Soult

Soult

 

IV, 82

 

1838-1839

 

Amas s'approche venant d'Esclauonie,

L'Olestant vieux cité ruynera,

Fort desolee verra sa Romanie,

Puis la grande flamme esteindre ne sçaura.

 

Flamme de la Liberté

 

Voici le PrĂ©fet de Police Gisquet, flanquĂ© de Persil et du marĂ©chal Soult, essayant de «dĂ©teindre» le drapeau tricolore. Mais il demeure impuissant et marmonne furieux : Le bleu s'en va, mais ce diable de rouge tient comme du sang ! Quelquefois mĂŞme l'artiste perd toute mesure prudente, et c'est comme innocemment que, vengeur, il nous dĂ©peint sans lĂ©gende trois paysans allant la nuit pendre une poire en leur grenier. Enfin il y a le grand souffle d'espoir qui passe. C'est en vain que les bourgeois viennent regarder la Presse encagĂ©e derrière un soupirail de prison et qu'ils tentent d'Ă©teindre la flamme du flambeau qu'elle tient Ă  bout de bras et qui Ă©claire violemment leurs visages vils : Soufflez, souffiez, vous ne l'Ă©teindrez pas. C'est Ă  une image Ă©clatante du mĂŞme genre, celle de la LibertĂ©, que songe un jeune insurgĂ© dans son cachot. Il est aux fers, impuissant, entre les mains du procureur, mais il sourit quand mĂŞme Ă  la radieuse apparition en murmurant : Et pourtant elle marche ! Car en vĂ©ritĂ©, Daumier n'a peint qu'une seule belle figure de femme : celle de la LibertĂ©. Quant après la loi de 1835, Daumier a dĂ», quand mĂŞme, mettre un frein Ă  ses indignations, il a trouvĂ© le moyen d'ĂŞtre virulent malgrĂ© tout et changeant ses batteries, ne visant plus directement le rĂ©gime en lui-mĂŞme, il a tirĂ© alors sur ses profiteurs en imaginant l'irrĂ©sistible sĂ©rie des Robert Macaire oĂą il dĂ©nonce toutes les turpitudes de l'argent aux mains des aventuriers de la finance et des jouisseurs sans scrupules (Louis Cheronnet, HonorĂ© Daumier, Europe: revue littĂ©raire mensuelle, NumĂ©ros 25 Ă  30, 1948 - books.google.fr).

 

Flamme de la Nation

 

La grande flamme nationaliste que 1793 avait allumĂ©e en France dĂ©vorait aujourd'hui l'Allemagne contre la France. Le roi de Prusse, cĂ©dant Ă  l'opinion populaire, avait fait alliance avec la Russie. Dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique, après quelques apparents succès, les troupes françaises avaient dĂą reculer peu Ă  peu devant Wellington et les Espagnols. MassĂ©na, Soult, Suchet, par leurs dissentiments avaient rendu la victoire presque facile Ă  l'armĂ©e anglo-espagnole. En 1811 MassĂ©na avait abandonnĂ© le Portugal ; en 1812 Soult abandonna l'Andalousie ; en mars 1813 Joseph abandonna Madrid. Avec les troupes qui lui restaient il essaya de revenir en France. Dans sa retraite il fut vaincu Ă  Vittoria (21 juin 1813). L'armĂ©e française repassa la Bidassoa ; l'Espagne Ă©tait perdue, et la France envahie (Charles Richet, AbrĂ©gĂ© d'histoire gĂ©nĂ©rale: Essai sur le passĂ© de l'homme et des sociĂ©tĂ©s humaines, 1919 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IV, 45 - Les DĂ©sastres de la guerre.

 

Romanie : Romagne

 

"Romanie" peut désigner plusieurs régions du monde : la Romagne (Romania latine), la Thrace turque (Roumélie, Roum-Ili) ou les provinces côtières d'Asie mineure.

 

Le toponyme italien Romagna provient du latin tardif Romània et remonte au VIe siècle apr. J.-C., époque où l'Italie était peu ou prou partagée entre le royaume lombard et l'exarchat de Ravenne. Romanià était à l'origine un terme latin générique signifiant "monde romain", en opposition au monde barbare lombard. Du fait de la réduction progressive du territoire contrôlé par l'exarchat, dont la capitale était fixée à Ravenne, le terme en est venu à coïncider avec une zone géographique déterminée de la péninsule, la zone demeurée sous contrôle de l'Empire romain d'orient et qui englobait, notamment, la Romagne actuelle (fr.wikipedia.org - Romagne (Italie)).

 

On se rappelle quel avait Ă©tĂ© sur l'Europe l'effet de l'occupation d'AncĂ´ne, et avec quel enthousiasme l'Italie avait saluĂ© dans le drapeau tricolore une promesse d'affranchissement, un gage de libertĂ©. Mais, soumis Ă  une politique ennemie des peuples, les Français d'AncĂ´ne furent bientĂ´t forcĂ©s de se faire les auxiliaires du despotisme pontifical, qu'ils s'Ă©taient crus destinĂ©s Ă  contenir. Les espĂ©rances des patriotes italiens s'Ă©teignirent ; la libertĂ© disparut, mĂŞme de leurs rĂŞves; Ă  leur enthousiasme succĂ©da une morne stupeur. Toutefois, la prĂ©sence de l'uniforme français Ă  AncĂ´ne n'avait pas entièrement cessĂ© d'ĂŞtre chère Ă  l'Italie. Car enfin, c'Ă©tait lĂ , pour l'Autriche, une gĂŞne, un affront... Et puis, des Ă©vĂ©nements nouveaux ne pouvaientils pas, d'un instant Ă  l'autre, dĂ©terminer Ă  Paris le triomphe d'une politique plus gĂ©nĂ©reuse ?

 

De son côté, et tout intérêt de parti mis à part, la France avait pour garder Ancône des motifs diplomatiques et militaires de la plus haute importance. La ville d'Ancône était la clef de l'occupation de la haute Italie ; elle couvrait Naples vis-à-vis de Vienue ; elle nous assurait en Dalmatie et en Illyrie une influence notable ; en cas de guerre avec les Autrichiens, elle nous eût été bonne et comme place de guerre et comme port; défendue autrefois par le général Monnier à la tête d e 2,000 hommes dont 1,800 blessés, elle avait, pendant douze jours, arrêté 42,000 hommes, et, pour la mettre en état de soutenir un siége opiniâtre, il n'eût fallu ni de longs travaux pi beaucoup d'argent ; son occupation par la France avait toujours été jugée si utile pour nous qu'elle avait été réclamée d'une manière expresse dans la négociation des traités de Campo-Formio et de Lunéville. Que dire encore ? entre nos escadres et les Dardanelles, Ancône supprimait une distance de six cents lieues, dans un moment où chacune des grandes puissances avait à veiller sur l'empire ébranlé des Osmanlis. L'abandon d'Ancône ne pouvait donc être qu'une mesure funeste.

 

Dans un mĂ©morandum de 1831, les principales puissances s'Ă©taient concertĂ©es pour obtenir du saint-siĂ©ge certaines rĂ©formes rĂ©clamĂ©es par la Romagne. Ce fut de Casimir PĂ©rier que vint l'initiative de ce concert. Non que Casimir PĂ©rier s'inquiĂ©tât beaucoup de la libertĂ© des sujets du pape; mais il ne lui avait pas Ă©chappĂ© qu'il fallait faire droit Ă  leurs griefs si on voulait Ă©touffer les germes d'une insurrection qui, en attirant les Autrichiens sur le PĂ´, aurait pu donner une secousse Ă  l'Europe, Ă  moins qu'elle ne se fĂ»t prĂŞtĂ©e de bonne grâce Ă  un accroissement dĂ©mesurĂ© de la puissance autrichienne en Italie. Le calcul Ă©tait juste, et l'Ă©vĂ©nement le prouva : le pape n'ayant accordĂ© Ă  ses sujets qu'une partie des rĂ©formes demandĂ©es par les grandes cours, les lĂ©gations se soulevèrent, l'Autriche intervint en armes, et pour contre-balancer l'effet de la prĂ©sence des Autrichiens, la France dut occuper AncĂ´ne. De sorte que la prise d'AncĂ´ne avait pour cause première et certaine l'inexĂ©cution du mĂ©morandum de 1831, le refus de calmer les mĂ©contentements de l'Italie.

 

Il est vrai qu'en 1832, Casimir PĂ©rier consentit Ă  une convention par laquelle la France s'engageait Ă  retirer ses troupes aussitĂ´t après l'Ă©vacuation de l'Italie par les troupes autrichiennes. Mais cela signifiait-il que la retraite des Français dĂ»t suivre celle des Autrichiens nĂ©cessairement, ipso facto, sans nĂ©gociations prĂ©liminaires, sans entente prĂ©alable entre les deux gouvernements, sans garanties stipulĂ©es pour l'avenir ? Entendre ainsi la convention, c'eĂ»t Ă©tĂ© en sacrifier l'esprit Ă  la lettre, c'eĂ»t Ă©tĂ© ruiner par la base la politique mĂŞme. de Casimir PĂ©rier, et exposer de nouveau : le pape Ă  une rĂ©volle, l'Italie Ă  une intervention autrichienne, AncĂ´ne Ă  une occupation française, l'Europe Ă  un conflit (Jean Joseph Charles Louis Blanc, RĂ©volution française. Histoire de dix ans, 1830-1840, Volume 6, 1843 - books.google.fr).

 

"Esclavonie"

 

L'ESCLAVONIE est bornĂ©e au Nord, par la Hongrie ; au Midi, par la Servie, la Bosnie & la Croatie, & Ă  l'Occident, par la Stirie : sa plus grande Ă©tendue, est d'environ vingt-cinq lieues, du Nord au Sud, & de quatre-vipgt, de l’Est Ă  l'Ouest : le Danube, la Drave & la Save, en font les principales rivières. La division de cette province, est en haute-Esclavonie, Ă  l'Occident, & basse-Esclavonie, Ă  l'Orient (Pierre Gautier, Essai d'une nouvelle methode pour apprendre et pour enseigner facilement et en peu de tenis la geographie, 1783 - books.google.fr).

 

La Slavonie (en serbo-croate : Slavonija), appelée Esclavonie autrefois, est une vaste plaine agricole de Croatie dans la partie Nord-Est (fr.wikipedia.org - Slavonie).

 

L'Esclavonie n'est pas la Dalmatie, mais si c'est une région proche. Cependant la langue usuelle de la Dalmatie est le slave ou esclavon, l'italien sur la côte.

 

Une grande quantitĂ© de nations, tant en Europe qu'en Asie, parlent la langue esclavone ; savoir, les Sclaves eux-mĂŞmes qui habitent la Dalmatie & la Liburnie, les MacĂ©doniens occidentaux, Epirotes, Bosniens, Serviens, Rasciens, Bulgares, Moldaviens, Podoliens, Russs, Moscovites, BohĂ©miens, Polonois, SilĂ©siens ; & en Asie, les Circassiens, les MingrĂ©liens, les Gazeriens, &c. (EncyclopĂ©die MĂ©thodique. Arts Et MĂ©tiers MĂ©caniques, Tome 1, 1782 - books.google.fr).

 

Soult, duc de Dalmatie

 

Jean-de-Dieu Soult, 1er duc de Dalmatie, né le 29 mars 1769 à Saint-Amans-la-Bastide, aujourd'hui Saint-Amans-Soult (Tarn), où il est mort le 26 novembre 1851, est un militaire et homme d'État français (fr.wikipedia.org - Jean-de-Dieu Soult).

 

«Ce fut à cette époque que les maréchaux de France et d'autres personnages marquants reçurent des titres auxquels étaient joints un nouveau nom et une dotation considérable; le maréchal Soult désirait et espérait être appelé duc d'Austerlitz; c'était effectivement son plus beau fait d'armes et l'époque la plus glorieuse de sa carrière militaire; mais Bonaparte ne voulait partager avec personne l'honneur de cette belle victoire, et le maréchal Soult reçut le titre de duc de Dalmatie, pays où il n'avait jamais été, et avec lequel il n'avait rien de commun; il se voyait ainsi mis sur la ligne des ducs de Vicence, de Bassano, de Bénévent, d'Istrie et de tant d'autres dont les nouveaux noms n'étaient pas plus significatifs que les anciens, tandis que Ney, Davout, Kellermann, Masséna et d'autres généraux qui s'étaient, comme lui, illustrés dans la guerre de la Révolution, avaient reçu, avec le titre de duc, un nom qui rappelait leur plus beau fait d'armes. Le maréchal Soult en conçut un violent dépit, mais la grosse dotation qui accompagnait le titre de duc, soit en terres dans les pays conquis, soit en rentes sur le grand-livre, dut l'apaiser un peu» (Général comte de Saint-Chamans, Mémoires) (Le correspondant, Volume 182, 1896 - books.google.fr).

 

"Olestant vieux"

 

Olestant, en grec : olesthai, inf. aor. du verbe ollumi, détruire (Anatole Le Pelletier, Les Oracles de Michel de Notredame, astrologue, médecin et conseiller ordinaire des rois Henri II, François II et Charles IX, Tome 1, 1867 - books.google.fr).

 

Olestein, Olestin : le Holstein, région entre Danemark et Allemagne (Jean Antoine Letronne, Nicola Comerci, Corso elementare di geografia antica e moderna esposto con nuovo metodo, 1835 - books.google.fr, Daniel Lecœur, Daniel Dumonstier: 1574-1646, 2006 - books.google.fr).

 

A la formation de la Confédération du Rhin, en 1806, le roi du Danemark réunit le Holstein à son royaume et en 1815 il entra, comme duc de Holstein et de Lauenbourg, dans la Confédération germanique (www.cosmovisions.com).

 

La ville de Lübeck dans sa situation actuelle sur la colline Buku, lieu d'un ancien château fort entre la Trave et la Wakenitz, fut ensuite refondée par le comte Adolphe II de Schauenburg et Holstein et devint la première ville portuaire allemande sur la mer Baltique (fr.wikipedia.org - Lübeck).

 

La ville libre et hansĂ©atique de LĂĽbeck (en allemand : Freie und Hansestadt LĂĽbeck) est le nom d'un État de la ConfĂ©dĂ©ration germanique, de la ConfĂ©dĂ©ration de l'Allemagne du Nord, puis de l'Empire allemand. Cette citĂ©-État exista de 1226 Ă  1937. Elle correspond aux actuels Länder allemands de Schleswig-Holstein et avec Schattin de Mecklembourg-PomĂ©ranie-Occidentale (fr.wikipedia.org - Ville libre et hansĂ©atique de LĂĽbeck).

 

Lubeck

 

La guerre se ralluma à l'automne 1806, cette fois-ci contre la Prusse. Après les victoires d'Iéna et d'Auerstaedt, Bernadotte se lança à la poursuite des Prussiens qu'il battit trois jours plus tard au combat de Halle. En une semaine, ses troupes parcoururent 150 km à travers les plaines du nord de l'Allemagne : le 22 octobre, le Ier corps franchit l'Elbe, s'empara du Brandebourg le 25 et remporta la bataille de Lübeck le 6 novembre, forçant le général Gebhard von Blücher à capituler. La prise de la ville fit l'objet de débordements de la part des soldats français (fr.wikipedia.org - Charles XIV Jean).

 

Après la capitulation de Prenzlow, il ne restait plus, de l'armée prussienne, que le corps du duc de Weimar, alors commandé par le général Winning, et celui de Blücher, arrière-garde de Hohenlohe. Instruit du désastre de son général, et voyant sa retraite sur l'Oder interceptée, Blücher se rabattit sur Neu-Strelitz, où il rejoignit le corps de Winning qui porta ses forces à vingt-cinq mille hommes et cent canons. Informé de cette réunion , Napoléon chargea Bernadotte de poursuivre Blücher en queue, tandis que Murat le couperait de Stralsund et de Rostock, et que Soult l'empêcherait de regagner le Bas-Elbe. Des mesures concertées avec tant d'art et de justesse devaient nécessairement assurer la ruine de Blücher. Il s'était dirigé de Strelitz sur Schwerin, après avoir perdu douze cents hommes, faits prisonniers dans un combat d'arrière-garde à Nossentin, contre les troupes de Bernadotte, et engagé une escarmouche vers Criwitz. Murat, qui s'était porté à Demnin, manoeuvra pour lui couper la route de la Pomeranie suédoise, et se dirigea aussi sur Schwerin. Blücher se rabattit à gauche, vers le Mecklenbourg, pour passer l'Elbe à Lauenbourg, et guerroyer entre Hameln et Magdebourg, sur les derrières des Français. Il espérait que ce mouvement attirerait à lui une grande partie de leurs forces, arrêterait la marche de la grande armée, et donnerait aux Russes le temps d'arriver sur la Vistule. Mais, prévenu de tous côtés, il se replia sur Gadebusch en avant de Lubeck, et y arriva le 4 novembre. Bernadotte marcha par Schönberg, et Soult par Ratzbourg. La cavalerie de Murat, qui déjà avait dépassé Schwerin, s'avançait pour les soutenir.

 

Dans cette situation critique, BlĂĽcher, sommĂ© par Bernadotte de se rendre, rĂ©pondit : «Je ne capitulerai jamais». Ne pouvant tenir plus long-temps la position de Gadebusch, il se dĂ©cida, le 5 novembre, Ă  se replier sur Lubeck, oĂą il espĂ©rait se renforcer de la division suĂ©doise qui avait si prĂ©somptueusement occupĂ© le pays de Lauenbourg, et qui s'Ă©tait ensuite retirĂ©e sur cette ville. Bernadotte apprenant que le reste de cette division venait de s'y embarquer sur la Trave, envoya une brigade pour lui couper le chemin de Travemunde, elle enleva quinze cents SuĂ©dois, leurs Ă©quipages, et les restes d'un riche convoi. BlĂĽcher arriva de nuit aux portes de Lubeck, et s'en empara. Le sĂ©nat protesta contre cette violation de la neutralitĂ©, et voulait envoyer une dĂ©putation Ă  l'armĂ©e française, ce que BlĂĽcher ne permit pas. Il mit ses troupes Ă  cheval sur l’Elbe, et fit ses prĂ©paratifs pour dĂ©fendre la ville, qui n'avait qu'une simple enceinte mal armĂ©e, mais Ă  l'abri d'un coup de main. Les colonnes françaises, arrivĂ©es devant Lubeck, le 6, au point du jour, commencèrent aussitĂ´t l'attaque. Bernadotte fit assaillir, par la division Drouet, la porte de Mecklenbourg et le bastion attenant. Les Prussiens garnirent Ă  la hâte les remparts de leurs canons de campagne. Deux bataillons prussiens s'Ă©tant placĂ©s imprudemment en avant de la porte, furent culbutĂ©s par les Français, qui entrèrent pĂŞle-mĂŞle avec eux, et pĂ©nĂ©trèrent dans la place. Soult y entrait en mĂŞme temps par la porte de Hanovre. Le quartier gĂ©nĂ©ral fut surpris, et tout l'Ă©tat-major prussien fut fait prisonnier. BlĂĽcher eut Ă  peine le temps de s'Ă©chapper avec son fils. Après avoir fait de vains efforts pour se maintenir dans Lubeck, il se fraya une issue par la porte de Holstein, avec sept mille fantassins, et alla rejoindre sa cavalerie, cantonnĂ©e Ă  Ratkau, sur la rive gauche de la Trave, près de la frontière du Danemarck. Huit mille hommes, surpris dans la ville, ne purent en sortir. Une lutte sanglante et acharnĂ©e s'engagea de rue en rue, de maison en maison, sur les places et dans les temples.

 

Cette scène de carnage se prolongea jusqu'Ă  la fin du jour. Tous les Prussiens succombèrent sous les coups du vainqueur, ou furent pris les armes Ă  la main. Pendant la nuit du 6 au 7 novembre, Lubeck fut livrĂ©e au pillage et Ă  tous les excès inĂ©vitables dans une ville prise d'assaut. Plus de trente mille soldats s'y rĂ©pandirent en dĂ©sordre, malgrĂ© les efforts de Soult et de Bernadotte ; ce fut seulement le lendemain matin, qu'ils parvinrent Ă  rĂ©tablir l'ordre.

 

Le refuge que Blücher avait cherché derrière la Trave ne retardait sa perte que d'un jour, car la neutralité du Danemarck ne lui laissait aucune issue. Il avait bien pu violer impunément celle de Lubeck, qui n'avait pas de forces à lui opposer; mais le général danois Oswald, qui commandait un corps d’armée dans le Holstein, pour faire respecter la neutralité de son pays, lui écrivit que s'il faisait un pas sur ce territoire, il le ferait reculer par la force des armes. Enfin, poursuivi de nouveau, et serré, de près par Soult, Murat et Bernadotte, il posa les armes à Ratkau, le 7 novembre, avec sept mille fantassins et six mille chevaux. Napoléon ordonna que tous ces prisonniers, soldats, officiers, généraux, le jeune prince de Brunswick, fussent conduits en France, et Blücher à Dijon. Ce général réclama; il lui fut permis de se rétirer à Hambourg (Antoine-Claire Thibaudeau, Le consulat et l'Empire, ou Histoire de la France et de Napoléon Bonaparte de 1799 à 1815, Tome 2, 1834 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ALF P

 

Lettres grecques ALF : Alpha ; P : Pi d'où "apo" origine éloignement comme le latin "ab" qui n'est pas le "a" grec privatif (L. Pourret, Dictionnaire étymologique ; ou Vocabulaire des racines, et des dérivés de la langue française, 1886 - books.google.fr).

 

Soult de solutus, serf affranchi, émancipé (Adolphe de Coston, Origine, étymologie et signification des noms propres et des armoiries, 1867 - books.google.fr).

 

Le latin "solutus", délié d'où solution de continuité, et absolu (Kadri Agha, L'être humain au regard des religions, Hindouisme et bouddhisme, judaïsme, christianisme, islam, 1999 - books.google.fr).

 

Le marĂ©chal Soult est en ce moment le pivĂ´t sur lequel tourne la monarchie. Les caresses de la cour sont pour lui seul; pour lui seul fument les cassolettes ministĂ©rielles. Monsieur le marĂ©chal a eu hier une fluxion. Ah ! vraiment ? C'est comme j'ai l'honneur de vous le dire. Et la fluxion de M. le marĂ©chal occupe depuis deux jours la presse, grande et petite. Cette fluxion est-elle rĂ©elle ? Oui, disent les uns. Oh! que non pas, rĂ©pliquent les autres ; c'est tout simplement la joue enflĂ©e de Sganarelle dans le festin de don Juan : M. le marĂ©chal ne veut pas aller au Château : il fait le malade. VoilĂ  tout. LĂ -dessus, des commentaires Ă  faire pamer tous les gobe-mouches de la politique. Bref, le nom du marĂ©chal Soult est l'alpha et l'omĂ©ga de toutes les listes ministĂ©rielles dont se repait la curiositĂ© publique, depuis celles qui partent de M. Ganneron pour aboutir Ă  je ne sais qui, jusqu'Ă  celles qui partent de M. Guizot pour aboutir Ă  M. Thiers. Cette comĂ©die, dĂ©jĂ  fort amusante, vue du parterre, l'est bien plus encore, vue des coulisses. Après 1830, M. le marĂ©chal Soult a rĂŞvĂ© la couronne de France, comme il avait rĂŞvĂ©, sous NapolĂ©on, celle de Portugal. Quoi ! la couronne de France ? Oui, ni plus ni moins. Ce fait est peu connu ; mais il est inscrit dans les tablettes de tous ceux qui Ă©taient, il y a quelques annĂ©es, dĂ©positaires des confidences du marĂ©chal (Revue du progres politique, social et littĂ©raire, 1839 - books.google.fr).

 

En 1831, il est envoyĂ© par Louis-Philippe Ă  Lyon avec 20000 hommes pour Ă©craser la première insurrection des canuts. Alors qu'il est ministre la Guerre, il occupe une première fois la prĂ©sidence du Conseil des ministres en 1832-1834. La France Ă©tant garante du traitĂ© des XXIV articles, il fait exĂ©cuter l'expĂ©dition d'Anvers par le marĂ©chal GĂ©rard, qui s'empare de la ville après une rĂ©sistance hĂ©roĂŻque des NĂ©erlandais (dĂ©cembre 1832) et la restitue Ă  la Belgique, son pays d'attribution. En avril 1838, Louis-Philippe choisit Soult pour le reprĂ©senter au couronnement de la reine Victoria. Il reçoit Ă  Londres un accueil triomphal. Ă€ nouveau Ă  la tĂŞte du gouvernement (1839-1840), il est en mĂŞme temps titulaire du portefeuille des Affaires Ă©trangères. Il participe aux cĂ©rĂ©monies de retour des cendres de l'empereur NapolĂ©on Ier en dĂ©cembre 1840. PrĂ©sident du Conseil pendant quasiment sept ans, de 1840 Ă  1847, il laisse la direction effective du Cabinet Ă  son ministre des Affaires Ă©trangères, François Guizot, lequel lui succède logiquement quand il quitte le gouvernement, pour raisons de santĂ©. Pendant cinq ans (1840-1845), il cumule sa fonction avec celle de ministre de la Guerre, son rĂ´le Ă©tant par la suite de plus en plus effacĂ©. Le marĂ©chal-duc de Dalmatie aura Ă©tĂ© Ă  trois reprises chef du gouvernement français, sous la monarchie de Juillet : d'abord du 11 octobre 1832 au 18 juillet 1834, puis du 12 mai 1839 au 1er mars 1840 et enfin du 29 octobre 1840 au 19 septembre 1847 — soit plus de neuf ans. Il dĂ©tient ainsi, au moins nominalement, sur la pĂ©riode s'Ă©tendant de 1815 Ă  nos jours, le record de longĂ©vitĂ© Ă  ce poste (fr.wikipedia.org - Jean-de-Dieu Soult).

 

Pour la Belgique : cf. quatrain précédent IV, 81.

 

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