Le Royaume de Naples napoléonien IV, 40 1807-1808 Les forteresses des assiegez
serrez, Par poudre Ă feu profondez
en abysme, Les proditeurs
seront tous vifs serrez, Onc aux sacristes
n'advint si piteux scisme. Quatrième
Coalition La Quatrième Coalition comprit deux campagnes successives
: une campagne en Prusse, où se livrèrent contre les Prussiens les batailles
d'Iéna et d'Auerstaëdt (1806), et une campagne contre
les Russes en Pologne où furent livrées les batailles d'Eylau et de Friedland
(1807). Elle se termina par le traité de Tilsitt (1807) (Jean-Baptiste
Melin, Histoire contemporaine, 1789-1889: programme du 28 janvier 1890, 1890 -
books.google.fr). Fin novembre 1806 ont lieu les prémices de la Campagne de
Pologne. En juillet, la Prusse, réalisant qu'elle est complètement isolée, se
tourne vers la Russie et signe des accords préliminaires renouant avec
l'alliance défensive de 1800. Le 23 juin, Frédéric Guillaume avait envoyé au
Tsar une lettre dans laquelle il appelait Napoléon «l'ennemi». Le 16 octobre,
le lendemain de la double dĂ©faite, IĂ©na / Auerstedt, FrĂ©dĂ©ric Guillaume Ă©crit Ă
Napoléon pour lui demander un armistice. Napoléon refuse, craignant l'arrivée
des renforts russes. Le 22 octobre, Napoléon reprend contact avec l'envoyé de
Frédéric Guillaume, Lucchesini. Mais voyant ses proposition refusées, Napoléon décide d'occuper
complètement la Prusse et ses forteresses, pour forcer le roi de Prusse Ă
négocier (www.napoleon.org). Fin 1806, les Français avaient poursuivi leur marche
victorieuse et s'Ă©taient portĂ©s avec la rapiditĂ© d'un torrent dans la Pologne Ă
la rencontre de l'armée Russe, qui venait se joindre aux débris du roi de Prusse.
Obligé de s'éloigner des places fortes qui tenaient encore, l'empereur avait
ordonné la formation d'un dixième corps d'armée, destiné à appuyer ses
derrières et en même temps à former l'investissement et le siége
de ces places. Ce dixième corps, formé à Stettin par le général Victor, avait
été mis sous le commandement en chef du maréchal Lefebvre. Il était composé de
différentes troupes levées en Pologne par le général Dombrowski, du contingent
fourni par le grand-duché de Bade, de celui de la Saxe alliée de la France,
depuis l'envahissement de la Prusse et enfin de plusieurs corps Français. Mais
les divers événemens militaires qui suivirent
l'entrée des Français en Pologne, empêchèrent longtemps le maréchal Lefebvre de
s'occuper des sièges dont il avait d'abord été chargé. Obligé de combattre pour
soutenir les mouvemens de la grande armée française,
il se contenta de faire investir les forteresses de Colberg,
de Graudentz, et la place de Dantzick, attendant que
les victoires de l'empereur le missent enfin à même de former le siège en règle
de cette dernière ville (Camille
Saint-Aubin, Siège de Dantzick en 1807, 1818 - books.google.fr). "poudre" Le 30 janvier 1808, une explosion fit sauter une aile du
palais de Salicetti, ministre de la police. Salicetti, sa fille et son gendre,
le duc de Lavello, furent plus ou moins gravement atteints.
L'explosion avait été causée par une machine chargée de trente kilogrammes de
poudre. Les auteurs de ce crime, accompli Ă l'instigation de la reine Caroline,
si l'on s'en rapporte aux révélations de Viscardi, se
sauvèrent presque tous en Sicile. Plusieurs furent condamnés à mort; Viscardi, le révélateur, obtint grâce de la vie. On voit
contre quelles passions féroces Joseph avait à lutter. Sa douceur naturelle
n'en fut point altérée, et son frère dut lui rappeler plus d'une fois qu'une
clémence excessive avait ses dangers. «Il ne faut pas perdre de vue, lui écrivait-il,
que la force et la justice sévère sont la bonté des rois. Vous confondez trop
la bonté des rois et la bonté des particuliers.» Joseph reconnaissait la
justesse de ces conseils et ne les suivait pas, et Ă son tour il se permettait
des conseils qui n'étaient ni moins justes ni plus écoutés. La correspondance
des deux frères, dans cette période marquée par les victorieuses campagnes de
Prusse et de Pologne (1806-1807), est certainement intéressante. L'un s'y
montre dans toute sa grandeur, dans l'immensité de ses desseins et
l'inépuisable fécondité de son génie, l'autre s'y montre dans sa modération
timide et un peu molle. Après la paix de Tilsitt, Napoléon résolut de faire un
voyage en Italie. Joseph, dès qu'il fut instruit de ce dessein, le pressa de
venir à Naples, et ne pouvant l'y décider, il exprima le désir de se rendre
lui-mĂŞme Ă Paris. L'empereur n'y consentit pas et lui donna rendez-vous Ă
Venise. Dans cette entrevue, qui eut lieu le 2 décembre 1807, il fut surtout
question de Lucien, que Napoléon désirait rattacher à la grandeur impériale;
mais il ne fut rien dit des dissensions de la famille royale d'Espagne,
dissensions qui venaient d'Ă©clater avec violence et dont l'empereur songeait
déjà à profiter dans l'intérêt de sa politique (Nouvelle
biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,
Tome 12, 1863 - books.google.fr, fr.wikipedia.org-
Christophe Saliceti). Dans la nuit du 31 janvier, la maison de M. Saliceti
s'est écroulée; on avait d'abord cru que cet accident était la suite d'un
simple vice de construction ou un défaut de réparation à la suite du dernier
tremblement de terre; mais bientôt on á su que la maison avait sauté par suite
d'une explosion. Le ministre Saliceti rentrait chez lui Ă une heure du matin ;
à peine entrait-il dans sa chambre qu'il entendit une forte détonnation
et qu'il sentit une commotion violente. Il courut Ă l'appartement de sa fille,
la duchesse de Lavello, et déjà les trois étages qui
composent l'aile de la maison qu'elle habitait Ă©taient, ainsi que le comble,
abîmés et renversés. Il entendit la voix de sa fille, et, en se précipitant
pour la retrouver, il reçut de fortes contusions à la tête et aux jambes, enfin
il parvint, aidé de ses domestiques, à la déterrer du milieu des décombres sous
lesquels elle était restée ensevelie pendant plus d'un quart-d'heure.
Quant aux causes de cet événement, quelques personnes l'attribuaient au
ressentiment d'un apothicaire de Naples, dont les fils furent impliqués dans la
conspiration du mois de mars 1807, et qui occupait une boutique imprudemment
laissée à sa disposition sous les appartemens du
ministre. Saliceti soupçonna un complot plus étendu et formé par des émissaires
venus de Capri. Il croit qu'ils avaient un plan plus vaste qu'une simple
vengeance contre un particulier dont la mort ne pouvait avoir assez d'importance
pour ĂŞtre l'unique but de leurs projets; il suppose qu'on devait s'emparer du
fort Saint-Elme, exciter, par ce moyen, un grand mouvement, et dans le cas oĂą
le trouble n'aurait point un résultat décisif, satisfaire, au moins, l'amour de
la vengeance qui animait l'ancienne cour. Les généraux Campredon
et D***, avec trois artificiers de la ville, ont été chargés de vérifier les
causes sur lesquelles des doutes se sont élevés. Ils ont retrouvé des mêches, des cordes, une sorte de filet qui enveloppait la
charge; enfin tout a fait croire qu'on a fait usage
d'une de ces machines anglaises contenues dans les bateaux dont les Anglais se
sont servis devant Boulogne. Les personnes qui sont attachées au roi, l'ont
engagé à faire visiter le palais; il s'y est prêté sans montrer aucune
inquiétude personnelle. Cette affaire a donné lieu à une procédure solennelle.
Six personnes reconnues coupables ont été condamnées à mort. De ce nombre sont
les deux Viscardi, père et fils, apothicaires,
principaux auteurs du crime, et un négociant nommé Jazelli.
En général le jugement a été approuvé; on a pourtant trouvé un peu trop
rigoureux de punir d'une peine égale les hommes réellement convaincus du crime,
et ceux qui n'y avaient trempé que par leur correspondance (Discours
et opinions, journal et souvenirs, Stanislas de Girardin, Tome 4, 1828 -
books.google.fr). Tilsitt Après la bataille de Friedland, les deux adversaires
Ă©taient Ă©galement las de la guerre. La Russie redoutait une insurrection de ses
provinces polonaises. Napoléon craignait de s’enfoncer dans les immensités
russes. L’armée d’Alexandre avait beaucoup souffert, mais les soldats français
étaient fatigués. On trouva donc son compte, de part et d’autre, à une paix qui
ne laissait ni vainqueur ni vaincu. Cette réconciliation prit des formes
spectaculaires, qui frappèrent l’imagination des contemporains : la rencontre
des deux empereurs sur le radeau ancré au milieu du Niemen,
fleuve formant la frontière entre la Prusse et la Russie ; puis deux semaines
de conversations chaleureuses dans la ville de Tilsit, pour aboutir à ce traité
et au partage du continent qu’il semblait opérer. Par l'article 14, "S.M. l’Empereur de toutes les
Russies, voulant prouver combien il désire d’établir entre les deux Empires les
rapports les plus intimes et les plus durables, reconnaît S.M. le Roi de
Naples, Joseph Napoléon, et S.M. le Roi de Hollande, Louis Napoléon" (Michel
Kerautret, Grands traités de l’Empire (1804-1810) - www.napoleon.org). "sacristes" : la politique
religieuse de Napoléon "sacriste"
est une forme dialectale de "sacristain" mais aussi une fonction dans
un monastère. Le Royaume de Naples (1806-1815) fut le premier État
européen à avoir connu comme souverain un membre de la famille de Napoléon Ier.
Les troupes napoléoniennes, sous le commandement en chef du frère de Napoléon
Joseph Bonaparte, chassèrent les Bourbons en 1806. Devenu roi de Naples par
décret impérial le 30 mars 1806 sous le nom de Joseph Napoléon, celui-ci tenta
de se faire aimer de son peuple, réforma l'administration et les finances,
abolit la féodalité, mais se heurta à une partie de la noblesse. Sur ordre de
Napoléon, il remit son royaume à son beau-frère Joachim Murat le 5 juillet 1808
(fr.wikipedia.org
- Royaume de Naples (1806-1815)). Le clergé a toujours été une force puissante d'opposition à Naples. Joseph contraignit le clergé à réduire son influence à la sphère spirituelle. Les cardinaux durent prêter serment, les plus dangereux pour le pouvoir en place furent expulsés du royaume et une partie des biens du clergé fut nationalisée. Une loi promulguée en février 1807 ordonna la suppression des couvents des Bernardins et des Bénédictins, trop nombreux et pouvant être source de conflits. En mars 1807, un autre décret promulgua la nationalisation des biens littéraires du clergé. Ces opérations furent suivies par le ministère de l'Intérieur et témoignèrent d'une volonté de centralisme politique et culturel. Mais si les élites du royaume applaudirent cette réforme, le peuple des campagnes qui dépendait de la charité publique organisée par les ordres fut plus réservé (fr.wikipedia.org - Royaume de Naples (1806-1815)). Pour diminuer le nombre des mauvais conseils qui assiégent le saint-père, les
cardinaux napolitains ont reçu du général Miollis la
sommation de se rendre Ă Naples, afin d'y prĂŞter serment Ă leur nouveau
souverain. Cet ordre donné à des cardinaux paraît une injure au saint-père. Il leur fait défendrer
d'y obéir. Un d'entre eux se rend auprès de lui pour le prier, en leur nom commun,
de lever cette défense. Il s'y refuse. Après une longue discussion, il leur
permet d'aller Ă Naples, Ă condition qu'ils s'y feront
conduire de force. Dans ce cas, il les autorise Ă prĂŞter serment, et seulement
comme sujets; il leur interdit de le prĂŞter comme cardinaux. Les
représentations qu'ils lui font ne le touchent pas : «Eh « bien, vous serez
martyrisés. » Selon le saintpère, l'enlèvement par
force prouvera la persécution, d'où sortira le schisme, seul moyen de sauver
l'Église. C'est un homme que nous voulons croire véritablement pieux, c'est le
pape Pie VII qui s'exprime ainsi ! Étrange effet de l'égarement que produit
l'odieux mélange des intérêts de la terre et de ceux de l'éternité! Quelques
cardinaux partirent d'eux-mĂŞmes. D'autres attendirent l'emploi de la force pour
s'y déterminer. Le mois suivant, cette mesure, appliquée d'abord aux cardinaux
napolitains, fut étendue à ceux de Gènes, du Piémont
et du royaume d'Italie. Le ressentiment du saint-père
éclata dans toute son amertume. Le séparer des membres du sacré collége, c'était détruire le régime spirirituel
de l'Eglise. Les lettres adressées par le prosecrétaire
d'Etat aux cardinaux et aux ministres Ă©trangers, sont un appel au jugement de
Dieu et des hommes sur cette insulte énorme à la dignité du cardinalat, qui est
en même temps un outrage contre la personne sacrée du saint-père
(M.
Bignon, Histoire de France sous Napoleon, Deuxieme epoque, depuis la paix de
Tilsitt en 1807 jusqu'en 1812, Tome 7, 1838 - books.google.fr). Les sources relatives au droit familial Ă Marseille ne
permettent de distinguer en toute assurance que cinq individus d'origine
italienne. Ce n'est pas la perspective d'une alliance matrimoniale qui attire semble-t-il
les Italiens chez le notaire, mais bien le sentiment d'une mort prochaine. Un
seul d'entre eux, un Calabrais, a pris femme Ă Marseille. En revanche, un
GĂ©nois tout comme un Pisan, ainsi qu'un habitant de Capri (Catrosinquo
sacristus de capri) y ont
fait dresser leur testament, alors que notre Florentin marseillais est décédé
sans y avoir eu recours, laissant à ses frères le soin de régler les détails de
sa succession. Notons que ce dernier, contrairement Ă ses
"compatriotes", avait acquis la citoyenneté marseillaise à l'instar
de nombreux autres Ă©trangers (Francine
Michaud, Un signe des temps, Pontifical Institute of Mediaeval
Studies, 1994 - books.google.fr). Et D. Macarius Cuomo vicarius vadat ad domum Capri, ibique exerceat officium sacristae [au XVIIIe
siècle] (Analecta
Cartusiana, 1970 - books.google.fr). Lorsque. par le traité de
Tilsitt (juin 1807), Napoléon eut forcé la Prusse et la Russie à se soumettre
au blocus continental, il ne se crut plus tenu à aucun ménagement à l'égard de
Rome. Maître de toute l'Europe occidentale, il était alors à l'apogée de sa
puissance. François II, plus ou moins spontanément, avait renoncé à son titre
d'empereur romain germanique, n'Ă©tait-il pas devenu le vrai chef du Saint
Empire ? Ne tenait-il pas en main le sceptre de Charlemagne ? Nouveau
Charlemagne, protecteur de Rome, il entendait bien lui dicter ses volontés. Exaspéré
par le refus de Pie VII d'adhérer au décret du blocus continental et
d'appliquer le concordat italien suivant ses vues, il Ă©crivit le 22 juillet
1807 à Eugène de Beauharnais, le vice-roi d'Italie : «Peut-être le temps
n'est-il pas éloigné où je ne reconnaîtrai le pape que comme évêque de Rome...
Qu'on le sache bien : pour la cour de Rome, je serai toujours Charlemagne, et
jamais Louis le Débonnaire.» A partir de ce moment, le conflit entre l'empereur
et le pape entra dans sa phase aiguë. La politique du blocus continental
exigeait que Rome ne pût rester, entre le royaume d'Italie et le royaume de
Naples, une sorte d'enclave ouverte aux Anglais (Auguste
Boulenger, Histoire générale de l'église, Tome 8, 1931 - books.google.fr). En Italie, à partir de 1807, les autorités mises en place
par la France napolĂ©onienne Ă©tendirent la suppression des ordres religieux Ă
toute la péninsule. En Espagne, ils furent quasiment supprimés à la suite de
l'invasion française : les Cortès réunis à Cadix en 1809 préconisaient la
fermeture des maisons de moins de 12 profès et la limitation à un seul
établissement par localité pour chaque ordre (Bernard
Hours, Histoire des ordres religieux: «Que sais-je ?» n° 2241, 2018 -
books.google.fr). Plus maltraitée encore, celle des ecclésiastiques avait
perdu une partie de ses richesses par la confiscation, de son importance
numérique par la fermeture des couvents, de son importance sociale par la
politique antireligieuse prédominante jusqu'en 1802; à partir de cette date,
elle n'avait recouvré que la tolérance et obtenu que des garanties contre des
persécutions ultérieures. Toutefois, malgré ces rudes épreuves, la tourmente
révolutionnaire avait été trop brève pour ébranler sérieusement la situation de
l'aristocratie et de l'Église (Albert
Pingaud, La domination française dans l'Italie du Nord: 1796-1805, 1914 -
books.google.fr). L’ancienne chartreuse Saint-Jacques était un monastère de
moines chartreux sis sur l’île de Capri, dans la baie de Naples en Italie.
Édifié à la fin du XIVe siècle, le monastère fut fermé et ses biens vendus, en
1808. Lorsque le maréchal Murat succède à son beau-frère Joseph Bonaparte sur
le trône du royaume de Naples, le général Jean Maximilien Lamarque est chargé le
18 décembre 1808 de prendre l'île de Capri. En effet, sa garnison anglaise aux
ordres d'Hudson Lowe, le futur geôlier de l'Empereur à Sainte-Hélène, narguait
la présence française, le drapeau britannique étant visible des fenêtres même
du palais royal (fr.wikipedia.org
- Chartreuse Saint-Jacques de Capri, fr.wikipedia.org - Capri). Cf. les quatrains IV, 42, IV, 43 et IV, 44. La conquĂŞte du
Royaume de Naples Le 14 octobre 1805, conformément aux dispositions du
traité franco-napolitain, les troupes françaises commandées par le général
Gouvion-Saint-Cyr commencent leur retrait, mais dans les semaines qui suivent
un corps expéditionnaire russe et britannique débarque à Naples. À la fin du
mois de novembre, l'armée russo-napolitaine marche
sur le Royaume d'Italie.  Le 27 décembre, au lendemain de la signature du traité de
Presbourg entre la France et l'Autriche, Napoléon déclare au palais de
Schönbrunn : "La dynastie de Naples a cessé de régner. Son existence est
incompatible avec le repos de l'Europe et l'honneur de ma couronne."7.
Dans le même temps, Gouvion-Saint-Cyr marche sur Naples à la tête d'une armée
de 40 000 hommes, formée le 9 décembre précédent. Ce dernier est d'abord remplacé
par André Masséna puis, par un décret impérial du 6 janvier 1806, par Joseph
Bonaparte, le frère de Napoléon, promu général de division avec le titre de
lieutenant de l'empereur à cette occasion. Napoléon entend prolonger l'effet de
la bataille d'Austerlitz pour chasser les troupes autrichiennes et russes
d'Italie tout en s'emparant du royaume de Naples, dernière possession des
Bourbons dans la péninsule. La campagne est d'autant plus favorable aux
Français que le corps expéditionnaire anglo-russe se replie vers la Calabre,
livrant les Napolitains à eux-mêmes. Capoue est prise le 6 février par les Français, tandis
que le lendemain, la reine Marie-Caroline implore le pardon de Napoléon, en
vain. Le 15 février, Joseph Bonaparte entre solennellement à Naples. Ferdinand
IV et son Ă©pouse sont contraints de se retirer en Sicile et font de Palerme la
nouvelle capitale du reste de leur royaume. La guerre se poursuit pendant
plusieurs mois. Des contingents anglais défendent la Calabre et obtiennent même
un succès à Maida le 4 juillet face aux troupes du
général Reynier. La région n'est pacifiée qu'à la fin
de l'été, après l'intervention des troupes de Masséna, tandis que Gaète,
défendue par par le prince Louis de Hesse-Philippsthal qui refuse d'obéir à l'ordre de se rendre,
tombe après un siège de près de cinq mois (fr.wikipedia.org
- Royaume de Naples (1806-1815)). Le fort de Gaète fut fait par Alphonse d’Aragon, vers
l’an 1440, et augmenté par le Roi Ferdinand et par Charles V, qui fit entourer
la ville de fortes murailles ; on la regarde comme une des meilleures
forteresses du Royaume de Naples. Dans une chambre de ce château, on a conservé
long-tems le corps du Connétable Charles de Bourbon ,
Général des troupes de Charles V : il fut tué au siège de Rome qui fut
mise au pillage par son armée, l’an 1528 , après avoir assiégé long-lems le Pape Clément VILLe corps
de ce Connétable se voyait encore il y a quelques années; mais on assure que le
Roi Ferdinand le fit enterrer avec des funérailles dignes de sa réputation et
de son rang. Le fort de Gaète résista il n'y a pas long-tenus à deux longs
sièges, l’un en 1806 contre les Français, l’autre contre les Autrichiens en
1815 (Mariano
Vasi, Itinéraire instructif de Rome à Naples, 1863 - books.google.fr). La lecture du rapport de Lafon-Blaniac
donne une idĂ©e assez juste de la mauvaise volontĂ© que manifeste l'Empereur Ă
mettre Ă la disposition de son frère les 100 000 livres de poudre entreposĂ©es Ă
Ancône. Celles-ci sont longtemps bloquées dans les magasins par le général Lemarois, commandant de la place, qui a choisi de retarder
sciemment leur départ, se sachant couvert par ses supérieurs. Parties au début
du mois de juillet, les poudres n'arriveront à Gaète que dans les jours qui
verront la fin du siège et ne seront donc pas consommées. Cette affaire de
munitions n'est pas anodine. Elle illustre les mauvaises relations existant
entre les différents corps d'armée qui cohabitent dans la péninsule et la
fragilité des réserves napolitaines. Le royaume ne peut en produire en qualité
et quantité suffisante pour une raison qui prêterait à rire si la situation
n'Ă©tait si grave et que Joseph explicite avec quelque gĂŞne la seule manufacture
de poudre du royaume se trouve Ă Naples, dans la banlieue de la ville et sur le
flanc du Vésuve. Le volcan venant d'entrer en éruption, la manufacture menacée
a dû cesser ses activités. Ce n'est qu'après des mois de «travaux romains» (l'expression
est de Joseph), qu'un déluge de feu peut enfin s'abattre sur la ville rebelle.
Ce bombardement intensif réduit en cendres certains des magasins de poudre de
Gaète et crée plusieurs brèches dans les remparts. S'étant porté imprudemment
sur les lieux de l'action, le prince de Hesse est blessé gravement à la tête et
transporté inconscient sur un bâtiment anglais. Son lieutenant s'empresse de
signer la capitulation que les Français, soulagés, lui proposent le 19 juillet
1806 (Vincent
Haegele, Napoléon et Joseph Bonaparte, le Pouvoir et l'Ambition, 2015 -
books.google.fr). L'abîme du Vésuve Les voyageurs du XVIIe siècle qui s'intéressent au Vésuve
suivent la même méthode pour le présenter au lecteur. Ils commencent d'abord
par sa description. Le vocabulaire utilisé est celui de la peur, voire de la
terreur, car le du cratère assimilé à un "trou d'enfer", à un
"Ă©pouvantable gouffre", Ă un "gouffre infernal" et Ă un
"abisme infernal" qui Ă©voque les forges de
Vulcain. Ensuite, la description cède la place à la narration de la première
éruption de l'époque moderne. Ainsi, après avoir rappelé l'éruption dont
l'empereur Titus et Pline furent les contemporains, Jordan décrit en ces termes
le réveil du volcan en 1631 : «Quelque tems avant cet
horrible ravage, la fumée qui sort continuellement, augmenta, et étoit entremêlée de flammes et de cendres; elle fut suivie
d'un bruit si Ă©pouvantable, qu'on eut dit que la nature alloit
abîmer: à ce bruit succeda un tremblement de terre,
qui fit enfler la Mer, et la Montagne étant crevée, il en sortit des morceaux
de de roche tous ardents, et le souffre qui en coula se fit distinguer Ă plus
de trois milles avant dans la Mer, et on croit que si le vent n'eut été
favorable à la Ville de Naples, elle auroit été
ensevelie dans les cendres qui en sortirent.» (François
Brizay, Touristes du Grand Siècle: le voyage d'Italie au XVIIe siècle, 2006 - books.google.fr,
fr.wikipedia.org - GĂ©ologie et histoire Ă©ruptive du VĂ©suve). Fra Diavolo
traître Frà Diavolo (lit. «Frère
Diable»), surnom de Michele Pezza,
né le 7 avril 1771 à Itri et mort pendu le 10
novembre 1806 à Naples, est l'un des chefs insurgés napolitains contre l'armée
de Napoléon (fr.wikipedia.org
- Fra Diavolo). Grâce à Sidney Smith et à son escadre, la ville est ravitaillée
par mer, ce qui ne laisse aucun espoir de la réduire par la famine. Pour
l'instant, les Français ne font pas de grands efforts contre la place,
l'Empereur ayant écrit à son frère : «Dans la situation actuelle de l'Europe,
la Sicile est tout et Gaète n'est rien». En mai, Smith débarque, à l'embouchure
du Garigliano, le célèbre Fra Diavolo, devenu le colonel Michel Pezza, avec un détachement de quelques centaines d'hommes.
Poursuivi par les Français, Fra Diavolo est contraint de se réfugier à Gaète.
Une fois dans la place, il fait proposer au général Lacour, qui commande les
forces d'investissement, de lui livrer les portes de la ville moyennant 50.000
ducats. Le traĂ®tre est dĂ©noncĂ© Ă Hesse, qui le fait arrĂŞter et le renvoie Ă
Palerme où, malgré sa félonie, on le reçoit bien (Revue
historique de l'armée: revue trimestrielle de l'état-major de l'armée, service
historique, Volume 19, Numéro 3, 1963 - books.google.fr). |