Alchimie

Alchimie

 

IV, 88

 

1843

 

Le grand Antoine de nom de fait sordide

De Phthyriase à son dernier rongé ;

Un qui de plomb voudra estre cupide,

Passant le port d'esleu sera plongé.

 

La phtiriase est une maladie pédiculaire : les morpions. Ambroise Paré dit que l'on peut s'en débarrasser par le vif-argent (mercure), dont il existe deux variétés : la naturelle et l'artificielle. L'artificielle consiste en l'extraire du plomb ou du cinabre (Ambroise Paré, Les oeuvres, 1633 - books.google.fr).

 

Platon, Sylla, Honoric roi des Vandales, Philippe II d’Espagne, l’ermite Antoine Picens en souffrirent, dit-on (César de Rochefort, Dictionaire général et curieux, contenant les principaux mots, et les plus usitez en la langue Françoise, 1684 - books.google.fr).

 

Le mercure est un des éléments-clés de l'alchimie.

 

Pierre-Victor Palma Cayet, traducteur du Docteur Faustus, ne devint jamais le précepteur en titre de Henri IV, quoique Jeanne d'Albret l'ait attaché à l'éducation de son fils. Sans doute manquait-il des titres que la reine de Navarre exigeait pour la formation d'un fils qui lui paraissait promis au trône de France. Mais elle fit de lui un précepteur en second, en quelque sorte unrépétiteur: à quelques reprises il rappelle à son illustre élève dans ses chroniques - novenaire et septainaire - des sentences que l'enfant aimait répéter entre sa huitième et sa neuvième année, lorsqu'il était déjà à son service «sous le sieur de La Gaucherie qui vous servait de précepteur». Cette indication nous permet d'affirmer que Pierre-Victor était en fonctions à la Cour de Navarre dès 1560-1561 et peut-être même un peu avant, c'est-à-dire qu'il y connut Bèze et peut-être Mélanchthon avec lesquels Antoine de Bourbon était en relations. A la cour de Navarre et spécialement à Pau, la pensée hermétiste de la grande dame que fut Marguerite de Navarre est encore présente. L'on s'y souvient aussi dans plusieurs familles importantes de l'intérêt que le roi de Navarre, Henri II d'Albret, le grand-père de son élève, «qui estoit grandement curieux en toutes choses de bon esperit», avait naguère porté à l'Alchimie et à la recherche de l'Œuvre puisqu'il avait convié un pratiquant jeune mais renommé de Toulouse, le sieur Zecaïre à venir le voir à Pau. La famille d'Inigo de Sponde, si proche de la petite cour, et étroitement soutenue et protégée par Jeanne d'Albret, formait alors l'un de ses fils, Jean, le futur poète, (un des plus importants du XVIe siècle) dont on sait qu'il fut un «spagiriste» de grande science et de haute philosophie. Plus tard au temps de la jeunesse de Henri IV qui n'était encore que roi de Navarre, Palma-Cayet connut autour de son ancien élève l'illustre J.J. Scaliger, plus jeune que lui de quinze ans mais savant dans les langues orientales, notamment l'arabe, qu'il avait appris de Guillaume Postel et qu'il mettait à profit pour aider l'évêque François de Foix Candale d'Aire sur l'Adour, de la maison de Foix, - donc uni de liens de parenté avec le roi de Navarre - à traduire plus correctement de grec en latin l'un des traités du codex hermeticus, le Pimandre comme l'on disait alors (Yves Cazaux, L'Histoire prodigieuse du Docteur Fauste traduit par Pierre-Victor Palma-Cayet, 1982 - books.google.fr).

 

Antoine de Bourbon (1518-1562), roi de Navarre, époux de Jeanne d'Albret détenait de vraies mines d'argent (Du Plessis-Mornay s'occupe encore de leur gestion pour le compte d'Henri IV), comme celles de la vallée de Baigorry (Pyrénées-Atlantiques).

 

Henri d'Albret était le protecteur d'originaux, parmi lesquels des alchimistes : il fait venir Denis Zacaire à Pau de 1541 jusqu'en 1546.Il souhaitait récolter les quelques secrets qu'il avait pu glaner. Zacaire s'en retourne à Paris où il arriva en 1546. Cette fois, il y fut plus heureux puisqu'il parvint à obtenir la pierre philosophale qu'il emmena hors de France. Il fut, dit-on, assassiné à Cologne (Jacques Lennep, Alchimie: contribution à l'histoire de l'art alchimique, Crédit communal de Belgique, 1985 - books.google.fr).

 

En 1562, durant la première guerre de religion, Antoine de Bourbon participe dans le rang des catholiques au siège de Rouen [port sur la Seine], ville tenue par les protestants. Le 16 octobre, il profite d'une tournée d'inspection pour aller uriner contre les remparts de la ville. Un coup d'arquebuse le blesse. La blessure ne paraissait pas si grave, seul un médecin lui prédit une fin sinistre : le chirurgien du roi Ambroise Paré. Antoine de Bourbon mourut peu après, le 17 novembre 1562, aux Andelys des suites de cette blessure. Ce fait inspira à Voltaire cette épitaphe : « Ami François, le prince ici gissant vécut sans gloire, et mourut en pissant. » Son frère cadet Louis de Bourbon, prince de Condé devint le chef du parti protestant (fr.wikipedia.org - Antoine de Bourbon).

 

Typologie

 

Il n'est pas difficile de trouver un autre Antoine à l'époque de Louis-Philippe roi des Français, le prénom étant fréquent. On peut engranger quelques petites choses.

 

Antoine Marie Philippe Louis d’Orléans, duc de Montpensier, devenu don Antonio de Orleans, Infant d'Espagne par son mariage, est né le 31 juillet 1824 à Neuilly-sur-Seine, en France, décédé le 5 février 1890, à Sanlúcar de Barrameda, en Espagne, est un prince franco-espagnol et un fils du roi des Français Louis-Philippe Ier et de son épouse Marie-Amélie de Bourbon-Siciles. En 1842, il est fait lieutenant du 3e régiment d’artillerie et, le 17 novembre 1843, il est élevé au grade de capitaine du 7e régiment d’infanterie, à la tête de la 7e batterie.En 1844, il combat en Algérie et se distingue à Biskra, ce qui lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d'honneur par son père (24 juin 1844). Il est ensuite nommé chef d’escadron le 8 août 1844 et lieutenant-colonel le 22 mars 1845. Il se distingue encore au combat contre les Kabyles (fr.wikipedia.org - Antoine d'Orléans (1824-1890)).

 

Marie-Amélie (1782-1866), épouse de Louis-Philippe roi des Français, est la fille de Ferdinand Ier des Deux-Siciles (1751 - 1825) et soeur de François Janvier Joseph de Bourbon, roi des Deux-Siciles (1777 - 1830). Celui-ci est le père de Ferdinand II des Deux-Siciles (1810 - 1859) (fr.wikipedia.org - Ferdinand II (roi des Deux-Siciles)).

 

Il est positif que le fameux cardinal Duprat et Philippe II, roi d'Espagne, surnommé le démon du Midi à cause de ses méfaits, moururent l'un et l'autre de maladies qui se compliquèrent subitement de phthiriasis, et je dirai dès ce moment, interrompant l'ordre chronologique, qu'on m'a affirmé que le roi de Naples, Ferdinand II, surnommé Bomba, aurait succombé il y a quelques années à une affection pédiculaire spontanée [cf. Alexandre Dumas, La San Felice). "Il y a un phthiriasis interne ou funeste et un phthiriasis externe, dit le nosologiste de Montpellier Boissier de Sauvages, à l'article Cachexies anormales de sa classification. Dans la première forme il sort des pediculi de divers endroits du corps, comme des yeux, du nez, de la bouche, des oreilles, de l’urètre, de l’anus. Ce qui, ajoute-t-il, tourmente les malades, les maigrit et leur cause la mort" (Evariste Bertulus, Pathogénie, Gazette médicale de Paris, Volume 42, Numéro 33, 19 août 1871 - books.google.fr).

 

Du peintre Eugène Isabey (1803-1886), « vrai coloriste toujours brillant - souvent délicat » (p. 843), Baudelaire remarque au Salon de 1845 un petit tableau intitulé un Intérieur d'Alchimiste (numéro 862), que Louis-Philippe devait acquérir pour en faire don au duc de Montpensier. Mais il ne signale pas cette marine historique, pendant du tableau présenté au Salon de 1844 sous le titre : La reine Victoria reçoit le roi Louis-Philippe à bord de son yacht royal en rade du Tréport, le 2 septembre 1843. Thoré, de son côté, devait écrire, dans son Salon de 1845 (p. 28) : « C'est l'Alchimiste de M. Isabey qui fera oublier, Dieu merci, la marine intitulée : Départ de la reine d'Angleterre. »

 

Un alchimiste (n° 862), est acquis par Louis-Philippe par décision du 25 mai 1845 et donné au duc de Montpensier par décision du 26 juillet 1845. La reproduction dans l'Illustration (1845, V. p. 57) permet de ne pas le confondre avec l'Alchimiste dans son laboratoire, tableau qui apparaît à la vente de la duchesse d'Orléans, le 18 janvier 1853 (n° 33 ; H. 0,95 ; L. 1,22). D'après le Mercure de France (janvier-février 1853, p. 52), ce dernier fut acquis par M. Goupil ; il appartient maintenant au Musée de Lille.

 

Le duc de Montpensier, cinquième fils de Louis-Philippe, épousa, le 10 octobre 1846, l'infante, Marie-Louise-Fernande, sœur de la reine d'Espagne, Isabelle II, et se fixa définitivement en Espagne après la révolution de 1848. Ses collections, conservées dans ce pays, sont connues par différents ouvrages. [...] Après la mort du duc de Montpensier (1890) et celle de son épouse (1898), leurs collections furent réparties entre leurs enfants, Antoine d'Orléans et Marie-Isabelle-Francesca, comtesse de Paris, et, depuis, entre leurs nombreux héritiers. Il ne nous a pas été possible, jusqu'à présent, de situer précisément les œuvres dont parle Baudelaire dans ses Salons de 1845 et 1846. L'Inventaire publié dans Anales de la Universitad Hispalense, 1957-1958, p. 23-76, «La coleccion pictôrica de la Infanta Luisa de Orleans » (introduction de Antonio de la Banda y Vargas), cite bien de nombreux tableaux français du XIXe siècle acquis sous le règne de Louis-Philippe, mais apparemment aucun de ceux que nous recherchons. Cet inventaire indique que, à la mort de l'infante Louise en 1958, la collection a été divisée entre ses filles, la comtesse de Barcelone et les princesses Dolores et Esperanza (Arlette Calvet, Baudelaire: Petit Palais. 23 novembre 1968-17 mars 1969, Musée du Petit Palais (Paris, France), Réunion des musées nationaux (France), 1968 - books.google.fr).

 

Le choix de l'Alchimiste nous affligerait sérieusement pour la fécondité de M. Eugène Isabey, si nous ne savions M. Isabey très porté vers les alchimistes. Il ne se passe guère de salon que nous ne rencontrions un alchimiste ou un antiquaire de M. Eugène Isabey. Celui-ci n'est encore qu'un accessoire pour animer une vieille chambre de savant, aux toiles d'araignées flottantes, aux alambics et aux crocodiles fabuleux. Certes, nul moins que nous ne contestera à M. Isabey un grand bonheur et une merveilleuse adresse de reproduction dans tous ces détails; M. Isabey excelle plus que tout autre dans ces assemblages désordonnés de fauteuils, de parchemins et de baleines, qui furent long-temps l'apanage de Rembrandt. Mais la jeune nature de ce beau talent nous semble mieux appliquée aux marines (Roger de Beauvoir, Salon de 1836, Revue de Paris, Volumes 27 à 28, 1836 - books.google.fr).

 

A la fin de sa vie, Isabey renonce à la peinture à l'huile pour se consacrer à l'aquarelle et à la gouache, travaillant sur le motif. Ses aquarelles annoncent l'impressionnisme tant par le style que par les lieux qu'il découvre. Il influença Johan Barthold Jongkind et Eugène Boudin dans ces dessins de paysages de Normandie et Bretagne utilisant encre, aquarelle et gouache. Et c'est chez lui à Honfleur qu'eût lieu la rencontre Claude Monet et Jongkind en 1862 (fr.wikipedia.org - Eugène Isabey).

 

Un autre Antoine, fils de France, se profile en cette datation du quatrain.

 

Louis-Antoine d’Artois, né le 6 août 1775 à Versailles, France, et mort à Görz, Autriche — actuellement Gorizia (Italie) — le 3 juin 1844, petit-fils de France et duc d’Angoulême (1775-1824), puis Louis-Antoine de France, dauphin de France (1824-1830) puis comte de Marnes (1830-1844), puis en 1836 Louis de France, est un prince de la maison royale de France, fils de Charles-Philippe de France, ce dernier étant comte d'Artois et le futur roi Charles X, et de Marie-Thérèse de Savoie. Lors des événements de la révolution de Juillet (1830), peu après l’abdication de son père Charles X, il renonce lui-même à ses droits en faveur de son neveu Henri d'Artois. Il s’exile ensuite avec le titre de courtoisie de comte de Marnes. À la mort de son père (1836) jusqu'à son propre décès (1844), il devient l’aîné des Capétiens et le chef de la maison de Bourbon, prétendant à la Couronne de France et reconnu comme roi par les légitimistes sous le nom de Louis XIX (fr.wikipedia.org - fr.wikipedia.org - Louis de France (1775-1844)).

 

Entre décembre 1843 et janvier 1844, l'état de santé du duc Louis Antoine se dégrade et cause une vive inquiétude à ses proches. Le 7 janvier, son médecin, le docteur Bougon, procède à un examen approfondi en compagnie du professeur Jocomini, de l'université de Padoue, qui a été appelé à la rescousse. Les deux praticiens diagnostiquent une "désorganisation squirreuse", des désordres fonctionnels dus à une tumeur. La duchesse Marie Thérèse, Henri de Bordeaux et sa soeur cadette, Marie Louise, se relaient nuit et jour au chevet du malade, qui, le 21 février, est jugé perdu et reçoit l'extrême onction de l'archevêque de Gorizia. "Nous étions à tous moments dans la crainte de voir les affreuses douleurs cesser tout à coup dans l'impossibilité où le malade croyait être de les supporter plus longtemps, et le désir ardent qu'il exprimait à tous de voir cesser sa vie avec ses maux. Une potion fortement narcotique devenue indispensable a suspendu les douleurs et prolongé sa vie", écrit le baron Bourlet de Saint Aubin aux royalistes de France le 23 février. Soulagé par l'opium, qui fait cependant de moins en moins d'effet, le duc d'Angoulême endure encore pendant des moi les souffrances provoquées par des spasmes abdominaux. Le 3 juin 1844 au matin, le malade semble aller mieux et demande qu'on lui apporte des journaux. Son épouse et ses neveux en profitent pour aller se reposer. Mais, soudain, un valet de chambre en larmes vient prévenir Madame Royale que son époux est à l'agonie. Quelques minutes plus tard, il expire dans ses bras, à l'âge de 68 ans (chrisagde.free.fr).

 

Au début de sa « 4e leçon » l'adepte Cambriel mentionne sa rencontre avec le chapelain de Louis XVIII, l'abbé Sausse, « un homme savant » qui « travaillait depuis plus de trente années à la pierre philosophale » et semblait avoir fait une curieuse découverte : « Cet abbé était parvenu à rassembler beaucoup de rayons du soleil céleste, ayant la couleur et la sécheresse de la forme métallique. » Cette expérience, inconnue des chimistes, est déjà évoquée sur la planche illustrant le chapitre XV du Typus Mundi, en 1627, et Montfaucon de Villars la mentionne dans le Comte de Gabalis. Il est vrai que le Cours de Cambriel n'abonde pas en descriptions de procédés de laboratoire, mais est-ce là une preuve suffisante pour affirmer qu'il n'a jamais travaillé pratiquement ? (Bernard Roger, Paris et l'alchimie, 1981 - books.google.fr).

 

Depuis la fin de la première race, les rois de France ont toujours eu auprès de leur personne des ecclésiastiques chargés de célébrer pour eux l'office divin. Ces ecclésiastiques portaient le titre de chapelains , et composaient ce qu'on appelait la chapelle du roi. [...] Cette institution éprouva encore dans la suite plusieurs modifications; enfin , en 1772, la chapelle du roi se composait du grand aumônier de France qui en était le chef, de huit aumôniers de quartier, d'un aumônier ordinaire, de huit chapelains de quartier, d'un chapelain ordinaire, de huit clercs de chapelle par quartier, et d'un clerc de chapelle ordinaire. Louis XVI réduisit, par esprit d'économie, le nombre de ces officiers, qui furent enfin supprimés à la révolution avec le reste de la maison du roi. Napoléon, devenu empereur, se créa aussi une chapelle; mais les officiers qui la composaient étaient en petit nombre : c'étaient le grand aumônier, six aumôniers ordinaires, dont un portait le titre de premier aumônier, deux chapelains et un maître de cérémonies. Louis XVIII rendit à la chapelle du roi son ancienne splendeur ; il la reconstitua telle qu'elle existait en 1772, et y ajouta un premier aumônier, un confesseur et deux sacristains. Tout ce personnel se dispersa à la révolution de juillet, et depuis il ne s'est plus réum, Louis-Philippe n'ayant point encore formé de chapelle (Philippe Le Bas, France. Dictionnaire encyclopédique, Volume 12, 1841 - books.google.fr).

 

On a du mal à trouver un abbé Sausse comme chapelain de Louis XVIII durant son règne (Almanach royal 1814/1815 - books.google.fr, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Tome 2, 1816 - books.google.fr).

 

L'abbé Rauzan est remplacé par l'abbé Gallard en 1821 (L'Ami de la religion: journal ecclésiastique, politique et littéraire, Volume 29, 1821 - books.google.fr).

 

En 1821 Favraud était remplacé par l'abbé Clédat (Indicateur de la cour de France: année 1822 - books.google.fr).

 

L'abbé Pierre Perreau (1766-1837) l'est encore en 1830 (Almanach royal pour les années, Tome 4, 1824 - books.google.fr, La France ecclésiastique: almanach du clergé, 1830 - books.google.fr).

 

Le XIXe siècle se distingue assez nettement du XVIIIe, riche encore de traités alchimiques (même à ne considérer ici que les réimpressions ou les nombreuses anthologies de traités anciens), en ce qu'il y eut fort peu de publications sur le sujet. De 1800 à 1880, en effet, on ne recense guère que trois textes véritablement importants: La Philosophie céleste (Paris 1803) de Louis Grassot, L'Hermes dévoilé dédié à la postérité (Paris 1832) de Cyliani et le Cours de philosophie hermétique ou d'Alchimie en dix-neuf leçons (Paris 1843) de L. P. François Cambriel (1784-1852). Le témoignage de Louis Figuier vient ici conforter notre propos: il y avait bien des alchimistes — opératifs et spéculatifs — au moment où Figuier écrivait son ouvrage de vulgarisation, vers 1840/ 1850, mais Figuier lui-même ne mentionne pas de publications contemporaines. C'est à la suite de cette période de transition assez singulière, presque dépourvue de productions littéraire, qu'apparaîtront, peu après les années 1880, les œuvres de Papus, d'Albert Poisson et de F. Jollivet-Castelot, pour ne citer que quelques noms (Richard Caron, Notes sur l'histoire de l'alchimie en France à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, - books.google.fr).

 

François Cambriel (1764 - 1850), originaire des Pyrénées Orientales né à Latour de France, fut d'abord fabriquant de draps à Limoux (Aude). Il commença ses recherches alchimiques à l'âge de 28 ans, et semble être parvenu à l'entière connaissance, théorique et pratique, de l'œuvre au bout de vingt-sept années de travaux continuels et d'essais basés sur les textes classiques et sur certaines révélations. Mais à ce moment, ses ressources étaient épuisées. Il ne parvint jamais à trouver les moyens nécessaires pour être à l'abri du besoin pendant les deux années requises pour l'accomplissement entier de l'Elixir. Faute du mécénat dont bénéficia, plus heureux que lui, son contemporain Cyliani, Cambriel passa encore trente années dans la misère, en son petit logis de la montagne Sainte Geneviève, à Paris. Lorsqu'il fut suffisamment affaibli par l'âge et réduit à la complète indigence, sa famille le fit interner dans une maison de santé de Meaux, où il mourut en 1850. Son seul ouvrage, le Cours de Philosophie Hermétique ou d'alchimie en 19 leçons, fut publié en 1843, quatorze ans après sa rédaction. En même temps qu'un traité didactique substantiel et concis de très grande valeur, c'est aussi un pathétique appel qui resta sans écho. Dans le premier chapitre de la 9e leçon, Cambriel, traite de la séparation première qu'il nomme « ouverture » du mâle philosophique. Cette opération consiste à tirer du caput mortuum (tête morte) ou terre damnée, impure et inerte, une terre rousse ou partie vive issue du fer ou or philosophique. C'est ce précieux limon que les auteurs désignent sous le nom de Terre Adamique. Selon certaines traditions, alors que tout ce qui existe sur le globe a été formé par Dieu du limon de la terre et de l'eau, seul l'Adam Primordial fut pétri de cette terre appelée gnaphar min-ha adhamah, ou quintessence du sel visqueux de l'adhamie. Cette substance ressemble curieusement au colcotar des anciens chimistes, mais alors que celui-ci est sec et friable, la consistance (Élie-Charles Flamand, Érotique de l'alchimie, 1970 - books.google.fr).

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