La Bastille

La Bastille

 

IV, 17

 

1790-1791

 

Changer Ă  Beaune, Nuy, Chalons & Digeon,

Le duc voulant amander la Barrée,

Marchant pres fleuve, poisson, bec de plongeon,

Verra la queue : porte sera serrĂ©e.

 

"la Barrée"

 

Avec "Beaune, Nuy, Chalons & Dijon", on est manifestement en Bourgogne. Considérons les langages bourguignons.

 

Issu du latin populaire barra "barre". En Morvan (Chambure), barrĂ© n.m. A Château-Chinon, ce mot dĂ©signe Ă  la fois les gendarmes et les bĹ“ufs dont le pelage est bariolĂ© (Courmont), boeus barrĂ©s. A Arconcey (Mauffre), barrĂ©e. A Château-Chinon (Bogros), le barrĂ© n.m. "Gendarme"; nom des bĹ“ufs. (Dareau), ein vyau barre. A Corvol (AimĂ©), barrĂ© adj.et n. DĂ©signe Ă  la fois les gendarmes, les enfants naturels et les bĹ“ufs dont le pelage est bariolĂ©. S'emploie plus souvent en substantif : la barrĂ©e (vache tachetĂ©e). (Drouillet), le barrĂ© morvandiau : le bĹ“uf du Morvan. A Cosne (Garnault), bârre. A Tannay (Perreau), barĂ©e (Martine Arens Benabdelmalek, Le patois de Chailly-sur-Armançon (CĂ´te-d'Or): aspects dialectologiques et sociolinguistiques (Ă©tude lexicale), 2002 - books.google.fr).

 

Vache : amende du dĂ©lit (Joseph Garnier, Chartes de communes et d'affranchissements en Bourgogne, Tome 3, 1877 - books.google.fr).

 

Vidimus et confirmation, par le duc Philippe-le-Bon, le 26 juin 1436, de la charte de commune accordée par le duc Eudes IV aux habitants de Flagey le 1er janvier 1333.

 

Nous Eudes duc de Bourgoigne, conte d'Artois et de Bourgoigne, palatins et sire de Salins, faisons savoir à tous ces qui verront et ourront ces présentes lettres que pour ce que li mémoire des hommes est tost passée et pour ce que les chouses qui sont faictes selon raison sont traités et ramenées en achoisons des bailliz ne des prévosts, nous es devant dits habitans avons donné et octroyons, donnons et octroyons franchise et liberté qui est tielx. [...]

 

5. De ce rechief nous voulons que lidiz eschevins levoient les perchies selon que ly prodommes de Flaigney ont acoustumé cay en arrière. C'est assavoir d'un chevaul six deniers, d'un beuf quatre deniers, d'une vache deux deniers, et des autres menues bestes ung denier (Joseph Garnier, Chartes de communes et d'affranchissements en Bourgogne, Tome 2, 1877 - books.google.fr).

 

"perchies" : amendes des dĂ©lits des animaux (Inventaire Sommaire Des Archives DĂ©partementales de CĂ´te-d'Or (France) AntĂ©rieures Ă  1790, Tome 1, 1903 - books.google.fr).

 

Flagey-Echézeaux (Flagey lez Gilly) est une commune française située dans le département de la Côte-d'Or en région Bourgogne-Franche-Comté, à proximité de Nuits-Saint-Georges (fr.wikipedia.org - Flagey-Echézeaux).

 

Le 1er janvier 1333, le duc Eudes IV gratifiait ses hommes de Flagey-les-Gilly, village dépendant de la châtellenie d'Argilly, et depuis longtemps converti en lieu de bourgeoisie, d'un échevinage qui les soustrayait à l'omnipotence du prévôt chargé de régir les villages de Vosne et de Vougeot, voisins de Flagey. Les habitants eurent le droit d'élire à la Saint-Jean-Baptiste, quatre échevins investis de l'administration et de la justice totale, sauf les cas de rapt, de vol et de meurtre. Le montant des amendes continua d'être perçu par le prévôt. Les échevins eurent la faculté de recevoir tous étrangers dans leur franchise en payant 5 sols d'entrage. Celle des bourgeois defforains demeura dans les attributions du prévôt. Eudes leur remit les corvées et réduisit le service de l'host à une journée. Pour prix de ces nouvelles franchises, Flagey paya la somme de 240 livres et éleva de 10 à 20 livres le droit de garde qu'il payait annuellement. Flagey clôt la série des communautés dotées dès le principe d'une administration municipale.

 

Bien que les bourgeoisies bourguignonnes des communes pourvues du droit d'attrait fussent accessibles à toute personne, néanmoins comme le prévôt ducal était, sans exception, l'intermédiaire obligé des rapports de toute bourgeoisie avec ses forains, l'action de celle-ci ne dépassait guère la circonscription de chaque prévôté. Châtillon-sur-Seine et Flagey-les-Gilly faisaient seuls exception. La première était ouverte, en dehors des limites du duché, aux hommes de l'Abbaye de Pothières, dont le duc avait la garde, à ceux de la chàtellenie de Laignes, Griselles et Cruzy qui relevaient de son fief. Celle de Flagey comptait des defforains dans toutes les parties du duché et même par delà ses frontières (Joseph François Garnier, Ernest Champeaux, Chartes de communes et d'affranchissements en Bourgogne, Tome 4, 1867 - archive.org).

 

"Changer" : les changeurs en Bourgogne

 

Une ordonnance de Philippe le Bon de 1422 fait des changeurs une institution officielle. Ils recevront commission du duc, prêteront serment à la Chambre des comptes et pourront, moyennant une redevance annuelle de dix francs d'or, exercer leur industrie sur toute l'étendue du duché. Les changeurs avaient repris en partie les opérations auxquelles se livraient Juifs et Lombards (Arthur Jean Kleinclausz, Histoire de Bourgogne, 1909 - books.google.fr).

 

En mai 1422, Philippe le Bon, retour de Flandres, confirmait les nominations de changeurs faites provisoirement par les gens des Comptes en son absence en exécution de l'ordonnance du 10 janvier de l'année précédente. Il ne change rien au dispositif de cette dernière si ce n'est qu'il paraît être revenu sur sa décision d'obliger les changeurs à livrer le billon à la monnaie la plus proche de leur résidence habituelle (ceux-ci avaient en effet parfois l'occasion de le remettre plus tôt à un autre atelier). Mais il ne devait pas tarder à renforcer cette réglementation car les inconvénients d'un seigneuriage trop élevé ne devaient pas tarder à se produire. Les ateliers monétaires ne fonctionnaient pas comme il l'avait espéré. On n'avait pas confiance dans la nouvelle monnaie d'argent, et surtout on en trouvait le cours trop élevé. Les marchands pour éviter les conséquences d'un affaiblissement éventuel ne faisaient plus leurs contrats en sols et en livres de compte, mais stipulaient en paiement un certain poids de billon (on revenait ainsi aux antiques procédés qui avaient précédé l'invention de la monnaie). Les orfèvres, outre qu'ils fraudaient en répandant des objets d'orfèvrerie à un titre très bas, fondaient tout le billon d'or et d'argent qu'ils pouvaient se procurer. (On obligeait les orfèvres à faire leurs objets d'orfèvrerie à un titre élevé.) Quant aux changeurs, ils n'observaient pas les ordonnances, exportaient le billon hors des frontières ou le gardaient chez eux pour le raréfier. D'ailleurs, plusieurs exerçaient le change sans autorisation; des maîtres de monnaies avaient obtenu des lettres de change; or, ces deux fonctions ne sont guère compatibles, car le maître des monnaies pour obtenir un bénéfice appréciable de la frappe a intérêt à acheter le billon le moins cher possible, alors que le changeur a intérêt à le vendre le plus cher possible. L'or devenait de plus en plus rare car il était préféré à l'argent, et, de plus, il était le seul en usage dans les foires pour les contrats faits avec des marchands étrangers. [...]

 

Ordonnance de Philippe le Bon sur les changeurs (B , 11202 N ° 5) :

 

Phelippe, Duc de Bourgoingne, conte de Flandres, d'Artois et de Bourgoingne, palatin, seigneur de Salins et de Malines. A TOUS ceulz qui ces lectres verront, salut.

 

Item voulons et ordonnons que doresenavant seront ordonnez et instituez le nombre de changeurs cy après déclairé , c'est assavoir en nostre ville de Dijon quatre changeurs, en nostre ville de Beaulne trois changeurs, en nostre ville de Chalon trois changeurs, en nostre ville d'Ostun trois changeurs, en nostre ville de Semur deux changeurs, en nostre ville d'Avalon ung changeur, en nostre ville de Montbar ung changeur, en nostre ville de Chastillon deux changeurs, en nostre ville de Nuys ung changeur, à Paroy le Monial ung changeur, à Mont Saint Vincent deux changeurs, à Auxonne trois changeurs, à Verdun ung changeur, à Cuisery ung changeur, à Chaucins ung changeur, à Dôle deux changeurs, à Arbois ung changeur, à Polignj deux changeurs, à Salins quatre changeurs, à Vesoul ung changeur, à Gray ung changeur, à Facoingnj ung changeur, à Mont Justin ung changeur, à Pontallié ung changeur, à Baulmes ung changeur, à Jussey ung changeur, et à Quingey ung.

 

Quant aux ordonnances du duc sur le change elles étaient à peu près lettre morte. Les changeurs qu'il avait institués ne livraient pas aux ateliers les quantités de billon qu'ils avaient promises par serment, sans d'ailleurs dédommager le duc par le versement du seigneuriage correspondant; ils préféraient, après avoir retiré de la circulation les meilleures pièces, les transporter comme billon hors des frontières pour les vendre, par exemple aux célèbres foires de Genève, où on en donnait bon prix. Quant au billon qu'ils livraient aux ateliers du duc, ils faisaient souvent cette livraison à un atelier autre que celui auquel ils devaient.

 

Si les changeurs nommés par le duc s'acquittaient mal de leurs devoirs, ils avaient sans doute une excuse; c'est la concurrence que leur faisaient les changeurs clandestins. Ceux-ci fourmillaient et il n'y avait guère de marchand disposant de quelques facilités qui ne se mêlât de fait de change. Nous rencontrons, dans le compte de la réformation, 68 condamnations prononcées contre des merciers, drappiers, épiciers et marchands divers, pour fait de change (Louis Lièvre, La Monnaie et le change en Bourgogne sous les ducs Valois, 1929 - books.google.fr).

 

Dans la partie du livre consacré à Philippe le Bon, M. Lièvre nous retrace les affaiblissements monétaires, le contre-coup de la guerre civile sur les finances bourguignonnes, les efforts de Philippe le Bon pour ramener un peu d'ordre et d'unité, la crise économique et sociale et la réorganisation qui aboutira à la stabilité quand le Téméraire montera sur le trône ducal (Bibliothèque de l'École des chartes, Volume 94, 1933 - books.google.fr).

 

La pĂŞche

 

La pêche constituait, autrefois, un droit seigneurial comme la chasse. Il était réservé aux hauts justiciers et aux seigneurs de fiefs dans les rivières non navigables qui passaient dans leurs terres. Quant à la pêche dans les rivières navigables, elle appartenait au roi, et les seigneurs ne pouvaient y prétendre qu'en vertu d'un titre particulier. [...]

 

La pêche dans la Saône était sous la surveillance du Gruyer du duc de Bourgogne, qui réprimait les infractions commises. En 1398, Guillaume Bataille, Gruyer du duc dans les baillages d'Autun, Montcenis, Chalon et Charollois, condamna à une amende de soixante-cinq sols des gens qui pêchaient dans la Saône, «en lieu qui estoit de la justice du duc, au grand contempt et mesprisement de Monseigneur.» (Arch. de la Ch. des Comptes.) (Léopold Niepce, Histoire du canton de Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire), Tome 1 à 2, 1875 - books.google.fr).

 

Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon, né le 31 juillet 1396 à Dijon et mort le 15 juin 1467 à Bruges, fils du duc Jean sans Peur, est de 1419 à sa mort le troisième duc de Bourgogne de la maison de Valois, issue de Philippe le Hardi, fils du roi de France Jean le Bon (fr.wikipedia.org - Philippe le Bon).

 

Les gruyers étaient les officiers préposés à l'administration des Eaux et Forêts. Sous les ducs de Bourgogne il y eut tantôt un seul gruyer pour le comté, tantôt un par bailliage. En dehors de leur juridiction générale dans l'étendue de leur bailliage respectif, ces gruyers finirent par avoir quelques sièges déterminés dans certaines localités avoisinant les grandes forêts domaniales. C'étaient Fraisans, Saulx, Faucogney, Gray, Saint-Aubin, la Loye, Poligny (Colonne), Monnet, Montjustin, Châtillon-le-Duc, Gendrey, Dole, Rochefort, Montbozon, Vesoul, Jussey, Ornans, Orchamps, Orgelet, Voiteur, Montrond, Montmirey, Arbois. A ces sièges étaient attachés d'autres officiers, les lieutenant et greffier de la gruerie, etc.. Les gruyers étaient choisis parmi les personnages importants du pays, les Vaudrey, les Rochefort, les Toulongeon. Ils rendaient compte de leur administration comme les autres officiers (Roger de Lurion, Notice sur la Chambre des comptes de Dole, suivie d'un armorial de ses officiers, 1892 - books.google.fr).

 

Il parait, par des lettres du duc Philippe-le-Bon, du 14 mai 1422, qu'on battait monnaie à Chaussin comme à Auxonne, et qu'il y avait une gruerie exercée par le châtelain, que le prince réunit au grand-gruyer du Duché en 1397 (Claude Courtepee, Description generale et particuliere du Duche de Bourgogne, Tome 2, 1847 - books.google.fr).

 

La charge de grand-gruyer ou de grand-veneur était héréditaire dans cette illustre maison. Jean, sire de Saulx, la possédait déjà en 1254. En 1360, un autre Jean de Saulx se qualifiait gruyer de Bourgogne; & jusqu'au XVIe siècle cette charge resta dans la famille (Catherine de Saulx, Vie de très haulte, très puissante et très illustre Dame, Madame Loyse de Savoye: religieuse au Convent de Madame Saincte-Claire d'Orbe (1507), 1860 - books.google.fr).

 

Jehan de Mazilles. Connu pour avoir été écuyer et capitaine-chatelain de Saulx et de Salives des 1429 il fut aussi premier panetier du duc en 1424, gruyer de Bourgogne aux bailliages de Dijon, Auxois et Montagne en 1457, échanson et enfin conseiller du duc Philippe III de Bourgogne (www.archipicture.free.fr).

 

Prendre "Marchant" pour un homme

 

Un dominicain célèbre fut Jehan Marchant , docteur en théologie en la Faculté de Paris , de l'ordre des Frères prêcheurs.

 

Il est vrai que, comme Philippe le Hardi, Jean sans Peur subissait de façon notable l’influence des frères prêcheurs dans les rangs desquels, à l’instar de son père, il choisissait ses confesseurs : le premier en date fut frère Martin Porée, en charge de 1398 à 1408, qui fut élu évêque d’Arras en 1407; le second fut frère Jean Marchant, d’abord socius de Martin Porée, avant d’assumer la charge de confesseur de 1408 à 1419, qui devint évêque de Bethléem le 19 septembre 1412, mort en 1422. Cette influence dominicaine se marquait notamment, à la cour de Bourgogne, dans le domaine de la dévotion, par la célébration solennelle de la fête de saint Dominique (4 août) et de la fête de saint Thomas d’Aquin (7 mars). En ces occasions, le prince faisait des offrandes aux couvents dominicains de la ville où il résidait (Bertrand Schnerb, Un acte de Jean sans Peur en faveur des dominicaines de La Thieuloye (1414), Revue du Nord, 2004/3-4 (n° 356 - 357) - www.cairn.info, Barthélemy Amédée Pocquet du Haut-Jussé, La France gouvernée par Jean Sans Peur: Les dépenses du receveur général du royaume, 1959 - books.google.fr).

 

Depuis le 11 décembre 1422, le siége de Bethleem se trouvait vacant par la mort de Jean Marchant. A la demande de Philippe-le-Bon, Bonne d'Artois, comtesse de Nevers, pria le Souverain-Pontife de placer Laurent Pignon à la tête de notre église. Martin V, par une bulle du 5 mars 1423, ratifia ce choix, et vers le même temps le duc de Bourgogne appela le nouveau prélat à la dignité de membre de son grand conseil (Louis Chevalier Lagenissière, Histoire de l'évêché de Bethléem, 1872 - books.google.fr).

 

"plongeon"

 

Le nom de Plongeon a été donné à un assez grand nombre d'Oiseaux qui ont l'habitude de plonger en poursuivant leur proie. Pour Linné, les Guillemots, les Grèbes, les Grébifoulques, etc., étaient des Plongeons (Columbus). Brisson sépare génériquement les premiers et les seconds; Buffon et Bonnaterre en isolèrent les Grébifoulques. G. Cuvier, tout en adoptant la grande division linnéenne, a cependant admis les coupes qui avaient été proposées par Brisson et Bonnaterre ainsi, pour lui, les Plongeons peuvent être distingués en Grèbes, en Grébifoulques, en Guillemots, en Cæphus et en Plongeons proprement dits (Dictionnaire universel d'histoire naturelle, Tome 10, 1847 - books.google.fr).

 

Michel Laillier

 

Laillier : Aillier, du grec "aleus", pĂŞcheur, avait, dans l'anc. langue, le sens que nous venons d'indiquer :

 

Si comme aigles, ailliers et escoufles. (BOREL, Bible histor., p. 7)

 

En italien alieto et en provenç. aliet (Henri Moisy, Noms de famille normands: étudiés dans leurs rapports avec la vieille langue et spécialement avec le dialecte normand ancien et moderne, 1875 - books.google.fr).

 

ALIET, s. m., aliet, faucon pĂŞcheur.

 

ALIET, autrament dit moysheta, es un petit auzel de rapina (Eluc. de las propr fol. 141) (Aliet, autrement dit mouette, est un petit oiseau de rapine).

 

IT. Alieto. (Raynouard, Lexique roman, ou, dictionnaire de la langue des troubadours, Tome 2, 1836 - books.google.fr).

 

Les mouettes nichent dans les rochers, de mĂŞme que les plongeons : mais ces derniers nichent aussi sur les arbres. Les uns & les autres pondent le plus souvent trois Ĺ“ufs; les mouettes en Ă©tĂ©, les plongeons au commencement du printems (Pline, Histoire naturelle, Livre IX) (Caius Plinius Secundus, Histoire naturelle, Tome 4, 1772 - books.google.fr, Pierre Cabard, L'Etymologie des noms d'oiseaux, 2022 - books.google.fr).

 

LAILLER, LAILLIER (Nom propre). On trouve dans Roquefort: «Allier, oiseau de proie, en latin haliĹ“tus.» (Ce mot haliætus de als, mer, et aetos, aigle, figure dans les Dictionnaires latins-français qui citent Pline pour garant et traduisent: oiseau qui se nourrit de poisson.) Mais pourquoi aillier ne viendrait-il pas d'aquila et ne serait-il pas une simple altĂ©ration de notre mot aigle ? (V. g mouillĂ©) En patois berrichon, on dit aille pour aigle, et pour tout oiseau de grande dimension (cte Jaubert). Ainsi, tout en admettant qu'aillier signifiait oiseau de proie en gĂ©nĂ©ral comme le dit Roquefort, je crois que ce vieux mot, et le nom propre qui en est tirĂ©, veulent dire aigle plus particulièrement. Allier, Lallier, autres noms propres presque semblables que l'on rencontre dans plusieurs provinces, me semblent, jusqu'Ă  plus ample informĂ©, devoir ĂŞtre interprĂ©tĂ©s de la mĂŞme façon (Paul Eugène Robin, Dictionnaire du patois normand en usage dans le dĂ©partement de l'Eure, 1882 - books.google.fr).

 

Paris 1422 et 1436

 

Après la mort de Charles VI, Laillier, l'un de ses exécuteurs testamentaires, prit part à la conspiration de Noël 1422 visant à rendre Paris à Charles VII. Ayant échoué, Michel courut se réfugier près de Philippe le Bon, qui n'avait point voulu quitter sa résidence de Flandres. [...] Quoi qu'il en soit, Michel de Laillier rentra en grâce une seconde fois. De 1422 à 1436, il servit le gouvernement anglais, comme maître des comptes, et prêta le serment du 15 mars.

 

Le 13 avril 1436, de concert avec Michel de Laillier, le connétable de Richemont, de très-grand matin, s'approcha de la capitale.

 

Jean Larcher, lieutenant du prévôt au service des Anglais, reçu à coups de canon par la milice parisienne, se replia sur la Bastille Saint-Antoine. C'est là que Willoughby, l'évêque de Térouanne, les familles anglaises et les derniers agents du gouvernement d'Henri VI, accoururent successivement pour trouver un asile. Environ douze cents personnes, militaires, civiles, religieuses, ou de diverses professions, se réunirent dans cette forteresse. Trois meurtres causèrent presque les seules victimes, que coûta la révolution. Ce résultat remarquable et inespéré fut dû à l'énergique modération du connétable (Auguste Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, roi de France, et de son époque, 1403-1461, Tome 2, 1863 - books.google.fr).

 

En 1422, les portes de Paris resteront fermées au roi Charles VII contrairement à 1436.

 

"la queue"

 

Finir en queue de poisson : finir de façon dĂ©cevante, n'aboutir Ă  rien (Philippe Gaillard, Histoire des expressions populaires françaises, 2016 - books.google.fr).

 

Ce qui est le cas de l'entreprise de Laillier en 1422.

 

En latin, Desinit in piscem. Horace (Art poétique, v. 4) compare une œuvre d'art sans unité à un beau buste de femme dont le corps se terminerait en queue de poisson. Se dit, dans l'application, de toute œuvre dont la fin ne répond pas au commencement (Pierre Larousse, Grammaire littéraire, 1877 - books.google.fr).

 

"bec"

 

Enfin il y a encore en Normandie, près le Pont-Audemer, entre cette Ville & le Pont-Autou, la Paroisse de Saint-Etienne de Laillier, du nom de la Famille des LAILLIERS, Ă  qui l'on croit que cette Terre a appartenu. Quoi qu'il en soit, il est certain que N... DE LAILLIER possĂ©doit, en 1300, des biens confidĂ©rables en cet endroit & au Bourgtheroulde. Il eut pour enfans quatre garçons & deux filles, sçavoir : RICHARD, GILLES, JEAN, GUILLAUME, THOMASE & PERRETTE DE LAILLIER.

 

Suivant une GĂ©nĂ©alogie de cette Famille, dĂ©posĂ©e Ă  la Bibliothèque du Roi, RICHARD DE LAILLIER eut de Jeanne Saclay, son Ă©pouse, Dame d'Aubervillers : MICHEL. Le père de Richard avoit deux freres, l'un Conseiller du Roi & son Avocat en la VicomtĂ© de Valogne; l'autre, appellĂ© PIERRE, alla s'Ă©tablir Ă  Ganat, fut attachĂ© aux Ducs de Bourgogne, & vivoit en 1382. I1 est auteur de la branche de LAILLIER PLESSIS REGNAUD, en Touraine, &, suivant quelques uns, des LAILLIERS, Seigneurs de Fayel en Picardie. Richard lĂ©gua ses biens de Normandie Ă  GILLES & JEAN, ses deux freres.

 

MICHEL DE LAILLIER, I. du nom, Seigneur d'Ermenonville, de la Chapelle, du Vivier & d'Aubervilliers, reçu Maître des Comptes en 1410, Prévôt des Marchands en 1436, donna les plus grandes marques de son attachement aux Rois CHARLES V, CHARLES VI & CHARLES VII (François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Tome 8, 1774 - books.google.fr).

 

L'église paroissiale de Saint-Étienne-l'Allier (XIIe et XIIIe) relevait de l'abbé du Bec (fr.wikipedia.org - Saint-Etienne-l'Allier).

 

Acrostiche : CLMV, clamavi

 

Le paroxysme de l'amour-passion, qui fait flamber le cœur et les sens de l'amant de Jeanne Duval, n'étouffe pas en lui la protestation d'une conscience des plus sensibles à l'appel de la sainteté. De là ce caractère satanique que Baudelaire imprime à certaines de ses incantations - Sed non satiata, Le Possédé, Le Vampire, Madrigal triste. Il ne peut pas ne pas voir dans son état moral une déchéance, où l'Esprit du mal a sa connivence. Simultanément il réclame un secours, il se tourne vers Dieu, il prie, et il paraphrase le psaume CXXIX, celui dont l'Église a fait l'invocation suprême des Trépassés, le De profundis clamavi. Baudelaire a creusé son ensevelissement dans un amer tombeau où se dissout l'amour charnel, cependant que son âme, comme un ange lumineux assis sur le bord de la pierre, lève vers le ciel l'index de la foi. Dans la brute assoupie un ange se réveille, dira-t-il ailleurs (L'Aube spirituelle) (Robert Benôit Chérix, Essai d'une critique intégrale : Commentaire des "Fleurs du mal", 1949 - books.google.fr).

 

Dans un psautier picard de la fin du XIIIe siècle foisonnent les illustrations de «bas-de-page» reprĂ©sentant des couples amoureux. Au folio 20, la position de l'homme en «soupirant», agenouillĂ© devant sa dame, renvoie Ă  la lettrine historiĂ©e du mĂŞme folio, dans laquelle un personnage en prière adopte une attitude similaire. La lecture du psaume 20 confirme la relation formelle existant entre les deux illustrations du folio, et en prĂ©cise l'origine Ă  travers ces quelques mots du quatrième verset : «desiderium cordis eius». La transposition du verset dans le registre profane pourrait ĂŞtre accidentelle si elle ne se rĂ©pĂ©tait dans le manuscrit. Au folio 158v, les supplications dĂ©votes de l'homme Ă  genoux devant sa dame sont en effet liĂ©es au psaume 129 dont elles constituent la pĂ©riphrase profane : «De profundis clamavi ad te Domine.»

 

Notons que ces scènes galantes subordonnent presque, ici, le sens sacré au sens profane, voire érotique. Le spectateur moderne est étonné par cette ironie qui ébranle au moins ponctuellement l'autorité du texte biblique. Ce parallélisme évident entre le sacré et le profane, ce modus operandi qui donne un sens érotique à un verset ou à une partie d'un verset du psautier, correspondrait d'ailleurs, en termes linguistiques, à la polysémie (Markus Müller, Fonctions du profane et du «ridiculum» dans l’enluminure médiévale. In: Histoire de l'art, N°29-30, 1995 - www.persee.fr).

 

La fable d'Aesacus telle que la dĂ©veloppe Ovide (MĂ©tamorphoses), est la suivante :

 

Ésaque, fils de Priam, n'aimait que la nature et vivait hors de la cour de son père. Mais il devint amoureux de la nymphe Hespérie, fille de Cébrène. Celle-ci, fuyant Ésaque qui la poursuivait, imite Eurydice en mettant le pied sur un serpent et "elle cesse en même temps et de fuir et de vivre" (XI, 777). Alors, Ésaque se jette d'un rocher (murus ) dans la mer. Téthys va avoir pitié de lui (miseratio) et le couvrir de plumes - ce qui l'empêche de se noyer. Furieux, il recommencera plusieurs fois (saepius hoc faceret). Amaigri, "il lui reste un long cou et une longue distance sépare la tête et son corps; il aime la mer; le nom qu'il porte encore indique qu'il ne cesse de s'y plonger". (794-795; trad. G. Lafaye.). D'où son nom mergus [plongeon].

 

Le plongeon est un oiseau palmipède Ă  long bec droit qui plonge Ă  la recherche des poissons (Philippe Dain, Mythographe du Vatican II. Traduction et commentaire. Besançon : Institut des Sciences et Techniques de l'AntiquitĂ©, 2000 - www.persee.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1790 sur les dates pivot 1422/1436 donne 1054/1082.

 

En février 1054 a lieu la bataille de Mortemer en Normandie. Guillaume le Conquérant vainc Henri Ier de France (fr.wikipedia.org - Année 1054).

 

En septembre 1082, le Vexin passe au Domaine royal français sous le roi des Francs Philippe Ier Ă  la mort de son dernier comte Simon, moine depuis 1077. Cette annexion ne fut pas du goĂ»t des ducs de Normandie : la rĂ©gion connaĂ®t des invasions en 1087, 1094, 1097-1098 et 1124 (fr.wikipedia.org - AnnĂ©e 1082).

 

Histoire de la Bastille

 

BASTILLE, nom de beaucoup de forteresses au moyen âge, a désigné spécialement celle fondée par Charles V, et finie par Charles VI, 1370 à 1382 au N.-E. de Paris, à l'entrée du faub. Saint-Antoine. Elle se composait de 8 tours rondes, très hautes, jointes par des massifs de même dimension, et était entourée d'un fossé marécageux revêtu de murailles. Elle faisait partie des fortifications de Paris. Les Anglais, battus par Charles VII, s'y réfugièrent, 3 avril 1436; BussyLeclerc y enferma le parlement, 1588; Henri IV y mit son épargne, et en donna le gouvernement à Sully; les frondeurs l'occupèrent du 13 janv. 1649 au 21 oct. 1651; enfin, au combat de la Porte-Saint-Antoine, 1652, le canon de la Bastille sauva seul Condé. La Bastille servit surtout de prison d'Etat. H. Aubriot, son fondateur; Jacques d'Armagnac, Chabot, Poyet, Anne Dubourg, Biron, Bassompierre, d'Ornano, Bussy-Rabutin, Lemaistre de Sacy, Fouquet, Pélisson, Voltaire, Marmontel, Latude, La Bourdonnais, Linguet, La Chalotais, etc., y furent enfermés. Mais, au XVIIe siècle, les prisonniers qu'on y envoyait, grands seigneurs ou gens de lettres, y menaient une existence assez douce et même assez agréable. Le 14 juillet 1789, le peuple de Paris envahit et rasa la Bastille son emplacement, en face de l'Arsenal, est occupé auj. par le bassin du canal Saint-Martin. (V. Histoire de la Bastille, par Arnould, A. de Pujol et A. Maquet, 1844, et l'excellent travail de M. Ravaisson, Hist. de la Bastille, 1866.) (Charles Dezobry, Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, 1895 - books.google.fr).

 

Pour le combat de la Porte Saint Antoine en 1652 cf. le quatrain II, 25 - La Fronde - 1649-1650.

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