La révolte carliste en Espagne

La révolte carliste en Espagne

Mouvements révolutionnaires en Europe

 

IV, 94

 

1847-1848

 

Deux grans freres seront chassez d’Espaigne,

L’aisné vaincu sous les monts Pyrenees :

Rougir mer, rosne, sang leman d’Alemaigne

Narbon, Blyterre, d’Agath. contaminees.

 

"Deux grands frères" : deux princes

 

Alphonse Ier de la Cerda, dit Alphonse le Déshérité, né en 1270 et mort en 1333 à Piedrahita, infant de Castille, héritier présomptif de son grand-père, le roi Alphonse X (1221-1284), est spolié de la succession par son oncle Sanche IV. Il est le fils aîné de Ferdinand de la Cerda (1255-1275), fils aîné d'Alphonse X. Sa mère est Blanche de France (1253-1320), fille de Louis IX. Il a un frère, Ferdinand II (1275-1322), souche des De la Cerda de Lara, et beau-père de Charles d'Étampes et Charles II d'Alençon (fr.wikipedia.org - Alphonse de la Cerda).

 

Alphonse X, roi de Castille, à qui son amour pour la science valut le surnom de sage, que ne méritait pas son caractère faible et inconstant, eut pour fils aîné FERDINAND, appelé de La Cerda, à cause d'une grosse touffe de poil qu'il avait sur les épaules. L'an 1269, ce jeune prince fut marié à Blanche de France, fille de saint Louis, avec une pompe et des réjouissances extraordinaires. Philippe-le- Hardi, frère de Blanche, Édouard, héritier d'Angleterre et le roi de Grenade, assistèrent à cet hymen. En 1275 Ferdinand, alors régent de Castille en l'absence de son père mourut à Villa-Réal; on le regretta vivement, car il donnait les plus belles espérances. Il laissa deux orphelins en bas âge, ALPHONSE et FERDINAND : ce sont ces princes, nés sous des auspices si brillans, qui devaient subir la plus triste destinée, sous le nom d'infans de La Cerda. Sanche, second fils d'Alphonse X, doué de grands talens et dépourvu de tous scrupules, prétendit aussitôt ouvertement à la succession du trône de Castille. Le détail de ses intrigues et de ses audacieuses révoltes nous mènerait trop loin; il nous suffira de dire que, non-seulement il l'emporta sur ses neveux, mais qu'il n'eût tenu qu'à lui de se faire proclamer roi du vivant de son père. Yolande, femme d'Alphonse X, désolée de voir ses petits-fils exposés, par la faiblesse du roi, aux attaques de don Sanche, s'enfuit avec eux près de son frère, don Pèdre, roi d'Aragon, qui parut d'abord leur être favorable; ils devaient compter encore plus sur la protection de Philippe-le-Hardi, leur oncle maternel.

 

Mis plus tard en liberté par le roi d'Aragon qui voulait susciter des embarras au roi de Castille, reconnus à Badajoz, puis à Talavera, les La Cerda ne purent cependant pas se maintenir en Castille; ils passèrent en France, où régnait alors Philippe-le-Bel. Occupé de la guerre de Flandre, le seul secours qu'il accorda à ses cousins fut une permission de lever, à leurs frais, des troupes dans la Navarre: ils purent ainsi guerroyer de nouveau sur les frontières de la Castille; mais ce fut toujours d'une manière malheureuse (Encyclopédie des gens du monde, Tome 5, 1835 - books.google.fr).

 

Sa grand-mère et sa mère d'abord, Yolande, veuve d'Alphonse X, et Blanche, veuve de Ferdinand de la Cerda, continuaient, auprès de leurs frères respectifs, Pierre III d'Aragon et Philippe III de France, leurs appels et leurs exhortations. D'autre part, toute une faction de seigneurs castillans, que l'acte illégal des Cortès de Tolède avait soulevés et que les rois de France et d'Aragon incitaient secrètement à la révolte. En 1284 et en 1285, Philippe III tenta contre Sanche le Brave deux expéditions qui échouèrent. Après quoi, fort occupé lui-même à guerroyer contre Pierre d'Aragon, instigateur des Vêpres Siciliennes, il abandonna la cause des infants de la Cerda. L'un et l'autre ne tardèrent point d'ailleurs à mourir à quelques mois d'intervalle. Ce fut en vain que, vers 1288, quelques barons obstinés saluèrent solennellement du titre de roi, à Jaca, puis à Badajoz et à Sahagun, le jeune et malheureux Alonse; celui-ci, manquant d'argent et de troupes, n'ayant plus à ses côtés que deux femmes courageuses mais dépourvues elles-mêmes de moyens, ne tarda pas à renoncer à une guerre civile sans espoir. En 1300, la reine Yolande meurt à son tour. L'infant de la Cerda, privé de son dernier soutien, accepte, après quatre ans de nouveaux et infructueux efforts, de traiter avec son oncle. Il reconnaît Sanche le Brave moyennant une rente de 400.000 maravédis et l'amnistie pour ses partisans, et il se retire, avec sa mère Blanche et son cadet Hernando, à la Cour de France, auprès de Philippe IV le Bel, plus disposé à héberger son cousin et sa tante qu'à épouser contre le roi de Castille la querelle de son père (François Pietri, Les infants de La Cerda ou une prétendance oubliée, Revue d'histoire diplomatique, Volumes 71 à 72, 1957 - books.google.fr).

 

Louis de la Cerda, dit «Louis d'Espagne», né vers 1291 et mort le 5 juillet 1348 à la Lamotte-du-Rhône, fils cadet de l'infant de Castille Alphonse le Déshérité, installé en France au début du XIVe siècle, est fait comte de Clermont, comte de Talmont et d'Oléron, puis nommé amiral de France par le roi Philippe VI de Valois (1341). En 1344, il se lance dans un projet de conquête des îles Canaries (appelées «îles Fortunées») (fr.wikipedia.org - Louis de la Cerda).

 

Cf. quatrains VI, 27 (et les îles Fortunées); X, 22 ("signe" : marque de naissance qui vaut le surnom de "Cerda"); X, 23.

 

"contaminées"

 

L'implantation franciscaine dans l'actuel département de l'Hérault était particulièrement dense : il y avait un couvent à Béziers et à Montpellier, mais aussi à Agde, à Florensac, à Ganges, à Gignac, à Lunel et à Lodève, du moins après 1300. Autour des Frères gravitaient d'actifs tierciaires, pris dans la classe artisanale. Leur profession était encore, dans bien des cas, celle qu'exprimait leur patronyme. Ils étaient proches des pauvres, et d'une pauvreté qui allait devenir plus sensible avec le retour de la disette de blé à partir de 1304. Les patriciens puissants et turbulents de Béziers à l'époque des Vicomtes avaient disparu. Les agents royaux conservaient «les quatre livres des notés» (d'infamie) qui n'avaient plus le droit de résider dans la ville, en fait la liste des biens confisqués depuis 1209 et surtout 1240 et 1242. Le catharisme n'avait jamais dépassé le Minervois à l'Est. Le haut du pavé était tenu par une administration royale dont les exactions étaient éhontées, comme le révèlent les doléances auprès des Enquêteurs royaux; par la nouvelle classe possédante et dirigeante des hommes de loi de tout poil, et par des institutions ecclésiastiques richissimes, dont les bénéfices, bien avant l'installation des papes à Avignon, étaient accaparés par le pouvoir. Gilles Aicelin, archevêque de Narbonne (1290-1311) était un ancien «clerc du Roi». Un de ses neveux, déjà chanoine de Rouen, était chanoine de Narbonne. L'autre, déjà chanoine de Narbonne, était abbé de Saint-Aphrodise de Béziers. Un prébende de chanoine de Saint-Aphrodise rémunérait les services d'un notaire de l'Inquisition de Carcassonne, etc.

 

Les Béguins (prononcé Béquis ou Véquis), les tierciaires franciscains, fréquentaient les sermons des Frères, se réunissaient le soir pour entendre de pieuses lectures, se pénétraient d'un idéal de pauvreté et allèrent jusqu'à porter, parfois, un court manteau de bure. Mais c'étaient surtout les Béguines qui se manifestaient au dehors, en tenant dans les faubourgs leurs «Maisons de la pauvreté», asiles ouvert aux nécessiteux et aux gens de passage, et en ajoutant parfois à l'engagement des tierciaires des vœux plus contraignants, comme le vœu de chasteté, qu'elles allaient faire à titre individuel, par exemple à Notre-Dame de Sérignan. Bien avant la fin du siècle, et même dans les milieux hostiles aux Spirituels, comme à Toulouse, elles commençaient à mener une vie communautaire.

 

L'Église séculière ne pouvait voir d'un bon œil cet enthousiasme contagieux qui privait ses paroisses de fidèles pour le culte et les sépultures, et par conséquent de casuel. Elle y voyait l'apparition d'un de ces Ordres nouveaux prohibés depuis les conciles de 1215 et de 1274.

 

Les persécutions commencèrent dès 1298 en Italie et autour du noyau dur de Narbonnaise. Le général fit brûler les livres d'Olieu et chargea le Lecteur de Toulouse, Vital du Four, de la province d'Aquitaine, d'enquêter et de sévir. Les Spirituels furent envoyés dans des couvents sûrs pour y être punis. On les y laissait mourir aux fers, dans leurs excréments. Il y aurait eu, selon le grand Spirituel italien Ubertin de Casale, quelque trois cents victimes.

 

En 1299, un concile provincial se tint à Béziers sous la présidence de Gilles Aicelin. On y condamna les Béguins, accusés de chercher à constituer un Ordre nouveau, de prononcer des vœux et d'avoir des réunions nocturnes. Ces insinuations sans originalité furent sans effet sur l'enthousiasme qui suivit la mort d'Olieu et la divulgation de son «Apocalypse». On voyait dans ces persécutions l'approche des temps nouveaux.

 

Le caractère libéral et compréhensif du nouveau pape faisait renaître l'espoir dans les persécutés, espoir qui ne pouvait qu'être renforcé par la canonisation en 1308 de saint Louis d'Anjou, dont l'ascétisme était un désaveu pour la Communauté. Une première lettre en faveur des Spirituels fut adressée à Clément V par Charles II d'Anjou sur l'instigation de son médecin Arnaud de Villeneuve. Puis les citoyens de Narbonne, en 1309, écrivirent à la fois au roi et au pape, et se plaignirent aussi bien des persécutions que des atteintes à la mémoire de Pierre Déjean-Olieu, demandant qu'une «révérence spéciale», fût attribuée à sa tombe.

 

Mais Clément V mourut en avril 1314. Bonagrazia de Bergame s'empressa de revenir du Comminges, et au chapitre provincial tenu à Carcassonne en 1315, on décida la restauration des supérieurs punis par le pape défunt dans leurs fonctions, et notamment de l'un des plus virulents, Guillaume Astre, comme Gardien de Narbonne.

 

Les choses étaient donc en suspens lorsqu'en 1316 furent élus Jean XXII comme pape et Michel de Césène comme ministre général.

 

Le pape qui avait fait brûler en 1317 un évêque par vengeance personnelle, qui tournait en ridicule la règle de saint François, c'est-à-dire le précepte de l'Évangile, représentait bien l'Église charnelle appelée à disparaître. Il était l'antéchrist caché qui devait précéder l'autre.

 

Béziers fut frappé à son tour par un bûcher qui eut lieu le 10 janvier 1322. La foule parvint à arracher deux malheureux au supplice. On transféra alors les condamnés à Agde où ils furent brûlés. Un bûcher devait avoir lieu à Montpellier, qui fut décommandé, sans doute sur un refus du consulat et de l'autorité majorquine. On tira les condamnés des prisons de l'évêque de Maguelonne pour les brûler à Pézenas. Le 28 février 1322 avaient été brûlés à Narbonne les 16 hommes et 5 femmes mentionnés par la chronique (Jean Devernoy, Une «hérésie» en Bas-Languedoc : l’affaire des Béguins (1299-1329), Etudes Héraultaises, 1988 - www.etudesheraultaises.fr).

 

Le pape Innocent III emploie les termes contagion et contamination ("contaminet") dans une lettre de 1199 concernant l'abbé de Saint Martin de Nevers accusé d'hérésie (Bruno Lemesle, Le gouvernement des évêques : La charge pastorale au milieu du Moyen Âge, 2019 - books.google.fr).

 

Les béguins vivaient un idéal proche des idéaux de Pierre Valdo ce qui donne à penser à une contamination du mouvement par les Vaudois, de même des Franciscains envoyés combattre ces derniers et séduits par leur vie de pauvreté comme celle prônée par François d'Assise (Bernard Félix, L'hérésie des pauvres: vie et rayonnement de Pierre Valdo, 2002 - books.google.fr).

 

"Rosne", "Léman d'Allemaigne"

 

Grégoire de Tours voulant désigner le lieu où Lupicin & Romain bâtirent le monastère connu aujourd'hui sous le nom de l'abbaie de S. Claude, dit que ce lieu est auprès d'Avanches; entre la Bourgogne & l'Allemagne donnant ainsi le nom d'Allemagne au pais situé entre le mont Jura & le lac Léman. Accedentes simul inter illa Jurensis deserti secreta, quæ inter Burgundiam Alemanniamque sita Aventicæ adjacent civitati. Greg. Tur. de vitis Patrum, c. 1. Le païs, qui portoit anciennement le nom d'Allemagne, & qui a eu depuis celui de Franconie, étoit entre le Rhin, le Main, & le Danube, & non pas entre le mont Jura & le lac de Genève : mais il est vraisemblable que quelque colonie Allemande aura donné son nom au lac Léman & aux environs (Gilbert Charles Le Gendre, Des antiquités de la nation françoise, 1741 - books.google.fr).

 

Les rapports du dauphin de Viennois avec le comte de Savoie sont souvent conflictuels. La situation se complique au XIIIe siècle, quand en 1268 le dauphin Guigues VII hérite par mariage du Faucigny, pays de Haute-Savoie d’Annemasse à Beaufort à l’est du comté de Genève. Cela s’aggrave lorsque vers 1282 quand Anne-Dauphine mariée au sire de la Tour (du Pin) devient héritière et par elle son mari Humbert Ier dont les terres sont presque complètement entourées par celles du comte de Savoie, qui s’étendent jusqu’au Rhône entre Lyon et Vienne (nord-Viennois). Le comte de Savoie avait par ailleurs acquis par mariage la Bresse (1272) séparée de la Savoie dans la plaine de l’Ain par les terres du dauphin et par celles du sire de Thoire-Villars. Cette situation embrouillée va entraîner cinq guerres féodales successives entre les principautés de 1282 à 1355, principalement dans la plaine de l’Ain. La guerre dite «guerre de Septante ans» est faite de places perdues et reprises, de ravages rapides et de représailles.

 

Un premier épisode (1283- 1287) entre Humbert Ier et le comte de Savoie Amédée V le grand se limite à des chevauchées et des dévastations sans résultats. De même pendant une deuxième phase d’hostilités (1289-1293). La guerre reprend en 1299-1314 en Grésivaudan, en Viennois ravagé en 1304 par Edouard de Savoie. Le dauphin assiège l’abbaye d’Ambronnay fortifiée par le comte de Savoie (1305). Le dauphin fait construire le château des Allymes sur les hauteurs d’Ambérieu. La guerre reprend de 1320 à 1334. En 1325 le nouveau comte de Savoie Edouard le libéral aidé du sire de Beaujeu, vient assiéger le château de Varey (01) place du comte de Genève, mais l’armée du jeune dauphin Guigues VIII le surprend : «l’ost de Savoie fut bellement déconfit». Le sire de Beaujeu Guichard VI est pris et doit payer une forte rançon. Quelques années après, le comte de Savoie Aymon le pacifique est victorieux du comte de Genève à Monthoux (74) en 1332 et du dauphin au siège de la Perrière (38), où Guigues VIII est tué d’un carreau d’arbalète (1333). La paix est signée en 1334 à Chapareillan : les terres entre Ambronnay et Pont-d’Ain passent sous contrôle savoyard, dont la forteresse des Allymes reliant la Bresse au Bugey. Le dauphin Humbert II, frère et successeur de Guigues VIII, dépense sans compter et achève de se ruiner dans une croisade en orient en 1345/47. Veuf sans héritier, il avait envisagé depuis longtemps de céder sa principauté. Le roi de France ne laisse pas passer une pareille occasion et en 1349 le Dauphiné est cédé à Charles (futur Charles V) fils aîné de Jean le Bon. À l’avenir le fils aîné et héritier du Roi de France portera le titre de Dauphin de France. (museemilitairelyon.com).

Cette confrontation Dauphiné-Savoie se double de celle de la Savoie avec le comté de Genève, allié du Dauphiné.

 

Pendant une cinquantaine d'années, de 1282 à 1329, comtes de Genève et comtes de Savoie furent dans un état d'hostilité presque permanent; la maison de Genève, dont le déclin s'était manifesté d'une manière si rapide au milieu du XIIIe siècle, se lança dans quatre guerres successives, pour essayer de reprendre son ancienne prépondérance sur les bords du Léman. Cette longue lutte, provoquée par les progrès savoyards de l'époque antérieure, présenta des aspects assez nouveaux : en même temps que les négociations diplomatiques se faisaient plus actives, le nombre des belligérants s'accroissait et les parties en présence s'affrontaient en coalitions de forces sensiblement égales. Le comte de Genève n'apparaît alors bien souvent que comme une pièce sur le vaste échiquier du royaume d'Arles et de Vienne. Quant à la nature des hostilités, elle ne semble pas avoir beaucoup changé : les documents, qui subsistent en plus grand nombre, nous livrent le détail de ces courtes chevauchées, de ces coups de main contre les châteaux isolés, avec de fréquentes suspensions d'armes. On a pu considérer les guerres soutenues par les comtes de Genève comme une répercussion de la lutte que les dauphins soutenaient à la même époque contre les comtes de Savoie; ce caractère accessoire ne nous paraît pas devoir être retenu.

 

A la fin du XIIIe siècle, le royaume d'Arles et de Vienne était déchiré par les factions, à cause de la politique entreprenante de deux nouveaux souverains, le roi de France Philippe le Hardi et l'empereur Rodolphe de Habsbourg, et par suite des menées de Charles d'Anjou, oncle du roi de France, gendre et héritier du comte de Provence, qui essayait de se mettre en possession de cette province (Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe-XVe siècle, 1955 - books.google.fr).

 

C'est le fils de Philippe Hardi, Philippe IV le Bel, qui annexe le Lyonnais (cf. quatrain VI, 51), Jean le Bon héritera pour son fils, Charles V, le Dauphiné en 1349.

 

Rouge "sang"

 

Une charte datée de 1073 autorise les moines à organiser un «marché du vermillon» sur leurs terres de Mouriès, entre le Val Longaret, Rivehaute et La Crau. C'était là une grande source de revenus issue de la vente des récoltes de kermès réalisées sur les terres de l'abbaye et destinées à la teinture prestigieuse, en rouge écarlate, des tissus destinés aux maisons royales (Roger Bouisset, Un château au bord du Rhône, 2023 - books.google.fr).

 

Le nom de Kermès, est celui que les Arabes donnent à la graine d'écarlate. Ce mot vient de Kermés ou Charmés, qui est véritablement arabe & signifie sûrement un ver (Jean-Joseph Expilly, Dictionnaire geographique, historique et politique des Gaules et de la France, Tome 3, 1766 - books.google.fr).

 

Le rouge, mélange d'or, de cinabre, du kermès, du minium; couleur aux princes d'Église, à la robe des saints, couleur d'opulence (Hortense Dufour, Jeanne d’Arc, La Chanson et La Geste: 1412-1431, 2012 - books.google.fr).

 

Le pape Clément V élu en 1305 s'installe à Avignon, au bord du Rhône, en 1308. L'Eglise à Avignon, en contraste avec l'idéal des Béguins, est traitée de grande prostituée par Pétrarque, comme celle de l'Apocalypse chevauchant une bête écarlate à 7 têtes et 10 cornes pleine de noms blasphématoires.

 

Pétrarque avait vainement détracté celle qu'il traitait «d'impie Babylone, d'enfer des vivants, de sentine de vices, d'égout de la terre». «On n'y trouve, vomissait-il, ni foi, ni charité, ni religion, ni crainte de Dieu, ni pudeur, rien de vrai, rien de saint : quoique la résidence du souverain pontife en dût faire un sanctuaire et le fort de la religion... De toutes les villes que je connais c'est la plus puante... Quelle honte de la voir devenir tout à coup la capitale du monde, où elle ne devrait tenir que le dernier rang !» Abusant même d'une figure chère aux milieux hérétiques du XIVe siècle, l'écrivain assimilait Avignon à la prostituée de l'Apocalypse, «ceinte de pourpre et d'écarlate, couverte d'or, de pierres précieuses et de perles; tenant en main une coupe d'or, remplie de l'abomination et de l'impureté de ses fornications». Si les cardinaux appréciaient leur séjour sur les rives du Rhône et préféraient y assurer leur bien-être, en dépit des invectives de Pétrarque, beaucoup subissaient davantage l'influence du roi de France, Charles V, qui désapprouvait le départ du S.-Siège de Rome (Guillaume Mollat, Les papes d'Avignon (1305-1378), 1950 - books.google.fr).

 

21 février 1306. Compromis passé à St-Cyr près Lyon entre Amédée, comte de Savoie, et nobles Jean et Guigues, Dauphins, par lequel ils soumettent à l'arbitrage du pape Clément V, qui est présent, tous leurs différends au sujet de leurs châteaux, territoires, juridictions, injures et dommages, ils lui reconnaissent le droit de prolonger les trêves existant entre les parties, et ils promettent de se soumettre à la décision qu'il rendra, sous peine de dix mille marcs d'argent fin. Jean Dauphin traite pour lui, pour son aïeule la Dauphine Béatrix et pour son frère Hugues, seigneur de Faucigny. Guigues traite pour lui, pour Jean de Châlons, seigneur d'Arlay, chevalier, et pour le comte de Genevois. Les deux Dauphins réservent le consentement de leur père Humbert, Dauphin de Viennois, et celui du comte de Genevois. - Humbert ratifie le dit compromis le 23 du même mois de février. — Les témoins sont étrangers au diocèse de Genève. - Acta sunt hæc apud sanctum Ciricum prope Lugdunum in camera D. Papa, A. D. MCCCV, indict. IV, Pontificatus Clementis Papæ quinti anno primo, mensis Februarii die XXI, videlicet nono Calend. Martii (v. st.). [Valbonnais] Hist. du Dauphiné, II, p. 124, Pr. no 129. Voy. pour la date, ibid. I, p. 262. (Régeste genevois ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la Ville et du Diocèse de Genève avant l'année 1312, 1866 - books.google.fr).

 

Acrostiche : DLRN, De Lerne

 

Depuis longtemps, on sait que les dragons indiquaient des rivières; ainsi la rivière occidentale d'Agrigente s'appelle Akragas, aujourd'hui Draco. Le Drac, en France, ou la Tarasque (Rondelet, Hist. pisc. p. 460; Papon, Voyage littéraire en Provence, p. 147-149), dragon épouvantable qui ravageait les bords du Rhône et qui, d'un coup de sa queue, faisait chavirer les bateaux et dévorait les passagers, est certainement l'allégorie relative aux débordemens du fleuve. Hercule détruisant l'hydre de Lerne est la même allégorie (J.-N. Vallot, Ambroise Paré au XIXe siècle, Séance publique, Volumes 34 à 35, 1834 - books.google.fr).

 

Le légendaire de la vallée du Rhône, parmi ses monstres amphibies, mentionne souvent les dracs. Les paysans du Lyonnais en ont gardé la terreur. Une petite rivière, le Garon, passait dernièrement pour hantée par un drac. Il est probable qu'il y a entre tarasque et drac (radical de draco, dragon d'où Draguignan) le même rapport philologique qu'entre Tarascon et Tarragone. Dracs, dragons ou tarasques, nos premiers pères adoraient toutes ces bêtes monstrueuses. Leur culte s'est perpétué aux pays d'extrême Orient. La colonie exotique de l'Exposition nous en a fourni maints exemples (Paul Mariéton, La Provence, La Revue félibréenne: publication littéraire franco-provençale, 1890 - books.google.fr).

 

Monstres des eaux, Tarasque de Tarascon, Vouivre du Jura ou d'Irigny, Machecroute lyonnais, Tratte de Condrieu ou Drac de Bourg-Saint-Andéol et de Beaucaire (Jean-Louis Michelot, Sur le Rhône: Navigations buissonnières et autres explorations sensibles, 2020 - books.google.fr).

 

Dans la région du bas Rhône, depuis Avignon jusqu'à Arles, on raconte, volontiers, à la veillée, l'histoire des méfaits du Drac. [...] Il y avait jadis dans le Rhône, un enchanteur, esprit malfaisant ou sorcier, qu'on appelait le Drac. Il avait son palais dans le fond du fleuve, et se repaissait de sang humain (Bérenger Féraud, Etude sur le Drac du Rhône, La Tradition, Tome 2, 1888 - books.google.fr).

 

Dans le Pays de Vaud, comme dans le midi de la France, le peuple fait du Rhône ou de ses affluents aussi impétueux que lui, un monstre, un dragon écumant. En Provence, «le peuple n'a pu se persuader que ce fleuve ne fût qu'un fleuve, il a bien vu que la violence du Rhône était de la colère, et reconnu les convulsions d'un monstre dans ses gouffres tourbillonnants. Le monstre c'est le drac, la tarasque, espèce de tortue-dragon dont on promène la figure à grand bruit dans certaines fêtes. Elle va jusqu'à l'église, heurtant tout sur son passage. La fête n'est pas belle, s'il n'y a pas au moins un bras cassé.» (Michelet, d'après Millin; voy. Hist. de France, II, 62 et les notes). «Dans une partie de nos Alpes centrales, quand on parle d'une inondation subite et désastreuse, causée par un torrent ou une ravine, on dit proverbialement le Dragon est descendu.» (Doy. Bridel, Cons. Suisse, X, 272) (Olivier, Le canton de Vaud: sa vie et son histoire, Tome 2, 1857 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1847 sur la date pivot 1303 (exil des La Cerda en France) donne 759.

 

En 759, Pépin le Bref reprend Narbonne aux musulmans d'al-Andalus qui la contrôlaient depuis 719. Après sept ans de blocus, la ville est livrée par les Goths, qui massacrent la garnison musulmane, puis, ayant obtenu l’assurance de conserver leurs lois et leurs privilèges, se soumettent à Pépin (fr.wikipedia.org - Année 759).

 

Éginhard dit qu'en 773 Charlemagne vint à Genève, cité de Bourgogne. Suivant le continuateur de Frédégaire, Pépin marchant contre Astolfe, en 755, s'était porté, avec toute son armée, dans la Maurienne, en passant par Châlon-sur-Saône et Genève (Adrien de Longpérier, Œuvres réunies et mise en ordre, Tome 5 : Moyen âge et renaissance (1858-1868), 1883 - books.google.fr).

 

Carlistes et révolutionnaires

 

Dans ce quatrain, est retracé un tableau succinct de l’agitation dans une partie de l’Europe sur quelques années.

 

L’accession d‘Isabelle II d’Espagne, fille de Ferdiand VII, au trône en 1833 est contestée par son oncle Don Carlos en vertu de la loi Salique, qui n’est pas traditionnelle dans ce pays. Celui-ci « abdique Â» en 1845 au profit de son fils Charles, qui a un frère, et qui se lance dans la deuxième guerre carliste en 1849. Le lieutenant du prétendant Tristany est rejeté en France.

 

En Suisse (« Leman Â») la ligue des canons catholiques – le Sonderbund – opposée à la Diète fédérale est vaincue à la suite d’une guerre civile en 1847.

 

En Languedoc (« Narbon, Blyterre, d’Agath Â» pour Narbonne, Béziers – dont le nom latin est Baeterra – et Agde – dont le nom grec est Agathé ) les idées républicaines se répandent (« contaminées Â»). « Le pays élisait avec enthousiasme, en 1815, les ultras de la Chambre introuvable. En 1848-1851, au contraire, on y décèle une véritable fermentation républicaine, et les forces de gauche y sont plus compactes, les « rouges Â» plus agissants que dans le reste de la France [1] Â».

 

L'exemple de Clermont-l'Héraut

 

Clermont, deuxième ville du diocèse de Lodève fut un carrefour important pour l'échange des marchandises venues des diocèses proches St-Pons, Agde, Béziers et Maguelone (transféré à Montpellier début XVlème) dont la réunion, plus celui de Lodève, forma en 1790 le département de l'Hérault.

 

La présence à Clermont-l'Héraut de béguins (hommes et femmes pénétrés d'un idéal de pauvreté et d'aide aux démunis) favorisa, peut-être, l'implantation de l'ordre religieux créé par St-Dom inique pour combattre les hérésies et les dérives sectaires. La construction débuta en 1321 année ou des béguins clermontais furent brûlés sur un bûcher à Lunel. Le célèbre inquisiteur Bernard Gui, évêque de Lodève de 1324 à1331 a probablement soutenue l'implantation du couvent. Après les événements de 1848 et le coup d'Etat de décembre 1851 (perpétré par Louis Napoléon qui s'appropria le pouvoir préparant ainsi le passage au Second Empire), l'arrestation d'une trentaine de Clermontais se solda par des remises en liberté (4), et des sanctions : soumission à la surveillance du ministre de la police (9), internement (4), exil en Algérie (appelé transportation) en résidence libre (11) ou en camp (3) (Brigitte Saint Pierre, Clermont-l'Héraut qui es-tu ?, GREC, 2012 - www.etudesheraultaises.fr).

 

Dans la sphère janséniste, les «Béguins de la Loire», liés au groupe fareiniste, partent à l’assaut du Mont Pilat en novembre 1794 pour y fonder la «République de Jésus-Christ» Le groupe convulsionnaire «fareiniste», apparu dans les années 1780 dans les Dombes, et qui s’est reconstitué à Paris sous le Directoire et le Consulat, est le type même d’une «communauté utopique», structurée autour de l’attente du millénium et de la fin des temps (Serge Maury, Une communauté convulsionnaire dans l’attente du millénium : les «Fareinistes» (1783-1805), Révolutionnaires et communautés utopiques (1789-1848), Siècles n° 49, 2020 - journals.openedition.org).

 



[1] Emmanuel Le Roy Ladurie, « Histoire du Languedoc Â», PUF, 1990, p. 106

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