La vision bienheureuse IV,
31 1801 La Lune au plain de nuict sur le haut mont, Le nouveau sophe d'un seul cerveau la veu: Par ses disciples estre immortel semond, Yeux au midy, en seins mains corps au feu. Les manuscrits E (1533, Escorial, Florence, Saint Gall) de la Sedacina, oeuvre alchimique du carme catalan Guillaume Sedacer, donne "kamat" pour "qamar" ou "kamar" qui dĂ©signe l'argent et la lune (Pascale BarthĂ©lemy, L’œuvre alchimique de Guillaume Sedacer, Édition et Ă©tude, 2002 - theses.chartes.psl.eu). (Pascale BarthĂ©lemy, La sedacina, ou L'oeuvre au crible, Tome 1 : Études et outils, 2002 - books.google.fr).On sait que John Dee possĂ©dait un manuscrit de la Sedacina et qu'il a citĂ© une phrase de ce traitĂ© dans la dĂ©dicace de sa Monas hieroglyphica (1564) (Didier Kahn, Quelques parodies mordantes de l'alchimie, Rire Ă la Renaissance, 2010 - books.google.fr). Tout au long d'Alector, Aneau multiplie les allusions alchimiques et astrologiques : la double naissance d'Alector qui sort d'abord d'un Ĺ“uf, la prĂ©sence du basilic, la frĂ©quence des serpents, le symbolisme des couleurs et les nombreuses rĂ©fĂ©rences aux mĂ©taux, aux pierres prĂ©cieuses... MalgrĂ© l'ambiguĂŻtĂ© de l'instance narrative de ce roman, quelques indices tendent cependant Ă montrer que l'humaniste regardait d'un Ĺ“il satirique les pratiques alchimiques et astrologiques : ici, c'est un commentaire ironique sur le "langage caballistic" d'un cheval; lĂ , l'Ă©numĂ©ration dĂ©jĂ citĂ©e des arts du mensonge; ailleurs, la mise en scène d'un personnage nĂ©gatif qui paraĂ®t ĂŞtre une caricature d'alchimiste (Mammon). En fait, c'est avant tout la surcharge des rĂ©fĂ©rences alchimiques et astrologiques qui permet Ă Aneau une critique indirecte (Pierre Servet, BarthĂ©lemy Aneau lecteur de Rabelais ?, Etudes rabelaisiennes, 1993 - books.google.fr). La première chronologie de la Lettre Ă Henry fait remonter le monde Ă -4757, ce qui fait le dĂ©but du septième millĂ©naire Ă 1242, Ă©poque du "second AntĂ©christ" FrĂ©dĂ©ric II de Hohenstauffen. La durĂ©e de l'ensemble des 942 quatrains datĂ©s de 1558 Ă 2251 donne 693 annĂ©es. Le cerveau et la lune Hildegard de Bingen compare le cerveau au soleil et le coeur Ă la lune, suivi par Paracelse. Selon le Rig-Veda, dans le dĂ©membrement de l'Homme cosmique (Purusa), «la lune naquit de sa pensĂ©e». Ce qui confirme la correspondance astrologique traditionnelle entre la Lune et le cerveau. Entre la Nouvelle Lune (conjonction du soleil et de la lune) et la Pleine Lune (opposition du soleil et de la lune) Hildegarde de Bingen considĂ©rait les phases lunaires en relation avec l'Ă©tat du cerveau humain : «Lorsque la lune est pleine, le cerveau lui aussi goĂ»te la plĂ©nitude, et l'homme est sensĂ©. A la nouvelle lune, le cerveau se vide, et l'homme aussi est quelque peu vide de sens». Cela pourra Ă©tonner certains astrologues redoutant les «oppositions» et prĂ©fĂ©rant les conjonctions, mais l'avantage des oppositions planĂ©taires, oĂą l'on sĂ©pare pour mieux rĂ©unir, rĂ©side dans la clartĂ© alors que les conjonctions rendent bien souvent floues, suivant leur nature, les parties jointes (Daniel Giraud, MĂ©taphysique de l'astrologie, 1988 - books.google.fr). Paradis terrestre, lune et montagne Le plan du De natura rerum d'Alexandre Neckam (1157-1217) suit une orientation cosmologique, son intention d'atteindre la connaissance sert Ă Ă©lever l'âme du lecteur vers Dieu (StĂ©phane Schuler, Dans l'eau sous l'eau, Dans l'eau, sous l'eau: le monde aquatique au moyen âge, 2002 - books.google.fr). Alexandre Neckam Ă©crit que le paradis terrestre sis au sommet d'une montagne atteignant la lune, ce qui l'a soustrait au DĂ©luge; concentration de richesses, d'agrĂ©ments, de beautĂ©s (Pierre BĂĽhler, PrĂ©sence, sentiment et rhĂ©torique de la nature dans la littĂ©rature latine de la France mĂ©diĂ©vale de la fin de l'antiquitĂ© au XIIe siècle, Tome 2, 1995 - books.google.fr). Des ouvrages qui parlent du Paradis terrestre, on peut citer les Etymologies d’Isidore de SĂ©ville, les Quaestiones super Genesim et l’Hexameron de Bède, le De Universo de Raban Maur, le De imagine Mundi d’Honorius d’Autun, le De situ terrarum attribuĂ© Ă Hugues de Saint Victor, l’Historia scolastica de Pierre le Mangeur, l’Iter ad Paradisum d’Alexandre et sa version française, l’Image du monde de Gossouin de Metz, le Livre du trĂ©sor de Brunetto Latini, le Devisement du monde de Marco Polo, le Livre de Jean de Mandeville, le Voyage de Jean de Hese, le Pèlerinage d’Arnold van Harff et l’Imago mundi de Pierre d’ailly. La montagne du Paradis n’est pas une invention de Dante; dans son Commentaire sur EzĂ©chiel, Saint JĂ©rĂ´me affirme : "Et posui, inquit, in monte Sancto Dei, haud dubium qui paradisum significat;" Il Ă©voquait alors un passage de l’EpĂ®tre aux HĂ©breux sur le Mont Sion. Mais la confusion est facilement Ă©tablie entre les montagnes saintes. Toute haute montagne apparaĂ®t quelque peu sacrĂ©e, n’atteint-elle pas le pur air, au dessus des zones troubles de notre atmosphère ? C’est bien ainsi que la voit encore Pierre d’Ailly : "Le Paradis terrestre, au dire d’Isidore, de Jean Damascène, de Bède, de Strabon et du maĂ®tre des Histoires est un lieu agrĂ©able, situĂ© dans certaines rĂ©gions de l’Orient, Ă une longue distance par terre et par mer de notre monde habitĂ©; il est tellement Ă©levĂ© qu’il touche Ă la sphère lunaire et l’eau du DĂ©luge n’y parvint pas. Il ne faut pas entendre par lĂ qu’en vĂ©ritĂ© le Paradis atteignait le cercle de la Lune : il s’agit ici d’une expression symbolique qui signifie simplement que son altitude par rapport au niveau de la terre basse est incomparable, et qu’elle atteint aux couches d’air calme qui dominent notre atmosphère troublĂ©e oĂą aboutissent les Ă©manations et les vapeurs, qui forment comme dit Alexandre un flux et un reflux vers le globe humain." Après avoir donnĂ© son opinion sur l’équivalence a principio, ad orientera, Petrus Comestor continue : "C’est un lieu très agrĂ©able, sĂ©parĂ© de notre zone habitable par un long espace de terre et de mer et si Ă©levĂ© qu’il atteint le cercle de la lune, de sorte que les eaux du DĂ©luge n’y sont pas parvenues." (Christiane Deluz, Le paradis terrestre, image de l’Orient lointain dans quelques documents gĂ©ographiques mĂ©diĂ©vaux. In : Images et signes de l’Orient dans l’Occident mĂ©diĂ©val, 1982 - books.openedition.org). La situation du Paradis terrestre au sommet de la montagne du Purgatoire est une «invention» de Dante. Il faut imaginer qu'au «moment» de la crĂ©ation, il Ă©tait au centre de l'hĂ©misphère sud, mais que lors de la chute de Lucifer, quand la terre qui sera habitĂ©e s'est «rĂ©fugiĂ©e» dans l'hĂ©misphère nord et que le Purgatoire s'est formĂ© dans l'hĂ©misphère sud (Enfer) (François MĂ©groz, Lire La Divine comĂ©die de Dante, Tome 2, 1994 - books.google.fr). Dante s'Ă©tant purifiĂ© est introduit dans le Paradis terrestre. Il y voit la reine Matilde. BĂ©atrix se prĂ©sente voilĂ©e; Dante la reconnoĂ®t Ă l'impression qu'elle faite sur son ame; il reçoit d'elle d'assez sĂ©vères reproches; cependant, elle consent Ă remplacer Virgile et Ă le guider vers le Paradis. Elle l'invite Ă faire une confession gĂ©nĂ©rale, après laquelle il s'endort au sein d'une musique mĂ©lodieuse (Paul Edouard Colbert d'Estouteville, La divine comĂ©die de Dante Alighieri, 1796 - books.google.fr). Jean de Mandeville parle aussi dans ses Voyages d'une Ă®le dont une montagne atteint presque la lune et au sommet de laquelle se trouve le paradis (Georges Minois, L'Ă‚ge d'or: Histoire de la poursuite du bonheur, 2009 - books.google.fr). Selon la Salade d'Antoine de la Sale (1442) : "le Paradis terrestre est la tĂŞte de la terre en raison de son extreme hauteur" (S. Jouty, Connaissance et symbolique de la montagne chez les Ă©rudits mĂ©diĂ©vaux. In: Revue de gĂ©ographie alpine, tome 79, n°4, 1991 - www.persee.fr). Dans le Commentaire sur les Psaumes, variation Ă©crite vers 1484 par Jacop Perez di Valenzia Ă partir de sources antĂ©rieures, le texte consacrĂ© au Psaume 103, 5-9, Ă©voque la «Montagne de la Lune» au sommet couvert de neige et entourĂ© de nuages d'oĂą, au centre du paradis, coule le fleuve de vie (Nadeije Laneyrie-Dagen, L'invention de la nature : les quatre Ă©lĂ©ments Ă la Renaissance ou le peintre premier savant, 2008 - books.google.fr). Il a fait la lune pour marquer les temps, le soleil connaĂ®t son coucher (Psaume 103, 19). ExĂ©gèse inattendue du psaume 103, verset 4 par Bernardin de Laredo : «Qui facis angelos, tuos spiritus» : les esprits des Ă©lus jouiront un jour de la vision bĂ©atifique tout comme les anges; «et ministros tuos ignem urentem» : ces ministres sont les corps des justes qui ressusciteront Ă la fin du monde (Fidèle de Ros, Un inspirateur de sainte ThĂ©rèse: le frère Bernardin de Laredo, 1948 - books.google.fr). Neckam et Dante Alexandre Neckam parle des "jours d'emprunts" que fait un mois du calendrier Ă un autre lors du passage de l'hiver au printemps. La tradition populaire possède aussi cette variante : elle se prĂ©sente dans un conte bergamasque citĂ© par M. PĂtrĂ© et, d'après lui, par M. Shaineanu, oĂą c'est un merle qui remplace le berger ou la vieille du plus grand nombre des versions. Le conte des jours d'emprunt Ă©tait donc connu dès la fin du XIIe siècle au moins en Angleterre, et probablement en France aussi, car Alexandre Neckam avait Ă©tudiĂ© et mĂŞme enseignĂ© en France. On pourrait citer ici le passage bien connu de Dante (Pur g., XIII, 122) : O mai piĂą non ti temo; Come fa il merlo... (Paul Meyer, Les jours d'emprunt, d'après Alexandre Neckam. In: Romania, tome 26 n°101, 1897 - www.persee.fr). Cf. le quatrain IV, 44 - Le Concile de Paris - 1810-1811. Alexandre Neckam consacre un chapitre du De naturis rerum aux Sept Arts et dĂ©termine leur place symbolique dans l'Univers. Adoptant l'ordre planĂ©taire du TimĂ©e, il place la grammaire dans la Lune, la dialectique dans le Soleil, la RhĂ©torique dans Mercure, l'arithmĂ©tique dans VĂ©nus, la musique dans Mars, la gĂ©omĂ©trie dans Jupiter, l'astronomie dans Saturne. En ce qui concerne les Arts, c'est l'ordre mĂŞme suivi par Dante dans le Convivio, ordre conforme Ă celui de Cassiodore dans les Institutiones, avec cette diffĂ©rence que pour Alexandre Neckam comme pour Dante, RhĂ©torique vient après Dialectique ainsi que l'indique Martianus Capella. Alexandre donne le motif de cette comparaison : De mĂŞme que les sept planètes illuminent le monde, les Arts libĂ©raux ornent et fortifient toute science. Et, de façon plus frappante dans le poème de Neckam De laudibus Divinae Sapientiae faisant partie du De naturis rerum, qui est un «miroir du monde» crĂ©Ă© et gouvernĂ© par la Sagesse de Dieu : Les Arts libĂ©raux sont les sept lumières de l'Univers. Cette conception du rĂ´le des sciences qui justifie une telle similitude nous paraĂ®t plus proche de la pensĂ©e de Dante que les autres parallèles indiquĂ©s par les savants annotateurs du Convivio, Busnelli et Vandelli, et par Mlle H. Wieruzowski (Marie-ThĂ©rèse d'Alverny, Etudes sur le symbolisme de la Sagesse et sur l'iconographie, 1993 - books.google.fr). "sophe" : Dante philosophe Je dis donc que jadis en Italie, non loin de l'Ă©poque de la fondation de Rome, c'est-Ă -dire environ sept cent cinquante ans avant la venue de notre Sauveur, selon ce qu'Ă©crit Paul Orose, - Ă peu près en mĂŞme temps que Numa Pompilius, second roi des Romains, vivait un très noble philosophe qui s'appela Pythagore. Qu'il soit de cette Ă©poque, il me semble que Tite Live en dit quelque chose incidemment dans la première partie de son ouvrage. Jusqu'Ă lui ceux qui s'occupaient de science n'Ă©taient pas appelĂ©s philosophes mais savants, comme le furent ces sept sages très anciens, dont les gens donnent encore les noms fameux : le premier d'entre eux eut pour nom Solon, le second Chilon, le troisième PĂ©riandre, le quatrième ClĂ©obule, le cinquième Linde, le sixième Bias, et le septième Priène. Ce Pythagore, comme on lui demandait s'il s'estimait sage, repoussa de lui ce vocable et dit qu'il Ă©tait non point sage mais amant de la sagesse. De lĂ naquit l'usage d'appeler «amant de la sagesse», c'est-Ă -dire philosophe celui qui s'applique Ă Ă©tudier la sagesse; car en grec «philos» traduit le latin «amour»; nous disons donc «philos» comme amour, et «sophos» comme sage. On peut voir ainsi que ces deux mots composent le nom de «philosophe», qui veut dire ni plus ni moins que «amant de la sagesse»; et l'on doit noter ainsi que c'est un nom non d'arrogance, mais d'humilitĂ©. Cette diffĂ©rence entre Sage et Philosophe, ami de la Sagesse, en marche vers la Sagesse, est celle qui est bien connue dans l'Ă©sotĂ©risme de l'Islam. On sait en effet que le terme Soufi signifie le «Sage», celui qui possède la Sagesse, mais qu'aucun membre de ces confrĂ©ries constituant le soufisme ne porte ce nom; n'ayant pas la prĂ©tention d'avoir atteint ce degrĂ© suprĂŞme, ils se disent mutaçawwuf, c'est-Ă -dire «à la recherche, en marche vers la Sagesse» celle-ci consistant à «connaĂ®tre par Dieu», ce qui est impossible Ă l'homme puisque "Il ne peut ĂŞtre connu que par lui-mĂŞme" (Dante Alighieri, Le Banquet, il Convivio, traduit par Philippe Guiberteau, 1968 - books.google.fr). Dante (1265 - 1321) est contemprain de Jean XXII (1244 - 1316 - 1334). Les plus beaux gĂ©nies italiens s'inclinent devant ce gĂ©nie fraternel et leur aĂ®nĂ©: Boccace, Villani, Marsile Ficin, Paul Jove, Varchi, Gravina, Tiraboschi ont saluĂ© Dante du nom de philosophe. Et l'opinion unanime se formulant en un vers devenu proverbial, l'a proclamĂ© tout ensemble le docteur des vĂ©ritĂ©s divines, et le savant Ă qui rien n'Ă©chappa des choses humaines : Theologus Dantes, nullius dogmatis expers (Ă©pitaphe de Dante par Giovanni del Virgilio) (FrĂ©dĂ©ric Ozanam, Dante et la Philosophie catholique au treizième siècle, 1840 - books.google.fr). La Monarchie de Dante est le plus rigoureux exposĂ© de philosophie politique antipontificale du XIVe siècle (Histoire de la philosophie, 2019 - books.google.fr). Avant la vision bĂ©atifique de Dieu, la connaissance de Dieu par la foi reste plus parfaite que la connaissance philosophique, radicalement distincte de celle de la vision, encore qu'elle y achemine. Le Dieu de la foi se distingue du Dieu de la raison; il n'est pas non plus le Dieu de la vision (Marie-Madeleine Davy, Theologie et mystique chez Guillaume de Saint-Thierry, Tome I : la connaissance de Dieu, 1954 - books.google.fr). "cerveau" : le cerveau chez Dante Au Chant XXXIII du Purgatoire, Dante insiste sur la force de l'imagination en action et sur le pouvoir de l'image. BĂ©atrice au chant XXX annonce en prophĂ©ties obscures l'avènement d'un restaurateur du pouvoir impĂ©rial. L'esprit de Dante en est confus et BĂ©atrice lui reproche la "pĂ©trification" de son cerveau (Enrico Fenzi, Purgatoire XXXIII, 85-86 l'"Ă©cole" et la "doctrine", Dante et l’averroĂŻsme, 2019 - books.google.fr). Ici, l'intellect de Dante est dĂ©faillant parce qu'il est devenu dur comme de la pierre (impetrato). Le cerveau ne peut recevoir aucune «impression» et il s'obscurcit. Est-ce l'obscuritĂ© du trou de mĂ©moire ? La couleur sombre apparaĂ®t comme un des signes rĂ©vĂ©lateurs de la mĂ©lancolie. Le visage de Dante est «tinto», c'est-Ă -dire que l'aspect sombre de son visage trahit l'apathie mentale dont il est atteint. Inquiète de voir son fidèle «pĂ©trifié», comme empĂŞchĂ© dans ses fonctions mnĂ©moniques, BĂ©atrice a recours Ă l'image (le dipinto), car elle sait que l'image imprimera bien mieux le cerveau du poète (L. De Poli, De la mĂ©lancolie Ă la jubilation ou les limites de la mĂ©moire dans la Commedia, Chroniques italiennes, NumĂ©ros 55 Ă 57, 1998 - books.google.fr). Dante rĂ©pond Ă BĂ©atrice : "Et moi : Comme la cire prend sans jamais la dĂ©former l'image que le sceau a sur elle imprimĂ©e, ainsi mon cerveau a reçu votre empreinte imprimĂ©e dans la cire". Le poète, qui vient d'ĂŞtre plongĂ© dans le fleuve de l'oubli par Matelda, rĂ©pond ainsi Ă BĂ©atrice : E io : «Sì come cera da suggello, che la figura impressa non trasmuta segnato è or da voi lo mio cervello». L'empreinte de l'image transmise par BĂ©atrice a marquĂ© de manière indĂ©lĂ©bile la mĂ©moire de Dante; il pourra alors rapporter le message aux vivants (L. De Poli, De la mĂ©lancolie Ă la jubilation ou les limites de la mĂ©moire dans la Commedia, Chroniques italiennes, NumĂ©ros 55 Ă 57, 1998 - books.google.fr). La divina commedia renferme des donnĂ©es sur la biologie de l'âme que Dante a dit devoir Ă Publius Papinius Statius qui a vĂ©cu au cours du premier siècle (env. 40 – env. 96) : Dieu ajoute ensuite l'âme chrĂ©tienne Ă l'embryon lorsque le cerveau est formĂ© et toutes les âmes se fondent alors en une seule, l'âme humaine (Purgatoire, chant XXV) (Hendrik Cornelius Dirk De Wit, Histoire du dĂ©veloppement de la biologie, Tome 3, traduit par A. Baudière, 1992 - books.google.fr). A la fin du chant XXVIII de l'Enfer, Dante nous montre Bertrand de Born condamnĂ© Ă porter sa tĂŞte Ă la main comme une lanterne, et lui fait expliquer ainsi son supplice : «Parce que je sĂ©parai des personnes aussi unies (que le roi d'Angleterre et son fils), je porte mon cerveau sĂ©parĂ©, hĂ©las ! de son principe qui est dans ce tronc. Ainsi s'observe en moi la peine du talion.» (LĂ©on ClĂ©dat, Du RĂ´le historique de Bertrand de Born (1175-1200), 1878 - books.google.fr). "nuit" Dante et Virgile mettent trois journĂ©es Ă gravir la montagne, une nuit et un jour leur avaient suffi pour parcourir l'Enfer. D'autre part, la base du Purgatoire est peu Ă©tendue, car Dante l'appelle une «petite Ă®le» (Purg. I, 100), ce qui n'empĂŞche pas le Paradis terrestre, situĂ© au sommet d'avoir des proportions fort respectables (Henri Hauvette, Études sur la Divine comĂ©die: la composition du poème, et son rayonnement, 1922 - books.google.fr). Dante, paradis terrestre et paradis cĂ©leste Est-il possible d'atteindre Ă une fĂ©licitĂ© parfaite en cette vie, ou toute bĂ©atitude relève-t-elle de la vie après la mort ? Pour saint Thomas, il n'y a qu'une seule bĂ©atitude vĂ©ritable, et c'est celle qui attend l'homme après la mort, la bĂ©atitude cĂ©leste des Bienheureux contemplant la Lumière divine au Paradis. Il est certes possible selon lui de parler d'une «bĂ©atitude terrestre», mais celle-ci ne peut recevoir cette dĂ©nomination que par homonymie, et il faut plutĂ´t dire qu'il s'agit lĂ d'une «certaine participation de la bĂ©atitude [...] mais non la bĂ©atitude vraie et parfaite». S'inspirant d'Augustin, Thomas conteste donc que l'on puisse affirmer que la fĂ©licitĂ© de l'homme en cette vie soit autre chose qu'un degrĂ© particulier du bonheur, sans commune mesure avec le Bonheur vĂ©ritable; mais cette idĂ©e se trouve critiquĂ©e par Dante dans la Monarchia. Ce dernier montre que l'homme s'oriente selon une double finalitĂ©, terrestre et cĂ©leste, et que cette duplicitĂ© le conduit Ă chercher la bĂ©atitude en cette vie, tout en espĂ©rant une bĂ©atitude diffĂ©rente et plus parfaite dans l'autre monde. Cependant, si la fĂ©licitĂ© de la contemplation de Dieu par les Bienheureux est le Bien suprĂŞme que l'homme peut espĂ©rer, cela ne dĂ©valorise pas pour autant la fĂ©licitĂ© qu'il peut rĂ©aliser en cette vie par la pratique philosophique. La providence ineffable propose Ă l'homme deux fins vers lesquelles il peut tendre: Ă savoir (d'une part) la bĂ©atitude en cette vie, qui consiste dans l'opĂ©ration de ses vertus propres et qui est figurĂ©e par le paradis terrestre, (d'autre part) la bĂ©atitude de la vie Ă©ternelle qui consiste dans la jouissance de la vision de Dieu, Ă laquelle l'homme ne peut s'Ă©lever par sa vertu propre s'il n'est aidĂ© par la lumière divine, et qui nous est intellectuellement donnĂ©e par le paradis cĂ©leste (De Monarchia III, XV 7-8). Cette idĂ©e se trouve Ă©galement dans un texte que Dante a probablement lu, la Quæstio disputata de felicitate de Jacob de Pistoue, philosophe qui enseigna Ă Bologne Ă la fin du XIIIe siècle. On la retrouve chez Marsile de Padoue, Defensor pacis I, V 2 (Didier Ottaviani, L'intellectuel et le politique, Le philosophe, le sage et le politique: de Machiavel aux Lumières, 2002 - books.google.fr). La majoritĂ© des thĂ©ologiens pensent que l'âme est jugĂ©e digne de la vision bĂ©atifique, ce qui entraĂ®ne la condamnation du De Monarchia de Dante par le cardinal du Pouget. Dans cinq de ses sermons, Jean XXII affirme que l'âme qui entre au Paradis ne bĂ©nĂ©ficiera de la vision bĂ©atifique qu'après le Jugement dernier qui achèvera l'histoire de l'humanitĂ©. BenoĂ®t XII prend une position inverse (Revue historique de droit français et Ă©tranger, Volume 75, 1997 - books.google.fr). Le Liber juratus constitue un ouvrage de magie rituelle. Le modus operandi repose avant tout sur des invocations et des prières. Le traitĂ© promet ainsi l’obtention de richesses matĂ©rielles mais aussi de bĂ©nĂ©fices spirituels, Ă savoir la vision bĂ©atifique (c’est-Ă -dire la vision de Dieu) avant la mort. [...] Il figurait dans la collection personnelle du frère carmĂ©lite Guillem Sedasser ou Sedacer, auteur d’un important traitĂ© d’alchimie. Celle-ci contenait dix livres d’alchimie et cinq d’astrologie et astronomie sur 37 titres. Pierre Ponsich prĂ©cise que le nombre de titres relatifs Ă l’alchimie a Ă©tĂ© sous-estimĂ©. Ils sont en tout cas surreprĂ©sentĂ©s dans la bibliothèque du frère. L’historien note ainsi l’orientation «hermĂ©tique» de la bibliothèque de Sedasser. Le statut que l’Église attribue Ă l’exercice de la magie ne peut ĂŞtre Ă©voquĂ© sans faire rĂ©fĂ©rence aux dĂ©bats du pontificat de Jean XXII. Son règne marque un tournant dans la façon dont l’Église conçoit la magie et entend rĂ©primer sa pratique. En 1320, Jean XXII s’adresse Ă dix prĂ©lats afin de les consulter sur le bien-fondĂ© de la qualification en hĂ©rĂ©sie de la magie. Deux d’entre eux sont des dominicains, deux autres des franciscains, et appartiennent ainsi aux ordres directement concernĂ©s par la question, puisque les inquisiteurs sont traditionnellement choisis parmi les mendiants. Pour la première fois dans l’histoire de la chrĂ©tientĂ©, un pape manifeste la volontĂ© de faire reconnaĂ®tre la magie comme une forme d’hĂ©rĂ©sie. Cette caractĂ©risation nouvelle des pratiques magiques peut avoir des rĂ©percussions concrètes : les adeptes de cette «science» devraient dès lors faire l’objet de sanctions sĂ©vères, Ă l’instar des Vaudois ou des Spirituels. Les poursuites judiciaires Ă leur encontre relèveraient dès lors de l’Inquisition. L’Église sortirait de son indiffĂ©rence envers la magie : de pratique superstitieuse sans gravitĂ©, elle devient un art honni et diabolique, contraire Ă la foi. Alain Boureau signale une autre rupture qui rĂ©sulte de l’entreprise papale : la dĂ©finition mĂŞme d’hĂ©rĂ©sie s’en trouve bouleversĂ©e. Étymologiquement, l’hĂ©rĂ©sie est un choix, elle existe donc intellectuellement. Est hĂ©rĂ©tique tout individu qui professe une opinion contraire Ă la foi. Autrement dit, on est moins hĂ©rĂ©tique en acte qu’en pensĂ©e; l’error rĂ©side dans l’intention. Or, Jean XXII qualifie d’hĂ©rĂ©sie une pratique; quand bien mĂŞme celle-ci Ă©tait jugĂ©e nĂ©gativement auparavant, elle n’était pas considĂ©rĂ©e comme une «erreur doctrinale». Les questions soulevĂ©es par le pape dans sa consultation se focalisent sur un aspect particulier de la magie, Ă savoir le dĂ©tournement des sacrements La bulle Super illius specula, fulminĂ©e en 1326 ou 1327, s’inscrirait dans le prolongement de la consultation de 1320, et serait sa concrĂ©tisation juridique. Cependant, certains historiens ont soulevĂ© la question de l’authenticitĂ© de ce document Les pontificats de Jean XXII et de BenoĂ®t XII regorgent d’affaires de magie. Au contraire, sous ClĂ©ment VI, on ne dĂ©nombre qu’un seul procès inquisitorial de la sorte, celui de 1347 n’étant pas instruit par l’Inquisition. Le midi de la France apparaĂ®t comme l’épicentre des affaires en magie. Jean XXII est natif de Cahors et la famille de BenoĂ®t XII est originaire des PyrĂ©nĂ©es (Solène Baron, Un procès de magie en GĂ©vaudan et ses enjeux politiques (1347), Cahiers de recherches mĂ©diĂ©vales et humanistes n° 33, 2017 - journals.openedition.org). Sans insister sur son Ă©ducation de canoniste, sur son passĂ© de jurisconsulte, sur son gout pour la thĂ©ologie, attestĂ© par plusieurs traits de sa vie et surtout par les discussions sur la vision bĂ©atifique qui troublèrent la paix de ses dernières annĂ©es, Jean XXII n'Ă©tait pas indiffĂ©rent Ă la philosophie, aux sciences physiques et naturelles, mĂŞme sous la forme de sciences occultes : il pratiquait l'alchimie, comme ses registres de comptes paraissent l'attester, et il croyait Ă la magie. Une bulle de la première annĂ©e de son pontificat (27 fĂ©vrier 1317), dĂ©crit tout au long les sortileges dont s'Ă©taient servis trois conjurĂ©s pour lui Ă´ter la vie (Maurice Faucon, La librairie des papes d'Avignon : sa formation, sa composition, ses catalogues (1316-1420), d'après les registres de comptes et d'inventaires des archives vaticanes, Tome 1, 1886 - books.google.fr). Dante et saint Lazare d'Autun Marie Pellechet, parcourant, un jour, le BrĂ©viaire d'Autun, trouve Ă l'une des fĂŞtes de saint Lazare, patron de la cathĂ©drale d'Autun, des leçons se rapprochant d'un passage de l'Enfer de Dante. «Le Cardinal Rolin fit composer un brĂ©viaire en un seul volume oĂą il prescrivit la fĂŞte du 1er septembre [s. Lazare], quadruple avec octave, la RĂ©vĂ©lace au 20 octobre, triple avec octave, et la fĂŞte du 17 dĂ©cembre, qu'il appela Translation de ses reliques. L'Ă©glise [d'Autun] fit ensuite une quatrième fĂŞte en mĂ©moire de la rĂ©surrection de s. Lazare, le vendredi de la semaine de la Passion, jour auquel on lit l'Évangile.» Cf. P. Blot, Notes mss., p. 326. Certaines leçons seraient une rĂ©miniscence de l'Enfer du Dante : "je n'ai pu me rendre compte quand elles ont Ă©tĂ© introduites dans l'office de s. Lazare; elles existent dĂ©jĂ , quoique sous une forme diffĂ©rente, dans le brĂ©viaire ms, de 1452. Voici quelques notes qui se rapportent sans doute Ă elles en mĂŞme temps qu'Ă d'autres lĂ©gendes non moins fabuleuses. — L'abbĂ© Lebeuf dit avoir vu dans un brĂ©viaire, Ă©crit Ă l'usage d'un chanoine de Varzy (arrt de Clamecy), vers 1490 ou 1500, des leçons semblables Ă celles-ci. Cf. Lettres, t. II, p. 40-41. - «Le Cardinal Rolin fit ensuite imprimer ce brĂ©viaire en 1480 Ă l'usage de son diocèse, et on s'est servi de ces lĂ©gendes jusqu'Ă la fin du XVIe s. Elles furent supprimĂ©es en 1619 avec les histoires apocryphes, suivant le dĂ©sir du Concile de Trente; on y substitua des leçons du brĂ©viaire romain, et des lĂ©gendes pour les fĂŞtes locales plus correctes, rĂ©digĂ©es par Mr Guyon.» AndrĂ© Guyon, dont il est question ici, naquit Ă Autun en 1567; il alla en Italie avec le cardinal de Joyeuse, et devint grand vicaire de ce dernier quand il fut nommĂ© archevĂŞque de Rouen. Il revint Ă Autun en 1615, y fit beaucoup de bien, et mourat en odeur de saintetĂ©, le 10 septembre 1631. Cf. P. Blot, Notes mss., pp. 328 et 558.- L'abbĂ© Faillon (t. I, col. 351), dit : «DĂ©jĂ , avant les querelles de Launoy, l'Ă©vĂŞque d'Autun en 1619 (Histoire de l'Église d'A., p. 328), et celui de Marseille en 1633, avaient supprimĂ© l'ancienne lĂ©gende de s. Lazare en usage dans ces Ă©glises.»" (Marie Pellechet, Notes sur les livres liturgiques des diocèses d'Autun, Chalon et Macon, 1883 - books.google.fr). Jean (Jehan) V Rollin, ou Rolin, dit cardinal Rolin, nĂ© Ă Autun en 1408 et mort le 1er juillet 1483 Ă Cravant, est un Ă©vĂŞque et cardinal bourguignon, puis français. Jean Rolin fut d'abord archidiacre de l'Ă©glise d'Autun, puis confesseur du dauphin (devenu depuis le roi Louis XI), Ă©vĂŞque de Chalon-sur-SaĂ´ne le 29 mai 1431, Ă©vĂŞque d'Autun le 20 aoĂ»t 1436. Ă€ force de manĹ“uvres, il dĂ©pouille l'abbĂ© Jean Petitjean de l'abbaye Saint-Martin d'Autun et en devient le premier abbĂ© commendataire en 1462. Il est crĂ©Ă© cardinal par le pape Nicolas V le 20 dĂ©cembre 1448 au titre de Saint-Étienne-le-Rond. Il fut peu prĂ©sent Ă Autun, plus souvent Ă Rome oĂą il ne participa Ă aucun conclave, toujours Ă l'affĂ»t de subsides. Jusqu'Ă la chute du DuchĂ© de Bourgogne, il fut anti-français. MalgrĂ© cela, il fut le confesseur du dauphin et de Louis XI. De sa liaison avec une religieuse d'Avignon, Raymonde de Roucy (ou Roussy), il eut un fils bâtard : Jean VI Rolin, lĂ©gitimĂ© par le roi en 1485, qui deviendra Ă©vĂŞque d'Autun et meurt en 1501 (fr.wikipedia.org - Jean Rolin (cardinal)). "seins" : sein d'Abraham et Autun L'examen des conceptions thĂ©ologiques et des usages liturgiques montre que le sein d'Abraham est un lieu plurivalent, susceptible de revĂŞtir des sens diffĂ©rents, parmi lesquels on s'autorise, pour la clartĂ© de l'exposĂ©, Ă distinguer quatre significations principales : - Lorsque l'on se place avant la Descente du Christ aux enfers, le sein d'Abraham est l'Ă©quivalent du limbe des patriarches. Cette signification, obligĂ©e dans le cadre d'une lecture littĂ©rale de la Parabole de Lazare, se maintient tout au long de la pĂ©riode considĂ©rĂ©e ici. - Le sein d'Abraham peut ĂŞtre conçu comme un refrigerium interim, un lieu d'attente, souterrain et très peu valorisĂ©, pour les âmes des chrĂ©tiens justes. Cette conception est celle de Tertullien, mais elle semble sans postĂ©ritĂ© au Moyen Age. - Il peut s'agir d'un lieu pour les âmes, avant le Jugement dernier, mais ayant un caractère cĂ©leste et paradisiaque très marquĂ©, au point de pouvoir ĂŞtre qualifiĂ© de paradisus. C'est la signification la plus courante du sein d'Abraham, jusqu'Ă la fin du XIIe siècle. - On peut constater une totale assimilation entre sein d'Abraham et Royaume cĂ©leste. SuggĂ©rĂ©e par la liturgie, amorcĂ©e au moins dès le dĂ©but du XIIe siècle dans la mĂ©ditation monastique, cette assimilation est rendue thĂ©ologiquement impĂ©rative par l'abandon de la dilation Ă la fin du XIIe siècle et dans la scolastique du XIIIe siècle. Pour la seconde scolastique, le paradis des âmes sĂ©parĂ©es et le paradis des corps ressuscitĂ©s sont un seul et mĂŞme lieu, dans lequel la vision bĂ©atifique peut ĂŞtre d'emblĂ©e Ă©prouvĂ©e. Ce lieu peut ĂŞtre dĂ©nommĂ© indiffĂ©remment Royaume cĂ©leste ou sein d'Abraham. - A partir du xive siècle, et surtout du XVe siècle, le sein d'Abraham connaĂ®t un lent dĂ©clin, Ă mesure que s'imposent des figurations, notamment celle de la cour cĂ©leste, qui expriment plus directement une mise en ordre de l'univers, ainsi que la rĂ©union Ă Dieu lui-mĂŞme et la suprĂŞme rĂ©compense que constitue la vision bĂ©atifique. C'est au cours des XIe-XIIIe siècles que se situe la grande Ă©poque du sein d'Abraham, qui est alors un des modes dominants de figuration du paradis. Parmi les reprĂ©sentations sculptĂ©es romanes : Saint-Pierre de Moissac (portail et chapiteau du cloĂ®tre), Saint-Lazare d'Autun (chapiteau du portail nord), VĂ©zelay (chapiteau de la nef), Argenton-Château (façade), Santa Maria de Ripoll (portail), cathĂ©drale de GĂ©rone (chapiteau du cloĂ®tre), San Cugat del Valle (chapiteau du cloĂ®tre), cathĂ©drale de Lincoln (façade). A l'Ă©poque gothique, on ne peut guère citer que les clĂ©s de voĂ»te de Saint-Serge d'Angers et le portail des Libraires Ă la cathĂ©drale de Rouen. (JĂ©rĂ´me Baschet, Le sein d'Abraham : un lieu de l'au-delĂ ambigu (thĂ©ologie, liturgie, iconographie). In: De l’art comme mystagogie. Iconographie du jugement dernier et des fins dernière Ă l’époque gothique, 1996 - www.persee.fr). Le portail du croisillon nord a longtemps servi d'entrĂ©e principale, car le portail central de la façade occidentale se trouvait en face du cimetière. [...] Les chapiteaux qui soutiennent l'archivolte aux rinceaux ont un Ă©pannelage angulaire et reposent sur des piĂ©droits cannelĂ©s en forme de pilastres. Les deux autres chapiteaux ont la forme arrondie habituelle; leurs colonnes sont enrichies de bâtons rompus et de losanges. Ces deux chapiteaux carrĂ©s traitent du mĂŞme sujet : la parabole de Lazare et du mauvais Riche telle que l'a rapportĂ©e Luc. Sur la droite du premier chapiteau, le Riche festoie en compagnie de deux femmes; un serviteur leur apporte un plat. Les arcades de l'arrière-plan indiquent que la scène se passe Ă l'intĂ©rieur d'une habitation ou sur une terrasse. Cette figuration conventionnelle avait Ă©tĂ© adoptĂ©e dĂ©jĂ pour les chapiteaux de l'intĂ©rieur de l'Ă©glise. Sur la gauche, le pauvre Lazare, dĂ©charnĂ©, le visage marquĂ© par la souffrance, un sac de mendiant et un bâton Ă la main, rĂ©clame en vain "les miettes qui tombent de la table du riche". Deux chiens sortant de leurs niches viennent lĂ©cher les plaies du mendiant. Sur le chapiteau de gauche, suite de la parabole : Lazare et le mauvais Riche sont morts. Le premier est emportĂ© par les anges dans le sein d'Abraham; le second est prĂ©cipitĂ© en enfer oĂą il "brĂ»le dans les tourments". Il demande Ă Abraham de lui envoyer Lazare, "afin qu'il trempe l'extrĂ©mitĂ© de son doigt dans l'eau, et qu'il rafraĂ®chisse ma langue". Une fois encore, le gĂ©nie du sculpteur Ă©clate dans la vision plastique qu'il a du rĂ©cit. Abraham est assis sur un trĂ´ne : il serre contre lui le pauvre Lazare et le couvre de son manteau. Le mauvais Riche, aux prises avec un Ă©pouvantable dĂ©mon, appelle Abraham au secours mais celui-ci, d'un simple geste de la main, le renvoie. Sur le premier chapiteau, Lazare Ă©tait nu, le visage dĂ©formĂ© par le chagrin; sur le second, une aurĂ©ole confirme sa glorieuse Ă©lection. Le mauvais Riche, au contraire, dĂ©pouillĂ© de tout (et mĂŞme de ses vĂŞtements) a perdu sa superbe; son visage n'exprime plus que la dĂ©tresse et l'effroi. Le Lazare de la parabole avait Ă©tĂ© souvent confondu au au Moyen Age avec le Lazare, ami du Christ. Non seulement leurs noms Ă©taient identiques, mais tous deux victimes de la maladie et de la mort furent pour cette raison vĂ©nĂ©rĂ©s des malades. Les ulcères de Lazare le mendiant Ă©voquèrent l'idĂ©e de la lèpre; par association le Lazare ressuscitĂ© par le Christ devint le patron des lĂ©preux. A Autun, le mendiant Lazare est reprĂ©sentĂ© au ciel entourĂ© d'une aurĂ©ole de saintetĂ© preuve suffisante de la vĂ©nĂ©ration dont il Ă©tait l'objet. Gislebertus l'engloba dans la dĂ©coration de son portail, pas nĂ©cessairement parce que lui-mĂŞme (ou la ou les personnes responsables d'avoir suggĂ©rĂ© les thèmes principaux) confondait les deux Lazares, mais parce que cette histoire convenait admirablement Ă l'ensemble iconographique de tout le portail (Denis Grivot, George Zarnecki, Gislebertus : sculpteur d'Autun, 1965 - books.google.fr). Il y avait donc au temps oĂą fut sculptĂ© le bas-relief du Jugement dernier Ă la cathĂ©drale Saint-Lazare d'Autun rĂ©alisĂ© probablement par Gislebertus trois lieux de destination des âmes après la mort : - l'enfer pour les damnĂ©s, - le purgatoire pour ceux qui avaient pĂ©chĂ©, - le refrigerium, antichambre du paradis pour les Justes, les anges et les saints. il faut attendre le XIVe siècle pour voir l'Église catholique rejeter officiellement et catĂ©goriquement la notion de refrigerium, Ă la suite des prises de position de Jean XXII, considĂ©rĂ©es alors comme des nouveautĂ©s insoutenables alors qu'elles Ă©taient; en fait, archaĂŻsantes. Ă€ la Toussaint 1331, le pape dĂ©clare en effet que les Justes ne jouiront pas de la vision bĂ©atifique avant la rĂ©surrection des corps et le Jugement dernier. Il rĂ©cidive la veille de l'Épiphanie, affirmant Ă nouveau qu'avant la rĂ©surrection, les âmes sĂ©parĂ©es n'ont pas encore accès Ă la vision intuitive de Dieu. Il ajoute en 1332 que les dĂ©mons n'iront en enfer qu'après la fin du monde. Mais ces affirmations Ă l'Ă©poque font scandale, du moins au niveau le plus Ă©levĂ©. L'annĂ©e suivante, le roi Philippe VI de France fait rejeter cette conception par un concile rĂ©unit Ă Vincennes. Ce refus sera ensuite rĂ©itĂ©rĂ© par BenoĂ®t XII en 1336, puis par le concile de Florence en 1439 (Daniel Minard, La CathĂ©drale d'Autun et ses mystères, 2012 - books.google.fr). Suin (SaĂ´ne-et-Loire) est aussi un ancien Sedunum; c'est d'ailleurs Ă ce dernier Sedunum que certains hagiographes ont rapportĂ© le lieu du martyre de saint Florentin et ses compagnons (Bulletin, SociĂ©tĂ© des sciences historiques et naturelles de Semur, 1899 - books.google.fr). "cerveau" : cerveaux près d'Autun Curgy est juste Ă l'Est d'Autun. Pierre-Cerveau aussi, au Sud-Est de Saint-Pierre l'Estrier oĂą fut trouvĂ©e l'inscription de Pectorius. A l'entrĂ©e de la gorge de la Creuse-d'Auxy, dont les environs sont riches en lĂ©gendes et en monuments antiques, on avait fondĂ© sous le nom de Pierre Cerveau (Petra Cervalis) un prieurĂ©, uni plus tard Ă celui de Champchanoux, situĂ© dans le voisinage. Cette ancienne fondation aurait remplacĂ© un compitum rustique comme celui qui, Ă peu de distance, renfermait le fameux Tarvos Tricaranus. C'est l'opinion de M. de Charmasse, qui attribue Ă saint Cassien la transformation chrĂ©tienne de la Petra Cervalis du paganisme (L. Morillot, Bulletin d'histoire et d'archĂ©ologie religieuses du Diocèse de Dijon, 1883 - books.google.fr). Chrocus serait devenu aveugle après leur martyre et aurait retrouvĂ© la vue après un repentir. Le chef de saint Florentin fut laissĂ© Ă Semond et est conservĂ© dans l'Ă©glise de BrĂ©mur (Blismurus qui serait le vĂ©ritable Sedunum selon un passage de la Chronique de Hugues de Flavigny datĂ© de 1097) (Paul GuĂ©rin, Les petits bollandistes vies des saints de l'Ancien et du Nouveau Testament d'apres le Père Giry, Tome 11, 1888 - books.google.fr, Bulletin de la SociĂ©tĂ© des sciences historiques et naturelles de Semur-en-Auxois (CĂ´tes-d'Or), 1906 - books.google.fr). Semond (Sedunum), aujourd'hui simple hameau, fut jadis une ville ancienne dĂ©truite par les Barbares du Ve siècle; on y trouva un bas-relief de CĂ©rès ayant de chaque main un flambeau allumĂ©, gravĂ© dans Montfaucon, tome 2, page 427 (AcadĂ©mie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1824 - books.google.fr). Duesme Eudes IV succède en 1315 Ă son frère aĂ®nĂ© Hugues V duc de Bourgogne. Afin de s'accorder les bonnes grâces de son frère cadet, Louis, le nouveau duc lui cède le château de Duesme et quarante mille livres de rente (fr.wikipedia.org - Eudes IV de Bourgogne). En 1307, Charles II d’Anjou reprend la principautĂ© d'AchaĂŻe Ă Philippe de Savoie et Isabelle pour l'attribuer Ă son fils, Philippe Ier de Tarente (1278-1332). Celui-ci Ă©pouse Catherine II de Valois-Courtenay (1303 - 20 septembre 1346) qui fut impĂ©ratrice titulaire de Constantinople. Elle Ă©tait la fille de Charles de France, comte de Valois, et de Catherine de Courtenay. Philippe de Tarente la cède en 1313 Ă son hĂ©ritière lĂ©gitime Mathilde - fille unique d'Isabelle de Villehardouin, princesse d'AchaĂŻe et de MorĂ©e et de son second Ă©poux, Florent de Hainaut, frère cadet du comte Jean Ier de Hainaut - et Ă son mari Louis de Bourgogne, qui dĂ©barque en Grèce et Ă©crase un autre prĂ©tendant, Ferdinand de Majorque, l’époux d’Isabelle de Sabran, nièce d’Isabelle Ière et cousine de Mathilde qui revendiquait la principautĂ© pour lui-mĂŞme. Cependant, Louis dĂ©cède dès 1316. Mathilde est mariĂ©e de force, en 1318, avec un prince de la maison d’Anjou, Jean de Durazzo qui, dès 1321, la rĂ©pudie mais garde la principautĂ© (fr.wikipedia.org - PrincipautĂ© d'AchaĂŻe). En 1320 Eudes IV de Bourgogne devint prince d'AchaĂŻe et de MorĂ©e, et roi de Thessalonique par la mort de son frère Louis, dĂ©cĂ©dĂ© sans enfants, après l'avoir instituĂ© son hĂ©ritier. Mais Eudes vendit le tout, le 6 octobre 1321, Ă Philippe, prince de Tarente (Jean ChrĂ©tien Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie gĂ©nĂ©rale, Tome 16, 1856 - books.google.fr). A la mort de Louis de Bourgogne, Robert avait tentĂ© de faire Ă©pouser sa veuve Mathilde de Hainaut par son frère Jean duc de Durazzo. Mais Mathilde se refusa et se maria avec Hugues de la Pallière. Robert la fit alors arrĂŞter sous le prĂ©texte qu'elle s'Ă©tait mariĂ©e sans autorisation royale il la dĂ©clara dĂ©chue de ses droits. Elle mourut prisonnière au château de l'OEuf en 1331 et Robert donna le fief Ă son frère Jean. Celui ci le cĂ©da en 1333 Ă Robert de Tarente fils de Philippe qui se fit bien accepter des populations d'AchaĂŻe grâce Ă l'aide du banquier florentin Nicolas Acciajuoli dĂ©vouĂ© Ă la branche des Tarente. A la mort du roi Robert c'est donc encore un prince angevin fils de son frère Philippe qui rĂ©gnait sur l'AchaĂŻe après un interminable dĂ©filĂ© de prĂ©tendants (Paul Audibert, Histoire des comtes de Provence, rois de Sicile et de JĂ©rusalem, 1969 - books.google.fr). En 1301, Boniface VIII nomme Charles de Valois vicaire pontifical dans les territoires du Saint-Siège et le charge de parvenir Ă un accord avec Florence afin de pacifier la Toscane. Charles commet une première erreur en se liant avec le chef des guelfes noirs Corso Donati, qui achète soixante-dix mille florins l'appui du prince français. Donati et les Noirs rĂ©alisent un vĂ©ritable coup d'État en s'emparant du gouvernement de la citĂ©. Ils massacrent les Gibelins et pillent la ville tandis que Charles de Valois se contente de cacher chez lui les chefs des Blancs. Ce nouveau rĂ©gime bannit de nombreux citoyens gibelins ou blancs et fait raser leurs maisons. Parmi ces exilĂ©s se trouve Dante Alighieri qui fait apparaĂ®tre quelques annĂ©es plus tard les princes capĂ©tiens dans sa Divine ComĂ©die. Catherine de Courtenay lui ayant cĂ©dĂ© ses droits sur le trĂ´ne de Constantinople, la mort de celle-ci ne rend absolument pas caduques les revendications de Valois sur cet empire. Cependant, remariĂ© depuis juillet 1308 avec Mahaut de Châtillon, le comte cherche Ă se dĂ©barrasser de cette couronne devenue encombrante. Cette dernière revient Ă Catherine, fille aĂ®nĂ©e de Charles et de feu Catherine de Courtenay. Celle-ci n'Ă©tant qu'une enfant, le comte de Valois s'Ă©chine Ă lui trouver un mari capable de le dĂ©charger de cette responsabilitĂ©. Catherine est dĂ©jĂ fiancĂ©e au duc Hugues V de Bourgogne, mais celui-ci n'a que quatorze ans et semble peu en mesure de mener une expĂ©dition en Orient. Charles jette alors son dĂ©volu sur un des fils de Charles II d'Anjou-Sicile, Philippe, prince de Tarente. Il faut attendre le 6 avril 1312 pour que Philippe IV annule les dispositions conclues entre Valois et Bourgogne. ClĂ©ment V se montre ensuite plus accommodant, accorde les dispenses, et le mariage entre Philippe de Tarente et Catherine de Valois est cĂ©lĂ©brĂ© Ă Fontainebleau en juillet 1313. En Ă©change d'un douaire, Philippe reçoit les droits de sa femme sur Constantinople qu'il se charge de reconquĂ©rir (fr.wikipedia.org - Charles de Valois). Florentin, Autun, Ainay et Minerve CourtĂ©pĂ©e et les auteurs d'Autun archĂ©ologique disent que l'Ă©glise de l'abbaye de Saint-Andoche aurait Ă©tĂ©, elle aussi, bâtie sur les fondations d'un fanum dĂ©diĂ© soit Ă Minerve, soit Ă Apollon. Suivant un titre du XVe siècle conservĂ© Ă l'Ă©vĂŞchĂ© d'Autun, le premier autel Ă©levĂ© par les saints apĂ´tres BĂ©nigne, Andoche et Thyrse, aurait Ă©tĂ© dĂ©diĂ© Ă saint Pierre et placĂ© au lieu oĂą fut ensuite le monastère. On prĂ©tend que la tour carrĂ©e en petit appareil du couvent Saint-Andoche, est un reste du sanctuaire paĂŻen (Bulletin d'histoire, de littĂ©rature et d'art religieux du Diocèse de Dijon, Volume 3, 1885 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Claude CourtĂ©pĂ©e). Selon Eumène, auteur d'un panĂ©gyrique au IIIe siècle, la ville d'Autun sous l'occupation romaine avait près du capitole un temple d'Apollon et un autre de Minerve ainsi que les Ă©coles mĂ©niennes fondĂ©es sous Auguste pour romaniser les esprits (Antony Hostein, Le bâtiment des Ă©coles mĂ©niennes dans la topographie d'Augustodunum/Autun, L’AntiquitĂ© tardive dans l’Est de la Gaule, I: La vallĂ©e du Rhin supĂ©rieur et les provinces gauloises limitrophes, 2020 - books.google.fr). Les jeux d'esprit et de science estoient d'une institution impĂ©riale et se passoient ainsy devant l'autel impĂ©rial du temple d'Aisnay, qui lui procurèrent, pendant qu'ils s'y firent, le nom d'Athenæum, qui estoit alors le nom ordinaire des Ă©coles, auditoires et acadĂ©mies d'estude, qui se nommoient ainsy du mot grec athene, qui, en cette langue, est le nom de Minerve, dont est venu le nom d'Athènes (Jean Marie de La Mure, Chronique de l'abbaye d'Ainay, 1885 - books.google.fr). L'abbĂ© AurĂ©lien, le premier que l'on puisse avec certitude assigner Ainay, est assez Ă bien connu par ailleurs. Issu d'une grande famille largement possessionnĂ©e dans la rĂ©gion lyonnaise, en Savoie et en Bugey, mais aussi dans le pays chartrain, il fut d'abord archidiacre d'Autun. Ce sont sans doute ses bonnes relations avec le puissant Girart de Vienne qui lui valurent sa nomination Ă la tĂŞte de l'abbaye d'Ainay, dont un texte sans doute contemporain nous dit qu'elle Ă©tait alors abandonnĂ©e, et indique qu'elle Ă©tait sous le patronage de Saint-Martin. AurĂ©lien restaura Ainay en faisant appel, probablement peu avant 859, Ă des moines de la toute jeune abbaye de Bonneval au diocèse de Chartres. Ce fut aussi AurĂ©lien qui fit venir Ă Lyon les reliques de deux martyrs bourguignons, Florentin et Hilaire, dont il dĂ©posa une partie Ă Ainay, une autre dans sa propre fondation de Cessieu, et dont il donna une troisième aux moines de Bonneval en reconnaissance de l'aide qu'ils lui avaient apportĂ©e dans sa tâche de restauration d'Ainay. En 875-876, AurĂ©lien devint archevĂŞque de Lyon, tout en restant sans doute abbĂ© d'Ainay jusqu'Ă sa mort en 895 (Michel Rubellin, Église et sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne d'Agobard Ă Valdès, 2019 - books.google.fr). Acrostiche : LLPY, ellepyp En NĂ©erlandais groote Ellepyp (Cubitus sive ulna, vel facile majus); de kleine Ellepyp (Radius) (NoĂ«l Chomel, Woordenboek, 1788 - books.google.fr). Pierre Spicre dont le père Ă©tait Hollandais, aurait rĂ©alisĂ© dans la chapelle Saint LĂ©ger de la collĂ©giale de Beaune une fresque reprĂ©sentant la rĂ©surrection de Lazare commandĂ©e par le cardinal Jean Rollin (Villes et villages de France, Tome 6, 1949 - books.google.fr). Les possessions du duc de Bourgogne au XVe siècle s'Ă©tendaient aux Pays-Bas. Les reliques de saint Lazare, frère de Marthe et de Madeleine, furent d'abord dĂ©posĂ©es Ă Marseille, dans la crypte de l'ancienne abbaye de Saint-Victor, d'oĂą elles furent transportĂ©es dans la cathĂ©drale d'Autun. Un des bras de saint Lazare est dans la basilique de Saint Pierre de Rome. Les reliques de sainte Marthe sont renfermĂ©es dans son tombeau, qui est dans la Crypte de l'Ă©glise de Sainte-Anne, Ă Tarascon, en Provence. Son chef a Ă©tĂ© autrefois placĂ© sĂ©parĂ©ment dans un reliquaire. La plus grande partie des reliques de sainte Marie Madeleine est dans l'Ă©glise de Saint-Maximin, en Provence. Un ossement du fĂ©mur est dans l'Ă©glise de Sainte Madeleine, Ă Paris, et un pied dans l'Ă©glise de SaintCelse et Saint-Julien, Ă Rome (Henri de Guinaumont, La Terre-Sainte, Tome 1, 1867 - books.google.fr). En 1859, l'Ă©glise d'Autun concède un avant-bras des reliques de saint Lazare Ă celle de Marseille (Troisième et dernière EncyclopĂ©die thĂ©ologique, Tome 55, 1863 - books.google.fr). Typologie Le report de 1801 sur la date pivot 1321 donne 841. Des lĂ©gendes pieuses anciennes attribuent Ă GĂ©rard (Girart) de Roussillon la translation des reliques de Lazare Ă Autun (par confusion avec l'Ă©vĂŞque GĂ©rard de la Roche) et de Marie-Madeleine Ă VĂ©zelay (AbbĂ© Faillon, Monuments Inedits Sur L'Apostolat De Sainte Marie-Madeleine En Provence, Tome 1, 1818 - books.google.fr). GĂ©rard II de Paris, est un noble franc, comte de Paris et comte de Vienne. Sa vie a inspirĂ© au xiie siècle plusieurs chansons de geste titrĂ©es : Girart de Vienne, chanson de geste du XIIe siècle. GĂ©rard reste fidèle au roi d'Aquitaine Louis le Pieux jusqu'Ă sa mort en 840. Lors de la division de l'empire entre les trois hĂ©ritiers de Louis le Pieux au traitĂ© de Verdun, GĂ©rard choisit d'apporter son soutien Ă Lothaire Ier. Après avoir reçu le DuchĂ© de Lyon, GĂ©rard continue d'investir dans le nord du Royaume de France. Ainsi en 852, il achète des terres Ă Fontenay et Dornecy en Bourgogne. En 858-859, fidèle Ă sa politique favorable Ă l'Église, GĂ©rard fonde les abbayes de Pothières et de VĂ©zelay (fr.wikipedia.org - GĂ©rard II de Paris). Risorgimento Au seizième, Ă©poque du plein Ă©panouissement de la littĂ©rature nationale, le nom et l'oeuvre de Dante reprennent la place qui leur appartient, la première. Durant la triste pĂ©riode oĂą, dans la pĂ©ninsule, s'Ă©tablissent les dominations Ă©trangères, au dix-septième et au dix-huitième siècle, le grand poète italien semble totalement oubliĂ©, et sa gloire, abolie. A telles enseignes qu'en 1800 Alfieri constatait «qu'il n'y avait peut-ĂŞtre pas, dans toute l'Italie, cent personnes qui eussent lu en entier la Divina Commedia». Mais voici venir les temps nouveaux. Les guerres de la RĂ©volution et de l'Empire ont bouleversĂ© l'Europe et donnĂ© aux Italiens le sentiment très vif de leur nationalitĂ©. Pour les ouvriers du Risorgimento, la Divina Commedia, qu'ils interprètent d'ailleurs au grĂ© de leurs passions et de leurs prĂ©jugĂ©s, devient un signe de ralliement. Foscolo, Mazzini et d'autres exilĂ©s portent en Angleterre le culte de l'illustre banni florentin. A Londres, la Dante Society rĂ©unit les fervents de cette nouvelle religion poĂ©tique. Carlyle exalte le livre divin. Ruskin salue, dans l'auteur de la Commedia, «l'homme central (the central man) dans l'univers entier, comme reprĂ©sentant, avec un parfait Ă©quilibre, les facultĂ©s imaginatives, morales et intellectuelles». Gladstone proclame que «l'homme qui n'a pas lu la Divine ComĂ©die n'est pas un homme cultivé». L'Ă©tincelle sacrĂ©e traverse l'OcĂ©an, et, au pays des affaires, s'allume une flamme d'enthousiasme. La Dante American Society publie des rapports annuels consacrĂ©s exclusivement Ă l'illustration du grand homme et de la grande oeuvre et, en 1912, cette collection formait vingt-huit volumes. L'initiateur de ce mouvement fut Longfellow, le poète qui cĂ©lĂ©bra Evangeline et rendit populaire «l'Ă©trange devise Excelsiori». En 1865, pour les fĂŞtes du centenaire, il envoyait Ă Florence la traduction de l'Inferno, qu'il complĂ©tait en 1867, et l'AmĂ©rique eut sa Divine ComĂ©die en anglais. La France, qui dut Ă l'Italie de la Renaissance d'ĂŞtre initiĂ©e Ă la grande littĂ©rature, ne nĂ©gligea pas le poète de la nazione sorella; et, pour ne pas nommer les vivants, l'oeuvre de Dante fut exaltĂ©e magnifiquement par Ozanam, Ampère, Brizeux et Lamennais. Mais, comme il convenait, c'est au pays que le poète, dans la Divine ComĂ©die, a illustrĂ© par un vers devenu proverbial, il bel Parse lĂ dove il si suona; c'est d'un bout Ă l'autre de la pĂ©ninsule, que la religion dantes que a trouvĂ© ses fidèles les plus convaincus (L. Chervoillot, Dante Alighieri et l'Ă©ducation catholique, Etudes religieuses, historiques et littĂ©raires, Volume 153, 1917 - books.google.fr). Qui assurait, en effet, que l'empire universel de Rome fĂ»t tombĂ© pour toujours ? Peut-ĂŞtre il ne fallait qu'un effort, une parole pour redresser le gĂ©ant. La ComĂ©die divine ne serait-elle pas cette parole qui doit Ă©voquer la sociĂ©tĂ© morte ? Sans doute, l'unitĂ© de l'Italie n'avait Ă©tĂ© rompue que par surprise. Les premiers siècles de la barbarie Ă©taient un songe qui devait bientĂ´t se dissiper. Les membres de l'empire n'Ă©taient-ils pas encore visibles ? Ne rencontrait-on pas çà et lĂ les murs de ses citĂ©s, ses routes, ses arcs de triomphe, qui attendaient son retour? N'avait-on pas conservĂ© sa langue, ses livres ? Que le poĂ«te prĂŞte son souffle; le grand Lazare Ă©tendu depuis les Alpes jusqu'Ă la mer de Sicile se relèvera souverain de la terre (Edgar Quinet, Les rĂ©volutions d'Italie, 1857 - books.google.fr). Talleyrand En 1838, après son embaumement, le cerveau de Talleyrand, ancien Ă©vĂŞque d'Autun, fut jetĂ© dans un Ă©goĂ»t de la rue Saint-Florentin Ă Paris oĂą se trouvait son hĂ´tel et sa dernière demeure (François Bazin, L'ai-je bien descendu ?, 2022 - books.google.fr). Paradis et Autun Le Christ est aussi la lumière des dĂ©funts comme nous lisons dans de nombreux Ă©pitaphes et monuments d'Orient et dans une inscription d'Autun. Mais le nom mĂŞme de lumière devint le nom propre Ă l'Ă©ternelle bĂ©atitude. Une inscription retrouvĂ©e par Boldetti dans le cimetière de Priscille Ă Rome, parlant Ă la dĂ©funte, dit qu'elle ne fut pas privĂ©e de la lumière immortelle parce qu'elle avait eu avec soi l'"Ichtos" immortel (Sisto Scaglia, Les catacombes de saint Calixte: histoire et description, avec un aperçu sur la sĂ©pulture, l'Ă©pigraphie et l'art chrĂ©tiens, 1909 - books.google.fr). Duesme sert de chef-lieu Ă un pagus constituĂ© dans le diocèse d'Autun, le Duesmois oĂą se trouve Semond (Ĺ’uvres d'art des Ă©glises : cantons d'Aignay-le-Duc et de Châtillon-sur-Seine, CĂ´te-d'Or : MusĂ©e de Dijon, Palais des États de Bourgogne, 1975 - books.google.fr). C'est en 1839, sur l'emplacement du cimetière chrĂ©tien et gallo-romain de Saint-Pierre-l'Estrier, près d'Autun, qu'un jeune prĂ©tre, le futur cardinal bĂ©nĂ©dictin J.-B. Pitra, recueillit les principaux fragments de cette inscription grecque et mĂ©trique. «Que ma mère repose bien, je t'en supplie, Ă´ Lumière des dĂ©funts !» (v. 8) Son amour filial professe la participation des âmes Ă la lumière et Ă la gloire mĂŞme de Dieu (Julien Didiot, Pectorius d'Autun, Revue du clergĂ© français, Volume 10, 1897 - books.google.fr). Ce repos, caractĂ©risĂ© par la lumière, indique suffisamment la vision bĂ©atifique (Jules Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archĂ©ologique du sacrement de baptĂŞme, 1881 - books.google.fr). Pectorius du latin "pectus", poitrine, sein, coeur (Gaffiot). |