Louise de Bourbon, petite-fille de Charles X

Louise de Bourbon, petite-fille de Charles X

 

IV, 78

 

1836

 

La grande armée de la pugne civile

Pour de nuict Parme à l'estrange trouvée :

Septante neuf meurtris dedans la ville :

Les estrangers passez tout à l'espée.

 

Colonide Lyon nous montre que dès 1581 (BL, C 40 C41 (1)), l'on pouvait trouver des quatrains appartenant à la fin de la centurie IV dans son "Almanach et amples prédictions pour 1582 avec un remède singulier contre la Peste" paru à Paris chez Claude Montr'oeil, et utilisant à deux reprises, en page de titre et en dernière page une vignette typiquement nostradamique : un personnage assis à sa table désignant une sphère et des luminaires apparaissant conjointement par la fenêtre. Examinons donc les emprunts que Coloni effectuait en 1581 - pour paraître l'année suivante - aux éditions existantes des Prophéties de Michel de Nostredame, dix ans après le témoignage de Crespin, dans les Prophéties dédiées à la Puissance Divine de 1572. L'ouvrage suit docilement le modèle nostradamien des almanachs: chaque mois du calendrier débute par un quatrain mais il ne comporte pas de treizième quatrain introductif. Nous ne relèverons que quelques cas: ainsi pour juin, l'on trouve en exergue "Dedans les Isles si horrible tumulte / Rien on n'orra qu'une bellique brigue / Tant grand sera des prélateurs l'insulte / Qu'on se viendra ranger en la grande ligue". Pour le mois de novembre 1582, on lit: "L'armée de la pugne civile / Pour de luy prins à l'estrange trouvée / Septante neuf meurtris dedans la ville / Les estrangers passent tous à l'espée". C'est le quatrain 78 de la Quatrième centurie avec quelques variantes (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 - books.google.fr).

 

Typologie

 

À la mort de Marie-Louise, veuve de l'empereur Napoléon Ier, le duché de Parme repasse à la Maison de Bourbon-Parme, conformément au traité de Paris. Le chef de la famille est alors Charles-Louis, fils de l'ancien roi Louis Ier d'Étrurie, duc de Lucques depuis 1824. Lui et son fils, Ferdinand-Charles qui montera sur le trône sous le nom de Charles III de Parme en août 1849 et sera assassiné en 1854, doivent naviguer entre l'Autriche qui soutient les légitimistes conservateurs, et les Piémontais.

 

Avant son départ en abandonnant le pouvoir en 1848, Charles II avait confié sa femme et sa belle-fille à l'honneur de ses sujets : la première gravement malade, la seconde, enceinte de sept mois, n'avaient pu le suivre. Restés maîtres de la ville, les membres du gouvernement provisoire, oubliant les égards et le respect que l'on doit même à de simples femmes, abreuvent d'humiliations les princesses que le duc a mises sous leur protection; ils leur refusent des choses indispensables à la vie, et les relèguent dans les plus sombres réduits du palais, jusqu'au jour où, pour se débarrasser du soin de veiller sur elles, ils les forcent à quitter leur capitale. Ce fut dans un cabriolet découvert, la nuit, par une pluie d'orage, que la jeune princesse, Louise de Bourbon, sœur du comte de Chambord, dut, malgré sa grossesse avancée, s'enfuir pour aller chercher un asile en Toscane (Aloys Perrault-Maynand, L'Italie contemporaine au tribunal de l'histoire et du droit, 1860 - books.google.fr).

 

Louise Marie Thérèse d’Artois (en italien, Luisa d’Artois), petite-fille de France, est une princesse de la famille royale de France, née à Paris, dans le palais de l’Élysée le 21 septembre 1819 et morte à Venise le 1er février 1864, fille de Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry et de Caroline de Naples et de Sicile. En 1845, déjà âgée de 26 ans, Louise ne représente aucun avantage politique (au contraire) ; elle est tout de même mariée à son cousin le futur duc Charles III de Parme. À l’époque, les duchés de Parme et de Plaisance ayant été remis en viager à la veuve de Napoléon Ier, l’impératrice Marie-Louise, par le congrès de Vienne, le père de Charles règne sur le minuscule duché de Lucques. Marie-Louise d’Autriche décédant deux ans plus tard, les Bourbon-Parme retrouvent leurs duchés patrimoniaux, mais le beau-père de Louise, le duc Charles II de Parme, doit bientôt abdiquer face à la pression populaire. Le mari de Louise accède donc au trône en 1849, mais est assassiné cinq ans plus tard. Louise devient régente pour son fils Robert Ier de Parme. En 1859, la famille ducale est chassée par les armées du roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne vainqueur à la bataille de Magenta. Après un référendum, les duchés de Parme et de Plaisance sont rattachés au nouveau royaume d’Italie. Dans une note officielle, Louise protesta et affirma que le référendum était truqué. Elle meurt en exil cinq ans plus tard (fr.wikipedia.org - Louise d'Artois).

 

Quand surgirent les événements de 1859, l'agitation fut universelle. Les Parmesans furent des premiers à prendre part à l'émotion générale, ils demandèrent à s'unir aux Piémontais et à combattre à côté d'eux l'éternel ennemi de l'Italie. La régente ne voulut pas céder à ce vœu légitime, et un mouvement insurrectionnel la força à quitter Parme. Princesse étrangère, Louise de Bourbon n'avait pas compris la haine patriotique qu'inspire dans toute la Péninsule la domination allemande; mais elle se souvint assez qu'elle avait été souveraine italienne pour ne pas demander, comme les ducs de Toscane et de Modène, un asile à l'Autriche. Elle se réfugia en Suisse avec son fils. Les Parmesans ont voué à leur dernière duchesse des sentiments de profonde estime; mais parmi eux il n'est pas un parti qui désire la restauration d'un état de choses qui rendrait impossible l'existence de la grande patrie italienne (Jules Logerotte, Six mois en Italie en 1863: de Palerme à Turin, 1864 - books.google.fr).

 

Charles X n'est plus. Soixante ans de malheurs ont paré la victime ! Trente années d'exil : la mort à soixante-dix-neuf ans - en terre étrangère ! Afin qu'on ne pût douter de la mission de malheur dont le Ciel avait chargé ce prince ici-bas, c'est un fléau qui l'est venu chercher. Charles X a retrouvé à son heure suprême le calme, l'égalité d'âme qui lui manquèrent quelquefois pendant sa longue carrière. Quand il apprit le danger qui le menaçait, il se contenta de dire : « Je ne croyais pas que cette maladie tournât si court. » (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, Tome 5, 1850 - books.google.fr).

 

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