Vandalisme

Vandalisme

 

IV, 35

 

1804

 

Le feu estaint, les vierges trahiront

La plus grand part de la bande nouvelle :

Fouldre Ă  fer lance : les seuls roy garderont :

Etrusque & Corse, de nuit gorge allumelle.

 

"feu" et "vierges" : Vestales

 

En 204 av. J.-C., Rome ne sait plus comment venir Ă  bout d'Hannibal et mettre ainsi fin Ă  la guerre qui l'oppose Ă  Carthage. Alors que les mauvais prĂ©sages s'accumulent (des pluies de pierres auraient assombri le ciel de Rome), effrayĂ© Ă  l'idĂ©e que les dieux auraient abandonnĂ© Rome, le SĂ©nat dĂ©cide de faire consulter les Livres Sibyllins. La rĂ©ponse de l'oracle est claire : il faut envoyer de toute urgence une ambassade en Galatie, au centre de l'Asie mineure (Turquie actuelle), pour rĂ©cupĂ©rer le bĂ©tyle, pierre sacrĂ©e noire de la dĂ©esse Cybèle conservĂ©e Ă  Pessinonte. Cette dĂ©esse est dĂ©jĂ  connue des Grecs, depuis au moins le Ve siècle av. J.-C. Après bien des pĂ©ripĂ©ties, le bĂ©tyle arrive finalement Ă  Rome le 4 avril 204 av. J.-C. La victoire romaine sur Hannibal deux ans plus tard conforte les Romains dans leur choix. Un temple est ensuite construit pour Cybèle (Magna Mater) en 191 av. J.-C. sur le Palatin ; il est appelĂ© «mètroon», d'oĂą l'expression «culte mĂ©troaque» pour dĂ©signer le culte de Cybèle. DĂ©sormais, chaque annĂ©e, du 4 au 10 avril, l'arrivĂ©e de Cybèle est commĂ©morĂ©e par de grandes festivitĂ©s appelĂ©es les «Megalensia». Les Romains l'assimilent Ă  CĂ©rès. Un culte est organisĂ©, avec des prĂŞtres qui perpĂ©tuent la tradition phrygienne : les «Galles» sont des eunuques, qui pratiquaient l'autocastration. Il s'agissait en effet de reproduire le geste d'Attis, le jeune amant de Cybèle qui, selon la mythologie phrygienne et grecque, serait devenu fou et se serait castrĂ© avant de se tuer. Le succès de ce culte Ă  Rome et en Italie ne se dĂ©ment pas aux siècles av. et ap. J.-C., et Cybèle apparaĂ®t mĂŞme sur le monnayage officiel depuis le dĂ©but du siècle av. J.-C. Les empereurs du Ier siècle se montrent respectueux de ce culte dĂ©sormais complètement intĂ©grĂ© aux pratiques religieuses romaines, Ă  commencer par Auguste qui fait reconstruire le temple du Palatin en 3 ap. J.-C. Claude, quant Ă  lui, crĂ©e des fĂŞtes annuelles qui ont lieu au mois de mars dans les rues de l'Urbs. Mais la diffusion du culte mĂ©troaque en dehors de l'Italie est plus tardif : les sources montrent que c'est aux et siècles ap. J.-C. que ce culte se rĂ©pand en Occident notamment dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique, dans les Gaules, en Germanie et en Bretagne. Un lieu de culte double, consacrĂ© Ă  Cybèle et Ă  Isis, avait Ă©tĂ© retrouvĂ© en 1999 Ă  Mayence, la capitale de la Germanie supĂ©rieure. Dans les Gaules, c'est une rixe entre les fidèles de ce culte et les chrĂ©tiens qui conduit, en 177 sous Marc Aurèle, Ă  la première «persĂ©cution» contre les chrĂ©tiens (exĂ©cution de Blandine livrĂ©e aux bĂŞtes dans l'amphithéâtre de Lyon) (Yannick ClavĂ©, Eric Teyssier, Petit Atlas historique de l'AntiquitĂ© romaine, 2019 - books.google.fr).

 

HĂ©rodien raconte l'histoire de la venue de la statue de Cybèle Ă  Rome au sujet d'un sacrifice que fit Commode, fils de Marc Aurèle, Ă  la dĂ©esse :

 

La statue de la déesse est, dit-on, tombée du ciel. On n'en connait ni la matière, ni l'ouvrier; on est persuadé qu'elle ne sort point de la main des hommes. On raconte qu'elle tomba jadis du ciel en Phrygie, dans un lieu qui fut nommé Pessinonte. Ce lieu, dit-on, tira son nom de la chute de la statue, qui y parut pour la première fois. Je trouve néanmoins dans d'autres historiens que ce fut en cet endroit qu'Ilus le Phrygien et le Lydien Tantale combattirent pour se disputer, selon les uns, le passage, ou, selon d'autres, Ganymède. Le combat aurait été long et opiniâtre; un grand nombre d'hommes seraient tombés de part et d'autres, et cette circonstance aurait fourni le nom du lieu. Ce fut là aussi que périt, dit-on, Ganymède, pendant qu'Ilus son frère, et Tantale son ravisseur, voulaient se l'arracher l'un à l'autre. Son corps avait disparu, on divinisa son malheur; de là la fablé de son enlèvement par Jupiter. C'était à Pessinonte que les Phrygiens célébraient autrefois les bacchanales, sur les bords du fleuve Gallus, duquel ont tiré leur nom les eunuques, prêtres de la déesse. L'empire fondé par les Romains commençait à s'accroitre, lorsqu'un oracle leur promit que cet empire serait florissant, durable, et ferait sans cesse de nouveaux progrès, s'ils transportaient parmi eux la déesse de Pessinonte. Ils envoyèrent demander la statue aux Phrygiens, et l'obtinrent facilement, en faisant valoir l'espèce de parenté qui les unissait et l'origine phrygienne qu'ils avaient reçue d'Énée. On embarqua la statue de la déesse, mais quand elle fut arrivée à l'embouchure du Tibre, qui servait alors de port aux Romains, le bâtiment s'arrêta tout à coup, comme par une force surnaturelle. Tous les efforts du peuple ne purent parvenir à le mettre en mouvement; il ne céda qu'à une vestale. On accusait cette jeune fille d'avoir violé le veu de virginité. Sur le point d'être jugée et craignant d'être condamnée à la mort, elle obtint du peuple par ses prières qu'il s'en remit pour le jugement à la déesse de Pessinonte. Elle détache aussitôt sa ceinture, la lie à la proue du navire, et prie à haute voix la déesse de permettre au vaisseau de la suivre, s'il est vrai qu'elle soit pure et innocente. Le vaisseau, entraîné par la ceinture de la vestale, vogue aussitôt. Et tous les Romains, dans l'admiration, reconnaissent à la fois et la puissance de la divinité et l'innocence de la vierge. Mais je me suis peut-être trop longtemps arrêté sur la déesse de Pessinonte; cette digression toutefois plaira peut-être aux hommes peu versés dans les antiquités de Rome (Hérodien, Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu' à l'avènement de Gordien III, 1860 - books.google.fr).

 

La bande peut ĂŞtre la ceinture, et "trahiront" du latin "trahere" veut dire tirer en premier lieu (Gaffiot).

 

Les vestales portent sur certaines représentation un bandeau appelé "insula" avec des parties tombantes "vittae" (Ennio Quirino Visconti, Oeuvres: Musée Pie-Clémentin, Tome 2, 1820 - books.google.fr).

 

"lance les seuls roys garderont" : Guerres marcomanes

 

Les guerres marcomanes, ou guerres marcomanniques, sont une longue pĂ©riode de conflit opposant l'armĂ©e romaine Ă  divers peuples des Germains (Marcomans, Quades) et des Sarmates rĂ©sidant le long du haut- et moyen-Danube lors d'une pĂ©riode allant d'environ 167 Ă  188, occupant la majeure partie du règne de l'empereur Marc Aurèle. C'est lors d'une de ses campagnes que celui-ci commencera l'Ă©criture de son ouvrage philosophique PensĂ©es pour moi-mĂŞme, dont le premier livre porte la mention : «Écrit chez les Quades, au bord du Granoua.» (PensĂ©es pour moi-mĂŞme, I). Mais l'importance macro-historique de cette sĂ©rie de conflits tient surtout au fait qu'elle prĂ©figure les grandes invasions barbares qui Ă©branleront l'Empire romain et finiront par avoir raison de sa partie occidentale entre le IIIe et le Ve siècle (fr.wikipedia.org - Guerres marcomanes).

 

Dion Cassius est encore plus sensible dans le récit de Jules Capizolin. Voici comment s'exprime ce dernier : «Toutes les tribus barbares, depuis l'Illyrie jusqu'aux frontières de la Gaule, Marcomans, Norisques, Hermondures, Quades, Suèves, Sarmates, Latringes, Buriens, Vectovalles, Sosibes, Sicobates, Roxolans, Bastarnes, Alains, Peucins, Costoboques, s'étaient levés en armes. Marc-Aurèle en triompha par son courage. Il fit admirer sa clémence envers les vaincus; il peupla le sol romain d'une multitude infinie de colons enlevés aux barbares; on le vit, par l'efficacité de ses prières, attirer la foudre du ciel, pour écraser les ennemis, et faire descendre une pluie bienfaisante sur son armée prête à périr de soif. Marc-Aurèle avait conçu le projet de créer deux provinces romaines, l'une de Marcomannie, et l'autre de Sarmatie. Il eût exécuté ce dessein, sans l'insurrection d'Avidius Cassius en Orient.» (Joseph Epiphane Darras, Jean Bareille, Justin Louis Pierre Fèvre, Histoire générale de l'église depuis la creation jusqu'a nos jours, Tome 7, 1889 - books.google.fr).

 

Dans cette guerre et se miracle de la pluie, il est question de la Légion Fulminante composée en majorité de chrétiens qui auraient prié pour qu'elle tombe (Abbé Lecanu, Encyclopedie Theologique, ou Serie de Dictionnaires sur toutes les parties de la Science Religieuse, Tome 24 : Dictionnaire des Proheties et des Miracles, 1852 - books.google.fr).

 

Miracles payens et miracles chrétiens.

 

"Foudre Ă  fer"

 

De nombreux textes anciens qui donnent Ă  entendre que des Ă©pĂ©es ou des fers de lance ou d'autres objets ont Ă©tĂ© fondus en entier par la foudre, sans que les objets contigus et inflammables fussent attaquĂ©s : CicĂ©ron, Div., I, 11; Catilin. III, 8; Julius Obsequens, ch. 39 et 59 (101 et 122 cum suppl. Lycosthenis); Dion Cassius, XXXVII, 9; Lucain, VII, 158; Silius ltalicus, XII, 625-626, et Claudien, De sext, cons. Honorii, 344 (Th. Henri Martin, La foudre et les feux de Saint Elme dans l'AntiquitĂ©, Revue archĂ©ologique, Volume 13, 1866 - books.google.fr, Ami Daniel Felix Sestier, De la Foudre, de ses formes et de ses effets, 1866 - books.google.fr).

 

Voici les vers que la muse de Claudien, par un effort d'adulation rĂ©trospective, effeuillait sous les pas de Marc-Aurèle, le long de la voie triomphale qui conduisait ce prince au Capitole, Ă  l'Ă©poque de son retour Ă  Rome : «Tu reviens, clĂ©ment empereur, appelĂ© par les veux du peuple Ă  prendre place dans les temples que la patrie reconnaissante t'a Ă©levĂ©s. Une pluie de flammes a dĂ©vorĂ© l'ennemi; les coursiers que portaient les barbares, sentirent leurs flancs consumĂ©s par un fer inextinguible; le guerrier stupĂ©fait arrachait de sa tĂŞte son casque embrasĂ©; le fer des lances fondait au contact de la foudre, et l'Ă©pĂ©e se vaporisait dans le fourreau. Ce fut un combat oĂą le ciel fit tout, et ne voulut point laisser aux mortels l'honneur de se servir de leurs armes. Les incantations magiques de la ChaldĂ©e avaient armĂ© les dieux, ou plutĂ´t ta piĂ©tĂ©, sublime Marc-Aurèle, avait mĂ©ritĂ© cette faveur insigne de Jupiter tonnant !» (Joseph Epiphane Darras, Jean Bareille, Justin Louis Pierre Fèvre, Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Ă©glise depuis la creation jusqu'a nos jours, Tome 7, 1889 - books.google.fr).

 

Marc Aurèle et Cybèle

 

Durant son séjour en Orient, Marc Aurèle ne laisse rien paraître qui puisse confirmer les rumeurs de complicité entre Faustine et Cassius. Au contraire, une émission monétaire la représente assimilée à la Grande Déesse Cybèle. Les aurei frappés lors du voyage en Orient de la famille impériale attribuent à Faustine le titre de Matri Magnae (la Grande Mère), l'autre nom de Cybèle (Éric Teyssier, Commode: L'Empereur gladiateur, 2018 - books.google.fr).

 

Etrusque et Corse

 

Sous le règne de Marc-Aurèle on commença à connoître & à mettre au nombre des ennemis de l'empire Romain, les Barbares septentrionaux sous les noms de Vandales & de Sarmates. Les Vandales habitoient le long de la mer Baltique, entre la Vistule, l'Elbe & la Chasule, aujourd'hui la Drave. Ils avoient au Midi les Istoevons & les Hermions, & au Septentrion les Ingevons (Charles de Peyssonnel, Observations historiques et géographiques, sur les peuples barbares qui ont habité les bords du Danube et du Pont-Euxin, 1765 - books.google.fr).

 

Lorsque l'autorité des empereurs fut anéantie dans l'Italie, les Goths, Les Huns, et les Vandales, se disputèrent le pays Toscan, le dépeuplèrent, et le remplirent de deuil et de carnage. Florence avait été entièrement détruite par ces barbares (Oudinot, De l'Italie et de ses forces militaires, 1835 - books.google.fr).

 

Après l'invasion wisigoth de l'Ibérie en 418, les Alains et les Vandales sillings se sont soumis volontairement à l'autorité du chef hasding Gondéric, qui est poussé de Gallécie à la Bétique par une coalition romaine et Suève en 419. En mai 429, sous le chef Genséric, les Vandales traversent le détroit de Gibraltar et débarquent en Maurétanie (actuelle Maroc). En 439, ils établissent un royaume qui comprend la province romaine d'Afrique puis la Sicile, la Corse, la Sardaigne, Malte et les îles Baléares. Ils repoussent plusieurs tentatives de reconquête romaine, et saccagent la ville de Rome en 455. Après la mort de Genséric, le royaume connait une période de déclin, et s'effondre lors de la guerre des Vandales de 533-534, dans laquelle les armées de l'empereur byzantin Justinien Ier menées par le général Bélisaire déposent le roi vandale Gélimer et annexent la province d'Afrique (fr.wikipedia.org - Vandales).

 

"gorge allumelle"

 

"alumelle" : lame de couteau, d'épée.

 

Voyez le célèbre miracle des martyrs à qui les Vandales avaient coupé la langue, et qui continuaient à confesser hautement la Divinité de J.-C. Un fait remarquable de l'histoire de Tipasa de Maurétanie est le miracle des langues coupées, pendant la persécution suscitée contre les catholiques, par le roi vandale et arien Hunéric, en 484 (La Religion Chrétienne prouvée par un seul fait, le miracle des langues coupées au temps des Vandales, par Lyttleton) (Jean-Baptiste Boone, Appel à toutes les classes de la société en faveur de l'oeuvre de la propagation de la foi, 1843 - books.google.fr).

 

On est loin de la Corse, mais dans le domaine des Vandales.

 

Il y a eu des évêques d'Afrique du Nord exilés par Hunéric en Corse. Saint Florent éponyme de la cité de Corse serait l'un des deux Florent d'Afrique proconsulaire (Louis Sebastien Le Nain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècle, Tome seizieme, 1732 - books.google.fr).

 

Deux Réparatus d'Afrique, dont l'un, évêque de Utimmirensis, se trouve exilé en Corse en 484, et un autre, sous-diacre de Tipasa bénéficiaire du miracle des langues coupées, exilé la même année à Constantinople (André Mandouze, Sylvain Destephen, Prosopographie chrétienne du Bas-Empire: Prosopographie de l'Afrique chrétienne (303-533), 1982 - books.google.fr, Thierri Ruinart, Historia Persecutionumquas in Aphrica olim, 1737 - books.google.fr).

 

Un conte corse raconte le combat d'un jeune homme contre un monstre Ă  sept tĂŞtes qu'il tue et dont il coupe les sept langues qui lui servent de preuve de son exploit face Ă  des imposteurs. Il Ă©pouse la fille du roi.

 

A la fin du XIXme siècle, dĂ©jĂ , Henri Gaidoz, analysant le motif des langues coupĂ©es (MĂ©lusine, 1887, col. 303), cite ainsi Pausanias (I, 41, 4) : "le roi de MĂ©gare avait promis sa fille en mariage Ă  celui qui tuerait certain lion qui ravageait le pays. Alcathus, fils de PĂ©lops, tua le monstre ; après quoi, suivant le scholiaste d'Apollonius de Rhodes (sur I, 517), il lui coupa la langue et la mit dans sa gibecière. Aussi, des gens qui avaient Ă©tĂ© envoyĂ©s pour combattre le lion s'Ă©tant attribuĂ© son exploit, Alcathus n'eut pas de peine Ă  les convaincre d'imposture."

 

Louis Massignon voyait dans la Corse un lieu où l'ancien folklore de tout le bassin de la Méditerranée restait conservé (Geneviève Massignon, Contes corses, 1984 - books.google.fr).

 

Napoléon épousera Marie-louise, fille de d'empereur.

 

Acrostiche : LL FE, Helel ephesiens

 

Lucifer, le porte-Lumière (Luc 12/49), Ă©tait primitivement le fils de l'aurore, le dieu de l'astre brillant (Helel), VĂ©nus. Cette expression date du IVe siècle. Elle figure dans la traduction de la Vulgate relative Ă  un texte du prophète EsaĂŻe (14/12) oĂą il est question de la planète VĂ©nus, l'image de la splendeur dĂ©chue de Babylone : «Te voilĂ  tombĂ© du ciel, Lucifer, fils de l'aurore. Tu es renversĂ© par terre, toi le vainqueur des nations ! Tu disais en ton coeur : je monterai au ciel, j'Ă©lèverai mon trĂ´ne au-dessus des Ă©toiles de Dieu... je serai semblable au Très-Haut. Et te voilĂ  descendu dans les profondeurs de l'abĂ®me». Un mythe raconte que Tanit, la dĂ©esse phĂ©nicienne, dans un voyage en Babylonie, trouva un astre tombĂ©, VĂ©nus, et le ramassa dans sa ceinture. C'Ă©tait après la chute de Babylone ; l'Ă©crasement de Babylone la Grande avait entraĂ®nĂ© la chute de ses dieux. Rome (Babylone la Grande, Ap. 18/21) qui joua pour les premiers chrĂ©tiens le mĂŞme rĂ´le que Babylone pour les Juifs, apparaĂ®t Ă©galement comme un astre dĂ©chu dans l'Apocalypse (9/1, 8/10) qui chante la chute du Diable (12/7-9, Luc 10/18). Dans l'Ă©pĂ®tre de saint Paul aux EphĂ©?iens (6/12 ), il dĂ©choit du rĂ´le de Lucifer, le "Porte-Lumière" au rĂ´le de "Prince des TĂ©nèbres" (Rosette Dubal, La psychanalyse du diable, 1953 - books.google.fr).

 

MĂŞme s'il y a discontinuitĂ©, il demeure une continuitĂ© dans le souci des chroniqueurs : celui de mentionner les souffrances subies par les catholiques du fait d'hĂ©rĂ©tiques intolĂ©rants et cruels. Autrement dit, dans le fil historique ecclĂ©siastique, celui du martyre n'a pas Ă©tĂ© rompu par la conversion de Constantin. Bien au contraire puisque, pour JĂ©rĂ´me, ce dernier fut gravement fautif de complaisance Ă  l'endroit des ariens. Par lĂ  mĂŞme, Constance II, Valens, les rois Vandales puis Anastase se trouvent rangĂ©s parmi les persĂ©cuteurs. Et la fibre martyriale, constitutive du christianisme antique de continuer Ă  vibrer avec les malheurs des nicĂ©ens. Elle est en tout cas l'un des boyaux du tĂ©tracorde des hagiosèmes. Sa rĂ©sonance est bien sĂ»r celle de la rĂ©pĂ©tition de la Passion : une absence de souffrances martyriales provoquerait une vacuitĂ© dĂ©rangeante, alors mĂŞme que les souffrances subies sont constitutives de la culture chrĂ©tienne, comme de la culture juive. Ne plus connaĂ®tre de persĂ©cutions, ce serait perdre quelque chose, et quelque chose d'essentiel dans une religion fondĂ©e par un supplice, et dont le pivot, si controversĂ© alors, est l'incarnation du fils de Dieu (Bertrand Lançon, BenoĂ®t Jeanjean, Saint JĂ©rĂ´me, Chronique, Continuation de la Chronique d'Eusèbe, annĂ©es 326-378. Suivie de quatre Ă©tudes sur Les Chroniques et chronographies dans l'AntiquitĂ© tardive (IVe-VIe siècles), 2015· 2015 - books.google.fr).

 

Il y a un évêque appelé Lucifer, exilé en Sardaigne par Hunéric en 484, qui a pu être confondu avec Lucifer, évêque de Cagliari (IVe siècle) devenu schismatique (chute) (Charles-Louis Richard, Dictionnaire universel dogmatique, canonique, historique, géographique et chronologique des sciences ecclésiastiques, 1760 - books.google.fr).

 

L'Ă©pisode de l'Apocalypse 9 a pu ĂŞtre interprĂ©tĂ© ainsi : l'Ă©toile qui tombe du ciel est Lucifer qui ouvre le puits de l'enfer d'oĂą sortent une multitude de sauterelles qui sont les Vandales (Jacques Suarez de Sainte-Marie, Tresor Quadragesimal, 1607 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1804 sur la date pivot 172 donne -1460, époque de Moïse, selon comput hébreu. Le comput samaritain est plus reculé dans le temps et correspond au juge Aod (Ehud) qui tue le roi de Moab Eglon (cf. Aiglon).

 

L'établissement de ces religions elles-mêmes avait été, nous n'en doutons pas, une conquête pour la morale; elles s'étaient montrées ce que furent tous les dogmes, un progrès sur un état antérieur; mais leur rôle était fini, l'intelligence humaine les avait dépassées. Redescendre à leurs autels, c'était pour l'homme une chute profonde; et quand le buisson du mont Horeb eut lancé la lumière et la flamme, on cessa de voir la pâle auréole qui, peut-être, à la faveur des ténèbres,avait tremblé sur le front de Baal.

 

MoĂŻse ordonne que la ville idolâtre soit completement rasĂ©e :

 

DeutĂ©ronome 13, 12-16 : Si tu entends dire au sujet de l'une des villes que t'a donnĂ©es pour demeure l'Eternel, ton Dieu: Des gens pervers sont sortis du milieu de toi, et ont sĂ©duit les habitants de leur ville en disant: Allons, et servons d'autres dieux ! des dieux que tu ne connais point tu feras des recherches, tu examineras, tu interrogeras avec soin. La chose est-elle vraie, le fait est-il Ă©tabli, cette abomination a-t-elle Ă©tĂ© commise au milieu de toi, alors tu frapperas du tranchant de l'Ă©pĂ©e les habitants de cette ville, tu la dĂ©voueras par interdit avec tout ce qui s'y trouvera, et tu en passeras le bĂ©tail au fil de l'Ă©pĂ©e. Tu amasseras tout le butin au milieu de la place, et tu brĂ»leras entièrement au feu la ville avec tout son butin, devant l'Eternel, ton Dieu: elle sera pour toujours un monceau de ruines, elle ne sera jamais rebâtie.

 

Le vandalisme qui marqua la fin de l'empire romain, le commencement des sociĂ©tĂ©s modernes, est un fait commun Ă  toutes les rĂ©volutions. Lorsqu’un peuple nouveau se fait une place, il dĂ©truit l'oeuvre des gĂ©nĂ©rations vaincues et dĂ©blaie le sol de leurs monuments; ne faut-il pas qu'il Ă©lève sur ces ruines une sociĂ©tĂ© dont l'esprit lui soit propre ? un art qui porte son cachet ? Les Ă©poques sans originalitĂ©, sans pouvoir crĂ©ateur, n'ont pas le droit d'ĂŞtre vandales, elles sont tenues de conserver les monuments antĂ©rieurs; pourquoi dĂ©moliraient-elles ? elles n'ont rien Ă  bâtir.

 

MoĂŻse ordonna d'exterminer les Ă©trangères  on sait comment furent massacrĂ©es les femmes moabites, madianites, et leur princesse Cosbi; c'Ă©taient pour la loi mosaĂŻque des adversaires dangereux. Les KananĂ©ens comprenaient que le peuple israĂ©lite errant depuis longtemps sur leurs frontières, finiraient par se jeter sur leur territoire et par leur faire une guerre cruelle, au nom de JĂ©hovah; pour corrompre IsraĂ«l, ils lui dĂ©putaient leurs femmes et leurs filles, qui sans cesse entouraient le camp; portaient dans leur sein les statuettes de leurs dieux, et ne se livraient aux HĂ©breux, dont elles irritaient les dĂ©sirs, qu'après avoir exigĂ© d'eux un acte d'idolâtrie (Victor Hennequin, Introduction historique Ă  l'Ă©tude de la lĂ©gislation française: les juifs, Tome 1, 1841 - books.google.fr, saintebible.com).

Les rois & les peuples barbares, qui firent tant de maux aux ChrĂ©tiens dans le quatrieme ĂĄge, ont Ă©tĂ© figurĂ©s par les rois & les peuples dont il est fait mention dans les livres des Juges. Chusan, roi de MĂ©sopotamie ou de Syrie c'est l'empereur Valens : Eglon, roi de Moab, auquel se joignent les enfans d'Ammon & Amalec; ce sont les Goths, les Vandales & les Huns : Jabin, roi de Chanaan, ce sont les Erules : le roi de Madian; ce sont les Ostrogoths : les enfans d'Ammon; ce sont les Lombards : les Philistins; ce sont les peuples qui attaquerent & dĂ©solerent les possessions des ChrĂ©tiens au tems des Iconoclastes  : les empereurs qui exterminent ces barbares & dĂ©livrent les ChrĂ©tiens; ce sont les Juges d'IsraĂ«l qui dĂ©livrent les IsraĂ©lites (Ouvrage sur l'apocalypse, Tome 1 (1777), 1790 - books.google.fr, Catalogue des livres de la bibliothèque de Monsieur Jean-François Vande Velde, Volume 1, 1831 - books.google.fr).

 

Vandalisme, Révolution et Napoléon

 

Avec "Corse" au vers 4 et la datation du quatrain de 1804, on pense forcément à Napoléon Bonaparte.

 

Dans ses lettres sur la Corse à l'abbé Raybal, Napoléon Bonaparte écrivait en 1789-1790 :

 

Des peuplades nombreuses de Goths, de Vandales, de Lombards, après avoir ravagé l'Italie, passèrent en Corse. Plusieurs même s'y établirent et y régnérent longtemps. Leur gouvernement, aussi sanglant que leurs incursions, semblait n'avoir pour but que de détruire. La nature frémit de s'appesantir sur de pareilles horreurs (Napoléon inconnu: papiers inédits (1786-1793), Tome 2 : papiers inédits (1786-1793), 1895 - books.google.fr).

 

L’expression vandalisme révolutionnaire, rappelant les méfaits des Vandales, destructeurs de la civilisation romaine, suscite les recherches de James Guillaume lorsqu’en 1904, il publie les Procès-Verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention nationale1. C’est dans le rapport du 21 nivôse an II (10 janvier 1794) que Grégoire recourt à ce néologisme qui devait faire fortune : « Quant aux monuments actuels, la Convention nationale a sagement ordonné la destruction de tout ce qui portait l’empreinte du royalisme et de la féodalité... A ces mesures de sagesse, la Convention nationale doit en joindre d’autres, pour assurer la conservation des inscriptions antiques. L’on ne peut inspirer aux citoyens trop d’horreur pour ce vandalisme qui ne connaît que la destruction... » Dans ses Mémoires, l’évêque de Blois se glorifie d’être l’inventeur de ce substantif. [...]

 

L’abbé Grégoire revendique le néologisme vandalisme et se justifie ainsi : «Je créai le mot pour tuer la chose». A vrai dire, l’opposition entre les nations éclairées et les Vandales a déjà été exprimée par Barère de Vieuzac dans un discours, le 26 mai 1791 : «Les révolutions des peuples barbares détruisent tous les monuments et la trace des arts semble effacée. Les révolutions des peuples éclairés les conservent, les embellissent et les regards féconds du législateur font renaître les arts qui deviennent l’ornement de l’empire dont les bonnes lois font la véritable gloire» (Louis Trenard, Le vandalisme révolutionnaire dans les départements septentrionaux, Église, vie religieuse et Révolution dans la France du Nord, 1990 - books.openedition.org).

 

Après comme avant le coup d'État de Brumaire, Alexnadre Lenoir se préoccupa principalement d'enrichir, de mettre en état, de classer sa collection de monuments. Il déplorait plus que personne les ravages de ce vandalisme mercantile qui avait succédé au vandalisme sectaire, et qui, sous le régime napoléonien, a renversé tant d'édifices laissés debout par la Terreur. Une émotion très sincère vibre dans la lettre où il conjure Chaptal d'empêcher la démolition imminente de l'église de l'abbaye de Cluny, le plus beau vaisseau qui existe et d'accéder au vœu des habitants de la petite ville, qui pleurent la destruction prochaine d'un monument admiré depuis dix siècles. De même, au retour d'un voyage à Cambrai eu 1806, il parlait avec indignation de la récente démolition de la cathédrale par un spéculateur, qui méditait de convertir en pierre à plâtre les statues d'albâtre (L. de Lanzac de Laborie, Paris sous Napoléon, Spectacles et musées, Tome 6, 1910 - books.google.fr).

 

On notera la rivalité de Charles Pozo di Borgo, du camp monarchiste modéré, et de Bonaparte qui sera chassé avec sa famille de Corse pour avoir été dans le camp jacobin. La rivalité entre les deux hommes durera 20 ans, di Borgo étant obligé de quitter la Corse à son tour et d'errer à travers l'Europe aux prises avec les armées napoléoniennes (Robert Colonna d'Istria, Les grandes figures de la Corse, 2022 - books.google.fr).

 

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