Tannhauser IV, 68 1828-1829 En lieu bien proche non esloigné de Venus, Les deux plus grands de l'Asie &
d'Affrique, Du Ryn & Hister qu'on dira sont venus, Cris, pleurs à Malte & costé Ligustique. Rappelons que "Hister" c'est le Danube (Histoire d'Hérodote, Tome 8, 1802 - books.google.fr). Lutte contre les
Mongols Conrad IV, second fils de Frédéric II, fut des 1237 élu et couronné à Spire, par les princes d'Allemagne, roi des Romains, en remplacement de son frère aîné Henri, qui avait été déposé, et qui mourut en 1242; et ce lut lui que, pendant son constant séjour en Italie, l'empereur chargea de gouverner l'Allemagne. Les seigneurs allemands ne tardèrent point à mettre à profit cet état de choses pour consolider de plus en plus leur souveraineté, secondés qu'ils étaient dans leurs efforts par le pape, qui avait tout intérêt à détruire partout la puissance de Frédéric II. Mais Conrad, prince d'intelligence et d'activité, déploya, d'accord avec son père, autant de vigilance que de vigueur pour rendre vaines leurs prétentions. Après avoir, en 1238, conduit en Italie des troupes allemandes de renfort, il tint, en 1240, à Égra, une diète où les princes de l'Église allemande se prononcèrent hautement contre le pape et ses intrigues en Allemagne. Il battit ensuite, avec l'aide d'Enzio, son frère, les Mongols, qui avaient envahi l'Allemagne sous les ordres de Batou-Khan. La bataille se livra sur les rives d'un affluent du Danube, appelé alors Delphos (peut-être à Neustadt sur la Leitha), et les Mongols durent évacuer le sol de l'Allemagne pour se retirer en Hongrie. A peu de temps de là , il engagea la lutte contre Henri Raspe, landgrave de Thuringe, élu en 1240 à la sollicitation du pape, par les évêques du Rhin, en qualité d'antiroi. Conrad, il est vrai, perdit, par suite de la honteuse trahison des deux comtes de Souabe, la bataille livrée le 5 août 1246 sous les murs de Francfort-sur-Mein, et qui était déjà aux trois-quarts gagnée; mais, puissamment secondé par les villes d'Allemagne, qui portaient un vif attachement aux Hohenstaufen, et par le duc Othon de Bavière, qui lui donna même en mariage sa fille Élisabeth, il battit, en 1247, Raspe sous les murs d'Ulm, et le rejeta en Thuringe, où celui-ci mourut le 17 février de la même année. Cf. quatrain V, 68 - Le Péril jaune - 1901-1902. Seul le chroniqueur anglais Matthieu Paris parle de Delphos (Delpheos), les auteurs allemands de l'époque n'en disent rien (Historia diplomatica Friderici Secundi: sive constitutiones, privilegia, mandata, instrumenta quae supersunt istius imperatoris et filiorum ejus : accedunt epistolae paparum et documenta varia, Préface et introduction, 1859 - books.google.fr). La Thuringe Les frontières du royaume de Thuringe étaient le Danube, le Rhin, la Bohême et la Saxe. Le plus ancien chef du pays se nommait Meerwig (426). Le roi des Franks, Chilpéric, se réfugia près du roi Basinus en 457. Après sa mort, ses fils Baderich ou Balderich, Hermannfried et Berthar se partagèrent ses états. Hermannfried s'unit au roi des OstrogothsThéodoric, et épousa sa nièce Amalberg (500). Cédant à ses instigations, il tua son frère Berthar, et, contractant une alliance avec Théodoric, roi d'Austrasie, contre son autre frère Balderich, il le vainquit (520), mais ne voulut pas partager avec ses alliés les pays conquis sur son frère. Pour se venger, le roi des Franks s'allia aux Saxons, l'attaqua (527) et le défit dans deux sanglantes batailles livrées sur les bords de l'Unstrut. Enfermé dans sa résidence de Scheidingen (aujourd'hui Burg-Scheidungen), Ilermannfried se vit assiégé par les Saxons. La ville fut emportée d'assaut, et la Thuringe partagée entre les vainqueurs. Les Saxons prirent possession du pays situé au nord de l'Unstrut ; les Franks s'emparèrent des districts placés au sud de cette rivière. Théodoric attira à Zulpich le roi Hermannfried, et, dans une entrevue, il le fit précipiter du haut des remparts (531). Amalberg s'enfuit en Italie avec ses enfants. Radegonde, le seul des enfants de Balderich qui survécut, prit Théodoric pour époux ; plus tard elle se retira dans un couvent et fut vénérée comme une sainte. Ainsi finit le royaume de Thuringe. Les Franks, l'ayant soumis, se firent gouverner par des gau, par des centgraves, et enfin par des ducs, dont Rodolphe fut le premier. Au VIIIe siècle, Urisfried introduisit le culte du Christ dans les contrées montagneuses de la Thuringe, alors sombres et couvertes de forêts impénétrables. Il fonda (724-745) à Altenburg la première église, sur l'emplacement de laquelle a été érigé, en 1811, un candelabre de 30 pieds de hauteur. Déjà , sous Othon II, la Thuringe avait un margrave. Les premiers landgraves apparaissent à la fin du XIe siècle ou au commencement du XIIe. Après la mort de Henri Raspe, en 1247, la Thuringe échut à Henri, surnommé l'Illustre (erlauchte), margrave de Meissen, et depuis il a toujours été regardé comme dépendance de ce margraviat. A la paix de Paris (1814), une grande partie de la Thuringe fut réunie à la Prusse. Ce pays est presque entièrement couvert de collines doucement arrondies, qui s'élèvent surtout vers Harz et Eichsfeld. Les rivières qui l'arrosent sont la Saale, la Werra, l'Unstrut, l'Ilin, la Gera, l'Helme, le Wipper. Le sol est très fertile ; on y cultive toute espèce de céréales, des arbres fruitiers et même la vigne. On y trouve des mines de fer, de cuivre, d'argent, de houille, etc. ; des sourccs salées, des eaux minérales (Koesen, Artern, Bibra, Langensalza, etc.). Un grand nombre de manufactures l'enrichissent; on cite entre autres ses fabriques de céruse, de porcelaine, de faïence, d'armes blanches et de fusils, ses forges et ses hauts-fourneaux. Erfurth est la capitale de la Thuringe. Les autres villes remarquables sont Eisenach, Gotha, Langensalza, Mühlhausen, Nordhausen, Frankenhausen, Sondershausen, Naumburg, Weissenfels, Eisleben, Iéna, Weimar, Rudolstadt, Arnstadt, Saalfeld, etc. La Thuringe appartient aujourd'hui au roi de Prusse , aux ducs de Weimar, de Cobourg, et aux princes de Schwartzbourg-Sondershausen et Rudolstadt (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Tome 51 : Ten-Veg, 1839 - books.google.fr). Les Thuringiens
contre les Mongols Les armées levées à l'Ouest par le landgrave de Thuringe et le duc de Saxe sont prêtes, s'attendant chaque jour à l'irruption des Mongols - dont les colonnes mobiles pillent déjà la région de Meissen et le district montagneux de Glatz -, de sorte qu'il fait faire demi-tour à son armée et la dirige vers l'Ouest pour opérer sa jonction avec les autres contingents. Mais les Mongols ne suivent pas. Tandis que Liegnitz brûle, Batou fait savoir que le 11 avril, deux jours après la bataille de Wahlstatt, il a complètement anéanti l'armée du roi Bela et qu'il convoque toutes les armées en Hongrie pour leur distribuer par districts, selon le mode mongol, le pays à piller. Kaïdou attend l'arrivée de la seconde de ses armées. Décrivant un grand arc de cercle, elle avait chevauché vers le Nord à travers la Lithuanie, avait battu l'armée lithuanienne qui tentait de barrer la route, avait pénétré en Prusse orientale, et, à travers la Pomérellie et la Pologne occidentale s'était hâtée vers Liegnitz, sa tâche accomplie : aucun ennemi dans le Nord, jusqu'à la Baltique, ne pouvait menacer le flanc mongol. Les seules armées encore capables de combattre se trouvent maintenant concentrées en Saxe et en Thuringe et Venceslas a, sur ces entrefaites, atteint Königstein ; or voilà que Kaïdou opère une conversion et qu'au lieu de piquer vers l'Ouest, où les ennemis l'attendent, il dirige son armée vers le Sud - aucun ennemi ne se trouvant entre lui et Batou - et pénètre en Moravie. La manœuvre trompeuse réussit complètement : toute la province est vide de troupes. Le roi Venceslas qui vient d'atteindre la région de Meissen doit rebrousser chemin à marches forcées, mais avant qu'il atteigne la Moravie, ce riche pays est déjà dévasté, les villes florissantes de Troppau, de Mährisch-Neustadt, de Freudenthal, de Brünn, sont prises d'assaut et pressurées de contributions, puis les Mongols de Kaïdou font leur jonction avec ceux de Batou en Hongrie. Chaque fois que les Mongols ont attaqué un État et gagné leurs victoires apparemment si faciles, les chroniqueurs de l'époque ont accusé son souverain d'incapacité et de préparation défectueuse. Ces reproches n'ont pas épargné le roi Bela, quoiqu'il eût pris toutes les mesures qu'un roi européen de l'époque pouvait concevoir et qui auraient été efficaces contre tout ennemi qui s'en serait tenu aux règles de guerre habituelles, mais qui devaient misérablement échouer au premier choc mongol. Dès qu'il eut eu vent de l'approche des Tartares, le roi Bela s'était porté sur les Carpathes, avait fait barrer d'abattis tous les passages et avait remis le commandement à un homme de guerre éprouvé. Puis il avait convoqué l'assemblée du royaume à Buda et donné l'ordre à tous les hommes valides de s'armer et de se tenir prêts à marcher. Mais avant que l'assemblée eût pu s'entendre sur les mesures à prendre, un messager arrive ventre à terre le 10 mars, annonçant que les Tartares attaquent les cols des Carpathes. Avant que des renforts puissent partir, le chef du front est lui-même là : le 12 mars, les Mongols ont pris les cols d'assaut, forcé le passage, anéanti tous les occupants ; il avait pu échapper avec quelques hommes. Et le lendemain même de son arrivée, le 15 mars le premier corps («touman» : 10.000 hommes) mongol est devant Pest, après avoir franchi trois cents kilomètres en trois jours, massacrant et dévastant tout sur son passage En trois jours, un coin s'était enfoncé dans le pays, fermant le verrou vers l'Est, tandis que le troisième groupe d'armées sous Kadan, opérant dans le Sud, avait franchi la Moldavie et la Bukovine et pénétré dans la Transylvanie. Le roi ferma aussitôt l'assemblée. Les évêques, les comtes, les barons partirent en hâte pour leurs provinces afin d'en ramener en hâte les contingents (Michael Prawdin, L'empire mongol et Tamerlan, 1937 - books.google.fr). Les Mongols en
Afrique L'Afrique sera sauvée des Mongols par la bataille de Ain
Jalut (maintenant en Israël) en 1260 remportée par les Mamelouks au pouvoir en
Egypte depuis 1250. Après avoir détruit le califat abbasside et Bagdad en 1258,
le Mongol Hulagu qui engage les combats est rappelé en orient à la suite de la
mort de son frère Mongke, tout deux petits-fils de Genghis Khan. L'Egypte
devient le centre de l'umma islâmiyya (Cengage Advantage Books: World
History, 2011 - books.google.fr). Malte et Gênes
(ligustique) L'année précédente, en 1220, Frédéric II, fils de Constance, empereur d'Allemagne, né en 1197, un des princes les plus éclairés de son époque, hérite du pouvoir. Il commence à imposer une politique despotique et centralisatrice en Sicile, entraînant non seulement une attaque envers la population musulmane de Malte mais aussi l'intégration complète de l'archipel au sein du royaume de Sicile. Les guerres contre les musulmans de Sicile et de Malte reprennent bon nombre sont expulsés en Italie. Malte est directement administrée par un gouverneur royal. Repris en main, Frédéric II vit fastueusement de ses domaines siciliens et reçoit du gouverneur de Malte les revenus qui s'imposent Son représentant établit des garnisons, approvisionne les châteaux, aménage la ferme royale de chameaux et entretient les faucons maltais de l'empereur. Vers 1241, un recensement effectué par un abbé indique que la population maltaise se compose de 836 familles musulmanes, probablement 1250 familles chrétiennes (si le chiffre n'a pas été gonflé) et 33 familles juives. Combien de familles chrétiennes ont immigré de Sicile ou combien de musulmans indigènes se sont convertis ? Il est difficile de le savoir mais la survivance générale de la langue arabe dans l'archipel résulte, à n'en pas douter, de conversions massives forcées. Les musulmans de Malte pour conserver leur langue et leurs biens optent pour la religion chrétienne. Frédéric II effectue à nouveau en 1245 d'autres expulsions de musulmans siciliens et maltais. On retrouvera la présence de ces «populations déplacées» à Lucera, en Italie, jusqu'à la fin du XIIIe siècle. A la mort de Frédéric II, en 1250, et de son fils Corrado (Conrad), en 1254, le contrôle de la Sicile est revendiqué par Corradino, le jeune fils de Corrado, et par Manfred, fils naturel de Frédéric II. Cette rivalité entre deux héritiers crée une nouvelle période de troubles. A Malte, avec l'appui des familles génoises, on conduit une politique de résistance contre Manfred. Les Génois soutiennent les prétentions sur Malte de Nicoloso, fils du comte Enrico. En 1257, Manfred, qui veut en terminer avec ses opposants, amnistie les Génois, et Nicoloso peut reprendre fonctions, privilèges et biens que son père avait reçus â Malte. En contrepartie, Manfred obtient le contrôle des trois châteaux royaux de l'archipel. Cet accord est renouvelé à deux reprises. En 1266, Manfred est tué lors d'une bataille. La même année, le pape français Urbain IV, à qui s'opposent les Hohenstauffen dans une longue querelle de suprématie entre la papauté et l'Empire germanique, donne la Sicile, Malte et Naples à un Capétien, Charles, comte d'Anjou et de Provence, frère de saint Louis. Corradino ne lâche pas prise et continue de revendiquer Malte : il conclut un traité avec les Pisans, leur garantissant différentes places y compris Malte en échange de l'usage de leur flotte. Mais vaincu lors d'une bataille, il est exécuté en 1268. En 1270, alors que meurt le roi de France Louis IX Tunis, Malte est depuis quatre ms aux mains de son frère Charles d'Anjou, souverain désormais incontesté, et Pile passe d'une domination germanique à une domination capétienne de la branche des Angevins. L'autorité capétienne est progressivement mise à mal de l'extérieur puis de l'intérieur. L'influence trop importante des Génois, qui continuent d'utiliser Malte comme base navale, devient gênante pour le Capétien. Charles d'Anjou leur avait pourtant concédé le droit de commercer mais une confrontation entre les deux partis en 1272 tourne mal. Charles d'Anjou procède à des arrestations et bloque les bâtiments génois ancrés à Malte. Deux ans plus tard, en représailles, les Génois saccagent Gozo. Dans l'archipel, la bureaucratie fait preuve de zèle une administration sicilienne efficace continue de lever l'impôt, commande une garnison de 150 Français et maintient un navire armé. L'administration étrangère est désormais perçue comme oppressive. A l'époque du massacre dit "des vêpres siciliennes" en 1282 qui extermina les Français installés en Sicile, ceux-ci ne purent conserver que le royaume de Naples. Pourtant, les troupes de Charles d'Anjou se maintiennent durant quelques mois à Malte. Alors que la population locale semble avoir appuyé la rébellion contre les Angevins, la garnison française tient bon à Birgù jusqu'en 1284. Les Angevins sont néanmoins chassés par l'année de Pierre Ier d'Aragon. Après 1284, Malte sombre dans un isolement extrême mais l'incorporation à la couronne aragonaise, jusqu'en 1410, puis castillane (jusqu'en 1530) ramène l'archipel dans un ensemble communautaire plus vaste, l'Espagne, et ce durant 250 ans (Marie Lory, Malte, 2004 - books.google.fr). En mai 1241, la première bataille de la Meloria vit la flotte de l'empereur du Saint-Empire, Frédéric II, aidée par la république de Pise affronter une escadre génoise qui transportait des prélats anglais, français et espagnols se rendant auprès du pape Grégoire IX avec lequel l'empereur était en conflit. Trente navires génois furent coulés : cf. V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898. Plus tard les villes dépendantes de Gênes révoltées contre la métropole, et le port génois est attaqué par voie de mer et de terre à Levano à l'est puis à l'ouest. La ville de Gênes est défendue par le podestat Pelavicini et Ansald de Mari (Heinrich Leo, Histoire d'Italie, depuis les premiers temps jusqu'à nos jours, Tome 1, traduit par M. Dochez, 1844 - books.google.fr). Venusberg Le château de la Wartburg, construit au XIe siècle, est situé à deux kilomètres au sud d'Eisenach. D'après la légende, le poète Tannhäuser, au XIIIe siècle, y aurait vécu auprès de Vénus. Ce château est, effectivement, célèbre par les séjours qu'y accomplirent les deux Minnesänger (trouvères) de Tannhäuser, ainsi que sainte Élisabeth de Hongrie et Martin Luther. Selon la tradition, les aumônes qu'Élisabeth portait aux pauvres, cachées dans son tablier, se changèrent en roses, un jour où son époux la surprit dans l'exercice de ses charités (Alan William Raitt, Pierre-Georges Castex, Jean-Marie Bellefroid, Å’uvres complètes de Auguste comte de Villiers de L'Isle-Adam, Tome 2, 1986 - books.google.fr). Je ne quitterai pas Henri d'Ofterdingen sans dire quelques mots d'un personnage avec lequel on l'a quelquefois confondu (E.T.C. Lucas, 1838 et Ludwig Bechstein, 1835, qui rapproche le tournoi de La Wartburg avec Tannhauser), et qui serait peu célèbre si une intéressante légende et surtout le chef-d'Å“uvre musical qui porte son nom ne l'avaient immortalisé : je veux parler du Tannhauser, Minnesinger, dont la collection de Manesse nous a conservé des chants animés d'une passion toute profane qui rappelle la poésie des troubadours. Il passa une partie de sa vie à la cour du duc Frédéric d'Autriche, et prit part à la croisade, sans doute en 1228 : aussi est-il représenté avec une croix sur la poitrine. La tradition populaire assure qu'il séjourna longtemps dans le Venusberg, empire de Freia, la Vénus germanique. Un jour, pris de remords, il se rendit à Rome pour confesser son crime au pape Urbain IV, qui régna de 1261 à 1264 ; mais celui-ci, montrant le bâton du pèlerin, lui dit qu'il ne devait attendre de pardon que si ce bois mort pouvait reverdir. Le Tannhauser, désespéré, retourna au Venusberg et y disparut pour jamais; mais trois jours après, un feuillage vert, signe du pardon céleste, avait couronné ce bâton desséché. Telle est la légende répétée d'âge en âge que la poésie et la musique ont chantée. Quant à la conjecture de M. Lucas, d'après laquelle TannhÅ“user pourrait être le môme personnage que Henri d'Ofterdingen , elle est fondée sur le séjour de ces deux poètes à la cour d'Autriche, sur l'éloge que TannhÅ“user fait du landgrave Hermann, et sur certaines analogies de la légende du Venusberg avec divers épisodes des poèmes du cycle germanique dont on croit qu'Ofterdingen est l'auteur; de même c'est dans une montagne de Thuringe, l'HÅ“rselberg, qu'on a placé la demeure de Vénus. C'est sur cette identité de TannhÅ“user avec Ofterdingen et sur sa présence en Thuringe que repose la donnée du célèbre opéra de Richard Wagner qui a pour titre TannhÅ“user et le Tournoi poétique de la Wartburg où le poète-musicien a ingénieusement combiné la légende du TannhÅ“user, sujet éminemment dramatique par la peinture des passions, et qui, comme étude du cÅ“ur humain, a beaucoup d'analogie avec le Faust de GÅ“the. Klinsor est surtout célèbre par sa participation à la lutte de la Wartburg qui arriva en 1206. Rote donne à ce sujet beaucoup de détails dont voici la substance. Ofterdingen, au sortir de la Wartburg, obtient du duc d'Autriche une lettre de recommandation pour Klinsor, qui l'accueille avec bienveillance, mais qui diffère sou départ, en sorte qu'il laisse écouler le délai d'un an accordé à Ofterdingen. Celui-ci se désole, la veille du jour où il doit reparaître étant arrivée. Mais Klinsor plonge Ofterdingen dans un sommeil magique, et le transporte en une nuit à Eisenach dans l'auberge d'Hellegraf, où il se réveille avec surprise. La lutte d'énigmes commence entre Klinsor et Wolfram. Il est à remarquer que toutes les énigmes proposées renferment un enseignement moral ou une allusion à un dogme religieux, et que Klinsor, que son caractère de magicien et son séjour en Orient font généralement regarder comme à demi païen, ne perd pas une occasion de se dire chrétien et de faire preuve de piété. Néanmoins il met en pratique sa sorcellerie. Dans un premier épisode, que je crois interpolé postérieurement à la composition primitive du poëme, il se fait remettre par un esprit une lettre chaldéenne pleine de déblatérations contre le clergé simoniaque. A la fin du poëme, quand il voit qu'il ne peut par sa seule science triompher de Wolfram, il le fait éprouver la nuit par un diable nommé Nasion, que le chevalier chrétien met en fuite avec le signe de la croix. [...] L'incident le plus curieux du séjour de Klinsor en Thuringe est sa prédiction de la naissance de sainte Elisabeth, comme le raconte Dietrich de Thuringe, dominicain d'Erfurt, en 1289 (Vie de ste Elisabeth) (Louis Charles Marie Emmanuel Artaud-Haussmann, Le tournoi poétique de la Wartburg : poème allemand du treizième siècle traduit pour la première fois en français, 1865 - archive.org, Dictonnaire Encyclopedique De La Theologie Catholique, Tome VI, 1859 - books.google.fr). Sainte Elisabeth de Hongrie était la belle-soeur de Henri Raspe, épouse de son frère Louis IV de Thuringe. Louis IV est le fils du landgrave de Thuringe Hermann Ier et de sa seconde épouse Sophie une fille du duc Othon Ier de Bavière. Son fils Hermann II de Thuringe lui succède sous la régence de ses oncles Henri Raspe et Conrad de Thuringe (fr.wikipedia.org - Louis IV de Thuringe). Le roi André II (1176 – 1235) fut accompagné dans sa croisade en Orient, en 1217, par deux célèbres Minnesänger allemands, Reuenthal et Tannhäuser. C'est à la même époque que Ladislas Ier, dont la canonisation avait été sollicitée par Béla III, commença à devenir aux yeux des Hongrois, l'incarnation même de l'idéal du chevalier (Histoire de la Hongrie: des origines à nos jours, 1974 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - André II de Hongrie). Quatrain précédent Venusberg désigne en allemand le pénil (Nouveau dictionnaire François, Allemand et Polonois, Tome 2, 1800 - books.google.fr). Pénil (Anatom) : partie antérieure de l'os barré qui est autour des parties naturelles, & qui se couvre de poil, la marque de la puberté, tant aux mâles qu'aux femelles (Encyclopédie ou dictionnaire des sciences, des arts et des métiers, Tome Douzieme : PARL - POL, 1765 - books.google.fr). Ce qui conduit à rappeler les maladies vénériennes entrevues dans le quatrain précédent IV, 67 - La syphilis et l'homéopathie - 1827-1828. Paracelse situe le Venusberg en Italie (Paracelsus, De causa et origine morborum. Das ist: Von Vrsachen vnd herkomen der kranckheiten. De morbis invisibilibus. das ist: Von den vnsichtbaren Kranckheiten, 1565 - books.google.fr). En rapport avec la datation des trois quatrains précédents, dans l'édition de 1498 de la Nef des Fous de Sebastian Brandt, sont cités Tannhauser et le Venusberg (Wilhelm Ludwig Holland, Schriften zur Geschichte der Dichtung und Sage: Anmerkungen zu den volksliedem; Ãœber das altfranzösische epos, Tome 4, 1869 - books.google.fr). Toujours chez Brandt, dans ses Esopi fabularum, une xylographie représente un sauvage anthropophage avec les traits d'un Mongol, tel qu'il est caricaturé dans la Chronica majora de Matthieu Paris (‘Yobenj Aucardo Chicangana-Bayona, Los inclusi del Nuevo Mundo: cartografÃa y canibalismo en el siglo XVI., Tierra firme. El Darién en el imaginario de los conquistadores, 2011 - books.google.fr). Acrostiche : ELDC,
Eldac Eldac (ou Eldad chez Segond) avec Meldac (ou Medad) sont deux Hébreux qui prophétisent dans le désert pendant l'Exode. C'est le miracle des cailles dont le peuple hébreu se rassasie, lassé de la manne, il en sera malade. On peut penser à la ciguë dont se nourrissent les cailles comme l'indique Pyrrhon chez Diogène Laërce (Opera Omnia: Olim In Tres, Nunc Primum Vero Pro Maiore Commoditate In Sex Tomos Distinctae, Sive Reductorium, Repertorium, Et Dictionarium Morale Utriusque Testamenti Quadripartitum, Catholicum, Philosophicum, Volume 3 , 1712 - books.google.fr, nonagones.info - Autour de Rennes - Baphomet, loup et pneuma). Les Hébreux dévorent les cailles comme des loups, avec "la chaire entre les dents sans avoir été mâchée". La gueule du loup, dans la mythologie scandinave, est un symbole de réintégration cyclique, ce qu'il faut sans doute rapprocher du loup avaleur de la caille dont parle le Rig-Véda. Si la caille est un symbole de lumière, la gueule du loup c'est l'aurore, la lumière initiatique faisant suite à la descente aux enfers (...) L'aspect lumineux du loup en fait un symbole solaire. Le loup a aussi chez les Mongols un caractère nettement solaire (Chevalier et Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles) (Gérard Bayo, La révolte d'Arthur Rimbaud, 1995 - books.google.fr). C'est dans les maladies cutanées que Jean Wier, au XVIe siècle, commença à faire usage de la ciguë. Il l'employait contre les dartres, la teigne et, dans le gale répercutée. Locher vante ses vertus dans la plupart des affections de la peau (Obs. pract., 1762). Une famille entière attaquée d'une lèpre dartreuse en a été délivrée par la ciguë (Haller, Mat. méd.). Dans les maladies cutanées les plus incommodes, soit aiguës, soit chroniques, Fantonetti a employé avec succès les bains locaux ou généraux de ciguë. Ils sont, dit-il, un calmant et un contre-stimulant par excellence (Giorn. per serv. ai proy. della pathol., 1837). Martin Damourette et Pelvé constatent les succès incontestables de la ciguë dans les affections morbides de la peau de nature dartreuse, scrofuleuse, syphilitique, ulcéreuse, etc., aussi bien pour les préparations internes qu'externes. Nous ne saurions trop engager nos confrères à étudier les propriétés de la ciguë dans les affections de la peau où l'on peut soupçonner un principe scrofuleux ou syphilitique dégénéré (Martin-Lauzer, Maladies dans lesquelles on emploie la grande ciguë (conium maculatum), Revue de thérapeutique medico-chirurgicale, 1873 - books.google.fr). Dans sa Destruction du royaume de Hongrie par les Tartares sous le roi Bela IV, Roger, chanoine du chapitre de Weradin, décrit la situation où il se trouva avec beaucoup d'autres de ses compatriotes, lorsque les barbares eurent abandonné la Hongrie : «Nous commençames à parcourir cette terre dépeuplée. Les clochers des églises nous servirent de guides pour aller d'un lieu à un autre ; car toute notre route était couverte » d'herbes et de buissons. Les porreaux, l'ail et les oignons qui étaient restés dans les jardins des paysans, nous servaient quelquefois de nourriture, et ils me paraissaient délicieux. La plupart du temps, nous remplissions nos ventres affamés de mauves ou de racines de ciguë.» (M. Michaud, Bibliothèque des croisades, Chroniques d'Allemagne et du Nord de l'Europe ; Chroniques diverses ; Chroniques Grecques, Turques et Arméniennes, Troisième Partie, 1829 - books.google.fr). Autant en dit on de Socrates lequel, amateur de chasteté, estant appellé au iugement, pour donner sentence de trois deesses, Pallas, Iuno, & Venus, laquelle estoit la jugement de plus excellente, & mieux meritee, il ne feit Socrases, pas comme Paris lascif adolescent, car il repudia Venus, & adiugea le pris à Pallas deesse de science qui estoit vierge (comme raconte Marcilius Ficinus en vne sienne epistre) mais Venus du despit qu'elle eut le feit iniustement mourir du poison de Cigue, ainsi donc la chair signifiee par Venus tasche a triompher de l'esprit, & persecute celuy qui veut viure chastement, mais elle ne pourra preualloir. Car chasteté est trop forte pour elle, & ne la pourra surmonter. C'est pourquoy elle est au milieu de l'Eglise comme une lampe resplendillante (Pierre Crespet, Trois livres du saint amour de Dieu et du pernicieux amour de la chair, & du monde, 1590 - books.google.fr). Marsile Ficin (en latin Marsilius Ficinus, en italien Marsilio Ficino), né à Figline Valdarno en Toscane le 19 octobre 1433 et mort à Careggi près de Florence le 1er octobre 1499, est l'un poète et philosophe italien des plus influents de la Première Renaissance italienne. Il dirigea l'Académie platonicienne de Florence, fondée par Cosme de Médicis en 1459, et il eut pour disciples et collègues de travail Jean Pic de la Mirandole, Ange Politien et Jérôme Benivieni. Il a traduit et commenté l'œuvre de Platon et de Plotin, il connaissait l'œuvre d'Aristote, il s'intéressa aussi à l'occultisme et l'hermétisme, et fut le représentant majeur du néoplatonisme médicéen. Sa philosophie, composition intime de métaphysique, de religion et d'esthétique, fit autorité en son temps (fr.wikipedia.org - Marsile Ficin). Typologie Le report de 1829 sur la date pivot 1241 (Delphos) donne 653. Dans le quatrain suivant IV, 69, un modèle de Venusberg peut se retrouver dans les Monts de la Sibylle près de Nursie (Norcia) patrie du fondateur de l'ordre bénédictin. On croit que son corps fut depuis transporté en France vers lan 660, à l'Abbaie de Fleury, dite S. Benoit sur Loire, comme non seulement les Historiens Français, mais aussi Paul Diacre du Mont-Cassin l'assurent (Le grand dictionaire historique, ou Le mêlange curieux de l'histoire sacrée et profane, Tome 2, 1740 - books.google.fr). Bientôt de nombreux monastères ont été fondés à travers l'Europe, et partout il y avait des hôpitaux comme à Monte Cassino. Au Hème siècle, certains monastères formaient leurs propres médecins. Idéalement, de tels médecins défendraient l'idéal christianisé du guérisseur qui offrait miséricorde et charité à tous les patients et soldats, quels que soient leur statut et leur pronostic. Aux Vle-Xlle siècles, les Bénédictins ont établi de nombreuses communautés de moines de ce type. Et plus tard, aux XIIe-XIIIe siècles, l'ordre des Bénédictins a construit un réseau d'hôpitaux indépendants, d'abord pour fournir des soins généraux aux malades et aux blessés, puis pour le traitement de la syphilis et l'isolement des patients atteints de maladies transmissibles. Le mouvement hospitalier s'est propagé à travers l'Europe au cours des siècles suivants, avec un hôpital de 225 lits construit à York en 1287 et des installations encore plus grandes établies à Florence, Paris, Milan, Sienne et d'autres grandes villes européennes médiévales (Yavor Mendel, John Kaisermann, Milos Pawlowski, Histoire de la médecine, 1995 - books.google.fr). Les premiers ouvrages dans lesquels ces vérités sont exposées furent publiés sous des noms composés de manière à faire croire qu'ils appartenaient à la plus haute antiquité, comme, par exemple, les noms de Basile Valentin, qui signifient roi puissant. On a cru qu'un homme de ce nom avait existé dans le quinzième siècle, et l'on a même articulé qu'il était bénédictin à Erfort; c'est vraisemblablement une erreur, car il n'y a jamais eu de couvent de bénédictins à Erfort. L'histoire n'y mentionne qu'un monastère de femmes ; mais Erfort ou Erfurth a eu une université, fondée par Dagobert : il se pourrait que ce fût un de ses professeurs qui aurait publié l'ouvrage dont il s'agit. Il parut d'abord en allemand et ensuite en langue latine Quoi qu'il en soit, c'est à Basile Valentin qu'on attribue la dénomination d'antimoine, que porte maintenant le stibium des anciens. On prétend qu'il avait donné de cette substance à des cochons, et qu'ayant remarqué que ceux-ci étaient ensuite devenus très gras, il en avait fait prendre à ses moines, exténués de jeûnes et de mortifications ; mais la plupart étant morts, au lieu d'engraisser, il nomma anti-moine la substance qu'il leur avait administrée. La date des ouvrages de Valentin n'est pas connue plus que sa personne; mais elle n'est pas aussi reculée qu'on l'a dit, car il mentionne le mal de Naples, qui ne parut qu'en 1495 (Jean Léopold Nicholas Frédéric Cuvier, Histoire des sciences naturelles, depuis leur origine jusqu'à nos jours, Tome 1, 1841 - books.google.fr). Dagobert était le père de Sigebert III d'Austrasie, mort entre 650 et 662, qui fut battu par Radulf nommé duc de Thuringe par Dagobert, révolté contre lui (Abel Hugo, Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 2, 1857 - books.google.fr). Erfurt est la capitale de la Thuringe. Wagner (1813-1883) Le Jésus de Nazareth, esquissé en 1848, ne dépassa pas le scénario, pour cette raison surtout qu'il s'appuyait trop sur les événements historiques. Ce qui, de ce scénario, lui parut convenir à la musique dramatique, trouva, en partie, son emploi, par la suite, dans Parsifal. Enfin il prit son parti, et s'attaqua au fond même des légendes. Ce ne sont pas leurs incidents qu'il copie ; il ne fond pas entre elles les données de divers cycles légendaires, pour en faire un seul opéra ; il leur emprunte les motifs poétiques efficaces, les traite à sa manière et crée ainsi, par une libre métamorphose de la tradition, des figures nouvelles et vivantes. Il évite le vague dans la conception et dans l'exécution, défaut si fréquent chez les poètes romantiques et si nuisible à leurs productions ; il isole le noyau et lui donne une nouvelle enveloppe de poésie. Il discerne avec clarté les ressorts de l'action, et leur force dramatique. Avec les matériaux que lui livre le passé, il élève des constructions nouvelles, d'un art accompli. Plus tard (1851, IV, 269), il pense avoir trouvé dans ce Livre populaire une liaison lâche entre les deux sujets de Tannhäuser et de la Guerre des chanteurs, et en avoir subi l'ascendant irrésistible. Nos recherches, jusqu'à ce jour, n'ont pas établi quel pouvait être ce Livre populaire. On peut supposer ici une réminiscence de la lecture, que Wagner avait faite, en 1829, du conte de Tieck, Le fidèle Eckart, de son Tannhäuser (1799) et de la nouvelle de E. T. A. Hoffmann, le Combat des chanteurs. Cette lecture l'avait mis dans une humeur mystique et fantastique, «sans cependant exercer aucune influence sur son goût de création artistique» (Guido Adler, Richard Wagner: Conférences faites à l'Université de Vienne et revues pour la traduction française, traduit par Louis Laloy, 1909 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Ludwig Tieck). Péril jaune Cf. quatrains V, 62 - Le secret des secrets - 1897-1898 et V, 67 - Le péril jaune - 1901-1902. L'interprète de l'Apocalypse de saint Jean de 1828 sait bien que «le territoire de la Chine renferme une population de 200 millions d'âmes» ; mais, bien qu'il croie fermement - puisque l'Apocalypse le dit - que la guerre de l'Antéchrist sera menée surtout par les «peuples d'Orient» il ne pense nullement au «péril jaune», dont peu de gens avaient le pressentiment à son époque. La puissance militaire des quatre grands royaumes européens - en 1828 - le rassure ; ou plutôt rassure sa raison. Et pourtant, il reste convaincu qu'à la fin du XXe siècle les armées d'Orient ravageront l'Europe... En 1999, les Chinois pourront facilement mobiliser 200 millions d'hommes et de femmes. Je ne les soupçonne nullement d'être le peuple de l'Antéchrist, mais je trouverais assez vraisemblable qu'ils fussent les envahisseurs prédits (René Nelli, Journal spirituel d'un cathare d'aujourd'hui, 1970 - books.google.fr). Les malheurs annonces pour l'ouverture du sixième sceau et que nous venons de détailler, d'après le texte sacré, sont, comme on a pu le voir, de divers genres, et ne doivent arriver que successivement, ceux dans l'ordre politique et moral devant précéder ceux dans l'ordre temporel. Il y aurait sans doute de la témérité à vouloir fixer l'époque précise de chacun de ces malheurs, mais il est possible d'entrevoir la place des derniers par la liaison et les rapports qui existent entre la finale de la sixième trompette, et le commencement de la sixième coupe, attendu qu'à la première époque, les quatre anges qui sont enchaînés sur le grand fleuve de l’Euphrate doivent être déliés, et qu'à la seconde, les eaux da grand fleuve de l’Euphrate seront séchées pour ouvrir le chemin aux rois qui doivent venir de l'Orient. C'est donc toujours dans les mêmes contrées de l'Asie que la justice divine tient en réserve ces peuples féroces et nombreux pour exécuter au premier signal ses terribles vengeances ; car, selon la remarque historique de William Guthrie, dans son abrégé de la géographie universelle, c'est de la grande Tartarie ou Scithie que sont sortis les Hans pour ravager l'Europe dans le cinquième siècle, sous la conduite d'Attila; les Turcs qui ont fondé l'empire ottoman ; les Mogols, qui se sont emparés de la Perse et de l'Inde ; et les Mantchéous, qui se sont rendus maîtres de la Chine. L'étendue immense de ces contrées et leur grande population font concevoir, la première, qu’à raison du plus ou moins de distance où se trouveront ces divers peuples du point de leur réunion commune, les uns, selon la prophétie, ne puissent se rendre que dans un an, tandis que les autres seront prêts pour le mois, le jour et l'heure. La seconde fait concevoir aussi que ces peuples réunis puissent former une armée de cavalerie de deux cent millions, nombre que S. Jean affecte de répéter deux fois au verset 16 du chapitre 9, prévoyant sans doute l'étonnement qu'il causerait en le consignant dans son apocalypse. Quelqu'extraordinaire que paraisse ce nombre, que bien d'interprètes ont cru allégorique et exprimer seulement une réunion innombrable, nous le croyons positif, parce qu'il est consigné dans la prophétie sans équivoque, pour deux cent millions, et parce que si S. Jean n'avait voulu indiquer qu'un nombre indéfini, il se serait servi dans cette circonstance de l'expression qu'il a employee ailleurs en parlant d'une réunion autant et plus considérable des mêmes peuples, sous les ordres de l'Antéchrist et du faux prophète, dont il dit le nombre égal à celui du sable de la mer. «Et congregabit eos in prælium, quorum numerus est sicut arena maris. Finale du v. 7, au chap. xx de l’Ap. » Nous dirons à l'appui de notre opinion que d'après tous les rapports géographiques et historiques, plusieurs moyens locaux concourent en Asie à la possibilité effective de ce nombre extraordinaire annoncé par S. Jean: le seul empire de la Chine renferme une population de deux cent millions d'âmes, et son étendue, quoique très-vaste, ne couvre pas la dixième partie du sol de l’Asie. Les immenses régions de la Tartarie ne sont pas moins peuplées, et produisent en outre une quantité énorme de chevaux domestiques et sauvages qui servent aux Tartares à faire toutes leurs courses à cheval, ce qui fait présumer que toutes leurs bandes, à l'époque de leur irruption, formeront des corps de cavalerie. On pourrait ajouter, pour diminuer l'étonnement sur le nombre extraordinaire que S. Jean a vu prophétiquement, que dans les 200 millions de cavalerie, est comprise la nombreuse et formidable artillerie qui doit faire partie de cette expédition et dont il a si bien dépeint la forme et les terribles effets, près de 1300 ans avant son invention, que cette seule circonstance devrait faire ajouter foi à sa prédiction. Comme il s'agit encore de former cette armée extraordinaire de tous les Rois et peuples de l'Orient, on doit bien y comprendre ceux du Mogol, de l'Indostan et de tant d'autres états de l'Inde, en deçà et au delà du Gange, ceux de la Perse, de l’Arabie, ainsi que ceux de la Turquie-Asiatique; car c'est précisément dans ces dernières contrées que se trouvent les plus grands ennemis du christianisme, et par conséquent ceux qui montreront le plus d'ardeur pour l'anéantir. Si l'on ajoute enfin à toutes ces circonstances, les terribles effets d'une armée, par l'artillerie de laquelle, la prophétie fait exterminer la troisième partie des habitans de la terre, on sentira la futilité d'en contester le nombre (Conjectures sur la fin prochaine du monde: pour servir d'antidote contre les séductions du temps, 1828 - books.google.fr). En 1828, personne ne considérait comme historiquement possible ni même comme probable à longue échéance la restauration d'un état juif en Palestine. Notre auteur la prédit Comme certaine et, au contraire des savants sérieux qui l'eussent jugée impossible en 1828 et de nos historiens actuels qui maintenant, en 1970, trouvent que c'est un phénomène «très explicable», il déclare honnêtement qu'il ne sait pas comment cela se fera, mais que cela se fera tout de même. «Il peut bien être, dit-il, dans les desseins de Dieu que leur aveuglement même (toujours le même schéma : la causalité mystique opère par retournement ou coïncidence des contraires !) contribue à faire rentrer les Juifs dans la Palestine à leur faire relever les ruines de Jérusalem en donnant à la ville l'enceinte et l'importance des grandes cités» (p. 26). Pour quelle époque notre prophète prévoit-il le retour des Juifs en Palestine ? Pour 1860. Il se trompe, je l'ai dit plus haut, de près d'un siècle (1860 - 1948). Mais enfin, il ne se trompe pas sur le fond constitué ici par un événement vraiment extraordinaire. Et son erreur s'explique facilement par la difficulté qu'il y a toujours, en pareil cas, à choisir le véritable point de départ de la chronologie prophét1que. A-t-il prévu - d'après l'Apocalypse - la persécution de 1939-1945 contre les Juifs, persécution dont tout le monde reconnaîtra, je pense, qu'il était vraiment difficile en 1828 et même en 1928 (par exemple) d'affirmer la possibilité ? Oui. Il la situe entre 1912 et 1957 : ce en quoi il ne se trompe pas. Mais il n'a pas «vu» qu'elle précéderait l'établissement des Juifs en Palestine, ce qui lui eût pourtant permis d'«expliquer» par des causes précises, et selon la raison humaine, ce phénomène historique. Il est vrai qu'il doit y avoir selon l'Apocalypse une autre persécution dirigée contre les Juifs par l'Antéchrist (en 1999, affirme cet auteur). A-t-il prédit le nombre des victimes ? Oui, c'est celui que donne l'Apocalypse : 146 000. Il y en a eu, paraît-il, 6 millions. Il se trompe donc de beaucoup. Il subit ici malgré lui l'influence des historiens et des esprits sérieux de son époque qui n'auraient jamais admis - pas plus d'ailleurs que ceux de notre siècle, quoi qu'ils racontent après coup - qu'il fût possible de voir l'une des plus brillantes. nations de l'Europe, organiser un tel massacre, en plein XIXe siècle, ou en plein XXe. En vertu des lois analogiques qui régissent la Forme du Fatidique, il pense, naturellement, que le rappel des Juifs dans leur patrie sera l'œuvre de l'Antéchrist (René Nelli, Journal spirituel d'un cathare d'aujourd'hui, 1970 - books.google.fr). Le rappel des Juifs en Palestine, par l'Antéchrist qui favorisera la réédification de Jérusalem et celle du Temple, qui fera donner à la première une si vaste enceinte qu'il y établira le siège de son empire universel, et qui fera du Temple le lieu principal où il se fera adorer comme le dieu suprême, tout comme le vrai Messie. L'irruption de cette armée prodigieuse de cavalerie qui viendra fondre sur tous les royaumes, en détruira les limites, portera la désolation chez tous les Rois, les princes, les forts, les puissans, les hommes esclaves ou libres, fera périr la troisième partie des habitans de la terre par le feu de l'artillerie qu'elle traînera à sa suite, et laissera le reste à la merci de féroces vainqueurs; punition terrible qu'exercera sur les habitans de la terre la justice de Dieu fortement irritée des continuels blasphèmes de l'impiété contre son Christ, et du mépris injurieux qu'elle aura fait de sa longue patience à les supporter (Conjectures sur la fin prochaine du monde: pour servir d'antidote contre les séductions du temps, 1828 - books.google.fr). |