Emancipation des catholiques en Grande Bretagne

Emancipation des catholiques en Grande Bretagne

 

IV, 89

 

1843-1844

 

Trente de Londres secret conjureront,

Contre leur roy sur le pont l’entreprise :

Luy , satalites la mort degousteront,

Un Roy esleu blonde, natif de Frize.

 

Ce quatrain traiterait de l’émancipation des catholiques en Grande Bretagne. Elle fut souhaitée par Castlereagh, qui, surmené, se suicida en 1822 [1], lors de l’Acte d’union entre la Grande Bretagne et l’Irlande de 1800. Le roi George III, qui mourut fou, y était fortement opposé. Canning, partisan de la réforme, premier ministre en 1827, mourra la même année. Elle fut accordée par le premier ministre Wellington  en 1829, avec l’accord du roi George IV, par crainte de troubles graves en Irlande si le fondateur de l’Association catholique O’Connell, élu illégalement député, ne pouvait siéger au Parlement. L’émancipation fera l’objet de la réprobation d’une partie de l’opinion. Les « Trente de Londres Â» désigneraient les 30 lords spirituels qui « s’opposèrent dans leur grande majorité à la réforme. Cela se comprend dans la mesure où l’accès au vote d’une partie des non-conformistes pouvaient menacer à terme les privilèges de l’Eglise établie [2] Â». En effet la « Chambre des Lords comprenait les lords spirituels – 30 évêques anglicans – et les lords temporels, nobles siégeant à titre héréditaire ou désignés parles grandes familles d’Ecosse et d’Irlande [3] Â». Les bénéficiaires de la réforme eurent le droit de vote, le droit de siéger au Parlement et d’occuper presque tous les postes de l’Etat.

 

Le roi Georges IV fit un acte de haute justice en sanctionnant l'arrêt du parlement d'Angleterre qui accordait aux catholiques d'Irlande le libre exercice de leurs droits civils et politiques (Dictionnaire de conversation à l'usage des dames et des jeunes personnes, ou Complément nécessaire de toute bonne éducation, Tome 4, 1841 - books.google.fr).

 

De 1841 à 1846, Robert Peel fut premier ministre de la reine Victoria et supprima certaines incapacités qui pesaient encore sur les catholiques et les juifs. En 1829, Peel était secrétaire du ministère de l’Intérieur et avait eu dans sa jeunesse un prêtre catholique comme précepteur [4].

 

Victoria, montée sur le trône en 1837, faisait partie de la dynastie des Hanovre qui régnait sur la Grande Bretagne depuis 1714, « choisie Â» pour sa religion protestante par l’Acte d’établissement de 1701 qui excluait les catholiques Stuart. Le Hanovre, en 1815, comprenait une partie de la Frise qui est partagée entre les Pays-Bas et l’Allemagne.

 

"pont" et "A mort"

 

Le pont de Westminster, au lieu de présenter des boutiques, comme notre Pont-Neuf, offre au-dessus de chaque pile, une niche demi-circulaire, recouverte en hémisphère, et garnie de bancs intérieurs; puis, d'une pile à l'autre, une très-haute balustrade. Des voyageurs ont écrit follement que ce rempart, presque inaccessible, était élevé dans la vue de retenir les Anglais attaqués de la maladie qui les porte à se détruire pour échapper au fardeau de l'existence, ou pour füir le supplice du remords. C'est à l'issue de ce pont que le ministre Castlereagh a fait l'achat d'un canif de cinquante centimes, pour se suicider et montrer l'ineptie d'une pareille assertion (Charles Dupin, Voyages dans la Grande-Bretagne, entrepris relativement aux services publics de la guerre, de la marine, et des ponts et chausses, au commerce et a l'industrie, depuis 1816, Tome 1, 1826 - books.google.fr).

 

In 1822 Byron was delighted to hear of the suicide of the tyrannical English minister, Lord Castlereagh, who had been largely responsible for the bloodthirsty suppression of unemployed demonstrations at Peterloo and elsewhere. He expressed his pleasure in two amusing couplets which appeared in two different newspapers: So he has cut his throat at last ! — He ? Who ? The man who cut his country's long ago (Annette Teta Rubinstein, The Great Tradition in English Literature from Shakespeare to Shaw: William Shakespeare to Jane Austen, 1969 - books.google.fr).

 

Ainsi donc, il s'est coupé le cou ! — lui ! Qui ? l'homme qui avait coupé le cou de son pays il y a bien longtemps (Epigramme sur Lord Castlereagh) (Oeuvres complètes de Lord Byron, traduit par Amédée Pichot, 1842 - books.google.fr).

 

Lords spirituels

 

Le clergé formait autrefois en Angleterre presque un ordre distinct, qui avait ses assemblées particulières, convocations, et qui s'imposait lui-même. Les prélats de la Chambre des lords sont depuis longtemps devenus les seuls représentants du clergé, dont les convocations n'ont plus lieu que pour la forme. Réunies à l'ouverture de chaque parlement, elles sont prorogées immédiatement après avoir voté une adresse au trône. Avant la réforme de Henry VIII, les pairs ecclésiastiques étaient plus nombreux que les laïques; après la réforme, il ne resta plus comme pairs que des archevêques et des évêques ; la suppression des monastères fit disparaître en une seule fois de la Chambre des lords vingt-sept abbés et deux prieurs. Il y a trente lords spirituels qui se divisent actuellement ainsi : deux archevêques et vingt-quatre évêques, pairs d'Angleterre et membres à vie de la Chambre des lords, en vertu d'un droit inhérent à leur siége épiscopal; un archevêque et trois évêques, pairs d'Irlande, qui siégent by rotation, à tour de rôle, conformément à l'acte d'union. Quant à l'Écosse, elle n'a pas d'évêques, le maintien de l'Église presbytérienne ayant été garanti par l'acte d'union. Les lords spirituels, comme les lords temporels, siégent de même que les anciens barons, comme étant censés tenir d'anciennes baronnies royales. Les lords spirituels et les lords temporels, bien que distingués dans les actes du Parlement, ne orment pas deux ordres, mais siégent et votent ensemble. Toutefois les lords spirituels, dans le sens strict du mot, ne sont pas pairs du royaume (Célestin Latour Du Moulin, Lettres à un Membre du Parlement d'Angleterre sur la Constitution de 1852, 1861 - books.google.fr).

 

Frise

 

On désigne sous le nom de Hanovre la maison de Brunswick-Lunebourg, qui compte parmi ses ancêtres Henri le Superbe et Henri le Lion, les champions du germanisme saxon au douzième siècle et les rivaux de la puissance impériale. La fortune de cette maison abonde en péripéties. Abattue en 1180 sous les coups de Frédéric Barberousse et tombée d'une chute retentissante, elle languit pendant plusieurs siècles. Mais en 1692 elle acquit la dignité électorale. Cette promotion n'était que le prélude d'un plus brillant avenir : car en 1714, à la mort de la reine Anne, l'électeur Georges de Hanovre, en vertu d'une parenté très lointaine, fut appelé au trône d'Angleterre.

 

Le Hanovre et la Grande-Bretagne resterent unis dans la personne de leurs souverains pendant toute la durée du dix-huitième siècle; des rois allemands se succédèrent en Angleterre, et le territoire hanovrien servit de champ de bataille où Anglais et Français vidaient leurs querelles. Cette union fut momentanément rompue par l'établissement de la domination napoléonienne en Allemagne; mais en 1815, sous Georges III qui règne jusqu'à 1820, apporta de nouveaux trophées à la maison guelfe. L'ancien électorat, cette fois érigé en royaume, fut restitué à la branche régnante de Grande-Bretagne, et la diplomatie anglaise sut meme arracher à la Prusse le sacrifice de ses anciennes possessions de Frise orientale et de Hildesheim, pour arrondir le nouveau royaume.

 

Les deux couronnes de Hanovre et d'Angleterre devaient ainsi rester unies jusqn'en 1837. A cette époque elles se séparent. Tandis que la reine Victoria succède en Angleterre à son oncle Guillaume IV, c'est le frère de celui-ci qui, Enst-Auguste, en vertu de l'ordre de succession masculine, monte sur le trône de Hanovre. Mais en 1866 le roi Georges V, ayant uni sa cause à celle de la confédération germanique et de l'Autriche, est battu à Langensalza, son royaume est perdu, transformé en province prussienne. Le vieux souverain aveugle meurt douze ans après à Paris, mais sans avoir renoncé à ses droits et laissant à son fils le soin de les soutenir (Paul Vidal de La Blache, États et nations de l'Europe autour de la France, 1891 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Victoria (reine)).

 

Par le traité de subside et d'alliance conclu à Reichenbach, le 14 juin 1813, entre la Prusse et l'Angleterre, la première avait promis de céder à la seconde, une population de 300,000 ames; ce qui, dans son véritable sens, signifiait que la Prusse, en donnant à l'Hanovre sur son ancien territoire, une pareille quantité d'individus, les reprendrait, lors de la répartition générale, sur la masse des territoires disponibles. Toutefois, lord Castlereagh voyant les difficultés qui se présentaient pour la reconstruction de la Prusse, telle qu'elle était en 1805, consentit libéralement dans la séance du 11 janvier du comité des cinq, à restreindre à 230,000 ames, l'accroissement de 300,000 ames accordé à l'Hanovre. Ce fut, en exécution du traité de Reichenbach, et d'une résolution du comité des cinq, que la Prusse et l'Hanovre conclurent, le 29 mai 1815, un traité par lequel (art. 1) la Prusse cédait au roi d'Hanovre, la principauté de Hildesle heim, la ville de Goslar, la Frise orientale, Harlinger-Land, le comté inférieur de Lingen, une partie de la principauté de Munster, etc.

 

La Frise orientale est cédée par le roi de Prusse au royaume de Hanovre par l'article 27 de l'acte du Congrès de Vienne. Par la cession de la Frise orientale et du port d'Embden à l'Hanovre, ce royaume a acquis des rapports directs de commerce avec l'Angleterre (Gaetan de Raxis de Flassan, Histoire du Congrès de Vienne, par l'auteur de l'Histoire de la diplomatie française, Tome 1, 1829 - books.google.fr).

 

L'Ost-Frise, entre la Hollande, l'Oldenbourg, la mer du Nord, le pays d'Osnabrück, comprenait les pays d'Aurich, Emden, Leer, Norden. L'électeur de Brandebourg, Frédéric Ier, y étant intervenu pour rétablir l'ordre en qualité de directeur du cercle de Westphalie, se fit attribuer par l'empereur Léopold Ier la succession eventuelle en 1694. En vertu de cet acte, la dynastie s'étant éteinte, Frédéric II occupa le pays en 1744. La maison de Brunswick-Lunebourg-Hanovre, ayant, de son côté, conclu, en 1691, un pacte de confraternité et succession avec la maison princière d'Ost-Frise, l'électeur de Hanovre, roi d'Angleterre, Georges II, réclama et entama avec la Prusse un procés devant les tribunaux de l'Empire. Ce litige était encore pendant en 1806, lors de la suppression du Saint-Empire (Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, Tome 1, 1884 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain X, 46 - Electorat de Hanovre - 2211.

 

"blonde"

 

En 1785, le prince George épouse secrètement Maria Anne Fitzherbert, de confession catholique romaine. Mais son père s'oppose formellement à ce mariage qui est alors jugé illégal en vertu de la Loi des mariages de 1772 (fr.wikipedia.org - Charlotte de Galles (1796-1817)).

 

En 1794, George, prince de Galles, recherche une épouse convenable dans toute l'Europe pour bénéficier de la généreuse somme promise par le Premier ministre William Pitt le Jeune s'il venait à se marier. En effet, ses revenus personnels ne lui permettent pas de couvrir les intérêts de ses dettes.

 

La princesse Caroline-Amélie-Élisabeth de Brunswick, fille d'une soeur du roi George III, née en mai 1768, épousa, le 7 janvier 1795, son cousin, le prince de Galles, aujourd'hui George IV, né en août 1762. Le feu roi aimait beaucoup sa nièce; il l'avait, de tout temps, destinée à son fils, mais le prince avait toujours refusé de se marier. Des dettes nouvelles à payer, et l'influence de lady Jersey, le déterminèrent à complaire aux désirs de sa famille. Peu après le mariage, des incompatibilités d'humeur séparèrent les deux époux. La naissance d'une fille ( la princesse Charlotte) ne les réunit pas. Dès 1796, le prince de Galles annonça par écrit qu'il se refusait à toute intimité avec la princesse, lors même qu'il perdrait sa fille, et qu'ils vivraient dorénavant séparés.

 

A Rome, elle apprit la mort du roi George III; elle prit alors le titre de Reine d'Angleterre, du chef de son époux. On lui en contesta les droits et les honneurs; le roi George IV fit défendre, avec l'assentiment de la Chambre des pairs et par le Primat, de comprendre la Reine dans les prières de la liturgie; on la menaça de faire prendre contre elle un bill de Pains and Penalties, si elle ne renonçait pas aux honneurs de son rang et même à son titre. Pleine de courage et forte de son innocence de tout crime, ou du moins de l'impossibilité de l'en convaincre, elle fut audacieusement audevant des menaces, et arriva en Angleterre. C'est en cet état que commença son scandaleux procès.

 

Dans les actes préliminaires de ce honteux procès, il y avait une majorité des deux tiers en faveur du ministère, de 144, le nombre total des pairs étant de 246 ou de 242. La Chambre s'étant formée en comité sur le bill, le Chancelier proposa de retirer la clause relative à l'adultère et à la dissolution du mariage; il espérait par là acquérir à son bill l'assentiment de plusieurs évêques et de quelques autres Lords qui ne trouvaient pas que ce crime eût été prouvé, et il obtenait égaleinent le concours d'une assez forte partie des membres des deux côtés de la Chambre qui se refusaient à accorder au Roi la faculté de passer à un second mariage, résultat nécessaire bien senti et bien redouté de la clause du divorce. Peu importait au ministère que Caroline-Amélie-Elisabeth de Brunswick fût épouse du Roi ou ne le fût pas, pourvu qu'elle ne fût plus Reine. La motion du Chancelier fut rejetée. Le bill fut mis en forme et sa rédaction fut lue. Mais l'archevêque d'York et les évêques de Chester et de Worcester s'opposerent résolument à la clause du divorce; ils trouvaient que, malgré les efforts des amis du Roi, l'adultère n'avait pas été prouvé. L'archevêque de Cantorbéry et les évêques de Londres et de Landaff soutinrent la clause. On doit remarquer que, sur cette question, les votes furent différents de ce qu'ils avaient été sur les autres; tout le ministère se trouvait dans la minorité. Le bill fut renvoyé au comité; et, le 9 novembre, sa rédaction fut admise, malgré quelques efforts de lord Kenyon pour obtenir la radiation de la clause du divorce.

 

Le 10 novembre 1820, la question soumise à la Chambre fut celle-ci : Procédera-t-on à la troisième lecture du bill ? Les lords Morley et Fortescue parlèrent contre; ils furent soutenus par les ducs de Bedford et de Grafton. Lord Ellenborough, qui paraissait jusque là avoir été gagné par les ministres, exprima sa détermination de voter contre le bill. La question fut résumée; il y eut division de la Chambre, et 108 voix pour procéder à la troisième lecture, et 99 contre. Majorité, 9 voix. La majorité étant constatée, lord Dacres annonça qu'il était chargé par la Reine de demander que son conseil fût entendu avant de procéder à la troisième lecture. Le comte de Liverpool dit alors qu'il croyait, d'après ce qu'il allait soumettre à la Chambre, que la pétition de la Reine serait sans motifs. Sa Seigneurie annonça qu'on ne devait pas se dissimuler que l'opinion publique était en opposition directe et manifeste contre le bill; et comme la majorité pour la troisième lecture n'était que de neuf, il croyait bien fermement que si le bill, à la troisième lecture, avait pu obtenir en sa faveur l'assentiment d'un grand nombre de pairs, il eût été de son devoir et de celui de ses collègues de le soumettre aux autres branches de la législature; mais que dans l'état présent de l'opinion, avec la division des sentiments des Lords à peu près en balance, les serviteurs de la couronne en étaient venus à la détermination de retirer le bill; il demandait donc que la dernière considération du bill fût renvoyée à six mois, ce qui fut adopté. La Chambre s'ajourna au 23 novembre (M. de Montveran, De la jurisprudence anglaise sur les crimes politiques, Tome 1, 1829 - books.google.fr).

 

La reine était soutenue par l'opposition, parce que le roi et Castlereagh l'accusaient; elle eut pour défenseur Brougham. Le gouvernement se vit forcé de retirer le bill qu'il avait présenté à la Chambre des lords. Cette victoire fut célébrée dans les trois royaumes et surtout à Londres par des fêtes, des illuminations, des outrages au roi. Lorsque Caroline se présenta, le jour du sacre, aux portes de Westminster, on pouvait s'attendre à une insurrection. Elle fut repoussée et en mourut de colère six jours après (7 août 1821). Ses funérailles furent comme une consécration; on attribuait sa mort au poison (Charles-Aimé Dauban, Histoire contemporaine contenant l'histoire générale du monde et particulièrement de la France, 1870 - books.google.fr).

 

Caroline de Brunswick, née le 17 mai 1768 à Brunswick et décédée le 7 août 1821 à Hammersmith à Londres, est la fille de Charles-Guillaume, duc de Brunswick-Wolfenbüttel (1735-1806), et d'Augusta de Hanovre (1737-1806) (fr.wikipedia.org - Caroline de Brunswick).

 

Lord Malmesbury was sent to Brunswick as the Prince’s envoy to arrange the marriage treaty. He reported that blonde and blue-eyed Caroline had ‘a pretty face, tolerable teeth’ and a ‘good bust’ (the-history-girls.blogspot.com).

 

Sa fille Charlotte est destinée au futur Guillaume II, roi des Pays-Bas (cf. "Roy" et "Frise") par son père le régent futur George IV. Elle fera rompre ses fiançailles.

 

La princesse était plus que blonde, et ses yeux bleus, d'un éclat métallique, n'avaient ni cils, ni sourcils. Elle n'était pas laide pourtant, mais, héritière de trois royaumes, elle affectait le port de tête hautain et les manières décidées de la grande Elisabeth. Fort amoureuse de son mari, elle combattait le gouvernement de son père, détestait la reine, et vivait loin de Londres, à Claremont, où elle était très populaire. Elle venait souvent faire des courses à Twickenham, ainsi que la princesse Elisabeth et, entre Oatland, séjour de la duchesse d'York, et Orléans-House, il y avait de continuelles et amicales relations. Malheureusement tous les membres de la famille d'Orléans ainsi que leur entourage la comtesse de Vérac et Mme de Montjoie, Montmorency, Sainte-Aldegonde et Atthalin eurent à souffrir des niaises tracasseries occasionnées par la «sottise courtisane» de notre ambassadeur à Londres, M. de la Châtre, qui les faisait surveiller par des espions à gages, et dénaturait dans ses rapports à Louis XVIII, leurs actions les plus innocentes (Raoul Arnaud, Adélaïde d'Orléans, 1777-1847, d'après des documents inédits: l'égérie de Louis-Philippe, 1908 - books.google.fr).

 

Les derniers mois de 1815 sont décisifs pour le projet de mariage de Charlotte, qui s'est finalement décidé pour Léopold, qu'elle surnomme «le Lion». Il est vrai que ce n'est pas encore gagné : malgré tout ce qu'elle a pu faire jusqu'à présent, son père s'accroche toujours à l'espoir qu'elle épouse le prince d'Orange. Mais Charlotte tient bon et écrit même : «Aucun ordre, aucune menace, ne me résigneront à épouser cet odieux Hollandais.» C'est finalement la coalition menée par l'ensemble de la famille royale qui force le prince-régent à se faire une raison. Le prince d'Orange ne tarde pas à se consoler avec une nouvelle fiancée, Anna Pavlovna de Russie, dès l'été suivant. Par le biais d'intermédiaires, Charlotte parvient à contacter Léopold, qui se montre plutôt favorable à cette union. Georges rendant les armes, la cérémonie du mariage est prévue pour le 2 mai 1816. Le 5 novembre 1817, à neuf heures du soir, Charlotte met finalement au monde un garçon mort-né. Après minuit, Charlotte est prise alors de vomissements et se plaint de violentes douleurs à l'estomac. Elle décède. Henry Brougham décrit la réaction du public en apprenant la mort de Charlotte : «C'était comme si chaque personne à travers la Grande-Bretagne venait de perdre son enfant préféré.» Même le prince d'Orange ne peut s'empêcher de fondre en larmes en apprenant la nouvelle, et son épouse ordonna à toutes les dames de sa cour de porter le deuil (fr.wikipedia.org - Charlotte de Galles (1796-1817)).

 

Acrostiche : TCLU, Tecelius

 

Jean Tetzel, au nom latinisé en Tecelius, est un prédicateur allemand, vendant des indulgences pour la reconstruction de la basilique Saint Pierre de Rome.

 

Même si Henri de Brunswick-Lunebourg ne fut pas le plus prestigieux d’entre les adversaires de Luther et même si Contre Jean le pitre semble avoir été composé pour répliquer à une attaque contre la seule personne de Jean Frédéric de Saxe, deux raisons font de ce traité un écrit important. Tout d’abord, en répliquant à l’accusation selon laquelle, lors de la prédication des indulgences, Frédéric le Sage aurait suscité des troubles parce qu’il jalousait l’archevêque Albert de Brandebourg, que le pape avait nommé commissaire aux indulgences, Luther livre à ses lecteurs un important récit autobiographique : c’est pour lui l’occasion de rappeler les circonstances dans lesquelles il a rédigé les 95 thèses (1517) et écrit à l’archevêque; c’est ce dernier, juge-t-il, que l’on est fondé à qualifier de séditieux, puisqu’il a promu la prédication hérétique des indulgences. Quelques années avant la fameuse préface à l’édition latine de ses oeuvres complètes (1545), dans laquelle il expose les circonstances de sa découverte libératrice du salut par la foi, cette narration autobiographique est la plus importante qu’il nous ait laissée; de surcroît, elle rapporte avec fidélité et en détails la prédication outrancière de Johannes Tetzel relative aux indulgences. Surtout, Contre Jean le pitre ne constitue pas seulement un violent réquisitoire contre le duc de Brunswick, car ce dernier ne s’est pas contenté d’insulter le prince électeur de Saxe. En taxant les évangéliques d’hérétiques et de novateurs, il a poussé Luther à développer d’importantes considérations sur la nature de l’Église :

 

«C’est une chose élevée, profonde et cachée que l’Église, de sorte que nul ne peut la connaître ni la voir, mais qu’il lui faille la saisir et y croire seulement à partir du baptême, de la cène et de la parole. Les doctrines humaines, les cérémonies, les tonsures, les vêtements liturgiques longs, les mitres et toute la pompe papale éloignent [de l’Église] pour conduire en enfer – et moins encore sont-ils les signes de l’Église !»

 

En effet, après avoir raillé le «libelle injurieux» de Henri, Luther tire argument de ce que les évangéliques sont calomniés pour introduire le thème de l’Église : qu’on les diffame et qu’on répande des mensonges à leur sujet constitue un «signe» qu’ils sont bien l’authentique Église. Il énumère les caractéristiques qui, selon lui, attestent que les évangéliques sont la vraie Église, l’Église ancienne, puis oppose à ces signes les preuves que les papistes sont «l’Église nouvelle et fausse, en toutes choses apostate», l’épouse du diable et non pas du Christ. Aussi le traité polémique publié contre Henri de Brunswick constitue-t-il donc une contribution de première importance au débat sur la «vraie» et la «fausse» Église dans le deuxième quart du XVIe siècle (Matthieu Arnold, Vraie et fausse église selon Jean Calvin et Martin Luther. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 158e année, N. 4, 2014 - www.persee.fr).

 

La souche commune de cet Henri II le Jeune avec les Hanovre remonte à Othon Ier l'Enfant, né vers 1204 et mort le 9 juin 1252 à Lunebourg, premier duc de Brunswick-Lunebourg de 1235 jusqu'à sa mort, issu de la puissante dynastie des Welf (maison de Brunswick) (fr.wikipedia.org - Othon Ier de Brunswick).



[1] « satalites… degousteront Â» : « satalites Â» du latin « satellites Â» signifiant ministres, auxiliaires constituant l’entourage de Castlereagh dégouté de la vie

[2] Jacques Carré, « La Grande Bretagne au XIXème siècle Â», Hachette, 1997, p. 123

[3] A. Malet et J. Isaac, Révolution, Empire, 1ère moitié du XIXème siècle Â», Hachette, 1929, p. 555

[4] S. Dayras et C. d’Haussy, « Le catholicisme en Angleterre Â», Armand Colin, 1970, p. 85

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