Un clin d'oeil simpliste : Talleyrand

Un clin d'oeil simpliste : Talleyrand

 

IV, 76

 

1834

 

Les Nictobriges par ceux de PĂ©rigort

Seront vexés, tenant iusque au Rosne,

L'associé de Gascons & Begorne,

Trahir le temple, le prestre estant au prosne.

 

"Nictobriges"

 

Il s'agit des Nitiobriges ou Nitiobroges, de la région d'Agen.

 

Nictobriges est en rapport avec le latin "nicto", cligner des yeux.

 

Le croisement de "Nictobriges" et de "Nitiobriges" donne "Nictiobriges".

 

Je trouve mème la forme Nictiobriges dans le Nomenclateur gĂ©ographique qui est imprimĂ© Ă  la suite du dictionnaire de Nicot dans plusieurs Ă©ditions : «Nictiobriges, le territoire de Montpellier;» dĂ©finition gĂ©ographique inexacte qui est relevĂ©e par Joseph Scaliger, p. 107 de ses Opuscula varia : «NITIOBRIGES, le paĂŻs et seneschaussee d'Agenois. - Eorum civitas Aginnum Ausonio, Ptolemæo : Agennum Hieronymo, Greg. Turonensi, aliis. Si vis ridere, lege quæ hactenus omnes de his delirarunt, quorum alii Mompelier esse dicunt, qui locus VI dierum itinere distat a Nitiobrigibus, alii Engoulesme somniant. Alii jubent pro Aginno legendum esse Agesinates. Et quo non processit audax insicia ?» (Reinhold Dezimeris, Recherches sur l'auteur des Épitaphes de Montaigue. Lettres Ă  M. le Dr J.-F. Payen. [On J. Lapaume's “Le Tombeau de Michel Montaigne.”], 1861 - books.google.fr).

 

Cf. le latin "nictio", glapir, japper, comme le renard.

 

Le Traité conclu, ou la Capitulation (1814) est une eau-forte colorée anonyme (British Museum, Pink ah D'ohm, no 1868, 0808.8180). Autour d'une table dont la nappe verte évoque un tapis de jeu, sont rassemblés d'une part les représentants ricanants des principales puissances alliées, à l'exception notoire de l'Autriche — de droite à gauche un Russe, un Anglais et un Prussien — et en face, deux Français à corps d'animal, Talleyrand et Marmont, auxquels on distribue de grosses gratifications. En échange, ils signent la capitulation de Paris. La localisation est soulignée par les moulins de Montmartre à l'arrière-plan et la date est légèrement erronée, puisqu'en fait la signature eut lieu le 31 mars deux heures du matin. Notons toutefois que le document, bien qu'intitulé "Capitulation" peut aussi faire référence au traité du 30 mai, qui sera effectivement signé par Talleyrand. On retrouve ici l'accusation de vénalité formulée contre le duc de Raguse dans une autre image, accusation certainement sans fondement à son propos, mais en revanche bien justifiée en ce qui concerne le prince de Bénévent. En effet, l'ancien ministre des Relations extérieures trahissait l'Empire depuis, au moins, l'entrevue d'Erfurt (septembre 1808), percevant de gros émoluments des ennemis de Napoléon pour ses conseils et ses informations. Il joua un rôle déterminant dans les derniers jours de la campagne de France, notamment en incitant les Alliés à accélérer leur marche sur Paris, en démoralisant les responsables de sa défense et en plaidant auprès du tsar la cause des Bourbons. Quant à Marmont, on a vu son attitude équivoque le 5 avril, où la reddition de son corps d'armée priva l'Empereur d'une dernière carte lui permettant d'abdiquer conditionnellement en faveur de son fils. L'identification du maréchal à un chat, animal traditionnellement associé à le fourberie, n'est pas fortuite et encore moins celle de Talleyrand au renard, symbole vivant de la ruse. Même si les deux félons sont bien reconnaissables à leur visage — et pour Talleyrand, le portrait est accentué par le pied bot et la béquille — on use ici du procédé de la bestialisation classique dans l'art de la caricature. Sous la Révolution, cette arme redoutable servit notamment contre le couple royal : entre 1751 et 1753, des estampes montrant Louis XVI en cochon et Marie-Antoinete assimilée à une panthère ou à une autruche accentuèrent un processus de désacralisation fatal à la monarchie (Philippe de Carbonnières, La Grande Armée de papier: Caricatures napoléoniennes, 2015 - books.google.fr).

 

Agen

 

Jean Jacoupy est nĂ© Ă  Saint-Martin-de-RibĂ©rac le 28 avril 1761, mort Ă  Bordeaux le 27 mai 1848, est un prĂ©lat français du XIXe siècle, Ă©vĂŞque d'Agen. En 1792, refusant de prĂŞter le serment constitutionnel, il quitte la France pour l'Angleterre oĂą il retrouve l'Ă©vĂŞque de PĂ©rigueux. Le 5 juillet 1802, le premier consul, NapolĂ©on Bonaparte, le nomme Ă©vĂŞque d'Agen. Il reçoit la consĂ©cration Ă©piscopale le 18 juillet par le lĂ©gat du pape. La ville d'Agen est rĂ©partie en quatre paroisses : la cathĂ©drale, les Jacobins, Sainte-Foy et Saint-Hilaire. Il va rĂ©organiser les paroisses de son diocèse. Il participe au concile national de 1811 et dĂ©fend les prĂ©rogatives du Saint-Siège. Il a fait ses adieux au clergĂ© et aux fidèles de son diocèse le 6 novembre 1840 (fr.wikipedia.org - Jean Jacoupy).

 

"PĂ©rigort"

 

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, est un homme d'État et diplomate français, né le 2 février 1754 à Paris et mort le 17 mai 1838 dans cette même ville.

 

Issu d'une famille de la haute noblesse, souffrant d'un pied bot, il est orienté par sa famille vers la carrière ecclésiastique en vue de lui permettre de succéder à son oncle, l'archevêque de Reims : ordonné prêtre en 1779, il est nommé en 1788 évêque d'Autun. Il renonce à la prêtrise et quitte le clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque (fr.wikipedia.org - Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord).

 

Le quatrain III, 73 daté de 1758, 4 ans après sa naissance, concernerait Talleyrand, le "boiteux".

 

Il eut pour parrain son oncle Gabriel-Marie de Talleyrand, et pour marraine sa grand-mère Marie-Judith de Vienne, marquise de Damas. Il avait un an, lorsque, sa nourrice l'ayant mis par terre dans un champ pour causer avec son amoureux, un porc lui entama fortement une jambe et un pied. Talleyrand dans ses MĂ©moires note : «...C'est Ă  cet âge (4 ans) que la femme chez laquelle on m'avait mis en pension, me laissa tomber de dessus une commode. Je me dĂ©mis un pied ; elle fut plusieurs mois sans le dire ; on s'en aperçut lorsqu'on vint me prendre pour m'envoyer en PĂ©rigord chez madame de Chalais, ma grand mère, qui m'avait demandĂ©. Quoique madame de Chalais fut ma bisaĂŻeule, il a toujours Ă©tĂ© dans mes habitudes de l'appeler ma grand mère; je crois que c'est parce que ce nom me rapproche davantage d'elle. L'accident que j'avais Ă©prouvĂ© Ă©tait dĂ©jĂ  trop ancien pour qu'on pĂ»t me guĂ©rir; l'autre pied mĂŞme qui, pendant le temps de mes premières douleurs, avait eu seul Ă  supporter le poids de mon corps, s'Ă©tait affaibli; je suis restĂ© boiteux (Georges Martin, Histoire et gĂ©nĂ©alogie de la maison de Talleyrand-Perigord, 2009 - books.google.fr).

 

1834, c'est 4 ans avant sa mort.

 

Agen et PĂ©rigord

 

La maison souveraine des comtes de PĂ©rigord, princes par la gráce de Dieu, expression qui constatait leur indĂ©pendance de toute suzerainetĂ© primitive, ne descendait pas des comtes de Foix, comme vient de l'affirmer tout nouvellement et sans preuve le bĂ©nĂ©vole auteur des quatre gros volumes (Ă  qui la terre soit lĂ©gère, car eux sont terriblernent lourds) intitulĂ©s Monsieur DE TALLEYRAND; mais des comtes d'AngoulĂŞme. L'empereur et roi de France, Charles le Chauve, institua l'an de grâce 866, comme on disait alors, et l'on disait bien comtes de PĂ©rigord et d'Angoulème Wulgrin, son parent; celui-ci, et ce qui acheva de prouver la grandeur de son origine, se maria Ă  Rogelinde, fille du cĂ©lèbre, puissant et malheureux Bernard, duc de Toulouse, de Septimanie; cette origine, qui peut-ĂŞtre fait de notre maison une branche carlovingienne, me plaĂ®t tout autant que celle dont nous investit cet honorable chroniqueur que je viens de citer. Wulgrin mourut le 3 mai 886. Son second fils, nommĂ© Guillaume, lui succĂ©da dans les comtes de PĂ©rigord et d'Agen; il perdit celui-ci, mais il transmit l'autre Ă  ses hĂ©ritiers ; ses deux fils Ă©tant morts sans postĂ©ritĂ©, sa fille Emme porta le comtĂ© de PĂ©rigord dans la famille de son mari Roger, dit le Vieux, comte de la Marche. HĂ©lie Ier, fils d'Emme et de Bozon, succĂ©da Ă  son parent et Ă  sa mère ; mais la succession fit son frère HĂ©lie II, comte de la Haute-Marche. Le PĂ©rigord resta dans notre maison jusqu'Ă  Archambaud V, dit le Vieux, sur qui le roi de France, Charles V, le confisqua pour frais d'insoumission ; son fils , Archambaud VI, acheva de perdre cette souverainetĂ©; un arrĂŞt du parlement de Paris, en date du 19 juin 1399, le bannit et confisqua ses biens qui assurèrent au duc d'OrlĂ©ans le comtĂ© de PĂ©rigord; celui-ci, après avoir passĂ© dans plusieurs mains, vint, par mariage, dans la maison d'Albret, et par celle-lĂ , Ă  Henri IV, qui le rĂ©unit Ă  la couronne avec tant de riches domaines et souverainetĂ©s dont il enrichit la France Ă  son avènement. La race des comtes de PĂ©rigord, quoique depossĂ©dĂ©e et perdue dans la branche aĂ®nĂ©e, n'avait pas cessĂ© d'exister : un rameau plus vivace que le premier se separa du tronc commun. HĂ©lie de Talleyrand, fils d'HĂ©lie V, comte de PĂ©rigord et frère d'Archambaud Ier, fut prĂ©sent, en 1199, Ă  une donation faite Ă  l'abbaye de Chancelade par son père, qui le nomma d'ailleurs dans son testament; il eut pour fils Bozon Ier, Ă  qui son oncle paternel, Archambaud II, comte de PĂ©rigord, donna la châtellenie de Grignol, acte ratifiĂ© en 1245 par HĂ©lie, son cousin-germain paternel. Depuis lors, la terre des Grignols resta dans le rameau comme signe Ă©clatant de son origine. HĂ©lie Talleyrand eut de sa femme la principautĂ© de Chalais; la branche aĂ®nĂ©e finit de nos jours dans la personne de Marie de Chalais, grande d'Espagne et femme de son cousin Gabriel-Marie Talleyrand, comte de PĂ©rigord, chevalier des ordres du roi. La seconde branche dudit rameau s'en sĂ©para en 1639, elle est aujourd'hui reprĂ©sentĂ©e par Augustin-Marie-HĂ©lie-Charles, comte de PĂ©rigord, mariĂ© Ă  mademoiselle de Choiseul Praslin, le 14 juin 1807, père d'Alix-Marie-Charlotte, nĂ©e le 4 novembre 1809; HĂ©lie-Louis Roger, nĂ© le 25 novembre 1809; Paul-Albert-RenĂ© Augustin, nĂ© le 28 novembre 1808. Enfin la troisième branche d'oĂą je descends remonte Ă  mon père Charles Daniel de Talleyrand-PĂ©rigord, nĂ© le 16 juin 1734, lieutenant-gĂ©nĂ©ral, chevalier des ordres du roi : il Ă©pousa, le 12 janvier 1751, Alexandrine-Victoire-ÉlĂ©onore de Damas d’Antigny; elle mourut, Ă  mon Ă©ternel regret, le 24 juin 1809, comme je le signalerai en son temps, et j'eus le malheur affreux de perdre mon père plus tĂ´t, car il dĂ©cĂ©da le 4 novembre 1788 (Charles-Maurice de Talleyrand-PĂ©rigord, Extraits des mĂ©moires, Tomes 1 Ă  2, 1838 - books.google.fr).

 

"Trahir le temple"

 

Être étudiant au séminaire n'empêche pas Talleyrand, entré malgré lui au séminaire, de fréquenter ostensiblement une actrice de la Comédie-Française, Dorothée Dorinville (Dorothée Luzy pour la scène), entrée malgré elle à la comédie, avec qui il se promène sous les fenêtres du séminaire. Cette relation dure «pendant deux années, de dix-huit à vingt ans». Les femmes prennent très tôt une grande importance dans la vie de Talleyrand, importance qui sera constante, intimement, socialement et politiquement jusqu'à sa mort. De 1783 à 1792, Talleyrand a pour maîtresse (entre autres) la comtesse Adélaïde de Flahaut, avec qui il vit presque maritalement et qui lui donne au grand jour un enfant en 1785, le fameux Charles de Flahaut. Madame de Staël a une brève aventure avec lui ; Talleyrand dira plus tard «qu’elle lui a fait toutes les avances». Sollicitée des États-Unis par Talleyrand (qui scandalise la société de Philadelphie en se promenant au bras d'«une magnifique négresse») pour l’aider à rentrer en France, c’est elle qui obtient, grâce à Marie-Joseph Chénier, qu’il soit rayé de la liste des émigrés, puis qui, en 1797, après lui avoir prêté 25000 livres, le fait nommer par Barras ministre des Relations extérieures. Lorsque Madame de Staël se brouille avec Bonaparte, qui l'exile, Talleyrand cesse de la voir et ne la soutient pas. Elle considérera toujours cette attitude comme une étonnante ingratitude. À son retour d'Amérique, Talleyrand demande en mariage Agnès de Buffon, qui lui oppose un refus, ne pouvant se résoudre à épouser un évêque. Après de vifs désaccords, le pape, dans un bref, permet à Talleyrand de «porter l'habit des séculiers» mais lui fait rappeler qu'«aucun évêque sacré n'a été dispensé, jamais, pour se marier». Sur l'ordre de Bonaparte, le Conseil d'État interprète à sa façon ce bref papal et rend Talleyrand à la «vie séculière et laïque» le 18 août 1802. Le 10 septembre 1802, il se marie donc à l'hospice des Incurables, rue de Verneuil à Paris, avec Catherine Noël Worlee, qu'il connaît depuis trois ans. Ayant démissionné de la présidence du Conseil, et quoique séparé depuis longtemps de Catherine, Talleyrand signe le 27 décembre 1816, «sous le sceau de l'honneur», une convention de séparation amiable. En 1808, durant l'entrevue d'Erfurt, si Napoléon ne parvient pas à séduire le tsar, Talleyrand obtient de ce dernier le mariage de son neveu Edmond de Talleyrand-Périgord avec Dorothée de Courlande, âgée de 15 ans, «un des meilleurs partis d'Europe». Sa mère, la duchesse de Courlande, s'installe à Paris et devient l'une des intimes et la maîtresse de Talleyrand, rejoignant le «petit globe» de ses amies (fr.wikipedia.org - Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord).

 

"prosne" : Prosnes

 

Le mot désigne primitivement la grille qui sépare le choeur de la nef, grille où se plaçait le curé pour s'adresser aux fidèles. Chrétien de Troyes, XIIe siècle, donne un exemple précieux : devant les prones (du choeur), où le mot est encore employé au pluriel. Ainsi l'identité entre l'anc. franç. prône (grille) et le français moderne prône (instruction) apparait incontestable (J. Haust, Note sur l'étymologie du français palonnier, próne et du wallon pèrone, purne, Melanges de Philologie Et D'histoire, 1973 - books.google.fr).

 

Dans l'assemblĂ©e des Ă©lecteurs des 15 et 16 juillet 1792, ils avaient nommĂ© curĂ© de Prosnes Pierre-Claude Cabaret. NĂ© Ă  Liry le 5 juin 1767, il venait d'ĂŞtre ordonnĂ© par Nicolas Diot, le 17 dĂ©cembre 1791, et avait Ă©tĂ© sept mois vicaire Ă  Épernay. Il fut installĂ© et fit serment, le 22 juillet 1792. Le serment de libertĂ© avait Ă©tĂ© prĂ©tĂ© avec les habitants de Prosnes sans acte purement individuel. Il recevait 800 livres de pension. Le 29 vendĂ©miaire an IV, Cabaret avait fait les dĂ©clarations et soumissions exigĂ©es pour reprendre le culte. Le serment de fructidor a Ă©tĂ© prĂ©lĂ© le 3e jour complĂ©mentaire de l'an V. Cabaret avait exercĂ© dix ans Ă  Prosnes ; pendant trois ans Ă  Mourmelon-le-Grand, quand il donna le scandale d'un mariage dans lequel il s'opiniâtra Ă  rester trente-trois ans rebelle Ă  l'Église. Au mois d'octobre 1835, il se dĂ©termina enfin Ă  une sĂ©paration effective. Il rĂ©gla ses affaires temporelles, fut reçu en pĂ©nitence au SĂ©minaire, se soumit aux exigences qui lui furent imposĂ©es pour rĂ©parer ses fautes publiques et il fut admis Ă  la communion laĂŻque. En 1817, son nom figurait sur la liste des pensionnaires de l'Etat pour 267 franes et il rĂ©sidait Ă  Prosnes (Émile Bouchez, Le clergĂ© du pays rĂ©mois pendant la rĂ©volution et la suppression de l'ArchevĂŞchĂ© de Reims: (1789-1821), 1913 - books.google.fr).

 

La grille d'appui, en fer forgé, de l'église de Prosnes, est une oeuvre assez élégante du XVIIIe siècle (Revue de l'art chrétien, Volume 50,Partie 1, 1901 - books.google.fr, Jean Baptiste Etienne Pascal, Institutions de l'art chrétien pour l'intelligence et l'exécution des sujets religieux, Tome 2, 1856 - books.google.fr).

 

"associé" : le Club des Jacobins

 

Peu après la réunion des États-Généraux (1789) quelques députés se réunirent en dehors des séances, pour discuter les questions politiques. C'était à Versailles. Le Club comptait parmi ses membres Petion, Robespierre, le duc d'Orléans, Talleyrand, Barère, Mirabeau, Lafayette, Boissy-d'Anglas. Après les journées d'Octobre, le Club se transporte à Paris et s'installe au couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré : «Les moines louèrent leur réfectoire pour deux cents francs et pour deux cents francs le mobilier, tables, chaises. Plus tard le local ne suffisant pas, le Club se fit prêter la bibliothèque et enfin l'église. Les tombeaux des anciens moines, l'école ensevelie de Saint-Thomas, les confrères de Jacques Clément se trouvèrent ainsi les muets témoins et les confidents des intrigues révolutionnaires.» C'est de la que la Société «des Amis de la Constitution» prit son nom de Club des Jacobins (Georges Radet, La Convention nationale, son oeuvre, 1792-1795, 1886 - books.google.fr).

 

Soucieux du bien public, un certain nombre de Hauts-Pyrénéens se sont dévoués à la chose publique, même lorsque la res publica se laissait confisquer au bénéfice de monarchies. Le plus connu, parmi ces hommes politiques, le "Talleyrand bigourdan" Bertrand Barère (Tarbes (Bigorre), 1755-1841), fut de Vieuzac dont il était abbé-lay avant la Révolution. Avocat, lié par de multiples attaches, familiales, amicales, d'affaires à nombre de personnalités comme, par exemple Jean Dembarère (1747-1828), beau-frère d'un de ses oncles et comte et sénateur d'Empire, pair de France sous la Restauration. Bertrand Barère est élu député aux états généraux en 1789. Déjà bien en place parmi les événements, il publie le journal Le Point du jour. Il se bat, use de son influence et de son talent pour obtenir la création du département des Hautes-Pyrénées. On le retrouve député à la Convention nationale (1792-1795). Il préside l'assemblée lors du procès de Louis XVI (janvier 1793) dont il vote la mort. Membre du Comité de salut public, il est surnommé, et certainement pas par ses amis, "l'Anacréon de la guillotine". Barère n'évite pas la prison lors de la réaction thermidorienne, mais évite d'y laisser sa tête. Il passe plus tard au service de Napoléon. La Restauration sonne le glas de son destin national. Exilé comme régicide, il n'a plus accès, après son retour, qu'à des responsabilités locales en tant que conseiller général et conseiller municipal de la ville de Tarbes où il meurt en 1841 (André Lasserre, Les Hautes-Pyrénées autrefois, Vie quotidienne autrefois, 1993 - books.google.fr).

 

Talleyrand était "socius" de la Sorbonne, après avoir été "hospes" depuis 1775. Il allait passer deux ans en compagnie d'ecclésiastiques séculiers occupés de théologie, à quelques pas de la rue de la Harpe où s'étaient écoulées ses années d'enfance (Georges Lacour-Gayet, Talleyrand, 1991 - books.google.fr).

Jacques Marquet de Montbreton, baron de Norvins (Paris, 18 juin 1769 - Pau, 30 juillet 1854), est un homme politique et écrivain français. Son Histoire de Napoléon paraît en 1827 et remporte un grand succès, inaugurant une série de publications qui vont lancer la légende napoléonienne en présentant Napoléon comme un héros révolutionnaire (fr.wikipedia.org - Jacques Marquet de Montbreton de Norvins).

 

Il avait comme confesseur l'abbé Tinthoin, docteur en Sorbonne (Léon de Lanzac de Laborie, Souvenirs d'un historien de Napoléon : M. de Norvins, 1769-1793, 1896 - books.google.fr).

 

Plusieurs sujets de la licence de 1776 de la Sorbonne vivent encore, et d'autres sont morts il y a peu de temps. Le premier des nobilissimes Ă©toit M. de Talleyrand, depuis Ă©vĂŞque d'Autun. Le premier de licence Ă©toit l'abbĂ© Chauveau, du diocèse de Chartres. Les deux suivans Ă©toient l'abbĂ© Desrenaudes, mort Ă  Paris il y a quelques annĂ©es, et l'abbĂ© Tinthoin, qui Ă©toit, en dernier lieu, chanoine de Notre-Dame et grand pĂ©nitencier, et qui est mort en 1826. M. Duclaux, depuis supĂ©rieur-gĂ©nĂ©ral de Saint-Sulpice, Ă©toit le sixième de cette licence. M. le cardinal de la Fare, M. de Villefrancon, mort archevĂŞque de Besançon, M. de Mons, mort archevĂŞque d'Avignon ; M. de Chaffoy, aujourd'hui Ă©vĂŞque de NĂ®mes ; M. d'Orcet, mort Ă©vĂŞque de Langres ; M. de Crouseilles, mort Ă©vĂŞque de Quimper ; M. d'Osmond, mort Ă©vĂŞque de Nancy, appartenoient Ă  cette licence, ainsi que les abbĂ©s BuĂ©e et de Moussac, morts il y a peu d'annĂ©es, et MM. Tonnelier et de Vallongues, qui vivent encore, et dont l'un est curĂ© de Châtillon-sur-Loing, dans le diocèse d'OrlĂ©ans, et l'autre chanoine de Saint-Denis (L'Ami de la religion, Volume 79, 1834 - books.google.fr).

 

Pierre-Vincent Dombidau de Crouseilles, parfois orthographié Pierre-Vincent Dombideau de Crouseilhes, né le 19 juillet 1751 à Pau et décédé le 28 juin 1823 à Quimper, est un homme d'Église, évêque français de l'Église catholique romaine. Il est évêque de Quimper de 1805 à 1823 (fr.wikipedia.org - Pierre-Vincent Dombidau de Crouseilles).

 

"Rosne" : RhĂ´ne

 

Vers la fin de l'année 1833, il y eut à Toeplitz une rencontre de l'empereur de Russie, de l'empereur d'Autriche et du roi de Prusse. Plus tard, les correspondances diplomatiques semblèrent vivement préoccupées de certaines conférences qui eurent lieu à Vienne entre les ministres des princes allemands. Dans ces rencontres plus ou moins fortuites, plus ou moins calculées, on pouvait voir une sorte de tendance des souverains à concentrer davantage l'unité de l'Europe orientale et septentrionale, à resserrer plus étroitement encore les liens de la confédération germanique. Le traité de la quadruple alliance, ayant pour but de créer une ligue offensive et défensive entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et le Portugal, était une réponse catégorique à la rencontre de Toplitz et aux conférences de Vienne, car on opposait par cette ligue l'unité de l'Europe occidentale et méridionale à l'unité de l'orient et du nord. [...]

 

D'un autre côté, deux autres états limitrophes de la France venaient moralement s'adjoindre à la ligue puissante formée à l'occident par l'union intime de la France et de l'Angleterre : je veux parler de la Belgique et de la Suisse. [...]

 

La Suisse, avec toutes ses frontières, depuis la Meuse jusqu'au lac de Constance, est aussi notre alliée naturelle, et aucune puissance ne doit mettre le pied sur son territoire sans se trouver en face du drapeau tricolore. Telle sera l'unité occidentale de l'Europe, dont le lien commun et le centre devait être encore la France. [...]

 

Ainsi, le traité de la quadruple alliance, dû au génie de M. Talleyrand, était la formulation la plus nette de l'ordre politique nouveau qui scindait l'Europe en deux portions bien tranchées, représentant deux syslèmes : d'un côté le nord et l'est, de l'autre l'occident et le midi; et de même qu'il y avait une sainte-alliance de trônes absolutistes, laquelle datait de 1815, de même il se formait pour lui résister une sainte-alliance de trônes constitutionnels, qui, à vrai dire, date de 1830, mais à laquelle le traité de la quadruple alliance est venu imprimer une haute et solennelle consécration (Alphonse Pepin, La Royauté de juillet et la Révolution, Tome 2, 1837 - books.google.fr).

 

Talleyrand n'ira pas Ă  Genève ; il l'Ă©crit de Paris le 2 aoĂ»t 1835, Ă  Royer-Collard : «J'ai abandonnĂ© mes projets de voyage en Suisse. Je vous Ă©cris de Paris oĂą, d'après les tristes Ă©vĂ©nements du 28 juillet [l'attentat de Fieschi] j'ai cru devoir me rendre. C'Ă©tait pour moi un devoir, et un devoir de dĂ©licatesse, ce qui est obligatoire. Quel parti tirera-t-on de ceci ? Je l'ignore encore : le garde des sceaux est dans l'enfantement. Si son travail produit autre chose qu'une restauration, il sera au-dessous des circonstances. La restauration de Louis-Philippe ne pourra jamais ĂŞtre plus facile (AndrĂ© Beau, Talleyrand: l'apogĂ©e du sphinx : la Monarchie de Juillet, 1998 - books.google.fr).

 

C'est sans lui que sa nièce la duchesse de Dino se rendra en Suisse, au bord du Rhône en certaine occasion (Laurent Theis, Anne Theis, Souvenirs et chronique de la duchesse de Dino, nièce aimée de Talleyrand, 2016 - books.google.fr).

 

Latinisme : "vexés" et "associé"

 

"associé" provient du latin "adsociatus" tiré de "socius" (Gaffiot).

 

"vexare" "et "socios" sont employés par Cicéron pour dénoncer la tyrannie de Verrès contre les alliés de Rome, ainsi que sa corruption (Gaffiot).

 

Les «Panamistes» avant la lettre sont lĂ©gion : ils s'appellent DĂ©mosthènes, Verrès, Mazarin, Fouquet, François Bacon, Mirabeau et Talleyrand, ce qui fait une jolie ascendance aux quelques mĂ©diocres parlementaires traduits devant la cour d'assises. Nous voudrions Ă  cette occasion exhumer un chapitre un peu oubliĂ© de la corruption politique sous la monarchie de Louis-Philippe, qui, par l'importance des personnages, l'Ă©motion qu'il provoqua les pĂ©ripĂ©ties dont il fut accompagnĂ©, ressemble Ă©trangement aux procès de ce temps avec quelque chose peut-ĂŞtre de plus dramatique encore et de plus douloureux : c'est le procès de MM. Cubières et Teste, tous deux anciens ministres du roi. Chose curieuse, ce fut aussi de longues annĂ©es après le crime que le châtiment survint, atteignant encore au sommet des honneurs les deux coupables qui apparaissaient dès lors surtout comme deux malheureux et ce fut aussi un hasard C'Ă©tait en 1817, dans les dernières annĂ©es de la monarchie de juillet, oĂą l'opposition s'Ă©tait faite plus violente et oĂą le Gouvernement Ă©tait chaque jour l'objet de plus furieuses attaques. Un des points sur lesquels l'opposition harcelait de prĂ©fĂ©rence ce rĂ©gime de bourgeoisie censitaire, dont le cĂ©lèbre «enrichissez-vous» de Guizot passait pour la devise, c'Ă©tait sa prĂ©tendue corruption, l'immoralitĂ© qui, partie d'en haut, s'Ă©tait rĂ©pandue partout et menaçait de gangrener tout le corps social. Les moindres incidents particuliers, qui, en d'autres temps, n'eussent passĂ© que pour des faits divers, Ă©taient exploitĂ©s comme les signes de ce relâchement gĂ©nĂ©ral de la probitĂ© dont les hommes d'opposition s'Ă©taient fait une arme. Ce qu'il fallait Ă  ces politiques, dont la vertu n'Ă©tait si tapageuse que parce qu'elle Ă©tait intĂ©resser, c'Ă©tait un gros scandale. La fatalitĂ© voulut qu'il Ă©clatat presque Ă  point nommĂ© (Revue politique et parlementaire, Volume 18, 1898 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jean-Baptiste Teste).

 

Dans une opération, Talleyrand, ce roué de la diplomatie, fut pris au piége de ses finasseries. Il avait fait vendre 600,000 fr. de rentes à découvert en quelques jours. L'agent du prince n'était pas sans inquiétude, car la tendance à la hausse était nettement accusée. «Tout à coup on apprend l'intervention de la France en Espagne. C'était la guerre, et la guerre effraye toujours la Bourse. Mais on apprit en même temps que les puissances étrangères donnaient leur assentiment à cette intervention. La Bourse ne fut nullement effrayée, et la rente persista à monter. La vente de ces 600,000 fr. produisit une perte de 100,000 fr. L'agent présenta lui-même son compte de liquidation au prince, qui le reçut très-gracieusement, paya sa dette et se contenta de dire : «Nous serons plus heureux une autre fois.»» (Pierre-Joseph Proudhon, Manuel du Spéculateur à la Bourse (1854), 2012 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LS LT

 

L.S. : loco sigilli ; Lt. : lettre.

 

(LS) précède la signature de Talleyrand sur le Traité de la quadruple alliance (Bulletin des lois et ordonnances publiées depuis la révolution de juillet 1830, Volume 1, 1849 - books.google.fr).

 

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