavière, et de son côté l'empereur comptait sur les conseils, la valeur et les soldats de ce grand capitaine, dont la réputation surpassait déjà celle de tous les autres seigneurs gibelins. Quand Castruccio vit les Florentins renforcés par l'arrivée du duc de Calabre [qui avait épousé la sœur de Frédéric d'Autriche], il pressa l'empereur de se rendre en Toscane; Louis quitta Milan à la fin d'août, et arriva le 1er septembre à Pontrimoli, où Castruccio le rejoignit avec de magnifiques présents. De ce moment, le seigneur de Lucques devint le conseiller et le bras droit de l'empereur. De Pontrimoli Louis, d'après l'avis de Castruccio, se dirigea sur Pise. Cette ville, quoique de tout temps gibeline et attachée au parti impérial, refusa pourtant de recevoir Louis de Bavière, soit qu'elle craignît pour sa propre liberté, menacée déjà par Castruccio, soit qu'elle ne voulût pas rompre la paix avec le pape et les Florentins. Mais l'empereur et Castruccio l'assiégèrent aussitôt, et après un mois de résistance elle fut obligée de capituler, toutefois à des conditions honorables. Après la reddition de Pise, l'empereur érigea Lucques, Pistoja, Volterra et la Lunigiane en duché, dont il donna l'investiture à Castruccio Castracani (11 novembre).

 

Le sĂ©jour de Louis en Toscane jetait parmi les Florentins une inquiĂ©tude d'autant plus vive qu'ils ne pouvaient compter sur le courage ou la bonne volontĂ© du duc de Calabre. Ils avaient donc tout Ă  redouter du courroux de l'empereur; mais heureusement ce prince Ă©tait plus pressĂ© d'aller se faire couronner Ă  Rome que de tirer vengeance d'une ville si ouvertement prononcĂ©e contre lui. En effet, Louis partit de Pise Ă  la fin de dĂ©cembre, et arriva dans les États de l'Église au commencement de janvier 1328. AussitĂ´t que le duc de Calabre apprit le dĂ©part de l'empereur, il convoqua une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Florentins, et leur exposa la nĂ©cessitĂ© oĂą il se trouvait de retourner dans son pays pour dĂ©fendre ses propres États contre Louis et Castruccio ; il leur annonça en mĂŞme temps qu'il leur laissait mille chevaux, sous les ordres de Philippe de Sangineto, son lieutenant. Il prit ensuite la route de Naples, en se dirigeant par Sienne, PĂ©rouse et Rieti.

 

Louis ne rencontra aucun obstacle dans sa marche sur Rome, et, le 17 janvier 1328, il reçut dans cette ville la couronne impériale des mains de deux prélats excommuniés et déposés par le pape. Pour cette solennité, Castruccio fut nommé chevalier et comte du palais de Latran, et ce fut lui qui, en cette qualité, ceignit l'épée de l'empire au monarque. Tout semblait prospérer à Louis; peut-être si dans ce moment il eût marché sur Naples avec les forces supérieures qu'il commandait, il eût écrasé son principal adversaire, qui n'était pas en état de lui résister. Mais il était retenu par l'idée que son couronnement n'était pas régulier, à cause de l'opposition du souverain pontife. Au lieu de chercher à se réconcilier avec Jean XXII, il ne trouva rien de mieux, pour consolider ses droits, que de lui faire son procès. Il le cita en conséquence à son tribunal, le condamna, comme coupable d'hérésie et de lèse-majesté, à la déposition et ensuite à la peine de mort. Il lui donna pour successeur un frère mineur, nommé Pierre de Corveria, qu'il fit élire par le peuple romain, et qu'il consacra sous le nom de Nicolas V. Tandis qu'il s'occupait à Rome de ces procédures ridicules et scandaleuses, il perdait le temps d'agir, et Castruccio, son plus ferme appui, était rappelé en Toscane pour défendre ses États, menacés par Philippe de Sangineto, le lieutenant que le duc de Calabre avait laissé à Florence.

 

Philippe montrait une audace et une résolution qui contrastaient avec la mollesse et l'indécision de son maître. Dans la nuit du 28 janvier, il s'était emparé par surprise de Pistoja, occupée par une forte garnison que commandait le fils de Castruccio. Les soldats de Philippe avaient cruellement abusé de leur victoire, et pendant dix jours la ville avait été livrée au pillage. Castruccio, à cette nouvelle, s'empressa de quitter Rome et d'accourir en Toscane avec mille hommes d'armes et mille archers qu'il avait conduits à la suite de l'empereur. Pour se dédommager de la perte de Pistoja, il s'empara de Pise et força les habitants à le reconnaître pour leur seigneur. De là, il envoya un corps d'armée sur Pistoja pour en entreprendre le siége.

 

Les Florentins, mécontents de Philippe de Sangineto, qui n'avait fait la conquête de Pistoja qu'au profit de son maître le duc de Calabre, avaient refusé d'approvisionner cette place. Cependant, quand ils virent Castruccio en entreprendre le siége, ils regrettèrent leur obstination, et ils rassemblèrent une forte armée pour ravitailler Pistoja. Ils attaquèrent sans succès Castruccio, qui s'était fortifié dans son camp devant la ville; et, voyant qu'ils ne pouvaient le forcer dans ses retranchements, ils portèrent la guerre dans l'État de Pise et dans celui de Lucques, dans l'espoir de forcer leur ennemi à lever le siége et à venir défendre ses foyers. Mais Castruccio, assuré que Pistoja manquait de vivres, laissa ravager les campagnes et ne quitta point sa position. En effet, les assiégés capitulèrent le 3 août 1328.

 

Castruccio revint en triomphe à Lucques, et les Florentins étaient plus que jamais effrayés des dangers dont les menaçait ce redoutable ennerni, quand tout à coup ils apprirent sa mort, à la suite d'une maladie dont il avait été atteint au siége de Pistoja (3 septembre). Galéas Visconti, seigneur de Milan et allié de Castruccio, succomba aussi à la même maladie. Enfin, deux mois après, Charles, duc de Calabre, mourut également, et le peuple de Florence se réjouit de voir terminer, avant le temps fixé pour son expiration, le gouvernement arbitraire et concussionnaire de ce prince. Ainsi la mort de l'un délivra Florence du plus vaillant guerrier, du plus profond politique, de l'ennemi le plus dangereux qui eût encore porté les armes contre elle; et la mort de l'autre l'affranchit de la domination des Napolitains, au moment où leurs secours avaient cessé de lui être nécessaires. (Just-Jean-Etienne Roy, Histoire de Florence, 1855 - books.google.fr).

 

L'équipée de Castruccio est décrite comme sanguinaire, ayant par exemple fait exécuter la famille Di Poggio qui lui contestait le pouvoir à Lucques (Giulio Roberto di Sanseverino, Les vies des hommes et des femmes illustres d'Italie, depuis le rétablissement des sciences & des beaux arts, Tome 2, 1767 - books.google.fr).

 

CHARLES de Sicile, duc de Calabre, prince de Florence, & viceroi de Naples, mourut avant son pere le 10 novembre 1328, âgé de trente-un ans. Il épousa 1°. Catherine d'Autriche, fille d'Albert I du nom, empereur & duc d'Autriche, & d'Isabelle de Carinthie, morte sans enfans le 15 janvier 1323: 2°. le 11 janvier 1324, Marie de Valois, fille de Charles de France, comte de Valois, & de Mahaud de Châtillon, sa troisième femme, morte en couches le 6 décembre 1328, dont il eut Charles Martel, né le 22 avril 1327, mort huit jours après; JEANNE I du nom née vers 1326, reine de Jérusalem, de Naples & de Sicile, duchesse de la Pouille & de Calabre, princesse de Capoue, comtesse de Provence & de Forcalquier (Le Grand Dictionnaire Historique, Ou Le Mélange Curieux De L'Histoire Sacrée Et Profane, Tome 1, 1759 - books.google.fr).

 

Sécheresse en Toscane

 

En 1328 se produisit un incident qui nous permet de mesurer précisément l'influence des Mendiants sur la Commune de Sienne. Cette année avait été particulièrement difficile pour la ville. Elle avait été marquée en effet par des guerres consécutives au passage en Toscane de Louis de Bavière ainsi que par une longue sécheresse, et nous savons par les chroniqueurs qu'on vit alors se multiplier le nombre de pauvres à Sienne. Le gouvernement des Neuf, qui dirigeait la cité, dut prendre d'urgence des mesures d'économie. A leur demande, le Conseil Général vota une réformation qui supprimait la participation des autorités communales aux fêtes des saints et surtout interdisait aux représentants de la Commune d'apporter des offrandes à cette occasion (André Vauchez, La Commune de Sienne, les ordres mendiants et le culte des saints. Histoire et enseignements d'une crise (novembre 1328 - avril 1329), Les Ordres mendiants et la Ville en Italie centrale (v. 1220 - v. 1350), MEF, Volume 89, 1977 - books.google.fr).

 

"captive dame" : politique matrimoniale en Byzantins et Turcs

 

Andronic II PalĂ©ologue (1282-1328) proposa d'envoyer pour femme une princesse byzantine mais nous ne savons si le han accepta ou non cette offre, tandis que le second fils d'Argun, Ulgaytu (1304-1316), se maria, lui, en 1306, avec la sĹ“ur d'Andronic II, Maria. L'une des filles bâtardes du mĂŞme empereur, Maria peut-ĂŞtre celle qui avait Ă©tĂ© proposĂ©e prĂ©cĂ©demment Ă  Gazan devenait l'Ă©pouse du han de la Horde d'Or, Toqtay (ou Tohtu, 1290-1313). Nous apprenons par le cĂ©lèbre voyageur Ibn Battuta (1304-1369) de Tanger, qui est notre unique source sur ce point, que la femme d'Ă–zbeg Han (1313-1341), successeur de Toqtay, Ă©tait Ă©galement une PalĂ©ologue et que l'on appelait chez les Mongols de la Horde d'Or du nom de Beyalun. Celle-ci voulut se rendre un jour auprès de ses parents Ă  Constantinople afin de faire ses couches et c'est notre voyageur qui fut autorisĂ© par le han Ă  l'accompagner dans son voyage. Il n'est pas aisĂ© de dire Ă  laquelle des filles du basileus rĂ©gnant Andronic III (1328-1341) se rapporte cette assertion de l'Ă©crivain arabe souvent imprĂ©cis dans sa relation. Était-elle rĂ©ellement la fille de cet empereur ou celle d'un membre de sa famille, nous l'ignorons, d'autant plus qu'aucun historien byzantin ne fait allusion Ă  la venue d'une princesse impĂ©riale Ă  Constantinople sous le règne d'Andronic. Le savant russe Georges Vernadsky pense que vu les bonnes relations Ă©tablies entre la Horde d'Or et Byzance Ă  cette Ă©poque, il ne pouvait s'agir que de la fille de l'empereur en question. Sous le règne d'Ă–zbeg Han une alliance matrimoniale fut dĂ©cidĂ©e pour maintenir les bons rapports existant entre les Mongols de la Horde d'Or et les Mameluks d'Égypte. Le Han, Ă  la suite d'interminables pourparlers, consentit Ă  donner en mariage la princesse Tulunbay, une descendante de la famille gengishanide, au sultan mamluk al-Malik al-Nasir Nasir-ad-Din Mohammad (1299-1309; 1310-1341), Turc d'origine. A son arrivĂ©e Ă  Alexandrie (1320) la princesse fut reçue fastueusement et conduite au palais dans un char couvert d'une tente tissĂ©e d'or. Mais l'infortunĂ©e Mongole ne profita guère de sa nouvelle condition : chassĂ©e du palais peu de temps après, elle mourut de façon mystĂ©rieuse. Ce qui provoqua une certaine tension entre les deux États. Le mĂŞme Ă–zbeg Han avait mariĂ© sa sĹ“ur Koncak Ă  Yuri (Georges) III Danilovic (1319-1322), grand-prince de Moscou, et que l'on baptisa du nom d'Agatha. Toujours par nĂ©cessitĂ© politique, des princesses byzantines entrèrent Ă©galement dans le harem des premiers souverains ottomans : Orhan Bey (1324-1362), fils du fondateur de la dynastie ottomane, Osman Ier (1300-1324), se maria une première fois avec la fille d'un commandant grec d'un château appelĂ© par les annalistes turcs du nom de Yar-Hisar. Les circonstances dans lesquelles la Grecque entra dans le gynĂ©cĂ©e d'Orhan, oĂą elle prit le nom de NilĂĽfer, ne nous sont racontĂ©es que par deux historiens turcs du XVe siècle, AsĂ­k Pasa Zade et Nesri, car les auteurs byzantins n'en parlent pas. Les seigneurs grecs des citĂ©s non encore occupĂ©es par les Turcs en Bithynie, s'entendirent entre eux et conçurent un plan pour capturer Osman Bey dans l'espoir de mettre un terme Ă  ses continuelles conquĂŞtes. Ils l'invitèrent Ă  cette fin au mariage du gouverneur de BĂ©lokoma (auj. Bilegik) avec la fille de celui de Yar-Hisar. Mis au courant du complot par un Grec renĂ©gat, Kösè Mihal (Michel l'Imberbe), Osman fit irruption dans la place, mit ses ennemis hors d'Ă©tat de nuire, conquit la ville et emmena la mariĂ©e pour la donner Ă  son fils (1299). Orhan Bey eut de cette femme deux enfants, SĂĽleyman Pasa et Murad (Ier). Ibn Battuta, qui visita Brousse (Bursa) vers 1332, appelle l'Ă©pouse d'Orhan, de façon inexacte, Beyalun, et ajoute qu'elle Ă©tait une personne "pieuse et excellente". Ce qui nous fait penser qu'elle a dĂ» abjurer sa religion pour devenir musulmane. Orhan Bey (1326-1362) se maria ensuite avec deux autres princesses byzantines : la première de celles-ci (son nom grec est inconnu) s'appelait, chez les Turcs, Asporca Hatun et Ă©tait la mère du prince Ibrahim et de la princesse Fatma. On ne connaĂ®t son existence que par l'inscription qui figure sur son tombeau Ă  Brousse et par deux actes de dotation rĂ©digĂ©s en son nom (1323) et conservĂ©s dans les registres de l'ancien tribunal religieux de la mĂŞme ville. Le savant hongrois Alexandre Hogi, membre associĂ© de l'Institut d'histoire ottomane, avait jadis suggĂ©rĂ© que le nom Asporca pouvait très bien provenir du grec blonde. On a Ă©crit, mais sans donner de rĂ©fĂ©rence, qu'elle Ă©tait la fille d'Andronic III PalĂ©ologue. Cet empereur n'avait qu'une fille lĂ©gitime connue, la princesse Maria, Ă©pouse du seigneur de l'Ă®le de Lesbos, Francesco Gattilusio. Comme beaucoup d'autres monarques il avait, lui aussi, des filles naturelles : l'une d'elles, Irène, devint l'impĂ©ratrice de TrĂ©bizonde; une autre fut mariĂ©e Ă  un prince bulgare. S'il faut en croire Ibn Battuta, Andronic III serait Ă©galement le père de la femme d'Ă–zbeg Han. A notre connaissance aucun historien byzantin ne parle du mariage de l'une de ses filles avec un souverain ottoman. Nous sommes mieux renseignĂ©s sur la seconde (en rĂ©alitĂ© la troisième femme d'Orhan), la princesse ThĂ©odora, grâce au rĂ©cit de son père, le futur empereur-ursupateur Jean VI Cantacuzène (1347-1354). Celui-ci, pour s'emparer du trĂ´ne, n'hĂ©sita pas Ă  offrir sa fille ThĂ©odora Ă  son ami et alliĂ© Umur Bey, Ă©mir turc d'Aydin, afin d'avoir son appui; mais l'Ă©mir aurait refusĂ© de l'Ă©pouser (1345). Sur ces entrefaites Orhan fit faire des dĂ©marches auprès de Jean pour qu'on lui accorde la main de la belle princesse; si belle qu'aux dires du poète-chroniqueur Enveri "jamais sa pareille en beautĂ© n'avait vu le jour". Après le dĂ©part des envoyĂ©s d'Orban, Jean rĂ©unit ses principaux conseillers pour connaĂ®tre leur avis; tous se mirent d'accord pour lui dire que cette alliance Ă©tait pour eux d'un grand intĂ©rĂŞt. L'Ă©mir turc d'Aydin, consultĂ© par Ă©crit, encouragea son ami Cantacuzène dans le mĂŞme sens, d'autant plus que le souverain turc promettait, en Ă©change, son soutien Ă  la cause de son futur beau-père et de lui fournir une aide militaire contre les ennemis de l'Empire. Pendant que la cour de Brousse, avertie par des Ă©missaires grecs du consentement de Jean au mariage, s'apprĂŞtait Ă  envoyer des vaisseaux pour aller chercher l'accordĂ©e, de grandioses cĂ©rĂ©monies se dĂ©roulaient Ă  Byzance, près du port de SĂ©lymbria (auj. Silivri) sur la Propontide (la Marmara), pour le dĂ©part de la princesse. Cantacuzène, sa femme Irène et leurs autres filles, accompagnĂ©s de hauts dignitaires du palais, s'Ă©taient rĂ©unis lĂ  pour fĂŞter l'Ă©vĂ©nement. Durant quarante-huit heures ce fut l'allĂ©gresse gĂ©nĂ©rale : les chants mĂ©lodieux et la musique ne cessèrent d'Ă©gayer l'atmosphère mĂŞme dans la nuit Ă©clairĂ©e par des torches, et les plus cĂ©lèbres poètes du pays rĂ©citèrent leurs poèmes Ă©crits Ă  la louange de la princesse. Les dignitaires ottomans envoyĂ©s par Orhan prirent part aux festivitĂ©s. ThĂ©odora, ayant fait ses adieux Ă  ses parents, monta Ă  bord de l'un des trente vaisseaux turcs ancrĂ©s dans le port et s'Ă©loigna ainsi des terres grecques vers son nouveau destin (1346). Contrairement Ă  ce que prĂ©tend son père, personne, pas plus qu'Orhan Bey, ne l'obligea Ă  abjurer sa religion; la nouvelle Ă©pousĂ©e du souverain musulman resta chrĂ©tienne toute sa vie et rendit de grands services Ă  son pays d'origine en faisant libĂ©rer ses coreligionnaires prisonniers des Turcs. De cette union naquit le prince Halil, qui, lui aussi, allait devenir, par suite d'une mĂ©saventure, le fiancĂ© d'une princesse byzantine. Un jour d'Ă©tĂ© de l'an 1356, Halil, encore tout jeune (n. 1347 - m. 1360), se promenant en barque dans le golfe d'AstakĂ©nos (Izmit Körfèzi) tomba entre les mains d'une bande de pirates qui le conduisirent auprès de leur maĂ®tre, LĂ©on KalothĂ©tos, gouverneur grec semi-indĂ©pendant de PhocĂ©e (Foca). Orhan, prĂ©venu de l'enlèvement mais Ă©tant dans l'impossibilitĂ© d'attaquer ce repaire de corsaires ni par terre, ni par mer, s'adressa Ă  l'empereur byzantin rĂ©gnant Jean V PalĂ©ologue (1341-1391) et lui intima l'ordre de faire dĂ©livrer son fils. Les basileis de cette pĂ©riode du dĂ©clin de l'Empire Ă©taient tombĂ©s presque au rang des vassaux des Ottomans; Jean V dut s'incliner promettant d'intervenir, mais ses dĂ©marches auprès de KalothĂ©tos se terminèrent par un Ă©chec; le gouverneur ne voulait lâcher sa prise que contre une forte rançon. Afin de mettre Ă  la raison le rĂ©calcitrant une flottille dirigĂ©e par l'empereur en personne attaqua PhocĂ©e Ă  diffĂ©rentes reprises et les troupes grecques dĂ©barquĂ©es sur la cĂ´te assiĂ©gèrent la ville avec la permission d'Ishak Celebi, seigneur de la principautĂ© turque de Saruhan. Tous ces efforts, qui durèrent environ deux ans, permirent finalement la dĂ©livrance du jeune captif en octroyant Ă  son geĂ´lier le titre byzantin de noblesse panhypersĂ©bastos et 100.000 pièces d'or versĂ©es en partie par le TrĂ©sor d'Orhan. Jean V amena Halil Ă  Constantinople et lui fit rĂ©server dans le palais impĂ©rial un pavillon somptueux, tout près de ses propres appartements. Durant plusieurs jours le prince turc reçut de la part de l'empereur et de l'impĂ©ratrice HĂ©lène un traitement digne d'un souverain et, suivant le dĂ©sir exprimĂ© par Orhan, on le fiança Ă  la toute jeune princesse Irène qui entrait Ă  peine dans sa dixième annĂ©e (1358). Puis on conduisit Halil Ă  NikomĂ©die (Izmit) pour le rendre Ă  son père. Malheureusement les jeunes gens ne vĂ©curent pas assez longtemps pour pouvoir se marier : Irène mourut en 1359 et le prince l'annĂ©e suivante. Alderson, dans son ouvrage sur la structure de la dynastie ottomane, donne pour Ă©pouse au fils aĂ®nĂ© d'Orhan et de NilĂĽfer Hatun, SĂĽleyman Paša, la fille du grand stratopĂ©darkhos byzantin Jean Vatatzès. La fille de celui-ci se maria, en effet, avec un nommĂ© SĂĽleyman mais qui n'Ă©tait autre qu'un prince de la principautĂ© turque de Qarasi, voisine de l'État ottoman. Le fils et successeur d'Orhan, Murad Ier (1362-1389), Ă©pousa, en plus de ses femmes musulmanes, au moins quatre chrĂ©tiennes : l'une d'elles qui prit le nom turc de GĂĽlcicek Hatun, mère de Bayezid (Ier), Ă©tait d'origine grecque ainsi qu'il est attestĂ© dans deux actes de dotation rĂ©digĂ©s en son nom, l'un en 1388, l'autre en 1399. Une autre de ses Ă©pouses, Thamar, Ă©tait la fille du tsar (M. Izeddin, Notes sur les mariages princiers en Orient au moyen âge Journal asiatique, Volumes 257 Ă  258, 1970 - books.google.fr).

 

Nilüfer Hatun était une esclave d'origine grecque qui entra dans le harem du sultan Orhan en 1325. Elle devient sa concubine et donne naissance l'année suivante à un fils à Orhan, le futur Murad Ier. Après 1331, elle fut transférée à Iznik avec son fils

 

Le récit traditionnel sur Nilüfer est extrêmement confus et contradictoire car, étant la mère d'un sultan régnant mais d'origine esclave, les historiens ultérieurs ont pris soin de «l'ennoblir», lui attribuant des origines et des histoires qui étaient en réalité fictives ou concernant d'autres consorts d'Orhan, un processus impliquant plusieurs consorts ottomans au cours des siècles.

 

Une illustration est la manière dont NilĂĽfer a Ă©tĂ© dĂ©crite comme une noble byzantine nommĂ©e Holofira, fille du tekfur de Bilecik, un rĂ©cit qui fusionne en fait avec les histoires des Ă©pouses d'Orhan, Bayalun et Asporça : en fait, l'enlèvement de la fille de Bilecik a eu lieu en 1299, plus de vingt ans avant l'entrĂ©e de NilĂĽfer dans le harem. De mĂŞme, la tradition affirme que NilĂĽfer Ă©tait l'Ă©pouse d'Orhan qu'Ibn Battuta rencontra Ă  Bursa en 1331, tandis que cette femme Ă©tait, encore une fois, Bayalun ou Asporça (fr.wikipedia.org - NiluferHatun).

 

Acrostiche : SDCC, SaDoCCo

 

Non fu rapita mai con piĂą fatica

Elena bella al tempo di Sadocco.

 

Costei, per cui si fece guerra dieci anni, fu rapita due volte: Fanciulla da Teseo, e maritata a Menelao da Paride. Omero nell Iliade. Dice al tempo di Sadocco, per ispiegar folamente un tempo a noi lontano. Si sa, che Sadocco era della linea di Eleazaro, ed era Principe Assistente del Re Davide, il quale morì circa l' anno 1017. avanti la venuta di Cristo. Ora essendo circa l' Anno 1184. avanti la venuta medesima succeduta la guerra di Troja, ne viene per conseguente, che a' tempi della stessa guerra non poteva effer più fra vivi. Sadoc, o quale il chiama il nostro Poeta: Sadocco. (Pellegrino Rossi, Annotazioni del dottore Pellegrino Rossi modenese alla Secchia rapita d'Alessandro Tassoni, in seguito delle già fatte da Gaspare Salviani, 1738 - books.google.fr)., M. Musier, Dictionnaire portatif historique, theologique, géographique, critique et moral de la Bible, Tome 1, 1760 - books.google.fr).

 

"Captive dame" réfère ainsi aussi à Hélène de Troie, dont le site se trouve en Turquie depuis les années 1330 (C.J.A. Colin, Sommaires et généalogies de l'histoire universelle divisée par nations, 1887 - books.google.fr).

 

L'image de la terre arrosée de sang se trouve dans l'Iliade XIII, 655. [...]

 

En XXI, 541 "karchaleoi" qu'il ne faut pas confondre avec "karphaleos", quoiqu'ils se rapprochent beaucoup pour le sens. Ils viennent l'un de "karcharos" (violent, rude), et l'autre de "karphô" (sécher). Quelques manuscrits donnent ici "karphaleoi". C'est une glose substituée au vrai texte. Les Troyens ont la langue et le gosier tout rugueux, tout racornis, ce qui dit plus encore que secs (Napoléon Theil, Hippolyte Hallez-d'Arros, Dictionnaire complet d'Homère et des Homérides, 1841 - books.google.fr).

 

Sur le porche de la cathĂ©drale de Modène, se trouvent deux reliefs : le premier reprĂ©sente deux cerfs affrontĂ©s ayant une tĂŞte commune. Il est probablement Ă  mettre en relation avec le psaume 42, et avec les cerfs du pavement du baptistère de Solin qui se dĂ©saltèrent dans un cathare (fr.wikipedia.org - Wiligelmo).

 

Un grand cerf altĂ©rĂ© se trouve dans l'OdyssĂ©e d'Homère au Chant X, qu'Ulysse abat d'un coup de pique dans l'Ă®le de CircĂ©, fille du Soleil :

 

"J'approchais déjà du vaisseau, lorsqu'un dieu prit pitié de moi qui allais seul, et envoya sur ma route un cerf aux cornes élevées, qui, des pâturages de la forêt, descendait vers le fleuve pour s'abreuver; car depuis longtemps déjà l'ardeur du soleil l'accablait." (Homère, Chants de l'Odyssée, Tome 3, 1854 - books.google.fr).

 

Circé épouse le roi des Sarmates qu'elle empoisonne et les champs de Circé seraient la province de Circassie au bord de la Mer Noire à l'est, alors que Caffa, comptoir des Génois se trouve en Crimée. Circé est transportée en Italie dans l'île d'AEa en mer de Toscane. Un promontoire de Circé se trouve dans la campagne de Rome (Encyclopédie méthodique: Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, Tome 2, 1788 - books.google.fr).

 

Au chant XI du Seau enlevé, le comte de Culagne est trompé par sa femme, portant proverbialement des cornes, comme, inversement, Actéon en fut affublé par Jupiter qu'il avait trompé avec Sémélé (Alessandro Tassoni, Le Seau enlevé, poeme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien, Tome 3, 1758 - books.google.fr).

 

Relation Orient - Occident

 

L'Ă©vĂŞque de Caffa JĂ©rĂ´me de Catalogne n'Ă©tait au service d'aucun des pouvoirs vĂ©nitien ou catalan et son seul objectif Ă©tait d'asseoir plus solidement la prĂ©sence religieuse latine autour de la mer Noire, d'oĂą une sĂ©rie de conjonctions et d'alliances tactiques, toujours provisoires. Ainsi, ce n'est que lorsque Andronic II tenta de se rapprocher de la papautĂ© en 1311 ou vers 1324 que nous voyons l'action de JĂ©rĂ´me concorder vĂ©ritablement avec celle des VĂ©nitiens ou de l'empereur byzantin. Mais sur un autre plan, l'action de notre Ă©vĂŞque entre 1318 et 1324, qui visait Ă  asseoir son autoritĂ© et celle de Jean XXII contre les autoritĂ©s gĂ©noises gibelines de la mer Noire, allait Ă  l'encontre de la politique menĂ©e au cours de ces mĂŞme annĂ©es par Andronic, qui tentait de profiter du conflit gĂ©nois pour former une ligue avec les Gibelins gĂ©nois de PĂ©ra et Caffa et avec les VĂ©nitiens. Dans la perspective de JĂ©rĂ´me, il s'agissait clairement de mettre au service de la mission et de la croisade les communautĂ©s latines, l'empire byzantin et Ă©ventuellement les pouvoirs mongols, Ă  l'image de ce que disait explicitement Marino Sanudo dans la lettre qu'il adressait Ă  notre Ă©vĂŞque de Caffa et qui devait bien reflĂ©ter au moins en bonne partie le discours que le franciscain lui-mĂŞme souhaitait entendre : il ne servait Ă  rien de conquĂ©rir un empire byzantin qui ne pouvait ĂŞtre conservĂ©. On ne pouvait gagner de cette manière le cĹ“ur des populations (et le VĂ©nitien de citer Chypre, la CrĂŞte, la Grèce et NĂ©grepont). L'Église ne pouvait se rĂ©unir que par la personne d'Andronic et de son patriarche, et lorsque cela serait fait, tous les sujets d'Andronic seraient gagnĂ©s Ă  l'Église latine, ainsi que les chrĂ©tiens russes, bulgares, serbes, gĂ©orgiens et tous les autres chrĂ©tiens qui avaient Ă©tĂ© soumis aux Francs, aux Turcs, aux Mongols et pour finir aux sultans du Caire. Ces propos nous font comprendre comment pour notre missionnaire l'union religieuse aurait permis un succès universel pour la croisade. Et en mĂŞme temps, malgrĂ© les rĂ©ussites Ă  court terme de notre Ă©vĂŞque de Caffa, comme de ses frères franciscains et dominicains, les consĂ©quences sur le long terme de toute cette activitĂ© furent bien Ă©loignĂ©es de ces grands projets : aucun succès missionnaire majeur ne fut obtenu, l'union avec les ArmĂ©niens ne rĂ©ussit pas Ă  s'imposer et mĂŞme le tournant diplomatique de la ligue anti-turque ne dĂ©boucha sur rien, puisque celle-ci ne dura qu'un an, le temps pour Jean XXII de mourir et pour la guerre de Cent Ans de commencer.

 

L'Ă©vĂŞque de Caffa prenait ses propres initiatives, puisque Jean XXII ne croyait guère aux projets d'union religieuse que dĂ©fendait notre franciscain en 1324 (le 31 dĂ©cembre 1325 encore, Jean XXII dĂ©sapprouvait fortement le mariage d'Anne de Savoie et du futur Andronic III et repoussait l'argument que ce mariage pourrait aider l'union des Églises). Plus encore, Jean XXII soutenait le projet de croisade contre Constantinople de Philippe de Tarente, frère de Robert d'Anjou, qui s'appuyait notamment sur une alliance avec la Serbie. C'est cette idĂ©e que JĂ©rĂ´me de Caffa venait contrarier en relançant les nĂ©gociations d'union avec Andronic II, et en rencontrant Marino Sanudo. Pour dĂ©samorcer le projet, chacun activait ses rĂ©seaux : les projets de croisade ne pouvaient aboutir sans le soutien de Venise oĂą l'Ă©vĂŞque de Caffa venait prĂ©cisĂ©ment porter la parole d'Andronic. Et puisque le projet de Philippe de Tarente Ă©tait mort-nĂ© sans le soutien de Robert d'Anjou, Marino Sanudo Ă©crivait de son cĂ´tĂ© en 1327 ou 1329 Ă  ce Paulin de Venise que l'on a Ă©voquĂ© plus haut, afin de porter ses idĂ©es Ă  la cour angevine et de le rappeler aux bons souvenirs du roi Robert qu'il avait connu Ă  Avignon : le propagandiste de la croisade mettait Ă  profit les contacts avec le noyau d'experts franciscains qui avaient fait partie de la commission dĂ©signĂ©e par Jean XXII pour examiner son Secreta fidelium Crucis (Thomas Tanase, FrĂŞre JĂ©rĂ´me de Catalogne, Espaces et RĂ©seaux en MĂ©diterranĂ©e, VIe-XVIe siècles: La formation des rĂ©seaux, 2010 - books.google.fr).

 

Un seau en 1328

 

Au Moyen Ă‚ge, le docteur scolastique Jean Buridan (Joannes Buridanus, 1292-1363) se rend cĂ©lèbre grâce Ă  une expĂ©rience de pensĂ©e mettant en scène un âne face Ă  un cruel dilemme : placĂ© simultanĂ©ment devant sa ration d'avoine et un seau d’eau, il ne sait par lequel commencer et finit par mourir de faim et de soif. Un exemple de dilemme absurde que la postĂ©ritĂ© appellera «âne de Buridan», injonction paradoxale ou double contrainte (double bind), l’accomplissement de l’une des contraintes impliquant en effet de nĂ©gliger l’autre.

 

En réalité, aucune œuvre connue de Buridan ne mentionne explicitement l’exemple de l’âne. À l’origine, Aristote recourt dans son Traité du Ciel (295b32) à l’exemple d’un homme qui, excessivement assoiffé et affamé et placé à égale distance entre nourriture et boisson, ne parvient pas à se décider. Buridan commentera cette situation et en examinera diverses variantes (un voyageur contraint de choisir entre deux chemins ou un chien tiraillé entre deux mets aussi appétissants l’un que l’autre). Dans l’intention de ridiculiser les positions du philosophe sur le déterminisme et le libre arbitre, ses détracteurs ont fini par lui attribuer la figure de l’âne.

 

Ă€ la Renaissance, cette figure se multiplie et tĂ©moigne d’une symbolique ambiguĂ«. En effet, notre bourricot n’a pas toujours eu la rĂ©putation d’étroitesse d’esprit et de bĂŞtise que lui prĂŞtent encore aujourd’hui certaines expressions idiomatiques (du moins dans la langue de Molière : «tĂŞtu comme un âne», «bĂŞte comme un âne»). Dans l’AntiquitĂ©, comparer un homme Ă  un âne Ă©tait plutĂ´t flatteur. Ainsi, Homère loue-t-il Ajax au combat en ces termes :

 

«De même un âne têtu entre dans un champ, malgré les efforts des enfants qui brisent leurs bâtons sur son dos. Il continue à paître la moisson, sans se soucier des faibles coups qui l'atteignent, et se retire à grand-peine quand il est rassasié.» (Iliade XI, 558-574) (Jean-Michel Henny, L'âne philosophe, The Philosopher, Volume 101 No. 2, 2013 - www.the-philosopher.co.uk).

 

Né à Béthune, en Artois, à la fin du XIIIe siècle, Buridan suivit à Paris les leçons de Guillaume d'Occam, dont il fut un des plus zélés partisans. Dès 1328, il est cité dans un acte comme recteur de l'Université. Les progrès du nominalisme allaient grandissant dans les écoles et pour les enrayer on prit les mesures les plus sévères. Le 25 septembre 1339, puis encore le 29 décembre 1340, la Faculté des arts défendit d'enseigner la doctrine d'Occam. Six ans plus tard, le pape Clément VI renouvela solennellement ces prohibitions. Buridan n'en continua pas moins la propagande de ses idées et son opposition fut loin de nuire à son prestige. C'est ainsi que le 5 août 1348, deux ans après l'intervention de Clément VI, maîtres, recteur et procurateurs sont d'accord pour présenter sa candidature «ad cappellaniam S. Andreæ de Arcubus». Buridan apparaît encore en 1358 en qualité de procureur de la nation de Picardie. Le caractère aventureux de son existence a donné le branle à l'imagination des historiens (Mémoires couronnés et autres mémoires, Volume 51, 1895 - books.google.fr).

 

Ce qu'Ulysse a dit au cyclope ("mon nom est personne") n'est pas si fallacieux . Il se pourrait que derrière le masque de la personnalitĂ©, il n'y ait rien du tout. Tel est prĂ©cisĂ©ment le point de vue de la philosophie nominaliste. En effet, dans le nominalisme «il n'y a jamais, chez aucun individu, la moindre capacitĂ© physique d'ĂŞtre une personne, c'est-Ă -dire qu'il n'y a jamais la prĂ©sence d'une personne dans la nature de l'ĂŞtre humain.» Autrement dit, il n'y a jamais de «personne humaine» qui soit donnĂ©e par la nature, pour la bonne raison que, dans la nature (ou Ă©tat de nature), il n'y a strictement rien de discernable ou d'identifiable : la nature est vide de toute identitĂ© personnelle». (O. Cayla , citĂ© par G. Lhuilier, L'homme masque). En bref, la personne humaine apparaĂ®t insaisissable. Il se pourrait alors que lemasque ne soit «qu'un signe, le signe de notre humanitĂ©, c'est-Ă -dire notre humanitĂ© mĂŞme. Dans ce cas, l'humanitĂ© ne serait qu'une ombre, l'ombre du masque qu'elle porte» (G. Lhuilier, L'homme masque) (Peggy Larrieu, Mythes grecs et droit : Retour sur la fonction anthropologique du droit, 2017 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1821 sur la date pivot 1328 donne 835.

 

En 546, sous Totila, qui en fit le siége, Naples fut prise et ses murs abattus. Enfin, après la mort du vainqueur, assassiné au pied des Apennins au moment où il allait être aux prises avec Narsès, général romain, la ville rentra sous le pouvoir des empereurs d'Orient. Elle resta fidèle au gouvernement sous les Exarques de Ravenne. Ce fut en vain que les Lombards l'assiégèrent, elle fit une vigoureuse résistance, pour vivre dans l'espèce d'indépendance où elle était, n'obéissant qu'à ses magistrats, et autres chefs qu'elle se choisissait. Cet état de choses dura quelques siècles, jusqu'à ce que les Sarrazins, débarqués en 836, portèrent le ravage jusque sous ses murs. Depuis ce moment, jusqu'à l'époque où le pape Jean X, aidé des princes de Bénévent, de Naples, de Capoue et de Gaëte, endossant la cuirasse, repoussa, lance en main, cette horde de Barbares, en la forçant à se rembarquer (Philippe Petit-Radel, Voyage historique, chorographique et philosophique dans les principales villes de l'Italie, en 1811 et 1812, Tome 3, 1815 - books.google.fr).

 

François IV de Modène

 

Le 7 février 1814, les armées autrichiennes occupèrent Modène. L’archiduc Ferdinand étant décédé en 1806, son fils aîné, François (1779-1846), arriva sur place le 19 juillet 1814. L’acte final du congrès de Vienne de 1815 lui rendit Modène, Reggio et Mirandole, ainsi que Massa et Carrare à sa mère. Modène fut brièvement occupée par les troupes de Murat, ex-roi de Naples, en 1815. De février à mars 1831, après le départ pour l’exil du duc, un gouvernement provisoire fut mis en place. De mars à août 1848, le duc reprit le chemin de l’exil tandis que Modène était dirigée par un gouvernement provisoire et fut même brièvement réunie au Piémont. Le duc fut restauré le 10 août 1848.

 

Quand la guerre éclata entre l’Autriche et le royaume de Sardaigne en avril 1859, son fils François V, né en 1819 et mort en 1875, prit parti pour l’Autriche mais fut contraint d’abdiquer et de quitter Modène pour Mantoue après avoir institué une régence qui ne dura que deux jours. Une assemblée municipale décida du rattachement de Modène au royaume de Sardaigne et vota la destitution de la maison de Habsbourg-Lorraine. L’annexion par le royaume de Sardaigne fut ratifiée par un plébiscite en 1860 et elle intégra de ce fait le royaume d’Italie. Modène perdit alors son statut de capitale d’un État indépendant pour devenir un chef-lieu de province (fr.wikipedia.org - Duché de Modène et Reggio).

 

En 1830-1831, tandis que la Pologne était le théâtre d'une lutte sublime et terrible, l'Italie, à son tour, réveillée par ces immenses clameurs de liberté qui remplissaient le monde, essayait de se soustraire à la domination de l'Autriche. L'insurrection allait éclater dans les États intermédiaires, Parme, Bologne et Modène. François IV, duc de Modène, était, dit-on, l'âme du complot, et voulait se faire souverain constitutionnel d'une grande monarchie italienne, dont la capitale serait placée à Bologne ou à Milan (Amédée Boudin, Histoire de Louis Phillippe, roi des français, Tome 2, 1847 - books.google.fr).

 

Ce projet de 1831 pouvait être dans les vues de François IV dès 1821.

 

François IV, celui-là même qui, d'après l'opinion générale, a servi de modèle au Ranuce-Ernest de la Chartreuse de Parme (1839), aussi ambitieux que fourbe, hanté peut-être par le souvenir de César Borgia, qui avait été, lui aussi, souverain des Romagnes, rêvait comme lui de faire de son petit État le centre d'une Italie confédérée sur laquelle il exercerait l'autorité suprême. Il avait eu l'idée de faire servir les libéraux à ses menées politiques et s'était lié avec leur chef, Ciro Menotti. Mais le cabinet de Vienne eut connaissance de ces projets. Il en fit des reproches à François IV. Alors ce prince, qui avait d'abord signé avec Menotti un bizarre contrat bilatéral par lequel ils se promettaient réciproquement la vie sauve, prit peur et le fit arrêter avec plusieurs de ses compagnons, le 3 février 1831. Menotti ne s'était rendu qu'après un combat sanglant de cinq heures, dans lequel il fut blessé. Le lendemain Bologne se soulevait en apprenant cette nouvelle, et Modène lui répondait, le 5, en forçant François IV à s'enfuir à Mantoue, tandis qu'un gouvernement provisoire proclamait sa déchéance. Aussitôt les événements se précipitent. Le gouvernement provisoire de Bologne déclara les Légations indépendantes. Ancône se rendit, le 17, à Sercogoani, qui ne s'arrêta qu’à Otricoli dans sa marche sur Rome, et, dans moins de quinze jours, les insurgés se trouvèrent maîtres des deux tiers du territoire pontifical (Louis Farges, Stendhal diplomate, Revue bleue politique et littéraire, Volume 44, 1889 - books.google.fr).

 

Bologne

 

La noblesse et la haute bourgeoisie, Ă  Bologne, entendaient ne pas risquer inconsidĂ©rĂ©ment les avantages matĂ©riels acquis depuis 1797. La revendication des libertĂ©s communales, n'Ă©tait, en fait, qu'une manière dĂ©tournĂ©e de prĂ©server ces avantages Cette mesure dans l'opposition avait pour consĂ©quence une collaboration tacite avec l'occupant. DiffĂ©rence fondamentale avec la situation politique de Milan. Et Stendhal dĂ©clarait avec raison de la sociĂ©tĂ© de Bologne Elle est beaucoup plus liĂ©e avec le gouvernement. Un fait devait cruellement rĂ©vĂ©ler cette entente. Du 10 au 17 mars 1822, Bologne vit tranquillement dĂ©filer dans ses murs l'armĂ©e autrichienne qui filait sur Naples pour mater la rĂ©volution. "Bologne e pienamente tranquille. Disturbano solo gli alloggi" Ă©crit Rangone Ă  son ami Tassoni L'ombre de l'Autriche s'Ă©tendait sur la citĂ© des Bentivoglio. Bologne Ă©tait dĂ©cidĂ©e Ă  attendre, patiemment, que la lumière revint. Dans une autre lettre â Tassoni, Rangone - en qui nous pouvons voir le reprĂ©sentant fidèle du modĂ©rantisme Italien - tirait la leçon dès malheureuses Ă©quipĂ©es de Naples et du PiĂ©mont en des termes qui font curieusement songer Ă  Stendhal Un signe d'espĂ©rance pourtant - il vrai dire Ă©quivoque, puisqu'il trahit surtout l'orgueil municipal - : "MalgrĂ© la peur des gouvernements, qui, depuis 1821, se rĂ©sout en tyrannie pour tomber sur la tĂŞte des sujets, on bâtit Ă  Bologne, comme partout, beaucoup de maisons nouvelles : ce signe montre la civilisation et l'aisance semĂ©es en Italie par NapolĂ©on, et que n'ont pu encore extirper les soins des obscurants et la chute des gendarmeries" (Henri-François Imbert, Les mĂ©tamorphoses de la libertĂ©, ou, Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento, 1989 - www.google.fr/books/edition).

 

Révolutions manquées

 

Les Révolutions manquées de 1820-1821 furent le prétexte d'une série de répressions et de procès, dans les Etats pontificaux et autrichiens. Le pape Léon XII (1823-1829), d'esprit réactionnaire, pourchassa les carbonari, particulièrement actifs dans les Marches et l'ardente Romagne. A Milan, en octobre 1820, la vigilante police impériale arrêta Piero Maroncelli dont les révélations compromirent Silvio Pellico (1789-1854). Leur condamnation à mort fut commuée en détention à vie. En 1823-1824, un nouveau coup de filet aboutit à la même peine pour l'élite lombardo-vénitienne. Federico Confalonieri, Pallavicino et leurs amis rejoignirent Pellico et Maroncelli dans les cachots moraves du Spielberg. Ils y passèrent de longues années, endurant les mauvais traitements et les privations du carcere durissimo dont le récit fit le tour de l'Europe et créa le touchant personnage du patriote martyr, avec le livre de Pellico, Le mie prigioni (1832). [...]

 

L'échec des Révolutions régionales de 1821 et 1831 fit éclater l'impréparation et l'inefficacité de la Charbonnerie et signa son arrêt de mort. La secte cessa de constituer, désormais, une force politique active et déclina rapidement. A sa place s'affirma une nouvelle tendance, soucieuse de proposer aux problèmes des solutions essentiellement italiennes. L'émigration olitique fut la dure école où se façonna, peu à peu, la pensée politique de l'Unité. Au contact de l'étranger, la culture restreinte des anciens carbonari, limitée à une nostalgie de l'Italie napoléonienne et à une négation passionnelle de l'Europe metternichienne, s'enrichit d'un contenu européen. Après une méditation critique sur la faillite des tentatives passées, elle élabora des plans d'action concrets. Le proscrit est un type social caractéristique de l'Europe des nationalités et la Péninsule lui fournit, avec l'Allemagne, la Pologne et la Russie, bon nombre de ses échantillons les plus remarquables. Il serait tout à fait inexact de présenter comme une force cohérente ces fuorusciti, si différents par leurs origines et leur fortune.

 

Divisés par des rivalités personnelles et des polémiques aiguisées encore par l'amertume de l'exil, épiés par les polices d'Autriche et d'Italie qui obtiennent souvent que leurs hôtes sévissent contre eux, les réfugiés errent à travers le continent. Ils apporteront à la cause de la liberté leur concours armé. Ainsi, lors de l'expédition d'Espagne, décidée en 1823, par le Congrès de Vérone, tandis que Charles-Albert sert dans l'armée de répression, pour se réhabiliter aux yeux de Charles-Félix, plus d'un millier de Transalpins se battent aux côtés des insurgés et dans la campagne pour l'indépendance grecque, tel Byron à Missolonghi, Santorre di Santarosa tombe à Sphactérie (Paul Guichonnet, L'Unité italienne, 1995 - www.google.fr/books/edition).

 

Chios

 

Les Grecs s'étant soulevés contre le sultan, un groupe de combattants débarque sur l'île de Scio (ou Chios), l'une des îles les plus prospères de la mer Égée, en face du golfe de Smyrne. Ils entreprennent de rallier les habitants à leur cause. Mais le 11 avril 1822, 45000 soldats turcs débarquent à leur tour. Le sultan étant décidé à faire un exemple, ils massacrent les habitants mâles et réduisent les femmes et les enfants en esclavage. On estime le nombre de tués à 25000 et celui des captifs à 45000. Le drame suscite l'indignation et va entraîner l'entrée des Occidentaux dans la guerre aux côtés des Grecs (www.herodote.net).

 

Missolonghi

 

Pour les jeunes poètes grecs qui publient dans les annĂ©es 1820, Ă©crire n’est pas simplement s’exprimer sur l’actualitĂ©, appeler Ă  l’action ou Ă©mettre un avis public ; c’est commettre un vĂ©ritable acte de parole, dont le choc les marquera Ă  vie. Et il faudra chercher le charme de Solomos dans l’inachevĂ©, celui de Calvos (1792-1869) dans le silence. Le philhellĂ©nisme trop rebelle de ce dernier, si peu chrĂ©tien par la forme, associĂ© Ă  la sobriĂ©tĂ© absolue de sa poĂ©sie, n’avait rien pour plaire Ă  ses contemporains. [...]

 

Sous le choc des Ă©vĂ©nements, de nombreux jeunes gens (Vigny, Nerval, Dumas, Barbey d’Aurevilly…) se sont manifestĂ©s dans le monde des lettres par des Ĺ“uvres mineures qui laisseront d’éventuelles traces dans les vocations littĂ©raires rĂ©vĂ©lĂ©es plus tard. Le sens de Missolonghi, Thermopyles modernes, se rĂ©sume après tout Ă  la longue dans la bible du dandy suprĂŞme : «Ne jamais se rendre est, Ă  propos de tout, toujours, toute la question comme Ă  Waterloo» (Barbey d’Aurevilly). «La jeune captive de Missolonghi» d'Emond Michelet (Journal politique et littĂ©raire de Toulouse, 13 juillet 1826), dans un geste Ă  la ChĂ©nier, rĂ©clame ses «droits au martyre» et prĂ©fère Ă  l’esclavage la mort (Maria Tsoutsoura, PhilhellĂ©nisme et littĂ©rature grecque : rĂ©seaux politiques, Ă©chos romantiques, transferts Ă©thiques», Revue germanique internationale 1-2, 2005 - journals.openedition.org).

 

Missolonghi est une place stratĂ©gique qui commande l'accès au golfe de Corinthe, mais aussi au PĂ©loponnèse et Ă  la Grèce du nord. Le siège de Missolonghi de 1825-1826 est un Ă©pisode dĂ©terminant de la guerre d'indĂ©pendance grecque (1821-1829), car il a Ă©tĂ© un facteur essentiel du basculement de l’opinion europĂ©enne en faveur de l’indĂ©pendance grecque. Son importance est aussi politique que militaire. Missolonghi fut assiĂ©gĂ©e Ă  plusieurs reprises par les Ottomans au cours de la guerre d’indĂ©pendance grecque : en 1822, puis en 1823. Les dĂ©fenseurs de la ville furent alors rejoints, financĂ©s et entraĂ®nĂ©s par Lord Byron en 1824. Les Ottomans assiĂ©gèrent de nouveau Missolonghi en 1825-1826. Pendant le siège, les Grecs firent une ultime et vaine sortie (Exodos). Les Turcs finirent par s'emparer de la ville en avril 1826. La mort de Byron dès 1824, ainsi que la dĂ©fense hĂ©roĂŻque et le sacrifice de la population au cours des sièges, marquèrent les philhellènes et l’Europe en gĂ©nĂ©ral, de sorte que cette dĂ©faite des Grecs joua un rĂ´le dĂ©terminant dans l'obtention de leur indĂ©pendance trois ans plus tard (fr.wikipedia.org - Siège de Missolonghi).

 

"Soleil ardent..." : NĂ©cropole de Solaia 1821

 

ExĂ©cuteur du destin qui rĂ©git la vie des humains, Charon n'Ă©pargne ni jeunesse, ni beautĂ©, ni vaillance : pour pouvoir monter sur sa barque, chaque dĂ©funt doit acquitter son droit de passage, sous forme d'une obole (une pièce de monnaie grecque de faible valeur), d'oĂą la coutume de placer une pièce dans la bouche des morts au moment des funĂ©railles ; faute de quoi, leurs âmes seraient condamnĂ©es Ă  errer sans trouver la paix. Charon n'apparaĂ®t ni chez Homère ni chez HĂ©siode, mais c'est une figure très rĂ©pandue dès le VIe siècle avant J.-C. aussi bien dans les croyances populaires que dans les arts. On le voit sur de nombreux vases funĂ©raires athĂ©niens la rame en main, le bonnet de marin sur la tĂŞte, prĂŞt Ă  recevoir dans son bateau les ombres des morts, qui l'attendent sur la rive du fleuve infernal. La littĂ©rature et le théâtre le prĂ©sentent comme un vieillard barbu et morose, gourmandant les âmes pour les presser Ă  faire la traversĂ©e, toujours impitoyable Ă  l'Ă©gard de celles qui n'ont pas d'obole pour payer leur passage. Les Etrusques imaginaient Charon (Charun) comme un dĂ©mon de la mort, proche d'Orcus, une sorte de bourreau hideux et grimaçant, armĂ© d'un grand marteau pour assommer les mortels rĂ©calcitrants. Si son apparence gĂ©nĂ©rale reste humaine, il a les oreilles pointues du loup, des ailes, des ongles et un nez crochus, semblables aux serres et au bec d'un oiseau de proie ; sa bouche Ă©norme est ouverte comme la gueule d'un animal dĂ©vorant ou rit d'un rire fĂ©roce. Charon accompagne Mars sur les champs de bataille, oĂą il assomme et tue les hĂ©ros destinĂ©s Ă  pĂ©rir de mort violente. Il est aussi la sentinelle qui garde la porte des Enfers ou celle du tombeau, dans les nĂ©cropoles Ă©trusques ; parfois le rouleau du destin remplace le maillet entre ses mains. Les jeux de l'amphithéâtre romain ont perpĂ©tuĂ© cette vision macabre qui prĂ©figure l'image du Diable dans les reprĂ©sentations chrĂ©tiennes de l'Enfer. En effet, après chaque combat de gladiateurs, des esclaves dĂ©guisĂ©s en Charon Ă©trusque, maillet Ă  la main, Ă©taient chargĂ©s de vĂ©rifier que les vaincus Ă©taient bien morts avant d'Ă©vacuer leurs corps en les tirant par des crochets hors de l'arène (Annie Collognat, Catherine Bouttier-Couqueberg, Dictionnaire de la mythologie grĂ©co-romaine, 2016 - books.google.fr).

 

Les oboles de fer rencontrées dans les sépultures étrusques ont certainement rappelé au lecteur l'obole monnayée que le mort emportait dans la tombe pour payer le prix de son passage sur le fleuve infernal, Styx ou Achéron. Des faits que je viens d'indiquer il résulte que l'obole-broche précéda dans les tombeaux l'obole-monnaie. A l'époque classique, c'est Charon, le vieux nocher, qui percevait ce modique tribut. Mais ce personnage dont il n'est pas question dans les poèmes homériques et hésiodiques, compte, malgré sa popularité, parmi les créations récentes des mythes funéraires gréco-latins. Que la transformation si complète de l'obole sans supprimer le rite, en ait dénaturé l'interprétation, rien de plus naturel, surtout si nous nous représentons les modifications profondes qui, vers la même époque, s'introduisirent dans les croyances relatives aux Enfers (Joseph Déchelette, Les origines de la drachme et de l'obole, Revue numismatique, 1911 - books.google.fr).

 

310. Vase oviforme apode, col bas évasé, garni sur l'épaulement de quatre petits appendices coniques symétriquement espacés (M., Pl. VII, fig. 11). Pâte grossière brun-rougeâtre, avec traces d'enduit noirâtre. Haut. 0,290. - Trouvé en 1821 dans un tombeau étrusque sur la colline de Solaja, O. de Sarteano, 10 milles de Chiusi, avec les poteries noires décrites sous le n° 306 (Alexandre Brongniart, Description methodique du musee ceramique de la manufacture royale de porcelaine de Sevres, Tome 2, 1845 - www.google.fr/books/edition).

 

La plupart des découvertes de tombes à Solaia sont faites après 1828 (William Robert Wilde, The Beauties of the Boyne, and Its Tributary, the Blackwater, 1849 - www.google.fr/books/edition).

 

Mais une partie des objets mis au jour Ă  Solaia par le signor Fanelli fut acquise par le grand-duc de Toscane, le habsbourgeois Ferdinand III, mort le 17 juin 1824 (Dizionario geografico fisico storico della Toscana, 1843 - books.google.fr, www.sarteanoliving.it).

 

Sarteano est une commune de la province de Sienne dans la région Toscane en Italie. Des objets de l'Âge du bronze, plus précisément des époques subappenninique et protovillanovienne, ont été découverts sur le territoire de la commune, en particulier dans la grotta dell'Orso (grotte de l'Ours). Mais le véritable développement du territoire de Sarteano se situe au VIe siècle av. J.-C., quand les petits villages de l'Âge du fer, dont on ne connaît que les nécropoles (Sferracavalli, Albinaio, Casolimpio), formèrent de véritables centres urbains. C'est de cette période que datent les nombreuses découvertes réalisées dans la nécropole de Solaia, d'où proviennent de nombreux vases en bucchero et quelques céramiques attiques à figure nere. Entre les IVe et IIe siècles av. J.-C. on note un florissant développement des nécropoles étrusques situées à l'est de Sarteano, en particulier les nombreuses tombes à hypogée mises au jour dans la localité dite les Tombe témoignent de la présence de riches familles de la classe foncière. À l'époque romaine, le territoire de Sarteano fut le siège de nombreux centres de production et de quelques villas de maîtres dont subsistent des vestiges imposants à la Peschiera Giannini (fr.wikipedia.org - Sarteano).

 

La tomba della Quadriga infernale fut découverte en 2003. Elle présente des fresques colorées dont un Charon psychopompe en habit rouge feu aux rênes d'un char tiré par deux lions et deux griffons (Toscane, Guide de voyage Lonely Planet, 2019 - books.google.fr).

 

"De sang humain..."

 

Les sacrifices humains aux ombres des héros sont communs à tous les peuples de l'Antiquité classique. Chez les Grecs d'Homère , chez les Etrusques et chez les Romains cela s'exprime souvent par le massacre d'une partie des prisonniers (cf. Tite Live au sujet du massacre des prisonniers romains à Tarquinia et la réciproque par, les Romains) (Zecharia Mayani, Les Étrusques commencent à parler, 1961 - books.google.fr).

 

L’Edit Pacca

 

Le nom du Cardinal Pacca est lié à un édit pour la sauvegarde du patrimoine promulgué en 1820, vraie «machine de guerre contre la dispersion». L’article démontre que le voyage-déportation effectué par Pacca en 1809-1814 – quand il quitte Rome pour accompagner le pape Pie VII dans son exil, puis s’en trouve séparé et en butte aux sautes d’humeur de Napoléon – avec les différents lieux qu’il parcourut, eut une incidence sur l’élaboration du texte de loi. Cette loi, en effet, élargit la protection des biens à leur intérêt historique, alors que les précédentes règles s’en tenaient à la valeur esthétique. Avec l’Edit Pacca, la protection du patrimoine devint une composante du cadre institutionnel. […]

 

L’Édit Pacca va devenir un lieu de conflit politique et social durant plusieurs décennies dans les États préunitaires issus de la Restauration mais aussi et surtout dans l’Italie postrisorgimentale où il va déclencher les passions au cours des innombrables débats parlementaires auxquels sa prorogation donna lieu. Les normes qu’il impose sont considérées comme une entrave insupportable au droit de propriété. […]

 

Il y a dans la péninsule pérennisation d’un système tutélaire dont l’existence n’est pas remise en cause par les transformations politiques et institutionnelles. Cette législation qui naît avec les stygmates de l’absolutisme puisqu’elle est l’œuvre d’un camerlingue membre d’un petit groupe de cardinaux neri qui ramènent dans leurs bagages, en 1814, l’Index, l’Inquisition et les Jésuites, est la seule loi qui ait franchi les barrages idéologiques tendus par l’Italie libérale devant ce qui pouvait rappeler de près ou de loin les institutions pontificales (Jean-Claude Bousquet, Le voyage déportation du Cardinal Pacca (1809-1814). Éléments pour une politique de la tutela, Italies 1, 1997 - journals.openedition.org).

 

Les bas-reliefs des tombeaux, reprĂ©sentant des chasses au sanglier, des sacrifices humains, des convois funĂ©raires, des luttes de gladiateurs, des scènes de la mythologie grecque, etc., nous initient aux usages et Ă  la religion des Étrusques (Louis-Laurent Simonin, L'Étrurie et les Étrusques, Souvenirs de voyage : Arezzo, le Val-de-Chiana et les ruines de Chiusi (1866), 2016 - www.google.fr/books/edition).

 

Le mauvais archéologue

 

Dans ses Esquisses (1827), le poète grec GrĂ©goire PalĂ©ologue s’attaquait dĂ©jĂ  Ă  un autre grand sujet associĂ© au philhellĂ©nisme, qui aura un sort controversĂ© dans la littĂ©rature grecque : celui du voyageur archĂ©ologue. Dans la bouche du Turc Moustapha l’auteur met des propos dĂ©sobligeants Ă  l’égard de ces «[…] ĂŞtres assez stupides pour courir des milliers de lieues […] pour venir dĂ©terrer quelques morceaux de pierre […]» : «Allah ! Vit-on jamais de plus grands sots ?» Le thème du mauvais archĂ©ologue a une fortune importante depuis Byron et Chateaubriand jusqu’à Gautier et Cavafy, mais les Grecs ne jetteront explicitement l’anathème sur l’archĂ©ologue et le pouvoir illusoire de ces pierres qui ne nourrissent pas leur homme que dans la fable romancĂ©e d’A. Karkavitsas, L’ArchĂ©ologue (1908) (Maria Tsoutsoura, PhilhellĂ©nisme et littĂ©rature grecque : rĂ©seaux politiques, Ă©chos romantiques, transferts Ă©thiques, Revue germanique internationale 1-2, 2005 - journals.openedition.org).

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