Les emmurements en Algérie

Les emmurements en Algérie

 

IV, 72

 

1831

 

Les Artomiques par Agen & l'Estore,

A sainct Felix feront leur parlement ;

Ceux de Basas viendront Ă  la malheure,

Saisir Condon & Marsan promptement.

 

"Artomiques"

 

Mais laissantz cela à part, continuons ce qui suit en Gascoigne et verrons la propre province des Auxitans qui est celle des Artomiques et Armignagois, le mot estant ainsi corrompu, plus tost que de dire et faindre que ce peuple ayt esté ainsi nommé des Arméniens, si nous voulust renvoyer à l'arché de Noe, qui, le déluge cessant, s'arresta en Arménie ; car alors je donneroy gaigné et confesseray que non seulement les Armignagois, ains tout le reste des hommes sont des semences prises d'Armenie. C'est en ceste prouince qu'est ceste tresancienne cité bastie sur le hault mont, & arrousée à sa racine du petit fleuue le Gers, que iadis on nomma Auguste Auscieme, & Eliombere, le peuple de laquelle Pomponie dit estre le plus fort des Gaules Aquitaniques, & auquel les Romains octroyerent le droit d'Italie, c'est à dire la puissance de iouir de la Bourgeoisie Romaine ainsi qu'aux autres leurs confederez (François de Belleforest, L'histoire universelle du monde, 1572 - books.google.fr).

 

François de Belleforest, né en 1530 à Samatan (actuel Gers) et mort le 1er janvier 1583 à Paris, est un écrivain français. C'est un auteur prolifique, poète et traducteur de la Renaissance. Il est jugé au XIXe siècle par le Dictionnaire Bouillet comme fécond, mais peu exact. En 1568, il devient historiographe du roi Henri III, mais l'infidélité de ses récits lui fit perdre cette place. Il se mit alors aux gages des libraires et inonda Paris de ses écrits (fr.wikipedia.org - François de Belleforest).

 

Le ou les auteurs des Centuries auraient-ils pompé sur Belleforest ou inversement ?

 

Pour l’Arménie cf. le quatrain précédent IV, 71.

 

Auch

 

Auch est devenu la capitale de la région appelée Armagnac ("Armignagois"), entre le Languedoc au levant, la Garonne et le Bigorre au couchant, le Comminge au midi, où se trouve aussi Lectoure (Jean Hubner, La Géographie universelle, Volume 1, 1757 - books.google.fr).

 

État ecclésiastique : Auch, archevêché. 8 évêchés : Couserans, Saint-Bertrand, Lectoure, Lescar et Oléron en Béarn, Tarbes, suffragants d'Auch; Lombez en Comminges et Pamiers dans le comté de Foix, suffragants de Toulouse.

 

État ecclésiastique : Bordeaux, archevêché. 8 évêchés. Agen, Condom, Périgueux et Sarlat, suffragants de Bordeaux; Aire, Bazas, Bayonne, Dax ou Acqs, suffragants d'Auch (Charles Hélion Marie le Gendre de Luçay, Les assemblées provinciales sous Louis XVI et les divisions administratives de 1789, 1871 - books.google.fr).

 

La date de la fondation du diocèse est inconnue. Le titre d'évêque d'Auch n'apparaît qu'au concile d'Agde de 506, où il est porté par un certain Nicetius. Le diocèse primitif devait comprendre la civitas Auscorum des Romains. Il aurait été entouré des diocèses de Toulouse, Comminges, Tarbes, Eauze (Elusa), Agen et Lectoure. Le diocèse métropolitain d'Eauze fut ruiné par les Normands au IXe siècle et son territoire fut réuni à celui d'Auch, qui hérita de son titre métropolitain. Après les débuts de la Reconquista, les diocèses de Pampelune, Jaca et Calahorra deviennent suffragants de l'archevêché d'Auch (à l'origine ils dépendaient de l'archidiocèse de Tarragone). Le royaume de Navarre se développe bientôt sur ces territoires. À la suite de la restauration de l'archevêché de Tarragone en 1091, Auch perd son autorité sur ces diocèses mais l'archevêque d'Auch maintiendra jusqu'à la Révolution française le titre honorifique de "primat de Novempopulanie et du Royaume de Navarre". Jusqu'à la Révolution française, son territoire resta immuable. Il était bordé au nord par les diocèses de Bazas et de Condom, au nord-est par le diocèse de Lectoure, à l'est par le diocèse de Lombez, au sud-est par le diocèse de Comminges, à l'ouest par les diocèses de Tarbes et de Lescar et au nord-ouest par le diocèse d'Aire (fr.wikipedia.org - Archidiocèse d'Auch).

 

Bon nombre d'écrivains (Sanson, p. 15 - Marca p. 14) ont supposé la concordance complète du domaine des cités romaines et des diocèses de Dioclétien et celle des diocèses religieux du moyen-âge avec celui que ces peuplades antiques occupaient alors ; c'est une hypothèse plausible, mais qui attend sa justification (Bulletin trimestriel de la Société de Borda, Volumes 37 à 38, 1913 - books.google.fr).

 

"A saint Felix... Parlement" : les Cathares

 

Le synode de Saint-Félix est un synode ou concile des Cathares dont la véridicité est mise en question par la recherche contemporaine. Il est connu par l'édition d'une «Charte de Niquinta» ou «Charte de Nicétas» dans un ouvrage de l'érudit occitan du XVIIe siècle, Guillaume Besse, publié en 1660 sous le titre «Charte de Niquinta antipape des hérétiques albigeois». Ce dernier la présente comme une copie, réalisée en 1222, 1232 ou 1233, de l'acte original du synode qui se serait tenu en 1167 à Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-Lauragais) sous la présidence d'un «pape» des hérétiques dénommmé Niquinta ou Nicétas, supposé évêque bogomile de Constantinople. Mais aucune source avant lui ne fait allusion à ce concile qui rend douteuse l’historicité de cet événement. Au début du XXIe siècle, la question de l'authenticité de document demeure un enjeu au sein de la recherche sur le catharisme (fr.wikipedia.org - Synode de Saint-Félix).

 

Saint-Félix-Lauragais (en occitan Sant Felitz de Lauragués), est une commune française située dans le département de la Haute-Garonne en région Occitanie, au cœur du Pays de Cocagne (fr.wikipedia.org - Saint-Félix-Lauragais).

 

En ce qui concerne la violence, le concile cecumĂ©nique du Latran de 1179 en appela ouvertement Ă  la force militaire dont disposent les seigneurs pour sĂ©vir contre les hĂ©rĂ©tiques, en commençant par confisquer leurs biens. Tout seigneur qui rĂ©pondra aux rĂ©quisitions des Ă©vĂŞques bĂ©nĂ©ficiera d'indulgences. C'est ainsi qu'en 1181 l'Ă©vĂŞque d'Albano, nous l'avons vu, put lever Ă  Toulouse une petite armĂ©e catholique qui s'empara de Lavaur et captura le premier Ă©vĂŞque cathare du pays toulousain. Mais l'entreprise n'eut guère de suite et quand, en 1198, Innocent III accĂ©da au trĂ´ne pontifical, le catharisme occitan prĂ©sentait un tel danger pour la catholicitĂ© que le nouveau pape dĂ©cida de prendre immĂ©diatement les choses en mains. Quelques jours Ă  peine après son avènement, il Ă©crivit Ă  l'archevĂŞque d'Auch pour lui enjoindre d'utiliser «la force du des princes et des peuples», pour sĂ©vir contre les hĂ©rĂ©tiques. Dans le mĂŞme temps, il en appelait directement aux fĂ©odaux eux-mĂŞmes, pour leur signaler qu'il Ă©tait de leur devoir de confisquer, non plus seulement les biens des hĂ©rĂ©tiques, mais aussi ceux de leurs protecteurs et complices. L'assimilation des deux catĂ©gories de coupables Ă©tait chose faite. L'appel, Ă©videmment, resta vain : ces fĂ©odaux auxquels le Souverain-Pontife s'adressait Ă©taient ceux-lĂ  mĂŞmes qui protĂ©geaient les cathares... Quant Ă  l'archevĂŞque d'Auch, il Ă©tait, comme la plupart des prĂ©lats du pays occitan, totalement impuissant Ă  faire passer dans les faits les ordres reçus de Rome. Innocent III envoya lĂ©gations sur lĂ©gations. Son premier reprĂ©sentant, Rainier, eut pour mission de commencer Ă  Ă©purer ce haut clergĂ© inefficace, Ă  rĂ©former une Eglise dont la moralitĂ© parfois douteuse ne suscitait que trop le mĂ©pris des foules, et Ă  prĂŞcher contre l'hĂ©rĂ©sie ; ce qui voulait dire , Ă  la fois , tenter de ramener les dĂ©viants dans le sein de l'orthodoxie et inciter les dĂ©tenteurs locaux du pouvoir, seigneurs et consulats urbains, Ă  sĂ©vir fermement contre les rĂ©fractaires. Rainier n'obtint guère de rĂ©sultats, Jean de Sainte-Prisque ne fut pas plus heureux, mais Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide finirent par obtenir Ă  la fin de 1203 que les consuls de Toulouse fissent serment «au nom de la foi catholique». Piètre victoire en vĂ©ritĂ© - l'avenir le prouvera amplement (Michel Roquebert, L'EpopĂ©e cathare: mourir Ă  MontsĂ©gur, Tome 4, 1989 - books.google.fr).

 

Examinons maintenant l'histoire de Bernard IV de La Barthe, archevêque d'Auch. Il avait été signalé au Pape Innocent III «comme un prélat très complaisant pour les hérétiques, exécrable et mal intentionné» selon les expressions de Pierre des Vaux de Cernay dans sa chronique. S'il était complaisant pour les les hérétiques, c'est probablement parce qu'il y en avait dans son diocèse. Il fut un défenseur ardent du Comte Raymond VI de Toulouse, surtout à la suite de l'humiliante cérémonie de Saint-Gilles. Le Pape le déposa en 1214, pour le remplacer par l'Evêque de Comminges Bernard Gersif, qui, lui, fut un aide précieux pour les Croisés du Nord (Cahiers d'études cathares, 1981 - books.google.fr).

 

L'archevêque d’Auch écrivit au pape Innocent III, pour lui faire connaître les progrès que l'hérésie fesait chaque jour dans la Gascogne et les pays voisins. Ce souverain pontife brûlait de signaler par un coup d'éclat les premières années de sa puissance pontificale ; il se håta d'envoyer une circulaire aux archevêques d'Aix, de Narbonnne, d’Auch, de Vienne, d'Arles, d’Embrun, de Tarragone, de Lyon, aux princes, aux barons, aux comtes et autres seigneurs du pays (Histoire de la ville de Toulouse depuis so fondation jusqu'à nos jours, 1839 - books.google.fr).

 

Les emmurés

 

Rappelons-nous un fait historique signalé par César dans ses Commentaires, renouvelés presque d'une manière semblable en Afrique par le général Bugeaud à l'égard des Arabes. César nous dit (et avec lui l'historien Fleurus), qu'il fit périr dans les grottes où ils s'étaient réfugiés, les habitants des vallées pyrénéennes qui lui résistaient (Félix Garrigou, Grotte des échelles ou de Lombrives, Congrès archéologique de France, 1904  - archive.org).

 

Garrigou avait prĂ©tendu que CĂ©sar avait emmurĂ© dans Lombrives des Sotiates, invoquant, comme rĂ©fĂ©rences, CĂ©sar lui-mĂŞme et l'historien latin du IIe siècle, Florus. VĂ©rification faite, je puis vous affirmer que CĂ©sar, dans son De Bellico Galico, n'a jamais dit un mot de cette histoire. Je viens de recevoir l’oeuvre de Florus, trouvĂ©e d'occasion chez un bouquiniste d'Arras, belle Ă©dition imprimĂ©e Ă  La Haye Hollande) en 1722. J'y ai relevĂ© ceci : Après avoir succinctement rapportĂ© la campagne contre les Venètes (pays de Vannes, Bretagne), Florus, sans transition, Ă©crit : «Aquitani, callidum genus, in speluncas se recipiebant : jussit includi.» (Les Aquitains, race turbulente, se rĂ©fugiaient dans les cavernes ; il (CĂ©sar) ordonna de les y enfermer). Puis l'auteur, sans dire un mot de plus sur cette affaire, passe Ă  une expĂ©dition contre les Morins (pays de Bruges, Belgique). L'Ă©diteur et commentateur, Carolus AndrĂ© Duker, a bien vu le dĂ©saccord entre Florus et CĂ©sar, aussi a-t-il soin de mettre en note : «CĂ©sar, livre III, ch .21, a Ă©crit que pendant que Crassus assiĂ©geait leur oppidum, les Sotiates creusèrent des souterrains vers les retranchements et les mantelets des Romains, et que dans ce travail les Aquitains Ă©taient très habiles, ayant chez eux, en beaucoup d'endroits, des mines d'airain. Hotman pense que Florus a voulu interprĂ©ter ici les paroles de CĂ©sar. Dans ce cas, Florus n'aurait rien dit d'invraisemblable. Cette opinion d'Hotman, autre commentateur de Florus, ne saurait ĂŞtre retenue et ce dernier a bel et bien inventĂ© dans son imagination cet emmurement des Sotiates, lesquels, d'ailleurs, au moment de la conquĂŞte de Crassus, ne pouvaient, comme l'a soutenu Garrigou, occuper la vallĂ©e de l'Ariège qui faisait dĂ©jĂ  partie de la Province Romaine. [...]

 

Il est fort possible, mĂŞme certain, que des Cathares isolĂ©s se soient rĂ©fugiĂ©s dans la caverne de Lombrives, comme d'ailleurs dans n'importe quelle grotte et y soient restĂ©s quelque temps ; aussi bien que des catholiques fuyant devant les huguenots aux XVIe et XVIIe siècles, comme prĂ©cĂ©demment les gens du pays devant les Sarrasins... et que certains, s'Ă©tant perdus dans le dĂ©dale des couloirs, y soient morts de faim..., mais l'histoire que NapolĂ©on Peyrat nous raconte ne mĂ©rite que le nom de fable (Joseph Dengerma, Les Cinq cents Cathares emmurĂ©s de Lombrives, 1967 - books.google.fr).

 

La grotte de Lombrives

 

La cavité est ornée de milliers de signatures et signes ésotériques. Certains datent du XIIe siècle. Une inscription (portant la date de 1578) fait mention du roi Henry IV, alors roi de Navarre. Cette signature, recoupée avec un texte extrait d'un manuscrit détenu par les archives départementales de l'Ariège atteste d'une visite monarchale.

 

La caverne est citée par l’historien des comtes de Foix, Bertrandi Hélie, en 1540, in Historia fuxentium comitatum : «…je crois que c’était cet antre qu’on appelle, l’antre de Tarascon, près de cette ville remarquable dans le pays de Foix ; l’entrée en est très étroite et on y entre avec des échelles, mais lorsqu’on y est parvenu, on y trouve des salles très étendues dont les voûtes sont magnifiques tout ce qu’on voit est merveilleux et inspire l’effroi au premier aspect, et l’on ne s’avance dans ce lieu qu’avec quelques difficulté et non sans crainte, pendant cinq ou six stades, mais ceux qui veulent aller au-delà sont si effrayés qu’ils rétrogradent de suite…(…). On y a trouvé dedans des corps d’hommes qui d’abord semblaient vivants et qui des qu’on les touchaient se réduisaient en poussière...».

 

Adolphe Garrigou - historien et père de Félix Garrigou - et l'archiviste départemental Rambaud commencèrent les fouilles de la grotte de Lombrives dès 1822. Les découvertes de deux crânes humains intacts, ainsi qu'une grande variété d'ossements humains et animaux et de poteries par Félix Garrigou, Jean-Baptiste Rames et Henri Filhol, sont publiées en 1864, bien que des découvertes antérieures aient eu lieu, notamment dans le lieu dit du «cimetière» (fr.wikipedia.org - Grotte de Lombrives).

 

Poursuivant la conquête de la Gaule, César donna mission à son lieutenant Crassus de soumettre les Aquitains (56 av. J.-C.). La campagne fut vite terminée, car après s'être emparé de l'oppidum des Sotiates (Sos, Lot-et-Gar.). Crassus vainquit les coalisés, réunis au nombre de 50.000 hommes dans un camp retranché (Miramont), non loin de l'oppidum des Tarusates (Aire-sur-l'Adour) et obligea toutes les tribus à déposer les armes. César visita les conquêtes de son lieutenant à la tête de deux légions (50 av. J.-C.) et donna son nom å l'oppidum des Tarusates devenu dés lors Vicus-Julii (Aire). Comme d'ordinaire, la région conquise fut partagée en cités (civitates), subdivisées en pagi (pays) dont l'étendue ne devait guère dépasser celle d'un canton actuel et renfermant plusieurs vici. Le Vicus était le bourg principal des agglomérations rurales appelées suivant leur importance, Villa, Domus ou Locus. Fidèle aux traditions de la politique romaine qui s'empressait de détruire les anciennes confédérations pour désagréger les forces des vaincus, Auguste réunit les Ibéro-Aquitains aux Celtes de la rive droite de la Garonne et forma des pays compris entre le Rhône, les Cévennes, la Loire et les Pyrénées, cette Aquitaine administrative qu'il subdivisa en trois : la première, capitale Bourges ; la deuxième, capitale Bordeaux et la troisième, capitale Eauze (727 de Rome - 27 av. J.-C.). Les Landes faisaient partie de cette dernière qui avait cinq cités : celle des Tarbelles dont la capitale était devenue Aquæ Augustæ, la cité des Vasates, des Auscii, des Convennæ et des Datii. Les deux premières de ces cités comprenaient tout notre pays. A son tour Dioclétien (297) établit une nouvelle division de municipes qui porta à neuf le nombre des cités d'Aquitaine. Ces peuples ayant obtenu de ne plus payer l'impôt avec les Celtes, l'Aquitaine prit le nom de Novempopulanie, qui devient officiel sous Valentinien (335). Vers la fin du IVe siècle, ceux qui remplissaient des services volontaires faisant défaut et devant être remplacés par des fonctionnaires salariés, on procéda à une nouvelle division de la Gaule. Il y eût dès lors 96 provinces, comprenant 115 cités et partagées en douze diocèses à la tête desquels était placé un proconsul ou Vicaire. Le nombre des cités de la Novempopulanie fut porté à douze et par suite du démembrement de celle des Tarbelles on forma celle des Aturensium (Aire) (Bulletin trimestriel de la Société de Borda, Volumes 37 à 38, 1913 - books.google.fr).

 

La marche de Crassus

 

La déroute de 78 atteste que l'on était là dans un secteur particulièrement sensible. La raison en a été soupçonnée par C. Jullian, mais c'est J. Clémens qui l'a réellement mise en évidence en montrant quel fut, entre l'arrivée des Celtes et la conquête romaine, le rôle historique des grandes voies méridiennes de l'Aquitaine sud-garonnique, la Peyrigne et la Ténarèze. La première «coïncide avec le réseau des peuples soumis, sinon amis du peuple romain, ceux de Toulouse, mais aussi ceux de Lectoure et d'Agen... (elle) est le reflet d'une solidarité politique et économique avant et durant le conquête de César». Quant à la seconde, pour être «périphérique aux régions et aux itinéraires déjà contrôlés par les Romains», elle n'en était pas moins «un axe routier essentiel de l'Aquitaine». C'est assurément leur position sur cet axe qui avait fait des Sotiates les héros des combats de 78. Si nous adjoignons à ces voies celle qui s'en allait au sud-ouest, par Aire, vers Lescar et Oloron, on voit s'esquisser une Aquitaine d'états routiers dont les axes structurants furent les grandes pistes qui, aux abords des gués et des carrefours importants, fixèrent les principaux oppida. Cette situation n'était pas inconnue des Romains. Contrairement à une idée répandue, ils étaient, à l'époque de Poseidonios, beaucoup moins ignorants des choses de la Gaule que leurs pères du temps de Polybe et J. Clémens a eu raison de deviner, derrière l'alliance avec le roi Ollovicon et sans doute aussi les Lactorates, toute une stratégie routière dont le but était de porter sur la Peyrigne, dont ils tenaient, au moins depuis Pompée, le départ pyrénéen, le boulevard de défense de la Province. Crassus savait tout cela. Au moment d'entrer en Aquitaine, son objectif n'était pas vraiment de venger une injure faite autrefois à l'honneur romain. Empêcher les Aquitains de porter secours aux Gaulois de la Celtique, c'était d'abord mettre la main sur une place qui commandait la croisée des chemins de Gascogne. C'est en toute logique qu'il dirigea sur l'oppidum des Sotiates, qu'il emporte, la marche de son armée. […]

 

Amis de Rome, les Lactorates tenaient un tronçon de la Peyrigne, comme aussi, sans doute, celui d'une piste vers le Toulousain. Leur territoire - contenu ou non dans les limites du diocèse médiéval - débordait au nord sur le Condomois. […]

 

Partant de Sos vers le territoire vasate, sans doute pour vérifier personnellement leur poids militaire et assurer ses arrières, Crassus dut s'engager sur l'une des pistes qui, à travers la lande, rejoignaient la basse Garonne. La plus connue de nous est celle qu'emprunta, au IVe siècle de notre ère, le pèlerin qui fît le voyage de Bordeaux à Jérusalem. S'embranchant à Scittio/Sottio (c'est-à-dire Sos) sur la Ténarèze, elle remontait vers le Bazadais par les stations de Oscineio et de Tres Arbores. Derrière les érudits agenais, nous fixerons la première chez les Oscidates, tandis que, avec Jullian, nous reconnaîtrons au lieu-dit «les Trois Chênes» le site de la seconde […].

 

C'est pendant sa marche de retour sur le pays tarusate qu'il parvint au contact de l'armée des coalisés aquitains. Grossie de renforts venus d'Espagne citérieure, menant contre lui une guerre prudente et savante, celle-ci lui fit encourir de réels périls. Les pistes des Chalosses avaient permis l'arrivée des contingents ibériques et celles du Marsan jouèrent un rôle essentiel dans la tactique des chefs aquitains : évitant la bataille rangée, ils préféraient bloquer les routes, gêner les approvisionnements et harceler la colonne romaine empêtrée dans ses bagages et trop peu nombreuse pour se morceler sans risques. Pourtant, forçant le sort avec bonheur, Crassus parvint à se dégager et à remporter une éclatante victoire, en un lieu inconnu, mais quelque part chez les Tarusates. […]

 

Ainsi, malgré sa brièveté et ses insuffisances, le récit de l'expédition d'Aquitaine tel que l'a transmis le Bellum Gallicum n'est pas un simple excursus, plutôt littéraire, destiné à faire admirer au lecteur «l'importance de la victoire de Crassus et l'étendue de la conquête de César». Il est avant tout un récit historique qui révèle parfaitement le théâtre et les enjeux de la campagne, à savoir les pays de la Gascogne centrale et méridionale, celle justement que traversaient les grandes pistes qui avaient présidé à l'organisation des états aquitains. S'en emparer équivalait à maîtriser complètement ces derniers. Crassus le savait bien et d'ailleurs, la route avait toujours été un des instruments de la domination romaine, depuis les premiers élans de la conquête vers le sud italien qu'avait matérialisés la construction de la via Appia (Jean-Pierre Bost , «P. Crassum... in Aquitaniam proficisci iubet» Les chemins de Crassus en 56 avant Jésus-Christ. In: Revue des Études Anciennes. Tome 88, 1986, n°1-4 - www.persee.fr, fr.wikipedia.org - Publius Crassus).

 

Peut-on faire un parallèle entre Simon de Montfort, chef de la croisade contre les Albigeois lancée par la Rome cacatholique, et Crassus.

 

"mal'heure" : gascon "male ore"

 

Mais il est une partie de la nuit que l'homme de Gascogne précise comme néfaste, dangereuse et fatale, dans le sens de mauvais destin : c'est cet espace de temps qui sert de transition d'un jour à l'autre et qui gravite autour de minuit. Evitez de voyager de 11 heures à 1 heure de la nuit, sous peine de conséquences malheureuses. Evitez surtout de naître pendant cette période d'obscurité profonde, véritable incubation de tous les méfaits, de tous les crimes, de tous les sortilèges, ou bien vous serez un homme voué au mal, capable de tous les méfaits, victime victime inexorable du sort. Quiconque est né à la male ore, en cette mauvaise heure, reste sujet aux accidents ou devient fatalement criminel. On l'excuse en accusant le mauvais sort ou la male ore. Aussi les femmes en travail forment-elles le voeu le plus ardent que l'enfant naisse en dehors de cette heure fatale afin qu'il échappe à l'ambiance de la fatalité attachée aux environs Minuit est encore l'heure du sabbat présidé par le diable. Sorciers et sorcières s'y rendent en voyageant dans les airs sur des chars à boeufs ou des manches à balai. La ronde infernale se fait au croisement de deux routes formant carrefour ou coeyrehourcq, croudzecamin. C'est sur un carrefour que l'on doit brûler, la nuit ou avant le lever du soleil, les plumes entortillées et autres signes de sortilège que l'on recueille dans les traversins ou autres parties du lit des personnes malades (C. Daugé, Le mystère de la nuit en Gascogne, Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, 1924 - books.google.fr, Vincent Foix, Paule Bétérous, Dictionnaire gascon-français, 2003 - books.google.fr).

 

Elisabeth Bellecour (Nostradamus trahi, pp. 45-47) reprend l'interprétation de Thorné-Chavigny, sans le nommer, avec Basas presque anagramme de sabbat, et les Artomiques/artomim égyptiens (devins qui interprètent les songes) (H. Thorné-Chavigny, Lettres du grand prophète d'après l'histoire prédite et jugée par Nostradamus et l'Apocalypse interprétée par le même auteur, 1870 - books.google.fr).

 

On pense aux songeurs/pensifs-hĂ©rĂ©tiques des quatrains I, 24 et X, 37.

 

C'est dans la nuit que la bataille finale qui pousse les peuples d'Aquitaine Ă  faire leur soumission se termine :

 

Notre cavalerie les poursuivit dans des plaines très dĂ©couvertes (campis apertissimis) ; de cinquante mille (soldats) qui avaient Ă©tĂ© rassemblĂ©s entre l'Aquitaine et le pays des Cantabres, un quart Ă  peine leur Ă©chappa et la nuit Ă©tait avancĂ©e quand elle rentra au camp (De Bello gallico, III,26) (Jacques Lemoine, Toponymie du pays basque français et des pays de l'Adour: Landes, PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, Hautes-PyrĂ©nĂ©es, 1977 - books.google.fr).

 

La Ténarèze rejoint la Peyrigne à Eysses (Excisum sur la rive droite du Lot. A partir de là, les deux chemins ne forment plus qu'une voie unique vers le Périgord et le Limousin (Christian Bernard, La Garonne, 1993 - books.google.fr).

 

La Chanson de la croisade albigeoise

 

La Chanson de la croisade albigeoise (aucun titre ne précède le poème dans le manuscrit original qui utilise le seul mot de cansos-canso) est un poème manuscrit de 9578 vers, écrit en

langue d'oc entre 1208 et 1219 par deux auteurs différents et racontant les événements survenus dans le Languedoc depuis l'invasion du comté de Toulouse et de l'Albigeois par les croisés jusqu’à la mort de Simon de Montfort.

 

Guillaume de Tudèle (Guilhèm de Tudèla en occitan) est l'auteur des premiers 2772 vers (130 lais). C’est un clerc venu de Tudèle en Navarre et établi à Montauban. Homme d’Église, sa relation est plutôt favorable aux croisés. Cependant, il condamne les massacres accomplis par ceux-ci comme le massacre de Béziers ou celui de Lavaur. Aux alentours de l'an 1212, quand les croisés se rapprochent de Montauban, Guillaume rejoint Bruniquel, qui se trouve sous la seigneurie du frère cadet de Raymond VI de Toulouse, Baudoin, qui est lui-même passé du côté des croisés. Son récit s'arrête brutalement en juillet 1213.

 

L'Anonyme est l'auteur de la seconde partie de la Chanson, c’est-à-dire à peu près 6800 vers. Cet auteur inconnu a fait une œuvre d'une qualité poétique certaine et toujours d'une grande pureté de langue. Bien que catholique, il se montre de temps en temps très anticlérical. Il est engagé contre la croisade et défend constamment les idées de valeur et d’honneur (paratge) qui sont celles de la société occitane médiévale. Il raconte avec talent les épisodes entre 1213 et 1219 : la bataille de Muret, le concile de Latran, le siège et la prise de Beaucaire, la révolte de Toulouse et la bataille de Baziège (fr.wikipedia.org - Chanson de la croisade albigeoise).

 

Acrostiche : LACS et SCAL Ă  l'envers

 

Bon nombre de cathares trouvèrent refuge près des lacs pyrénéens de la Haute-Ariège quand l'Inquisition ne leur permit plus de redescendre dans les villes (Jean-Yves Tournié, Terre cathare, 1982 - books.google.fr).

 

Avec SCAL on pense au latin "scala" (Ă©chelle, qu'on monte et qu'on descend) et la grotte des Echelles de Lombrives.

 

Typologie

 

Le report de 1831 sur la date pivot 1167 (synode de saint FĂ©lix) donne 503.

 

Entre 503 et 560 les vascons s'installent en Novempopulanie (Emile Houth, Visages de Gascogne et de BĂ©arn, 1948 - books.google.fr).

 

Une date importante, toutefois, est à retenir: 503, quand Clovis rencontre dans l'Ile Saint-Jean, l'actuelle Ile d'Or, le roi des Wisigoths, Alaric, pour signer une "paix perpétuelle". Paix fort brève en réalité, car en 507 Clovis tuait de sa propre main Alaric à la bataille de Vouillé près de Poitiers et établissait alors sa domination sur tout le territoire s'étendant au Sud de la Loire (Guy Monrosty, Le château d'Amboise, 1991 - books.google.fr).

 

Algérie et Cathares

 

Robert Lafont a rapproché de la répression cathare la répression algérienne. Vieil Huguenot hurleur, j'en ai senti le lien avec les Dragonnades. On peut donc partir de très loin. On peut même partir d'où on veut. Que ce soit simplement de 1830, quand un Régime en perte de vitesse essaie, par un mécanisme classique de compensation, de récupérer par l'Opération d'Alger quelque chose de son prestige (Jean Fontbonne, Sub mediterrania, 1970 - books.google.fr).

 

Ainsi même on peut rapporcher l'invasion du comté de Toulouse de celle de l'Algérie qui comprennent toutes deux un motif un religieux, lutte contre le Catharisme et contre l'Islam respectivement.

 

Enfumades et emmurements

 

Les enfumades sont une technique utilisée par le corps expéditionnaire français durant la conquête de l'Algérie commencé sous la Restauration en 1830, en 1844 et 1845. Le terme d'«enfumades» est souvent associé à Bugeaud bien que Cavaignac ait eu antérieurement recours à cette pratique. La technique consiste à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte, en allumant devant l'entrée des feux qui consomment l'oxygène disponible et remplissent les cavités de fumée. Les populations ainsi annihilées, dont des femmes et des enfants, représenteraient des «tribus» entières, soit des milliers de victimes (fr.wikipedia.org - Enfumades d'Algérie).

 

Le général Cavaignac tenait sa triste célébrité des enfumades des grottes du Dahra où des centaines de femmes et d'enfants emmurés moururent asphyxiés.

 

Les enfumades et emmurements inaugurés par Boyer en Oranie, deviendront un mode, parmi d'autres, d'extermination des tribus. Ces actes odieux, s'il peut y avoir une gradation dans l'horreur, atteindront leur summum avec Pellissier-de-Reynaud dans les grottes du Dahra, où 767 membres de la tribu des ouled Riah, fuyant les troupes françaises, lors de l'insurrection de Boumaza, furent décimées par enfumades entre les 19 et 20 juin 1845 (Djamel Kharchi, Colonisation et politique d'assimilation en Algérie 1830-1962, 2004 - books.google.fr).

 

Après la dĂ©mission du gĂ©nĂ©ral Clauzel et son remplacement par le gĂ©nĂ©ral Berthezène, le gouvernement se dĂ©cide Ă  occuper Oran ; le bey tunisien placĂ© Ă  Oran par Clauzel est rapatriĂ© le 31 aoĂ»t 1831 ; le commandement de la place d'Oran est confiĂ© Ă  Boyer. Le gĂ©nĂ©ral Boyer arrive Ă  Oran prĂ©cĂ©dĂ© de sa rĂ©putation de grande sĂ©vĂ©ritĂ©, qui lui avait acquis le surnom de Cruel et qui est confirmĂ©e par la duretĂ© avec laquelle il sĂ©vit bientĂ´t contre les Maures soupçonnĂ©s d'avoir des relations avec le Maroc, les confiscations, les arrestations et mĂŞme plusieurs exĂ©cutions assez arbitraires frappant des habitants d'Oran. Le comportement de Boyer est signalĂ© par Berthezène au ministre de la Guerre, le marĂ©chal Soult, mais il ne rĂ©agit pas directement. La tension devient telle que les Arabes dĂ©cident d'Ă©tablir un blocus commercial d'Oran, dont le ravitaillement ne peut se faire que par mer, depuis l'Ă©tranger et la France.

 

Fin 1831, le général Berthezène est remplacé par le général Savary, duc de Rovigo. Ce n'est cependant qu'au début de 1833 que Soult décide de relever Boyer de ses fonctions, à cause de sa mésintelligence avec le commandant en chef. Il est remplacé par le général Desmichels, dont la politique va être à l'opposé, puisqu'il va signer un traité avec Abd el-Kader, devenu émir des tribus d'Oranie fin 1832.

 

Pierre François Xavier Boyer, né le 7 septembre 1772 à Belfort et mort le 11 juillet 1851 à Lardy (Seine-et-Oise), est un militaire français, simple soldat de la Révolution devenu général sous le Consulat, particulièrement connu pour son rôle en Espagne sous Napoléon et en Algérie durant la Monarchie de Juillet (fr.wikipedia.or - Pierre François Xavie Boyer).

 

Mythologie cathare

 

Deux publications de cette époque s'offrent à notre choix : soit la réédition de la Chanson de la Croisade, ou en tout cas du remaniement de la chanson que l'on trouve dans l'Histoire du Languedoc de Dom Vaissette, 1737, réédition datée de 1833 au tome XIX du Recueil des Historiens de France -, soit la Revue des Deux Mondes, du 15 novembre 1832, où l'on peut lire, consacrée à la Chanson, la douzième leçon de Claude Fauriel, extraite de son cours, professé à la Faculté des Lettres de Paris en 1831 et 1832 sur l'Histoire de la Poésie Provençale dont la publication intégrale eut lieu en 1836 alors que paraissait en 1837 Histoire de la croisade contre les hérétiques albigeois, écrits en vers provençaux par un poète contemporain, traduit et publié par M. Fauriel (Paris, de l'imprimerie Royale) (Cahiers d'études cathares, 1998 - books.google.fr).

 

On sait que la redécouverte du Moyen Age par le mouvement romantique avait suscité l'intérêt des érudits pour les langues et les littératures anciennes, notamment pour celles qu'on appelait «provençales» : la langue et les œuvres des troubadours. C'est ainsi qu'en 1831 Claude Fauriel avait inauguré la chaire qui venait d'être créée pour lui à la Sorbonne par un cours intitulé Histoire de la poésie provençale - cours qui dura en fait deux années (Michel Roquebert, Figures du catharisme, 2018 - books.google.fr).

 

Fauriel occupe cependant une place importante dans l'histoire de l'historiographie du catharisme. Il est en effet un relai entre Augustin Thierry et NapolĂ©on Peyrat : pour lui aussi la Croisade est un «affrontement de races antipathiques l'une Ă  l'autre» ; elle est, dit-il «une guerre Ă  mort apportĂ©e par une force inique et brutale Ă  des contrĂ©es oĂą avaient jusque-lĂ  rĂ©gnĂ© la politesse, la justice et la paix. C'est comme une lutte entre orgueil (orgolh) et parage (nous dirions entre la barbarie et la civilisation)». Fauriel est Ă©galement l'inventeur d'une thĂ©orie promise Ă  un bel avenir, celle du Graal mĂ©ridional, occitan dirions-nous aujourd'hui. C'est dans son Histoire de la Gaule mĂ©ridionale sous la domination des conquĂ©rants germains, parue en 1836, qu'il essaie de prouver l'origine provençale de la lĂ©gende du Graal nord-est de l'Espagne, la prĂ©sence des poètes provençaux dans les cours d'Aragon, l'appartenance Ă  la langue d'oc des mots Montsalvat et Graal. Tout cela afin de dĂ©montrer l'antĂ©rioritĂ© de l'Ă©popĂ©e provençale sur l'Ă©popĂ©e bretonne (Ch.-Ol. Carboneu, D'augustin Thierry Ă  NapolĂ©on Peyrat : un demi-siècle d'occultation du catharisme, Historiographie du catharisme, 1979 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Chanson de la croisade albigeoise).

 

Fauriel sĂ©dentarise le Graal dans les PyrĂ©nĂ©es, Aroux l'identifie au mystĂ©rieux trĂ©sor cathare, PĂ©ladan identifie Montsalvat Ă  MontsĂ©gur. On doit la localisation mĂ©ridionale du Graal Ă  l'inventeur de La Chanson de la Croisade. Claude Fauriel reprend deux romans allemands de la première moitiĂ© du XIIIe siècle, le Parzival de Wolfram von Eschenbach et le Nouveau Titurel d'Albrecht - longtemps attribuĂ© Ă  Eschenbach - et retient du deuxième l'Ă©dification par le roi Titurel d'un temple abritant le Graal au sommet d'une haute montagne nommĂ©e Muntsalvatsch, sur le territoire de Salvaterre en Galice. RĂ©sumant la gĂ©nĂ©alogie du Graal prĂ©sentĂ©e dans le Titurel, Fauriel rappelle que PĂ©rille, chef de la milice asiatique gardienne du temple passe en Europe et se convertit au christianisme sous Vespasien, s'Ă©tablit en Aragon oĂą son neveu Titurel achève l'Ă©vangĂ©lisation des paĂŻens de Saragosse et de Galice. Or la mĂŞme lĂ©gende est racontĂ©e par les troubadours de la cour des comtes de Barcelone et des rois d'Aragon dans leur geste de la ReconquĂŞte sur les musulmans. S'appuyant sur des arguments linguistiques et toponymiques et sur une allusion de Wolfram von Eschenbach Ă  un troubadour provençal Kiot - Guyot - que l'auteur du Pazival tient pour antĂ©rieur Ă  ChrĂ©tien de Troyes, Fauriel en infère que le premier roman du Graal est l'oeuvre d'un troubadour provençal qui localise Montsalvat/Salvatge dans les PyrĂ©nĂ©es. Eugène Aroux (1773 - 1859) catholique libĂ©ral et romaniste passionnĂ©, emprunte Ă  la thèse de Rosetti, La Beatrice di Dante (1842), les outils qui lui permettent de lier cathares et Graal dans un mĂŞme mythe. Pour Rosetti la Divine ComĂ©die est un poème codĂ© dans un langage seulement intelligible par un groupe d'initiĂ©s, "Les Fidèles d'Amour", secte secrète apparentĂ©e aux Templiers, vouĂ©e Ă  la lutte contre le pape. Aroux dĂ©veloppe une thèse semblable dans son ouvrage Dante hĂ©rĂ©tique, rĂ©volutionnaire et socialiste. RĂ©vĂ©lations d'un catholique sur le Moyen-Ă‚ge qu'il publie en 1854. Directement rattachĂ©e Ă  la doctrine albigeoise, la doctrine cachĂ©e d'Alighieri s'insĂ©rerait dans une filiation qui unit dans un mĂŞme lignage cathares, templiers gibelins, libre penseurs et socialistes. Quatre ans plus tard, Aroux publie Les mystères de la chevalerie et de l'amour platonique au Moyen-Ă‚ge oĂą il livre les clĂ©s de l'analyse de l'ensemble de la littĂ©rature courtoise. Selon Aroux, les troubadours, pour prĂ©server leur sĂ©curitĂ©, Ă©laborent une poĂ©sie cryptĂ©e qui n'est qu'une allĂ©gorie de la doctrine cathare persĂ©cutĂ©e par l'Eglise. Cette poĂ©sie inintelligible pour un est traduite par les Bonshommes pour les nĂ©ophytes dans la langue du pays Ă©vangĂ©lisĂ©. Tous les cathares Ă©taient troubadours, tous les troubadours Ă©taient cathares, selon le public ou selon les circonstances. Aroux donne les trois Ă©quivalences qui s'avèrent opĂ©rantes dans tous les cas de figure : Dame = paroisse ou diocèse ; Amant = Parfait cathare ; Mari jaloux = Ă©vĂŞque ou curĂ© catholique. La relation d'amour est donc celle d'une communautĂ© hĂ©rĂ©tique avec son Parfait chevalier. Il s'ensuit une organisation initiatique de ces derniers en "Massenie du Saint Graal" destinĂ©e, dans le Midi de la France, Ă  la garde de la coupe qui a recueilli le sang du Christ. Si, comme le prĂ©tend Fauriel, l'auteur du premier roman du Graal est un troubadour provençal, il est forcĂ©ment cathare ; les deux thèmes sont consubstantiellement liĂ©s. Cette exĂ©gèse de la littĂ©rature mĂ©diĂ©vale, considĂ©rĂ©e comme une expression mĂ©taphorisĂ©e des idĂ©es religieuses et politiques des albigeois, a Ă©tĂ© reprise un demi-siècle plus tard par JosĂ©phin PĂ©ladan. NĂ© Ă  Lyon en 1858, il est initiĂ© par son frère Ă  l'hermĂ©tisme et aux sciences occultes, puis adhère Ă  la branche des Rose-Croix de Toulouse. Selon lui, la secte albigeoise compte comme fidèles la totalitĂ© des troubadours. Leurs poèmes, sous des traits romanesques, ne racontent que des faits d'ordre religieux. Pour la première fois, et en cela rĂ©side son apport original, PĂ©ladan identifie Montsalvat Ă  MontsĂ©gur. Fortement impressionnĂ© par le Parsifal de Wagner, PĂ©ladan assimile le "secret des troubadours", au "secret du Graal" rĂ©alisant ainsi le programme de renouveau spirituel qui est au centre de son activitĂ© artistique et occultiste. Pour lui, Wagner Ă©labore une version du mythe bien supĂ©rieure Ă  celle de ses premiers fondateurs, version oĂą est suggĂ©rĂ© clairement (selon PĂ©ladan) le rapprochement Montsalvat/MontsĂ©gur. Rapprochement que lui inspire d'autre part le drame en trois actes, Montsalvat, de Pierre-BarthĂ©lemy Gheusi : La fiction et l'histoire, en ce sujet, se rĂ©pondent avec un parallĂ©lisme singulier : l'ordre du Temple ne rĂ©alise-t-il pas l'ordre du Graal, et Monsalvat n'a-t-il pas un nom rĂ©el, MonsĂ©gur ? Le seul poète qui ait touchĂ© Ă  ce grand sujet est Gheuzi : il a su dans son beau drame qu'il appelle Monsalvat, mais qui se passe Ă  MonsĂ©gur, ressusciter l'âme albigeoise - et l'âme albigeoise, quel que soit le sens un peu flottant de ce nom, est l'âme de Parsifal et manifeste cet Ă©sotĂ©risme du Moyen Ă‚ge d'oĂą la Renaissance est sortie» (RenĂ© Soulan, Les cathares, entre lĂ©gende et histoire, 2004 - books.google.fr).

 

Rappelons que pendant qu’était construite Votre Drame de Pourri, les cacatholiques gĂ©nocidaient les cathares. Votre Drame de Pourri : symbole de quoi ?

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