Le feu grégeois IV, 23 1795 La legion dans la
marine classe Calcine, Magnes soulphre
& poix bruslera : Le long repos de lasseurée
place, Port Selyn, Hercle feu les consumera. Chalcis, port de l'île d'Eubée ; Magnes : le
rapprochement avec Chalcis, dans le même hémistiche, fait penser à cette région
orientale de la Thessalie qui fait face à l'Eubée et et qui porte le nom de
Magnésie (Pierre
Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555),
1996 - books.google.fr). Feu grégeois Les Sarrazins de Tharse en
Cilicie enflez de la victoire qu'ils avoient remportée sur le Général Stipeïote, équipèrent une flotte de trente grands vaisseaux,
avec lesquels ils vinrent se présenter devant la ville d'Euripe ou de Negrepont. L'Empereur en étant averti, ordonna au
Gouverneur de la Grèce d'Eurs'e e Ìetter
autant de monde qu'il pourroit dans la place, &
de faire une vigoureuse résistance. Les assiégeans y
perdirent beaucoup de monde, & on
leur brûla quantité de leurs vaisseaux par le moïen
du feu Grégeois. Celui qui commandoit au siège,
pour animer les siens, proposa un bouclier chargé de pièces d'argent & cent
filles captives pour récompense, à celui qui le premier monteroit
sur les murs de la ville; mais le Gouverneur de la place le prévint, fit une
vigoureuse sortie, tua l'Emir & plusieurs de ses gens, & poursuivit les
autres jusqu'Ă leurs vaisseaux, & les contraignit de se retirer (Augustin
Calmet, Histoire universelle, sacrée et profane
depuis le commencement du monde jusqu'Ă nos jours, Tome VII, 1741 -
books.google.fr). En 880, sous le
règne de Basile, un chef musulman, émir de Tarse en Cilicie, Esman, animé par les succès de ses coreligionnaires, qui
s'étaient emparés de Syracuse, vint mettre le siège devant Chalcis, sur
l'Euripe (Louis
Lacroix, Iles de la Grèce, 1853 - books.google.fr). Deuxième moitié du IXe siècle et première moitié du Xe :
moment où les chantiers navals de Syrie, d'Egypte, d'Ifrîqiya
sont bien fournis en bois de marine, oĂą les flottes musulmanes affirment leur
puissance dans le bassin oriental de la Méditerranée : en 873, l'émir de Tarsoûs fait une descente
en Eubée ; en 877, une grande attaque navale contre une grande attaque
navale contre l'empire byzantin est concertée entre les flottes syrienne et
égyptienne ; dans les premières années du Xe siècle, les navires syriens de
Léon de Tripoli deviennent la terreur de l'Egée (Arsenaux et bois de marine
dans la Méidterranée) (Maurice
Lombard, Espaces et réseaux du haut moyen âge, Volume 2 de Le Savoir
Historique, 1972 - books.google.fr). Les succès maritimes des Arabes de Crète avaient incité
également à de semblables entreprises d'autres chefs musulmans des régions
littorales qui, en une occasion donnée, opérèrent selon toute vraisemblance au
su de leurs coreligionnaires crétois, et en accord avec eux. Il convient en
effet de rapporter à cette époque l'épisode relaté par nos sources. L'émir de
Tarse Esman, qui est vraisemblablement le Yâzmân (Yâzamân) des historiens
arabes, avec 30 grands navires - kumbaria - se
dirigea vers les côtes de la Grèce avec l'intention de s'emparer de la
forteresse de l'Euripe (Chalcis) en Eubée. Ayant eu connaissance de ce projet
de l'émir, le stratège Oiniatès (ô Oivudtnç) retira des troupes de Grèce pour les faire venir
dans la forteresse, prit des dispositions pour mettre les remparts en Ă©tat de
défense et soutint courageusement le choc de l'ennemi ; les balistes
byzantines, les flèches et même les pierres lancées à la main causèrent de
grands ravages dans l'armée musulmane et le feu grégeois détruisit la plupart
des navires arabes. Finalement les Grecs firent de leur propre initiative une
sortie hors de la ville et remportèrent une complète victoire ; l'émir lui-même
tomba grièvement blessé et la plus grande partie de son armée périt dans la
bataille ; les Arabes restés vivants montèrent sur les quelques bateaux qui
leur restaient et s'en retournèrent en toute hâte dans leur pays. [...] Le nom de l'émir 'Esman ne peut
correspondre à Osman comme avait pensé Vasiliev, car
Osman est une forme turque de 'Otmân qui n'apparaît
que tardivement, comme l'a fait remarquer P. Wittek Ă
H. Grégoire. Par contre il peut très bien correspondre à Yazman
(Yâzaman) des sources arabes, qui est peut-être une
déformation de Yasamin, Yasamün,
Jasmin, nom qui convient parfaitement, car le personnage est un eunuque. Cette
identification ne va pas sans difficultés. Le texte grec dit que cet émir reçut
devant Chalcis une blessure mortelle. Or Yazman est
mort seulement au cours d'une expédition terrestre en 278/891-892, blessé d'un
Ă©clat de pierre de baliste devant SalandĂą (Tabari,
III, 2130). Il se peut que les Grecs aient confondu les deux Ă©pisodes, attribuant
au siège de Chalcis ce qui s'est produit devant Salandû,
ou que, a Chalcis, il ait été simplement grièvement blessé et que les Grecs,
l'ayant vu tomber, l'aient cru mort. Pour la date du siège de Chalcis que
Murait, p. 461, a mis en 880 (contre lui, Hopf, Griech. Geschichte, 122 et Hiuitzberq, Gesch. Griechenlands, I, 230), Vasiliev
a pensé qu'il eut lieu avant 880 parce que le Continuateur le raconte
immédiatement après l'échec des Arabes devant Bénévent en 873 et le situe de
façon vague (A.
A. Vasiliev, Henri Grégoire, Marius Canard and Ernst Honigmann, L'empereur Basile I le Macédonien, Byzance et
les Arabes : La dynastie Macédonienne, 1968 - books.google.fr). Ceci pour dire que la date de l'événement est imprécise. Jean Skylitzès rapportela vaillante défense d'Euripe, en Eubée contre la
flotte arabe de Tarse qui venait attaquer Ă la fin du
IXe siècle : «L'empereur en fut informé à l'avance et, sur son ordre, le
stratège de l'Hellade, Oiniatès, fit venir de toute
l'Hellade lestroupes qui sauraient défendre la ville.
Il mit les murailles dans l'Ă©tat qu'il fallait et fit
fabriquer des machines lançant des pierres et des traits;
en un mot, il ne négligea rien des défenses qui permettraient de repousser
l'assiégeant. Lorsque la flotte de Tarse fut arrivée et qu'approchant des remparts
elle s'efforça, par des tirs incessants, de chasser les défenseurs des
murailles, les gens d'Euripe, pleins de cœur et d'ardeur, les repoussèrent
vaillamment grâce à leurs catapultes, aux traits que tiraient les scorpions, aux arcs, ou aux pierres qu'ils jetaient de
leurs propres mains depuis les remparts, et chaque jour, ils infligeaient aux
barbares de lourdes pertes. De plus, profitant d'un vent favorable qu'ils
avaient su attendre, ils firent avancer leurs trières contre celles de l'ennemi
dont ils brûlèrent un grand nombre avec le feu liquide» (trad. B.Flusin) (Béatrice
Caseau-Chevallier, Byzance : économie et société: Du
milieu du VIIIe siècle à 1204, 2007 - books.google.fr, fr.wikipedia.org
- Histoire de l'Eubée). L'Euripe ou détroit de l'Euripe, est un détroit de Grèce
qui sépare l'Eubée de la Béotie au niveau de la ville de Chalcis, en mer Égée,
entre le golfe Nord d'Eubée et le golfe Sud d'Eubée. Sa définition est parfois étendue à l'ensemble du golfe
d'Eubée (fr.wikipedia.org -
Euripe). Le feu d'Hercule Ĺ’chalie ou Oichalia
est le nom d'une cité de Grèce antique dont l'emplacement n'est pas bien connu,
soit en Thessalie, soit en Eubée. Dans la mythologie grecque, Héraclès rend visite au roi
d'Ĺ’chalie, Eurytos, puis se
querelle avec lui pour des raisons mal connues, et HĂ©raclès finit par mettre Ă
sac la cité. Selon le Catalogue des femmes, la fille d'Eurytos,
Iole, aurait été à l'origine de la querelle. Une épopée perdue, la Prise d'Œchalie, attribuée à Créophylos
de Samos, racontait probablement cette histoire ; elle n'est connue que par un
unique vers conservé et par des témoignages indirects (fr.wikipedia.org - OEchalie). Hercule prit Œchalie, tua Eurytus et ses fils,
et emmena sa fille Iole prisonnière. A son retour il débarqua à Cenœum, promontoire d'Eubée, éleva un autel à Zeus, et envoya
son compagnon Lichas Ă Trachis, pour lui chercher un
vĂŞtement blanc dont il voulait se revĂŞtir pendant le sacrifice. DĂ©janire,
craignant qu'Iole ne la supplantât dans l'amour de son époux, trempa le
vêtement blanc dans le sang de Nessus. Ce sang avait été empoisonné par la
flèche dont Hercule avait tué Nessus; et, en conséquence, aussitôt que le
vêtement eut touché le corps d'Hercule, le poison pénétra dans tous ses
membres, et lui causa les plus atroces souffrances. Il saisit Lichas par les
pieds et le lança dans la mer; il se dépouilla du vêtement, mais il s'arracha
des lambeaux de chair. Dans cet état il fut ramené à Trachis; Déjanire, voyant ce qu'elle avait fait involontairement, se pendit;
Hercule ordonna Ă Hyllus,
son fils aîné par Déjanire, d'épouser Iole aussitôt qu'il arriverait à l'âge
viril; puis il monta sur le mont Ĺ’ta, Ă©leva une pile de bois sur laquelle il se
plaça, et ordonna qu'on y mît le feu. Quand le bûcher fut en feu, un nuage
descendit du ciel, et au milieu des Ă©clats du tonnerre, l'enleva dans l'Olympe,
où il reçut l'immortalité, se réconcilia avec Héra et épousa sa fille Hébé (William
Smith, Dictionnaire de biographie, mythologie, géographie anciennes, traduit
par Napoléon Theil, 1865 - books.google.fr). Composition du feu
grégeois Le feu grégeois proprement dit est décrit aux alentours
de 672 et son invention est attribuée par Théophane le Confesseur à Kallinikos, un architecte originaire d'Héliopolis (une
ville située aujourd'hui au Liban) dans l'ancienne province de Phoenice, conquise par la suite par les musulmans. Le feu
grégeois est encore mentionné au XIIe siècle et Anne Comnène donne une
description Ă©clatante de son usage lors d'une bataille navale contre les Pisans
en 1099. Toutefois, bien que l'utilisation d'un navire incendiaire hâtivement
improvisé lors du siège de Constantinople en 1203 par la Quatrième croisade
soit rapportée, il n'est plus fait aucune mention de l'usage du feu grégeois.
Cela pourrait être dû au déclin militaire de l'empire lors des vingt ans qui
précédèrent le siège ou causé par la perte par les Byzantins des territoires
dont sont issus les matières premières nécessaires à la production de cette
arme. Comme le montre l'avertissement de Constantin
Porphyrogénète, les ingrédients et le processus de fabrication et de
déploiement du feu grégeois sont précieusement gardés secrets. La composition
du feu grégeois reste purement spéculative avec des hypothèses incluant des
mélanges de résine de pin, de naphte, d'oxyde de calcium (chaux vive), de
soufre ou du salpêtre. Le feu grégeois brûle sur l'eau et selon certaines
interprétations, c'est l'eau qui déclenche la combustion. En outre, de nombreux
textes témoignent du fait que le feu ne pouvait être éteint que par certaines
substances comme le sable (qui prive le feu d'oxygène), du vinaigre fort ou de
la vieille urine, probablement par le biais d'une réaction chimique
particulière. Cette caractéristique amène à penser qu'il s'agit de magnésium (fr.wikipedia.org - Feu
grégeois). Le magnésium est en composé dans la magnésie blanche
(oxyde de magnésium). Cette "magnésie blanche" est la traduction du
latin "magnes alba" chez Hoffmann en 1722. Elle avait reçue le nom de magnes carneus
"aimant de la chair" par Cardan (vers 1550) Ă©voquant une terre
blanche qui hâpe à la langue. L'attestation de "magnésie" au XVIème siècle
semble recouvrir le sens alchimique de "mercure philosophal"
attesté de 1721 à 1873. La "magnes lapis" (magnes lithos) est une
pierre aimantée que l'on trouve en Asie mineure à Magnesia
(Alain
Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011 - books.google.fr). On reconnaît un jeu de mot entre Calcine et Chalcis. On
peut rapprocher magnésium de Magnésie. "Port Selyn... consumera" : utilisation du feu grégeois près de la Cilicie en 674 "Selin/Selyn" est mise en rapport avec la Cilicie dans les interprétations des quatrains I, 94 (Mort de Trajan) ; II, 1 (Piraterie barbaresque); IV, 77 (Chypre : en face de la Cilicie). Le chroniqueur byzantin Théophane le Confesseur rapporte que l'attaque arabe est méthodique : en 672 et 673, les flottes musulmanes sécurisent les bases d'Asie mineure puis mettent en place un blocus plus ou moins hermétique autour de Constantinople. Se servant de la péninsule de Cyzique près de la capitale byzantine comme base hivernale, elles attaquent chaque printemps les fortifications de la ville. Finalement, les Byzantins, dirigés par Constantin IV, parviennent à détruire la marine arabe grâce à l'utilisation d'une nouvelle arme secrète : le feu grégeois, une forme de liquide incendiaire. De plus, ils parviennent à vaincre l'armée des Arabes en Asie Mineure, ce qui contraint ces derniers à lever le siège. La victoire byzantine est d'une importance cruciale pour la survie de l'Empire byzantin, la menace arabe s'éloignant pendant quelques années. Un traité de paix est signé peu après et le déclenchement d'une nouvelle guerre civile parmi les Musulmans permet même aux Byzantins de reprendre, pendant quelque temps, l'ascendant sur le califat. Le récit du siège tel qu'il est admis par les historiens modernes repose principalement sur le récit de Théophane, alors que les sources arabes et syriaques ne mentionnent aucun siège, mais plutôt des campagnes individuelles, certainement atteignant Constantinople (la capture d'une île près de la ville est mentionnée pour 673/674, ainsi que l'expédition de Yazid en 676). Les chroniqueurs syriaques datent par ailleurs la bataille décisive et la destruction de la marine arabe par le feu grégeois en 674, lors d'une expédition arabe près des côtes de Lycie et de Cilicie et non à Constantinople. Cette bataille est suivie d'un débarquement des Byzantins en Syrie en 677-678 qui entraîne la révolte mardaïte. Celle-ci menace l'autorité califale en Syrie au point de mener à la signature d'un traité de paix en 678-679 (fr.wikipedia.org - Siège de Constantinople (674-678)). Les historiens orientaux (Michel le Syrien II 455 - Agapius 492, 232) racontent que les Arabes avaient fait une expédition en Cilicie et en Lydie et qu'après une bataille avec les Byzantins ils furent obligés de se rembarquer mais lorsqu'ils furent en pleine mer les Byzantins les attaquèrent et brûlèrent leurs bateaux avec le eu liquide. Les chroniqueurs arabes, comme nous l'avons déjà indiqué, ne mentionnent rien sur le siège de Constantinople ni sur une catastrophe survenue à leur flotte à cause du feu liquide. Les sources ne donnant aucune explication au problème nous devons examiner les faits. Pendant sept ans (en vérité trois ans) les Arabes bataillèrent avec les Byzantins dans la mer de Marmara. Si ces derniers étaient déjà en possession de l'arme terrible et des moyens de son utilisation pourquoi ne brûlèrent-ils pas immédiatement la flotte arabe ? La seule réponse valable est qu'ils n'avaient pas cette arme dès le début mais seulement deux ou trois ans plus tard et dès qu'ils furent prêts ils attaquèrent les Arabes qui subirent des pertes si graves qu'il furent contraints de se retirer. Pourquoi l'armée byzantine ne fit-elle aucun effort pour réoccuper Cyzique ? Voilà une question à laquelle il est très difficile de répondre. Peut-être les Byzantins ne voulurent-ils pas affaiblir la défense de la capitale au début du blocus ou du siège. Mais plus tard et surtout pendant les mois où la flotte arabe restait ancrée à Cyzique sans pouvoir attaquer, pourquoi les Byzantins n'ont-ils pas fait un effort pour reprendre ce Chersonèse qui servait de base d'opérations aux Arabes ? Comme les sources ne donnent aucune explication sur ce sujet nous sommes obligés de faire certaines suppositions. On peut prendre en considération l'opinion de certains historiens qu'à ce moment l'armée byzantine était très faible. Si ce que les sources mentionnent que Constantin connaissait les préparatifs des Arabes pour attaquer Constantinople est exact, la cour aurait certainement organisé une armée assez forte pour être en mesure de faire face à la situation. Seulement les Byzantins n'avaient pas seulement la tâche de la défense de la capitale, il leur fallait aussi prendre les mesures nécessaires afin d'assurer les frontières septentrionales et d'organiser la défense des «thèmes» par où les Arabes seraient obligés de passer. Au début ils concentrèrent probablement leurs forces pour défendre Constantinople surtout pendant la période où les Arabes organisaient une base à l'Hebdomon situé à sept milles de la capitale. En outre ils étaient obligés d'avoir assez de troupes pour la défense du «thème» de l'Opsikion qui couvrait les abords de Constantinople du côté de l'Asie Mineure et toute la partie méridionale du Bosphore. Les Byzantins se trouvaient encore dans la nécessité absolue de maintenir ouvertes les voies de communication avec l'Asie Mineure d'où ils pouvaient non seulement se ravitailler mais être aussi renforcés en hommes (Andreas N. Stratos, Siège ou blocus de Constantinople sous Constantin IV, Jahrbuch der österreichischen Byzantinistik, Volume 33, 1983 - www.google.fr/books/edition). "Hercle" : les Héraclides Depuis l'an 632, l'histoire de l'empire byzantin se confond avec celle des musulmans dont nous raconterons bientôt les prodigieux exploits. Qu'il nous suffise de donner la suite des empereurs qui occupèrent le trône de Constantinople depuis la mort d'Héraclius de Byzance jusqu'à la fin du VIIIe siècle. C'est, suivant la remarque d'un moderne, une série monotone de princes luttant sans cesse contre des invasions barbares, des factions intérieures, des révoltes de palais. La dynastie des Héraclides, après la mort de son fondateur survenue en 641, fournit encore cinq empereurs à Byzance : Héraclius Constantin, empoisonné par sa belle-mère Martine presque immédiatement après avoir été revêtu de la pourpre; Héracléonas, son frère, mutilé et renversé du trône la même année; Constant II, fils d'Héraclius Constantin, assassiné à Syracuse en 668, après avoir régné en véritable tyran et tenté de reconquérir la péninsule italique; Constantin IV Pogonat meurt paisiblement en 685, quoiqu'il se fût également signalé par sa cruauté; le dernier enfin, Justinien II, qui rappelle les plus monstrueux tyrans de l'ancienne Rome. Pendant dix ans l'Orient est livré à ses fureurs; renversé du trône et mutilé en 695, il erre pendant les dix années suivantes parmi les nations barbares du Pont-Euxin. Léonce avait usurpé l'empire en 695; trois ans après, il est lui-même renversé du trône et mutilé par un autre usurpateur, Absimare Tibère. En 705, une armée de Bulgares et de Chozars des bords du Don ramène Justinien à Constantinople. Ivre de vengeance, il fait conduire Léonce et Absimare Tibère à l'hippodrome, place un de ses pieds sur la gorge de chacun d'eux, et assiste pendant une heure aux jeux du cirque avant de livrer ses victimes au bourreau; Ravenne, Cherson, et d'autres villes, qui s'étaient déclarées contre lui, sont ensuite châtiées avec une rigueur inouïe; on dit même qu'il avait donné l'ordre de massacrer toute la population de Constantinople. Mais lui-même est égorgé en 711 avec son fils et sa mère, et la race d'Héraclius s'éteint dans le sang (Théodore Juste, Précis de l'histoire du moyen-âge considéré particulièrement dans ses rapports avec la Belgique, Tome 1, 1847 - www.google.fr/books/edition). 711 date de l'invasion sarrasine de l'Espagne. Typologie Le report de 1795 sur 880 donne
-35, sur 873 donne -49. A Rome, ces dates sont situées entre deux guerres civiles
: -48 bataille de la Pharsale qui met fin au conflit entre Pompée et César, -32
rupture entre Antoine et Octave qui mènera celui-ci à l'empire (fr.wikipedia.org
- Dernière Guerre civile de la République romaine, Jean-Francois Sacombe, On peut
faire un parallèle entre Octave et Bonaparte, Hommage au premier consul
Bonaparte, 1800 - books.google.fr). Le feu joue un rĂ´le important : Ă Actium, bataille
décisive contre Antoine, Agrippa l'utilise abondamment, en remontant au vent,
et en lançant des traits enflammés sur ses adversaires, qui ne peuvent en faire
autant, de sorte que nombre d'entre eux périssent brûlés (Michel Reddé,
Mare Nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l'histoire de la marine
militaire sous l'empire romain. Rome : Ecole française de Rome, 1986 - www.persee.fr). Octave était vierge des guerres civiles et n'avait pris
parti pour personne. Ce ne sont presque jamais ceux qui rĂŞvent, ou qui
commencent les révolutions qui les achèvent. Mirabeau et Bailly commencèrent la
Révolution française; l'un meurt à la peine, l'autre sur l'échafaud. Napoléon
hérite de tout cela. C'est que, de même qu'avant de s'appeler Auguste, Auguste
s'appelait Octave, de même, avant de s'appeler Napoléon, Napoléon s'appelait
Bonaparte Le petit lieutenant de 91, le chef de brigade de 93, le général du 13
vendémiaire, ne s'était point usé dans les terribles luttes qui venaient
d'ensanglanter la France. Il était complètement neuf et pouvait prendre parti
pour qui il voulait. Comme Octave, il prit parti pour lui-mĂŞme (Alexandre
Dumas, les grands hommes en robe de chambre, Octave Auguste, 1857 -
books.google.fr). Après les proscriptions du triumvirat, Octave s'empara de
l'empire, se déclara César-Auguste, et se fit de la clémence un bouclier contre
ses ennemis. Le Premier Consul fut moins politique. Napoléon n'oublia jamais et
frappa souvent de mort les adversaires de Bonaparte ; mais parmi ces
Républicains que l'amour des honneurs précipitait dans la servitude, selon
l'expression de Tacite, il trouva plus d'obéissance qu'Octave chez les Romains
dégénérés (Jacques
Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, Tome
4, 1843 - books.google.fr). Le report de 1795 sur 674 donne -447. La conclusion glorieuse des guerres médiques fut suivie pour les Athéniens d'une cruelle déception. La Béotie, qui n'avait accepté l'alliance d'Athènes
qu'avec répugnance, se souleva tout entière, et le général athénien Tolmidès subit une défaite complète à Coronée (447)1. Cette bataille suffit pour ruiner la domination athénienne
en Béotie. Au même instant l'Eubée, le grenier de l'Attique, se soulevait; Mégare massacrait la garnison qu'Athènes entretenait dans ses murs, enfin les Spartiates envahissaient l'Attique
et s'avançaient jusqu'à Éleusis. La situation était des plus graves. Périclès la sauva en achetant d'abord le retour de l'armée spartiate, qui, une fois de l'autre côté de l'isthme, fut
licenciée, puis en poussant vigoureusement la répression dans l'île d'Eubée, qui, vaincue moitié par l'argent, moitié par les armes, reçut de nouveaux colons et appartint à Athènes plus
solidement encore que par le passé. Le danger écarté, Périclès sollicita de Sparte une nouvelle trêve dont il comprenait pour Athènes la nécessité. On conclut une trêve de Trente ans
(Paul Gagnol, Histoire de la Grèce ancienne, 1891
- books.google.fr). En 457, à la suite de la bataille d'Œnophyta, les Athéniens, contrôlant la Béotie et la Phocide, décidèrent de détacher la ville de Delphes de l’Amphictyonie
pour la livrer aux Phocidiens. L’objectif en était de permettre aux Phocidiens de contrôler le sanctuaire en ayant la Promantie (ordre de passage déterminé par les prêtres). On date
le moment où le sanctuaire revient aux Phocidiens à l’aide des monnaies en argent portant la tête d’Apollon ainsi qu’une lyre ou un lierre.
Sparte, souhaitant aussi la Promantie, réagit : la deuxième guerre sacrée entre Sparte et Athènes éclata ainsi en 448. L'expression «guerres sacrées» apparaît chez
Thucydide à ce moment-là . Cette guerre ne dura pas très longtemps et est principalement racontée par Thucydide. Il écrit que les Spartiates envoyèrent une armée à Delphes
pour y rétablir la cité dans son état antérieur. Mais à la suite de cela, Périclès entreprit à son tour une campagne à Delphes et rendit la cité aux Phocidiens. Plutarque confirme
ce qui concerne Périclès dans les Vies Parallèles
(fr.wikipedia.org - Guerres sacrées). Il faut ajouter que les Magnètes de Thessalie faisaient partie de l'amphictyonie delphique; comme tels, ils étaient les intendants des biens d'Apollon et les
protecteurs de ses richesses; c'est en cette qualité qu'on les voit, dès le VIe siècle, participer à la première guerre sacrée qui, entreprise dans l'intérêt du sanctuaire
de Delphes, aboutit Ă la ruine de la ville voisine de Crissa
(Salomon Reinach, Oracle de la Pythie de Delphes, Revue des Ă©tudes grecques, Volume 3, 1890
- books.google.fr). 1795 Technicien militaire aux ordres du Directoire, Bonaparte
agissait à sa guise et plaçait les directeurs devant les faits accomplis. Ce
mépris du pékin est bien, lui aussi, dans notre tradition. Pierre Sylvain
Maréchal rompt avec elle et il interpelle rudement le général factieux : « Il
te sied mal, Bonaparte, de trancher du souverain avec des nations entières :
car, enfin, si tu te permets ce style en Italie, Je ne vois pas ce qui pourrait
t'empêcher d'user du même style en apostrophant le Directoire français. Je ne
vois rien qui me donne l'assurance qu'en germinal prochain, lors de nos
assemblées primaires, tu ne répètes du fond de tes appartements du palais du
Luxembourg : Peuple de France! Je vous composerai un Corps législatif et un Directoire
exécutif. […] Grâce à notre camarade, le Manifeste des Egaux prend
enfin place dans la liste des manifestes socialistes du dernier siècle. Il met
pour la première fois au jour les idées d'égalité sociale; il s'oppose aussi, pour la première fois au gouvernementalisme cesarien, cette tunique de Nessus dont le peuple français
n'arrive pas à se débarrasser (La
Révolution prolétarienne, 1950 - books.google.fr). Pierre Sylvain
MarĂ©chal, nĂ© le 15 aoĂ»t 1750 Ă Paris, et mort le 18 janvier 1803 Ă
Montrouge, est un écrivain, poète et pamphlétaire français. Militant
républicain, passionné par l’égalité sociale, c'est un précurseur de la grève
générale et de l’anarchisme. Sous le Directoire, il participe avec Gracchus Babeuf à la Conjuration des Égaux puis s’oppose
aux ambitions de Bonaparte. Voulant délivrer l’homme de toute servitude,
Sylvain Maréchal, «l’homme sans Dieu», est sans doute l’un des plus fervents
partisans de l’athéisme durant la Révolution : il souhaite la disparition des
prêtres et des Églises. Il est, par ailleurs, le principal rédacteur du journal
le plus lu de son Ă©poque : RĂ©volutions de Paris (fr.wikipedia.org -
Sylvain Maréchal). Ce pillage des
peuples de l'Europe fait donc corps avec la RĂ©volution, colle Ă elle comme une
tunique de Nessus, se manifeste comme un de ses caractères indélébiles.
Gouvernants, généraux, officiers, soldats : tous y participent, tous s'y enrichissent
personnellement. Non en succombant Ă quelque tentation occasionnelle, mais
systématiquement, comme si les armées d'une grande nation avaient été, de
manière tout officielle, reconverties en bande de voleurs à main armée agissant
aussi pour leur propre compte. Voyez en Italie le travail de Bonaparte et de Rivoli
: «On fit main basse sur les monts-de-piété et les caisses ecclésiastiques
destinées à la charité. Tout était confisqué, y compris les bijoux. On
réquisitionna les vivres, les chevaux, les objets de toute nécessité. Après la
Lombardie, d'autres États italiens durent acheter leur neutralité. Le duc de
Parme dut payer deux millions. Le duc de Modène en abandonna dix» (Jean
Dumont, Blandine Dumont, La Révolution française, ou, Les prodiges du
sacrilège, 1984 - books.google.fr). Depuis deux siècles, en effet, la fabrication et l'emploi
de l'agent qui nous occupe n'ont fait que des progrès presque insensibles, et
pour arriver jusqu'Ă notre Ă©poque nous n'avons Ă signaler que quelques essais
curieux, mais restés sans applications. C'est dans cette catégorie qu'il faut
ranger les essais entrepris sous Louis XV par Dupré, pour retrouver le feu
grégeois; ceux que fit à la fin du dernier siècle le célèbre chimiste
Berthollet, dans le but de modifier la composition de la poudre; enfin les
expériences pyrotechniques de Chevallier exécutées sous l'empire. Dupré, né aux
environs de Grenoble, était orfèvre à Paris. En essayant de fabriquer de faux
diamants, il découvrit, dit-ou, par hasard une liqueur inflammable d'une
activité prodigieuse. Chalvet, qui rapporte ce fait
dans sa Bibliothèque du Dauphiné, assure que cette liqueur consumait tout ce
qu'elle touchait, qu'elle brûlait dans l'eau et reproduisait eu un mot tous les
effets anciennement attribués au feu grégeois. Dupré fit instruire Louis XV de
sa dĂ©couverte, et, d'après ses ordres, il exĂ©cuta quelques expĂ©riences Ă
Versailles, sur le canal et dans la cour de l'arsenal Ă Paris. C'Ă©tait en 1755,
ou était engagé contre les Anglais dans cette guerre désastreuse qui devait
amener la ruine de notre puissance navale. Dupré fut envoyé dans divers ports
de mer pour essayer contre les vaisseaux l'action de sa liqueur incendiaire.
Les effets que l'on produisit furent si terribles, que les marins eux-mĂŞmes en
furent épouvantés. Cependant Louis XV, cédant à un noble sentiment d'humanité,
crut devoir renoncer, malgré les pressantes nécessités de la guerre, aux
avantages que lui promettait cette invention. Il défendit à Dupré de publier sa
découverte, et pour assurer son silence il lui accorda une pension considérable
et la décoration de Saint-Michel. Dupré est mort sans avoir trahi son secret;
mais Chalvet avance une atrocité inutile lorsqu'il prétend
que l'opinion commune accusa Louis XV d'avoir précipité sa mort. Selon M.
Coste, un artificier nommé Torré aurait retrouvé sous
le ministère du duc d'Aiguillon un secret analogue à celui de Dupré. "Le
secret du feu grégeois, dit M. Coste, a été retrouvé en France, sous le
ministère du duc d'Aiguillon, par un metteur en œuvre qui ne le cherchait
certainement pas et qui travaillait au Havre Ă des pierres de composition. Mon
témoignage à cet égard est irrécusable, car c'est moi qui ai rédigé le Mémoire
au conseil, par lequel cet honnĂŞte artiste faisait hommage au roi de sa funeste
découverte, lui demandait ses ordres, et offrait d'enfermer dans un canon de
bois qu'un seul homme pouvait porter sept cents flèches remplies de sa
composition, lesquelles s'enflammeraient, Ă©clateraient et mettraient le feu en
tombant. Cet appareil et le canon de bois qui devait porter le feu grégeois à huit cents toises
étaient de l'invention de l'artificier Torré".
Toutefois cette idée n'a jamais eu de suite, et le nom de l'artificier Torré est aujourd'hui complétement inconnu. Il en a été
autrement de l'invention du mécanicien Chevallier, sur laquelle la fin tragique
de son auteur appela quelque temps l'attention du public. Chevallier, ingénieur
et mécanicien à Paris, avait réussi à préparer des fusées incendiaires qui brûlaient
dans l'eau, et dont l'effet était, dit-on, aussi sûr que terrible. Les
expériences pyrotechniques, faites le 20 novembre 1797 à Meudon et à Vincennes.
en présence d'officiers généraux de la marine, et
reprises à Brest le 20 mars suivant, montrèrent que ces fusées, qui avaient
quelques rapports avec nos fusées à la Congrève, reproduisaient
une partie des effets que l'on rapporte communément au feu grégeois. Chevallier
s'occupait à perfectionner ses compositions incendiaires lorsqu'il périt
victime d'une fatale méprise politique. Depuis le commencement de la révolution,
il s'Ă©tait fait remarquer par l'exaltation
de ses idées républicaines; en 1795, il avait déjà été arrêté comme agent d'un
complot jacobin et mis en liberté à la suite de l'amnistie de l'an IV. En
1800, dénoncé à la police ombrageuse de l'époque comme s'occupant, dans un but
suspect, de fusées incendiaires et de préparations d'artifice, il fut
emprisonné sous la prévention d'avoir voulu attenter
aux jours du premier consul. Cette affaire ne pouvait avoir aucune suite
sérieuse, et Chevallier s'apprêtait à sortir de prison, lorsque, par une fatale
coĂŻncidence, arriva l'explosion de la machine
infernale. Chevallier n'avait en Ă©videmment aucune relation avec les
auteurs de cet horrible complot; cependant il fut traduit quelques jours après
devant un conseil de guerre, condamnĂ© mort, et fusillĂ© le mĂŞme jour Ă
Vincennes. Les essais
entrepris par Berthollet en 1788 pour remplacer le salpĂŞtre de notre poudre
canon par le chlorate de potasse ont un caractère scientifique sérieux et
sont plus connus que les faits précédents. En étudiant les combinaisons
oxygénées du chlore, Berthollet avait découvert les chlorates, genre de sels
des plus remarquables par leurs propriétés chimiques. Les chlorates sont des
composés qui se détruisent avec une facilité extraordinaire et comme ils
renferment une très-grande quantité d'oxygène, cette prompte décomposition fait
de cette classe de sels un des agents de combustion les plus actifs que l'on
possède en chimie. Le chlorate de potasse mélangé avec du soufre, avec du charbon
on du phosphore, constitue un mélange tellement combustible que le choc du
marteau suffit pour le faire détoner. Aussi, quand on triture rapidement dans
un mortier de bronze un mélange de chlorate de potasse, de soufre et de
charbon, il se produit des détonations successives qui imitent des coups de
fouet et l'on voit s'Ă©lancer hors du vase des flammes rouges ou purpurines. Ces
faits observés par Berthollet mirent dans la pensée de ce chimiste le projet de
substituer au salpĂŞtre le chlorate de potasse, dans notre poudre Ă canon. Les
essais qu'il entreprit dans cette vue amenèrent les résultats les plus
avantageux en apparence; un mélange bien intime de soufre, de charbon et de
chlorate de potasse dans les proportions habituelles de la poudre, présentait
une force explosive d'une Ă©nergie extrĂŞme, et qui l'emportait Ă ce point sur la
poudre ordinaire, que les projectiles étaient lancés à une distance triple.
Encouragé par ce fait, Berthollet demanda au gouvernement l'autorisation de
faire prĂ©parer une assez grande quantitĂ© de la nouvelle poudre pour servir Ă
des expériences plus étendues. La poudrerie d'Essonnes
fut mise Ă sa disposition, mais l'entreprise eut une bien triste fin; une
explosion terrible détruisit la fabrique et coûta la vie à plusieurs personnes (Louis
Figuier, Exposition et histoire des principales découvertes scientifiques modernes,
Tome 1, 1851 - books.google.fr). Les mémoires du comte Miot de Melito présente Chevalier comme partie prenante de différents complots contre la vie de Bonaparte (Mémoires du comte Miot de Melito, Tome 1, 1858 - books.google.fr). L'explosion de la machine infernale rue Saint-Nicaise fut si violente, que la secousse ébranla toutes les maisons et cassa toutes les vitres depuis le Carrousel jusque sur la place du Palais-Royal (Alissan de Chazet, Mémoires, souvenirs, oeuvres et portraits, Tome 3, 1837 - books.google.fr). |