Les camps de Jalès IV, 12 1787 Le camp plus grand de route mis en fuite, Gueres plus outre ne sera pourchassé : Ost recampé & legion reduicte, Puis hors des Gaules du tout sera chassé. Un camp : le camp
de jalès La contrée de Jalès appartient au département de
l'Ardèche et est limitrophe de la Lozère et du Gard. Elle est constituée par
une belle plaine longue de quatre kilomètres du levant au couchant et large de
deux, bornée de tous côtés par une succession de montagnes. Au milieu de la
plaine, non loin de Berrias et sur un mamelon isolé,
était le château de Jalès, à la croisée de la route d'Anduze à Aubenas et des
drailles de transhumance montant du Languedoc vers le Tanargue.
Il y eut là d'abord un château-fort romain, puis un autre château qui, après
avoir été occupé par les Sarrasins, devint une commanderie des Templiers,
auxquels succéda l'Ordre de Malte. Cette commanderie de Malte était la plus
importante du Languedoc et dépendait du Grand Prieuré de Saint Gilles. En 1787, le bailli de Suffren en était
gouverneur. Il en avait l'administration et la jouissance des revenus. A sa
mort en 1788, le comte de Labbé-Rivière de Quinsonnas lui succéda jusqu'en 1791, date de la suppression
définitive de l'Ordre de Malte. Jalès
fut, de 1790 à 1792, le centre de trois rassemblements de caractère
insurrectionnel, organisés par des catholiques et des royalistes (Joseph
Chambon, Un couple d'émigrés sous la Révolution: Jean-Baptiste Chambon et Marie
des Hours de Calviac, 1964 - books.google.fr, Raymond
Oursel, Routes romanes: La route aux solitudes, 1982 - books.google.fr). "guaires plus outre" Le premier camp
intervient le 18 août 1790 et réunit entre vingt et quarante-cinq mille hommes,
des gardes nationaux et des représentants des municipalités du Gard, de la
Lozère et de l’Ardèche. Organisé principalement par Louis-Bastide de Malbosc, maire de Bérias, commune
où se situe la plaine de Jalès, ce rassemblement visait à un grand regroupement
des forces catholiques destiné à impressionner les protestants à un moment où
les massacres de Nîmes avaient ravivé les querelles religieuses. L’analyse des
archives donne cependant à penser que l’affluence à ce rendez-vous résulte en
grande partie de son ambiguïté : présenté comme une nouvelle fédération, il
attire des forces bien plus larges que celles qu’aurait réunies une
manifestation catholique. Condamnés par le département de l’Ardèche puis par
l’Assemblée nationale, les responsables de ce premier camp continuent cependant
leurs activités et cherchent à rendre pérenne l’organisation d’un comité de
Jalès. (François de
Jouvenel, Les camps de Jales (1790-1792), épisodes contre-revolutionnaires ?,
Annales historiques de la Révolution française, N° 337, juillet-septembre 2004
- journals.openedition.org). Néanmoins comme le but que se proposait la coalition
était parfaitement et complétement rempli, les chefs crurent qu'il était
prudent, pour ne point donner l'éveil au gouvernement, de ne répondre pas aux
murmures de ses adhérents. Ils essayèrent au contraire d'éloigner leurs
soupçons, en donnant l'ordre à chaque détachement de se retirer, et c'est ce
qu'ils firent, non sans être secrètement convaincus que bientôt ils seraient
mis en action. Ainsi finit le premier camp de Jalès (Histoire des guerres de
Vivarais, etc., par Andréol Vincent, l'un des
principaux chefs de l'insurrection, sous-directeur des vivres des armées
chrétiennes et royales du Midi, breveté le 1er mars 1796, par S, M. Louis
XVIII. Privas, 1817) (Philippe-Joseph-Benjamin
Buchez, Histoire de l'assemblee constituante, Tome 4, 1846 - books.google.fr). L'Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport que
lui présenta Brulart-Sillery au nom du Comité des
recherches et les renseignements qui furent produits par différents membres,
adopta à l'unanimité le décret suivant : 1° Les dispositions de la proclamation
du Directoire du département de l'Ardèche qui s'oppose à l'exécution de
l'arrêté pris, dans le château de Jalès, par les officiers qui se qualifient
d'état-major d'une soi-disant armée fédérée, sont et demeurent approuvées. 2°
La délibération prise par l'Assemblée au château de Jalès, après le départ des
gardes nationales, est déclarée inconstitutionnelle, nulle et attentatoire aux
lois. 3° Le président se retirera par-devers le roi afin de le supplier de
donner des ordres pour que le tribunal du district informe contre les auteurs,
sauteurs et instigateurs des arrêtés inconstitutionnels contenus au
procès-verbal. Ce décret, dont
l'exécution était remise au roi, fut à peu près non avenu. Le pouvoir exécutif
mit très-peu d'empressement à dissoudre cette assemblée inconstitutionnelle et
contre-révolutionnaire. Elle durait encore au printemps de l'année
suivante. Ce qui la rendait dangereuse, c'est qu'elle s'appuyait sur le
fanatisme religieux (Complément
de l'encyclopédie moderne dictionnaire abrègè des sciences, des lettres, des
arts de l'industrie, de l'agriculture et du commerce, Firmin Didot Frères, Tome
6 : Inachus - Janus, 1857 - books.google.fr). A Berrias, le Maire, Louis
Bastide de Malbos, appelle à un vaste rassemblement
d’élus et de gardes nationales dans un souci d’apaisement et de fraternisation.
Qui est Louis Bastide de Malbos ? Il est né en 1743 à
Berrias. C’est son père Louis Bastide qui achète les
droits seigneuriaux à la marquise de Chambonas et
devient ainsi Louis Bastide seigneur de Malbosc. En
1770 il épouse Marie-Marguerite Aubert à Aubenas, fille d’une famille protestante.
Il vient habiter Berrias en 1776. A la Révolution il
prend le nom de « Bastide ci-devant Malbos ». L’un de
ses frères se réfuge à Berrias
en 1790 lors des évènements de Nîmes au cours desquels plus de 300 catholiques
sont massacrés par des protestants ; l’autre participera aux camps de Jalès en
1790 et 91 puis émigrera. Après le massacre de Nîmes, conscient du malaise qui
règne dans la région, il prend l’initiative de réunir les gardes nationaux pour
une grande manifestation au cours de laquelle on jurerait à nouveau fidélité au
roi, à la loi et à la nation. Mais, sous l’influence de catholiques désireux
d’en découdre avec les protestants du Gard, ce rassemblement change
d’orientation et les meneurs décident de se constituer en comité permanent
garant de cette orientation. Ce comité sera déclaré hors la loi, ce qui
n’empêchera pas Malbos de continuer à le réunir. La
constitution civile du clergé étant mise en application, Malbos
réunit à Berrias les chefs des légions catholiques.
Des heurts entre catholiques et protestants à Uzès en 1791 vont amener le
comité à prendre les armes, soutenu par des contre-révolutionnaires aidé des
paysans inquiets. Malbos, se rendant compte que le
mouvement va devenir une lutte contre la Révolution, se retire. Quand l’armée
du Directoire de l’Ardèche arrive, elle l’arrête chez lui. 22 communes signent
alors une pétition pour sa libération. Sa mort à Pont Saint Esprit en 1791
quelques semaines après son arrestation reste une énigme. Accident ? Suicide ?
Vengeance contre celui qui était resté patriote ? (www.jales.fr). "Ost recampé, & legion reduicte" Celui-ci participe à la mise en place de ce que l’on
appelle le «deuxième camp de Jalès»
qui consiste en une réaction armée aux «échauffourées d’Uzès» qui avaient mis
aux prises protestants et catholiques les 13 et 14 février 1791. Une centaine
de catholiques d’Uzès se réfugient dans les villages des alentours de Jalès.
Des gardes nationaux s’organisent pour créer un cordon militaire destiné à les
défendre de prétendues menées protestantes. La plaine de Jalès apparaît comme le point de rendez-vous central
d’environ dix mille hommes, mais, suite à l’interdiction du camp prononcée
par le directoire du département, les membres du comité ne se montrent pas. La
désorganisation est totale. Lorsque les troupes du Gard arrivent pour disperser
le rassemblement, elles ne trouvent, le 22 février, que quelques traînards. Le troisième camp
se tient plus d’un an après, en juillet 1792. Dans l’intervalle, les
tensions se sont accrues des tentatives d’application de la Constitution civile
du clergé, des problèmes financiers des administrations et de la situation de
crise économique. Au printemps 1792, le Vivarais et le Gard connaissent les
violences de la «guerre des châteaux» qui contribue à renforcer la peur puis la
colère des opposants au nouveau régime. En juillet, le comte de Saillans déclenche une opération militaire destinée à
allumer le foyer de la Contre-Révolution dans le Midi. Cette tentative
insurrectionnelle, préparée par les émigrés de Coblence et les successeurs du
comité de Jalès, tourne court : déclenchée malgré les instructions des émigrés,
ne parvenant pas à obtenir les soutiens populaires qu’elle escomptait, l’entreprise réunit environ dix mille
hommes qui s’emparent du château de Bannes, mais se dispersent vite sous la
pression des forces patriotes. L’échec de l’insurrection entraîne une
répression marquée par des violences (François de Jouvenel, Les
camps de Jales (1790-1792), épisodes contre-revolutionnaires ?, Annales
historiques de la Révolution française, N° 337, juillet-septembre 2004 -
journals.openedition.org). "légion" La mise en place
des milices bourgeoises, souvent appelées « légions », remonte à l’été 1789 et
plus rarement au printemps. Dans son ensemble, la région qui nous occupe
reste à l’écart des grands troubles du printemps 1789 qui ont donné lieu,
notamment en Provence, à la formation des premières milices bourgeoises. La
revendication populaire gronde néanmoins dans nombre de bourgs et de cités de
la montagne, donnant lieu à plusieurs émeutes sans lendemain qui contribuent
cependant à créer un climat d’insécurité. Les événements de Paris et le renvoi
de Necker suscitent la création des premières gardes urbaines, mais ce sont
surtout les inquiétudes nées lors de la Grande Peur qui donnent l’impulsion
décisive pour la formation des milices bourgeoises. L’une des premières à voir
le jour dans le Languedoc méditerranéen est la légion de Montpellier, formée à
la suite d’une violente émeute survenue à Agde en avril. Les liens établis entre la contre-révolution naissante et
le mouvement catholique nîmois sont précoces. Au cours de l’hiver, Froment
décide de gagner Turin pour y rencontrer le comte d’Artois. Il semble parvenir
à le convaincre de s’appuyer sur la résistance populaire pour consolider la
contre-révolution et renverser l’Assemblée nationale. Jusque-là, les projets
des émigrés reposaient sur l’enlèvement du roi et sur la mobilisation des
puissances étrangères, deux points sur lesquels les opposants à la Révolution
sont en difficulté. Le plan proposé par Froment permettait de passer à l’action
sans être tributaire du roi ou des monarchies européennes tout en renforçant la
légitimité populaire du comité de Turin. Il proposait de mettre en œuvre une
insurrection royaliste appuyée sur le peuple en jouant, dans le Midi, sur les
antagonismes confessionnels. Le comte d’Artois aurait dit, à propos de Froment
: « Le sort de l’État tient peut-être à cette tête-là.» De retour en Languedoc,
Froment, conforté par l’attitude du comte d’Artois à son égard, intensifie la
propagande anti-protestante. Il dote ses légionnaires
d’un habit vert, couleur du comte d’Artois, et de cocardes rouges. Les échos de
cette propagande réveillent dans le Midi de la frontière confessionnelle des
tensions telles que les gardes nationales deviennent en quelques semaines un
enjeu politique essentiel (Valérie Sottocasa, La
Garde nationale, enjeu politique et religieux dans le Midi de la frontière
confessionnelle In : La Garde nationale entre Nation et peuple en armes :
Mythes et réalités, 1789-1871, 2006 - books.openedition.org). Ce sont les
"légions catholiques" qui sont convoquées dans la plaine de Jalès le
20 février 1791 pour le deuxième camp. "hors des Gaules" Les femmes émigrèrent, les routes se remplissaient d'émigrés.
Le camp de Jalès avait été formé dans l'intérieur ; Coblentz
devint à l'extérieur le quartier-général des émigrés (Adolphe
Crémieux, Tableau comparatif des consitutions françaises depuis 1791, Code des
codes, avec des notes, analyses, commentaires, 1836 - books.google.fr). Après avoir tenté vainement, depuis Turin où il était
établi, d'organiser en 1790 le soulèvement des provinces méridionales en
utilisant les tensions confessionnelles qui opposaient les communautés, et
après avoir même organisé à Jalès, en Ardèche, un camp de 20.000 hommes qui fut
rapidement dispersé, Artois, on s'en souvient, avait gagné la Rhénanie (juin
1791) où son frère Provence vint le rejoindre après la fuite avortée du roi. Désormais, l'objectif des princes, rejoints
à Coblence par de nombreux émigrés et disposant d'effectifs militaires nombreux
et bien organisés, fut d'entraîner l'empereur dans une guerre contre la France,
qui leur permettrait d'entrer victorieusement sur le territoire à la tête de
leur armée (Guy
Chaussinand-Nogaret, Le refus de la Révolution, L'Histoire, N° 113, 1988 -
books.google.fr). Au début de la Révolution, le duc d'Harcourt émigre en
Angleterre ; c'est un agent très actif des princes. François-Henri, Ve duc
d’Harcourt, gouverneur de Normandie, qui ne fait pas partie de la famille de
Lorraine Harcourt, représente le comte de Provence auprès du gouvernement
britannique durant la Révolution française. Aubenas et Jalès Laissons les ennemis de la révolution méditer leurs
ridicules et vains projets; à mesure que les citoyens s'éclairent, leurs
complots s'évanouissent. C'est ce qul résulte de la
lettre suivante du procureur-général syndic du département de l'Ardèche : A Privas, le 25
février 1791, Monsieur le Président, Après avoir fait part à l'assemblée
nationale des alarmes et des désordres qu'avoit jettés dans le département le nouveau rassemblement du camp
de Jalès, nous ne devons pas lui laisser ignorer l'heureuse et subite
révolution qui s'est faite dans les opinions et les événemens
relatifs à ce camp. Dès le 22 de ce mois, la plupart des gardes nationales que
leur égarement es de fausses alarmes y avoient conduits, s'en retirèreni et rentrèrent dans leurs communautés, convaincus
des mauvaises intentions et des projets de contre-révolution des auteurs de
cette insurrection. Depuis, les autres se sont aussi retirés successivement, et
il y a lieu de croire que tout a disparu aujourd'hui. L'indignation se tourne
en divers endroits contre les auteurs perfides de cette entreprise criminelle ;
cependant il reste encore dans les autres beaucoup d'agitation, et nous avons
toujours le plus grand besoin d'un secours considérable en troupes de ligne,
soit pour rétablir l'ordré partout, soit pour
seconder les poursuites indispensables qui doivent être faites contre les
coupables. Je joins ici l'extrait de la délibération que notre directoire a
prise, d'accord avec des commissaires du département de la Drôme, pour la
direction des secours que ce département nous a accordés dans la crise fâcheuse
ou nous étions. Vous y verrez que d'après les rapports qui nous ont été faits, les sieurs Chastanier,
officier d'artillerie, Roger, officier d'infanterie, commandant de la garde
nationale d'Aubenas et Roux, officier-municipal, ont beaucoup contribué, notament le premier à la dispersion du camp. Ces trois
citoyens assurent qu'ils avoient été forcés de s'y rendre, et tous les rapports
qu'ils ont fait sur l'heureuse révolution qu'ils y ont produit, n'ont pas
encore été contredits. Signé, DALMAS, procureur-général du département de
l'Ardèche (Le
point du jour, 1791 - books.google.fr). Cf. quatrain IV, 11 - Aubenas - 1786-1787. Suffren 1787 Jalès connaît une phase de déclin importante aux XVIe et
XVIIe siècles, les commandeurs de l'Ordre n'y séjournant plus. Mais, à partir
de 1740, le château est restauré par le commandeur Pierre-Emmanuel de Lauberivière de Quinsonas, qui en
fait sa résidence et procède à une grande remise en ordre. Une restauration des
droits féodaux, une meilleure gestion des terres, l'introduction de nouvelles
cultures (vignes, mûriers, châtaigniers) et l'élevage de vers à soie permettent
une augmentation sensible des revenus (www.berrias-et-casteljau.fr). Selon Robert Saint-Jean, le bailli de Suffren fut pourvu
de la commanderie le 2 février 1781 par le grand-maître Emmanuel de Rohan, et
Paul-Bruno de Foresta lui succède dès 1783 jusqu'à la
dissolution de l'ordre en France. Suffren, dans l'Océan indien entre 1782 et
1783, ne se serait jamais rendu à Jalès (Robert Saint-Jean, La commanderie de Jalès : les
bâtiments XIIe-XVIIIe siècles, Revue du Vivarais, 1987, www.jales.fr). Autrement : Suffren, auréolé de sa campagne aux Indes lors de la
Guerre d'indépendance des États-Unis, ne séjourne pas en permanence dans la
commanderie, mais c'est celle de Jalès qu'il préfère sur les quatre qui lui
sont affectées pour assurer ses revenus d'ambassadeur de l'Ordre à Paris. «J'irai
chez moi» écrit le célèbre bailli lorsqu'il s'apprête à s'y rendre. Suffren fait en 1786 et 1787 plusieurs
séjours dans la commanderie et y réalise quelques travaux pour rendre les
appartements plus confortables et plus à son goût. La légende locale veut
même qu'il ait fait fabriquer une table échancrée pour y loger son énorme
bedaine de gros mangeur. En 1786, Suffren y reçoit sa nombreuse famille : «J'ai
autant de monde que la maison peut en contenir. J'ai six femmes !» Le bailli
note en 1787 que la maison est «fort logeable. Il y a un bon potager.» Ce sera
son dernier séjour, car il semble qu'en 1788, Suffren, dont la santé se
dégrade, ne se soit pas rendu en ce lieu qu'il affectionnait beaucoup (il
décède en décembre de la même année) (fr.wikipedia.org
- Commanderie de Jalès). Après Yorktown, Cornwallis se vit bientôt forcé de
capituler; son corps d’armée mit bas les armes (1781). Tout espoir de recouvrer
l’Amérique fut dès-lors perdu pour l’Angleterre. Lord North,
ce partisan opiniâtre de la guerre, donna sa démission, et le ministère fut
entièrement reconstitué. Le marquis de Rockingham, le comte de Shelburne, et le
jeune Charles Fox, qui joignait de vastes vues philanthropiques à une ambition
sans bornes, furent les principaux membres du nouveau cabinet. La paix étant
généralement désirée, lord Grenville fut envoyé à Paris, muni de pleins
pouvoirs pour traiter avec la France et l’Amérique. Malgré ces négociations,
les hostilités continuèrent. Les Français s’emparèrent de Saint-Christophe et
de Montserrat dans l’Amérique anglaise; les îles de Bahama
se rendirent aux Espagnols, et la Jamaîque fut
menacée par la flotte franco-espagnole, portant à bord vingt mille hommes de
débarquement. Dans cette circonstance, le brave amiral Rodney soutint dignement
l’honneur des armes anglaises; il battit complètement, près de la Dominique,
les Français commandés par le comte de Grasse qui fut lui-même fait prisonnier.
Rodney retourna en Angleterre, où il reçut les remerciemens
des chambres et fut élevé à la pairie (1782). Pendant ce temps, l’amiral Howe et l’intrépide général Elliot forçaient
les Français et les Espagnols à abandonner le blocus de Gibraltar, en
incendiant les batteries flottantes de l’ingénieur d’Arçon. Les Français
étaient plus heureux dans l’Inde; le bailli de Suffren remporta plusieurs
avantages sur la flotte anglaise, et, secondé par le sultan Tippou-Saëb,
il s’empara de plusieurs villes importantes. Cependant Fox, rentré au
ministère après une courte absence, reprit son projet favori, l‘œuvre de la
paix générale. Les négociations ouvertes à Paris arrivèrent à leur fin. Le 3
septembre 1783, un traité fut signé entre toutes les puissances belligérantes.
L’indépendance des Etats-Unis fut reconnue; l’Espagne se fit rendre Minorque et
les Florides; la Hollande céda à la Grande-Bretagne Negapatnam
dans l’Inde. Quant à la France, ses succès lui valurent moins d’avantages qu’à
ses alliés: Gorée et quelques-uns de ses établissemens
dans l’Inde lui furent seulement rendus. Tel fut le résultat d’une guerre qui
avait duré sept ans, coûté à l’Angleterre plus de quarante mille soldats, et
augmenté sa dette publique de 150,000 livres sterling (François
Valentin, Histoire d'Angleterre abrégée de Hume et Smollet, 1837 -
books.google.fr). Cf. quatrain IV, 10 - Le comte d'Artois et Amadis - 1785-1786. |