La mort de Charles X

La mort de Charles X

Conquête de l’Algérie

 

IV, 77

 

1834-1835

 

Selin monarque l’Italie pacifique,

Regnes unis, Roy chrestien du monde :

Mourant voudra coucher en terre blesique,

Apres pyrates avoir chassé de l’onde.

 

"pacifique"

 

La guerre avait duré encore pendant plus de six ans, au grand regret de Charles II, Prince très-pacifique, qui fit tout ce qu'il put pour procurer la paix à son Royaume. Elle fut enfin conclue entre ces deux Princes, le 19 Août 1302; & Fréderic fut reconnu Roi de Sicile. L'Histoire intérieure du Royaume de Naples, n'offre rien de remarquable pendant cette intervalle, ainsi que pendant les sept années suivantes, durant lesquelles il fut tranquille par les soins de son Roi. La derniere de ces années lui fut funeste, par la perte qu'il fit de ce bon Prince. Charles II. mourut à Casanova près de Naples, le 5 Mai 1309, âgé de 63 ans, dont il en avoit régné 24. Les guerres continuelles dont son rêgne fut presque toujours agité, l'empêcherent de faire à son Royaume tout le bien qu'il étoit capable de lui procurer, & de s'occuper uniquement du bonheur de ses Sujets, ainsi qu'il le fit utilement pendant ces dernieres années de paix. Aussi les Historiens, tant contemporains & nationaux, que modernes & étrangers, parlent de ce Prince avec le plus grand éloge. Brave, mais sans goût ni talens pour la guerre, plein de droiture & de candeur, fidele à sa parole, clément, affable, bienfaisant, généreux, libéral, magnanime, équitable; il sembloit qu'il fût né pour réparer le dommage que Charles I. avoit fait à sa Maison, pour en rapprocher les cœurs que son prédécesseur en avoit aliénés. Plus juste, plus vertueux que politique, plus prudent qu'heureux, Charles II est compté au rang des meilleurs Princes; il mérita d'être aimé de ses Sujets, par sa bonté, son équité, sa modération, son amour pour la paix & pour le bien public; & fut décoré du beau nom de sage, que son Royaume & son Siecle lui donnerent, & que l'Histoire & la postérité lui ont confirmé. Digne d'un autre pere, les fautes du sien causerent tous ses malheurs & ceux de son rêgne (Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'à présent, Tome 37, 1770 - www.google.fr/books/edition).

 

Le roi Jacques d'Aragon craignait de voir la Sicile revenir aux Angevins selon les clauses du traité de Caltabellotta. Il envoya en 1303 un de ses conseillers les plus fidèles, le vicomte Jaspert V de Castelnou auprès de son frère afin de conclure un traité secret stipulant que la succession de Sicile resterait dans la maison d'Aragon, même en cas d'extinction de la descendance de Frédéric II. La paix de Caltabellotta fut rompue lorsque Frédéric revendiqua le trône pour son fils Pierre, en 1313. Ce fut le début d'une nouvelle ère de combats pendant laquelle Robert de Naples tenta, sans succès, de s'emparer de l'île, et en 1317 une nouvelle trêve fut signée, reconnaissant la succession de la maison d'Aragon en Sicile (fr.wikipedia.org - Charles II d'Anjou).

 

"Pyrates"

 

C'est en 1295 que fut fondĂ©e la citĂ© de Villefranche lorsque Charles II d'Anjou comte de Provence et roi de Sicile , offrit aux habitants de la rive gauche du Var l'opportunitĂ© de venir s'installer dans cet endroit quasiment dĂ©sert, moyennant des avantages fiscaux fort apprĂ©ciables. Dans le but de favoriser le peuplement, Charles II octroyait en effet aux familles dĂ©sireuses de s'Ă©tablir de façon dĂ©finitive, l'exemption des divers et nombreux impĂ´ts en vigueur Ă  cette Ă©poque. Le nom du nouveau bourg s'imposa tout naturellement : Villa franca, Ville franche. Au-delĂ  de l'urbanisation proprement dite de ce territoire, Charles d'Anjou poursuivait le double objectif d'y dĂ©velopper un important port de commerce (celui de Nice ne sera construit qu'en 1751) et surtout d'Ă©liminer dĂ©finitivement du golfe d'Olivula (rade de Villefranche), les pirates qui avaient pris l'habitude de s'y rĂ©fugier depuis des lustres pour y rĂ©parer leurs terribles expĂ©ditions (Didier Gayraud, L'âge d'or de Villefranche-sur-Mer, 1988 - www.google.fr/books/edition).

 

"Selin"

 

SELINONTE, Selinus, fleuve du Péloponèse, dans l'Elide. Il y avoit un autre fleuve du même nom dans le Péloponèse; il traversoit la ville d'Egium en Achaïe.

 

SELINONTE, Selinus, fleuve de l'Asie mineure, dans l'Ionie; il couloit près du temple de Diane, à Ephèse.

 

SELINONTE, Selinus, fleuve de Sicile, qui baignoit le territoire des Hybléens, surnommés Mégaréens.

 

SELINONTE, Selinus, ville de Sicile sur la côte méridionale de cette île, à l'embouchure du fleuve du même nom; elle dut sa fondation aux Syracusains, selon Thucydide, et aux Mégaréens, selon Strabon.

 

SELINONTE, Selinus, ville de l'Asie mineure dans la Cilicie; elle étoit située à l'embouchure du fleuve du même nom (François Sabbathier, Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, Tome 37, 1815 - www.google.fr/books/edition).

 

SELINUS, fleuve de la Cilicie Trachée, selon Strabon, l. 14, p. 669, qui place son embouchure entre un lieu fortifié nommé Laërtes, & un rocher nommé Cragus. Il y avoit à l'embouchure de ce fleuve une Ville de même nom (Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière, Le Grand dictionnaire géographique, historique et critique, Tome 5, 1768 - www.google.fr/books/edition).

 

SELINUM, Ville d'Egypte dans la Thebaïde. L'Itinéraire d'Antonin la marque au delà du Nil, entre Panum & Anten, à seize milles de chacun de ces Lieux. Quelques MSS. lisent Selinon, au lieu de Selinum.

 

SELINUS, Port d'Egypte, sur la Côte du Nome de Libye. Ptolomée le marque 23 Lib.4.c.5. entre Zagylis-Villa & Trisarchi-Villa (M. Bruzen la Martiniere, Le Grand dictionnaire géographique, et critique, Tome 9, 1737 - www.google.fr/books/edition).

 

Tous ces "Selinus" sont très méditerranéens.

 

La Bataille de PĂ©lagonia, perdue par Guillaume II de Villehardouin en 1259 face Ă  l'empire de NicĂ©e, marque le dĂ©but du dĂ©clin de la principautĂ©. CapturĂ©, Guillaume doit cĂ©der aux Byzantins une partie du Sud-est de la MorĂ©e, dont la ville de Mistra. Rapidement, les Francs et les Byzantins entrent en conflit, et une armĂ©e byzantine envahit la principautĂ©, mais les Grecs sont repoussĂ©s en 1263 (bataille de Prinitza) et 1264 (bataille de Makryplági) et doivent renoncer Ă  reconquĂ©rir l'ensemble de la pĂ©ninsule. Afin d'obtenir de l'aide, Guillaume devient vassal de Charles Ier d'Anjou. DĂ©pourvu de descendants mâles, il accorde la main de sa fille Isabelle Ă  Philippe, le fils de Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile. Mais Philippe dĂ©cède avant son beau-père : Charles d’Anjou, Ă  la mort de Guillaume II d’AchaĂŻe, rĂ©cupère ainsi la principautĂ©. Son fils Charles II d'Anjou rend cependant l'AchaĂŻe Ă  Isabelle et Ă  ses maris successifs, les princes-consorts Florent de Hainaut et Philippe Ier de Savoie. En 1307, Charles II d’Anjou reprend la principautĂ© Ă  Philippe de Savoie et Isabelle pour l'attribuer Ă  son fils, Philippe Ier de Tarente. Ce dernier la cède en 1313 Ă  Mathilde, la fille aĂ®nĂ©e d’Isabelle Ière, et Ă  son mari Louis de Bourgogne (fr.wikipedia.org - PrincipautĂ© d'AchaĂŻe).

 

Le Persil est une Ombellifère, l'Orseille est la matière tinctoriale des lichens à couleur rouge. Pour le linguiste, ces deux produits végétaux ont ceci de commun, c'est que l'un et l'autre portent le nom gréco-latin de Sélinum, et que ce nom a été traité de même pour aboutir aux formes françaises actuelles; ils se distinguent en ce que l'un s'appelle Petro-Sélinum, Sélin des pierres, et l'autre Oro-Sélinum, Sélin des monts (Actes de la Société philologique, Volumes 27 à 28, 1898 - www.google.fr/books/edition).

 

PERSIL DE NAPLES à grosses côtes, ou PERSIL-CÉLERI, qui produit une plante beaucoup plus grande que les autres, et dont les côtes blanchies se mangent cuites comme celles du céleri. Pour ce dernier usage, il est nécessaire de le semer très-clair, ou mieux de le replanter à 1 pied environ en tous sens (Le Bon jardinier: almanach pour l'année, Tome 1, 1834 - www.google.fr/books/edition).

 

"Selin", Cilicie et Francus

 

La mise en relation de "Selin"/"Selyn" avec la Cilicie se fait aux quatrains I, 94 (La mort de Trajan Ă  Selinus); II,1 (Piraterie barbaresque dans l'Atlantique); et IV, 77 (Chypre).

 

Quand Hector arriva, en traversant la grande ville, Ă  la porte ScĂ©e, par oĂą il devait sortir vers la plaine, au devant de lui accourut sa femme bien dotĂ©e Andromaque, fille du magnanime EĂ©tion, d'EĂ©tion qui habitait au pied du Mont Placos boisĂ©, Thèbe sous Placos, et rĂ©gnait sur les Ciliciens. Pourtant, nous sommes bien loin de la Cilicie : le Mont Placos est en Troade, dominant le golfe d'Adramytte face Ă  l'Ă®le de Lesbos. Un peu plus loin dans le texte, Andromaque s'adresse Ă  Hector en le suppliant de s'exposer moins. Je n'ai plus ni père, ni mère vĂ©nĂ©rable. Mon père, le divin Achille l'a tuĂ©; il a saccagĂ© la ville bien situĂ©e des Ciliciens, Thèbe aux portes hautes; il tua EĂ©tion, mais ne le dĂ©pouilla pas : un scrupule le retint. Euripide ouvrira d'ailleurs sa tragĂ©die Andromaque par les plaintes de la veuve d'Hector Ă©voquant la citĂ© paternelle. Qui sont donc ces Ciliciens ? En tout cas, ils ne viennent probablement pas de Cilicie, car sinon ils seraient citĂ©s comme tels dans le Catalogue des alliĂ©s de Troie, Ă  la fin du chant II. Dans ces conditions, il fait peu de doute que ces Ciliciens homĂ©riques sont d'authentiques habitants de la Troade, considĂ©rĂ©s comme partie intĂ©grante de l'armĂ©e troyenne et non comme contingents alliĂ©s. On les retrouve citĂ©s par Euripide, au Ve siècle, dans une tragĂ©die dont la paternitĂ© est d'ailleurs contestĂ©e, Rhesos. C'est lĂ  le nom du roi des Thraces qui se porte, tardivement, au secours des Troyens. Le théâtre de la pièce est le camp troyen. Le chĹ“ur Ă©tablit les tours de veille. On annnonce que les suivants seront «les Ciliciens que la troupe des Paeoniens a rĂ©veillĂ©s». Il est certain qu'il y avait une tradition tenace liant la plaine cilicienne aux alliĂ©s de Troie. Au XIIe siècle encore, une Chronique anonyme syrienne, parlant des activitĂ©s guerrières des rois grecs fraĂ®chement dĂ©barquĂ©s pour le siège de Troie, Ă©crit :

 

D'autres, avec de nombreuses troupes, furent envoyés par tout le pays pour ravager, piller, massacrer, jusqu'en Galatie, en Bithynie et en Cilicie.

 

Peut-ĂŞtre faut-il mettre au crĂ©dit de cette tradition la mention de la Cilicie qu'on trouve dans le rĂ©cit de son voyage en Terre Sainte dictĂ© par le religieux français Arculphe, Ă  la fin du VIe siècle. Parlant de la fondation de la capitale byzantine, l'auteur prĂ©tend que Constantin choisit d'abord la rive asiatique du Bosphore, que le texte appelle «Cilicie» au lieu de «Bithynie». La volontĂ© divine le fit changer de rive en une nuit tous les outils de construction se transportèrent par miracle en Europe Une fois de plus, c'est chez Strabon qu'on trouve, Ă©parpillĂ©es, les explications nĂ©cessaires. Dans sa description de la cĂ´te de Troade, il en arrive au golfe d'Adramytte, sur les bords duquel Homère paraĂ®t avoir placĂ© la plupart des Ă©tablissements lĂ©lèges et ceux de la nation cilicienne, qu'il nous montre partagĂ©e en deux corps. Il existe en fait une ConfĂ©dĂ©ration troyenne, comprenant deux États ciliciens autour du golfe d'Adramytte. L'un, au sud, a pour capitale Lyrnessos et pour roi Mynès; l'autre, au nord, est le royaume d'EĂ©tion, père d'Andromaque, et sa capitale est Thèbe. Or, toujours d'après Strabon, Achille dĂ©barquant en Troade trouve les habitants de Troie enfermĂ©s dans leurs murailles. Il dĂ©cide donc de commencer par ravager la rĂ©gion. Les deux États ciliciens n'Ă©chappent pas au carnage et au pillage. Lyrnessos est dĂ©truite, son roi est tuĂ©, et le butin comprend la belle BrisĂ©is. MĂŞme sort pour l'autre royaume, comme Achille le raconte Ă  sa mère au dĂ©but de l'Iliade. Nous sommes allĂ©s Ă  Thèbe, ville sacrĂ©e d'EĂ©tion; l'ayant mise Ă  sac, nous avons amenĂ© ici tout le butin. Les fils d'AchĂ©ens se le partagèrent Ă©quitablement, après avoir rĂ©servĂ©, pour l'Atride, ChrysĂ©is aux belles joues. Le roi EĂ©tion et tous ses fils sont tuĂ©s. ChrysĂ©is se retrouve attribuĂ©e au Roi des rois Agamemnon. Mais on n'enlève pas ainsi impunĂ©ment la fille d'un prĂŞtre d'Apollon, et l'Iliade s'ouvre par le refus du Roi des rois de rendre ChrysĂ©is Ă  son père suppliant. Apollon rĂ©pand alors la peste dans le camp achĂ©en, et finalement Agamemnon doit restituer sa captive; en Ă©change, il s'approprie celle d'Achille, BrisĂ©is. C'est lĂ  le sujet de la fameuse «colère d'Achille», qui laisse le hĂ©ros Ă©loignĂ© du champ de bataille jusqu'Ă  la mort de son ami Patrocle. Que pense Strabon des liens entre ces Ciliciens de Troade et la Cilicie ? Il faut reconnaĂ®tre qu'il n'est pas très clair. Au sujet de la ville de Cilla dans le royaume de Thèbe, il Ă©crit :

 

Dans le voisinage du temple d'Apollon Cilléen il y a encore à signaler un grand tumulus, dit le tombeau de Cillos. On croit que ce Cillos, après avoir été le conducteur du char de Pelops, régna sur tout ce canton; or il pourrait se faire qu'il eût donné son nom à la Cilicie. Peut-être bien aussi est-ce l'inverse qui a eu lieu.

 

Manifestement, Strabon n'a pas d'argument dĂ©cisif pour faire Ă©tat d'une Ă©migration des Ciliciens de Troade vers la Cilicie mĂ©diterranĂ©enne (qu'il appelle exotaurique), Ă  moins qu'il ne s'agisse d'une Ă©migration en sens inverse. On lit dans son chapitre consacrĂ© Ă  la Cilicie :

 

Il y a loin, on le sait, de la Cilicie troyenne mentionnée par Homère à la Cilicie exotaurique. Toutefois quelques auteurs ont pensé que les Ciliciens de la Troade devaient être la souche des autres, par la raison qu'on retrouve chez ceux-ci en partie les mêmes noms de lieux, et chez les Pamphyliens pareillement les noms de Thèbe et de Lyrnesse; mais d'autres, il faut bien le dire, soutiennent la thèse inverse en se fondant précisément sur ce que la Troade possède aussi son Aleium ou champ aléien.

 

Auparavant, dans le chapitre sur la Pamphylie, province jouxtant la Cilicie à l'ouest, Strabon rapporte les thèses de Callisthène, historien grec du -IVe siècle accompagnateur d'Alexandre le Grand.

 

Si ce qu'on dit est vrai, on peut reconnaître aujourd'hui, entre Phaselis et Attalée, le double emplacement de Thèbe et de Lyrnessos, antiques établissements fondés, comme le marque Callisthène, par des Ciliciens de la Troade, qui, faisant bande à part après que la nation entière eût été expulsée de la plaine de Thèbe, seraient venus en Pamphylie et s'y seraient fixés.

 

Sans l'affirmer, Strabon semble pencher pour cette thèse des Ciliciens de Troade Ă©migrant vers le sud et donnant leur nom Ă  la Cilicie mĂ©diterranĂ©enne. Il cite encore, parlant cette fois de ces mystĂ©rieux Arimes :

 

Il y a aussi certains auteurs qui reconnaissent les Arimes dans les Syriens ou Araméens d'aujourd'hui, et qui racontent comment les Ciliciens de la Troade vinrent chercher une nouvelle demeure en Syrie et détachèrent de cette contrée, pour s'y établir, ce qui forme actuellement la Cilicie.

 

Dans un autre passage, Strabon laisse tomber toutes les rĂ©serves qu'il met ailleurs. Parlant du temple d'Apollon Ă  Chrysa, oĂą servait ChrysĂ©is, il affirme :

 

Quant à son temple, il a été transporté dans la nouvelle ville bâtie auprès d'Hamaxitos, lorsque les Ciliciens émigrèrent, les uns en Pamphylie, les autres à Hamaxitos.

 

Hamaxitos est une citĂ© proche de Troie. Et l'Ă©migration en Pamphylie rĂ©pond Ă  la mĂŞme thèse que l'Ă©tablissement en Cilicie. On n'a, Ă  l'heure actuelle, pas plus d'arguments que Strabon pour trancher en faveur du sens d'une migration Ă©ventuelle (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - www.google.fr/books/edition, R. Flacelière, L'Iliade, Patrimoine littĂ©raire europĂ©en, Tome 2 : HĂ©ritages grec et latin, 1992 - www.google.fr/books/edition).

 

A l'origine, se tient Francion, fils d'Hector - le Francus de Ronsard. Par lui, les rois de France descendent de la noble lignée de Priam. Virgile avait chanté les prouesses du Troyen Enée, le fondateur de Rome. Compte tenu de la puissance ultérieure de l'Empire romain, se réclamer de héros venus d'Ilion était présage de grandeur. Le modèle virgilien valorisait l'épopée de Francion. Venu de Troie, celui-ci s'était, assurait-on, installé sur le Danube, à Sicambrie, ville située dans l'actuelle Hongrie. Au IVe siècle après Jésus-Christ, la lignée de Francion se serait transportée sur le Rhin, dans le futur territoire des Francs. Vers la fin du XVe siècle, certains se disent convaincus qu'une partie des descendants de ces Troyens s'était implantée en Gaule et qu'elle avait fondé Lutèce, dès le IVe siècle. De ce fait, les Gaulois seraient, eux aussi, en partie d'origine troyenne. Dans la logique de cette histoire mythique, le premier roi de France, inscrit dans la lignée de Francion, descendant de Priam, aurait été Pharamond (Ve siècle). Son existence paraissait encore incontestable au XVIIIe siècle. Il aurait fait le lien entre les origines troyennes et la royauté franque (Alain Corbin, Les Héros de l'histoire de France expliqués à mon fils, 2011 - www.google.fr/books/edition).

 

Olivier de La Marche (1426 - 1502) se contentait d'exposer l'origine des royaumes d'Autriche et de France d'après «les anciennes cronicques». Après la prise de Troie, un prince exilĂ©, parent du roi Priam, et qui portait le mĂŞme nom, conquit la terre d'Autriche et y «regna chevaleureusement», cependant que Francion, fils d'Hector, «arrivait au noble et fertile pays que l'on appelle France, oĂą il augmenta celle belle cite de Lutesse qu'il fist nommer Paris, du nom de Troyes». Le chroniqueur se perd ensuite dans des discussions de dĂ©tail, qui prouvent bien que cette lĂ©gende est pour lui matière Ă  Ă©rudition, non pas l'occasion de mĂ©diter sur une renaissance possible des civilisations antiques. Le nom de France viendrait soit de l'aide apportĂ©e aux Romains, qui valut Ă  nos aĂŻeux d'ĂŞtre affranchis du tribut, soit de Franquo, fondateur de la ville de Francfort, soit plutĂ´t de Francus. MĂŞme attitude dans le Prologue des chroniques de J. Molinet, qui dĂ©butent Ă  l'annĂ©e 1474, et dans le SĂ©jour d'honneur, composĂ© par O. de Saint-Gelays de 1490 Ă  1494. Le poète Ă©tablit la filiation des Troyens et des Français : Francio se rĂ©fugia au royaume de France et bâtit Sycambre. Il sombre ensuite dans des hypothèses Ă©tymologiques sur le nom de Francs, qui serait dĂ» Ă  l'affranchissement des Gaulois, en raison de leur victoire sur les Allains.

 

En 1508, Jean d'Ivry se contente lui aussi de résumer la carrière de Francus. Seule l'attitude de J. Lemaire semble plus originale, bien que ses trois livres d'Illustrations, publiés respectivement en 1510, 1512 et 1513, doivent beaucoup à la littérature médiévale.

 

Il relie les notions de gloire et d'antiquitĂ© des origines. Lemaire a prĂ©parĂ© la voie Ă  la Franciade en redonnant du lustre Ă  la lĂ©gende des origines troyennes (Françoise Joukovsky, La gloire dans la poĂ©sie française et nĂ©o-latine du XVIe siècle : des rhĂ©toriqueurs Ă  Agrippa d'AubignĂ©, 2015 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Olivier de La Marche).

 

Pour Lemaire, à l'exemple du fils d'Enée, dans l'Enéide, qui a trois noms, Ascanius, Iulus, et Ilus, Francus s'appelait dans sa jeunesse Leodamas, tandis que pour Ronsard dans sa Franciade, Francus ou Francion, selon la prosodie, s'appelait aussi Astyanax et Scamandre (Denis Bjaï, La Franciade sur le métier: Ronsard et la pratique du poème héroïque, 2001 - www.google.fr/books/edition).

 

Chez Racine, la fin tragique d'Andromaque n'est pas dĂ©nuĂ©e d'espĂ©rance, puisqu'elle ouvre sur un avenir glorieux : «Aussi bien Astyanax-Francus est-il destinĂ© Ă  fonder la grandeur française, comme EnĂ©e l'Ă©tait Ă  fonder la grandeur romaine comme Joas le sera Ă  maintenir la lignĂ©e messianique» (Morel). La prĂ©face de 1675-76 de la pièce de Racine dĂ©couvre des perspectives nouvelles : «Astyanax acquiert alors une tout autre valeur [...] Andromaque n'est donc plus seulement l'exilĂ©e pathĂ©tique, la veuve fidèle, mais aussi celle qui permet Ă  la France monarchique d'advenir sur le plan du mythe et de l'hagiographie» (Biet). La prĂ©face montre qu'Andromaque fait appel Ă  «une mythologie politique dont Racine et ses contemporains avaient les images et les expressions Ă  l'esprit» (Dandrey pour qui ce serait le une Ă©loge d'Anne d'Autriche) (Volker Schröder, La tragĂ©die du sang d'Auguste: politique et intertextualitĂ© dans Britannicus, 2004 - www.google.fr/books/edition).

 

On retrouve l'expression "selin monarque" au X, 58 - Aemathien - 2219-2220 qui est interprété comme le roi de France Charles VI opposé au "jeune Aemathien" Henri V d'Angleterre.

 

"Règnes unis"

 

CHARLES, II du nom, dit le Boiteux, Roi de Naples, de Sicile & de Jérusalem, Duc de la Pouille, Prince de Salerne, de Capoue & de Tarente, Comte d'Anjou, du Maine, de Provence & de Forcalquier, fut couronné & sacré Roi des deux Siciles le 29 Mai 1289, & mourut le sixiéme Mai 1309, âgé de 63 ans, après en avoir régné 25 (Le grand dictionaire historique ou Le mèlange curieux de l'histoire sacrée et profane, Tomez 1, 1740 - www.google.fr/books/edition).

 

Sicile et JĂ©rusalem n'Ă©taient que des titres.

 

"terre blesique"

 

Bol (lat. Bolus), petit morceau (bouchĂ©e), en somme : "boule", prĂ©paration plus grosse qu'une pilule rĂ©servĂ©e aux malades qui ne voulaient pas, ou ne supportaient pas les liquides.

 

PrĂ©parations terreuses : on utilisait essentiellement la terre d'ArmĂ©nie - terre rougeâtre, et la terre sigillĂ©e, terre brune ou rouge. Leur emploi remonte très haut et aurait Ă©tĂ© salutaire lors de l'Ă©pidĂ©mie de Delphes. LavĂ©es Ă  l'eau de scabieuse puis traitĂ©e par esprit de sel ou de tartre, elles permettaient d'obtenir des sels minĂ©raux.

 

Bolus armeniacus : bol de terre d'ArmĂ©nie (RenĂ© Devy, Narbonne au XIVe siècle (1318-1415). La citĂ© en 1352, - www.google.fr/books/edition).

 

C'est au milieu d'un côteau planté de vignes, situé vis-à-vis du village d'Orchese, qu'on voit une veine de terre appellée par les Medecins la Terre de Blois, & par le vulgaire la Terre Sigelée, parce qu'elle a la vertu de la Terre scellée du sceau du Grand Seigneur. Messieurs Guerin Maistre des Comptes à Blois, & Richer Doyen de la Faculté de Medecine de Monpellier, en firent les premieres épreuves il y a environ quatre-vingt ans, & ne la trouverent gueres inferieure en vertus à celle de Lemnos; de sorte qu'on la peut appeller une Terre nouvellement découverte, & inconnuë aux anciens; Et si l'on en croit un autre Doyen de Monpellier, que nous avons allegué cy-devant, d'une vertu égale à celle de Lemnos (Jean Bernier, Histoire de Blois, contenant les antiquitez et singularitez du comte de Blois. etc, 1682 - www.google.fr/books/edition).

 

Terra Lemnia ou Terra Blesia (terre de Blois) [terre argileuse et/ou «alumineuse»]; elle était prescrite par le médecin montpelliérain Laurent Joubert (1529-1583), en sa Pharmacopoea (1578, p. 139-141), pour la préparation de ce remède miracle qu'était la thériaque (Emmanuel Le Roy Ladurie, Francine-Dominique Liechtenhan, L'Europe de Thomas Platter: France, Angleterre, Pays-Bas 1599-1600. (Le siècle des Platter III), 2006 - www.google.fr/books/edition).

 

Vers 1602, une analyse faite dans la limite des moyens dont on disposait à cette époque, établit une identité complète entre la terre de Blois et la terre de Lemnos. Le docteur Richer préconisa cette terre qui remplaça bientôt, par toute la France, la terre de Lemnos (E.-C. Florance, La terre sigillée d'Orchaise près Blois, 1913 - www.google.fr/books/edition).

 

Nous auons encores des remedes nommez trochisques, comme de rheubarbe, de supatorio de myrrha, qui remedient aux obstructions du foye, aux frissons des fievres, causez par la pituite, & à l'hydropisie: de spodio, de vesicaria, de terra lemnia, de caphura, de berberis propres aux fievres ardantes, aux chaleurs du foye, & flux de ventre (David Lagneau, Traicté de la saignée, contre le vieil erreur d'Erasistrate et nouveau de Botal, 1635 - www.google.fr/books/edition).

 

Formule d'un remède qui consolide les plaies fraîches se trouvant dans les reins, les uretères ou la vessie. On prend une part de terre d'Arménie, deux parts d'encens, deux parts de sang-dragon, une sixième d'acacia lavé et autant de graine de melon; on en prépare des pastilles avec du suc de plantain, chaque pastille d'un mithqal et on en donne une avec de l'eau deux heures avant, et une autre dix heures après le repas (Razi, Traité sur le calcul dans les reins et dans la vessie, 1896 - www.google.fr/books/edition).

 

Abu Bakr Mohammad Ibn Zakariya al-Razi, connu aussi comme Razi ou Al-Razi, ou Ar-Razi, ou Ibn Zakaria (Zakariya) ou (en latin) comme Rhazes et Rasis, ou Rhasès (865-925) est un savant pluridisciplinaire perse qui a fait d'importantes contributions à la médecine, à l'alchimie et à la philosophie. Alchimiste devenu médecin, il aurait isolé l'acide sulfurique et l'éthanol dont il fut parmi les premiers à prôner l'utilisation médicale. S'agissant de la pratique médicale, il a vigoureusement défendu la démarche scientifique dans le diagnostic et la thérapeutique et a largement influencé la conception de l'organisation hospitalière en lien avec la formation des futurs médecins. Empiriste et rationaliste, il fut l'objet de nombreuses critiques pour son opposition à l'aristotélisme et pour sa libre-pensée vis-à-vis de la doctrine de l'islam (fr.wikipedia.org - Rhazès).

 

Le roi de Sicile Louis II d'Anjou souffre de plus en plus de la maladie de vessie dont il est atteint. En janvier 1417 il parvient encore à surmonter ses douleurs pour administrer son duché d'Anjou. Son mal empire au début de cette année et le 27 avril il juge bon de dicter son testament. Il recommande notamment au Dauphin, son gendre qui vit à sa Cour depuis plusieurs mois, de ne jamais se fier au duc de Bourgogne, mais d'utiliser cependant tous les moyens possibles pour rester en bonne intelligence avec lui. Il prodigue des conseils identiques à Louis son fils ainé, qui devra également obéir à la reine Yolande sa mère. Il meurt au château d'Angers le 29 avril suivant et, suivant son désir son corps est conduit le lendemain en l'église Saint-Maurice de cette ville. Il est inhumé le samedi 1er mai 1417 dans cet édifice, entre le maitre-autel et l'autel Saint-René. Louis II d'Anjou a été fiancé, du vivant de son père avec Jeanne fille du comte d'Alençon, puis avec Lucie, fille de Barnabô Visconti, seigneur de Milan. En 1370 Marie de Châtillon, reine de Sicile recherche pour son fils ainé une alliance plus intéressante, au point de vue politique. Elle projette de lui faire épouser Yolande, fille de Jean Ier roi d'Aragon et de Yolande de Bar. Ce monarque disparait prématurément et Martin son frère cadet se proclame roi d'Aragon. Le gouvernement français demande aussitôt à celui-ci de confirmer les engagements de son prédécesseur, par l'intermédiaire d'un envoyé qui rencontre Yolande d'Aragon en 1396. Celle-ci lui remet une protestation véhémente. Elle déclare notamment qu'elle n'avait que onze ans quand son mariage a été décidé; aujourd'hui, parvenue à la puberté elle renie le consentement qui lui a été arraché autrefois. Elle change cependant d'avis quelques années plus tard. Le Ier décembre 1400 elle épouse Louis II dans la cité d'Arles au milieu de l'allégresse générale. Elle décède à Saumur, en l'hôtel de Tucé le 14 novembre 1442. Elle est inhumée près de son mari à Angers quelques jours plus tard (Georges Poull, La Maison ducale de Lorraine devenue la Maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême, 1991 - www.google.fr/books/edition).

 

Le choix de la cathĂ©drale d'Angers comme nĂ©cropole revient Ă  Louis II d'Anjou (il demande dans ses trois testaments successifs Ă  y ĂŞtre inhumĂ©), auquel remonte Ă©galement la prise de conscience rĂ©gionaliste dĂ©celable dans le culte des saints Ă  la cour angevine. Son prĂ©dĂ©cesseur, Louis Ier, avait dĂ©jĂ  souhaitĂ© qu'elle serve de sĂ©pulcre Ă  son cĹ“ur (son corps devait reposer Ă  la Sainte-Chapelle de Paris). Ses dernières volontĂ©s ne furent pas respectĂ©es : Ă  sa mort survenue en septembre 1384 Ă  Bari, la dĂ©pouille demeura longtemps dans cette ville avant d'ĂŞtre, d'après certains historiens, probablement transportĂ©e Ă  la cathĂ©drale d'Angers. Ce transfert serait alors tardif car il n'avait toujours pas eu lieu en 1474, quelques annĂ©es seulement avant la mort du dernier duc d'Anjou, le roi RenĂ© Ier (Murielle Gaude-Ferragu, D’or et de cendres: La mort et les funĂ©railles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Ă‚ge, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

Par son premier testament de 1410, Louis II avait pourtant optĂ© lui aussi pour la partition de sa dĂ©pouille : corps Ă  Angers, cĹ“ur Ă  la cathĂ©drale du Mans - il Ă©tait comte du Maine - et entrailles auprès de celles de son père Ă  Tours; en avril 1417, Ă  quelques heures de mourir, il demande cette fois un "modeste tombeau" dans la cathĂ©drale d'Angers - oĂą le rejoindra par la suite Yolande d'Aragon. Le repli sur l'apanage angevin tĂ©moigne de l'Ă©mancipation de ce Valois de la tutelle royale (Jean - Michel Matz, RenĂ©, l'Eglise et la religion, Le roi RenĂ© dans tous ses Ă©tats, 2009 - www.google.fr/books/edition).

 

Lemnos

 

Le terre de Lemnos Ă©tait appelĂ©e aussi par certains "rubrique" de Lemnos du fait de sa couleur. Le mĂ©decin Galien la nomme terre sigillĂ©e car il en rapporta de l'Ă®le 20.000 doses scellĂ©es (Raymond Chevallier, Sciences et techniques Ă  Rome, NumĂ©ro 2763 de Que sais-je ?, 1993 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. les quatrains IX, 100 pour le terme "rubriche" ("neuve") et I, 82 "couverte de rubriche".

 

Dante parle d'Hypsipyle reine de Lemnos, deux fois dans le Purgatoire, s'inspirant de la Thébaïde de Statius. Il la voit dans les Limbes, rappelant sa fuite de Lemnos et mentionnant la mort d'un enfant par la piqûre d'un serpent, alors qu'elle s'est absentée (26, 94-96) pour indiquer la fontaine de Langia aux Grecs (22, 112). Dans l'Enfer, elle est citée au sujet de son abandon par Jason (Richard Lansing, Dante Encyclopedia, 2010 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1278, les trois tierciers de Negrepont (Ă®le d'EubĂ©e) Ă©taient alors : Marino II, mort peu de mois après, Giberto de VĂ©rone - Ă©poux d'une Navigloso de Lemnos, ayant eu une fille BĂ©atrice, son hĂ©ritière, morte en 1328, après avoir Ă©pousĂ© successivement son cousin le sextier Grapozzo, puis, vers 1303, Jean de Noyers, sire de Maisy -, qui n'Ă©tait pas encore prisonnier de Licario, et Leone dalle Carceri, vice-tiercier au nom des deux frères Grapozzo et Gaetano qui rĂ©sidaient Ă  Naples, avaient prĂŞtĂ© serment de fidĂ©litĂ© Ă  l'envoyĂ© de Charles d'Anjou, comme prince d'AchaĂŻe (Gustave Schlumberger, Numismatique de l'Orient latin, 1878 - www.google.fr/books/edition).

 

Dans le manuscrit de l'Histoire ancienne jusqu'Ă  CĂ©sar (ms Royal 20 D.1 de la British Library), composĂ© Ă  la cour angevine de Naples vers 1335, Jason devient Napolitain et père de Charles Ier d'Anjou (Stefania Cerrito, Mes en nostre matiere n'apartient pas : la vengeance de MĂ©dĂ©e dans le Roman de Troie et sa mouvance, La digression dans la littĂ©rature et l’art du Moyen Ă‚ge, 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

L’Histoire ancienne jusqu’à César est une compilation qui raconte l’histoire universelle depuis la création biblique jusqu’au point où Jules César dirige ses armées dans le nord de la Gaule. Selon le comptage d’Anne Rochebouet, il reste plus de 84 manuscrits de la première rédaction, 10 de la deuxième, et 4 de la troisième. London BL Royal D 20 I est un témoin remarquable et original de la deuxième rédaction fabriquée vers 1340 à Naples auprès de la cour angevine de Robert d’Anjou. La deuxième rédaction omet l’ouverture basée sur la Genèse et la section qui porte sur les conquêtes d’Alexandre le Grand en Orient, et y intègre un récit beaucoup plus développé sur la légende troyenne à partir de la cinquième mise en prose du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, dans laquelle ont été interpolées les Héroïdes d’Ovide en français (l’ouvrage ainsi constitué s’appelle Prose 5) (Henry Ravenhall, L’EXPÉRIENCE THE VALUES OF FRENCH LANGUAGE AND LITERATURE, IN THE EUROPEAN MIDDLE AGES, Autour du Roman de Florimont, 2020 - kclpure.kcl.ac.uk).

 

Fièvre

 

Le Roi CHARLES II. emploia tout le cours de sa vie à faire prospérer la Ville, & le Royaume de Naples. Enfin, âgé de soixante & un ans, après en avoir régné vingt-cinq, accablé par une ardente fiévre, le 5. Mai 1309, il mourut dans son Palais nommé Casanova, ou Maison neuve, situé au dehors de la Porte Capouane, éloigné de deux cens pas seulement de Naples. CHARLES II. avoit fait bâtir ce Palais, & y passoit ordinairement les Etés, attiré dans cet endroit par la commodité & l'agrément des eaux de la petite Riviére de Sabeto, qui passoient dans les apartenances de ce Palais avant d'entrer dans la Ville. Il s'est depuis-lors formé dans cet endroit un grand Village qui porte le nom de Casanova, quoi qu'il ne reste plus aucun vestige du Palais que CHARLES II. y fit bâtir.

 

Costanzo assure, que jamais Prince ne fut autant regrété; la générosité, la bonté & toutes les autres vertus qui composoient le caractére du Roi CHARLES II, avoient plus attaché ses Sujets à lui par inclination, que par devoir. Ses libéralités le firent comparer à ALEXANDRE le Grand. S'il n'acquit pas la gloire que l'on donne aux exploits militaires, autant, & plus, il s'en procura par un gouvernement juste & pacifique. Ce Prince, dont la mort couta tant de larmes à ses Peuples, fut enseveli avec toute la magnificence Royale, dans l'Eglise de St. Dominique. Quelque tems après, son Corps fut transféré à Arles en Provence, dans le Monastére des Sœurs de l'Ordre des Prêcheurs, de Sainte Marie de Nazaret, qu'il avoit fait batir. Quant à son cœur, ROBERT son Fils ordonna qu'il feroit conservé dans une Urne d'yvoire, & reporté dans l'Eglise de St. Dominique de Naples.

 

CHARLES II. fit son Testament Ă  Marseille le 16. Mars 1308., une annĂ©e avant de mourir. Il institua son HĂ©ritier ROBERT Duc de Calabre, qu'il nomme son Fils aĂ®nĂ©, & lĂ©gua Ă  CHARLES son Petit-Fils, nĂ© du Roi d'Hongries deux mille onces d'or pour toutes prĂ©tentions. Ce Prince choisit pour le lieu de sa sĂ©pulture, l'Eglise du MonastĂ©re de Sainte Marie de Nazareth en Provence. Ce Testament contient diverses autres dispositions Ă  l'Ă©gard de ses Etats de Provence & Forcalquier : Comme les Femmes ne peuvent pas y succĂ©der au dĂ©faut des Descendans Males, il apella Ă  cette Succession PHILIPPE Prince de Tarente son Fils, & ses Descendans Mâles, d'AĂ®nĂ© en AĂ®nĂ© (Pietro Giannone, Histoire civile du royaume de Naples, Tome 1, 1742 - www.google.fr/books/edition).

 

La guerre des Vêpres Siciliennes qui a vu en 1282 la Sicile passer aux Argonais se termine par le traité de paix de Caltabellotta, signé le 31 août 1302, probablement au château de Pizzo. Modifié par le pape le 12 mai 1303, ce texte prévoit que Frédéric II se maintienne au pouvoir en Sicile avec le titre de roi de Trinacrie jusqu'à sa mort, après laquelle l'île reviendra aux Anjou.

 

En 1295, cédant aux injonctions du pape Boniface VIII, Jacques, frère de Frédéric, avait accepté, par le traité d'Anagni, de remettre le royaume de Sicile aux Angevins, en échange d'une investiture sur la Corse et la Sardaigne, et la levée de l'excommunication dont il était frappé. Il participa même aux combats contre son frère (fr.wikipedia.org - Frédéric II (roi de Sicile)).

 

Salerne est fondée comme colonie romaine au IIe siècle av. J.-C. Elle acquiert une réputation pour son climat propice à la convalescence (Horace, XVe épitre). L’école de médecine de Salerne, en latin Schola Medica Salernitana, situé sur la zone côtière du Mezzogiorno en Italie, est la première école de médecine fondée en Europe au Moyen Âge, vers le IXe siècle, et l'une des plus importantes. Elle atteint son apogée au XIe siècle et XIIe siècle. L'école de Salerne devient Université au cours du XIIIe siècle. L'École de Salerne décline alors, elle ne produit bientôt plus de maîtres de renom. En fait ceux qui viennent étudier à Salerne animent à leur tour des écoles médicales partout en Europe, lesquelles deviennent les premières universités de médecine, comme Bologne en 1180, Paris en 1200, Montpellier en 1220, Padoue en 1222. En Italie, les écoles de médecine de l'université de Padoue et de l'Université de Bologne ont peu à peu éclipsé l'école de Salerne, mais son prestige historique reste immense jusqu'au XVIIIe siècle, alors même que son existence est jugée problématique à partir du XVIe siècle par des historiens. Sa fermeture officielle en 1811 par Joachim Murat n'était peut-être que le constat d'un état de fait (fr.wikipedia.org - Ecole de médecine de Salerne).

 

Acrostiche : SRMA, SyRMA

 

"syrma" : robe traĂ®nante et "syrmaticus", "qui a une longue queue", boiteux (qui traĂ®ne la jambe) (Gaffiot).

 

Le syrma, chiton traĂ®nant par derrière, Ă©tait surtout un costume de théâtre (portĂ© principalement dans les tragĂ©dies, par les acteurs qui jouaient les dieux, hĂ©ros, rois, ou gens en deuil), pourpre ou noir, suivant les cas (Larousse Du XXe Siècle, Tome 6 : R-Z, 1933 - www.google.fr/books/edition).

 

Pour l’accrochement de la rotule, VĂ©gèce donne mĂŞme l’étymologie du mot : «L’animal est dit syrmaticus d’après les vĂŞtements des tragĂ©diens qui traĂ®nent Ă  terre» (syrmaticum a tragoedorum palliis dicitur quae trahuntur - Digesta artis mulomedicæ 2,86,1) (Yvonne Poulle, VĂ©gèce et le mĂ©thodisme. La mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire antique, 2007 - books.openedition.org).

 

VĂ©gèce (Publius Flavius Vegetius Renatus) est un Ă©crivain romain de la fin du IVe et de la première moitiĂ© du Ve siècle de l’ère chrĂ©tienne, auteur de trois Ĺ“uvres dont le succès ne s'est jamais dĂ©menti tout au long du Moyen Ă‚ge et de l'Ă©poque moderne : l’une portant sur l'armĂ©e et la tactique militaire romaine, intitulĂ©e Epitoma rei militaris (ou De re militari), les deux autres portant sur la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, Digesta artis mulomedicinæ (ou plus simplement Mulomedicina) et le soin des bovidĂ©s (Cura Boum) (fr.wikipedia.org - VĂ©gèce).

 

Louis Ier d'Anjou eut pour femme MARIE de Blois, dire la Clope ou la Boiteuse, Princesse fort sage & vertueuse, Ă  qui la Prouence eut de grandes obligations pour son bon Gouuernement pendant la minoritĂ© de son fils : elle estoit fille de Charles de Blois & de Jeanne de Bretagne; & pour ce sujet cette Princesse est communement surnommĂ©e parmy les Ecriuains du nom de Marie de Blois & de Bretagne : aussi voit-on que ses scels sont partis en pal de Bretagne & d'Anjou. Son mary la fit administratrice de tous ses Etats pendant la minoritĂ© de ses enfans, & luy laissa pour son doĂĽaire en son Testament l'vsufruit sa vie durant, du château de Saumur, de la Roche sur Yon en Poitou, & de plusieurs autres places par luy acquises, comme encore les Comtez d'Etampes, de Gien, de Roucy, de Lunel, de SablĂ©, de Mirabeau, de Champigny, de Coudray, & d'autres terres vers l'Anjou & Touraine; il eut d'elle deux fils & vne fille (HonorĂ© BouchĂ©, La chorographie ou description de Prouence et l'histoire chronologique du mesme pays, Tome 2, 1664 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. les quatrains VIII, 38;52.

 

En 1308, le comte de Provence était alors Charles II, né en 1248 de Charles Ier d'Anjou, frère de saint Louis IX et de Béatrix, quatrième fille de Raymond Bérenger. Charles II épousa Marie, fille du roi de Hongrie, et en eut neuf fils et cinq filles. Le troisième de ses fils, Robert, lui succéda; le deuxième, Louis, devint évêque de Toulouse et fut canonisé. Une de ses filles épousa Charles, comte de Valois, et fut mère de Philippe VI, roi de France. «Charles II, dit César de Nostradamus, fut un prince benin, gracieux, juste, libéral, excellent ès choses civiles et très pacifique. Mais aux affaires de Mars ny guères expérimenté ny trop fortuné. Alloit un peu boitant, dont le nom de Boiteux lui en demeura». Charles II mourut en 1309 (C.M. Domergue, Les levadiers de Tarascon, Bulletin historique et archéologique de Vaucluse, 1881 - www.google.fr/books/edition).

 

Dante, contemporain de Charles Ier et Charles II d'Anjou, nomme syrma (ou cauda) une division terminale des poèmes des troubadours (Joseph Anglade, Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen Age des origines à la fin du XVe siècle, 1973 - www.google.fr/books/edition).

 

"L'homme au long nez" (le "nez viril" du vers 113 du Purgatoire) est Charles d'Anjou, qui devint roi de Naples (Enfer p. 77 et 196) et de Sicile, mais qui fut chassĂ© de l'Ă®le après les VĂŞpres. De lui aussi on peut dire que son hĂ©ritier, Charles II, roi de Naples ("les Pouilles") et comte de Provence, lui est infĂ©rieur. Enfin, il semble que Dante veuille dire que l'infĂ©rioritĂ© de Charles II par rapport Ă  son père Charles I est analogue Ă  celle de Charles I par rapport Ă  son vainqueur Pierre III. Évidemment notre poète n'a jamais eu beaucoup de sympathie pour les rois "français" de Naples ! (Fançois MĂ©groz, Lire La divine comĂ©die de Dante, Le purgatoire, Tome 2, 1994 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1834 sur la date pivot 1309 donne 784.

 

Charlemagne pĂ©nètre, avec une armĂ©e en territoire bĂ©nĂ©ventain au dĂ©but de 787. Il ne remporte pas de succès militaire retentissant, mais Arichis doit jurer fidĂ©litĂ© au roi des Francs et des Lombards et lui remettre douze otages, dont son second fils, le futur prince Grimoald III. Charlemagne attribue en outre au pape plusieurs villes du nord de la principautĂ©, mais cette promesse ne passera jamais dans les faits. Arichis se tourne alors vers Byzance : il envoie des missi Ă  l'empereur, demandant la dignitĂ© de patrice, le duchĂ© de Naples, et une aide militaire sous le commandement de son beau-frère Adelchis, fils de Didier et ancien roi des Lombards, rĂ©fugiĂ© en territoire impĂ©rial. L'empereur lui rĂ©pond en lui envoyant deux spathaires et le dioikĂ©tès de Sicile avec les ornements de patrice; mais, quand ils arrivent en Italie, Arichis II vient de mourir, le 26 aoĂ»t 787, peu de temps après son fils aĂ®nĂ© Romuald. Les BĂ©nĂ©ventains conseillent aux envoyĂ©s impĂ©riaux d'attendre le retour de l'otage Grimoald Ă  Naples, oĂą ils sont très bien reçus. On distingue donc, au cours du long règne ducal, puis princier d'Arichis II, quelques phases nettes et contrastĂ©es dans les rapports bĂ©nĂ©ventano-napolitains : une guerre en 765-766, remportĂ©e par les Lombards, une autre en 784 en 784 qui tourne Ă  l'avantage de Naples; dans les intervalles qui sĂ©parent ces crises, c'est l'alliance qui prĂ©vaut (Jean-Marie Martin, Guerre, accords et frontières en Italie mĂ©ridionale pendant le haut Moyen Ă‚ge: Pacta de liburia, Divisio principatus beneventani et autres actes, 2005 - www.google.fr/books/edition).

 

ARAGISE, Duc de Benevent, succeda à Gisulfe l'an 762. Il épousa une des filles de Didier Roi des Lombards, & Tastillon Duc de Bavière en avoit épousé une autre. Ces deux Princesses sollicitoient continuellement leurs maris de prendre les armes contre Charlemagne. La complasiance qu'ils eurent pour elles leur fut fatale Aragne se vit en état de perdre tout ce qu'il avoit, mais ayant demandé pardon à Charlemagne, ce Prince le lui accorda. Mais en 784. etant repassé en Italie & ayant tu qu'Aragise continuoit à faire des Partis, il lui prit Benevent & Capone, & il l'obligea de fuir à Salerne. De-la Aragise envoya des otages à Charles, & entr'autres ses deux fils Rumoald & Grimoald. Le Roi, à leur considération, pardonna à leur pére. Depuis, Aragise étant mort vers l'an 788. Charlemagne donna le Duché de Benevent à Grimoald le plus jeune de ses fils, duquel il se tenoit fort assuré, quoi que neveu d'Adalgise fils de Didier Roi des Lombards, qui cabaloit pour recouvrer les Etats de son pére. Aimoin, cont. Hist. li. 4. Sigonius, de Rega Ital. Dupleix & Mezerai, Hist. de France en Charlem. (Le grand dictionaire historique, Tome 1, 1724 - www.google.fr/books/edition).

 

«Venger Achaïe»

 

Avec la naissance du mouvement indépendantiste grec en 1821, la France de Charles X se passionne pour cette guerre. On y voit là le moyen de venger les croisés chassés d’Achaïe. Entre 1828 et 1833, elle est intervenue directement dans la guerre d’indépendance grecque afin de libérer le Péloponnèse occupé par des forces égypto-turques. Militairement c’est un succès pour Charles X qui ne l’exploite pas curieusement alors qu’il va bientôt s’engager un autre conflit en Afrique du Nord (Frédéric de Natal, L’expédition de Morée (ou la dernière croisade de France), 2021 - revuedynastie.fr).

 

Fin des Bourbons

 

Cf. quatrain IV, 86 - Karolus.

 

Charles X (« Roi très chrĂ©tien Â» selon l’expression consacrĂ©e) meurt du cholĂ©ra en 1836 Ă  Gorizia, aujourd’hui en Italie, exilĂ© Ă  la suite de la rĂ©volution de 1830. Le rejoignent en terre son fils, Louis XIX, en 1844 et Henri V, son petit-fils, en 1883 (« Regnes unis Â»).

 

Le terme christianissimus est donné par le pape à des princes francs et autres dès l'époque mérovingienne, puis au maire du palais Charles Martel et à ses descendants. Néanmoins, la chancellerie pontificale le confère également aux empereurs de Constantinople et aux rois des Bulgares. Il s'agit d'un titre glorieux accordé à titre individuel et non héréditaire. C'est sous les Capétiens directs que l'idée de ce titre particulier tend à devenir spécifique au roi de France. Lors de la querelle des investitures, le pape donne ce titre à Louis VII. Thomas Becket appelle dans ses lettres Louis VII «le roi très chrétien» par opposition au roi d'Angleterre. Dans une bulle de 1214, le pape écrit à Philippe II : «Entre tous les princes séculiers, tu as été distingué par le titre de chrétien». Louis IX, bien que canonisé avant la fin du XIIIe siècle, est rarement gratifié de ce titre (fr.wikipedia.org - Très chrétien).

 

Sur la première page du livre «Speculum majus» de Vincent de Beauvais (mort en 1264), manuscrit de Royaumont conservé à la Bibliothèque de Dijon, la dédicace de l'auteur s'adresse «au très illustre prince Louis, cher à Dieu et aux hommes, par la grâce de Dieu très-chrétien roi de France» (Il s'agit de Louis IX) (Jacques Chastenet, Beauvais vingt siècles d'histoire, 1972 - www.google.fr/books/edition).

 

En exil, Charles X inscrit sur le registre d'un hôtel autrichien «très chrétien» comme religion, alors que les personnes de sa suite se contentent de «catholique» (fr.wikipedia.org - Très chrétien).

 

Avant sa chute, Charles X avait initiĂ© la conquĂŞte de l’AlgĂ©rie. « La prise d’Alger en juillet 1830 Ă©tait une expĂ©dition punitive pour mettre fin Ă  la piraterie qui rĂ©gnait en MĂ©diterranĂ©e. Elle devait aussi dĂ©nouer un imbroglio financier entre la France et le dey d’Alger. Enfin, menĂ©e sous Polignac, elle avait aussi pour objectif d’assurer au ministère un regain de prestige intĂ©rieur comme extĂ©rieur [1] Â».

 



[1] Isabelle Backouche, « La monarchie parlementaire, 1815-1848 Â», Pygmalion, 2000, p. 262

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