Le Concile de Paris

Le Concile de Paris

 

IV, 44

 

1810-1811

 

Deux gros de Mende, de Roudès & Milhau,

Cahours, Limoges, Castres malo sepmano,

De nuech l'intrado, de Bourdeaux un cailhau,

Par Perigort au toc de la campano.

 

"gros" : les Grosso Ă  Mende

 

L'épiscopat de Jehan de Petit, relativement bref, s'étend de 1474 à 1478. Les Rovère le remplacent, Julien, de 1478 à 1483, Clément Grosso, de 1483 à 1503, et François Grosso, le frère de ce dernier, de 1504 à 1524. En 1475, le roi réduit les pouvoirs des consuls en renforçant leur dépendance vis à vis du comte du Gévaudan et en ne leur laissant que le titre de consul. Julien de La Rovère, trop absorbé par ses intrigues pontificales, ne se passionne guère pour ce petit diocèse dont son biographe Ivan Cloulas démontre qu'il ne s'agit que d'un bénéfice parmi bien d'autres. Mais l'arrivée de son neveu,  Clément Grosso de La Rovère, ranime le conflit. Pour son entrée dans la cité, en octobre 1485, les mendois se barricadent et exigent qu'il jure de maintenir le consulat Clément obtempère mais il se fait relever de son serment, deux ans plus tard, par l'archevêque de Bourges, et se lance alors dans une grande entreprise de démolition de l'appareil consulaire par la violence, par la procédure judiciaire et par la distribution d'offices aux anciens adversaires des La Panouze. Finalement, en 1494, alors que Charles VIII s'implique dans les guerres italiennes, Clément de La Rovère obtient le retour au syndicat. Les intérêts d'un roi avaient permis aux mendois de gagner une liberté que ceux d'un autre roi leur firent perdre (Philippe Maurice, La famille en Gévaudan au XVe siècle (1380-1483), 2019 - books.google.fr, Ordonnances des roys de France de la troisième race, recueillies par ordre chronologique: Tome XVIII : avril 1474 jusqu'au mois de mars 1481, 1828 - books.google.fr, Philippe Maurice, Évêque par l'élection du chapitre ou par la volonté du roi . In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 86, n°216, 2000 - www.persee.fr).

 

François de La Rovère, francisation de Francesco Grosso della Rovere, né à Savone et mort le 16 mai 1524 à Balsièges, est un ancien évêque italien. Il fut évêque de Gubbio, puis évêque de Mende de 1504 à 1524. L'accession à ce dernier évêché lui a également conféré le titre de comte de Gévaudan, ce titre étant dévolu aux évêques de Mende, depuis l'acte de paréage signé en 1307 par le roi et Guillaume VI Durand. C'est lui qui acheva la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende, la somptueuse cathédrale souhaitée par le pape Urbain V. Il la dota de ses deux clochers, dont l'un accueillit la cloche Marie-Thérèse, plus connue sous le nom de la «Non Pareille», la plus grosse cloche du monde [cf. "toc de la campano"] (fr.wikipedia.org - François de La Rovère).

 

L'évêque de Mende Clemente Grosso della Rovere, le 1er octobre 1485, couche au château épiscopal de Balsièges, à 7 km en aval de Mende lors de son "entrée" [cf. "intrado"] (Véronique Julerot, La première entrée de l'évêque : réflexions sur son origine, Revue historique 2006/3 (n° 639) - www.cairn.info).

 

RĂ©volte populaire au son de la cloche : l’exemple d’Agen

 

Les historiens ont attribuĂ© Ă  la RĂ©forme une initiative qu'elle n'a pas eue, au moins dans la Guienne : si elle affecta des tendances dĂ©mocratiques, c'est qu'elle avait recueilli des gĂ©nĂ©rations antĂ©rieures. De la fin du règne de Louis XI au milieu du règne de François Ier, il y eut une grande agitation dans notre province. Le peuple, Ă  Agen, lutta contre l'aristocratie par des voies en 1481, et par l'Ă©meute, en 1514. A Puymirol, il rĂ©ussit Ă  s'affranchir de la tutelle bourgeoise dans des conditions qui ne nous sont point connues. La destruction de tant de pièces d'archives ne permet pas de vĂ©rifier la portĂ©e des rĂ©vĂ©lations faites par Mathurin Yrisson sur les rĂ©voltes des habitants de Condom contre leur Ă©vĂŞque et de ceux de Bordeaux contre leur maire. Ces Ă©vĂ©nements sont antĂ©rieurs aux troubles d'Agen. Il en est d'autres postĂ©rieurs qui dĂ©montrent l'effervescence des populations de la Guienne et des provinces voisines : "En juillet 1548, dit M Camille Jullian, l'Ouest entier fut en armes, de Poitiers Ă  Bordeaux. L'insurrection, habilement organisĂ©e par des chefs fort intelligents, prit tout de suite un caractère politique; elle se donna le titre significatif de Commune de Guyenne, et les Ă©missaires des rĂ©voltĂ©s entrèrent en pourparlers avec les bourgeois et les artisans de Bordeaux.» Ainsi les insurgĂ©s de l'Ouest avaient tentĂ© de constituer une grande fĂ©dĂ©ration dans tout le pays. C'Ă©tait dĂ©jĂ  le programme de la commune d'Agen trente-quatre ans auparavant, alors limitĂ© au pays d'Agenais. Les rĂ©volutions, qui paraissent brusques, ont toujours des causes lointaines. Nous apprĂ©cions mal les transitions dans le cours des gĂ©nĂ©rations humaines. Elles existent pourtant, et on peut l'expliquer par un axiome empruntĂ© aux sciences naturelles : Natura non facit saltum. Au XVIe siècle, le feu allume au XVe a toujours couvĂ© sous la Il y a probablement des {rapports, entre les tentatives de ligues dĂ©mocratiques sous Louis XII et la grande rĂ©volte des Croquants au temps de la Ligue. Au XVIe siècle, la fĂ©odalitĂ© dans les campagnes, la bourgeoisie dans les villes royales avaient assez de force pour vaincre les rĂ©sistances. L'heure de l'avènement de la dĂ©mocratie n'avait pas encore sonnĂ©.

 

A Agen, le lundi, 3 juillet, dès le point du jour, le tocsin sonnait aux clochers des églises paroissiales de Saint-Hilaire et de Sainte-Foy; c'était le signal de la révolte, (l'"insulte" d'Agen de 1514) (Georges Tholin, Proclamation de la commune à Agen en 1514. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 13, N°49, 1901 - www.persee.fr).

 

Les cloches sonnaient dès le début des événements d'Agen en 1514 à partir des églises Sainte Foy et Saint Hilaire. Elles ont résonné durant toute la nuit de l'émeute de 1635 à Périgueux et que dire de Bordeaux où au cours des diverses émeutes celles de Sainte Croix et de Saint Michel se sont presque toujours fait entendre (comme en 1548) (Jacques Dubourg, Histoire des grandes révoltes aquitaines (XVIe-XVIIe siècles), 1994 - books.google.fr).

 

"Périgort" : D'Estissac et la révolte d'Agen

 

Louis XII envoya-t-il à Agen, pour commencer l'information et punir les coupables, Bertrand d'Estissac, chevalier, sénéchal d'Agenais et de Périgord, conseiller du roi, noble Bertrand de Chassaignes, seigneur d'Astaffort et conseiller au Parlement de Bordeaux, enfin Nicolas Boyer, conseiller au grand Conseil. Ces trois personnages se mirent à l'œuvre, calmèrent les esprits et commencèrent, dès la fin de 1514, cette interminable procédure, où furent entendus tant de témoins, à la charge de cent trente-deux accusés. Elle dura plus d'une année. Ce ne fut qu'en 1515 que fut rendue par eux et plusieurs autres magistrats d'Agen, tels que Joseph Sevin, juge mage, Martial Cortète, Guillaume de Castillon, etc., la sentence finale rapportée par N. Boyer, et dont nous avons l'original même aux archives d'Agen. D'après elle, Clerguet et le Bayonnès, les deux principaux coupables a furent condamnés à faire amende honorable, à être fouettés par les carrefours, puis conduits au gibet et bannis du royaume, avec défense d'y rentrer sous peine d'être pendus. Dix-sept autres accusés furent condamnés à être bannis, les uns du royaume, les autres de la sénéchaussée, soit pour toujours, soit pour un an, et à payer des amendes. Enfin la confiscation des biens fut ordonnée contre les plus coupables (Philippe Lauzun, Les couvents de la ville d'Agen avant 1789, Revue de l'Agenais et des anciennes provinces du Sud-ouest, historique, littéraire, scientifique & artistique, Volume 13, 1886 - books.google.fr).

 

Le nom d'Estissac vient d'une terre du Périgord, qui passa en 1587 dans la maison de La Rochefoucauld, par le mariage de Claude d'Estissac, fille de Louis d'Estissac, gouverneur de La Rochelle, avec François IV, comte de La Rochefoucauld, prince de Marsillac, etc. Bernard d'Estissac avait remplacé comme sénéchal d'Agenais, en 1513, Antoine de Lestrange, successeur de Robert II de Balzac d'Entragues vers 1501 ou 1503. Il fut lui-même remplacé vers 1515 par Rigault Doreille (Jules Andrieu, Une province à travers les siècles: Histoire de l'agenais, Tome 1, 1893 - books.google.fr).

 

"malo sepmano"

 

Malo sepmano, de l'espagnol, signifie mauvaise semaine (Paul Guérin, Le véritable secret de Nostradamus, l'ange de Dieu, 1971 - books.google.fr).

 

En espagnol "mala semana" : menstruation des femmes (Neuman and Baretti's Dictionary of the Spanish and English Languages: Spanish and English, Tome 1, 1836 - books.google.fr).

 

Ou provençal "mauvaise semaine" (Peter Lemesurier, Nostradamus: Next 50 Years, 1993 - books.google.fr).

 

Le quatrain est en langue d'oc : malo sepmano. Voir fragments d'une enquête pour la béatification de Pierre Berland, 14 juin 1464, dans Arch. historiques de la Gironde, III, n° CCXLVI : «le jour de la malejournade» (Jacques Clemens, La géographie et les villes de l'Aquitaine dans les Centuries de Nostradamus, Le Libournais: actes du XXXIVe Congrés d'études régionales tenu à Libourne les 15 et 16 mai 1982, 1985 - books.google.fr).

 

Les sentiments de Pey Berland en face des épreuves du pays bordelais ne souffrent pas de doute. Une anecdote les met à nu. Après le désastreux combat du 1er novembre 1450, qui fut «la malejournade» pour les citoyens qui s'étaient heurtés au sire d'Orval du côté du Haillan, quand les cadavres des tués furent ramenés en ville sur des charrettes, l'archevêque fut remué  par une telle douleur qu'il demeura seul, en prières dans son oratoire pendant presque deux jours et deux nuits (Bernard Guillemain, Un évêque au milieu de son peuple : Pey berland et les Bordelais (1430-1456), Mélanges en l'honneur de Étienne Fournial, 1978 - books.google.fr).

 

La "male journade" oppose, le 1er novembre 1450 jour de la Toussaint, le seigneur d'Orval au service de la reconquête française des possessions continentales anglaises à la fin de la guerre de Cent ans et les anglo-bordelais (Henri Ribadieu, Histoire de la Conquête de la Guyenne par les Français, de ses antécédents et de ses suites, 1866 - books.google.fr).

 

"Mauvaise journée" et non "mauvaise semaine" mais on compte sept villes citées dans le quatrain comme les sept jours de la semaine.

 

Los vacairôls o vacairièls

 

Les 7 jours de la Vieille sont 7 jours qui vont, en général du 27 février au 5 mars, mais qui peuvent aller, selon les pays ou selon les contrées, de la fin janvier au début février, ou de la fin mars au début avril, voire même dans les premiers jours de janvier, concernant principalement les moments de recrudescence du froid avant l’arrivée du printemps. Les jours de la Vieille sont également appelés Jours d'emprunt (puisque Mars emprunte des jours à Février pour punir la Vieille) ou Jours prêtés. On les appelle aussi Jours de la Vachère.

 

Il y a la légende "lou Trau de la Chaucho-Vieio" à Saint Rémy de Provence, patrie de Nostardamus. La Vieille du cauchemar est fêtée le dernier week-end de Février (période des jours de la Vieille) lors du carnaval de Saint Rémy. Elle a son char derrière lequel suivent les "Pelles Vieille". Le trou de la Vieille est situé non loin de la chapelle Notre Dame de Pitié. Il faut également noter qu'à Maillane (commune limitrophe) la légende des Jours de la Vieille est connue et il y a une colline appelée Mont de la Mère. (www.lavieille.com, Josiane Bru, Le repérage et la typologie des contes populaires. Pourquoi ? Comment ? Bulletin de l'Afas N° 14, 1999 - journals.openedition.org).

 

Ces «jours de la vieille» sont également présents sur tout le pourtour du bassin méditerranéen (Claudine Fabre-Vassas, Paraschiva-Vendredi, La sainte des femmes, des travaux, des jours, La fabrication des saints, Terrain N° 24, mars 1995 - journals.openedition.org).

 

«La fada dels Martius (Vieille fée qui habitait une cabane au pied du roc de la poada (route de Curières à Aubrac) dans ce pays appelé les Martius) possédait quatre génisses et se félicitait à la fin de mars de les avoir hivernées :“Ni per març, ni per marcèlas / Ai ivernadas mas vedèlas.” Mars entendit le propos et piqué au vif dit à avril : "Prèsta-m'en très que ieu n'ai quatre / E las pautas de la vièlha farem batre. ”Ce qui veut dire : “Prête-moi trois jours, car j’en ai quatre et la vieille battra des mains de désespoir”. Et ce fut la mauvaise semaine dels vacairiols, jours de neige et de glace pendant lesquels les génisses n’eurent rien à manger et moururent de faim.» (Extr. de L’Aubrac, d’après l’abbé A. Calmels et le chanoine H. Costes)

«Març di(gu)èt a-z-abrièl : “Presta-m’entrès que n ’ai quatre e las pautas de la vièlha farem batre.”» (Pierre Niel)

«Març di(gu)èt a-z-abrièl : “Presta-m’entrès que ieu n’ai quatre, entre naltres laspautas de la vièlha farem batre.” Los dar-rièrs jorns de març e los premiers d’abrièl, soventfa missant temps.» (Maria Andrieu)

 

La même légende est dans Mirèia, sauf qu’en Provence elle a rapport aux derniers jours de février et aux premiers jours de mars. (Saint Chèli d'Aubrac, Al canton, 1998 - www.occitan-aveyron.fr).

 

"cailhau"

 

En suivant les quais, dans la même direction, on remarque la porte du Palais ou du Caillou, flanquée de 2 tours (fin XVe s.). En cet endroit s'élevait de l'Ombrière, tour à tour résidence des ducs d'Aquitaine, des commandants français, des sénéchaux d'Angleterre ; Louis XI y établit le Parlement. Le palais fut démoli en 1800. [...] La tour de Pey-Berland à côté de la cathédrale Saint André a été construit par l'évêque en 1440 (Almanach Hachette, 1895 - books.google.fr).

 

Construite à la gloire de Charles VIII à la fin du XVe siècle, la porte Cailhau est l'une des deux seules de l'enceinte médiévale, avec Saint-Éloi, à avoir été épargnées par Tourny. Plus tardivement, en 1496, la porte Cailhau, à Bordeaux, a été dotée d'un portrait de Charles VIII, le vainqueur de Fornoue, abrité sous le dais central de la porte

 

La porte Saint-Éloi, avec sa Grosse Cloche médiévale, avait claironné le triomphe de la Commune bordelaise et de ses bourgeois-citoyens. La porte Cailhau se voulut par opposition symbole du loyalisme naissant de Bordeaux envers la monarchie française. Elle fut érigée dans le rempart de la ville, face à la Garonne, au cours de la dernière décennie du XVe siècle. Après la conquête du royaume de Naples par Charles VIII et la victoire que ce roi remporta à Fornoue. Avec le recul, cette bataille apparaît comme un baroud d'honneur dans une guerre à l'issue trop prévisible. Mais le ban et l'arrière-ban de la noblesse de Guyenne s'y étaient illustrés sous la bannière à fleurs de lis, à commencer par André d'Épinay l'archevêque de Bordeaux. Leur vaillance provoqua l'admiration terrifiée des Italiens, médusés par la furia francese. Et l'adjectif gascon y devint synonyme de brave. «Ce nom de soldat gascon s'était épandu parmi la chrétienté si bien que tout soldat français, pourvu qu'il fût vaillant, on le tenait pour gascon », témoigne le Périgourdin Brantôme. Pour rendre hommage au courage de leurs compatriotes autant qu'au roi de France, les jurats de Bordeaux décidèrent d'orner la porte Cailhau d'un bas-relief monumental montrant leur prélat, avec sa croix pastorale, aux côtés d'un Charles VIII vêtu «en habit d'empereur, tenant un monde à la main, et couronné d'une riche couronne close». La nouvelle porte était, en effet, destinée aux entrées solennelles des grands personnages et des monarques dans la ville. Le premier à l'inaugurer sera François Ier, le 9 avril 1526. Il rentre alors d'Espagne où son adversaire Charles Quint l'a  retenu prisonnier près d'un an durant, après le désastre de Pavie. Avant d'être libéré, il s'est vu contraint de signer le sévère traité de Madrid et de laisser ses deux jeunes fils en otages outre-Pyrénées. Mais ces circonstances douloureuses n'ont en rien entamé la popularité dont le roi-chevalier jouit depuis Marignan. On en jugera à la réception grandiose que lui réservent ses sujets bordelais. Une «maison navale» a été spécialement construite, qui le conduira de Langon jusqu'au port de la Lune, sous l'escorte de vingt galions étoilés d'argent (Hélène Tierchant, Bordeaux libertés: d'Ausone à Chaban, 1996 - books.google.fr).

 

A l'époque de la construction de la tour Cailhau, c'est André d'Espinay qui est archevêque de Bordeaux (1479-1500) succédant à son oncle Arthur de Montauban (fr.wikipedia.org - André d'Espinay).

 

Millau

 

L'entrée en fonction des administrateurs municipaux fait l'objet, à Millau comme dans d'autres villes, d'une procédure particulière rythmée par des étapes bien distinctes et ayant chacune leur signification propre. La première d'entre elles est l'electio, au sens médiéval du terme. Ce choix s'opère également à Millau selon une technique précise qui correspond alors à une véritable élection au sens moderne. Choisir et élire sont ainsi liés. Les membres du Conseil Secret et du Conseil de l'Esquille donnent leur voix le jour de la Sainte-Trinité, le dimanche après la Pentecôte, aux hommes qui doivent remplacer les consuls sortants. À défaut de dispositions dans les ordonnances de 1339 et de 1348, le déroulement des opérations peut être reconstitué grâce aux procèsverbaux détaillés des élections intervenues en 1496 et en 1515. Le vote dont ils font état se rencontre pareillement aux XIVe et XVe siècles. [...]

 

Les retards plus fréquents des redditions, ont pu participer aux changements politiques intervenus dans les années 1450 avec l'arrivée de nouvelles familles consulaires, la suppression du Conseil Secret, la désignation d'un laboureur comme consul et l'élargissement de la commission de contrôle des comptes aux affanaires (manœuvres). [...]

 

L'expression de «premier consul» est semble-t-il tardive dans les villes du Midi et du Centre de la France. Elle est employée à Millau en 1452-1453 pour Jean de Montcalm  (Florent Garnier, Un consulat et ses finances. Millau (1187-1461), 2013 - books.google.fr).

 

"intrado"

 

"intrado" vient du provençal entrée, début, commencement et en italien cela signifie "entrée solennelle", sens que l'on retient en rapport avec les évêques, et qui l'a encore dans le titre en provençal de la relation de l'entrée du cardinal Chigi à Avignon en 1664 (Frédéric Meyer, Livre de raison de Jean-Gaspard de Grasse, 2002 - books.google.fr).

 

L’abbatiale de Saint-Seurin porte le nom d’un des plus vénérables patrons de Bordeaux. Saint Severinus, devenu plus tard saint Seurin, est selon la tradition, le quatrième évêque de la ville. D’après le récit que les clercs bordelais ont fait au VIe siècle à l’historien et prélat saint Grégoire de Tours, Severinus serait venu des provinces de l’Orient. Dans son In gloria confessorum, le prélat relate le récit légendaire de son arrivée et de sa rencontre avec l’évêque Amandus (saint Amand), au IVe siècle. «L’évêque Amandus qui gouvernait l’église de Bordeaux, vit pendant la nuit, en songe, le Seigneur qui lui dit «Lève-toi et va à la rencontre de mon serviteur Severin....» L’évêque Amandus se leva, prit un bâton dans sa main et se hâta d’aller à la rencontre de l’homme saint... Et voilà que saint Severin venait comme au-devant de lui. Alors s’approchant, ils se saluent de leurs noms, se jettent tous deux dans les bras l’un de l’autre, et ayant fait leur prière, après s’être embrassés, ils entrèrent dans l’église en chantant à voix haute des psaumes...». Selon les dires des clercs, Amandus lui laissa sa charge épiscopale, charge qu’il reprit après la mort du saint prélat. Une autre source raconte l’arrivée de saint Seurin. A la fin du VIe siècle, l’archevêque de Bordeaux Bertechramnus qui se désolait que la ville ne possède aucun martyr, commande au poète et évêque de Poitiers, saint Venance Fortunat, une Vie de saint Seurin. Dans ce récit, Severinus est évêque de Trèves. Un ange lui ordonne de se rendre en Aquitaine. Après sa mort, Amand, qui lui avait laissé comme dans le récit de Grégoire de Tours sa place d’évêque, et craignant que les habitants de Trèves ne volent son corps, le fait enterrer secrètement dans une crypte. Ces légendes sont à l’origine du grand prestige dont a joui tout au long des siècles Saint-Seurin. Les chanoines ont, grâce à cette célébrité, revendiqué des statuts, des droits et un rang particulier au sein de l’église bordelaise. Le plus important était l’obligation pour le nouvel archevêque de passer la nuit à Saint-Seurin et d’y être intronisé avant de faire son entrée solennelle dans Bordeaux (Bordeaux, L’église Saint-Seurin - www.paysdecernes.org).

 

La question de la nomination aux postes ecclésiastiques

 

En Italie, Sixte IV s'est attaquĂ© aux MĂ©dicis, Ă  Florence, mais Julien Della Rovere, neveu du pape, considère qu'il s'agit lĂ  d'une erreur, et cela d'autant plus que les MĂ©dicis sont soutenus par le roi de France. Louis XI se brouille avec les Rovere, Ă  l'exception de Julien. Pour gage de cette sympathie, dès le 3 juillet, Julien est Ă©vĂŞque de Mende. A-t-il Ă©tĂ© Ă©lu lors d'une nouvelle rĂ©union du chapitre ? A-t-il Ă©tĂ© plus Ă©nergiquement nommĂ© par le roi ? François Alamand est le candidat des partisans du roi, il entretient mĂŞme des relations avec l'un des agents des MĂ©dicis. Tout semble indiquer que François a, de bonne grâce, renoncĂ© aux droits confĂ©rĂ©s par son Ă©lection et que le chapitre a courtoisement et fidèlement modifiĂ© son vote sur l'invitation du roi qui n'avait pas intĂ©rĂŞt Ă  remettre en question les droits coutumiers du chapitre. La confirmation de cette Ă©lection tarde Ă  venir et le roi place l'Ă©vĂŞchĂ©, toujours considĂ©rĂ© vacant, en sa main après quoi il le confie Ă  Pierre Donet, ancien vicaire de Petit-DĂ©, qui accorde un lods comme vicaire gĂ©nĂ©ral du diocèse le 11 septembre. Peu après, du 11 au 22 novembre, Guy II de La Panouze et Jean Alamand remplacent Donet comme commissaires royaux et vicaires gĂ©nĂ©raux de l'Ă©vĂŞchĂ© vacant en la main du chapitre. Toutefois, ajoutant Ă  la confusion, Julien Della Rovere ne tarde pas Ă  se dĂ©clarer maĂ®tre de ce diocèse dont le comtĂ© apporte de confortables subsides. En pleine vacance officielle, le 1er octobre 1478, il nomme un vicaire gĂ©nĂ©ral, Georges Menypenny, professeur es lois, qui est sans doute apparentĂ© Ă  un serviteur du roi, Guillaume de Menypenny, et qui agira Ă  ce titre jusqu'en janvier 1481 (n.st.). Dès la fin de 1478, le diocèse n'est plus vacant et l'officialitĂ© est dirigĂ©e par Pierre Gichard, docteur dans les deux droits, chanoine de Saint-Agricol d'Avignon, du 23 janvier 1479 (n.st.) au 4 mars 1481 (n.st.). Pierre Donet est associĂ© Ă  Menypenny jusqu'au 2 avril 1479, au moins. Julien ne s'embarrasse pas plus du GĂ©vaudan dont il laisse la gestion Ă  ses officiers et il ne se prononce pas sur la question, localement essentielle, du pouvoir temporel des Ă©vĂŞques sur la ville de Mende remis en question par l'instauration du consulat. Son attitude est intelligente. Il perçoit ses revenus sans risque, sans susciter d'animositĂ©, et rĂ©serve ainsi son Ă©nergie pour ses aventures romaines et italiennes. [...] Cependant, très rapidement, dès mai 1480, Julien Della Rovere, reconnaissant envers François, ou conscient de sa valeur, le nomme vicaire gĂ©nĂ©ral, avec Menypenny et en remplacement de Pierre Donet. [...]

 

Si le destin de François Alamand, qui est obligé de se désister au profit d'un italien, n'est pas exceptionnel, il s'avère à plusieurs titres exemplaire. Son histoire personnelle est celle d'un ecclésiastique mort nonagénaire après avoir été chanoine dans sa ville natale pendant plus de cinquante ans. François a participé à tout ce qui a marqué la vie des Mendois, la construction de la cathédrale, les révoltes urbaines et les réconciliations qui ont suivi celles-ci. Il est omniprésent dans l'histoire du Gévaudan de la fin du Moyen Âge et aucune étude exhaustive de l'histoire locale ne peut l'ignorer pour cette période. Mais son exemple dépasse le caractère régional et présente un autre intérêt dans la mesure où il met en évidence le problème posé par la nomination des évêques et les comportements qui en découlaient lorsque le roi et le pape imposaient un pasteur à une église diocésaine. François Alamand est élu à la tête du diocèse de Mende mais il renonce à son évêché face à Julien Della Rovere, candidat de Louis XI et neveu de Sixte IV. La politique et les relations internationales, et la diplomatie, influent donc sur sa destinée, sans perturber pour autant la vie des Gabalitains. Il est probable que de nombreux évêques élus par leur chapitre se sont soumis au pouvoir des princes mais l'histoire a rarement conservé le souvenir de ces actes de soumission puisque les archives répercutent surtout le souvenir des insoumis qui déclenchent de longs procès et qui se livrent parfois à de véritables petites guerres (Philippe Maurice, Évêque par l'élection du chapitre ou par la volonté du roi. In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 86, n°216, 2000 - www.persee.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1811 sur la date pivot 1514 donne 1217.

 

Au Concile de Melun, en 1216 (ou 1217 selon Lenglet), les grands du royaume s'y opposerent à l'excommunication lancée par Innocent III contre Philippe-Auguste (L'Univers: histoire et description de tous les peuples, Tome 5, 1841 - books.google.fr, Encyclopédie théologique, Tome 14, 1847 - books.google.fr).

 

Ecommunication de Napoléon

 

MenacĂ© d'excommunication par Pie VII, pour avoir manquĂ© Ă  ses promesses et envahi le domaine temporel et spirituel de l'Église romaine, NapolĂ©on reproche, en 1806, Ă  ce pape, de laisser pĂ©rir les âmes, d'ĂŞtre un fauteur d'hĂ©rĂ©tiques, en ne dĂ©clarant pas la guerre aux Anglais, aux SuĂ©dois et aux Russes; il Ă©crit l'annĂ©e suivante Ă  son beau-fils, en parlant de l'excommunication : «Le Pape qui se porterait Ă  une telle dĂ©marche cesserait d'ĂŞtre pape Ă  mes yeux; je ne le considĂ©rerais que comme l'antechrist envoyĂ© pour bouleverser le monde et faire du mal aux hommes... Que veut faire Pie VII en me dĂ©nonçant Ă  la chrĂ©tientĂ© ? mettre mon trĂ´ne en interdit, m'excommunier ? Pense-t-il alors que les armes tomberont des mains de mes soldats ?... Je ne craindrai pas de rĂ©unir les Églises gallicane, italienne, allemande, polonaise, pour faire mes affaires sans Pape.» Ainsi parlait NapolĂ©on le 22 juillet 1807. L'excommunication est prononcĂ©e le 10 juin 1809. En 1811, l'empereur rĂ©unit les Ă©vĂŞques d'Italie et de France pour essayer de faire ses affaires sans pape, et ne peut y rĂ©ussir (Pierre-Jean-Corneille Debreyne, Le prĂŞtre et le mĂ©decin devant la sociĂ©tĂ©, 1853 - books.google.fr).

 

Le concile

 

Charles Colbert de Seigneley de Caste-Hill est évêque de Rodez de 1781 à 1801, mort en 1813. Claude Debertier est évêque constitutionnel de l’Aveyron de 1791-1801, mort en 1831. À la suite du refus du concordat par Mgr Colbert, le siège épiscopal de Rodez a été supprimé de 1801 à 1817 et rattaché à Cahors (fr.wikipedia.org - Liste des évêques de Rodez).

 

De 1805 à 1821, Étienne Parfait Martin Maurel de Mons, qui durant la Révolution française, est chanoine d'Aix et vicaire général du Vivarais, devient, après son épiscopat mendois, évêque puis archevêque d'Avignon.

 

Étienne de Mons obtient le titre épiscopal en 1805 : il est nommé à Mende le 30 janvier, ce que confirme la curie romaine le 22 mars. Il est sacré évêque de Mende le 21 avril 1805 à Notre-Dame de Paris par le cardinal Belloy de Morangle (les coconsécrateurs furent Jean-Baptiste de Chabot, évêque émérite de Mende, Claude André, évêque de Quimper). Messeigneurs Étienne Célestin Enoch (évêque de Rennes), Jean-Paul Faudoas (évêque de Meaux) et Pierre-Vincent Dombidau de Crouseilles (évêque de Quimper) furent sacrés le même jour. Un des oncles du prélat, Joseph-Robin Morel de Mons, avait été évêque de Viviers (1748-1778), et le neveu se voyait ainsi appelé à administrer cet ancien diocèse, uni pour le moment à celui de Mende. Le nouvel évêque se montra vigilant et actif. Non seulement il visita son diocèse, qui comprenait alors deux départements, mais il remplissait même les fonctions du ministère ordinaire et confessait dans sa cathédrale. Baron d’Empire le 6 juin 1808 avec droit de transmission à l'un de ses neveux, l’évêque de Mende assista au concile de Paris en juin 1811 (fr.wikipedia.org - Etienne Parfait Martin Maurel de Mons).

 

Charles François d’Aviau du Bois de Sanzay est un archevêque français, né le 7 août 1736 et mort le 11 juillet 1826 à Bordeaux, suite à un incendie. Il effectue son séminaire à Angers puis occupe un premier poste à Poitiers. Après sa consécration le 3 janvier 1790, il est tout d’abord nommé archevêque de Vienne puis nommé archevêque de Bordeaux de 1802 à 1826.

 

L’archevêque de Bordeaux entreprend la reconstruction de l’archidiocèse, tant matériel, avec la remise en état des nombreux lieux de cultes délabrés, qu’humain et spirituel, avec la réintégration des prêtres jureurs désireux de se réconcilier avec l’Église, sous réserve d’un acte d’adhésion de leur part. Il s’ensuit une lutte entre Mgr d’Aviau et le préfet de la Gironde, Dieudonné Dubois ce dernier trouvant inadmissible que les prêtres jureurs ne soient pas réintégrés d’office. Fatigués des nombreuses entraves qu’il rencontre successivement, il envisage de démissionner mais les évêques des alentours s’emploient à le détourner de ce projet. Voyant que les pourparlers avec le préfet ne mènent à rien, Mgr d’Aviau décide de s’adresser, dans une lettre, au Premier Consul en personne. Peu de temps après, le préfet de la Gironde est remplacé par Charles-François Delacroix, nommé le 23 avril 1803. Mgr d’Aviau doit faire face à une autre menace de la part d’un prêtre qui décide de se marier avec la fille d’un maire avec laquelle il entretient déjà une relation. Ce prêtre, Marc Boisset, pose cet acte délibérément, dans le but de provoquer l’institution religieuse. M. l’archevêque de Bordeaux se doit alors de réagir. Après maintes supplications auprès du ministre du culte, ce dernier lui écrit, dans une lettre du 14 janvier 1806, que sa requête a été acceptée. Sa Majesté Impériale et Royale, en considération du bien de la religion et de mœurs, ordonne qu’il serait défendu à tous les officiers de l’état civil de recevoir l’acte de mariage du prêtre Boisset (fr.wikipedia.org - Charles François d'Aviau du Bois de Sanzay).

 

Guillaume-Balthazar Cousin de Grainville, né en 1745 au Havre, est évêque de Cahors et de Rodez de 1802 à 1828  (fr.wikipedia.org - Liste des évêques de Cahors).

 

Jean-Marie-Philippe Du Bourg, né à Toulouse le 23 août 1751 et mort à Limoges le 31 janvier 1822, accepta de devenir évêque de Limoges et le sacre eut lieu le 7 juin 1802. A sa mort, le vicaire général Massainguiral procéda à la publication de son testament, qualifié de «monument de piété» (fr.wikipedia.org - Jean-Marie-Philippe Dubourg).

 

L'évêché de Castres a été créé le 11 juillet 1317, par détachement de celui d'Albi. Les limites de l'évêché (religieux) de Castres ne coïncidaient pas avec celles de l'évêché civil de Castres, qui était une entité administrative, essentiellement fiscale. Il a été supprimé le 29 novembre 1801, et son territoire a été rattaché à celui de l'archevêché d'Albi (fr.wikipedia.org - Liste des évêques de Castres).

 

Le «Concile national» de 1811 a souvent retenu l'attention des historiens. Il est en effet une Ă©tape importante de la longue lutte qui opposa Pie VII et NapolĂ©on Ier, comme de celle qui dĂ©chira les Ă©vĂŞques de l'Empire, partagĂ©s entre leur attachement au Saint-Siège, les volontĂ©s impatientes d'un maĂ®tre qui tournait au despote et la crainte qu'inspirait aux âmes chrĂ©tiennes le nombre croissant de ces Ă©vĂŞchĂ©s vacants dont le Pape, prisonnier Ă  Savone, refusait d'instituer les titulaires nommĂ©s par le pouvoir civil. On sait que le Concile se dĂ©roula en trois phases d'allure passablement chaotique et contradictoire. La première va du 17 juin au 10 juillet et s'achève sur une dissolution brusquĂ©e. Les Pères s'y efforcent en vain d'Ă©tablir un impossible compromis entre la thèse de NapolĂ©on sur l'institution Ă©ventuelle des Ă©vĂŞques par les mĂ©tropolitains et la rĂ©sistance que le Pape, fort des traditions, oppose aux dĂ©sirs impĂ©riaux. Dans la deuxième phase (10 juillet-5 aoĂ»t), les ministres des cultes, Bigot de PrĂ©ameneu pour la France et Bovara pour l'Italie, s'emploient de mille façons («flatteries, promesses, persuasion, crainte, menaces, artifices, ruses de tout genre», note le secrĂ©taire d'État Consalvi) Ă  obtenir sĂ©parĂ©ment de chaque Père ce que le Concile n'a pas accordĂ© Ă  l'Empereur : le droit pour le mĂ©tropolitain d'instituer tout Ă©vĂŞque Ă  qui le Pape n'aurait pas, dans les six mois, expĂ©diĂ© ses bulles. La manĹ“uvre ayant abouti et le Concile rouvert ses portes, il ne resta plus qu'Ă  entĂ©riner publiquement les concessions tardives d'un Ă©piscopal qui s'Ă©tait dĂ©jugĂ©. La «congrĂ©gation» du 5 aoĂ»t (troisième Ă©tape) se chargea de cette tâche : Ă  une grosse majoritĂ©, on y vota le dĂ©cret voulu par NapolĂ©on, dĂ©cret qu'une dĂ©putation Ă©piscopale porterait pour approbation Ă  Savone (Charles LedrĂ©, Un archevĂŞque français au concile de 1811. In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 32, n°120, 1946 - www.persee.fr).

 

Quatre-vingt-cinq Ă©vĂŞques approuvent ce dĂ©cret, mais treize votent contre : d'Aviau (Bordeaux), Jacoupy (Agen), Simon (Grenoble), Fournier (Montpellier), Maurel de Mons (Mende), Miollis (Digne), Bausset (Vannes), Caffarelli (Saint-Brieuc), Bragouse Saint-Sauveur (Poitiers), Montault (Angers), Dubourg (Limoges), Pisani de La Gaude (Namur), Leblanc de Beaulieu (Soissons). En outre, Mgr Colmar, Ă©vĂŞque de Mayence, Ă©galement hostile au dĂ©cret, a quittĂ© Paris avant le vote final. Cette minoritĂ©, issue pour l'essentiel de diocèses de l'ouest, du sud-ouest et du sud-est de la France, forme un groupe non nĂ©gligeable qui manifeste les failles dans la soliditĂ© du soutien Ă©piscopal Ă  la politique de NapolĂ©on. Par ailleurs, le concile a obtenu que les dĂ©crets votĂ©s soient soumis Ă  l'approbation du pape. C'est pour cette raison qu'une dĂ©lĂ©gation de huit Ă©vĂŞques part pour Savone, le 22 aoĂ»t 1811. Outre l'abbĂ© de Pradt, elle comprend Mgr de Barral, archevĂŞque de Tours, qui joue aussi un rĂ´le essentiel dans une nĂ©gociation qui fut Ă  deux doigts d'aboutir, et les Ă©vĂŞques de Nantes, Trèves, Évreux, Plaisance, Pavie et Venise. Mais, après plusieurs semaines de discussions, le rĂ©sultat obtenu ne satisfait pas NapolĂ©on, qui met finalement un terme aux nĂ©gociations en fĂ©vrier 1812. En mai, Pie VII est transfĂ©rĂ© de Savone Ă  Fontainebleau. Le conflit entre le pape et l'empereur n'est donc pas rĂ©glĂ©. L'Église catholique s'enfonce peu Ă  peu dans la crise (Jacques-Olivier Boudon, NapolĂ©on et les cultes: Les religions en Europe Ă  l'aube du XIXe siècle (1800-1815), 2002 - books.google.fr).

 

La petite Eglise

 

En Limousin, on dit recedza to Vieillo (scier la vieille) et voici comment M. Béronnie, dans son Dictionnaire du patois du Bas-Limousin, interprète cette expression proverbiale : «Chaque année, à Tulle, le jour de la Mi-Carême, on s'informe de la plus vieille femme de la ville, et l'on dit aux enfants qu'à midi précis elle doit être sciée en deux au Puy-Saint-Clair.» Le Rouergue et le Quercy connaissent aussi la légende de la Vieille de la Mi-Carême; mais, ainsi que nous, ils ne peuvent s'en expliquer ni l'origine, ni le sens : «Les jeunes enfants, dit Alexis Monteil, vont voir scier en deux la vieille de la Mi-Carême. Cet usage subsistait encore avant la Révolution dans certaines villes, notamment à Rhodez.» Enfin, dans le Jura, on appelle jours de la Vieille les trois derniers jours de mars et les trois premiers d'avril. Cette Vieille a laissé dans l'esprit des paysans une idée indéfinissable; ils la représentent comme une fée qui court par le temps, c'est-à-dire qui traverse les airs.

 

La Vieille de la Mi-Carême est, selon toute apparence, la personnification de l'année qui touche à sa fin, de la vieille année, et nos pères auront dit : la vieille, en parlant de l'année expirante, comme les Grecs disaient, au rapport de Plutarque : la vieille et la jeune pour désigner le dernier jour de chaque mois, jour dont le matin appartenait à la vieille lune, et le soir à la nouvelle ou à la jeune.

 

Les Roussillonnais représentaient, jadis le carême sous les traits d'une vieille femme à 7 jambes, dessinée sur un carton, tenant un rosaire et un morceau de morue. En Espagne, par exemple, elle porte le nom de Reina Cuaresma ou de Reine Carême. Aussitôt le Carnaval expiré, les habitants de Madrid promènent par les rues et les carrefours de la ville une statue représentant une vieille femme à mine refrognée. Elle a pour sceptre un poireau, sa tête est ornée d'une couronne d'oseille ou d'épinards, et son corps est porté par sept jambes longues et maigres, qui symbolisent les sept semaines du Carême. Cette promenade, accompagnée de chants funèbres, a lieu, après la chute du jour, à la lueur des torches. La procession terminée, on dépose la Reina Cuaresma dans une maison particulière, où, pendant le cours de son règne, tout le monde peut aller lui rendre ses hommages. Ce règne, quoique bien court, hélas ! n'est pas exempt de tribulations, car, à la fin de chaque semaine qu'il doit durer, on ampute à la Vieille l'une de ses jambes, si bien que, le soir du Samedi-Saint, il ne lui en reste plus. Alors, le peuple s'empare de nouveau de la vieille reine, et la transporte tumultueusement sur la Plaza Mayor, où elle est décapitée et mise en pièces au bruit des applaudissements et des cris de joie de la multitude. Chaque quartier de Madrid possède, à cette époque, sa vieille reine Carême (Laisnel de La Salle, La Vieille de la Mi-Carême, Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher, 1868 - gallica.bnf.fr).

 

Parmi les Evêques qui ont permis de faire gras en Carême plusieurs fois la semaine, il faut distinguer M. d'Aviau de Bordeaux, à cause de la grande réputation qu'on lui a faite. [...] Il n'y a que deux cas, selon ce sçavant Pape, où il soit permis d'accorder une dispense générale de l'abstinence du Carême : le premier est une famine ; le second une maladie épidémique assez grave pour que l'air en soit corrompu, et qu'elle menace la santé de tous les habitants. Or M. d'Aviau ne s'est trouvé ni dans l'un, ni dans l'autre de ces deux cas. [...] Qu'on ne vienne donc plus nous vanter le respect de M. d'Aviau pour le Saint-Siège. Je sçais qu'il en parloit beaucoup; mais c'étoit par les actions qu'il auroit dû le prouver, et non pas seulement par des paroles. M. d'Aviau devoit connoître les trois Lettres Encycliques de Benoît XIV sur l'observance du Carême, adressées à tous les Evêques de l'Eglise , et il les a entièrement foulées aux pieds quand il s'arrogeoit le droit d'accorder si souvent, et sur les prétextes les plus frivoles, des dispenses générales d'observer en Carême la loi de l'abstinence (Charles Jacques Le Quien de La Neufville, Dissertation sur le Carême, 1843 - books.google.fr).

 

Plus encore que le Quercy, le "PĂ©rigort" est le pays des foies gras. On pense encore Ă  Charles Maurice de Talleyrand-PĂ©rigord, le "diable boiteux" ou la "merde dans un bas de soie" (Cf. quatrain III, 73 - 1758).

 

L'auteur de la diatribe contre Mgr d'Aviau, Charles-Jacques Le Quien de la Neufville, naît à Bordeaux, paroisse Saint-Rémy, le 8 février 1767, de Charles Arnaud, écuyer, baron de Lahontan, ancien capitaine de cavalerie, et de demoiselle Jeanne-Marguerite de Laville. Il est l'aîné de la famille. Charles-Jacques Le Quien de la Neufville fait ses études, une partie tout au moins, au Séminaire Saint-Sulpice, à Paris, et obtient le grade de bachelier en théologie le 21 novembre 1788. «Afin de seconder son pieux désir de se consacrer à Dieu dans l'état ecclésiastique, sa mère lui constitue alors, devant Me Duprat, notaire à Bordeaux, 150 l. de rente annuelle pour titre clérical. Un de ses deux oncles paternels, Charles-Auguste, est évêque de Dax depuis 1771. Démissionnaire en 1801. M. de Dax refusera l'évêché de Poitiers qu'on lui offrira et se retirera près de sa sœur, Mme de Lézé, au château de Queyries, paroisse de Cenon dans la Gironde. Il y mourra en 1805. Bien que son neveu soit devenu un adversaire notoire du Concordat, il n'en conserve pas. moins des relations avec lui et, dans son testament, il prie son héritière, Mme de Lézé, de réserver pour l'Abbé de la NeufVille. sur sa chapelle, ce qu'elle juge à propos. Nommé vicaire général de Dax, l'Abbé de la Neufville aurait vraisemblablement remplacé son oncle sur le trône épiscopal de cette Ville, si la Révolution n'était venue bouleverser l'ancien ordre de choses. En 1791, il refuse le serment à la Constitution civile du Clergé et s'expatrie en Angleterre. C'est ce qui explique qu'un certain nombre de ses correspondants soient des Anglais ou habitent les Iles Britanniques : Benoît Flaget, évêque de Bandstown, (lettre du 13 mai 1813), l'abbé de Monceyl, M. Desjardins, M. Agner (lettre du 3 juin 1823), tous quatre de Londres, Mrs Toppins (11 lettres). [...] L'abbé Charles le Quien-de-la-Neufville, selon dom Piolin (L’Eglise du Mans durant la Révolution, tome 3, 1871), était à la tête de la petite Église du Mans, parmi ceux qui refusaient le concordat entre Napoléon et le pape Pie VII. L'abbé meurt en 1840 (A. Pioger, Un mystérieux personnage, l'Abbé Le Quien de la Neufville, Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Volume 66, 1957 - books.google.fr).

 

La Petite Église résulte du double refus de la Constitution civile du clergé (1790) et du concordat de 1801 par une partie de l'Église de France. Il s'agit du terme générique sous lequel on rassemble l'ensemble des groupes qui de 1801 à nos jours ont refusé le Concordat signé entre le Premier consul Bonaparte et le pape Pie VII. Des recherches récentes ont permis d'identifier une quarantaine de ces groupes dans toute la France et en Belgique, française à l'époque. Ces groupes rassemblaient quelque 100000 fidèles au début du XIXe siècle. Ce sont les derniers survivants du gallicanisme de la France d'Ancien Régime qui refusent l'ultramontanisme, le concordatisme et la Révolution française. Leurs missels continuent d'utiliser les formulations en latin du rite gallican que lisaient le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette en captivité, le rite de saint Pie V n'ayant été introduit en France qu'au milieu du XIXe siècle.

 

Les renseignements suivants concernent l'histoire de la Petite Église de l'Aveyron, mais sont très significatifs de l'histoire de nombreux autres groupes de ce mouvement. L'évêque de Rodez, Mgr de Colbert-Seignelay, s'opposa au concordat. À la suite de l'action du vicaire Bernard Souquières, réfractaire particulièrement convaincu qui se cacha dans la vallée du Lot, plusieurs communautés de l'Aveyron le suivirent, notamment Notre-Dame-d'Aynès, Grand-Vabre, Villecomtal et de l'autre côté du Lot dans le Cantal, Cassaniouze, Vieillevie, Ladinhac, Saint-Projet, et plus loin dans le Cantal Saint-Illide. Les membres de ces communautés, menés par les abbés Delhom et Régis, furent surnommés les enfarinés parce qu'ils gardaient les cheveux longs et poudrés à la mode de l'Ancien Régime. À partir de 1810, par manque de prêtres, les communautés s'étiolent. Certaines cependant se maintiennent longtemps hors de la «grande Église», se réunissant les dimanches, se baptisant entre eux, refusant d'entrer dans les églises ou bien d'accueillir un prêtre pour le sacrement des malades. Le plus ancien des enfarinés présidait les obsèques (fr.wikipedia.org - Petite Eglise).

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