Algérie : une guerre de cent ans

Algérie : une guerre de cent ans

 

IV, 74

 

1832-1833

 

Du lac Leman & ceux de Brannonices,

Tous assemblez contre ceux d'Aquitaine,

Germains beaucoup encore plus Souisses,

Seront desfaicts auec ceux d'Humaine.

 

"Lac Lyman/Leman" (suivant Ă©ditions) et royaume de Bourgogne

 

Limannus : LĂ©man chez Ammien Marcellin (CĂ©sar, De Bello Gallico: Books I-VII, According to the Text of Emanuel Hoffmann (Vienna, 1890), 1898 - books.google.fr).

 

Le premier royaume de Bourgogne, qui naquit ainsi sur les bords du Léman (avec Genève pour capitale) et se développa vers Lyon et la Méditerranée, ne tarda pas à être en butte à des voisins plus puissants, et la Burgondie fut incorporée au VIe siècle dans le royaume franc des Mérovingiens (Histoire de la littérature en Suisse romande, 2015 - books.google.fr, Revue d'Auvergne, Volume 7, 1890 - books.google.fr).

 

"Brannonices" et royaume de Neustrie

 

Parmi les Aulerques, on distingue : les Éburovices, Ă©tablis sur les bords de l'Eure (Ă  Évreux) ; les CĂ©nomans, sur les rives de la Sarthe (au Mans) ; les Diablintes, Ă  Næodunum ou Jublains (Mayenne) ; les Brannovices, cantonnĂ©s Ă  Brienne (en Champagne) ou Ă  Brannay (Yonne) (M. Tailliar, Le centre et le nord de la Gaule, MĂ©moires lus Ă  la Sorbonne, 1869 - books.google.fr).

 

Sous les Mérovingiens, la partie de la région naturelle de Champagne comprise dans le département de l'Aube fit partie du royaume d'Orléans ou de Bourgogne et de la Neustrie, tandis que celle qui se trouve dans le département de la Marne appartint à l'Austrasie (Étienne Georges, Histoire de la Champagne et de la Brie depuis les origines de la Gaule jusqu'a l'organisation du comté héréditaire avec Troyes pour capitale en 1152, 1878 - books.google.fr).

 

Pépin d'Heristal arrive (678), voici la Champagne au nord-est de la Neustrie et de la Bourgogne; à la paix d'Andelot elle est au sud-ouest de l'Austrasie, au nord du royaume de Bourgogne; elle est Neustrie et Bourgogne en 741, après la mort de Charles Martel; dans l'empire de Charlemagne, la Champagne forme le Côté sud-est de la Neustrie; c'est la frontière de la France proprement dite, au démembrement du colosse carlovingien (Amédée Aufauvre, Histoire de Nogent-sur-Seine depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, 1859 - books.google.fr).

 

"Souisses"

 

Le terme de «Schwyz» lui-même emprunte à la légende selon laquelle 6000 Suédois et 1200 Frisons orientaux se seraient installés en Suisse et auraient obtenu l’immédiateté impériale pour avoir sauvé l’empereur et le pape des barbares, vers l’an 400, à Rome. L’un de leurs chefs, Suito, aurait donné le nom de Suittes, mentionné pour la première fois en 972 à propos de la population (www.letemps.ch).

 

Le mélange de termes gaulois et plus récents pointerait vers une époque charnière entre fin de l'Antiquité et début du Moyen Âge.

 

"Humaine" : Umma ?

 

Umma : communauté des croyants mais aussi communauté nationale (Béatrice Hibou, Mohamed Tozy, Tisser le temps politique au Maroc, imaginaire de l'État à l'âge néolibéral, Numéro 35, 2020 - books.google.fr).

 

Plusieurs origines — araméenne, hébraïque, sud-arabique — ont été attribuées à ce terme qui ne viendrait donc pas, selon certains auteurs, d'une racine arabe. D'autres auteurs le placent parmi les termes issus de la racine arabe «'mm» qui connote l'idée de guidance, à l'instar du mot imam qui est employé pour désigner un chef spirituel ou bien celui qui dirige la prière. Ainsi, au moment de la naissance de l'islam, umma renvoyait à un «groupe bien guidé qui arrive à bon port». Il y a une cinquantaine d'occurrences du terme umma, au singulier, dans le Coran. Il y revêt toujours le sens de groupe homogène, même si le groupe ainsi désigné peut rassembler des individus selon des critères divers, comme la langue ou la religion. Ainsi, umma est appliqué à des entités très différentes, qui vont de la première communauté humaine, unique, qui existait avant la dispersion des hommes (le Coran, 10 19) à la communauté des musulmans créée par Dieu, mentionnée dans une sourate médinoise (le Coran, 2 143). Une seule exception échappe à cette règle : l'usage du terme pour qualifier un individu, à savoir Abraham — où il revêt alors le sens de guide, chef d'une communauté. L'emploi de umma dans la «constitution de Médine» a fait l'objet de maintes analyses et interprétations, car la communauté instaurée englobe à la fois les muhâjirûn et les ansâr — donc les musulmans — et les tribus juives de la ville. La plupart des chercheurs y voient la preuve que umma renvoie ici à une communauté non plus fondée sur une appartenance religieuse, mais sur une base politique. Une autre hypothèse, émise par Uri Rubin, invite à considérer que cette umma des débuts de la période médinoise inclut les juifs en tant que croyants en un Dieu unique, celui d'Abraham.

 

En fait, le terme garda les deux acceptions dans la littérature classique arabe : d'un côté, il a le sens de communauté religieuse, en référence à la communauté islamique fondée par le Prophète Médine ; c'est donc la communauté des croyants. De l'autre, il peut désigner des communautés plus spécifiques comme celle des Turcs ou des Persans. A partir de la fin du xixe siècle, à la faveur des contacts avec l'Europe et de l'essor de la presse qui brassait de nouvelles idées, le terme fut réexaminé par des penseurs musulmans, tel al-Marsafi, qui le définirent comme une entité se déterminant par rapport à la langue et au territoire. Bientôt, il fut adopté comme l'équivalent de nation, puis d'État-nation, dans son sens moderne. Par ailleurs, les promoteurs du nationalisme arabe conférèrent à l'expression al-umma aWarabiyya, la communauté arabe dans son ensemble, au-delà des frontières étatiques, un sens très prononcé. Le terme môme de nationalisme, qawmiyya, fut formé à partir de qawm, qui était, dans l'arabe préislamique, un synonyme de umma. Cependant, l'ancienne notion de communauté des croyants a perduré. Avec la doctrine des salatiyya, puis l'islamisme contemporain, elle fut investie de valeurs nouvelles et idéologisée pour renvoyer à la communauté islamique originelle instituée Médine, vertueuse, idéale, un modèle pour les croyants d'aujourd'hui. Plus récemment, le développement et le succès des chaînes de télévision satellitaires et des médias électroniques a engendré une nouvelle forme de umma, virtuelle, une communauté déterritorialisée à laquelle l'individu peut se relier via des sites Internet (Sabrina Mervin, Histoire de l'islam, Fondements et doctrines, 2016 - books.google.fr).

 

Charles Martel

 

En 690 Pepin, Duc d'Austrasie, s'empare de la Mairie de Neustrie & de Bourgogne. En-695, il donne à Grimoald son jeune fils, la Mairie de Neustrie, & fait fon aîné Duc de Bourgogne. Ils meurent tous deux. Et en 711, Pepin fait son petit-fils Théodebalde, Maire du Palais. En 714 Pepin meurt, & Théodebalde, enfant, se trouve Maire, sous la tutelle de la mere, qui fait arrêter Charles Martel, fils naturel de Pepin. Les Neustriens, méconteng d'être gouvernés par une femme, se révoltent; Théodebalde & fa mere fe fauvent, & Rainfroi est fait Maire. Charles Martel s'échappe de la prison, se sauve en Austrasie, & y est reconnu pour Souverain. En 719, Charles Martel défait le Roi ; Rainfroi perd sa place, & Charles Martel s'empare de la Mairie de Bourgogne & de Neustrie (Dictionnaire de l'histoire de France, 1778 - books.google.fr).

 

Il y eut l'an 729 une grande peste en Europe, 300,000 personnes en moururent dans la seule ville de Constantinople.

 

Le duc d'Aquitaine qui, quelque temps auparavant, avait soutenu Chilperic contre Charles, mais qui en avait été vaincu, fit venir Abderham, roi des Sarasins, avec 400,000 hommes pour se venger de Charles Martel; mais ce dernier le vainquit, tua 375,000 Sarasins auprès de la ville de Tours, l'an 730. Il y eut plusieurs Suisses, dans cette guerre, au service de Charles, qui y ayant fait paraître beaucoup de valeur et de courage, Charles leur accorda en récompense plusieurs Suisses priviléges (Jonas Boyve, Annales historiques du comte de Neuchatel et Valangin depuis Jules-Cesar jusqu'en 1722, 1855 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DTGS

 

DTGS : Don Tomas Garcia Suelto, auteur, médecin, et soutien de l'intervention française en Espagne, né à Madrid en 1778 et mort à Paris en 1816 (Juan Antonio Llorente, Mémoires pour servir à l'histoire de la révolution d'Espagne, avec des pièces justificatives, Tome 3, 1819 - books.google.fr, Dictionnaire historique, Tome 9, 1833 - books.google.fr).

 

Après la paix de Tilsitt, le général Grouchy est décoré du grand aigle de la Légion d'honneur, et en 1808, l'Empereur le crée comte de l'Empire et l'envoie en Espagne. Sous les ordres de Murat, il devient gouverneur de Madrid, et réprime l'insurrection de mai 1808. Le général signale sa présence dans cette capitale par d'importants services ; mais bientôt il sollicite et obtient la permission de rentrer en France (fr.wikipedia.org - Emmanuel de Grouchy).

 

Cf. quatrain suivant IV, 75 - Grouchy - 1833-1834.

 

Typologie

 

Le report de 1832 sur la date pivot 732 donne -368. Epoque de l'invasion thébaine du territoire spartiate.

 

La victoire de Charles Martel à Poitiers en 732 serait une manifestation quasi parfaite du poids de l'héritage antique. Face à la furie des cavaliers berbères et arabes, la solidité de l'infanterie franque, , disposée en carrés compacts et hérissée de lances, oppose un mur qui évoque celui des phalanges athéniennes ou spartiates. La composition de l'armée de Charles Martel, formée d'hommes libres venus accomplir un devoir militaire plutôt que d'esclaves, de mercenaires ou de troupes levées d'office, serait également dans la droite ligne de la tradition antique du soldat-citoyen (Jean Joana, Les armées contemporaines, 2012 - books.google.fr).

 

Vient la légende... Au XIVe siècle, pressés d'apprendre l'histoire de son pays au Dauphin, quelques érudits rédigent Les Grandes Chroniques de France. Dans la gravure illustrant la bataille de Poitiers — appelée aussi «bataille de Tours» — les Arabes apparaissent sous les traits de diables rouges. Eloquent... Honoré par François Ier et Louis XIV, Martel suscite même la reconnaissance de Voltaire «Sans [lui] [...], la France était une province mahométane», écrit le philosophe dans son Essai sur les moeurs et l'esprit des nations.

 

Mais c'est au début du XIXe siècle qu'il devient la figure quasi tutélaire du roman national. «La bataille de Tours, où Charles Martel brisa le glaive de la puissance musulmane et la força à reconnaître les Pyrénées comme la barrière de son invasion en Europe, est donc le plus grand événement que l'histoire moderne puisse fournir aux chants de l'épopée», s'enflamme Dupré de Loire dans un poème épique de 1829. François Guizot, futur Premier ministre de Louis-Philippe, n'est pas en reste dans ses Cours d'histoire moderne, c'est que, en 1830, l'Austrasien est enrôlé par le pouvoir orléaniste pour justifier l'expédition de Bugeaud en Algérie, l'invasion des envahisseurs d'hier.

 

Sous la IIIe République, Martel se trouve de nouveau mobilisé. Il s'agit, cette fois, d'invoquer sa mémoire pour «bouter» l'Allemand de l'Alsace et de la Moselle, annexées en 1871 par les casques à pointe. Les camarades du Père Combes devaient apprécier l'homme qui n'hésita pas à séculariser les biens des monastères pour payer ses soldats I Pendant la Seconde Guerre mondiale, Charles Martel symbolise encore la résistance aux invasions. De même, le choix de la douane de Poitiers, en 1982, par le ministre du Commerce extérieur, Michel Jobert, un gaulliste de gauche, pour stocker les magnétoscopes japonais jugés indésirables sur le marché français, ne relève pas du hasard. Mais, dans cette seconde moitié du XXe siècle, le vainqueur d'Abd el-Rahman s'est souvent retrouvé dans le panthéon de l'extrême droite. Durant la guerre d'Algérie, les commandos de l'OAS opèrent sous son nom. Et, en 2002, Jean-Marie Le Pen l'enrôle sous sa bannière lors de la présidentielle. L'envahisseur est redevenu «l'Arabe», «le musulman» venu imposer sa religion à la France chrétienne. L'actuelle polémique sur le niqab et les minarets montre combien le sujet reste sensible (Christian Makarian, La Face cachée de l'Histoire, 2014 - books.google.fr, Mohamed Koursi, Journalistes en Algérie: Destins individuels, histoire collective, 2018 - books.google.fr).

 

Poitiers s'appelait dans l'Antiquité "Lemonum" (Isabelle Bertrand, Aspect d'un quartier résidentiel de Lemonum (Poitiers), Amoenitas urbium: les agréments de la vie urbaine en Gaule romaine et dans les régions voisines, 2002 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net