Motu proprio

Motu proprio

 

IV, 98

 

1850-1851

 

Les Albanois passeront dedans Rome

Moyennant Langres demipler affublés

Marquis & Duc ne pardonnes Ă  l'homme Feu,

Feu, sang, morbilles point d'eau, faillir les blés.

 

RĂ©publique romaine

 

La République romaine (en italien : Repubblica Romana) est instaurée en 1849 dans les États pontificaux après la fuite du pape Pie IX, en raison de l'activité insurrectionnelle des libéraux romains. Elle est gouvernée par un triumvirat composé de Carlo Armellini, Giuseppe Mazzini et Aurelio Saffi. La péninsule italienne, alors divisée en de multiples États, est traversée par un embrasement général au cours du printemps des peuples de 1848.

 

Cette nouvelle République romaine ne dure que cinq mois, du 9 février 1849 au 4 juillet 1849, et prend fin après une expédition française votée par l'Assemblée nationale française et avec le soutien de Louis-Napoléon, alors président de la Deuxième République française. Cet épisode est connu, en France, sous le nom d'«expédition de Rome». La République romaine, cernée de toutes parts, doit s'opposer aux Espagnols, aux Napolitains et à l'Autriche qui, forte de sa victoire sur les Sardes, envahit la République romaine. Après de violents combats qui durent un mois, le pape est rétabli dans ses prérogatives par la France.

 

L’ambiguïté, pour la France, naît de ce que l'intervention est votée par l'assemblée d'une république contre une autre république, alors que toutes deux sont issues du mouvement libéral et démocrate du printemps des peuples, et de ce que certains membres de la gauche votent l'expédition afin de défendre une république sœur contre une intervention autrichienne alors que la droite vote l'organisation de la mort de la République romaine. L'opération est accompagnée par un ministre des Affaires étrangères, Alexis de Tocqueville, hostile au pouvoir temporel du pape.

 

Après les élections de mai, Louis-Napoléon reconduit Odilon Barrot à la direction de son deuxième gouvernement comprenant notamment Alexis de Tocqueville, nommé aux Affaires étrangères. La nouvelle assemblée refuse de ratifier la trêve et l'accord négocié par de Lesseps. Louis-Napoléon est bien décidé à obtenir le résultat maximum et à consolider son autorité en lavant l'outrage de la défaite du 30 avril. Le 29 mai, il envoie deux lettres : une à Oudinot, lui ordonnant d'assiéger la ville et une à Lesseps, dans laquelle il lui enjoint de considérer sa mission terminée et de rentrer en France. Lesseps démissionne du service diplomatique. Il est alors accusé de collusion avec l'ennemi et sera défendu devant la Chambre par Ledru-Rollin après avoir été déféré par l'Assemblée conservatrice devant la juridiction du Conseil d'État qui l'accuse d'avoir reconnu au gouvernement romain «une autorité morale et point seulement de fait». Il rédige un mémoire qui est rendu public en juillet 1849.

 

Ainsi, à peine informé des accords du 31 mai, Oudinot renie les termes des négociations de Lesseps et en informe ses officiers1. Il rassemble 30000 hommes et de puissants moyens d'assaut. Il dénonce la trêve auprès de Roselli le 1er juin avec effet à partir du 4 juin ce qui annonce la reprise des combats.

 

C'est le 4 juin que le siège débute réellement.

 

La restauration s'accompagne d'une situation chaotique, des religieux et des Français sont assassinés. Au cours d'un déplacement à Gaète, Oudinot fait part de son impatience auprès du cardinal Antonelli quant au retour du pape160. Le 31 juillet, trois cardinaux réactionnaires nommés par Pie IX, remplacent le triumvirat. Ces cardinaux, Della Genga, Vannicelli et Altieri, sont surnommés le «triumvirat rouge». Ils reçoivent d'Oudinot le gouvernement civil et, dès le 2 août, ils abrogent toutes les lois votées depuis le 16 novembre 1848 [cf. quatrain V, 22].

 

Les rĂ©percussions, en France, de cette expĂ©dition militaire atteignent leur paroxysme ce mĂŞme jour quand, Ă  l'issue du vote de l'assemblĂ©e approuvant le renforcement de crĂ©dits financiers Ă  l'expĂ©dition militaire contre la RĂ©publique romaine, un groupe de dĂ©putĂ©s dĂ©mocrates-socialistes, sous l’égide d'Alexandre Ledru-Rollin, rĂ©clame la mise en accusation du prĂ©sident de la RĂ©publique et du ministère d'Odilon Barrot, Ă  qui ils reprochent de violer l'article 5 du prĂ©ambule de la constitution selon lequel la RĂ©publique «respecte les nationalitĂ©s Ă©trangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquĂŞte, et n'emploie jamais ses forces contre la libertĂ© d'aucun peuple» (fr.wikipedia.org - RĂ©publique romaine (1849)).

 

Dans sa Lettre du 18 aoĂ»t 1849 au lieutenant-colonel Edgard Ney, Louis-NapolĂ©on rĂ©clame de la part du pape l'amnistie gĂ©nĂ©rale, la sĂ©cularisation de l'administration, le Code NapolĂ©on et un gouvernement libĂ©ral. La pape rĂ©pond par un motu proprio que le 12 septembre. Il y annonce une amnistie, la constitution d'un Conseil d'État et une Consulte d'État pour les finances, tous deux seulement consultatifs et comme assemblĂ©es Ă©lues, des conseils communaux, ce que Barrot prĂ©sente avec succès Ă  l'AssemblĂ©e comme conforme aux aspirations de Louis-NapolĂ©on. Peu de dĂ©putĂ©s rĂ©agissent, mais Victor Hugo prononce un discours Ă  l'AssemblĂ©e : "Motu proprio ; si vous acceptez le Motu proprio, vous dĂ©savouez la lettre". Le 31 octobre, Barrot est remplacĂ©. Le pape, quant Ă  lui, ne rentre Ă  Rome que le 12 avril 1850 (fr.wikipedia.org - RĂ©publique romaine (1849)).

 

"Albanois"

 

La dernière étape, la plus importante politiquement, se déroula le vendredi 12 avril 1850, d'Albano à Rome. A Albano, les troupes napolitaines qui escortaient le pontife depuis les Etats de Ferdinand II furent congédiées et le cortège poursuivit, escorté désormais par des troupes françaises. La foule commençait à être plus nombreuse et elle était devenue multitude lorsque Pie IX entra dans Rome par la porte San Giovanni. La mise en scène du retour de Pie IX dans ses Etats, après dix-sept mois d'absence et tant de changements, fut pensée pour frapper le public et imposer l'idée d'une naturelle continuité du pouvoir temporel et spirituel de Pie IX. Apeine le cortège pontifical avait-il passé la porte que le canon du château Saint-Ange tonna, libérant toutes les cloches de la ville qui sonnèrent à toute volée deux heures durant (Catherine Brice, Histoire de Rome et des Romains, de Napoléon Ier à nos jours, 2007 - books.google.fr).

 

"Langres"

 

DominĂ©e par les figures de Mgr Parisis, Ă©vĂŞque de Langres de 1834 Ă  1852, de Mgr Morlot, nĂ© Ă  Langres en 1795, promu archevĂŞque de Paris en 1857 après une carrière dans le clergĂ© dijonnais, et de Mgr Darboy, nĂ© Ă  Fayl-Billot en 1813, archevĂŞque de Paris tuĂ© sur les barricades de la Commune le 24 mai 1871, l'histoire ecclĂ©siastique du XIXe siècle en Haute-Marne est riche de personnages au destin singulier. Parmi ces derniers se trouve Mgr Luquet, fondateur de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique de Langres avant de devenir prĂ©lat Ă  l'ombre des palais romains. ArchĂ©ologue averti, homme d'action et d'intrigue, missionnaire aux idĂ©es anticonformistes, ce prĂ©lat tĂ©moigne des choix cruciaux face auxquels se trouvent les catholiques, dans le contexte de l'affirmation des courants libĂ©raux et des idĂ©es nationales. Face Ă  la «question romaine», c'est-Ă -dire Ă  la place que doit occuper le Pape dans le processus de construction unitaire en Italie, il s'inscrit dans une logique intransigeante qui consiste Ă  dĂ©fendre les intĂ©rĂŞts de l'Église quel que soit le prix. C'est cette sensibilitĂ© zelanti qui lui vaut d'ĂŞtre l'homme des missions « dĂ©licates » sous GrĂ©goire XVI et au dĂ©but du pontificat de Pie IX. Toutefois son caractère ardent, passionnĂ©, le conduit Ă  certains Ă©cueils qui lui valent d'ĂŞtre mis Ă  l'Ă©cart dès le retour du Pape en ses États, en 1850. Sa mission se poursuit alors sur le plan spirituel : Mgr Luquet est un directeur de conscience Ă©coutĂ© et un hagiographe reconnu. Son nom se diffuse alors au-delĂ  des remparts de la citĂ© lingonne pour gagner les rivages du catholicisme intransigeant.

 

L'expédition française à Rome commandée par le général Oudinot donne au prélat de nouvelles occupations. Décidée par la majorité conservatrice élue à la Chambre en avril 1849 (le «parti de l'ordre»), elle vise à rétablir le pape dans ses États. Alors que le général Oudinot échoue devant les remparts du sud-ouest, alors que le commandant Picard est fait prisonnier dans un guet-apens, Mgr Luquet découvre dans l'aide spirituelle et morale apportée aux troupes françaises un «ministère doublement utile». Alors qu'il songe à soigner les blessés français, faute de sauf-conduit, il se met au service des blessés du pays, accompagné de l'abbé de Mérode, ancien officier belge. Tandis qu'il transporte les victimes des combats de la porte San Pancrazio à la Trinité des Pèlerins, il rencontre le commandant Picard, en butte aux insultes et aux menaces de la foule en révolte du Trastevere, quartier populaire de Rome. Cet engagement de Mgr Luquet aux côtés des blessés a légué à la postérité l'image d'un prêtre intransigeant, croisé du Pape, prêt au sacrifice et au martyre. La lithographie de Raffet, conservée dans les collections du musée du Breuil de Saint-Germain à Langres, a fixé l'image de Mgr Luquet sous les traits du prêtre, martyr de la foi (H. Multon, De la mission à l'hagiographie : itinéraire d'un Langrois, Mgr Luquet (1810-1858), Les Cahiers haut-marnais, Numéros 220-227, 2000 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jean-Félix-Onésime Luquet).

 

"affublés"

 

Empr. au lat. vulg. *affibulare «agrafer» (de fibula «boucle, agrafe»), attesté seulement au XIIe s. (Hugues de Clères ds Du Cange : Pallium, quo in Curia Affibulatus erit, Dispensatori dabitur), d'où l'a. fr. afibler «id.» très rare, puis afubler, aflubler (l'i s'étant labialisé en u entre les 2 labiales f, b). Afflubler signifia effectivement dans un sens primitif «agrafer, attacher en agrafant, souvent le manteau ou le chaperon dont on se couvrait» (fin XIIes., Les Loher., Ars. 3143 fo4 b ds Gdf. : Et puis li ont .I. mantel aflunbé), attesté jusqu'au XVes. (Gaguin, Comm. de Ces., ibid.), maintenu toutefois sous la forme dial. affuler au sens partic. et restreint de «coiffer», à rapprocher de «attacher». De là, l'expr. affubler un manteau pour dire «le vêtir, s'en couvrir», d'où l'accept. encore plus étendue de «couvrir, revêtir, habiller» (www.cnrtl.fr).

 

M. Luquet, le futur Monseigneur, donna des reliques archĂ©ologiques Ă  la ville de Langres et placĂ©es dans le choeur et l'apside de l'ancienne Ă©glise Saint Didier, par exemple celles qui avaient Ă©tĂ© trouvĂ©es dans la maison n° 613 (de Langres ?) en 1837 (MĂ©moires, Volume 1, SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique de Langres, 1847 - books.google.fr).

 

En 1832, Joseph-Philibert Girault de Prangey, archéologue et un des premiers photographes, soutenu par Aubert, maire de Langres, fait avec Génuyt-Besancenet un recensement des antiquités se trouvant inclus dans les remparts. Puis, une commission municipale en fait un inventaire, mais ne réussit pas à obtenir qu'ils soient conservés dans l'ancienne église saint-Didier. À la suite de ces initiatives, la Société archéologique de Langres est fondée le 21 mai 1836 sous l'impulsion de Jean-Félix-Onésime Luquet21, et qui demeurera toujours attaché à ses origines en Haute-Marne comme en témoigne sa correspondance aujourd'hui conservée à la Bibliothèque diocésaine de Langres3. Elle fut autorisée par le ministre de l'intérieur le 17 juillet 1836. Elle prend le nom de Société historique et archéologique de Langres le 18 février 1842, et ses statuts définitifs datent de 1859, ainsi que sa reconnaissance d'utilité publique, signé le 24 décembre par l'empereur Napoléon III (fr.wikipedia.org - Jean-Félix-Onésime Luquet).

 

On connaît des fibules sigillaires (Jean Benoît D. Cochet, Le tombeau de Childéric ier, roi des Francs, restitué à l'aide d'archéologie et des découvertes récentes, 1859 - books.google.fr).

 

Il vous appartient plus qu'à personne, Monsieur et cher Directeur, de décider si ma lecture est fondée sur une saine appréciation du monument qui nous occupe; le chaton des anneaux et le pommeau des épées ont porté des sceaux; je possède une clef qui en offre aussi un rare exemple ; il n'y aurait rien d'étrange dès lors à ce que cette fibule normande, objet essentiellement personnel, eût servi à sceller un diplôme mérovingien; je vous livre encore cette hypothèse pour ce qu'elle vaut; il me faudrait votre crédit et l'autorité de votre nom pour changer mon hypothèse en réalité. Dans tous les cas, je désire vivement que notre collègue, M. l'abbé Cocbet, voie dans ces lignes un témoignage de l'intérêt que m'a offert la lecture de son livre, et du désir que j'ai éprouvé d'ajouter une fleur au faisceau, déjà si riche, de sa moisson archéologique (E. Hucher, A propos d'une fibule mérovingienne, Bulletin monumental, ou, Recueil de documents et de mémoires relatifs aux différentes branches de l'archéologie, 1854 - books.google.fr).

 

"demipler" : diplĂ´mes

 

"tripler" vient de "tres" et "plico", plier (Gaffiot).

 

"demipler" pourrait vouloir dire "plier en deux" (demi).

 

Comme son nom l'indique, la diplomatique a pour objet l'étude des diplômes. On appelle ainsi, vous le savez, les anciens actes publics, qui généralement, et c'est la raison pour laquelle ils sont désignés de la sorte, étaient écrits sur des feuillets pliés en deux (Bulletin de la Société historique et archeologique de Langres, Volume 7, 1919 - books.google.fr).

 

On a vu que la Chambre introuvable, nommée par le contrecoup des lamentables événements de 1814 et de 1815, se livra à une ardente réaction religieuse. La crise quasi-sociale de 1848, l'élection présidentielle du 10 décembre, fruits de l'anarchie des idées, doivent être incontestablement considérées comme de grandes calamités égales par leur conséquence médiate aux deux années d'agonie de la France du premier empire. Il en sortit l'assemblée législative de 1849, aussi détestable que la Chambre introuvable, comprenant des éléments semblables, avec plus de science dans le mal. On porta de nouveaux coups à l'oeuvre de Napoléon Ier avec la complicité de l'héritier de son nom. La loi de 1849 sur l'instruction publique n'est rien moins qu'un chef-d'oeuvre. Comme par le passé, on donne au gouvernement la plus grande somme d'autorité possible et on désarme le pouvoir exécutif. Le conseil supérieur de l'instruction publique fut peuplé d'archevêques et d'évêques ; l'élément universitaire y demeura en minorité. Au lieu de maintenir une académie par chaque ressort de cour d'appel, on en créa autant qu'il y a de départements; l'évêque pesait de tout son poids dans le conseil de chacune de ces académies minuscules. Pour l'enseignement primaire, on ne se contenta pas des congrégations autorisées par la loi. On laissa libre cours à toute congrégation à laquelle le pouvoir exécutif créerait un état civil en la reconnaissant comme établissement d'utilité publique. L'Etat se vit presque fermer la porte de toutes les maisons d'instruction non universitaires. Il avait droit d'inspection pour ce qui concernait l'hygiène, au besoin la morale, mais jamais la science. Les petits séminaires, désormais émancipés, subsistaient sous le nom d'écoles secondaires ecclésiastiques. Les certificats de stage, les lettres d'obédience, remplacèrent les diplomes. Quant à l'Université, l'évêque de Langres, Parisis, lui dit son fait : elle descendait de Marat. Le second empire exagéra la réaction de 1849, un décret dictatorial du 31 janvier 1852, allant plus loin que la loi de 1825, investit le pouvoir exécutif du droit de donner existence légale aux corporations religieuses de femmes. C'était ce que n'avaient pas voulu les Chambres de la Restauration qui avaient conservé ce droit au pouvoir législatif. Quant aux congrégations d'hommes, le dictateur d'alors respecta la loi de 1817, mais, par tolérance, laissa se former une multitude d'associations monacales dont les membres, en sandales et en burnous de toutes les couleurs, parcourant les rues et les places, semblaient annoncer que la France du moyen-âge envahissait la France moderne. Après la chute du second empire, on devait aller plus loin encore, et, après s'être affranchi de l'Etat, chercher à en faire un subordonné (Achille Mercier, Le clergé depuis la Révolution, La Philosophie positive, revue, Volume 24, 1880 - books.google.fr).

 

L'évêque de Langres (Mgr Parisis) publie en 1849 : La démocratie devant l'enseignement catholique et, en 1850, son Discours sur la loi organique de l'enseignement, ainsi que son Discours sur l'éducation de la jeunesse (Paul Gerbod, La condition universitaire en France au XIXe siècle, 1965 - books.google.fr).

 

C'est la question de la liberté de l'enseignement, dont le principe est proclamé dans l'article 9 de la Constitution, qui est finalement la grande question religieuse parlementaire. Dès septembre 1848, Parisis et Fayet prétendent que l'enseignement, puisque relevant du droit naturel, doit être affranchi de toute surveillance étatique. Abbal et Danielo interviennent à propos de l'enseignement agricole. Mais ce sont les débats sur la loi Falloux qui cristallisent les tensions, tant sur la question de la liberté secondaire que dans son volet relatif à l'enseignement primaire en tout contraire au projet Carnot de 1848. Pour l'élaboration du projet de loi, le ministre Falloux décide du principe d'une commission extraparlementaire : dans celle dédiée à l'enseignement secondaire ne figure qu'un ecclésiastique, non parlementaire, l'abbé Dupanloup, qui sera la cheville ouvrière de la «transaction» avec les membres du Parti de l'ordre encore rétifs au principe de l'enseignement libre. La discussion à l'Assemblée donne lieu à un vaste débat, et c'est Mgr Parisis qui incarne la position du clergé. La loi divise profondément les catholiques, car la liberté concédée par l'État n'est pas pleine et entière. A ce titre, Parisis, dans un discours habile, ne défend pas la loi, mais refuse également de la combattre en vertu de sa nécessité sociale. Son rôle est capital dans l'acceptation de cette loi, votée le 15 mars 1850, par les catholiques qui lui étaient les plus hostiles. L'activité parlementaire est doublée d'échanges discrets avec l'épiscopat : c'est ainsi que Fréchon sollicite l'avis de son évêque sur les changements amenés par les commissions. Tous les ecclésiastiques députés se réunissent sous la présidence de Parisis. Coquerel s'élève contre la loi Falloux, une «loi trop religieuse», en craignant la disparition de l'enseignement primaire et secondaire public. Finalement, Cazalès, Coquerel et Lamennais s'opposeront à la loi (Le Temple national, Prêtres et pasteurs au Parlement français depuis 1789, 2021 - books.google.fr).

 

"morbilles"

 

MORBILLEUX, EUSE adj., «relatif à la rougeole», est un emprunt (1812) à l'anglais morbillous, dérivé de morbus. On relève déjà morbilles au XVIIe s. en français (1655, Oudin) avec le sens de «marques de petite vérole», formé sur le latin scientifique morbillus (1250) (Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011 - books.google.fr).

 

La prĂ©sence de la syphilis dans les oeuvres littĂ©raires du XIXe siècle s'explique d'abord par des facteurs sociologiques: en raison de son mode de vie, de son non-conformisme, de son appartenance Ă  la bohème, l'Ă©crivain, l'artiste fait partie des «groupes Ă  risque». Ils sont nombreux Ă  en avoir Ă©tĂ© les victimes : Stendhal, Baudelaire, Heine, Gautier, Flaubert, Maupassant, Jules de Goncourt... Pourtant, la maladie semble avoir eu bien de la peine Ă  sortir de la sphère autobiographique, tant il est vrai que la mise en fiction d'une souffrance vĂ©cue semble impossible. Le discours clinique est rare ; Ă  peine peut-on citer les observations, exemptes de tout pathos, du jeune Stendhal, Ă  l'Ă©poque oĂą de cuisantes douleurs — difficilement calmĂ©es par l'opium et le quinquina — lui rappelaient le souvenir de ses fresques milanaises. Quel contraste avec le ton adoptĂ© par ThĂ©ophile Gautier, parti lui aussi en Italie, qui dĂ©couvrait en 1849 l'infestation de la vĂ©role dans l'armĂ©e française victorieuse de Rome ! Dans la Lettre Ă  la PrĂ©sidente s'Ă©tale une verve gauloise digne de Rabelais :

 

[...] il règne ici une vérole splendide, américaine, aussi pure que du temps de François Ier. L'armée française, tout entière, est sur le flanc; les poulains éclatent dans les aines comme des obus, la chaude-pisse jaillit en jets purulents, et rivalise avec les fontaines de la place Navone; des rhagades et des crêtes-de-coq pendent, en franges pourprées, au derrière des sapeurs, sapés dans leurs fondements; les tibias s'exfolient en exostoses, comme des colonnes de vert antique dans une ruine romaine; des constellations pustuleuses étoilent les deltoïdes de l'état-major; et l'on voit se promener par les rues des lieutenants tachetés et mouchetés comme des panthères, par des roséoles, des éphélides, des taches couleur de café, des excroissances verruqueuses, des fics cornés et cryptogamiques et autres accidents secondaires et tertiaires, qui paraissent ici au bout de quinze jours.

 

Dans ce pastiche burlesque d'un «fouteur» en goguette, toute véracité médicale s'estompe, au profit d'une sorte de mise à distance qui n'en suggère pas moins, par antiphrase, des mouvements psychologiques profonds révélant la mise en place progressive, dans la conscience de l'écrivain, d'un mode de coexistence équivoque, aux allures initiatiques (Madeleine Bertaud, Les grandes peurs, Tome 1, 2003 - books.google.fr).

 

Ironie de l'Histoire, le frère aîné de Napoléon III, alors président de la deuxième République, est mort de la rougeole, en combattant pour la liberté des Italiens.

 

Les deux frères participent ainsi aux insurrections dans les territoires pontificaux de l'Italie centrale, avant de devoir finalement se replier sur Bologne, où ils se retrouvent encerclés par l'armée autrichienne et les armées pontificales, décidées chacune à leur régler leur sort. Repliés sur Forlì, les deux frères doivent aussi faire face à une épidémie de rougeole qui emporte de nombreux soldats, déjà affaiblis par leurs blessures. Le 17 mars 1831, Napoléon-Louis succombe à l'épidémie tandis que Louis-Napoléon subit à son tour les effets de la maladie (fr.wikipedia.org - Napoléon-Louis Bonaparte (1804-1831)).

 

Cf. les quatrains où apparaiît le terme "celtiques" qui pourrait désigner comme en Italie les maladies vénériennes, comme le quatrain suivant IV, 99 - Alphonse XII.

 

"Marquis et duc" et "l'homme" : la noblesse romaine et l'homme du commun

 

Les fondateurs de la république des Etats-Unis ont voulu créer une patrie pour l'homme du commun, dans laquelle le plus humble aurait des chances de réussir (R.-L. Buell, Les élections américaines et la politique étrangère des Etat-Unis, Politique étrangère, Volume 6, 1936 - www.persee.fr).

 

La Marca a beau souligner que la Révolution en 1849 est beaucoup plus profonde face à la noblesse romaine que celle de 1798-1799, il demeure important de noter que la définition de la participation politique citadine par la République laissait à la noblesse d'Ancien régime une large place, grâce à l'adoption du système censitaire. Bien qu'aucun membre de la haute aristo-cratie citadine ne fasse partie de l'assemblée constituante, le nouveau conseil municipal doit en effet être pour moitié composé de propriétaires. Cet aspect est important pour l'analyse de la fin de l'Ancien régime. Dans bien des cas, la réforme est atténuée dans ses effets sociaux par le cens. Le noble n'est plus tel, mais il reste un acteur de premier plan grâce à ses propriétés. Cela est particulièrement vrai dans le cas de Rome, où la ville appartient presque intégralement à ses nobles. Dans le contexte de 1849, où la noblesse a fui, cette mesure reste vaine, mais dans l'esprit elle marquait les réformes mises en œuvre par la République. Pour Maria Pia Donato, à partir du moment de la fuite du Pape à Gaeta, c'est la municipalité romaine qui incarne une fonction centrale et "devient dépositaire de la souveraineté populaire". [...]

 

Tout au long de cette période, la noblesse romaine appuie de tout son poids pour favoriser la chute de la République. Ce n'est pas tant la nouvelle municipalité qu'elle craint, que le triumvirat de Mazzini, Armellini et Saffi à l'Assemblée et leurs projets de réforme agraire qui la priverait de ses droits féodaux et d'une partie importante de ses terres, notamment dans la campagne romaine, l'Agro romano. Avec la chute du régime républicain, sous l'assaut français du général Oudinot, le 3 juillet 1849, jour même de la proclamation de la constitution républicaine, après d'intenses combats sur le Janicule, le conseil municipal donne sa démission, effective le 13 juillet. Le lendemain, 14 juillet, le général Oudinot nomme une commission municipale, à la tête de laquelle on retrouve Pietro Odescalchi. Compo-sée de 15, puis 27 membres, cette commission incarne, malgré le contexte d'occupation de la ville, le souhait des élites capitolines de ne pas céder complètement à la volonté pontificale, exprimée depuis Gaeta, de revenir sur toutes les réformes. Lorsque le Pape nomme une commission concurrente, le conflit avec le Capitole prend un tour plus âpre. L'opposition est forte entre le triumvirat du Pape, ses trois cardinaux de confiance dans la Ville éternelle, et le Capitole. En quelques mois, selon La Marca, le retour à l'Ancien régime est total pour la gestion de la ville. La Présidence de Rome et Comarca prend toutes les attributions. «Le triumvirat des cardinaux, souvent en opposition aux occupants français eux-mêmes, qui auraient souhaité une politique plus souple, mit en œuvre un programme de restauration tellement strict, qu'en quelques mois la situation rentra sous le contrôle total des trois cardinaux et de la Présidence de Rome et Comarca». Le retour à l'Ancien régime municipal est surtout un retour à l'ordre étatique pontifical. Ce n'est qu'après l'entrée de Pie IX à Rome, le 12 avril 1850, qu'une solution est trouvée. La ligne cependant demeure celle d'une restauration qui limite les prérogatives de la municipalité, et revient à une composition sociale dans laquelle la noblesse domine (Denis Mocquet, De la municipalité d'Ancien régime à la municipalité itamlienne, Municipalités Méditerranéennes, 2021 - books.google.fr).

 

Une répression, que Massimo d'Azeglio nomme vendetta pretina (la «vengeance des prêtres»), s'abat sur les républicains romains ainsi qu'une épuration au sein de l'armée et de l'administration1. Selon les registres de la Sacra Consulta, 2000 personnes sont poursuivies dont 300 appartenant à la classe moyenne ou supérieure (fr.wikipedia.org - République romaine (1849)).

 

La noblesse romaine a offert au saint Père une médaille en or, commémorative de sa rentrée. Elle a bien fait; mais peut-être un don au trésor obéré eût-il été plus utile. Elle est intéressée à la conservation de l'ordre, et la reconnaissance qu'elle doit à la papauté devra l'engager à lui fournir les moyens de se maintenir (Rome en 1848-1849-1850, par un Officier français de l'armée expéditionaire d'Italie, 1851 - books.google.fr).

 

"faillir les blés"

 

De tout temps les blés ont souffert de ces insectes, qui, quoique invisibles, ne sont pas ignorés entièrement des paysans de plusieurs cantons du Piémont, qui appellent vermoulu le blé qui a souffert de ces insectes; ordinairement on le nomme blé failli. En connoissant la cause de la maladie, on peut espérer d'y trouver le remède. Peut-être les moyens que M. ALBERT GATTI, ingénieur géomètre, a proposé dans les derniers volumes et calendriers de la Société d'agriculture pour préserver les blés des autres insectes nuisibles, serviront aussi pour détruire ceux que M. Vassalli-Eandi vient de découvrir (Revue encyclopédique, Volume 25, 1805 - books.google.fr).

 

La sécheresse, les trop grandes pluies et la grèle ne sont pas les seuls ennemis du blé; après l'avoir récolté, il faut le conserver dans les greniers, où il trouve d'implacables insectes qui le dévorent et altèrent tous les grains qu'ils ont touché. Parmi ces insectes, le plus nuisible est l'alucite, qui depuis cinquante ans a étendu ses ravages sur quatorze départements. En 1849 et en 1850, les ravages des alucites ont enlevé une portion considérable de la récolte dans l'Allier, la Nièvre, l'Indre et l'Indre-et-Loire. Dans l'Allier, la perte a été de 20 pour 100 sur la récolte générale de 1850. Dans un grand nombre de fermes, le blé avait été plus maltraité encore après la récolte de 1849; on avait perdu de 80 à 90 pour 100, et le reste ne pouvait être employé sans danger (M. Kaufmann, Revue de Paris: littérature, histoire, philosophie, sciences, beaux-arts, Volume 211, 1854 - books.google.fr).

 

L'alucite, insecte qui réduisait les récoltes de blés de 20 à 60 % de leur poids dans le centre de la France, avait été cause de disettes, et en 1848, des troubles sanglants du Buzençais (L'Art médical: journal de médecine générale et de médecine pratique, Volumes 38 à 39, 1874 - books.google.fr).

 

Voici un second changement au récit primitif des apparitions de la Salette, un second mensonge dans la relation telle qu'elle a été publiée en 1848 par MM. Rousselot et Orcel, telle qu'elle existe dans les publications belges. «Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer parce que l'année prochaine les insectes le mangeront,» c'est ce qu'on trouve dans toutes les relations de 1846. MM. Rousselot et Orcel ont retranché, plus tard, les mots l'année prochaine, trop compromettants. En 1848 on savait parfaitement que, malgré les menaces de la Vierge, le blé n'avait pas été entièrement mangé par les vers, que tous les enfants au-dessous de sept ans n'étaient pas morts, «que les grandes personnes n'avaient pas fait pénitence par la faim» plus que d'ordinaire. La prophétie était encore convaincue de mensonge; pour la sauver il fallait retrancher les mots l'année prochaine, comme on avait ajouté la maladie des raisins et des pommes de terre (Gilbert Poinsot, La vérité sur La Salette ou les procédés de l'Eglise de Rome pour faire des miracles dévoilés par l'apparition de la Ste. Vierge sur la montagne de la Salette le 19 sept. 1846, 1856 - books.google.fr).

 

Acrostriche : LMMF, Lammfell

 

Lammfell : peau d'agneau (Alexandre Tolhausen, Dictionnaire technologique dans les langues française, anglaise et allemande, Tome 3, 1882 - books.google.fr).

 

Ce prince n'avait rien d'un Bonaparte : faux fils, disait-on, de Louis, roi de Hollande, carbonaro italien, qu'on pourrait traduire par charbonnier politique, ressembait Ă  la famille NapolĂ©onienne comme une araignĂ©e peut ressembler Ă  un soleil : tournure de gendarme, moustache allant jusqu'aux oreilles, barbiche brutale comme une brosse de chiendent, courtes jambes, buste corsetĂ©, pas de mobilitĂ© dans le visage, weil atone, vague, incertain, fatiguĂ© et blasĂ©. Il Ă©tudiait alors les premières scènes de son drame impĂ©rial, dont le dĂ©nouement fut une catastrophe ! Le loup s'Ă©tait couvert d'une peau d'agneau ! C'est ainsi qu'il surprit le pays, non sans avoir Ă©tĂ© dĂ©masquĂ© dans un cĂ©lèbre discours de Victor Hugo, mais on croyait encore aux Sauveurs et, le gĂ©nĂ©ral Cavaignac ayant rĂ©primĂ© les journĂ©es sanglantes de 1848, son influence populaire Ă©tait dĂ©truite. Lamartine avait fait son temps. Donc, ce prince, qui n'avait guère que des sottises Ă  son avoir, s'assit au fauteuil de la prĂ©sidence, dont son entourage fit un trĂ´ne qui faillit culbuter dans une mer de sang, le 2 DĂ©cembre (Adrien Victor Bouvard, Alphonse Momas, Un comĂ©dien Ă  travers le monde, Tome 2, 1884 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net