Visées impérialistes sur Chypre

Visées impérialistes sur Chypre

 

IV, 97

 

1849-1850

 

L'an que Mercure, Mars, Venus retrograde,

Du grand Monarque la ligne ne faillir,

Esleu du peuple l'vsitant pres de Gagdole.

Qu'en paix & regne viendra fort enuieillir.

 

 

"Gagdole"

 

On peut lire d'une manière proche de l'écriture du mot "Gagdole", qui ne rime pas avec "retrograde" d'ailleurs, "Gogadli" ou "Gogdali" dont les bandes envahissent Kittim et sont combattues par Zepho petit-fils d'Esaü (Josephus Hebraicus: videlicet: rerum memorabilium in populo Judaico tam pacis, quam belli tempore gestarum, inprimis de excidio Hierosolymitano libri VI. Hebraici, traduit par Johann Friederich Breithaupt, 1710 - books.google.fr, (Josephus Hebraicus: videlicet: rerum memorabilium in populo Judaico tam pacis, quam belli tempore gestarum, inprimis de excidio Hierosolymitano libri VI. Hebraici, traduit par Johann Friederich Breithaupt, 1710 - books.google.fr).

 

Peut-être en rapport avec Golgi (Golgoi) ville dans l'île de Chypre (Gaffiot), puisque Kittim est identifiée à l'île de Chypre par Flavius Josèphe (différent du Josephus Hebraicus ou Joseph Ben Gorion précédent).

 

L'historien juif Josèphe emploie les deux mots Chittim et Chypre. Dans ses Antiquités judaïques (liv. I), il écrit : "L'île de Cethima, appelée aujourd'hui Chypre, appartenait à Cethima (fils de Javan et petit-fils de Japhet)" (R. Hamilton Lang, Chypre: son passé, son présent et son avenir, traduit par Victor Dave, 1879 - books.google.fr).

 

Le Sefer Yosippon, qui hérite de toute évidence de la tradition identifiant Rome à Ésaü – Édom, se pose la question du lien généalogique entre les descendants d’Ésaü et les Romains de la période du Second Temple, et propose le scénario historique suivant, fondé sur l’idée d’une migration édomite vers Rome : le petit-fils d’Ésaü, un certain Zepho, se rendit à Carthage, où il entra au service d’Énée, avant de rejoindre les Kittim d’Italie et de devenir leur roi. Par la suite, un de ses descendants fut Romulus. Durant le règne de ce dernier, des Édomites se réfugièrent à Rome pour échapper au roi David, et s’y installèrent. Le lien entre Rome et Ésaü – Édom est donc double : il se situe au niveau d’une généalogie commune via Zepho, qui fait d’Ésaü l’ancêtre lointain de Romulus, mais il repose aussi sur l’installation d’Édomites à Rome, dès les origines, ce qui permet d’envisager qu’une partie des Romains au moins aient eu des origines édomites, et non le seul Romulus. (Katell Berthelot, The Rabbis Write Back ! L’enjeu de la «parenté» entre Israël et Rome-Ésaü-Édom, Revue de l’histoire des religions, 2, 2016 - journals.openedition.org).

 

A partir de ce moment, les bandes du roi d'Afrique commencèrent à faire des raids dans le pays de Kittim. Zepho, fils d'Eliphaz, a toujours été leur chef. Mais Zepho a également fui l'Afrique et est venu au pays de Kittim, où il a été reçu avec de grands honneurs et engagé pour ne faire aucune guerre. Il était devenu très riche, ayant pillé si souvent avec les bandes africaines dans le pays de Kittim. Les Kittim se rassemblèrent de nouveau au mont Cophtitia contre les bandes de Gogadli (Josephus Gorionides uit het Hebreeuwsch vertaald, 1868 - books.google.fr).

 

Chypre : cette isle est-elle désignée dans l'Ecriture sous le nom de Caphthor (La Sainte Bible en latin et en françois: avec des notes litterales, critiques et historiques, Tome 17, 1773 - books.google.fr).

 

Du IIe siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère, les Juifs ont décrit et compris Rome à travers les images bibliques des Kittim, de Babylone, de Tyr et d’Ésaü–Édom. Ce dernier thème devint prépondérant chez les Juifs rabbiniques.

 

La première identification entre Rome et les données bibliques a été faite en posant une équivalence entre Rome et les Kittim. Ceux-ci étaient sans doute à l’origine les habitants de Kittion (à Chypre) et furent présentés comme un peuple maritime dans la Bible. Ensuite, les Kittim étant des fils de Yavan (Genèse 10, 4), ils furent identifiés aux Grecs et plus précisément aux Macédoniens (1 Maccabées 1, 1 et 8, 5; Jubilés XXIV, 28). Enfin, à partir de la révolte maccabéenne, les Kittim furent identifiés aux Romains, car l’aspect extérieur et maritime leur convenait alors mieux qu’aux Grecs de Syrie (Hervé Inglebert, Les images bibliques de Rome dans les textes juifs et chrétiens. Les Kittim, Babylone, Tyr et Ésaü-Édom, Revue de l’histoire des religions, 2, 2016 - journals.openedition.org).

 

Il faut attendre le Moyen-Âge et le Sefer Yosippon pour que la parenté entre Israël et Rome – Édom – Ésaü soit pensée sur le modèle des parentés hellénistiques, et les Romains présentés comme de véritables descendants des Édomites. Plutôt qu’une généalogie commune, l’identification de Rome avec Ésaü – Édom met en avant une typologie (Katell Berthelot, The Rabbis Write Back ! L’enjeu de la «parenté» entre Israël et Rome-Ésaü-Édom, Revue de l’histoire des religions, 2, 2016 - journals.openedition.org).

 

Zepho, petit-fils d’Ésaü accompagne Énée en Italie, devient roi des Kittim et a comme petit-fils Latinus, ancêtre de Romulus. Le texte date de 953, mais a pu s’inspirer de récits antérieurs. (Hervé Inglebert, Les images bibliques de Rome dans les textes juifs et chrétiens. Les Kittim, Babylone, Tyr et Ésaü-Édom, Revue de l’histoire des religions, 2, 2016 - journals.openedition.org).

 

Le cas spartiate, qui représente l’attestation la plus claire de l’invention d’une parenté entre Juifs et Grecs, est d’autant plus intéressant qu’il apparaît dans un ouvrage rédigé en hébreu à la cour hasmonéenne (1 Maccabées), et qu’il implique une utilisation politique de ladite parenté, ne serait-ce que dans un but de propagande interne. Il est probable que l’image des Spartiates comme un peuple courageux, discipliné, au mode de vie austère, de grande valeur militaire et fidèle à ses lois ancestrales ait joué un rôle dans la volonté de certains Juifs de revendiquer une parenté avec les Spartiate (Katell Berthelot, The Rabbis Write Back ! L’enjeu de la «parenté» entre Israël et Rome-Ésaü-Édom, Revue de l’histoire des religions, 2, 2016 - journals.openedition.org).

 

GolgoĂŻ

 

L'importance des découvertes des époques archaïque et classique effectuées depuis le XIXe siècle autour d'Athiénou a laissé penser que ce site, dont l'identification avec la Golgoi antique ne fait guère de doute, avait été la capitale d'un royaume. Cette petite région qui se trouvait à l'intersection des routes menant du Troodos à Salamine et de Kition à la côte nord de l'île (vers Lapéthos et Kyrénia), en passant par Chytroi et Lédra.

 

Jusque là inconnue dans la littérature grecque, l'Aphrodite locale, celle qui règne sur Golgoi et Idalion, apparaît avec le poète alexandrin Théocrite, suivi par Lycophron, mais c'est à la Golgienne seule que s'adressent les dédicaces alphabétiques, de même que deux inscriptions syllabiques d'Idalion et Chytroi (G. 8) dont la date est difficile à déterminer 60. C'est sans doute à la même époque que des érudits alexandrins ont imaginé des légendes de fondation comparables à celles qui concernaient Paphos, allant même jusqu'à prétendre que le culte de Golgoi était plus ancien que celui de Palaepaphos.

 

Golgoi n'apparaît dans les textes qu'avec Théocrite, au IIIe siècle av. J.-C., non pas en tant que cité, mais comme siège d'un culte d'Aphrodite (G. 1). Les autres testimonia dont on dispose datent de l'époque impériale : Pline (G. 4) se contente de citer la ville parmi les 15 oppida de Chypre, mais d'autres lui attribuent une légende de fondation comme pour les villes plus prestigieuses, en donnant à l'éponyme Golgos tantôt une origine locale (scholiaste de Théocrite, G. 1), tantôt grecque (Stéphane de Byzance, G. 7 : origine sicyonienne) ; le phénomène est donc le même que pour Paphos et son grand sanctuaire d'Aphrodite, tantôt fondés par l'autochtone Kinyras, tantôt par G Arcadien Agapénor. [...] Selon Stéphane de Byzance, «Golgoi, cité de Chypre, d'après Golgos, le chef de Vapoikia des Sicyoniens. On dit aussi Golgion au neutre. Le nom "Golgienne" pour Aphrodite vient de là. L'ethnique est Golgios, Golgia et Golgéis» (Antoine Hermary, Autour de Golgoi : les cités de la Mesaoria aux époques hellénistique et romaine. In: Cahiers du Centre d'Etudes Chypriotes. Volume 34, 2004 - www.persee.fr).

 

Athienou se trouve Ă  33 km de Larnaca, l'ancienne Citium (Kition), au Nord-Est.

 

Quand l'Ancien-Testament parle de Chittim ou Kittim, il genéralise el applique à l'île entière le nom de Kition, Kittim, Citium, qui en fut, à une certaine époque, le port le plus commerçant (P. Chaix, L'île de Cypre, Globe: journal géographique, Volumes 16 à 19, 1877 - books.google.fr).

 

Par son alliance avec l'Ionie, en 500, Chypre entama sa rupture avec les Assyro-Perses pour se rallier à l'élément grec. D'autre part, l'expédition de Cimon, en 450, est un point de repère, une date qui détermine l'établissement définitif dans l'île de la civilisation hellénique sous sa forme la plus parfaite, la plus exquise, la forme attique, elle aussi d'origine ionienne.

 

L'art purement grec, de sa splendeur à son déclin est représenté à Golgos par une grande quantité de statues et de têtes en pierre dont plusieurs sont remarquables de grâce et d'exécution (Geroges Colonna Ceccaldi, Découvertes à Chypre, Revue archéologique, Volume 24, 1872 - books.google.fr).

 

A son of Adonis and Aphrodite (Maia) is said (Schol. Theocr., 15, 100) to have been called Golgos. His name is connected with the phallic cones (Greek, golgoi), as they were erected on heights in honour of the mother-divinities of Western Asia, who were themselves, probably on this account, called Golgoi, and golgon anassai (Queens of the Golgoi), and is the same as the Hebraic plural Golgotha (Sepp. Heidentum, i. 157 ff.) (Thomas James Thorburn, Jesus the Christ: Historical Or Mythical ? A Reply to Professor Drews' Die Christusmythe, 1912 - books.google.fr).

 

Cf. Adonis/AdonaĂŻ.

 

Une curieuse inscription a été récemment découverte à Athiénau — ou plus exactement au lieu dit "Giorchoi" — emplacement présumé de l'antique Golgoi de Chypre. Elle peut se traduire : "José l'Ancien, fils de Synésios, a remis à neuf toute la structure de la synagogue" (Théodore Reinach, la pierre de Golgoi, Revue des études juives, 1911 - archive.org).

 

 "usitant"

 

On trouve le terme "usitanti" (usitantibus) dans une transcription de la seconde épître aux Corinthiens de Paul :

 

paulus apostolus ihu xpi per voluntatem di et timotheus frater ecclesiae di usitanti in corintho l i cum sanctis omnibus usitantibus in universa achaia (www.csntm.org, Bonner biblische Beiträge, Volumes 16 à 18, 1960 - books.google.fr).

 

usitari (oder usitare ?) kommt im Boern. bloss in der das griech. "o ôn" wiedergebenden Participialform usitans vor, nämlich 2 Cor. 1, 1 : ecclesiae dei usitanti ["tè ousè"] in Corinthio vel i (sic) cum sanctis omnibus usitantibus ["tous ousin"] in universa Achaia. Eph. 4, 18: per ignorantiam usitantem ["tèn ousan"] in illis. Phil. 1, 1: omnibus sanctis in Christo Jesu usitantibus ["tois ousin"] vel qui sunt in Philippis. - Bekannter ist das dem Gellius eigenthümliche usitari [= häufig gebrauchen, 10, 10, 1. 10, 21, 2. 17, 1, 9]; das active usito = xpõuai findet sich "chrômai" bei Labbaeus I. p. 198 aus dem nach Cyrillus benannten Glossar bezeugt. Möglicherweise ist das im Boern. vorkommende usitans nicht von uti, sondern vom griechischen "è ousia" abzuleiten (H. Rönsch, Doppelübertsetzunbgen des Boernerianus, Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, Volumes 25 à 26, 1882 - books.google.fr).

 

Le Codex Boernerianus (Gregory-Aland no. Gp ou 012) est un manuscrit de vélin en écriture grecque onciale. Le codex se compose de 99 folios (25 x 18 cm). Il s'agit d'un manuscrit bilingue (grec et latin), contenant les Épîtres de Paul, il y manque aujourd’hui certains passages (Épître aux Romains 1,1-4, 2,17-24; 1 Cor 3,8-16; 6,7-14; Col 2,1-8; Philémon 21-25; Hébreux). Les paléographes sont unanimes pour dater ce manuscrit du IXe siècle (fr.wikipedia.org - Codex Boernerianus).

 

Il aurait été composé par un moine irlandais du monastère de Saint Gall en Suisse.

 

The Codex Boernerianus is now in the library of the King of Saxony at Dresden. In the 16th century it belonged to Paul Junius of Leyden: it was bought dear at the book-sale of Peter Francius, Professor at Amsterdam, in 1705, by C. F. Boerner, a Professor at Leipsic, who lent it to KĂĽster to enrich his edition of Mill (1711), and subsequently to Bentley. The latter so earnestly wished to purchase it as a companion to Cod. F, that though he received it in 1719, it could not be recovered from him for five years, during which he was constantly offering high sums for it : a copy, but not in Bentley's hand, had been already made (Trin. Coll. B. 17. 2). Cod. G was published in full by Matthaei in 1791, in common type, with two facsimile pages; his edition is believed to be very accurate; Anger, Tischendorf, Tregelles, Böttiger and others who have examined it have only expressly indicated two errors (Frederick Henry Scrivener, A plain introduction to the critiscism of the new testament, 1861 - books.google.fr).

 

Bentley a aussi étudié le Codex Bezae (Les Mauristes, Codex Bezae et autres choses - nonagones.info).

 

Paul Junius, ou de Jon, est de la famille de François du Jon l’ancien, en latin Franciscus Junius, né le 1er mai 1545 à Bourges et mort le 13 octobre 1602 à Leyde, linguiste, exégète et professeur de théologie réformée, disciple de Calvin et de Théodore de Bèze (fr.wikipedia.org - François du Jon).

 

François Sweerts (parfois Pierre François, sous sa forme latinisée Franciscus Sweertius), né en 1567 à Anvers et mort à Anvers en 1629, est un historien et un épigraphiste belge. Ses premiers maîtres sont Cornellis de Corte ou Curtius et Guillaume Fabius, Théodore Dussenius, et Hubert Waelrans (pour la musique). Il lui apprennent le grec et le latin. Devenu marchand, François Sweerts demeure en relation avec Juste Lipse, André et Gaspar Schott, Van de Putte ; Daniel Heinsius, Joseph Juste Scaliger, fils de Jules César Scaliger relation agenoise de Nostradamus, Dominique Baud ou Baudius, Casaubon etc. (fr.wikipedia.org - François Sweerts).

 

Le "grand monarque" et l'"esleu du peuple"

 

Le grand monarque, dans cette région, fait penser aux rois perses, et l'élu du peuple à un démocrate athénien.

 

Deux factions divisaient l'Attique, et s'emparaient tour à tour du pouvoir. Le chef de l'une de ces factions, Clisthènes gagna la faveur du peuple en formant dix classes au lieu de quatre. Il augmenta aussi le nombre des membres du sénat. Le rival de Clisthènes, Isagoras, appela le roi de Sparte à son aide, et l'invasion des Spartiates fut l'occasion des premiers rapports qui s'etablirent entre les Perses et les Athéniens, et qui furent depuis si funestes à ces derniers. Les Athéniens désirant se prémunir contre une seconde invasion dont ils étaient menacés, envoyèrent des ambassadeurs demander aide et alliance à Artaphernes, gouverneur de Sardes. L'orgueilleux satrape, après avoir demandé ce que c'était que les Athéniens, et où ils habitaient, leur promit sou secours à condition qu'ils donneraient au monarque persan la terre et l'eau, signe de soumission exigé ordinairement par le grand roi. Les ambassadeurs y consentirent, mais à leur retour à Athènes, ils furent punis de cette lâche condescendance. L'issue de l'invasion lacédémonienne fut heureuse pour les Athéniens. Les Corinthiens qui s'étaient joints aux Spartiates, quittèrent leur alliance et retournèrent chez eux. Les deux rois lacédémoniens se prirent de querelle avant une bataille qu'ils devaient livrer, et les Athéniens n'ayant plus à combattre que les Béotiens et les Chalcidiens, les désirent complètement, traversèrent l'Eubée et établirent quatre mille colons athéniens sur le territoire de Chalcis. Ce fut vers ce temps qu'Hippias voulut conduire les Perses contre les Athéniens. L'évènement suivant le favorisa dans ce dessein. Les Grecs de l'Ionie, tributaires ou sujets de Darius, s'étaient révoltés contre lui; ils avaient demandé secours aux différens peuples de la Grèce, et les Athéniens leur avaient envoyé vingt vaisseaux. Les Grecs confédérés brûlèrent Sardes. Alors Darius leva une puissante armée et équipaune flotte formidable; avec laquelle ses lieutenans traversèrent la mer Egée ; s'emparant d'Erétrie en Eubée, ils prirent terre en Attique, et virent bientôt leur puissante armée defaite par celle des Athéniens dans la plaine de Marathon, où les Grecs, sous la conduite de Miltiade, firent des prodiges de valeur. Dix ans après, Xercès, fils de Darius, conduisit contre la Grèce une des plus puissantes armées dont parle l'histoire. L'Attique fut envahie et les Athéniens n'eurent d'autre refuge que leurs vaisseaux. Forcés d'abandonner la terre à leurs ennemis, ils firent de la mer le théâtre d'une nouvelle guerre où ils vainquirent Xercès dont la flotte fut complètement ruinée à l'immortelle bataille de Salamine. Le monarque persan se vit obligé de se retirer honteusement en Asie, laissant après lui son lieutenant Mardonius avec une armée d'à peu près trois cent mille hommes. Mardonius entra une seconde fois à Athènes, brûla et détruisit tout ce que Xercès avait laissé et fit de cette ville un monceau de ruines (479). Quelques monumens échappèrent sans doute à la destruction, car Hérodote dit qu'il vit suspendues aux murs de l'Acropolis les dépouilles des Béotiens et des Chalcidiens, et qu'elles portaient les traces de l'incendie allumé par les Persans. Athènes fut rebâtie l'an 479 avant J.-C., et il serait difficile de reconnaître parmi les ruines qu'on y voit aujourd'hui les traces d'un monument remontant à une époque antérieure à l'invasion de Xercès, outre ce que nous avons désigné plus haut comme appartenant à l'architecture pélasgique. C'est à cette époque et sous Thémistocle que le Pirée fut fortifié, et que les Athéniens apprirent à considérer leurs vaisseaux comme leur meilleur moyen de défense. Par une loi d'Aristide promulguée dans le même temps, la constitution reçut un changement notable; chaque citoyen put être élu à toutes les charges de l'état, et ce fut un pas immense fait vers la démocratie à laquelle tendait Athènes. La Grèce se confédéra contre le roi de Perse; chaque état dut fournir son contingent d'hommes et de vaisseaux; ceux qui n'avaient pas de marine payèrent en argent, et les Athéniens fournirent les vaisseaux que ces états n'avaient pu envoyer. Telle fut l'origine de leur supériorité navale sur les autres peuples de la Grèce. Les efforts et les succès de ce petit état, faible partie de la Grèce, pendant la guerre contre les Perses sont inouïs. Sous la conduite de Cimon, les Athéniens prirent Eion sur le Strymon, défirent les Perses en Pamphilie, prirent Naxos et portèrent leurs armes jusqu'à Chypre. Pendant six ans ils aidèrent les Egyptiens qui voulaient secouer le joug des Perses, prirent possession de Memphis, et furent pour quelque temps maitres de la Basse-Egypte. A ces conquêtes succéda la trève de trente ans, à la conclusion de laquelle les Athéniens rendirent l'Achaïe, Nisée, Trézène, etc., en même temps qu'ils s'agrandirent d'un autre côté. Cette trève laissa refleurir les arts long-temps négligés pour la guerre. Cimon bâtit le temple de Thésée, l'Académie et l'Agora, et fit faire les longs murs qui joignaient Athènes à ses ports.

 

Désireux de maintenir la force et l'unité de la Grèce contre les barbares, ami des lois et des mœurs de Lacédémone, et croyant ce contre-poids nécessaire à la grandeur athénienne, Cimon attendit à peine la demande de Sparte pour proposer au peuple athénien de la secourir. Le peuple y consentit à regret; et une armée athénienne, venant offrir Ses services aux Spartiates, dut regagner l'Attique, après avoir essuyé de ces hommes, que l'adversité rendait plus farouches encore, le plus fier et le plus humiliant des refus. La Popularité de Cimon en fut mortellement attoiote. Il l'avait déjà compromise par sa libéralité même, par la franchise de ses inclimotions aristocratiques, par une protection ouvertement accordée à l'Aréopage, qui devenu un foyer d'opposition contre le gouvernement populaire, était menacé de voir restreindre ses attributions et ses prerogatives. Cette marche constante du peuple athénien vers la démocratie, l'éloignait de plus en plus de Cimon, qui ne pouvait le guider dans cette voie. Ce dissentiment croissant se termina par une rupture définitive et par le bannissement de Cimon. Il n'avait pas quitté Athènes qu'il était déjà remplacé. Le fils de Xantippe, le vainqueur de Mycale, descendant de Clisthènes par sa mère, avait déjà séduit le peuple par son éloquence et par sa beauté. Avide de commandement, se sentant né pour l'empire, il avait associé, malgré l'éclat de sa naissance, sa destinée politique au triomphe de la démocratie. Il lui fut donné de gouverner, pendant de longues années, le plus inconstant des peuples, et d'attacher son nom à l'époque glorieuse où Athènes fit ses plus grandes actions et enfanta ses plus beaux chefs-d'œuvre. Cette brillante période de l'histoire du monde s'appelle encore aujourd'hui le siècle de Périclès. La nouvelle politique d'Athènes fut inaugurée avec bonheur; mais l'événement montra bientôt qu'elle était prématurée. Faire à la fois la guerre à Sparte et aux barbares, assurer en même temps par les armes l'indépendance de la Grèce et la suprématie d'Athènes, était encore au-dessus des forces de la république. Mégare, devenue démocratique, se donne à Athènes, qui l'enferme dans ses longs murs et la défend contre Corinthe. Mais bientôt Sparte, Egine, Epidaure, viennent soutenir la cause dorienne contre la démocratie envahissante. Mégare fut défendue contre une invasion par les vieillards et les enfants d'Athènes, pendant qu'Egine était assiégée, qu'une flotte athénienne allait conquérir Chypre et qu'une autre flotte allait soutenir l'Egypte révoltée contre le grand roi. La défaite de Tanagre, où les Athéniens furent vaincus par l'infanterie de Sparte, n'arrêta pas l'ardeur d'Athènes. Egine succombe peu après, une armée béotienne est détruite à OEnophyta, une flotte athénienne va brûler Gythium sur la côte de Laconie, passe devant Corinthe et vient enlever Naupacte, où sont appelés les débris des Messéniens, chassés enfin d'Ithôme. Cette splendeur passagère finit par un désastre. Deux flottes athéniennes furent détruites en Egypte et deux expéditions, contre Tanagre et en Acarnanie, échouèrent. Ces malheurs relevèrent le parti aristocratique, ami de la paix, et firent rappeler Cimon. Une trêve, conclue avec les Doriens, permet à Cimon de tourner une fois encore Athènes contre les barbares. Il meurt au siège de Citium (l'actuelle Larnaca à Chypre) entre deux victoires, et avec lui finissent glorieusement les guerres médiques. Le traité de Citium fut le legs de Cimon mourant à sa patrie et à la Grèce. Le but de toute sa vie était atteint: les Grecs d'Asie étaient affranchis et les Grecs d'Europe n'avaient plus rien à craindre du côté de l'Orient. Les colonies grecques déclarées libres, l'engagement pris par le grand roi de laisser toujours au moins trois jours de marche entre leur territoire et ses armées, et d'interdire à ses vaisseaux de guerre l'entrée de la mer Egée, telles sont les conditions de ce traité et les garanties sérieuses dont la Grèce avait entouré son indépendance. La fin des guerres médiques n'est pour la race grecque que le signal de la guerre intérieure.

 

Sous Périclès, qui a donné son nom à son siècle, un des plus brillans d'Athènes et de la Grèce, furent élevés, le Parthénon, les Propylées de l'Acropolis et le grand temple de Déméter (Cérès) à Eleusis. La sculpture produisit des chefs-d'œuvre, et c'est alors que brilla Phidias. La peinture fleurit également. L'art dramatique à peine au berceau, grandit tout-à-coup à cette époque qui vit également briller la philosophie, l'éloquence et l'histoire.

 

La guerre du Péloponèse, qui commença l'an 451 avant notre ère, forme une importante période et peut être attribuée à plusieurs causes : l'inimitié de la race dorique et celle de la race ionique; la jalousie de Sparte; la tyrannie qu'Athènes exerçait sur ses alliés; les dangers de Périclès qui, craignant l'influence de ses ennemis, entraîna les Athéniens dans une guerre où il devait leur devenir nécessaire. Les Lacédémoniens, ennemis des Athéniens, avaient pour alliés dans cette guerre une partie des états de la Grèce; mais ils manquaient d'argent et de marine, tandis que les Athéniens qui avaient, comme eux, un grand nombre d'alliés, étaient à la tête d'une puissante marine et d'une énorme quantité de numéraire. Pendant cette guerre l'Attique fut plusieurs fois ravagée par les Lacédémoniens, et de part et d'autre on viola sans pudeur le droit des gens. Aux maux de la guerre se joignirent pour les Athéniens ceux d'une peste qui ravagea l'Attique pendant deux ans et n'y fit pas périr moins de cinq mille hommes en état de porter les armes, un cinquantième, peut-être, de sa population totale. Périclès fut enlevé par cette peste l'an 429 avant notre ère. Il avait exercé pendant trente ans le pouvoir absolu, mais il l'avait exercé en faveur du peuple, qui chaque jour acquérait plus de puissance, et son règne avait été trop brillant pour que l'Attique ne tînt pas toujours sa mémoire en honneur (Encyclopédie nouvelle, Ari-Bos, Tome 2, 1840 - books.google.fr, Lucien Anatole Prévost-Paradol, Revue de l'histoire universelle, 1854 - books.google.fr).

 

Clisthène d'Athènes est un réformateur et un homme politique athénien, né vers 565 ou 570 avant notre ère et mort à une date inconnue (probablement entre 5082 et 492 avant notre ère), qui instaura les fondements de la démocratie athénienne. Après la fuite et l'exil d'Hippias en Asie Mineure, le jeu politique laissant plus de place aux grandes familles aristocratiques, Clisthène revint sur le devant de la scène. Il se pose alors en champion de l'isonomie et renverse les aristocrates (fr.wikipedia.org - Clisthène (Athènes)).

 

Voir le quatrain V, 90 - 1918 (Famine en Grèce).

 

"ligne ne faillir" jusqu'Ă  Cimon

 

Xerxès I dut continuer la guerre commencée par son père contre les Égyptiens; après avoir subjugué les rebelles et appesanti le joug de leur servitude, il résolut, dans l'orgueil que lui causaient ses victoires, d'envahir la rèce; mais il fut battu aux Thermopyles, à Artémisium, à Salamine, 480, à Platée et à Mycale, 479. Découragé par ces revers, Xerxès renonça à tout projet de conquête, et, se livrant au luxe et à la mollesse, ne songea plus qu'à ses plaisirs.

 

Artaxerxès longue-main. Les 40 années de son règne décèlent les premiers symptômes de la décadence de l'empire, et il n'eut ni assez de talents, ni assez de caractère pour en arrêter les progrès. Les Égyptiens, révoltés de nouveau, sont soutenus par les Athéniens. Après des succès balancés, la guerre avec ceux-ci ne tarda pas à prendre une fâcheuse tournure pour les Perses par la victoire que Cimon remporta sur leur flotte et leur armée, près de Chypre, 469; et la crainte de perdre entièrement cette île contraint Artaxerxès à faire avec Athènes une paix, par laquelle la liberté des Grecs asiatiques est formellement reconnue (André Janin, Panorama de l'histoire ancienne, jusqu'à la bataille d'Actium, 1831 - books.google.com).

 

"envieillir", "paix" : Cimon et Artaxerxès

 

Fondée sur la liberté et l’égalité qui ont ouvert la voie à la souveraineté du peuple, la démocratie athénienne n’en était pas moins un régime où les charges les plus importantes ont été, presque toujours, confiées à l’élite sociale d’origine aristocratique. Quelques années seulement après sa naissance, en 508 avant Jésus-Christ, le nouveau régime athénien a fait des dix stratèges (commandants de l’armée), élus annuellement, les magistrats qui détenaient l’essentiel du pouvoir exécutif. Le stratège qui s’imposait à ses neuf collègues devenait, de fait, le «Chef de l’Etat».

 

Entendue comme la conduite du peuple par les dirigeants aristocrates de la cité qui lui procurent des avantages divers en contrepartie de leur leadership, l’apparition de la démagogie est à situer vers 480 avant Jésus-Christ, soit une génération après la naissance de la démocratie athénienne. Cette apparition coïncide avec la naissance de l’empire d’Athènes, mis en place au lendemain de la bataille de Salamine qui se termina par une retentissante victoire navale contre la marine perse. La première figure du démagogue est celle de Cimon, qui a été élu stratège une première fois en 478 avant Jésus-Christ, et qui a été réélu, pendant une quinzaine d’années, pour exercer cette charge. Grâce à sa très grande fortune, Cimon a pu gérer de nombreuses liturgies, ces prises en charge de dépenses au profit de la communauté, dont la plus importante était la triérarchie qui consistait à armer des navires de guerre (des trières) grâce auxquels Athènes a pu exercer sa domination sur de très nombreuses cités grecques de la mer Egée dans le cadre de la Ligue de Délos. Pour gagner la faveur du démos, Cimon ouvrait volontiers ses domaines à tous ceux qui voulaient s’y servir. Ainsi, il inaugurait le clientélisme politique en démocratie (Houcine Jaïdi, Le populisme, un élément structurel de la démocratie, depuis… 25 siècles, 2019 - www.leaders.com.tn).

 

Dans les rues d'Athènes, Cimon Ă©tait suivi de plusieurs domestiques très-bien habillĂ©s; et lorsqu'il rencontrait quelque vieillard mal vĂŞtu, il lui faisait donner l'habit d'un de ses gens; et ces citoyens pauvres se trouvaient honorĂ©s de cette libĂ©ralitĂ© ces mĂŞmes domestiques portaient sur eux beaucoup d'argent, et lorsqu'ils voyaient dans la place quelqu'un de ces honnĂŞtes indigents, ils s'approchaient, et lui mettaient secrètement dans la main quelque pièce d'argent. C'est Ă  quoi le poĂ«te comique Cratinus semble faire allusion dans sa pièce intitulĂ©e les Archiloques, oĂą il dit :

 

Simple et pauvre greffier, j'avais eu l'espérance

De passer mes vieux jours dans une douce aisance,

Auprès du bon Cimon, ce vieillard généreux,

Cet homme hospitalier, digne Ă©mule des dieux,

Et qui par ses bienfaits, sa vertu, sa sagesse,

Doit être le premier des héros de la Grèce (Plutarque, Les Vies des hommes illustres, Tome 1, traduit par Alexis Pierron, 1858 - books.google.fr, Roger Goossens, Sur quelques fragments de la Comédie Ancienne. In: Revue des Études Anciennes. Tome 42, 1940, n°1-4 - www.persee.fr).

 

La paix de Callias (449) fut sans doute humiliante pour Artaxerxès Ier (465-424), mais elle établissait le statu quo en Asie Mineure où les villes grecques restaient sous la suzeraineté perse. Les manœuvres athéniennes n'avaient pu détacher l'Égypte et Chypre de l'Empire (André Courtaigne, Passions humaines et géographie, 2015 - books.google.fr).

 

Artaxerxès Ier est un grand roi achéménide ayant régné de -465 à -424. Manéthon l’appelle Artaxerxês et lui compte quarante et un ans de règne (Africanus).

 

En -450, Artaxerxès Ier est battu par l'AthĂ©nien Cimon qui reprend Chypre et en -449/-448, il est contraint de signer la paix avec les Grecs : la paix de Callias, qui met fin aux guerres mĂ©diques. Par ce traitĂ© les Perses renoncent aux citĂ©s grecques d'Ionie. La signature de cette paix reste cependant contestĂ©e par les spĂ©cialistes. Pendant une gĂ©nĂ©ration, le calme revient dans l'Empire (fr.wikipedia.org - Artaxerxès Ier).

 

"rétrograde"

 

Mercure rétrograde pendant 23 jours tous les 3 mois et 25 jours (3 fois l'an). Vénus rétrograde pendant 43 jours environ tous les 19 mois et 10 jours. Mars rétrograde pendant 72 jours environ tous les 2 ans, 1 mois et 15 jours. Jupiter rétrograde pendant 4 mois environ tous les 13 mois. Saturne rétrograde pendant 4 mois et demi environ tous les 380 jours (www.astro-ciel.com).

 

En -449, Mercure est rétrograde du 29 février au 24 mars, 4 au 27 juillet, 25 octobre au 13 novembre; Vénus est rétrograde du 1 au 27 janvier; Mars est rétrograde du 26 janvier au 14 avril (www.astro.com).

 

"rétrograde" est au singulier. Parmi les 7 planètes connus avant 1781, seule Vénus tourne (d'est en ouest) dans le sens des aiguilles d'une montre, vue du pôle Nord (avec Uranus et Pluton) (Daniel Lacotte, Le Pourquoi du comment, Tome 3, 2009 - books.google.fr).

 

Dans ce cas, on ne voit pas bien l'intérêt de l'énumération de ces planètes.

 

On sait par ailleurs que les Anciens voulaient voir dans la marche rétrograde de l'animal-Cancer, Crabe ou Écrevisse une référence au trajet du Soleil qui, ayant alors atteint le point solsticial, tourne autour de celui-ci comme autour d'une borne avant de repartir dans le sens opposé; cf. par exemple MACR., Sat. I, 17, 63 (Godefroid de Callataÿ, La géographie zodiacale de Manilius , Latomus: revue d'études latines, Volume 60, Numéros 1 à 2, 2001 - books.google.fr).

 

En juillet -476, les trois planètes sont dans le Cancer (www.astro.com).

 

Encore faut-il que les auteurs des Centuries aient eu des tables astronomiques remontant à cette époque et aussi précises.

 

Le début de la politique édilitaire de Cimon peut être fixé en revanche en 476, au lendemain de la bataille d’Éion, premier succès militaire du Philaïde et occasion d’enrichissement pour Athènes grâce au butin soustrait aux Perses. La victoire fut commémorée à Athènes par l’érection de trois Hermès accompagnés par trois épigrammes célébrant l’entreprise des soldats athéniens et qui furent placés sous le Portique des Hermès, à situer vraisemblablement dans l’Agora du Céramique (Maria Paola Castiglioni, Compte rendu de "La città di Cecrope. Ricerche sulla politica edilizia cimoniana ad Atene" de Di Cesare, Riccardo, 2015 - histara.sorbonne.fr).

 

En l'an 476, 10ème année de son règne, Masiste étant mort, Xerxès donna le Gouvernement de la Bactriane à Hystaspe son second Fils, qui se trouvant par là obligé de vivre éloigné de la Cour, fournit à Artaxerxès son plus jeune frere l'occasion de monter avant lui sur le trône à la mort de leur Pere (Humphrey Prideaux, Histoire des juifs et des peuples voisins: depuis la décadence des royaumes d'Israël & de Juda jusqu'à la mort de Jesus-Christ, Tome 1, 1725 - books.google.fr).

 

D'autres reculent l'avènement du monarque persan jusque vers l'an 474-475. Ces critiques apportent, eux aussi, des preuves convaincantes. Justin l'historien (III, 1) dit qu'à l'époque du meurtre de son père, Artaxerxès n'était qu'un enfant; or, en 464, Artaxerxès avait de 25 à 27 ans. Au témoignage de Diodore (xII, 60), la bataille de l'Eurymédon eut lieu en 470. Au dire d'Eusèbe, c'était la quatrième année d'Artaxerxès. Enfin, l'argument principal est que, si l'on en croit Thucydide, Thémistocle s'enfuit en Perse au commencement du règne d'Artaxerxès. Or, toujours d'après Diodore et la Chronique d'Eusèbe, Thémistocle arriva à la cour d'Artaxerxès vers l'an 471; d'après Cicéron, en 472; d'après Eusèbe, cité par saint Jérôme, en 473. On peut donc assigner l'année 474 ou 475 comme la première d'Artaxerxès. En effet, les intrigues de Pausanias et de Thémistocle, la mort de Pausanias, la fuite de Thémistocle, d'abord à Corcyre, puis auprès d'Admète, roi des Molosses, puis à Pydna, et enfin auprès d'Artaxerxès, durent bien prendre deux ou trois ans. Or, il est certain que Pausanias fut jeté en prison en l'an 477, en sorte que Thémistocle ne put guère arriver en Perse avant l'an 474 ou 475. Ainsi, c'est bien vers 475, à une ou deux années près, et sans que l'écart puisse être plus grand, que certainement Artaxerxès Longue-Main monta sur le trône de Perse. M. Wallon choisit l'année 474, le P. Corluy préfère 476 (Eugène Pilloud, Daniel et le rationalisme biblique, 1890 - books.google.fr).

 

"rétrograde" : renversement

 

Appartenant à la mythologie judéo-chrétienne, la reine Vasthi est uniquement mentionnée dansla Bible, au livre d'Esther. Elle est l'épouse favorite d'Assuérus, un roi perse qui pourrait être Xerxès Ier (486-465) ou Artaxerxès Ier (465-424) (Bruno Fuligni, Folle histoire - Les grandes hystériques, 2015 - books.google.fr).

 

La défaite de Haman et de Vashti (qui correspondent à des divinités élamites) par Esther et Mardochée semble symboliser pour Paul Haupt la victoire des divinités du printemps (Ishtar et Marduk) sur celles de l'hiver (Mashti) (Mercure de France, Volume 66, 1907 - books.google.fr).

 

L'astrologie est très présente dans le Livre d'Esther. Les conseillers que le roi perse consulte pour décider du sort mérité par la reine Vashti sont des mages, Haman consulte les siens pour décider du jour propice pour péppétrer le progrom. Cette prégnance dans la croyance en l'influence des astres sur les jours, fastes et néfastes, trouve son origine dans l'assimilation par les savants juifs déportés à Babylone de la science astronomique et des croyances astrologiques suméro-babyloniennes lors de leur séjour forcé à Babylone.

 

Selon le Meam Loez : «Pourquoi cette fête s'appelle-t-elle Purim ? A cause du goral, du sort (pur) qui est le décret funeste... La délivrance eut effectivement lieu lorsqu'Haman fut pendu le 16 nissan, pourquoi attendre jusqu'au 13 'adar pour célébrer Purim ?... le 13 'adar était un jour néfaste pour Israël qui ne bénéficiait d'aucun mérite à cette date... mais le Saint, bénit soit-Il, retourna cette conjonction et «la situation se renversa»... non seulement Israël fut sauvé mais les Juifs triomphèrent, eux, de ceux qui les haïssaient. Rien que pour ces deux merveilles, il convenait de fixer la fête en 'adar.»

 

Le renversement de sort se dit en hébreu nahapok hu. Bahya ben Asher (XIIIe s. Saragosse) interprète le renversement de sort par les noms de protagonistes comme «une bataille cosmique entre les forces du mal représentées par Assuerus-Saturne et et Haman-Mars face au bien incarné par Mardochée-Jupiter et Esther-Vénus» car la roue du zodiaque, de la fortune, tourne «promesse de renversement yit'happekh ha-galgal : à l'avenir, au lieu que nous soyons foulés au pied par les Gentils, ce sont eux qui nous honoreront et nous respecterons» (Christophe Stener, Le livre d'Esther : Une exégèse en images, 2019 - books.google.fr).

 

Haman : Héman en sanscrit désigne la planète de Mercure (S. Cahen, La Bible traduction nouvelle, avec l'hebreu en regard, Tome 16, 1848 - books.google.fr).

 

Golgotha, de galgal (il a roulé), indique que cette même montagne était rapide et escarpée (Emmanuel Justin Barthélemy, Histoire de la vie de N. S. Jésus-Christ au point de vue apologétique, politique et social, 1850 - books.google.fr).

 

Dans son interprétation astrologique, le Livre d'Esther dit que Dieu brise la détermination astrale (Georges Vajda, Juda ben Nissim ibn Malka. Philosophe juif marocain, 1954 - books.google.fr).

 

Le terme "segal" désigne dans Nehémie II, 6 l'épouse du roi Artaxerxès, et au pluriel, dans les passages araméens de Daniel V, 2ss. 23, les concubines du roi. Une inscription araméenne de Hatra l'atteste pour la première fois. Il est usité avec Dibt (Vénus) et est mis en rapport avec Babylone (R. Tournay, Le psaume XLV et le Cantique des cantiques, Supplements to Vetus Testamentum, Volume 9, 1963 - books.google.fr).

 

Certains placent le ravissement de Paul au troisième ciel, dont il parle lui-même en II Corinthiens 12, un peu avant son voyage à Chypre. Mahomet est lui ravi au cinquième ciel fait de diamants dans la tradition musulmane. A Chypre, Paul est confronté au magicien Bar-Jesus surnommé Elymas ou Elmas dans la ville de Paphos renommée pour ses diamants. "elmas" désigne le diamant en sanscrit et en arabe (nonagones.info - La Vraie Langue Celtique de l’abbé Henri Boudet - La Carte de La Vraie Langue Celtique - Soir et Diamant).

 

Acrostiche : LDEQ, heldec

 

"heldec" : ancien allemand "penché" (Heinrich Stickelberger, Consonantismus der Mundart von Schaffhausen, 1889 - books.google.fr).

 

Un vase ayant appartenu à un collectionneur privé allemand, aujourd'hui dans un musée d'Hambourg, présente un barbare vêtu comme un Scythe avec un juste-au-corps, déclarerait "je suis Eurymédon et je me tiens penché" ("kubade" pour "kubda"). En rapport peut-être avec la bataille de l'Eurymédon de -467, que Thucydide place en 474 juste après l'accession au trône d'Artaxerxès Ier (Dimitrios Yatromanolakis, Epigraphy of Art: Ancient Greek Vase-Inscriptions and Vase-Paintings, 2016 - books.google.fr).

 

Quand Paul Ă©crit «Ne faites pas d'attelage disparate avec les infidèles» (II Cor. VI, 14), Ă  cause de "Zugos", qui veut dire non seulement «joug», mais «flĂ©au de balance, balance», ThĂ©ophylacte a compris ainsi cette phrase : Ne soyez pas trop inclinĂ©s vers les paĂŻens» ( E.B. ALLO, Seconde EpĂ®tre aux Corinthiens, Paris, 1937, p. 184).

 

Aux Corinthiens s'accommodant de contacts dĂ©moralisants, voire de compromissions, avec le milieu paĂŻen (frĂ©quentation des temples, mariages mixtes ?), saint Paul prescrit : «Ne faites pas d'attelage disparate avec les infidèles» (II Cor. VI, 14). Le verbe "eterizugeĂ´" litteralement «tirer le joug d'un autre cĂ´tĂ© que son compagnon» et au figurĂ© : «contracter une alliance mal assortie, se mal accoupler» est un hapax biblique, rarement utilisĂ© par les Ă©crivains ecclĂ©siastiques; c'est l'inverse de "suzugein". Sa signification s'Ă©claire un peu par les adjectifs "eterozugos", attestĂ© une seule fois dans les papyrus : on a confisquĂ© les biens de DĂ©mĂ©trios, dont «deux vases dĂ©pareillĂ©s, (P. ZĂ©n. Cair. 59038,12); terme de grammaire, il signifie «dĂ©clinĂ© ou conjuguĂ© irrĂ©gulièrement»; puis "eterozux" : «qui a perdu son compagnon de joug, dĂ©pareillé»; Cimon exhorta les AthĂ©niens «à ne pas permettre que la Grèce devint boiteuse ("chĂ´lèn") et que leur ville fĂ»t privĂ©e ("eterozuga") de sa rivale (Plutarque, Cimon, XVI, 10) (Ceslas Spicq, Lexique thĂ©ologique du Nouveau Testament, 1991 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1849 sur la date pivot -476 donne -2801.

 

La fin du règne de Sa, roi de Basse-Egypte, se termine en -2804 (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusquà l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr).

 

La basse Egipte fut le partage de SA, ou CURUDES, quatriéme fils de Menes, qui la fit défricher, & la rendit une des plus fertiles partie de l'Egipte. On y bâtit une ville à laquelle on dona le nom du Prince. C'est la ville de Saïs qui est devenue si fameuse par ses Dinasties; mais beaucoup plus par ses colonies, entr'autres par celles qui a peuplé l'Attique, & fondé la ville d'Athènes (Louis Chasot de Nantigny, Les généalogies historiques des rois, empereurs, &c., Tome 1, 1736 - books.google.fr).

 

Jeu de mots

 

Les jeux de mots sont frĂ©quents, en voici quelques exemples : l'usitant = lusitan (habitant de la Lusitanie, Portugais) cf. infra IV - 97 (Jean Monterey, Nostradamus: prophète du XXe siècle, 1961 - books.google.fr).

 

La colonisation est un terme qui renvoie Ă  l'AntiquitĂ© grecque. Il fait rĂ©fĂ©rence Ă  la fondation, par une partie du corps civique d'une autre citĂ© distante de la mĂ©tropole d'origine. Dans ce cas cependant, la colonie Ă©tait complètement indĂ©pendante de la mĂ©tropole, quels que soient les liens d'origine de la population fondatrice. Cependant, en dĂ©pit de ce caractère particulier, un aspect de la colonisation grecque se retrouve dans les vagues de colonisation qui marque par la suite l'histoire de l'humanitĂ© : la «stĂ©nochoria», la «soif de terre». La colonisation romaine dĂ©finit les traits d'une vĂ©ritable colonisation impĂ©riale mais c'est vraiment les XVe et XVIe siècle, avec la conquĂŞte de l'AmĂ©rique du Sud par l'Espagne et le Portugal, qui constituent les vĂ©ritables prĂ©mices de la colonisation du monde par l'Europe (Concours Sciences Po Paris: Tout-en-un, 2015 - books.google.fr).

 

Dans la deuxième moitié du XXème siècle, "les luttes anti-coloniales se sont articulées aux contradictions des formations sociales nationales portugaise et grecque, elles ont contribué à leur condensation, marquant ainsi le début du renversement du régime, déjà fortement miné de l'"intérieur" [même s'il ne faut pas] attribuer directement les chutes des régimes portugais et grec à la guerre coloniale en Afrique ou à l'«aventure» des colonels grecs à Chypre" (Nicos Poulantzas, La crise des dictatures: Portugal, Grèce, Espagne, 1975 - books.google.fr).

 

Almageste et rétrogradation

 

Zacuto's teachers of rabbinic studies were his father, Samuel, and R. Isaac Aboab II (1433 93). Zacuto studied astronomy and astrology at the University of Salamanca, eventually joining the faculty as an instructor in those subjects. When the Jews were expelled from Spain Zacuto went to Portugal, where he served King John II and afterwards his successor Manuel as Royal Astronomer. In Salamanca, Zacuto wrote Ha-Hibbur ha-Gadol (Almagest, 1473-78), astronomical tables and calculations, translated into Spanish by Joseph Vecinho (Marvin J. Heller, The sixteenth century Hebrew book: an abridged thesaurus, Volume 2, 2004 - books.google.fr).

 

L'Almageste est un livre d'astronomie de Ptolémée.

 

Son Almageste est sa grande œuvre de synthèse. Son titre même vient du grec (hè megistè), qui signifie «la très grande [compilation]». Les Arabes ont rendu cette expression par al-majisti, qui est devenu almagesti ou almagestum dans le latin médiéval. Ce résumé d'ensemble de l'astronomie mathématique est présenté d'un point de vue typiquement grec, et présente une forme géométrique caractéristique, bien qu'on sache aujourd'hui qu'il renferme une forte composante babylonienne pour les données astronomiques - les Babyloniens, d'ailleurs, avaient construit leur astronomie sur des fondations à l'origine arithmétiques. Les premières tentatives des Grecs pour représenter les mouvements du Soleil, de la Lune et des planètes à l'aide de modèles mathématiques consistaient en des mouvements de simple rotation qui ne parvenaient pas à rendre compte des variations de vitesse des corps concernés lors de leurs déplacements sur la toile de fond des étoiles fixes. Le mouvement planétaire qui posait le plus de problèmes était le mouvement rétrograde auquel toutes les planètes alors connues (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne) sont soumises. Leur course générale autour du ciel s'effectue dans une direction opposée à celle de la rotation diurne. Toutefois, et c'est là une conséquence du fait que nous voyons les planètes à partir de la Terre qui tourne autour du Soleil tout comme elles, chaque planète semble par moments suivre la direction inverse de son mouvement à long terme (Jacques Brunschwig, Geoffrey Ernest Richard Lloyd, Pierre Pellegrin, Le savoir grec: dictionnaire critique, 1996 - books.google.fr).

 

Le détail du mouvement des corps célestes, tel que le mouvement rétrograde des planètes ou les éclipses, est prédit par sa théorie avec une remarquable précision. Ceci explique d'ailleurs pourquoi l'Almageste resta pendant 1 500 ans la référence indiscutée de la science astronomique - un fait extraordinaire pour une théorie que l'on sait par ailleurs fausse. Le succès de Ptolémée s'explique en partie par le choix d'un langage fort développé pour son époque, la géométrie. Celle-ci permit de construire une théorie représentationnelle des faits cosmiques. L'épicycle, le déférent et l'équant, par exemple, sont des constructions géométriques dont les propriétés permettent d'expliquer le mouvement des planètes sans se soucier de leurs contreparties physiques (Marc Richelle, Helga Lejeune, Françoise Macar, Viviane Pouthas, Des animaux et des hommes: hommage à Marc Richelle, 1995 - books.google.fr).

 

La rétrogadation des 5 planètes est fréquente.

 

Mercure rétrograde en 1849 du 15 février au 9 mars, du 17 juin au 11 juillet et du 13 octobre au 2 novembre / en 1640 du 20 janvier au 10 février; du 17 mai au 10 juin; du 15 septembre au 7 octobre; Vénus en 1849 du 21 avril au 3 juin / en 1640 pas de rétrogradation; Mars en 1849 du 9 novembre au 24 janvier 1850 / en 1640 du 22 juillet au 20 septembre (www.drikpanchang.com).

 

Liens avec d'autres quatrains

 

Au quatrain précédent IV, 96 il est question de l'"Isle britannique".

 

L’Allemagne s’était intéressée, depuis le milieu du XIXe siècle, à cette région de la Méditerranée orientale et à la Crète en particulier. En 1849, il existait un projet allemand d’occupation des trois grandes îles de l’Empire, la Crète, Rhodes et Chypre, de manière pacifique, car ces trois îles ensemble devaient mieux servir la politique coloniale allemande. Dans la période qui suivit le Congrès de Berlin, des rumeurs annonçaient à Constantinople que le Sultan avait promis aux Allemands la Crète et Rhodes. En échange, l’Allemagne devait intervenir auprès de l’Autriche pour que la Bosnie-Herzégovine soit rendue à la Turquie, puisque la Crète était déjà considérée comme perdue aux yeux des Turcs. D’après des renseignements diplomatiques, le Sultan aurait songé à s’assurer un appui plus effectif de l’Allemagne en l’achetant par des concessions territoriales. Selon Fournier, «il s’agirait d’une transaction analogue à celle qui a fait passer Chypre entre les mains de l’Angleterre, et ce serait la Crète qui ferait cette fois les frais de la nouvelle alliance» (Kyrillos Nikolaou, Les régions contestées de l’Europe du Sud-Est, du Congrès de Berlin à la Première Guerre mondiale : Bosnie-Herzégovine, Bessarabie, Chypre, Crète et Caucase du Sud In : Sécurité européenne :frontières, glacis et zones d'influence : De l'Europe des alliances à l'Europe des blocs (fin XIXe siècle-milieu XXe siècle), 2007 - books.openedition.org).

 

Quant aux Anglais, ils ne semblent pas encore s’intéresser réellement à Chypre. Il faut surtout mentionner la venue du Capitaine Thomas Graves en 1849 qui, pour le compte de l’amirauté britannique, effectua le premier véritable relevé des contours de l’île, publié à Londres en 1851. Ce travail fut utilisé ultérieurement par de nombreux géographes (Lucie Bonato, Chypre, Cyprus, Zypern, Cipro, Cypern, "Kupros"... Les voyageurs européens à Chypre au XIXe siècle. In: Cahiers du Centre d'Etudes Chypriotes. Volume 42, 2012 - www.persee.fr).

 

Le quatrain V, 35 est interprété comme prise de possession de Chypre par l'Angleterre en 1878. On y parle de saint Paul, tissant le poil de chèvre, que l'on peut retrouver ici avec le terme "usitant".

 

Dans l'expédition de Pamphylie (470-469), Cimon ait voulu couper court à une tentative suprême de Thémistocle : celui-ci avait songé sans doute à exploiter l'amitié du Roi contre les cités grecques ennemies d'Athènes. Après avoir souligné l'intérêt de la prise de Phasélis, ville riche et nœud de voies commerciales, Mme Lombardo étudie les sources relatives à la bataille de l'Eurymédon; elle insiste sur l'erreur d'Éphore, citant une inscription qu'il attribue indûment à cette rencontre, et formule l'appréciation suivante : la version de Diodore est la plus absurde que nous possédions; celle de Thucydide est la plus sommaire; enfin, la plus vraisemblable est celle de Plutarque, qui nous permet de reproduire la physionomie du combat, où le fils de Miltiade paraît avoir déployé d'éminentes qualités de stratège. L'importance de la campagne fut considérable : le danger d'une expédition perse contre l'Hellade était écarté et Athènes plaçait sous son influence ou son autorité Phasélis, la Pamphylie et la Cilicie. Cette victoire marqua l'apogée de la gloire de Cimon (Paul Cloché, "Cimone, ricostruzione della biografia e discussioni storiografiche" de Giuseppina Lombardo, 1934. In: Revue des Études Anciennes. Tome 37, 1935, n°1 - www.persee.fr).

 

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