William Pitt Jr

William Pitt Jr

 

IV, 14

 

1787-1788

 

La mort subite du premier personnage

Aura changé & mis un autre au règne :

Tost, tard venu Ă  si haut & bas aage,

Que terre & mer faudra que on le craigne.

 

Whigs

 

Entre 1678 et 1681, on commença à désigner sous le nom de Whigs ceux qui voulaient exclure de la succession au trône par un projet de loi le duc d'York (futur Jacques II), qui était le frère cadet et héritier présomptif du roi Charles II. Cet épisode historique porta le nom de crise de l'Exclusion Bill et entraîna la naissance du Parti whig, favorable au Bill, qui gagna sa réputation de mouvement opposé à un absolutisme royal catholique au Royaume-Uni. Un peu plus tard, ils jouèrent ainsi un rôle important lors de la révolution de 1688. Toutefois, c'est en 1714 qu'ils accédèrent complètement au pouvoir, lors de l'avènement de la dynastie hanovrienne. Ils gouvernèrent sans partage pendant plusieurs décennies en s'appuyant surtout sur la bourgeoisie commerçante (fr.wikipedia.org - Parti whig (Royaume-Uni)).

 

Tories

 

Il s’agit d’un emprunt Ă  l’irlandais tĂłraidhe : «poursuivant». Tory dĂ©signait en effet initialement des opposants irlandais dĂ©possĂ©dĂ©s vivants en hors-la-loi (1646), puis tous les partisans armĂ©s ou bandits. En Grande-Bretagne, le terme tory apparaĂ®t vers 1679-80 : c’est alors le nom insultant donnĂ© Ă  ceux qui s'opposent Ă  l'exclusion du duc d'York de la succession Ă  la couronne d'Angleterre, pour cause de conversion au catholicisme. «Les partisans du roi avaient, eux, reçu de leurs adversaires puritains le surnom de tories qu'on donnait en Irlande aux brigands, cela pour indiquer qu'ils n'Ă©taient que des papistes aussi mĂ©prisables que les Irlandais» (AndrĂ© Maurois, La vie de Disraeli, Gallimard, 1927, p. 63). Ă€ partir de 1689, tory perd ce sens pĂ©joratif et devient l'appellation d'un des deux grands partis politiques du pays (fr.wikipedia.org - Tory).

 

"premier personnage"

 

Chacun des trois premiers Hanovre a dĂ©testĂ© son fils, qui le lui rendait. Tous, sauf le troisième, furent scandaleusement vicieux, sans grâce et sans bontĂ© : le dernier mettra en pĂ©ril la couronne mĂŞme, dans le procès de la reine Caroline, trait suprĂŞme de cette vilaine histoire familiale d'un siècle. En eux rien de national : le premier ne sait pas l'anglais, le second le prononcera mal. Ce sont des Electeurs de Hanovre, rois d'Angleterre par-dessus le marchĂ©. Le prestige royal, encore si considĂ©rable chez Anne Stuart, tombe Ă  rien. La cour est plus rapace que magnifique. Personne ne croit plus et ne peut plus croire au droit divin. La royautĂ© n'est qu'un ressort politique nĂ©cessaire au train du parti vainqueur, et quatre ou cinq grands seigneurs whigs rĂ©unissent plus de crĂ©dit, plus de patronage, plus de richesses peut-ĂŞtre que n'en possède le roi. Oui, mais tout ce que perd la couronne, le parlement le gagne, surtout la Chambre Ă©lective, prĂ©dominante dans l'État. Le premier personnage n'est plus le roi : c'est le premier ministre, c'est-Ă -dire l'Anglais qui jouit de la confiance de la majoritĂ© des Communes ; et le plus souvent, c'est un membre de cette assemblĂ©e, un great commoner, un Walpole, un Robert Peel, pour ne parler que des illustres morts. Le triomphe complet et prolongĂ© des whigs Ă©tablit peu Ă  peu un principe contestĂ© mais essentiel du parlementarisme, l'unitĂ©, l'homogĂ©nĂ©itĂ© du ministère, malgrĂ© de grands esprits imbus des doctrines d'ailleurs les plus opposĂ©es, malgrĂ© Somers jadis, aujourd'hui malgrĂ© Bolingbroke, plus tard malgrĂ© Chatham. Les haines parricides de la famille royale, au lieu d'Ă©branler son trĂ´ne, le consolideront Ă  plusieurs reprises, car ceux des courtisans qui n'espèrent rien du roi rĂ©gnant se groupent autour du prince de Galles, ennemi de son père, et attendent patiemment un nouveau règne. D'ailleurs la plupart des hommes politiques se prĂ©occupent de la Chambre plus que de la cour, et malheureusement plus que de leurs Ă©lecteurs. Les Communes sont tellement puissantes qu'elles tournent Ă  l'aristocratie vĂ©nitienne : elles se perpĂ©tuent autant que possible; elles font une loi de septennalitĂ© qui leur permet de ne se prĂ©senter devant leurs commettants qu'Ă  de longues Ă©chĂ©ances. La lĂ©gislation religieuse des whigs est telle qu'on pouvait l'attendre : libĂ©rale, dans les limites des intĂ©rĂŞts du parti. Le clergĂ© anglican, regardĂ© avec raison comme hostile, est traitĂ© avec dĂ©fiance, rĂ©primĂ© ou paralysĂ© dans ses manifestations intolĂ©rantes. Son redoutable concile, la Convocation, est indĂ©finiment ajournĂ©. Les lois qu'il avait obtenues contre les dissidents sont rapportĂ©es : de nouveau, on permet Ă  ceux-ci les fonctions publiques moyennant la «conformitĂ© occasionnelle», c'est-Ă -dire moyennant une acceptation intermittente de la communion anglicane. Les mesures rĂ©centes qui leur interdisaient l'enseignement sont supprimĂ©es aussi, et toutes les facilitĂ©s sont rendues aux rĂ©fugiĂ©s français pour se faire naturaliser, c'est-Ă -dire pour augmenter le nombre des Ă©lecteurs whigs. D'autre part, les catholiques sont encore plus maltraitĂ©s que prĂ©cĂ©demment, car ils forment le noyau irrĂ©ductible du torysme jacobite. Pourtant on ne s'attaque pas aux privilèges et aux richesses du clergĂ© protestant Ă©piscopal, foyer d'un torysme moins irrĂ©conciliable : on prĂ©fère l'endormir dans l'opulence et l'indiffĂ©rence. La prudence gouvernementale est secondĂ©e par les  controverses intĂ©rieures, par les progrès du latitudinarisme, du rationalisme mĂŞme, qui rĂ©duit la religion Ă  un philosophisme respectueux, enfin par l'infiltration sourde du dĂ©isme incrĂ©dule; et l'Eglise anglicane se plonge dans un long sommeil.

 

Un parti qui jouit d'une majoritĂ© incontestĂ©e se divise facilement; telle fut la cause principale d'une scission qui se produisit dans le ministère. La question hanovrienne en fournit l'occasion. George Ier, adversaire de la Suède en tant que prince allemand, voulait entraĂ®ner dans sa politique personnelle le cabinet britannique. Celui-ci voyait bien dans l'acquisition de BrĂŞme et de Verden par le souverain commun des deux pays une bonne affaire pour le commerce national ; mais on devait rester dans ces limites, ne pas mettre la monarchie au service d'une principautĂ© allemande et ne pas l'exposer Ă  une invasion de Charles XII, protecteur des Stuarts. Townshend et son beau-frère Walpole, dont le rĂ´le parlementaire grandissait tous les jours, se dĂ©tachèrent Ă  ce propos du ministère, et le nouveau cabinet Stanhope-Sunderland se trouva affaibli d'autant. Mais le schisme rendait un service rĂ©el au parti whig dans son ensemble : il dĂ©doublait son personnel gouvernemental, et laissait disponible une administration de rechange, toute prĂŞte en cas de crise grave. La crise grave ne devait pas manquer.  En attendant, il s'en dĂ©clarait une d'importance assez sĂ©rieuse. Stanhope et Sunderland, membres tous deux de la Chambre des Lords, cherchèrent Ă  Ă©terniser dans cette assemblĂ©e la suprĂ©matie du parti. La composition leur en paraissait excellente, car la fournĂ©e de pairs tories introduite par Bolingbroke et Harley ne l'empĂŞchait pas de prĂ©senter une solide majoritĂ© dynastique. Mais comment empĂŞcher dans l'avenir l'Ă©ventualitĂ© d'une  nouvelle fournĂ©e? Comment garantir l'indĂ©pendance de la haute chambre ? DĂ©clarer la pairie un corps fermĂ©, non susceptible d'augmentation, telle fut la proposition du ministère. Un pareil bill aurait obstruĂ© les fonctions du gouvernement constitutionnel, en supprimant le seul moyen qui reste Ă  la couronne et Ă  la chambre Ă©lective pour vaincre la rĂ©sistance des Lords : la menace d'une fournĂ©e de pairs suffisante pour  dĂ©placer la majoritĂ©. Walpole, devenu dĂ©putĂ© de l'opposition, combattit le bill et resta victorieux. Les deux grands journalistes whigs du règne prĂ©cĂ©dent s'Ă©taient divisĂ©s sur cette question comme le parti lui-mĂŞme : Steele dĂ©favorable, Addison favorable. Celui-ci, comblĂ© d'honneur par la victoire des siens, un moment mĂŞme secrĂ©taire d'État, se mourait alors : avec lui descendait dans la tombe la première grande Ă©cole des prosateurs politiques (Ernest Lavisse, Alfred Rambaud, Histoire gĂ©nĂ©rale du IVe siècle Ă  nos jours: Le XVIIIe siècle, 1715-1788, 1896 - books.google.fr).

 

La fonction de Premier ministre au sens moderne apparaît au XVIIIe siècle, avec Sir Robert Walpole en 1721. Mais son rôle n'est à l'époque pas encore celui d’aujourd'hui : il n'est alors que le primus inter pares et sa fonction est principalement d’assurer la coordination des autres ministres. Le terme de «Premier ministre» (en anglais : Prime minister) est probablement d'origine française, Richelieu le portait déjà au XVIIe siècle. Walpole portait le titre de Premier lord du Trésor (First Lord of the Treasury) comme la quasi-totalité de ses successeurs jusqu'à aujourd'hui. Sous le règne de George Ier, le Cabinet prend l'habitude de se réunir sous la présidence du Premier ministre, car le souverain ne parlait pas l'anglais et s'intéressait beaucoup plus à son royaume de Hanovre qu'à celui de Grande-Bretagne. Benjamin Disraeli est le premier à utiliser son titre de Premier ministre en signant le traité de Berlin (1878). En 1905, une loi sur le protocole le cite et le place juste après l'archevêque d'York dans l'ordre de préséance. C'est sous le règne de Victoria - le plus long de l'histoire du Royaume-Uni après celui d'Élisabeth II, de 1837 à 1901 - que le Premier ministre gagne en importance vis-à-vis du monarque, celui-ci conservant essentiellement comme droit celui d'être consulté, de conseiller et d'avertir. On peut situer au début du XXe siècle le moment où le chef du gouvernement devient le détenteur réel du pouvoir exécutif. En 1905, Henry Campbell-Bannerman est le premier à porter officiellement le titre de «Premier ministre» (fr.wikipedia.org - Premier ministre du Royaume-Uni).

 

La fonction de Premier ministre était apparue avec Walpole sous George Ier mais surtout avec William Pitt sous le long règne du roi George III (1760-1820). Pitt le Jeune va jouer un rôle essentiel dans la marche de l'Angleterre vers le libéralisme politique et le libéralisme économique (en imposant les premières interventions «réglementaires» de l'État et en signant un traité de commerce avec la France). C'est lui qui, le premier, dénonce l'insuffisante représentativité de la Chambre des communes en évoquant la «branche pourrie de la Constitution» ce qui donne naissance à l'expression "bourgs pourris".

 

Le père et le fils Pitt constituent le cas exceptionnel dans l'histoire de l'Angleterre d'une famille d'hommes d'État dont l'influence fut décisive pendant plus d'un demi-siècle. À l'intérieur ils ont participé à la construction d'une véritable monarchie constitutionnelle, dans laquelle le rôle politique du roi était de plus en plus restreint. Pitt le Jeune, notamment, renforça le rôle du cabinet. Mais les Pitt ont surtout donné l'impulsion à une politique mondiale ambitieuse (Jean Picq, Une histoire de l'État en Europe, 2009 - books.google.fr).

 

"mort subite"

 

Charles Watson-Wentworth (13 mai 1730 - 1er juillet 1782), 2e marquis de Rockingham, appelé L'Honorable Charles Watson-Wentworth avant 1733, vicomte Higham entre 1733 et 1746, comte de Malton (titre de courtoisie) entre 1746 et 1750 et comte Malton en 1750, est un homme d'État britannique du parti Whig, qui est deux fois Premier ministre de Grande-Bretagne. Il ne tient que deux mandats importants au cours de son existence, Premier ministre et Président de la Chambre des lords, mais son influence est considérable lors de son second mandat.

 

En 1765, Lord Rockingham est nommé Premier ministre. Pendant son ministère, il abroge le Stamp Act, réduisant ainsi le poids des impôts sur les colonies. Pourtant, la contestation à l'intérieur même du cabinet provoque sa démission et la nomination de William Pitt l'Ancien comme Premier ministre. Rockingham passe dans l'opposition les seize années suivantes. Il soutient intelligemment les droits constitutionnels pour les colons et appuie la revendication pour l'indépendance américaine. En 1782 il est nommé Premier ministre une deuxième fois (avec Charles James Fox et Lord Shelburne comme secrétaires d'État) et, dès son entrée en fonction, reconnait l'indépendance des États-Unis, mettant fin à l'intervention britannique dans la Guerre d'indépendance. Mais son ministère ne dure pas, car Lord Rockingham meurt 14 semaines plus tard (fr.wikipedia.org - Charles Watson-Wentworth).

 

"bas aage" : Pitt le Jeune

 

Le cabinet vivait péniblement lorsque la mort subite de Rockingham (1er juillet 1782) «rendit au roi sa couronne». Georges III confia à Shelburne la direction suprême, croyant recommencer lord North et le  «ministère du roi». Les jours d'autocratie ne devaient jamais revenir pour le roi de la guerre d'Amérique. Ce malheureux souvenir pesa même sur l'innocent Shelburne. Lors du traité de Versailles, ses bonnes relations avec la société française lui facilitèrent les négociations, mais lui portèrent préjudice dans son propre pays. Peu respectueux de l'orthodoxie parlementaire, assez partisan de la prérogative  royale et d'une démocratie relative, il passait pour un envahissant et dangereux collègue. Fox ne voulut absolument pas rester à sa suite : sa démission, celle de Burke, furent cassantes et hostiles. Pour faire face à une opposition si redoutable dans la Chambre des Communes, il ne fallait pas moins que William Pitt. On vit pour la première fois un chancelier de l'Échiquier, un leader de la puissante assemblée, âgé de vingt-trois ans. L'assemblée elle-même présentait une division funeste, d'où la coalition allait sortir. Le «problème des trois corps» se posait. Les vieux cadres du parti whig étant détruits, trois partis à peu près égaux reconnaissaient pour chefs, l'un Shelburne, l'autre Fox, le troisième North. Fox, arbitre à ce moment des destinées de l'Angleterre, pouvait choisir entre les deux autres chefs pour former une majorité de gouvernement. Aucun principe ne le séparait sérieusement de Shelburne, mais sa haine les séparait. Il préféra North, l'homme fatal, que son éloquence et celle de Burke avaient si souvent dénoncé. Scandale libéral doublé de ce scandale loyaliste : North adversaire de George III ! Tous deux y perdirent leur considération : le vieux parti de l'Église et de la noblesse rurale méprisa son cher ministre; la cité de Londres déplora la défaillance de Fox. Inventée pour le parlement, la « Coalition » ne réussit que dans le parlement, mais là, du moins, réussit. Sheridan, l'un de ses orateurs, dans une réplique célèbre au chancelier Pitt, qui avait encore ses joues roses de jeune Anglais, l'appela : «enfant colère». Et ce mot fut plus remarqué que cette heureuse définition de la Coalition donnée par Pitt : «un mariage contre nature; au nom du bien public, j'interdis la publication des bans.» (Ernest Lavisse, Alfred Rambaud, Histoire générale du IVe siècle à nos jours: Le XVIIIe siècle, 1715-1788, 1896 - books.google.fr).

 

William Pitt le Jeune (28 mai 1759 - 23 janvier 1806) est un homme d'État britannique de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle. Il devint le plus jeune Premier ministre britannique lors de son élection en 1783 à l'âge de 24 ans (même si le terme de Premier ministre n'était pas encore utilisé). Il quitte le poste en 1801 mais redevient Premier ministre de 1804 jusqu'à sa mort en 1806. Il occupa également le poste de chancelier de l'Échiquier tout au long de son mandat de Premier ministre. Il est appelé William Pitt le Jeune pour être distingué de son père, William Pitt l'Ancien, qui fut également Premier ministre de Grande-Bretagne. En 1782, il rejoint le gouvernement de William Petty FitzMaurice en tant que chancelier de l'Échiquier. Le premier mandat de Pitt, sous le règne de George III du Royaume-Uni, fut dominé par d'importants événements en Europe dont la Révolution française et les guerres napoléoniennes. Pitt, bien que souvent désigné comme étant un tory, se considérait comme un «whig indépendant» et s'opposait généralement au développement d'un système politique partisan.

 

Pitt, alors âgé de 24 ans, devint le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne et fut moqué pour sa jeunesse. Une comptine populaire commentait «Une vue qui fait s'élever et attire l'attention de toutes les nations : Un royaume confié aux soins d'un écolier». Beaucoup y voyaient une simple nomination transitoire avant qu'un homme d'État plus expérimenté ne prenne la relève. Cependant, même s'il était largement dit que la nouvelle administration ne passerait pas Noël, elle dura 17 ans (fr.wikipedia.org - William Pitt le Jeune).

 

"que on le craigne" : second mandat

 

Au moins sur mer.

 

Pitt redevint Premier ministre le 10 mai 1804. Il avait initialement espéré pouvoir former un gouvernement de large coalition mais dut faire face au roi qui continuait de s'opposer à la nomination de Fox. De plus, de nombreux anciens alliés de Pitt, dont les alliés d'Addington, rejoignirent l'opposition. Par conséquent, la seconde administration Pitt fut bien plus faible que la première Le gouvernement britannique mit la pression sur l'empereur français, Napoléon Ier. Grâce aux efforts de Pitt, la Grande-Bretagne rejoignit la Troisième Coalition. En octobre 1805, l'amiral britannique Horatio Nelson remporta une écrasante victoire à Trafalgar, qui allait ainsi offrir à la Grande-Bretagne la suprématie maritime britannique jusqu'à la fin de la guerre, et bien au-delà. Lors d'un banquet annuel, Pitt fut salué comme le «sauveur de l'Europe» mais il répondit : «Je vous remercie du fond du cœur pour l'honneur que vous me faites mais l'Europe ne sera pas sauvée par un seul homme. L'Angleterre s'est sauvée elle-même grâce à ses efforts et saura, je l'espère, sauver l'Europe par son exemple.» Néanmoins, la Coalition fut battue après les défaites majeures d'Ulm (octobre 1805) et d'Austerlitz (décembre 1805). Après avoir été informé du résultat de la bataille d'Austerlitz, il déclara à propos d'une carte de l'Europe : «Rangez cette carte, elle ne sera pas demandée dans les dix prochaines années.» (fr.wikipedia.org - William Pitt le Jeune).

 

Sur terre il y aura Waterloo mais en 1815.

 

Pitt réprime dans le sang les mutineries de la flotte comme les révoltes de l'Irlande, pourchasse sauvagement les révolutionnaires britanniques, et jusqu'aux caricaturistes au sommet de l'humour, fait fermer les clubs «antisociaux», et, de tout son génie, sauvegarde l'Empire qui, lors de la guerre contre Washington, menaçait de craquer. Évidemment, le fauve est de la plus grande envergure (Arthur Conte, Le Premier janvier 1800, 1990 - books.google.fr).

 

"tard venu"

 

Le Hanovre, du temps de César, av. J.-C. 50, était habité par les Chérusques, les Lombards et les Chauques. Il tomba ensuite au pouvoir des Saxons, fut partagé entre quatre grandes maisons, et échut enfin, dans le courant du 12e siècle, à Henri le Superbe, duc de Bavière. Othon l'Enfant, petit-fils de Henri le Superbe, fut dépouillé de la plus grande partie de ses États en 1235. Il fut, à la mort d'Othon, partagé entre les différentes branches de la maison de Brunswick, et fut de nouveau réuni presque entièrement sur la tête d'Ernest-Auguste, 1692. Ce prince mourut en 1698, et laissa un fils, Georges-Louis, lequel fut admis dans le collège électoral par décret des états de l'Empire, donné, le 30 juin 1708, à la diète de Ratisbonne. L'année suivante, il alla rejoindre l'archiduc Charles en Espagne, et combattit à Almanza et à Sarragosse. Georges-Louis, appelé a la couronne d'Angleterre, du chef de son aïeule, petite-fille de Jacques Ier, roi d'Angleterre, succéda à la reine Anne en 1714 (A.-L. d'Harmonville, Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques; Ou les tables de l'histoire, répertoire alphabétique de chronologie universelle, 1845 - books.google.fr).

 

Certains pensaient que les Lombards Ă©taient issus des GĂ©pides les "tard-venus" : cf. quatrain III, 58.

 

John Chatham est le fils aîné de William Pitt l'Ancien et donc, le frère aîné de Pitt le Jeune, l'ancien Premier Ministre. Lord Chatham est membre du cabinet et remplit avec succès les fonctions de grand Maître de l'Artillerie. Le grand historien de l'armée britannique, Sir William Fortescue considère qu'il a amené «l'artillerie anglaise à un degré d'excellence qu'elle n'avait jamais connu jusqu'alors». Mais, en contrepartie, son défaut majeur est une «incurable indolence» et une habitude du retard qui l'avait fait surnommer : «the late Lord Chatham» (Antoine d'Arjuzon, Castlereagh (1761-1822), ou, Le défi à l'Europe de Napoléon, 1995 - books.google.fr).

 

L'institutionnalisation de l'opposition dans les parlements issus du modèle de Westminster doit également beaucoup à l'existence du Cabinet-fantôme (shadow cabinet). En effet, malgré son statut avantageux, le Chef de l'opposition parlementaire ne dispose pas, à l'inverse du Premier ministre, du soutien de la Haute administration pour l'aider dans ses décisions. Par conséquent, son action s'appuie essentiellement sur la machine de son parti (notamment à travers ses services de recherches) et sur le Cabinet-fantôme qu'il dirige. Cette structure trouverait son origine dans les réunions périodiques qu'organisaient au dix-huitième siècle les leaders parlementaires exclus du gouvernement et qui avaient pour objectif de constituer une coalition stratégique antigouvernementale L'ancêtre du Cabinet-fantôme apparaît à partir de la seconde moitié du dix-huitième siècle à travers la constitution du «Late cabinet» ou «Old cabinet», organe composé des membres de l'ancien gouvernement au pouvoir. La véritable (William Gilles, L'opposition parlementaire : étude de droit comparé, Revue du Droit Public et de la Science Politique en France et a l'Etranger, Volume 122, 2006 - books.google.fr).

 

Mais ce "tard venu" peut plutôt s'appliquer à l'attentisme de Pitt qui retarda son intervention dans l'agitation provoquée par la Révolution française dont il est question dans cette série de quatrains.

 

Until late in 1792 Pitt believed that England could be kept out of the European war against the French Revolution. But all over England passions were being roused and sides taken in the war of ideas which the outbreak of the Revolution had let loose. Burke's Reflections” and Paine's Rights of Man” were circulating in thousands; and Tory and Radical societies and pamphlets and newspapers fanned the flame. Some of the radical societies began, as we shall see, to correspond with the French Clubs, and after the arrival of the emigrés and expelled priests, radical demonstrations of sympathy with the Revolution produced Tory riots, in one of which Priestley's house at Birmingham was wrecked. The September massacres in 1792, and the assembly or projected assembly of conventions in England, Scotland, and Ireland, to fraternize with the French, increased the tension. In the following November the French, in defiance of treaties, declared that by the law of nature the navigation of the Scheldt was freely open to all, and offered to help all peoples who wished to recover their liberty. In these circumstances the government issued a proclamation against seditious writings, which the opposition stigmatized as unnecessary, malicious, and calumnious, prosecuted Paine, who, as we have seen, was condemned in absence; and embodied part of the militia. Though for a short time the government made little use of the proclamation against seditious writings prosecutions for sedition and seditious libel soon followed; for Pitt had come to believe in the existence of a widespread conspiracy to overturn the government. It was probably for this reason that he declined to interfere with the iniquitous sentences passed upon Muir and Palmer in 1793. In January 1793 Louis XVI was executed, and on February I France declared war. The French Revolution had already divided the Whig party. In 1792 negotiations were begun by the government to take in the section of the Whig party who were opposed to the Revolution - the Old Whigs. But it was not till 1794 that a coalition was effected, and four of their number entered the government. [...]

 

In his budget speech of February 1792, Pitt had said "There never was a time in the history of this country when from the situation of Europe we might not more reasonably expect fifteen years of peace than at the present moment,” and he reduced taxation and the vote for seamen, as late as November 1792 he hoped to keep out of the war, and to mediate between France and her enemies (A History of English Law, Volume 13, 1952 - books.google.fr).

 

"si haut" : haute taille

 

On peut voir "si haut & bas aage" avec la distribution de "aage" sur "haut" : "haut aage". Mais Pitt ne meurt qu'Ă  47 ans. Son frère "Late Lord Chatham" lui Ă  78.

 

William Pitt, dit le second Pitt, fils du premier, non moins sensationnel que lui, quarante et un ans, Premier Ministre Ă  vingt-quatre ans et depuis dix-sept ans, orateur convaincant, Ă©conomiste compĂ©tent, impressionnant avec sa haute taille maigre d'alligator qui vivrait debout, son visage dĂ©charnĂ©, son air ennuyĂ© ou ironique, sa parole glacĂ©e, son geste insensible, tel qu'un Chateaubriand et les Londoniens le dĂ©couvrent, traversant «à pied le parc Saint-James, en habit noir, Ă©pĂ©e Ă  poignĂ©e d'acier au cĂ´té», avec autant «de mĂ©pris pour ces loqueteux d'Ă©migrĂ©s que pour les multiples crĂ©anciers auxquels il ne paie jamais rien». Il apporte dans la politique britannique une qualitĂ© nouvelle et prĂ©cieuse : la puretĂ©. ÉvĂ©nement rare : tout en combattant la corruption, il donne lui-mĂŞme l'exemple de l'honnĂŞtetĂ©. Innovation europĂ©enne : voici un ministre financier qui s'intĂ©resse davantage aux budgets qu'aux armĂ©es. Il fallait un tel personnage, intransigeant et intraitable, pour mener le nouveau grand combat de Londres : celui de la contre-rĂ©volution. VoilĂ . Il est lĂ . Car le pays qui donna par deux fois au XVIIe siècle, en 1648 et 1688, l'exemple des rĂ©volutions, est soudain devenu le champion du conservatisme (Arthur Conte, Le Premier janvier 1800, 1990 - books.google.fr).

 

Tost - Toste - Toast

 

La révolution a établi en France l'usage des toasts. Cette dénomination nous vient des Anglais, qui pour porter la santé de quelqu’un, mettent dans chaque pot de bierre, une rotie de pain qui s’écrit "toast", et qui se prononce toste. Le toast ou rotie, reste à celui qui boit le fond du vase. Uni jour qu’Anne de Boulen, la plus belle femme qui existât alors en Angleterre, prenait un bain, les Seigneurs de sa suite, pour lui faire leur cour, prirent chacun unverre, et puisèrent dans sa baignoire, de l'eau qu’ils burent. L’un d’eux ne voulant pas suivre leur exemple, on lui en demanda la raison : c’est, dit-il, que je me réserve le toast.

 

Portant un esprit dégagé

De soucis et de préjugé,

Je retranche encor de ma vie

Les façons, la crémonie,

Et les toasts ennuyeux

Qu'en buvant portaient nos aĂŻeux.

 

De toast, ou toste, nous avons fait le mot toster, pour dire boire en formant un vœu. Toster la paix; toster le bonheur général (L'improvisateur français, 1806 - books.google.fr).

nostradamus-centuries@laposte.net