Révolutions manquées en Italie et l’insurrection grecque IV, 58 1820-1821 Soleil ardent dans le gosier coller, De sang humain arrouser terre Etrusque: Chef seille d'eau, mener son fils filer, Captiue dame conduicte en terre Turque. "seille" : sceau et Modène Le Seau enlevé
(La secchia rapita) est un poème hĂ©roĂŻ-comique d'Alessandro Tassoni, publiĂ© Ă
Modène en 1622 (et réédité en 1744). C'est une parodie des procédés de la
poésie épique. Tassoni y chante en vers burlesques la bataille de Zappolino,
une querelle survenue au XIIIe siècle entre Modène et Bologne, qui dégénéra en
l'une des plus grandes et des plus meurtrières batailles du Moyen Âge. Le titre
de l’œuvre provient du fait que le seul butin obtenu par le camp victorieux,
Modène, est le seau de bois d'un puits, aujourd'hui encore conservé dans la
ville. La querelle est racontée en 12 chants émaillés d'épisodes mythologiques (fr.wikipedia.or - Le
Seau enlevé). La bataille de Zappolino est une bataille qui s'est
déroulée le 15 novembre 1325 en Italie. Elle voit s'affronter les troupes
modénaises du parti gibelin, et les troupes bolonaises du parti guelfe soutenu
par le pape Boniface VIII. Il s'agit de l'un des plus grands affrontements du
Moyen Âge, avec plus de 40000 combattants et plus de 2000 morts, qui s'achève
sur une victoire des troupes modénaises. Les Modénais parvinrent aux portes de Bologne après avoir
détruit au passage les châteaux de Crespellano, de Zola, de Samoggia, d'Anzola,
de Castelfranco et de Piumazzo, ainsi que l'église du Reno, près de
Casalecchio, qui permettait de dévier les eaux du fleuve vers la ville. Ils ne tentèrent toutefois pas d'assiéger
la ville, mais se contentèrent de narguer quelques jours les vaincus en courant
quatre palios hors les murs et rentrèrent finalement à Modène en emportant
comme trophée le seau d'un puits, qui se trouve encore sous une bouche d'égout
située à l'extérieur de la porte San Felice (fr.wikipedia.org -
Bataille de Zappolino). De tous les imitateurs du poëme parodié d'Homère, le plus heureux, avant Boileau, avait été l'Italien Alexandre Tassoni, auteur de la Secchia rapita
(le Sau enlevé), dont voici le sujet. Il arriva que dans la guerre entre l'empire et le sacerdoce, entre les Guelfes et les Gibelins, qui affligea l'Italie durant
tant d'années, les habitants de Modène, étant entrés dans la ville de Bologne et poursuivant des fuyards, s'arrêtèrent près d'un puits afin d'y étancher leur soif.
Ils y descendent le seau Ă la hate; mais, pendant qu'ils s'abreuvent Ă l'envi, les Bolonais se rallient et fondent sur leurs vainqueurs, qui sont vaincus Ă leur tour.
L'un d'eux s'empare du seau et s'en fait un bouclier. C'est pour la conquête de ce seau que le combat recommence et que le sang coule de nouveau. L'arrivée du vaillant
Manfred ayant décidé la victoire en faveur des Modenois, le héros fait placer le seau au bout d'une pique, comme trophée de sa victoire. Bologne le réclame : les
dieux de l'Olympe interviennent: on se bat de nouveau; et le seau reste enfin aux Modenois victorieux
(Edouard Mennechet, Matinées littéraires: cours complet de littérature moderne, Tome 3, 1875 - books.google.fr). Famille régnante à Modène La guerre du seau eut lieu sous le règne de Rinaldo «Passerino» (le moineau) Bonacossi à Modène et à Mantoue. BONACOSSI (PASSERINO) fut obligé, à la mort de son frère Bottesella, de permettre le retour des Guelfes dans Mantoue, et d'admettre dans cette ville un vicaire
impérial envoyé par Henri VII; mais, peu de temps après, il fit prendre les armes aux Gibelins de Mantoue, il chassa les Guelfes de la ville, et avec eux le vicaire
de l'Empereur. Cependant il obtint de Henri VII, qui avait alors à se plaindre des Guelfes, un décret qui le constituait lui-même vicaire impérial à Mantoue.
Alors la domination de Bonacossi parut acquérir un titre plus légitime. Le 5 octobre 1312, Passerino réussit à se faire déclarer aussi seigneur de Modène par les
Gibelins de cette ville. Elle lui fut enlevée, en 1318, par François Pic de la Mirandole; mais il la recouvra en 1319, et la Mirandole étant tombé entre ses mains,
avec deux de ses fils, il les enferma, en 1321, au fond de la tour de Castellero, oĂą il les laissa mourir de faim. Passerino passait pour le meilleur politique parmi
les tyrans de l'Italie, et pour celui dont l'autorité était le plus solidement établie. On le reconnaissait pour un des plus habiles capitaines de son siècle. Sa capitale
était estimée imprenable, ses soldats lui étaient dévoués, ses peuples même n'étaient pas mécontents; mais l'insolence d'un de ses fils
causa sa ruine, au moment où l'on pouvait le moins s'y attendre. Passerino avait pour beau-frère Louis de Gonzague, qui tenait alors le premier rang parmi la noblesse
de Mantoue. Les trois fils de Gonzague, et François, fils de Passerino, étaient liés ensemble, non par l'amitié, mais par l'habitude des mêmes débauches. Cependant,
François ayant conçu quelque jalousie de Philippino de Gonzague, lui déclara, dans sa brutale colère, qu'il se vengerait de lui en violant sa femme sous ses propres yeux.
Gonzague invoqua le secours de ses frères pour se défendre d'une aussi mortelle injure; il rassembla les mécontents, il obtint l'assistance de Cosme de la Scala, qui
ne pardonnait pas à Passerino d'occuper le premier rang dans le parti gibelin, et, le 14 août 1328, il introduisit dans la ville ses vassaux qu'il avait armés,
et les soldats de Cosme qu'il joignit aux conjurés. Passerino, alarmé par les cris de mort qu'on répétait dans les rues, accourut à cheval pour calmer la sédition;
mais il fut renversé par le comte Albert Saviola, qui le tua d'un coup d'épée aux portes mêmes de son palais. Son fils François fut traîné dans la même tour de Castellero,
où il avait fait mourir de faim François Pic de la Mirandole, et il y fut égorgé par le fils de ce gentilhomme. Plusieurs partisans de Bonacossi furent massacrés; les autres
s'étant enfuis, leurs biens furent confisqués, et Louis de Gonzague se fit proclamer seigneur de Mantoue et de Modène
(Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, Tome 4, 1843 - books.google.fr). La rédaction de La secchia rapita dans les premières années du XVIIe siècle concordent avec l'aventure de Charles de Gonzague rêvant de reconquête de la Morée et de l'empire byzantin. "filer" On connaît l'épisode où Hercule file aux pîeds d'Omphale
(fr.wikipedia.org - Omphale). Lisez dans le chant II du poëme de Tassoni la description burlesque d'un conseil des Dieux convoqué par Jupiter, pour trouver un terme aux maux causés par le seau.
Ils accourent tous, mais "on ne vit point paraître Diane la pucelle qui, étant allée laver la lessive à une fontaine, dans les maremmes du pays toscan, avait été surprise en revenant par la tramontane qui faisait
tourbillonner son char dans les airs. Sa mère vint, d'un air empressé, présenter ses excuses en tricotant une paire de bas. Junon manqua aussi à l'appel, parce qu'à ce moment elle était à se laver la tête. Ménippe,
intendant de la cuisine de Jupiter, apporta les excuses des Parques, qui faisaient le pain ce jour-là et qui avaient de plus une grande quantité d'étoupes à filer. Silène, le cantinier, resta dehors pour tremper
le vin des serviteurs"
(Joseph Zirardini, L'Italie littéraire et artistique, 1851 - books.google.fr). Ma intanto che la palma ancor sospesa Pende, e l'un campo e l'altro, è omai disfatto; Due Politici fanno in ciel contesa, E vengono l'ingiurie al primo tratto. Mercurio de' Petroni ha la difefa, Favorifce i Potteschi Alcide matto : Giove sta in mezzo, e con real decoro Raffrena l'ire e le discordie loro Mais tandis que la victoire planoit au milieu des deux partis, qui se défaisoient tour à tour deux Politiques contestoient dans le ciel; bientôt ils
s'accablerent d'injures. Mercure soutenoit les Petroniens, le stupide Hercule défendoit les Geminiens. Jupiter étoit neutre, & modéroit la dispute avec dignité
(Le Seau enlevé. Poëme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien du Tassoni par De Cedors, Tome 2, 1758 - books.google.fr). Geminiens, Petroniens. Le Poëte appelle les Bolonnois, Petroniens, & les Modenois, Geminiens, à cause de la quantité de ceux qui portent le nom de
Petrone & de Geminien, deux Saints, dont l'un est Patron de Bologne, & l'autre de Modene
(Le Seau enlevé. Poëme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien du Tassoni par De Cedors, Tome 1, 1759 - books.google.fr). De sang... terre Etrusque" : en Toscane Castruccio Castracani, né en 1281 à Lucques, mort le 3 septembre 1328 à Lucques, est un condottiere, qui fut duc de Lucques.
Devenu seigneur de Lucques en 1320, il entreprit de diriger tous les Gibelins de Toscane, et de les faire agir de concert avec ceux de Lombardie.
Machiavel a fait, sous le nom de Vie de Castruccio, une espèce de roman, où il ne faut chercher aucune vérité historique
(fr.wikipedia.org - Castruccio Castracani). Un ennemi plus puissant que Castruccio menaçait en ce moment le parti guelfe d'une entière destruction. Louis de Bavière avait fini par triompher de son compétiteur Frédéric d'Autriche; ce dernier, vaincu et fait prisonnier à la bataille de Muhldorf (1322), après plusieurs années de captivité, avait enfin, pour recouvrer sa liberté, renoncé à toute prétention à l'empire et reconnu son rival pour légitime empereur. Le pape Jean XXII, qui régnait alors, voulut annuler ce traité; mais Frédéric resta fidèle à ses promesses. Louis de Bavière, qui se faisait appeler Louis IV, assuré désormais de la tranquillité de l'Allemagne, songea à passer en Italie, pour recevoir, selon l'antique usage, la couronne royale à Milan et la couronne impériale à Rome. Le manque d'argent et de soldats, suite des longues guerres qu'il avait eu à soutenir depuis son élection, retarda seul cette expédition. Mais en 1327, les Gibelins d'Italie l'invitèrent à passer les Alpes, lui promettant de l'aider de tous leurs moyens. En conséquence, Louis se rendit en Italie avec une suite peu nombreuse, et bientôt il se vit entouré des principaux Gibelins de la Lombardie et de la Romagne. Le 30 mai 1327, il fut sacré à Milan par les évêques de Brescia et d'Arezzo, précédemment déposés et excommuniés par le pape (Louis de Bavière étant excommunié lui-même, aucun évêque resté dans l'obédience de l'Église n'aurait voulu présider à cette cérémonie). Castruccio, comme on le pense bien, comptait sur l'alliance de Louis de Bavière, et de son côté l'empereur comptait sur les conseils, la valeur et les soldats de ce grand capitaine, dont la réputation surpassait déjà celle de tous les autres seigneurs gibelins. Quand Castruccio vit les Florentins renforcés par l'arrivée du duc de Calabre [qui avait épousé la sœur de Frédéric d'Autriche], il pressa l'empereur de se rendre en Toscane; Louis quitta Milan à la fin d'août, et arriva le 1er septembre à Pontrimoli, où Castruccio le rejoignit avec de magnifiques présents. De ce moment, le seigneur de Lucques devint le conseiller et le bras droit de l'empereur. De Pontrimoli Louis, d'après l'avis de Castruccio, se dirigea sur Pise. Cette ville, quoique de tout temps gibeline et attachée au parti impérial, refusa pourtant de recevoir Louis de Bavière, soit qu'elle craignît pour sa propre liberté, menacée déjà par Castruccio, soit qu'elle ne voulût pas rompre la paix avec le pape et les Florentins. Mais l'empereur et Castruccio l'assiégèrent aussitôt, et après un mois de résistance elle fut obligée de capituler, toutefois à des conditions honorables. Après la reddition de Pise, l'empereur érigea Lucques, Pistoja, Volterra et la Lunigiane en duché, dont il donna l'investiture à Castruccio Castracani (11 novembre). Le séjour de Louis en Toscane jetait parmi les Florentins une inquiétude d'autant plus vive qu'ils ne pouvaient compter sur le courage ou la bonne volonté du duc de Calabre. Ils avaient donc tout à redouter du courroux de l'empereur; mais heureusement ce prince était plus pressé d'aller se faire couronner à Rome que de tirer vengeance d'une ville si ouvertement prononcée contre lui. En effet, Louis partit de Pise à la fin de décembre, et arriva dans les États de l'Église au commencement de janvier 1328. Aussitôt que le duc de Calabre apprit le départ de l'empereur, il convoqua une assemblée générale des Florentins, et leur exposa la nécessité où il se trouvait de retourner dans son pays pour défendre ses propres États contre Louis et Castruccio ; il leur annonça en même temps qu'il leur laissait mille chevaux, sous les ordres de Philippe de Sangineto, son lieutenant. Il prit ensuite la route de Naples, en se dirigeant par Sienne, Pérouse et Rieti. Louis ne rencontra aucun obstacle dans sa marche sur Rome, et, le 17 janvier 1328, il reçut dans cette ville la couronne impériale des mains de deux prélats excommuniés et déposés par le pape. Pour cette solennité, Castruccio fut nommé chevalier et comte du palais de Latran, et ce fut lui qui, en cette qualité, ceignit l'épée de l'empire au monarque. Tout semblait prospérer à Louis; peut-être si dans ce moment il eût marché sur Naples avec les forces supérieures qu'il commandait, il eût écrasé son principal adversaire, qui n'était pas en état de lui résister. Mais il était retenu par l'idée que son couronnement n'était pas régulier, à cause de l'opposition du souverain pontife. Au lieu de chercher à se réconcilier avec Jean XXII, il ne trouva rien de mieux, pour consolider ses droits, que de lui faire son procès. Il le cita en conséquence à son tribunal, le condamna, comme coupable d'hérésie et de lèse-majesté, à la déposition et ensuite à la peine de mort. Il lui donna pour successeur un frère mineur, nommé Pierre de Corveria, qu'il fit élire par le peuple romain, et qu'il consacra sous le nom de Nicolas V. Tandis qu'il s'occupait à Rome de ces procédures ridicules et scandaleuses, il perdait le temps d'agir, et Castruccio, son plus ferme appui, était rappelé en Toscane pour défendre ses États, menacés par Philippe de Sangineto, le lieutenant que le duc de Calabre avait laissé à Florence. Philippe montrait une audace et une résolution qui contrastaient avec la mollesse et l'indécision de son maître. Dans la nuit du 28 janvier, il s'était emparé par surprise de Pistoja, occupée par une forte garnison que commandait le fils de Castruccio. Les soldats de Philippe avaient cruellement abusé de leur victoire, et pendant dix jours la ville avait été livrée au pillage. Castruccio, à cette nouvelle, s'empressa de quitter Rome et d'accourir en Toscane avec mille hommes d'armes et mille archers qu'il avait conduits à la suite de l'empereur. Pour se dédommager de la perte de Pistoja, il s'empara de Pise et força les habitants à le reconnaître pour leur seigneur. De là , il envoya un corps d'armée sur Pistoja pour en entreprendre le siége. Les Florentins, mécontents de Philippe de Sangineto, qui n'avait fait la conquête de Pistoja qu'au profit de son maître le duc de Calabre, avaient refusé d'approvisionner cette place. Cependant, quand ils virent Castruccio en entreprendre le siége, ils regrettèrent leur obstination, et ils rassemblèrent une forte armée pour ravitailler Pistoja. Ils attaquèrent sans succès Castruccio, qui s'était fortifié dans son camp devant la ville; et, voyant qu'ils ne pouvaient le forcer dans ses retranchements, ils portèrent la guerre dans l'État de Pise et dans celui de Lucques, dans l'espoir de forcer leur ennemi à lever le siége et à venir défendre ses foyers. Mais Castruccio, assuré que Pistoja manquait de vivres, laissa ravager les campagnes et ne quitta point sa position. En effet, les assiégés capitulèrent le 3 août 1328. Castruccio revint en triomphe à Lucques, et les Florentins étaient plus que jamais effrayés des dangers dont les menaçait ce redoutable ennerni, quand tout à coup ils
apprirent sa mort, à la suite d'une maladie dont il avait été atteint au siége de Pistoja (3 septembre). Galéas Visconti, seigneur de Milan et allié de Castruccio, succomba
aussi à la même maladie. Enfin, deux mois après, Charles, duc de Calabre, mourut également, et le peuple de Florence se réjouit de voir terminer, avant le temps fixé pour
son expiration, le gouvernement arbitraire et concussionnaire de ce prince. Ainsi la mort de l'un délivra Florence du plus vaillant guerrier, du plus profond politique, de
l'ennemi le plus dangereux qui eût encore porté les armes contre elle; et la mort de l'autre l'affranchit de la domination des Napolitains, au moment où leurs secours avaient
cessé de lui être nécessaires.
(Just-Jean-Etienne Roy, Histoire de Florence, 1855 - books.google.fr). L'équipée de Castruccio est décrite comme sanguinaire, ayant par exemple fait exécuter la famille Di Poggio qui lui contestait le pouvoir à Lucques
(Giulio Roberto di Sanseverino, Les vies des hommes et des femmes illustres d'Italie, depuis le rétablissement des sciences & des beaux arts, Tome 2, 1767 - books.google.fr). CHARLES de Sicile, duc de Calabre, prince de Florence, & viceroi de Naples, mourut avant son pere le 10 novembre 1328, âgé de trente-un ans. Il épousa
1°. Catherine d'Autriche, fille d'Albert I du nom, empereur & duc d'Autriche, & d'Isabelle de Carinthie, morte sans enfans le 15 janvier 1323:
2°. le 11 janvier 1324, Marie de Valois, fille de Charles de France, comte de Valois, & de Mahaud de Châtillon, sa troisième femme, morte en couches le 6 décembre 1328,
dont il eut Charles Martel, né le 22 avril 1327, mort huit jours après; JEANNE I du nom née vers 1326, reine de Jérusalem, de Naples & de Sicile, duchesse de la Pouille
& de Calabre, princesse de Capoue, comtesse de Provence & de Forcalquier
(Le Grand Dictionnaire Historique, Ou Le Mélange Curieux De L'Histoire Sacrée Et Profane, Tome 1, 1759 - books.google.fr). Sécheresse en Toscane En 1328 se produisit un incident qui nous permet de mesurer précisément l'influence des Mendiants sur la Commune de Sienne. Cette année avait été particulièrement
difficile pour la ville. Elle avait été marquée en effet par des guerres consécutives au passage en Toscane de Louis de Bavière ainsi que par une longue
sécheresse, et nous savons par les chroniqueurs qu'on vit alors se multiplier le nombre de pauvres à Sienne. Le gouvernement des Neuf, qui dirigeait la cité,
dut prendre d'urgence des mesures d'économie. A leur demande, le Conseil Général vota une réformation qui supprimait la participation des autorités communales
aux fêtes des saints et surtout interdisait aux représentants de la Commune d'apporter des offrandes à cette occasion
(André Vauchez, La Commune de Sienne, les ordres mendiants et le culte des saints. Histoire et enseignements d'une crise (novembre 1328 - avril 1329), Les Ordres mendiants et la Ville en Italie centrale (v. 1220 - v. 1350), MEF, Volume 89, 1977 - books.google.fr). "captive dame" : politique matrimoniale en Byzantins et Turcs Andronic II Paléologue (1282-1328) proposa d'envoyer pour femme une princesse byzantine mais nous ne savons si le han accepta ou non cette offre, tandis que le second fils
d'Argun, Ulgaytu (1304-1316), se maria, lui, en 1306, avec la sœur d'Andronic II, Maria. L'une des filles bâtardes du même empereur, Maria peut-être celle qui avait été proposée
précédemment à Gazan devenait l'épouse du han de la Horde d'Or, Toqtay (ou Tohtu, 1290-1313). Nous apprenons par le célèbre voyageur Ibn Battuta (1304-1369) de Tanger,
qui est notre unique source sur ce point, que la femme d'Özbeg Han (1313-1341), successeur de Toqtay, était également une Paléologue et que l'on appelait chez les Mongols
de la Horde d'Or du nom de Beyalun. Celle-ci voulut se rendre un jour auprès de ses parents à Constantinople afin de faire ses couches et c'est notre voyageur qui fut autorisé par le han
à l'accompagner dans son voyage. Il n'est pas aisé de dire à laquelle des filles du basileus régnant Andronic III (1328-1341) se rapporte cette assertion de l'écrivain arabe souvent
imprécis dans sa relation. Était-elle réellement la fille de cet empereur ou celle d'un membre de sa famille, nous l'ignorons, d'autant plus qu'aucun historien byzantin ne fait allusion à la venue d'une princesse
impériale à Constantinople sous le règne d'Andronic. Le savant russe Georges Vernadsky pense que vu les bonnes relations établies entre la Horde d'Or et Byzance à cette époque, il
ne pouvait s'agir que de la fille de l'empereur en question. Sous le règne d'Özbeg Han une alliance matrimoniale fut décidée pour maintenir les bons rapports existant
entre les Mongols de la Horde d'Or et les Mameluks d'Égypte. Le Han, à la suite d'interminables pourparlers, consentit à donner en mariage la princesse Tulunbay, une descendante
de la famille gengishanide, au sultan mamluk al-Malik al-Nasir Nasir-ad-Din Mohammad (1299-1309; 1310-1341), Turc d'origine. A son arrivée à Alexandrie (1320) la
princesse fut reçue fastueusement et conduite au palais dans un char couvert d'une tente tissée d'or. Mais l'infortunée Mongole ne profita guère de sa nouvelle condition :
chassée du palais peu de temps après, elle mourut de façon mystérieuse. Ce qui provoqua une certaine tension entre les deux États. Le même Özbeg Han avait marié sa sœur
Koncak à Yuri (Georges) III Danilovic (1319-1322), grand-prince de Moscou, et que l'on baptisa du nom d'Agatha. Toujours par nécessité politique, des princesses byzantines entrèrent
également dans le harem des premiers souverains ottomans : Orhan Bey (1324-1362), fils du fondateur de la dynastie ottomane, Osman Ier (1300-1324), se maria une première
fois avec la fille d'un commandant grec d'un château appelé par les annalistes turcs du nom de Yar-Hisar. Les circonstances dans lesquelles la Grecque entra dans le gynécée
d'Orhan, oĂą elle prit le nom de NilĂĽfer, ne nous sont racontĂ©es que par deux historiens turcs du XVe siècle, AsĂk Pasa Zade et Nesri, car les auteurs
byzantins n'en parlent pas. Les seigneurs grecs des cités non encore occupées par les Turcs en Bithynie, s'entendirent entre eux et conçurent un plan pour capturer Osman Bey dans
l'espoir de mettre un terme à ses continuelles conquêtes. Ils l'invitèrent à cette fin au mariage du gouverneur de Bélokoma (auj. Bilegik) avec la fille de celui de Yar-Hisar. Mis
au courant du complot par un Grec renégat, Kösè Mihal (Michel l'Imberbe), Osman fit irruption dans la place, mit ses ennemis hors d'état de nuire, conquit la ville et emmena la
mariée pour la donner à son fils (1299). Orhan Bey eut de cette femme deux enfants, Süleyman Pasa et Murad (Ier). Ibn Battuta, qui visita Brousse (Bursa) vers 1332, appelle l'épouse d'Orhan,
de façon inexacte, Beyalun, et ajoute qu'elle était une personne "pieuse et excellente". Ce qui nous fait penser qu'elle a dû abjurer sa religion pour devenir musulmane. Orhan Bey (1326-1362)
se maria ensuite avec deux autres princesses byzantines : la première de celles-ci (son nom grec est inconnu) s'appelait, chez les Turcs, Asporca Hatun et était la mère du prince Ibrahim
et de la princesse Fatma. On ne connaît son existence que par l'inscription qui figure sur son tombeau à Brousse et par deux actes de dotation rédigés en son nom (1323) et conservés dans les
registres de l'ancien tribunal religieux de la même ville. Le savant hongrois Alexandre Hogi, membre associé de l'Institut d'histoire ottomane, avait jadis suggéré que le nom Asporca
pouvait très bien provenir du grec blonde. On a écrit, mais sans donner de référence, qu'elle était la fille d'Andronic III Paléologue. Cet empereur n'avait qu'une fille légitime connue,
la princesse Maria, épouse du seigneur de l'île de Lesbos, Francesco Gattilusio. Comme beaucoup d'autres monarques il avait, lui aussi, des filles naturelles : l'une d'elles, Irène,
devint l'impératrice de Trébizonde; une autre fut mariée à un prince bulgare. S'il faut en croire Ibn Battuta, Andronic III serait également le père de la femme d'Özbeg Han. A notre
connaissance aucun historien byzantin ne parle du mariage de l'une de ses filles avec un souverain ottoman. Nous sommes mieux renseignés sur la seconde (en réalité la troisième
femme d'Orhan), la princesse Théodora, grâce au récit de son père, le futur empereur-ursupateur Jean VI Cantacuzène (1347-1354). Celui-ci, pour s'emparer du trône,
n'hésita pas à offrir sa fille Théodora à son ami et allié Umur Bey, émir turc d'Aydin, afin d'avoir son appui; mais l'émir aurait refusé de l'épouser (1345). Sur ces entrefaites Orhan
fit faire des démarches auprès de Jean pour qu'on lui accorde la main de la belle princesse; si belle qu'aux dires du poète-chroniqueur Enveri "jamais sa pareille en beauté n'avait vu le jour".
Après le départ des envoyés d'Orban, Jean réunit ses principaux conseillers pour connaître leur avis; tous se mirent d'accord pour lui dire que cette alliance était pour eux d'un grand intérêt.
L'émir turc d'Aydin, consulté par écrit, encouragea son ami Cantacuzène dans le même sens, d'autant plus que le souverain turc promettait, en échange, son soutien à la cause de son futur beau-père
et de lui fournir une aide militaire contre les ennemis de l'Empire. Pendant que la cour de Brousse, avertie par des émissaires grecs du consentement de Jean au mariage, s'apprêtait à envoyer
des vaisseaux pour aller chercher l'accordée, de grandioses cérémonies se déroulaient à Byzance, près du port de Sélymbria (auj. Silivri) sur la Propontide (la Marmara), pour le départ de la princesse.
Cantacuzène, sa femme Irène et leurs autres filles, accompagnés de hauts dignitaires du palais, s'étaient réunis là pour fêter l'événement. Durant quarante-huit heures ce fut l'allégresse générale :
les chants mélodieux et la musique ne cessèrent d'égayer l'atmosphère même dans la nuit éclairée par des torches, et les plus célèbres poètes du pays récitèrent leurs poèmes écrits à la louange de la
princesse. Les dignitaires ottomans envoyés par Orhan prirent part aux festivités. Théodora, ayant fait ses adieux à ses parents, monta à bord de l'un des trente vaisseaux turcs ancrés dans le port et
s'éloigna ainsi des terres grecques vers son nouveau destin (1346). Contrairement à ce que prétend son père, personne, pas plus qu'Orhan Bey, ne l'obligea à abjurer sa religion; la nouvelle épousée
du souverain musulman resta chrétienne toute sa vie et rendit de grands services à son pays d'origine en faisant libérer ses coreligionnaires prisonniers des Turcs. De cette union naquit le prince Halil,
qui, lui aussi, allait devenir, par suite d'une mésaventure, le fiancé d'une princesse byzantine. Un jour d'été de l'an 1356, Halil, encore tout jeune (n. 1347 - m. 1360), se promenant en barque
dans le golfe d'Astakénos (Izmit Körfèzi) tomba entre les mains d'une bande de pirates qui le conduisirent auprès de leur maître, Léon Kalothétos, gouverneur grec semi-indépendant de Phocée (Foca).
Orhan, prévenu de l'enlèvement mais étant dans l'impossibilité d'attaquer ce repaire de corsaires ni par terre, ni par mer, s'adressa à l'empereur byzantin régnant Jean V Paléologue (1341-1391)
et lui intima l'ordre de faire délivrer son fils. Les basileis de cette période du déclin de l'Empire étaient tombés presque au rang des vassaux des Ottomans; Jean V dut s'incliner promettant d'intervenir,
mais ses démarches auprès de Kalothétos se terminèrent par un échec; le gouverneur ne voulait lâcher sa prise que contre une forte rançon. Afin de mettre à la raison le récalcitrant une flottille dirigée par
l'empereur en personne attaqua Phocée à différentes reprises et les troupes grecques débarquées sur la côte assiégèrent la ville avec la permission d'Ishak Celebi, seigneur de la principauté turque de Saruhan.
Tous ces efforts, qui durèrent environ deux ans, permirent finalement la délivrance du jeune captif en octroyant à son geôlier le titre byzantin de noblesse panhypersébastos et 100.000 pièces d'or versées
en partie par le Trésor d'Orhan. Jean V amena Halil à Constantinople et lui fit réserver dans le palais impérial un pavillon somptueux, tout près de ses propres appartements. Durant plusieurs jours
le prince turc reçut de la part de l'empereur et de l'impératrice Hélène un traitement digne d'un souverain et, suivant le désir exprimé par Orhan, on le fiança à la toute jeune princesse Irène
qui entrait à peine dans sa dixième année (1358). Puis on conduisit Halil à Nikomédie (Izmit) pour le rendre à son père. Malheureusement les jeunes gens ne vécurent pas assez longtemps pour pouvoir se marier :
Irène mourut en 1359 et le prince l'année suivante. Alderson, dans son ouvrage sur la structure de la dynastie ottomane, donne pour épouse au fils aîné d'Orhan et de Nilüfer Hatun, Süleyman Paša,
la fille du grand stratopédarkhos byzantin Jean Vatatzès. La fille de celui-ci se maria, en effet, avec un nommé Süleyman mais qui n'était autre qu'un prince de la principauté turque de Qarasi,
voisine de l'État ottoman. Le fils et successeur d'Orhan, Murad Ier (1362-1389), épousa, en plus de ses femmes musulmanes, au moins quatre chrétiennes : l'une d'elles qui prit le nom turc de Gülcicek Hatun,
mère de Bayezid (Ier), était d'origine grecque ainsi qu'il est attesté dans deux actes de dotation rédigés en son nom, l'un en 1388, l'autre en 1399. Une autre de ses épouses, Thamar, était la fille du tsar
(M. Izeddin, Notes sur les mariages princiers en Orient au moyen âge Journal asiatique, Volumes 257 à 258, 1970 - books.google.fr). Nilüfer Hatun était une esclave d'origine grecque qui entra dans le harem du sultan Orhan en 1325. Elle devient sa concubine et donne naissance l'année suivante à un fils à Orhan, le futur Murad Ier. Après 1331, elle fut transférée à Iznik avec son fils Le récit traditionnel sur Nilüfer est extrêmement confus et contradictoire car, étant la mère d'un sultan régnant mais d'origine esclave, les historiens ultérieurs ont pris soin de «l'ennoblir», lui attribuant des origines et des histoires qui étaient en réalité fictives ou concernant d'autres consorts d'Orhan, un processus impliquant plusieurs consorts ottomans au cours des siècles. Une illustration est la manière dont Nilüfer a été décrite comme une noble byzantine nommée Holofira, fille du tekfur de Bilecik, un récit qui fusionne en
fait avec les histoires des épouses d'Orhan, Bayalun et Asporça : en fait, l'enlèvement de la fille de Bilecik a eu lieu en 1299, plus de vingt ans avant l'entrée de Nilüfer
dans le harem. De même, la tradition affirme que Nilüfer était l'épouse d'Orhan qu'Ibn Battuta rencontra à Bursa en 1331, tandis que cette femme était, encore une fois, Bayalun ou Asporça
(fr.wikipedia.org - NiluferHatun). Acrostiche : SDCC, SaDoCCo Non fu rapita mai con piĂą fatica Elena bella al tempo di Sadocco. Costei, per cui si fece guerra dieci anni, fu rapita due volte: Fanciulla da Teseo, e maritata a Menelao da Paride. Omero nell Iliade. Dice al tempo di Sadocco,
per ispiegar folamente un tempo a noi lontano. Si sa, che Sadocco era della linea di Eleazaro, ed era Principe Assistente del Re Davide, il quale morì circa l' anno 1017.
avanti la venuta di Cristo. Ora essendo circa l' Anno 1184. avanti la venuta medesima succeduta la guerra di Troja, ne viene per conseguente, che a' tempi della stessa guerra
non poteva effer piĂą fra vivi. Sadoc, o quale il chiama il nostro Poeta: Sadocco.
(Pellegrino Rossi, Annotazioni del dottore Pellegrino Rossi modenese alla Secchia rapita d'Alessandro Tassoni, in seguito delle già fatte da Gaspare Salviani, 1738 - books.google.fr). "Captive dame" réfère ainsi aussi à Hélène de Troie, dont le site se trouve en Turquie depuis les années 1330
(C.J.A. Colin, Sommaires et généalogies de l'histoire universelle divisée par nations, 1887 - books.google.fr). L'image de la terre arrosée de sang se trouve dans l'Iliade XIII, 655. [...] En XXI, 541 "karchaleoi" qu'il ne faut pas confondre avec "karphaleos", quoiqu'ils se rapprochent beaucoup pour le sens. Ils viennent l'un de "karcharos" (violent, rude),
et l'autre de "karphô" (sécher). Quelques manuscrits donnent ici "karphaleoi". C'est une glose substituée au vrai texte. Les Troyens ont la langue et le gosier tout rugueux,
tout racornis, ce qui dit plus encore que secs
(Napoléon Theil, Hippolyte Hallez-d'Arros, Dictionnaire complet d'Homère et des Homérides, 1841 - books.google.fr). Sur le porche de la cathédrale de Modène, se trouvent deux reliefs : le premier représente deux cerfs affrontés ayant une tête commune. Il est probablement
à mettre en relation avec le psaume 42, et avec les cerfs du pavement du baptistère de Solin qui se désaltèrent dans un cathare
(fr.wikipedia.org - Wiligelmo). Un grand cerf altéré se trouve dans l'Odyssée d'Homère au Chant X, qu'Ulysse abat d'un coup de pique dans l'île de Circé, fille du Soleil : "J'approchais déjà du vaisseau, lorsqu'un dieu prit pitié de moi qui allais seul, et envoya sur ma route un cerf aux cornes élevées, qui, des pâturages
de la forêt, descendait vers le fleuve pour s'abreuver; car depuis longtemps déjà l'ardeur du soleil l'accablait."
(Homère, Chants de l'Odyssée, Tome 3, 1854 - books.google.fr). Circé épouse le roi des Sarmates qu'elle empoisonne et les champs de Circé seraient la province de Circassie au bord de la Mer Noire à l'est,
alors que Caffa, comptoir des Génois se trouve en Crimée. Circé est transportée en Italie dans l'île d'AEa en mer de Toscane. Un promontoire
de Circé se trouve dans la campagne de Rome
(Encyclopédie méthodique: Antiquités, mythologie, diplomatique des chartres et chronologie, Tome 2, 1788 - books.google.fr). Au chant XI du Seau enlevé, le comte de Culagne est trompé par sa femme, portant proverbialement des cornes,
comme, inversement, Actéon en fut affublé par Jupiter qu'il avait trompé avec Sémélé
(Alessandro Tassoni, Le Seau enlevé, poeme héroï-satiro-comique, nouvellement traduit de l'Italien, Tome 3, 1758 - books.google.fr). Relation Orient - Occident L'évêque de Caffa Jérôme de Catalogne n'était au service d'aucun des pouvoirs vénitien ou catalan et son seul objectif était d'asseoir plus solidement la présence religieuse latine autour de la mer Noire, d'où une série de conjonctions et d'alliances tactiques, toujours provisoires. Ainsi, ce n'est que lorsque Andronic II tenta de se rapprocher de la papauté en 1311 ou vers 1324 que nous voyons l'action de Jérôme concorder véritablement avec celle des Vénitiens ou de l'empereur byzantin. Mais sur un autre plan, l'action de notre évêque entre 1318 et 1324, qui visait à asseoir son autorité et celle de Jean XXII contre les autorités génoises gibelines de la mer Noire, allait à l'encontre de la politique menée au cours de ces même années par Andronic, qui tentait de profiter du conflit génois pour former une ligue avec les Gibelins génois de Péra et Caffa et avec les Vénitiens. Dans la perspective de Jérôme, il s'agissait clairement de mettre au service de la mission et de la croisade les communautés latines, l'empire byzantin et éventuellement les pouvoirs mongols, à l'image de ce que disait explicitement Marino Sanudo dans la lettre qu'il adressait à notre évêque de Caffa et qui devait bien refléter au moins en bonne partie le discours que le franciscain lui-même souhaitait entendre : il ne servait à rien de conquérir un empire byzantin qui ne pouvait être conservé. On ne pouvait gagner de cette manière le cœur des populations (et le Vénitien de citer Chypre, la Crête, la Grèce et Négrepont). L'Église ne pouvait se réunir que par la personne d'Andronic et de son patriarche, et lorsque cela serait fait, tous les sujets d'Andronic seraient gagnés à l'Église latine, ainsi que les chrétiens russes, bulgares, serbes, géorgiens et tous les autres chrétiens qui avaient été soumis aux Francs, aux Turcs, aux Mongols et pour finir aux sultans du Caire. Ces propos nous font comprendre comment pour notre missionnaire l'union religieuse aurait permis un succès universel pour la croisade. Et en même temps, malgré les réussites à court terme de notre évêque de Caffa, comme de ses frères franciscains et dominicains, les conséquences sur le long terme de toute cette activité furent bien éloignées de ces grands projets : aucun succès missionnaire majeur ne fut obtenu, l'union avec les Arméniens ne réussit pas à s'imposer et même le tournant diplomatique de la ligue anti-turque ne déboucha sur rien, puisque celle-ci ne dura qu'un an, le temps pour Jean XXII de mourir et pour la guerre de Cent Ans de commencer. L'évêque de Caffa prenait ses propres initiatives, puisque Jean XXII ne croyait guère aux projets d'union religieuse que défendait notre franciscain
en 1324 (le 31 décembre 1325 encore, Jean XXII désapprouvait fortement le mariage d'Anne de Savoie et du futur Andronic III et repoussait l'argument que ce
mariage pourrait aider l'union des Églises). Plus encore, Jean XXII soutenait le projet de croisade contre Constantinople de Philippe de Tarente,
frère de Robert d'Anjou, qui s'appuyait notamment sur une alliance avec la Serbie. C'est cette idée que Jérôme de Caffa venait contrarier en relançant
les négociations d'union avec Andronic II, et en rencontrant Marino Sanudo. Pour désamorcer le projet, chacun activait ses réseaux : les projets de croisade
ne pouvaient aboutir sans le soutien de Venise où l'évêque de Caffa venait précisément porter la parole d'Andronic. Et puisque le projet de Philippe de Tarente
était mort-né sans le soutien de Robert d'Anjou, Marino Sanudo écrivait de son côté en 1327 ou 1329 à ce Paulin de Venise que l'on a évoqué plus haut, afin de porter
ses idées à la cour angevine et de le rappeler aux bons souvenirs du roi Robert qu'il avait connu à Avignon : le propagandiste de la croisade mettait à profit les contacts avec le
noyau d'experts franciscains qui avaient fait partie de la commission désignée par Jean XXII pour examiner son Secreta fidelium Crucis
(Thomas Tanase, Frêre Jérôme de Catalogne, Espaces et Réseaux en Méditerranée, VIe-XVIe siècles: La formation des réseaux, 2010 - books.google.fr). Un seau en 1328 Au Moyen Âge, le docteur scolastique Jean Buridan (Joannes Buridanus, 1292-1363) se rend célèbre grâce à une expérience de pensée mettant en scène un âne face à un cruel dilemme : placé simultanément devant sa ration d'avoine et un seau d’eau, il ne sait par lequel commencer et finit par mourir de faim et de soif. Un exemple de dilemme absurde que la postérité appellera «âne de Buridan», injonction paradoxale ou double contrainte (double bind), l’accomplissement de l’une des contraintes impliquant en effet de négliger l’autre. En réalité, aucune œuvre connue de Buridan ne mentionne explicitement l’exemple de l’âne. À l’origine, Aristote recourt dans son Traité du Ciel (295b32) à l’exemple d’un homme qui, excessivement assoiffé et affamé et placé à égale distance entre nourriture et boisson, ne parvient pas à se décider. Buridan commentera cette situation et en examinera diverses variantes (un voyageur contraint de choisir entre deux chemins ou un chien tiraillé entre deux mets aussi appétissants l’un que l’autre). Dans l’intention de ridiculiser les positions du philosophe sur le déterminisme et le libre arbitre, ses détracteurs ont fini par lui attribuer la figure de l’âne. À la Renaissance, cette figure se multiplie et témoigne d’une symbolique ambiguë. En effet, notre bourricot n’a pas toujours eu la réputation d’étroitesse d’esprit et de bêtise que lui prêtent encore aujourd’hui certaines expressions idiomatiques (du moins dans la langue de Molière : «têtu comme un âne», «bête comme un âne»). Dans l’Antiquité, comparer un homme à un âne était plutôt flatteur. Ainsi, Homère loue-t-il Ajax au combat en ces termes : «De même un âne têtu entre dans un champ, malgré les efforts des enfants qui brisent leurs bâtons sur son dos. Il continue à paître la moisson, sans se soucier
des faibles coups qui l'atteignent, et se retire à grand-peine quand il est rassasié.» (Iliade XI, 558-574)
(Jean-Michel Henny, L'âne philosophe, The Philosopher, Volume 101 No. 2, 2013 - www.the-philosopher.co.uk). Né à Béthune, en Artois, à la fin du XIIIe siècle, Buridan suivit à Paris les leçons de Guillaume d'Occam, dont il fut un des plus zélés partisans. Dès 1328,
il est cité dans un acte comme recteur de l'Université. Les progrès du nominalisme allaient grandissant dans les écoles et pour les enrayer on prit les mesures les
plus sévères. Le 25 septembre 1339, puis encore le 29 décembre 1340, la Faculté des arts défendit d'enseigner la doctrine d'Occam. Six ans plus tard, le pape Clément VI
renouvela solennellement ces prohibitions. Buridan n'en continua pas moins la propagande de ses idées et son opposition fut loin de nuire à son prestige. C'est ainsi que
le 5 août 1348, deux ans après l'intervention de Clément VI, maîtres, recteur et procurateurs sont d'accord pour présenter sa candidature «ad cappellaniam S. Andreæ de Arcubus».
Buridan apparaît encore en 1358 en qualité de procureur de la nation de Picardie. Le caractère aventureux de son existence a donné le branle à l'imagination des historiens
(Mémoires couronnés et autres mémoires, Volume 51, 1895 - books.google.fr). Ce qu'Ulysse a dit au cyclope ("mon nom est personne") n'est pas si fallacieux . Il se pourrait que derrière le masque de la personnalité,
il n'y ait rien du tout. Tel est précisément le point de vue de la philosophie nominaliste. En effet, dans le
nominalisme «il n'y a jamais, chez aucun individu, la moindre capacité physique d'être une personne, c'est-à -dire qu'il n'y a jamais la
présence d'une personne dans la nature de l'être humain.» Autrement dit, il n'y a jamais de «personne humaine» qui soit donnée par
la nature, pour la bonne raison que, dans la nature (ou état de nature), il n'y a strictement rien de discernable ou d'identifiable :
la nature est vide de toute identité personnelle». (O. Cayla , cité par G. Lhuilier, L'homme masque). En bref, la personne humaine apparaît
insaisissable. Il se pourrait alors que lemasque ne soit «qu'un signe, le signe de notre humanité, c'est-à -dire notre humanité même.
Dans ce cas, l'humanité ne serait qu'une ombre, l'ombre du masque qu'elle porte» (G. Lhuilier, L'homme masque)
(Peggy Larrieu, Mythes grecs et droit : Retour sur la fonction anthropologique du droit, 2017 - books.google.fr). Typologie Le report de 1821 sur la date pivot 1328 donne 835. En 546, sous Totila, qui en fit le siége, Naples fut prise et ses murs abattus. Enfin, après la mort du vainqueur, assassiné au pied des Apennins au moment
où il allait être aux prises avec Narsès, général romain, la ville rentra sous le pouvoir des empereurs d'Orient. Elle resta fidèle au gouvernement sous les Exarques de
Ravenne. Ce fut en vain que les Lombards l'assiégèrent, elle fit une vigoureuse résistance, pour vivre dans l'espèce d'indépendance où elle était, n'obéissant qu'à ses magistrats,
et autres chefs qu'elle se choisissait. Cet état de choses dura quelques siècles, jusqu'à ce que les Sarrazins, débarqués en 836, portèrent le ravage jusque sous ses murs.
Depuis ce moment, jusqu'à l'époque où le pape Jean X, aidé des princes de Bénévent, de Naples, de Capoue et de Gaëte, endossant la cuirasse, repoussa, lance en main, cette horde
de Barbares, en la forçant à se rembarquer
(Philippe Petit-Radel, Voyage historique, chorographique et philosophique dans les principales villes de l'Italie, en 1811 et 1812, Tome 3, 1815 - books.google.fr). François IV de Modène Le 7 février 1814, les armées autrichiennes occupèrent
Modène. L’archiduc Ferdinand étant décédé en 1806, son fils aîné, François
(1779-1846), arriva sur place le 19 juillet 1814. L’acte final du congrès de
Vienne de 1815 lui rendit Modène, Reggio et Mirandole, ainsi que Massa et
Carrare à sa mère. Modène fut brièvement occupée par les troupes de Murat,
ex-roi de Naples, en 1815. De février à mars 1831, après le départ pour l’exil
du duc, un gouvernement provisoire fut mis en place. De mars à août 1848, le
duc reprit le chemin de l’exil tandis que Modène était dirigée par un
gouvernement provisoire et fut même brièvement réunie au Piémont. Le duc fut
restauré le 10 août 1848. Quand la guerre éclata entre l’Autriche et le royaume de
Sardaigne en avril 1859, son fils François V, né en 1819 et mort en 1875, prit
parti pour l’Autriche mais fut contraint d’abdiquer et de quitter Modène pour
Mantoue après avoir institué une régence qui ne dura que deux jours. Une
assemblée municipale décida du rattachement de Modène au royaume de Sardaigne
et vota la destitution de la maison de Habsbourg-Lorraine. L’annexion par le
royaume de Sardaigne fut ratifiée par un plébiscite en 1860 et elle intégra de
ce fait le royaume d’Italie. Modène perdit alors son statut de capitale d’un
État indépendant pour devenir un chef-lieu de province (fr.wikipedia.org
- Duché de Modène et Reggio). En 1830-1831, tandis que la Pologne était le théâtre
d'une lutte sublime et terrible, l'Italie, à son tour, réveillée par ces
immenses clameurs de liberté qui remplissaient le monde, essayait de se
soustraire à la domination de l'Autriche. L'insurrection allait éclater dans
les États intermédiaires, Parme, Bologne et Modène. François IV, duc de Modène, était, dit-on, l'âme du complot, et voulait
se faire souverain constitutionnel d'une grande monarchie italienne, dont la
capitale serait placée à Bologne ou à Milan (Amédée
Boudin, Histoire de Louis Phillippe, roi des français, Tome 2, 1847 -
books.google.fr). Ce projet de 1831 pouvait être dans les vues de François
IV dès 1821. François IV, celui-là même qui, d'après l'opinion
générale, a servi de modèle au Ranuce-Ernest de la Chartreuse de Parme (1839), aussi ambitieux que fourbe, hanté peut-être
par le souvenir de César Borgia, qui avait été, lui aussi, souverain des
Romagnes, rêvait comme lui de faire de son petit État le centre d'une Italie
confédérée sur laquelle il exercerait l'autorité suprême. Il avait eu l'idée de
faire servir les libéraux à ses menées politiques et s'était lié avec leur
chef, Ciro Menotti. Mais le cabinet de Vienne eut connaissance de ces projets.
Il en fit des reproches à François IV. Alors ce prince, qui avait d'abord signé
avec Menotti un bizarre contrat bilatéral par lequel ils se promettaient
réciproquement la vie sauve, prit peur et le fit arrêter avec plusieurs de ses
compagnons, le 3 février 1831. Menotti ne s'était rendu qu'après un combat
sanglant de cinq heures, dans lequel il fut blessé. Le lendemain Bologne se
soulevait en apprenant cette nouvelle, et Modène lui répondait, le 5, en
forçant François IV à s'enfuir à Mantoue, tandis qu'un gouvernement provisoire
proclamait sa déchéance. Aussitôt les événements se précipitent. Le
gouvernement provisoire de Bologne déclara les Légations indépendantes. Ancône
se rendit, le 17, à Sercogoani, qui ne s'arrêta qu’à Otricoli dans sa marche
sur Rome, et, dans moins de quinze jours, les insurgés se trouvèrent maîtres
des deux tiers du territoire pontifical (Louis
Farges, Stendhal diplomate, Revue bleue politique et littéraire, Volume 44,
1889 - books.google.fr). Bologne La noblesse et la haute bourgeoisie, Ă Bologne,
entendaient ne pas risquer inconsidérément les avantages matériels acquis
depuis 1797. La revendication des libertés communales, n'était, en fait, qu'une
manière détournée de préserver ces avantages Cette mesure dans l'opposition
avait pour conséquence une collaboration tacite avec l'occupant. Différence
fondamentale avec la situation politique de Milan. Et Stendhal déclarait avec raison
de la société de Bologne Elle est beaucoup plus liée avec le gouvernement. Un
fait devait cruellement révéler cette entente. Du 10 au 17 mars 1822, Bologne
vit tranquillement défiler dans ses murs l'armée autrichienne qui filait sur
Naples pour mater la révolution. "Bologne e pienamente tranquille. Disturbano
solo gli alloggi" écrit Rangone à son ami Tassoni L'ombre de l'Autriche
s'étendait sur la cité des Bentivoglio. Bologne était décidée à attendre,
patiemment, que la lumière revint. Dans une autre lettre â Tassoni, Rangone -
en qui nous pouvons voir le représentant fidèle du modérantisme Italien -
tirait la leçon dès malheureuses équipées de Naples et du Piémont en des termes
qui font curieusement songer à Stendhal Un signe d'espérance pourtant - il vrai
dire équivoque, puisqu'il trahit surtout l'orgueil municipal - : "Malgré
la peur des gouvernements, qui, depuis 1821, se résout en tyrannie pour tomber
sur la tête des sujets, on bâtit à Bologne, comme partout, beaucoup de maisons
nouvelles : ce signe montre la civilisation et l'aisance semées en Italie
par Napoléon, et que n'ont pu encore extirper les soins des obscurants et la
chute des gendarmeries" (Henri-François
Imbert, Les métamorphoses de la liberté, ou, Stendhal devant la Restauration et
le Risorgimento, 1989 - www.google.fr/books/edition). Révolutions manquées Les Révolutions
manquées de 1820-1821 furent le prétexte d'une série de répressions et de
procès, dans les Etats pontificaux et autrichiens. Le pape Léon XII
(1823-1829), d'esprit réactionnaire, pourchassa les carbonari, particulièrement
actifs dans les Marches et l'ardente Romagne. A Milan, en octobre 1820, la
vigilante police impériale arrêta Piero Maroncelli dont les révélations
compromirent Silvio Pellico (1789-1854). Leur condamnation à mort fut commuée
en détention à vie. En 1823-1824, un nouveau coup de filet aboutit à la même peine
pour l'élite lombardo-vénitienne. Federico Confalonieri, Pallavicino et leurs
amis rejoignirent Pellico et Maroncelli dans les cachots moraves du Spielberg.
Ils y passèrent de longues années, endurant les mauvais traitements et les
privations du carcere durissimo dont le récit fit le tour de l'Europe et créa
le touchant personnage du patriote martyr, avec le livre de Pellico, Le mie
prigioni (1832). [...] L'échec des
Révolutions régionales de 1821 et 1831 fit éclater l'impréparation et
l'inefficacité de la Charbonnerie et signa son arrêt de mort. La secte
cessa de constituer, désormais, une force politique active et déclina
rapidement. A sa place s'affirma une nouvelle tendance, soucieuse de proposer
aux problèmes des solutions essentiellement italiennes. L'émigration olitique
fut la dure école où se façonna, peu à peu, la pensée politique de l'Unité. Au
contact de l'Ă©tranger, la culture restreinte des anciens carbonari, limitĂ©e Ă
une nostalgie de l'Italie napoléonienne et à une négation passionnelle de
l'Europe metternichienne, s'enrichit d'un contenu européen. Après une
méditation critique sur la faillite des tentatives passées, elle élabora des
plans d'action concrets. Le proscrit est un type social caractéristique de
l'Europe des nationalités et la Péninsule lui fournit, avec l'Allemagne, la
Pologne et la Russie, bon nombre de ses échantillons les plus remarquables. Il
serait tout à fait inexact de présenter comme une force cohérente ces fuorusciti,
si différents par leurs origines et leur fortune. Divisés par des rivalités personnelles et des polémiques
aiguisées encore par l'amertume de l'exil, épiés par les polices d'Autriche et
d'Italie qui obtiennent souvent que leurs hôtes sévissent contre eux, les
réfugiés errent à travers le continent. Ils apporteront à la cause de la
liberté leur concours armé. Ainsi, lors
de l'expédition d'Espagne, décidée en 1823, par le Congrès de Vérone, tandis
que Charles-Albert sert dans l'armée de répression, pour se réhabiliter aux
yeux de Charles-Félix, plus d'un millier de Transalpins se battent aux côtés des
insurgĂ©s et dans la campagne pour l'indĂ©pendance grecque, tel Byron Ă
Missolonghi, Santorre di Santarosa tombe à Sphactérie (Paul
Guichonnet, L'Unité italienne, 1995 - www.google.fr/books/edition). Chios Les Grecs s'étant soulevés contre le sultan, un groupe de
combattants débarque sur l'île de Scio (ou Chios), l'une des îles les plus
prospères de la mer Égée, en face du golfe de Smyrne. Ils entreprennent de
rallier les habitants Ă leur cause. Mais le 11 avril 1822, 45000 soldats turcs
débarquent à leur tour. Le sultan étant
décidé à faire un exemple, ils massacrent les habitants mâles et réduisent les
femmes et les enfants en esclavage. On estime le nombre de tués à 25000 et
celui des captifs à 45000. Le drame suscite l'indignation et va entraîner
l'entrée des Occidentaux dans la guerre aux côtés des Grecs (www.herodote.net). Missolonghi Pour les jeunes poètes grecs qui publient dans les années
1820, Ă©crire n’est pas simplement s’exprimer sur l’actualitĂ©, appeler Ă
l’action ou émettre un avis public ; c’est commettre un véritable acte de
parole, dont le choc les marquera Ă vie. Et il faudra chercher le charme de
Solomos dans l’inachevé, celui de Calvos (1792-1869) dans le silence. Le
philhellénisme trop rebelle de ce dernier, si peu chrétien par la forme,
associé à la sobriété absolue de sa poésie, n’avait rien pour plaire à ses
contemporains. [...] Sous le choc des événements, de nombreux jeunes gens
(Vigny, Nerval, Dumas, Barbey d’Aurevilly…) se sont manifestés dans le monde
des lettres par des œuvres mineures qui laisseront d’éventuelles traces dans
les vocations littéraires révélées plus tard. Le sens de Missolonghi,
Thermopyles modernes, se résume après tout à la longue dans la bible du dandy
suprême : «Ne jamais se rendre est, à propos de tout, toujours, toute la
question comme à Waterloo» (Barbey d’Aurevilly). «La jeune captive de Missolonghi» d'Emond Michelet (Journal
politique et littéraire de Toulouse, 13 juillet 1826), dans un geste à la
Chénier, réclame ses «droits au martyre» et préfère à l’esclavage la mort (Maria Tsoutsoura, Philhellénisme
et littérature grecque : réseaux politiques, échos romantiques, transferts
éthiques», Revue germanique internationale 1-2, 2005 -
journals.openedition.org). Missolonghi est une place stratégique qui commande
l'accès au golfe de Corinthe, mais aussi au Péloponnèse et à la Grèce du nord. Le
siège de Missolonghi de 1825-1826 est un épisode déterminant de la guerre
d'indépendance grecque (1821-1829), car il a été un facteur essentiel du
basculement de l’opinion européenne en faveur de l’indépendance grecque. Son
importance est aussi politique que militaire. Missolonghi fut assiĂ©gĂ©e Ă
plusieurs reprises par les Ottomans au cours de la guerre d’indépendance
grecque : en 1822, puis en 1823. Les défenseurs de la ville furent alors
rejoints, financés et entraînés par Lord Byron en 1824. Les Ottomans
assiégèrent de nouveau Missolonghi en 1825-1826. Pendant le siège, les Grecs
firent une ultime et vaine sortie (Exodos). Les Turcs finirent par s'emparer de
la ville en avril 1826. La mort de Byron dès 1824, ainsi que la défense héroïque
et le sacrifice de la population au cours des sièges, marquèrent les
philhellènes et l’Europe en général, de sorte que cette défaite des Grecs joua
un rôle déterminant dans l'obtention de leur indépendance trois ans plus tard (fr.wikipedia.org
- Siège de Missolonghi). "Soleil ardent..." : Nécropole de Solaia 1821 Exécuteur du destin qui régit la vie des humains, Charon
n'épargne ni jeunesse, ni beauté, ni vaillance : pour pouvoir monter sur sa barque, chaque défunt doit acquitter son
droit de passage, sous forme d'une obole (une pièce de monnaie grecque de
faible valeur), d'où la coutume de placer une pièce dans la bouche des morts au
moment des funĂ©railles ; faute de quoi, leurs âmes seraient condamnĂ©es Ă
errer sans trouver la paix. Charon n'apparaît ni chez Homère ni chez
Hésiode, mais c'est une figure très répandue dès le VIe siècle avant J.-C.
aussi bien dans les croyances populaires que dans les arts. On le voit sur de
nombreux vases funéraires athéniens la rame en main, le bonnet de marin sur la
tĂŞte, prĂŞt Ă recevoir dans son bateau les ombres des morts, qui l'attendent sur
la rive du fleuve infernal. La littérature et le théâtre le présentent comme un
vieillard barbu et morose, gourmandant les âmes pour les presser à faire la
traversée, toujours impitoyable à l'égard de celles qui n'ont pas d'obole pour
payer leur passage. Les Etrusques
imaginaient Charon (Charun) comme un démon de la mort, proche d'Orcus, une
sorte de bourreau hideux et grimaçant, armé d'un grand marteau pour assommer
les mortels récalcitrants. Si son apparence générale reste humaine, il a
les oreilles pointues du loup, des ailes, des ongles et un nez crochus,
semblables aux serres et au bec d'un oiseau de proie ; sa bouche énorme est
ouverte comme la gueule d'un animal dévorant ou rit d'un rire féroce. Charon
accompagne Mars sur les champs de bataille, où il assomme et tue les héros destinés
à périr de mort violente. Il est aussi la sentinelle qui garde la porte des
Enfers ou celle du tombeau, dans les nécropoles étrusques ; parfois le
rouleau du destin remplace le maillet entre ses mains. Les jeux de l'amphithéâtre romain ont perpétué cette vision macabre
qui préfigure l'image du Diable dans les représentations chrétiennes de
l'Enfer. En effet, après chaque combat de gladiateurs, des esclaves déguisés en
Charon étrusque, maillet à la main, étaient chargés de vérifier que les vaincus
étaient bien morts avant d'évacuer leurs corps en les tirant par des crochets hors
de l'arène (Annie
Collognat, Catherine Bouttier-Couqueberg, Dictionnaire de la mythologie
gréco-romaine, 2016 - books.google.fr). Les oboles de fer
rencontrées dans les sépultures étrusques ont certainement rappelé au lecteur
l'obole monnayée que le mort emportait dans la tombe pour payer le prix de son
passage sur le fleuve infernal, Styx ou Achéron. Des faits que je viens
d'indiquer il résulte que l'obole-broche précéda dans les tombeaux
l'obole-monnaie. A l'époque classique, c'est Charon, le vieux nocher, qui
percevait ce modique tribut. Mais ce personnage dont il n'est pas question dans
les poèmes homériques et hésiodiques, compte, malgré sa popularité, parmi les
créations récentes des mythes funéraires gréco-latins. Que la transformation si
complète de l'obole sans supprimer le rite, en ait dénaturé l'interprétation,
rien de plus naturel, surtout si nous nous représentons les modifications
profondes qui, vers la même époque, s'introduisirent dans les croyances
relatives aux Enfers (Joseph
Déchelette, Les origines de la drachme et de l'obole, Revue numismatique, 1911
- books.google.fr). 310. Vase oviforme apode, col bas évasé, garni sur
l'épaulement de quatre petits appendices coniques symétriquement espacés (M.,
Pl. VII, fig. 11). Pâte grossière brun-rougeâtre, avec traces d'enduit
noirâtre. Haut. 0,290. - Trouvé en 1821
dans un tombeau étrusque sur la colline de Solaja, O. de Sarteano, 10 milles de
Chiusi, avec les poteries noires décrites sous le n° 306 (Alexandre
Brongniart, Description methodique du musee ceramique de la manufacture royale
de porcelaine de Sevres, Tome 2, 1845 - www.google.fr/books/edition). La plupart des découvertes de tombes à Solaia sont faites
après 1828 (William
Robert Wilde, The Beauties of the Boyne, and Its Tributary, the Blackwater,
1849 - www.google.fr/books/edition). Mais une partie des objets mis au jour Ă Solaia par le
signor Fanelli fut acquise par le grand-duc de Toscane, le habsbourgeois Ferdinand
III, mort le 17 juin 1824 (Dizionario
geografico fisico storico della Toscana, 1843 - books.google.fr, www.sarteanoliving.it). Sarteano est une commune de la province de Sienne dans la
région Toscane en Italie. Des objets de l'Âge du bronze, plus précisément des
époques subappenninique et protovillanovienne, ont été découverts sur le
territoire de la commune, en particulier dans la grotta dell'Orso (grotte de
l'Ours). Mais le véritable développement du territoire de Sarteano se situe au
VIe siècle av. J.-C., quand les petits villages de l'Âge du fer, dont on ne
connaît que les nécropoles (Sferracavalli, Albinaio, Casolimpio), formèrent de
véritables centres urbains. C'est de cette période que datent les nombreuses
découvertes réalisées dans la nécropole de Solaia, d'où proviennent de nombreux
vases en bucchero et quelques céramiques attiques à figure nere. Entre les IVe
et IIe siècles av. J.-C. on note un florissant développement des nécropoles
Ă©trusques situĂ©es Ă l'est de Sarteano, en particulier les nombreuses tombes Ă
hypogée mises au jour dans la localité dite les Tombe témoignent de la présence
de riches familles de la classe foncière. À l'époque romaine, le territoire de
Sarteano fut le siège de nombreux centres de production et de quelques villas
de maîtres dont subsistent des vestiges imposants à la Peschiera Giannini (fr.wikipedia.org - Sarteano). La tomba della Quadriga infernale fut découverte en 2003. Elle présente des fresques colorées dont un Charon psychopompe en habit rouge feu aux rênes d'un char tiré par deux lions et deux griffons (Toscane, Guide de voyage Lonely Planet, 2019 - books.google.fr). "De sang humain..." Les sacrifices humains aux ombres des héros sont communs à tous les peuples de l'Antiquité classique. Chez les Grecs d'Homère , chez les Etrusques et chez les Romains cela s'exprime souvent par le massacre d'une partie des prisonniers (cf. Tite Live au sujet du massacre des prisonniers romains à Tarquinia et la réciproque par, les Romains) (Zecharia Mayani, Les Étrusques commencent à parler, 1961 - books.google.fr). L’Edit Pacca Le nom du Cardinal
Pacca est lié à un édit pour la sauvegarde du patrimoine promulgué en 1820,
vraie «machine de guerre contre la dispersion». L’article démontre que le
voyage-déportation effectué par Pacca en 1809-1814 – quand il quitte Rome pour
accompagner le pape Pie VII dans son exil, puis s’en trouve séparé et en butte
aux sautes d’humeur de Napoléon – avec les différents lieux qu’il parcourut,
eut une incidence sur l’élaboration du texte de loi. Cette loi, en effet,
élargit la protection des biens à leur intérêt historique, alors que les
précédentes règles s’en tenaient à la valeur esthétique. Avec l’Edit Pacca, la
protection du patrimoine devint une composante du cadre institutionnel. […] L’Édit Pacca va devenir un lieu de conflit politique et
social durant plusieurs décennies dans les États préunitaires issus de la
Restauration mais aussi et surtout dans l’Italie postrisorgimentale où il va
déclencher les passions au cours des innombrables débats parlementaires
auxquels sa prorogation donna lieu. Les normes qu’il impose sont considérées
comme une entrave insupportable au droit de propriété. […] Il y a dans la péninsule pérennisation d’un système
tutélaire dont l’existence n’est pas remise en cause par les transformations
politiques et institutionnelles. Cette législation qui naît avec les stygmates
de l’absolutisme puisqu’elle est l’œuvre d’un camerlingue membre d’un petit
groupe de cardinaux neri qui ramènent dans leurs bagages, en 1814, l’Index,
l’Inquisition et les Jésuites, est la seule loi qui ait franchi les barrages
idéologiques tendus par l’Italie libérale devant ce qui pouvait rappeler de
près ou de loin les institutions pontificales (Jean-Claude Bousquet, Le
voyage déportation du Cardinal Pacca (1809-1814). Éléments pour une politique
de la tutela, Italies 1, 1997 - journals.openedition.org). Les bas-reliefs des tombeaux, représentant des chasses au
sanglier, des sacrifices humains, des convois funéraires, des luttes de
gladiateurs, des scènes de la mythologie grecque, etc., nous initient aux
usages et à la religion des Étrusques (Louis-Laurent
Simonin, L'Étrurie et les Étrusques, Souvenirs de voyage : Arezzo, le
Val-de-Chiana et les ruines de Chiusi (1866), 2016 -
www.google.fr/books/edition). Le mauvais archéologue Dans ses Esquisses (1827), le poète grec Grégoire Paléologue s’attaquait déjà à un autre grand sujet associé au philhellénisme, qui aura un sort controversé dans la littérature grecque : celui du voyageur archéologue. Dans la bouche du Turc Moustapha l’auteur met des propos désobligeants à l’égard de ces «[…] êtres assez stupides pour courir des milliers de lieues […] pour venir déterrer quelques morceaux de pierre […]» : «Allah ! Vit-on jamais de plus grands sots ?» Le thème du mauvais archéologue a une fortune importante depuis Byron et Chateaubriand jusqu’à Gautier et Cavafy, mais les Grecs ne jetteront explicitement l’anathème sur l’archéologue et le pouvoir illusoire de ces pierres qui ne nourrissent pas leur homme que dans la fable romancée d’A. Karkavitsas, L’Archéologue (1908) (Maria Tsoutsoura, Philhellénisme et littérature grecque : réseaux politiques, échos romantiques, transferts éthiques, Revue germanique internationale 1-2, 2005 - journals.openedition.org). |