Casanova IV, 6 1782-1783 D'habits nouveaux apres fait la treuve, Malice tramme & machination : Premier mourra qui en fera la preuve, Couleur Venise insidiation. La vie de Casanova À Venise, où il est né, sa figure avenante, ses manières aisées, sa parole facile et persuasive lui ouvrent les maisons aristocratiques et les palais. Il y recevra du
patriarche les ordres mineurs avant que des intrigues amoureuses ne le fassent expulser du séminaire. A Rome, où il plaît de prime abord au cardinal Acquaviva au service duquel
il entre. Bien accueilli par Benoît XIV, il semble destiné à un brillant avenir lorsqu’il tombe soudainement en disgrâce. Quittant la soutane, Il endosse alors l’habit
militaire pour se mettre au service de Venise. Ruiné au jeu, il occupe un emploi de violon au théâtre de Saint-Samuel lorsqu’il sauve la vie du sénateur de Bragadino.
Adopté et traité comme son fils, Casanova devenu riche mène une vie de folie et de désordre. Cité devant trois tribunaux à la fois, il fuit.
C’est alors qu’il vient à Paris, qu’il quitte bientôt pour retourner à Venise, où les inquisiteurs d’État le font arrêter et enfermer dans la célèbre prison vénitienne des
Plombs en 1755. L’histoire de son évasion a fait l’objet d’une publication séparée, l’Histoire de ma fuite des prisons de la république de Venise, appelées les Plombs, Prague,
1788, in-8° (fr.wikipedia.org - Histoire de ma vie (Casanova)). Casanova s'évadera de façon rocambolesque dans la nuit du 1er novembre 1756. Nous arrivons maintenant à l'une des évasions les plus célèbres, car elle est unique dans son genre; nous voulons parler de la suite du fameux Casanova
hors des Plombs de Venise. Bien que le récit en soit assez long, nous l'estrairons en partie des mémoires de cet aventurier ; car ces mémoires, par la licence
extrême qui y règne à chaque page, ne sont pas de nature à être lus par tout le monde. Mais auparavant nous allons donner quelques mots d'explication sur la prison des Plombs.
Au dix-huitième siècle, à l'époque où Casanova fut incarcéré, les prisons appelées Plombs n'étaient autre chose que la partie supérieure du palais ducal, dont le toit étail
recouvert en plomb. Malgré leur réputation, ces prisons étaient loin d'être malsaines, car il y avait un courant d'air assez fort pour tempérer l'excès de la chaleur.
Aujourd'hui ce sont des appartements agréables et recherchés, et un président du tribunal d'appel de Venise, le comte Ilesenberg, a prétendu, dans un journal, qu'il
souhaiterait à beaucoup de ses lecteurs de n'être pas plus mal logés. Casanova, menait à Venise une vie pleine d'intrigues et d'aventures, lorsqu'il fut dénoncé au gouvernement
de cette ville, et jeté sous les Plombs en 1755 (Ludovic Lalanne, Curiosités biographiques, 1846
- books.google.fr). Arrivé à Paris en 1757, son entrain, son esprit, sa facilité d’entregent et sa bonne humeur l’introduisent dans la société des hommes et des femmes de distinction.
Il persuade à Joseph Pâris Duverney qu’il a inventé un admirable plan de loterie. Il convainc tout le monde, y compris D'Alembert, appelé comme expert mathématicien et obtient
six bureaux de recettes et quatre mille francs de pension pour sa part sur le produit de sa loterie. Il gagne cinq cents louis en rĂ©compense d’une mission secrète consistant Ă
aller visiter dix vaisseaux de guerre en rade à Dunkerque. Casanova reçoit de Choiseul une mission importante auprès de marchands d’Amsterdam et, à son retour, mène la belle vie.
Se tournant, après avoir perdu ses protecteurs, vers l’industrie de l’impression des étoffes de soie, une faillite spectaculaire lui vaut d’être enfermé au For-l'Évêque,
d’où il ne sort que grâce à la marquise d’Urfé. En décembre 1759, il quitte Paris pour la Hollande où il retrouve le comte de Saint-Germain qu'il vait vu à Paris. Il passe en Allemagne,
arrive à Cologne où l’Électeur lui fait bon accueil, passe à Stuttgart, d’où le chasse une mauvaise affaire et s’arrête à Zurich où l’idée lui vient de se faire moine avant
qu’une aventure amoureuse ne vienne contrarier sa résolution. En 1760, il se présente à Voltaire et passe en Savoie avant que des intrigues d’amour ne l’arrêtent à Aix.
À Londres, il rencontre le chevalier d’Éon et le roi Georges III. Revenu à Paris, il s’engage dans une querelle qui lui vaut l’ordre de partir dans les vingt-quatre heures
et se dirige vers l’Espagne, muni de lettres pour le comte d’Aranda. Après de nouvelles intrigues galantes et tragiques, il est jeté en prison à Madrid, mais en sort bientôt
pour se rendre à Barcelone où il est enfermé quarante-trois jours dans la citadelle. Il en profite pour rédiger une réfutation de l’Histoire de Venise d’Amelot de la Houssaie.
Le dernier jour de l’année 1768, il part pour Aix où il fait connaissance avec du marquis d’Argens et avec Cagliostro. Retourné à Rome, il retrouve le cardinal de Bernis avant
de passer à Naples et à Bologne. Il s’arrête deux mois à Ancône et s’établit à Trieste où il reçoit quatre cents ducats de la République vénitienne pour un léger service rendu.
S’étant rĂ©conciliĂ© avec le gouvernement, il rentre dans sa patrie pour la dernière fois mais il n’y reste pas longtemps : la vingtième des lettres de Casanova qui font suite Ă
ses Mémoires nous apprend qu’il passa encore quelques mois à Paris en 1785, date à laquelle s’achève son manuscrit (fr.wikipedia.org - Histoire de ma vie (Casanova)). 1774-1783 A Venise, Casanova écrit, publie des gazettes mais ne brille plus guère. En 1776, il devient «mouchard» des inquisiteurs, profession qu'il exerce
toutefois sans grande conviction (Jean-Didier Vincent, Casanova, La contagion du plaisir, 1990
- books.google.fr). "machination", "malice" "tramme", insidiation" "tramme" du latin "trama", trame et toile d'araignée ; "insidiation" du latin "insidiatio", piège, intrigue (Gaffiot). La métamorphose d'Arachné s'opère grâce aux sucs d'une herbe consacrée à Hécate : «Tout aussitôt, à peine touchés par le redoutable poison les cheveux d'Arachné tombèrent,
et avec eux son nez et ses oreilles ; sa tĂŞte devint toute petite, et toutes les proportions de son corps diminuent ; Ă ses flancs se rattachent de grĂŞles
doigts au lieu de jambes ; tout le reste n'est qu'un ventre d'où cependant elle laisse échapper du fil ; et, maintenant, araignée, elle tisse, comme jadis, sa toile.»
La femme s'est faite araignée, piégée et piégeuse. De son ventre (de son sexe ?) le fil sort, qu'elle tisse en une toile et où viennent se prendre ses victimes.
Il faut peut-être rapprocher Arachné et Ariane. Ariane fournit le fil. Elle en tient le bout. Thésée le tisse grossièrement en circulant dans le labyrinthe.
Ici encore, le fil entre en rapport avec le piège : avec son fil, Ariane propose un contre-piège, une ruse qui s'oppose à une machination préalable (Gilbert Lascault, Figurées, défigurées, petit vocabulaire de la féminité représentée, 2008
- books.google.fr). "habits nouveaux" "treuve" de trouver, trouvaille. La mention d'habits, chez Nostradamus, va souvent de pair avec celle de déguisements :
«Ignare prins soubs la dorée maille, / Soubs fainct habit» (C 6.14.3-4), «Contraints seront changer habits divers» (C 6.17.2) (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996
- books.google.fr). Casanova s'en tiendrait à l'exclamation : «C'est histoire de goût» L'idée «c'est philosophie, c'est raison» lui est étrangère. Sa vie, à la différence de celle de
Sade, est tout entière sous le signe de la gratuite des envies, des stratégies d'évitement : «Ces plaisirs volés ont un charme inexprimable.» À la résistance acharnée
de Sade contre ses juges et persécuteurs s'opposent, chez Casanova, une souplesse, un sens de la fuite et de la disparition. Il voyage sans cesse, change d'identité,
multiplie les déguisements et mystifications. Il a, lui aussi, la passion du théâtre, mais elle l'inspire différemment. Vénitien et fils de comédiens (sa mère, Zanetta
Casanova, est célèbre pour sa beauté. Quelque temps actrice dans la troupe de Goldoni, elle part, devenue veuve, pour Saint-Pétersbourg puis Dresde), Casanova appartient
doublement au monde du théâtre. Mais ce qui le ravit dans cet art, c'est moins l'aspect de rituel fixe, de rôles précisément assignés, de distanciation (ce qui fascine Sade
et sous-tend «le regard froid du libertin», Malraux) que la mise en place d'un leurre, d'une machine a produire du fantastique et des métamorphoses, du merveilleux, de
l'insaisissable. Le théâtre s'accorde à son sens de la ruse et de la duplicité, de la transgression indirecte, masquée. Casanova n'a aucun intérêt pour la posture héroïque.
Il se détourne de la souffrance, et si la vérité se révèle trop pénible, il préfère s'arranger avec une demi-vérité. Il écrit «Quand elle me vit, elle me sauta au cou, mais
avec trop d'empressement pour que je prisse cela pour argent comptant ; mais quand on chérit le plaisir, il ne faut pas philosopher pour le diminuer.» Et si la demi-vérité ne
suffit pas, Casanova cultive sans vergogne le mensonge ou l'erreur. «Je me suis plu à m'égarer, et j'ai continuellement vécu dans l'erreur», affirme-t-il non sans satisfaction (Chantal Thomas, Un air de liberté, Variations sur l'esprit du XVIIIe siècle, 2014
- books.google.fr). Lors d'un carnaval à Milan, Casanova habille de faux mendiants (pitocchi) d'habits neufs qu'il déchire et fait rapiécer, en signe de gaspillage de riches (Giacomo Casanova, Histoire de ma vie, Tome 2, 2015
- books.google.fr). C'étaient des loqueteux d'un genre très particulier. Leurs habits étaient de brocart ou de velours, mais tailladés à grands coups de ciseaux et les déchirures
rapiécées par des lambeaux d'étoffes de couleurs criardes. Ce déguisement était une trouvaille de Casanova (Maurice Andrieux, Venise au temps de Casanova, 1969
- books.google.fr). "en fera la preuve" La police, sûre de la féconde sagacité de ses mouchards, savoit bientôt acquérir la preuve et la conviction d'un crime (Claude-Remy Buirette de Verrières, Grand plaidoyer au Tribunal de Police pour les vainqueurs de la Bastille, contre les mouchards, avec les pièces des justificatives, audience du 19 janvier, 1791
- books.google.fr). Pour gagner un peu d'argent et compléter son maigre fixe de deux cent soixante-quatre lires par mois constitué par une petite rente léguée
par Barbaro bien peu augmentée par un insuffisant mensuel versé par Dandolo, il lui vient alors une curieuse idée : devenir espion dûment appointé,
délateur professionnel au service de la république de Venise. Casanova mouchard ! Il va de son propre chef proposer aux inquisiteurs ses bons et
loyaux services. Dès le mois de décembre 1774, il prévient le secrétaire des Trois, Illustre Seigneur et Vénéré Maître, qu'il va peut-être
entrer au service de Frédéric II, Landgrave de Hesse-Cassel, comme agent particulier chargé de ses intérêts. Or, dit-il en s'aplatissant humblement, «je n'ose
[...] disposer de moi-même sans le gracieux consentement du tribunal suprême, duquel tout récemment j'ai éprouvé la clémence» et «sans obtenir d'abord
l'assentiment de Leurs Excellences, puisque le plus glorieux titre auquel j'aspire est de dépendre entièrement des lois vénérées de mon Sérénissime souverain naturel ?»
C'est déjà une façon de se faire bien voir, de rechercher bienveillance et appui, sans doute aussi de consolider sa grâce encore toute
récente et peutêtre momentanée. Par la suite ce sont carrément de sa part des offres de service : «La nature humaine, qui tend à sa propre
conservation, ne s'acharne furieusement contre ce qu'elle entreprend que lorsqu'elle espère en retirer sa nourriture. / Pour moi, malheureux,
je demande à mon Prince Sérénissime quelque subside (...) afin que ce léger subside m'encourage, dans l'espoir qu'à l'avenir les choses que
je m'ingénierai à découvrir lui soient utiles ?» Pour comprendre cette étrange décision de Casanova, il faut rappeler qu'à la date il était
financièrement aux abois. «Jacques Casanova était pauvre. Pour un homme accoutumé au luxe, au jeu, aux femmes, à la haute société que ses
relations l'obligeaient Ă frĂ©quenter, les deux cent soixantequatre lires par mois qu'il avait reprĂ©sentaient un cruel dĂ©nuement. [...] Il en Ă©tait souvent rĂ©duit Ă
rougir de lui - même». Dès novembre 1776 , Casanova devient confidente des inquisiteurs à titre officieux sous le pseudonyme d'Antonio
Pratolini : il est alors payé à la pièce , rapport après rapport . Il n'empêche que le statut de mouchard professionnel au
service de la magistrature qui l'a autrefois iniquement condamné représente quand même un bien curieux métier pour un aventurier libertin, qui a lui-même
souffert de la prison et d'innombrables expulsions. Ce n'est sans doute pas uniquement une question d'argent ; cet acte d'allégeance pour le moins
humiliant constitue aussi l'expression d'une situation complexe. «Si Casanova fut poussé par le “besoin”, celui-ci avait une double
économique et morale. Damerini déclare ainsi : «Pour Casanova, entrer au service de l'Inquisition était bien une nécessité, mais pas de nature
exclusivement matĂ©rielle. Il aurait Ă©tĂ© aussi poussĂ© par le dĂ©sir obscur de se livrer corps et âme au pouvoir, de le servir jusqu'Ă
l'abjection qui seule fait oublier la résignation et la morne nécessité, grâce à l'illusion d'un libre choix, d'une initiative retrouvée ?»
Hypothèse de Philippe Sollers : Casanova comme Sade «ont su qu'ils n'avaient rien à attendre, ni sur le fond, ni dans la forme, d'aucun
régime ni d'aucune société, quelle qu'elle soit. Ce sont des traîtres à la première personne du pluriel. Ils ne disent jamais nous.
C'est je, en profondeur, et une fois pour toutes ?» (Alain Buisine, Casanova l'Européen, 2001
- books.google.fr). "premier" mouchard Le mot "mouchard" a reçu comme origine le nom de l'inquisiteur parisien d'Antoine Mouchy qui employait des espions qui permirent l'envoi au bucher d'Anne du Bourg en 1559.
Il viendrait plutôt du mot "mouche" insecte qui se déplace sans arrêt, le "musca" latin étant déjà employé par Plaute pour un des ses personnages de la comédie Mercator Acte II scène 3
qui guette les allures d'autrui et à qui rien n'échappe. Le mouchard apparaît en 1606 (Rencontre de Piedaigrette avec maître Guillaume), dans les Mémoires de Sully, chez La Fontaine
(La Mouche et la Fourmi) (L'Intermédiaire des chercheurs & curieux, Volume 19, 1885
- books.google.fr,
Jean de La Fontaine, Fables, 1796
- books.google.fr). La mouche est la proie de l'araignée. Cette riferta, très importante par les suites qu'elle a eues, montre Casanova s'élevant à une hauteur remarquable comme fonctionnaire politique. Il ne se contente plus de dénoncer les faits, il blâme et critique, donne des conseils au pouvoir qui s'endort, le prend de haut et rappelle à la Sérénissime République, qu'elle est un gouvernement despotique, absolu, dont on ne ne doit discuter ni les intentions ni les ordres. Il est plus royaliste que le roi, il oublie que ces despotes l'ont incarcéré sans jugement, que, pour lui, son procès n'a jamais été instruit, qu'il a toujours ignoré la durée de sa peine, et que ce n'est pas, sûrement, en se soumettant à leurs ordres qu'il s'est échappé des plombs. Il oublie que, sans passe-ports, il a été expulsé de tous les Etats d'Europe, qu'il ne quittait pas, du reste, sans adresser une lettre révoltée à leurs souverains, où il se réclamait de sa dignité d'homme. On voit, par la suite qui a été donnée à ce rapport, que le gouvernement vénitien l'a compris et qu'il s'est senti bien servi par cet homme pleinement à eux et dévoué à leur forme despotique. Illustrissimes et Excellentissimes Seigneurs Inquisiteurs d'Etat. Le premier bal de San Benedetto se serait peut-être passé sans donner lieu à aucune observation, si ce n'est qu'hier soir il a causé dans tout le public des réflexions inconvenantes. Les dames, obéissant à l'ordre supérieur, sont venues au théâtre masquées, à l'exception des deux ambassadrices d'Autriche et d'Espagne, qui ont saisi avec plaisir cette occasion de se singulariser. Mais le ballet de Coriolan a excité dans des cerveaux attentifs à tout un esprit d'indépendance qui s'est traduit par des raisonnements fâcheux et par d'étranges paroles. Si le livret du ballet, qui est sous les yeux de tout le monde. Si le livret du ballet , qui est sous les yeux de tout le monde, avait eu pour censeur une personne un peu avisée, elle n'en aurait pas permis l'impression. Sans le livret où s'étale la fanatique arrogance de Coriolan, son mépris du décret du Sénat, le scandale de son infraction aux lois, la démarche des dames Romaines, la possibilité de se soustraire à l'obéissance, tout cela aurait été moins patent, l'on n'aurait pas mis en discussion le principe de cette docilité qu'il appartient à la sagesse de vos Excellences de toujours contenir dans les limites de l'obéissance passive, à cette fin que vos ordres sacrés et refléchis soient non seulement exécutés, mais encore exécutés sans murmure. On lit au bas de cette pièce : 1779, 28 déc., l'Impresario de S. Benedetto Michel de l'Agata a été immédiatement appelé et on lui
a intimé l'ordre de faire disparaître du programme de ses représentations le ballet de Coriolan sous peine de mort ; on a ordonné en outre de saisir
saisir tous les exemplaires de ce ballet. Après la mesure violente prise à la suite de la représentation du ballet de Coriolan, Casanova semble avoir
conscience de son influence et devient homme de gouvernement (M. Guède,, J. Casanova, Le roman de l'évasion, 1912
- books.google.fr). "mourra" En février 1784, Casanova s'établit à Vienne où il devient secrétaire de l'ambassadeur de Venise. Au cours d'un dîner, il rencontre le comte Joseph Karl von Waldstein,
franc-maçon féru d'occultisme qui lui propose le poste de bibliothécaire dans son château de Dux, en Bohème, où il s'installe en septembre 1785. Ses dernières années
se passent tristement dans ce château de Duchcov isolé, peuplé uniquement de serviteurs mesquins qui raillent ce vieil homme en qui ils voient un personnage d'un passé révolu.
Ruiné et déprimé par l'échec de son roman fantastique et philosophique Icosameron en 1789, il se met à écrire Histoire de ma vie sur le conseil de son médecin. Fin février
1798, une crise d'apoplexie l'oblige à interrompre son travail. Malade, il reste confiné dans son modeste appartement avec, pour tout compagnon, un neveu Carlo Angiolini et
la chienne Finette. Cloué dans son fauteuil Louis XV, il meurt le 4 juin 1798. Il est inhumé à la sauvette dans un petit enclos funèbre de l'église Santa Barbara de Duchcov,
dans le cimetière du village (aujourd'hui remplacé par un jardin public). Personne ne se souciant de sa tombe, l'emplacement de celle-ci a disparu à la mort du comte Waldstein.
Une légende veut que quelques mois après la révolution française qu'il déplore, il ait décidé de revenir à Venise où il a terminé sa vie dans l'anonymat. Une autre légende
veut que Casanova ait tourmenté les femmes même après sa mort : le comte Waldstein ayant fait apposer sur sa dalle funéraire une grande croix de fer, cette dernière aurait
rouillé, se serait descellée et enfouie dans les herbes folles, si bien que par les nuits sans lune, les crocs de fer agrippaient au passage les jupes des dévotes terrifiées (fr.wikipedia.org - Giacomo Casanova). Acrostiche : DMPC, diis manibus... ponendum curavit Relié à Venise, on pourrait penser au cardinal Pietro Bembo (Friedrich Gotthilf Freitag, Adparatus litterarius ubi libri partim antiqui partim rari, Tome 3, 1755
- books.google.fr). Les allusions païennes de Bembo frisent l'impiété. Léon X, selon lui, est parvenu au pontificat par décret des dieux immortels ; il parle des dons à Diane, du zephyr
céleste, du collège des augures, c'est-à -dire des cardinaux; il appelle persuasionem la foi, l'excommunication aqua et igni interdictionem; le sénat de Venise exhorte le pape
uti fidat diis immortalibus, quorum vices in terra gerit; litare diis manibus est la messe des morts; un moribond se hâte deos superos manesque placare ; saint François
in numerum deorum receptus est. Dans ses vers, le plaisir de voir sa dame lui semble plus doux que celui qu'Ă©prouvent les Ă©lus dans le ciel; dans les Asolani, il exhorte
les jeunes gens à aimer, et il écrivait au cardinal Sadolet : "Ne lisez pas les Épîtres de saint Paul, car son style barbare corromprait votre goût; laissez de côté ces
plaisanteries, indignes d'un homme grave" (Cesare CantĂą, Histoire des italiens, Tome 7, 1860
- books.google.fr). Pietro Bembo, né le 20 mai 1470 à Venise, mort le 18 janvier 1547 à Rome, est un écrivain, poète, bibliothécaire, historien, traducteur, théoricien de la littérature
et essayiste vénitien, cardinal de l'Église catholique. Figure influente du développement de la langue italienne, et plus spécifiquement du toscan, comme langue littéraire,
il a codifié l’italien pour l’usage moderne standard. Les écrits de ce restaurateur de la poésie lyrique italienne ont contribué à la renaissance de l’intérêt pour les œuvres
de Pétrarque au XVIe siècle (fr.wikipedia.org - Pietro Bembo). Le 3 septembre 1774, les trois Inquisiteurs d'État, Francesco Grimani, Francesco Sagredo et Paolo Bembo, délivrent, au nom de Casanova, un sauf-conduit ainsi libellé :
"Nous, Inquisiteurs d'État, pour des motifs que nous avons à coeur, concédons à Jacques Casanova un libre sauf-conduit à valoir pour tout le mois courant, de façon qu'il puisse,
sans obstacles, venir, aller, s'arrêter et retourner, communiquer partout où il lui plaira, sans qu'il lui soit opposé aucune gêne. Telle est notre volonté" (Pages Casanoviennes, Numéro 5, 1926
- books.google.fr). Le troisième Inquisiteur était Paolo Bembo, né le 29 octobre 1732 (Protogiornale, 1762, p. 721) (Jonathan E. Glixon, Mirrors of Heaven Or Worldly Theaters?: Venetian Nunneries and Their Music, 2017
- books.google.fr). |