Les camps de JalĂšs

Les camps de JalĂšs

 

IV, 12

 

1787

 

Le camp plus grand de route mis en fuite,

Gueres plus outre ne sera pourchassé :

Ost recampé & legion reduicte,

Puis hors des Gaules du tout sera chassé.

 

Un camp : le camp de jalĂšs

 

La contrée de JalÚs appartient au département de l'ArdÚche et est limitrophe de la LozÚre et du Gard. Elle est constituée par une belle plaine longue de quatre kilomÚtres du levant au couchant et large de deux, bornée de tous cÎtés par une succession de montagnes. Au milieu de la plaine, non loin de Berrias et sur un mamelon isolé, était le chùteau de JalÚs, à la croisée de la route d'Anduze à Aubenas et des drailles de transhumance montant du Languedoc vers le Tanargue. Il y eut là d'abord un chùteau-fort romain, puis un autre chùteau qui, aprÚs avoir été occupé par les Sarrasins, devint une commanderie des Templiers, auxquels succéda l'Ordre de Malte. Cette commanderie de Malte était la plus importante du Languedoc et dépendait du Grand Prieuré de Saint Gilles. En 1787, le bailli de Suffren en était gouverneur. Il en avait l'administration et la jouissance des revenus. A sa mort en 1788, le comte de Labbé-RiviÚre de Quinsonnas lui succéda jusqu'en 1791, date de la suppression définitive de l'Ordre de Malte. JalÚs fut, de 1790 à 1792, le centre de trois rassemblements de caractÚre insurrectionnel, organisés par des catholiques et des royalistes (Joseph Chambon, Un couple d'émigrés sous la Révolution: Jean-Baptiste Chambon et Marie des Hours de Calviac, 1964 - books.google.fr, Raymond Oursel, Routes romanes: La route aux solitudes, 1982 - books.google.fr).

 

"guaires plus outre"

 

Le premier camp intervient le 18 aoĂ»t 1790 et rĂ©unit entre vingt et quarante-cinq mille hommes, des gardes nationaux et des reprĂ©sentants des municipalitĂ©s du Gard, de la LozĂšre et de l’ArdĂšche. OrganisĂ© principalement par Louis-Bastide de Malbosc, maire de BĂ©rias, commune oĂč se situe la plaine de JalĂšs, ce rassemblement visait Ă  un grand regroupement des forces catholiques destinĂ© Ă  impressionner les protestants Ă  un moment oĂč les massacres de NĂźmes avaient ravivĂ© les querelles religieuses. L’analyse des archives donne cependant Ă  penser que l’affluence Ă  ce rendez-vous rĂ©sulte en grande partie de son ambiguĂŻtĂ© : prĂ©sentĂ© comme une nouvelle fĂ©dĂ©ration, il attire des forces bien plus larges que celles qu’aurait rĂ©unies une manifestation catholique. CondamnĂ©s par le dĂ©partement de l’ArdĂšche puis par l’AssemblĂ©e nationale, les responsables de ce premier camp continuent cependant leurs activitĂ©s et cherchent Ă  rendre pĂ©renne l’organisation d’un comitĂ© de JalĂšs. (François de Jouvenel, Les camps de Jales (1790-1792), Ă©pisodes contre-revolutionnaires ?, Annales historiques de la RĂ©volution française, N° 337, juillet-septembre 2004 - journals.openedition.org).

 

NĂ©anmoins comme le but que se proposait la coalition Ă©tait parfaitement et complĂ©tement rempli, les chefs crurent qu'il Ă©tait prudent, pour ne point donner l'Ă©veil au gouvernement, de ne rĂ©pondre pas aux murmures de ses adhĂ©rents. Ils essayĂšrent au contraire d'Ă©loigner leurs soupçons, en donnant l'ordre Ă  chaque dĂ©tachement de se retirer, et c'est ce qu'ils firent, non sans ĂȘtre secrĂštement convaincus que bientĂŽt ils seraient mis en action. Ainsi finit le premier camp de JalĂšs (Histoire des guerres de Vivarais, etc., par AndrĂ©ol Vincent, l'un des principaux chefs de l'insurrection, sous-directeur des vivres des armĂ©es chrĂ©tiennes et royales du Midi, brevetĂ© le 1er mars 1796, par S, M. Louis XVIII. Privas, 1817) (Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, Histoire de l'assemblee constituante, Tome 4, 1846 - books.google.fr).

 

L'AssemblĂ©e nationale, aprĂšs avoir entendu le rapport que lui prĂ©senta Brulart-Sillery au nom du ComitĂ© des recherches et les renseignements qui furent produits par diffĂ©rents membres, adopta Ă  l'unanimitĂ© le dĂ©cret suivant : 1° Les dispositions de la proclamation du Directoire du dĂ©partement de l'ArdĂšche qui s'oppose Ă  l'exĂ©cution de l'arrĂȘtĂ© pris, dans le chĂąteau de JalĂšs, par les officiers qui se qualifient d'Ă©tat-major d'une soi-disant armĂ©e fĂ©dĂ©rĂ©e, sont et demeurent approuvĂ©es. 2° La dĂ©libĂ©ration prise par l'AssemblĂ©e au chĂąteau de JalĂšs, aprĂšs le dĂ©part des gardes nationales, est dĂ©clarĂ©e inconstitutionnelle, nulle et attentatoire aux lois. 3° Le prĂ©sident se retirera par-devers le roi afin de le supplier de donner des ordres pour que le tribunal du district informe contre les auteurs, sauteurs et instigateurs des arrĂȘtĂ©s inconstitutionnels contenus au procĂšs-verbal. Ce dĂ©cret, dont l'exĂ©cution Ă©tait remise au roi, fut Ă  peu prĂšs non avenu. Le pouvoir exĂ©cutif mit trĂšs-peu d'empressement Ă  dissoudre cette assemblĂ©e inconstitutionnelle et contre-rĂ©volutionnaire. Elle durait encore au printemps de l'annĂ©e suivante. Ce qui la rendait dangereuse, c'est qu'elle s'appuyait sur le fanatisme religieux (ComplĂ©ment de l'encyclopĂ©die moderne dictionnaire abrĂšgĂš des sciences, des lettres, des arts de l'industrie, de l'agriculture et du commerce, Firmin Didot FrĂšres, Tome 6 : Inachus - Janus, 1857 - books.google.fr).

 

A Berrias, le Maire, Louis Bastide de Malbos, appelle Ă  un vaste rassemblement d’élus et de gardes nationales dans un souci d’apaisement et de fraternisation. Qui est Louis Bastide de Malbos ? Il est nĂ© en 1743 Ă  Berrias. C’est son pĂšre Louis Bastide qui achĂšte les droits seigneuriaux Ă  la marquise de Chambonas et devient ainsi Louis Bastide seigneur de Malbosc. En 1770 il Ă©pouse Marie-Marguerite Aubert Ă  Aubenas, fille d’une famille protestante. Il vient habiter Berrias en 1776. A la RĂ©volution il prend le nom de « Bastide ci-devant Malbos ». L’un de ses frĂšres se rĂ©fuge Ă  Berrias en 1790 lors des Ă©vĂšnements de NĂźmes au cours desquels plus de 300 catholiques sont massacrĂ©s par des protestants ; l’autre participera aux camps de JalĂšs en 1790 et 91 puis Ă©migrera. AprĂšs le massacre de NĂźmes, conscient du malaise qui rĂšgne dans la rĂ©gion, il prend l’initiative de rĂ©unir les gardes nationaux pour une grande manifestation au cours de laquelle on jurerait Ă  nouveau fidĂ©litĂ© au roi, Ă  la loi et Ă  la nation. Mais, sous l’influence de catholiques dĂ©sireux d’en dĂ©coudre avec les protestants du Gard, ce rassemblement change d’orientation et les meneurs dĂ©cident de se constituer en comitĂ© permanent garant de cette orientation. Ce comitĂ© sera dĂ©clarĂ© hors la loi, ce qui n’empĂȘchera pas Malbos de continuer Ă  le rĂ©unir. La constitution civile du clergĂ© Ă©tant mise en application, Malbos rĂ©unit Ă  Berrias les chefs des lĂ©gions catholiques. Des heurts entre catholiques et protestants Ă  UzĂšs en 1791 vont amener le comitĂ© Ă  prendre les armes, soutenu par des contre-rĂ©volutionnaires aidĂ© des paysans inquiets. Malbos, se rendant compte que le mouvement va devenir une lutte contre la RĂ©volution, se retire. Quand l’armĂ©e du Directoire de l’ArdĂšche arrive, elle l’arrĂȘte chez lui. 22 communes signent alors une pĂ©tition pour sa libĂ©ration. Sa mort Ă  Pont Saint Esprit en 1791 quelques semaines aprĂšs son arrestation reste une Ă©nigme. Accident ? Suicide ? Vengeance contre celui qui Ă©tait restĂ© patriote ? (www.jales.fr).

 

"Ost recampé, & legion reduicte"

 

Celui-ci participe Ă  la mise en place de ce que l’on appelle le «deuxiĂšme camp de JalĂšs» qui consiste en une rĂ©action armĂ©e aux «échauffourĂ©es d’UzĂšs» qui avaient mis aux prises protestants et catholiques les 13 et 14 fĂ©vrier 1791. Une centaine de catholiques d’UzĂšs se rĂ©fugient dans les villages des alentours de JalĂšs. Des gardes nationaux s’organisent pour crĂ©er un cordon militaire destinĂ© Ă  les dĂ©fendre de prĂ©tendues menĂ©es protestantes. La plaine de JalĂšs apparaĂźt comme le point de rendez-vous central d’environ dix mille hommes, mais, suite Ă  l’interdiction du camp prononcĂ©e par le directoire du dĂ©partement, les membres du comitĂ© ne se montrent pas. La dĂ©sorganisation est totale. Lorsque les troupes du Gard arrivent pour disperser le rassemblement, elles ne trouvent, le 22 fĂ©vrier, que quelques traĂźnards.

 

Le troisiĂšme camp se tient plus d’un an aprĂšs, en juillet 1792. Dans l’intervalle, les tensions se sont accrues des tentatives d’application de la Constitution civile du clergĂ©, des problĂšmes financiers des administrations et de la situation de crise Ă©conomique. Au printemps 1792, le Vivarais et le Gard connaissent les violences de la «guerre des chĂąteaux» qui contribue Ă  renforcer la peur puis la colĂšre des opposants au nouveau rĂ©gime. En juillet, le comte de Saillans dĂ©clenche une opĂ©ration militaire destinĂ©e Ă  allumer le foyer de la Contre-RĂ©volution dans le Midi. Cette tentative insurrectionnelle, prĂ©parĂ©e par les Ă©migrĂ©s de Coblence et les successeurs du comitĂ© de JalĂšs, tourne court : dĂ©clenchĂ©e malgrĂ© les instructions des Ă©migrĂ©s, ne parvenant pas Ă  obtenir les soutiens populaires qu’elle escomptait, l’entreprise rĂ©unit environ dix mille hommes qui s’emparent du chĂąteau de Bannes, mais se dispersent vite sous la pression des forces patriotes. L’échec de l’insurrection entraĂźne une rĂ©pression marquĂ©e par des violences (François de Jouvenel, Les camps de Jales (1790-1792), Ă©pisodes contre-revolutionnaires ?, Annales historiques de la RĂ©volution française, N° 337, juillet-septembre 2004 - journals.openedition.org).

 

"légion"

 

La mise en place des milices bourgeoises, souvent appelĂ©es « lĂ©gions », remonte Ă  l’étĂ© 1789 et plus rarement au printemps. Dans son ensemble, la rĂ©gion qui nous occupe reste Ă  l’écart des grands troubles du printemps 1789 qui ont donnĂ© lieu, notamment en Provence, Ă  la formation des premiĂšres milices bourgeoises. La revendication populaire gronde nĂ©anmoins dans nombre de bourgs et de citĂ©s de la montagne, donnant lieu Ă  plusieurs Ă©meutes sans lendemain qui contribuent cependant Ă  crĂ©er un climat d’insĂ©curitĂ©. Les Ă©vĂ©nements de Paris et le renvoi de Necker suscitent la crĂ©ation des premiĂšres gardes urbaines, mais ce sont surtout les inquiĂ©tudes nĂ©es lors de la Grande Peur qui donnent l’impulsion dĂ©cisive pour la formation des milices bourgeoises. L’une des premiĂšres Ă  voir le jour dans le Languedoc mĂ©diterranĂ©en est la lĂ©gion de Montpellier, formĂ©e Ă  la suite d’une violente Ă©meute survenue Ă  Agde en avril.

 

Les liens Ă©tablis entre la contre-rĂ©volution naissante et le mouvement catholique nĂźmois sont prĂ©coces. Au cours de l’hiver, Froment dĂ©cide de gagner Turin pour y rencontrer le comte d’Artois. Il semble parvenir Ă  le convaincre de s’appuyer sur la rĂ©sistance populaire pour consolider la contre-rĂ©volution et renverser l’AssemblĂ©e nationale. Jusque-lĂ , les projets des Ă©migrĂ©s reposaient sur l’enlĂšvement du roi et sur la mobilisation des puissances Ă©trangĂšres, deux points sur lesquels les opposants Ă  la RĂ©volution sont en difficultĂ©. Le plan proposĂ© par Froment permettait de passer Ă  l’action sans ĂȘtre tributaire du roi ou des monarchies europĂ©ennes tout en renforçant la lĂ©gitimitĂ© populaire du comitĂ© de Turin. Il proposait de mettre en Ɠuvre une insurrection royaliste appuyĂ©e sur le peuple en jouant, dans le Midi, sur les antagonismes confessionnels. Le comte d’Artois aurait dit, Ă  propos de Froment : « Le sort de l’État tient peut-ĂȘtre Ă  cette tĂȘte-lĂ .» De retour en Languedoc, Froment, confortĂ© par l’attitude du comte d’Artois Ă  son Ă©gard, intensifie la propagande anti-protestante. Il dote ses lĂ©gionnaires d’un habit vert, couleur du comte d’Artois, et de cocardes rouges. Les Ă©chos de cette propagande rĂ©veillent dans le Midi de la frontiĂšre confessionnelle des tensions telles que les gardes nationales deviennent en quelques semaines un enjeu politique essentiel (ValĂ©rie Sottocasa, La Garde nationale, enjeu politique et religieux dans le Midi de la frontiĂšre confessionnelle In : La Garde nationale entre Nation et peuple en armes : Mythes et rĂ©alitĂ©s, 1789-1871, 2006 - books.openedition.org).

 

Ce sont les "légions catholiques" qui sont convoquées dans la plaine de JalÚs le 20 février 1791 pour le deuxiÚme camp.

 

"hors des Gaules"

 

Les femmes émigrÚrent, les routes se remplissaient d'émigrés. Le camp de JalÚs avait été formé dans l'intérieur ; Coblentz devint à l'extérieur le quartier-général des émigrés (Adolphe Crémieux, Tableau comparatif des consitutions françaises depuis 1791, Code des codes, avec des notes, analyses, commentaires, 1836 - books.google.fr).

 

AprĂšs avoir tentĂ© vainement, depuis Turin oĂč il Ă©tait Ă©tabli, d'organiser en 1790 le soulĂšvement des provinces mĂ©ridionales en utilisant les tensions confessionnelles qui opposaient les communautĂ©s, et aprĂšs avoir mĂȘme organisĂ© Ă  JalĂšs, en ArdĂšche, un camp de 20.000 hommes qui fut rapidement dispersĂ©, Artois, on s'en souvient, avait gagnĂ© la RhĂ©nanie (juin 1791) oĂč son frĂšre Provence vint le rejoindre aprĂšs la fuite avortĂ©e du roi. DĂ©sormais, l'objectif des princes, rejoints Ă  Coblence par de nombreux Ă©migrĂ©s et disposant d'effectifs militaires nombreux et bien organisĂ©s, fut d'entraĂźner l'empereur dans une guerre contre la France, qui leur permettrait d'entrer victorieusement sur le territoire Ă  la tĂȘte de leur armĂ©e  (Guy Chaussinand-Nogaret, Le refus de la RĂ©volution, L'Histoire, N° 113, 1988 - books.google.fr).

 

Au dĂ©but de la RĂ©volution, le duc d'Harcourt Ă©migre en Angleterre ; c'est un agent trĂšs actif des princes. François-Henri, Ve duc d’Harcourt, gouverneur de Normandie, qui ne fait pas partie de la famille de Lorraine Harcourt, reprĂ©sente le comte de Provence auprĂšs du gouvernement britannique durant la RĂ©volution française.

 

Aubenas et JalĂšs

 

Laissons les ennemis de la révolution méditer leurs ridicules et vains projets; à mesure que les citoyens s'éclairent, leurs complots s'évanouissent. C'est ce qul résulte de la lettre suivante du procureur-général syndic du département de l'ArdÚche :

 

A Privas, le 25 fĂ©vrier 1791, Monsieur le PrĂ©sident, AprĂšs avoir fait part Ă  l'assemblĂ©e nationale des alarmes et des dĂ©sordres qu'avoit jettĂ©s dans le dĂ©partement le nouveau rassemblement du camp de JalĂšs, nous ne devons pas lui laisser ignorer l'heureuse et subite rĂ©volution qui s'est faite dans les opinions et les Ă©vĂ©nemens relatifs Ă  ce camp. DĂšs le 22 de ce mois, la plupart des gardes nationales que leur Ă©garement es de fausses alarmes y avoient conduits, s'en retirĂšreni et rentrĂšrent dans leurs communautĂ©s, convaincus des mauvaises intentions et des projets de contre-rĂ©volution des auteurs de cette insurrection. Depuis, les autres se sont aussi retirĂ©s successivement, et il y a lieu de croire que tout a disparu aujourd'hui. L'indignation se tourne en divers endroits contre les auteurs perfides de cette entreprise criminelle ; cependant il reste encore dans les autres beaucoup d'agitation, et nous avons toujours le plus grand besoin d'un secours considĂ©rable en troupes de ligne, soit pour rĂ©tablir l'ordrĂ© partout, soit pour seconder les poursuites indispensables qui doivent ĂȘtre faites contre les coupables. Je joins ici l'extrait de la dĂ©libĂ©ration que notre directoire a prise, d'accord avec des commissaires du dĂ©partement de la DrĂŽme, pour la direction des secours que ce dĂ©partement nous a accordĂ©s dans la crise fĂącheuse ou nous Ă©tions. Vous y verrez que d'aprĂšs les rapports qui nous ont Ă©tĂ© faits, les sieurs Chastanier, officier d'artillerie, Roger, officier d'infanterie, commandant de la garde nationale d'Aubenas et Roux, officier-municipal, ont beaucoup contribuĂ©, notament le premier Ă  la dispersion du camp. Ces trois citoyens assurent qu'ils avoient Ă©tĂ© forcĂ©s de s'y rendre, et tous les rapports qu'ils ont fait sur l'heureuse rĂ©volution qu'ils y ont produit, n'ont pas encore Ă©tĂ© contredits. SignĂ©, DALMAS, procureur-gĂ©nĂ©ral du dĂ©partement de l'ArdĂšche (Le point du jour, 1791 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IV, 11 - Aubenas - 1786-1787.

 

Suffren 1787

 

JalÚs connaßt une phase de déclin importante aux XVIe et XVIIe siÚcles, les commandeurs de l'Ordre n'y séjournant plus. Mais, à partir de 1740, le chùteau est restauré par le commandeur Pierre-Emmanuel de LauberiviÚre de Quinsonas, qui en fait sa résidence et procÚde à une grande remise en ordre. Une restauration des droits féodaux, une meilleure gestion des terres, l'introduction de nouvelles cultures (vignes, mûriers, chùtaigniers) et l'élevage de vers à soie permettent une augmentation sensible des revenus (www.berrias-et-casteljau.fr).

 

Selon Robert Saint-Jean, le bailli de Suffren fut pourvu de la commanderie le 2 février 1781 par le grand-maßtre Emmanuel de Rohan, et Paul-Bruno de Foresta lui succÚde dÚs 1783 jusqu'à la dissolution de l'ordre en France. Suffren, dans l'Océan indien entre 1782 et 1783, ne se serait jamais rendu à JalÚs (Robert Saint-Jean, La commanderie de JalÚs : les bùtiments XIIe-XVIIIe siÚcles, Revue du Vivarais, 1987, www.jales.fr).

 

Autrement :

 

Suffren, aurĂ©olĂ© de sa campagne aux Indes lors de la Guerre d'indĂ©pendance des États-Unis, ne sĂ©journe pas en permanence dans la commanderie, mais c'est celle de JalĂšs qu'il prĂ©fĂšre sur les quatre qui lui sont affectĂ©es pour assurer ses revenus d'ambassadeur de l'Ordre Ă  Paris. «J'irai chez moi» Ă©crit le cĂ©lĂšbre bailli lorsqu'il s'apprĂȘte Ă  s'y rendre. Suffren fait en 1786 et 1787 plusieurs sĂ©jours dans la commanderie et y rĂ©alise quelques travaux pour rendre les appartements plus confortables et plus Ă  son goĂ»t. La lĂ©gende locale veut mĂȘme qu'il ait fait fabriquer une table Ă©chancrĂ©e pour y loger son Ă©norme bedaine de gros mangeur. En 1786, Suffren y reçoit sa nombreuse famille : «J'ai autant de monde que la maison peut en contenir. J'ai six femmes !» Le bailli note en 1787 que la maison est «fort logeable. Il y a un bon potager.» Ce sera son dernier sĂ©jour, car il semble qu'en 1788, Suffren, dont la santĂ© se dĂ©grade, ne se soit pas rendu en ce lieu qu'il affectionnait beaucoup (il dĂ©cĂšde en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e) (fr.wikipedia.org - Commanderie de JalĂšs).

 

AprĂšs Yorktown, Cornwallis se vit bientĂŽt forcĂ© de capituler; son corps d’armĂ©e mit bas les armes (1781). Tout espoir de recouvrer l’AmĂ©rique fut dĂšs-lors perdu pour l’Angleterre. Lord North, ce partisan opiniĂątre de la guerre, donna sa dĂ©mission, et le ministĂšre fut entiĂšrement reconstituĂ©. Le marquis de Rockingham, le comte de Shelburne, et le jeune Charles Fox, qui joignait de vastes vues philanthropiques Ă  une ambition sans bornes, furent les principaux membres du nouveau cabinet. La paix Ă©tant gĂ©nĂ©ralement dĂ©sirĂ©e, lord Grenville fut envoyĂ© Ă  Paris, muni de pleins pouvoirs pour traiter avec la France et l’AmĂ©rique. MalgrĂ© ces nĂ©gociations, les hostilitĂ©s continuĂšrent. Les Français s’emparĂšrent de Saint-Christophe et de Montserrat dans l’AmĂ©rique anglaise; les Ăźles de Bahama se rendirent aux Espagnols, et la JamaĂźque fut menacĂ©e par la flotte franco-espagnole, portant Ă  bord vingt mille hommes de dĂ©barquement. Dans cette circonstance, le brave amiral Rodney soutint dignement l’honneur des armes anglaises; il battit complĂštement, prĂšs de la Dominique, les Français commandĂ©s par le comte de Grasse qui fut lui-mĂȘme fait prisonnier. Rodney retourna en Angleterre, oĂč il reçut les remerciemens des chambres et fut Ă©levĂ© Ă  la pairie (1782). Pendant ce temps, l’amiral Howe et l’intrĂ©pide gĂ©nĂ©ral Elliot forçaient les Français et les Espagnols Ă  abandonner le blocus de Gibraltar, en incendiant les batteries flottantes de l’ingĂ©nieur d’Arçon. Les Français Ă©taient plus heureux dans l’Inde; le bailli de Suffren remporta plusieurs avantages sur la flotte anglaise, et, secondĂ© par le sultan Tippou-SaĂ«b, il s’empara de plusieurs villes importantes. Cependant Fox, rentrĂ© au ministĂšre aprĂšs une courte absence, reprit son projet favori, l‘Ɠuvre de la paix gĂ©nĂ©rale. Les nĂ©gociations ouvertes Ă  Paris arrivĂšrent Ă  leur fin. Le 3 septembre 1783, un traitĂ© fut signĂ© entre toutes les puissances belligĂ©rantes. L’indĂ©pendance des Etats-Unis fut reconnue; l’Espagne se fit rendre Minorque et les Florides; la Hollande cĂ©da Ă  la Grande-Bretagne Negapatnam dans l’Inde. Quant Ă  la France, ses succĂšs lui valurent moins d’avantages qu’à ses alliĂ©s: GorĂ©e et quelques-uns de ses Ă©tablissemens dans l’Inde lui furent seulement rendus. Tel fut le rĂ©sultat d’une guerre qui avait durĂ© sept ans, coĂ»tĂ© Ă  l’Angleterre plus de quarante mille soldats, et augmentĂ© sa dette publique de 150,000 livres sterling (François Valentin, Histoire d'Angleterre abrĂ©gĂ©e de Hume et Smollet, 1837 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IV, 10 - Le comte d'Artois et Amadis - 1785-1786.

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