La seconde République Le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte IV, 95 1848 Le regne à deux laissé bien peu tiendront, Trois ans sept mois passés feront la guerre Les deux vestales contre rebelleront, Victor puisnay en Armonique terre. Duumvirat Après la mort de Crassus en mai/juin – 53, le triumvirat
devient un duumvirat et les liens se distendent entre César et Pompée. Pompée
se rapproche alors des optimates et devient consul unique en – 52. La guerre
civile commence en janvier – 49. Manquant de troupes en Italie pour faire face
aux légions aguerries de César, Pompée et les sénateurs qui l’entourent fuient
en Grèce et rassemblent les troupes romaines d’Orient et des rois clients de
Rome et amis de Pompée. Pour les sénateurs conservateurs comme Caton qui le
déteste, Pompée est alors «le dernier rempart de la République». Après un
premier succès à Dyrrachium, Pompée, affaibli par la malaria et poussé par ses
proches, accepte de livrer bataille à Pharsale. C’est un désastre. L’armée
pompéienne est écrasée et Pompée s’enfuit en Egypte (Eric Teyssier, Pompée, L’anti-César,
2013 - afprnpc.hypotheses.org). De mai 53 Ă janvier 49 (passage du Rubicon par CĂ©sar :
début de la guerre civile) il y a trois ans sept mois environ. "Armonique"
- Armorique Voici comment Tristan s'exprime quand il parle de ses
maîtres (Hatto 371) : «Les Parméniens m'ont appris à jouer de la viole et de
l'organistre, les Gallois Ă me servir de la harpe et de la rote, les Bretons de
la ville de Lut m'ont instruit dans l'art de jouer de la lyre et de la
sambuque.» Le pays de Parménie ou Hermenie placé aux confins de la Bretagne et
de la Normandie, porte un nom qui résulte de la confusion entre les noms de
l'Armorique et de l'Arménie ! Le n et le
r étaient encore souvent très proches de forme aux XI - XIIe siècles et c'est
ainsi que l'on a Armonica pour Armorica dans le texte de la «Prophétia» de Jean de Cornwall (EC, t. 14,
55). Armorica fut francisé en Armonie, ce qui explique de telles confusions.
En tout cas, le sentiment d'une communauté brittonique, très vivace au Xe
siècle encore, ne s'effaça que lentement. Il reste par ailleurs à identifier la
ville de Lut, dont le nom a dû subir un de ces accidents fréquents dans les
textes arthuriens (Histoire
littéraire et culturelle de la Bretagne, Volumes 1 à 3, 1997 - books.google.fr). Pendant que César faisait la conquête du nord des Gaules,
ses lieutenants promenaient à l'ouest leurs légions et soumettaient tout le
pays qui s'Ă©tend entre l'embouchure de la Seine et de la Loire. Crassus lui
Ă©crivait que l'Armorique Ă©tait soumise, mais CĂ©sar n'osait rien en croire. Il
fit échelonner ses légions dans toutes les Gaules de manière à pouvoir
surveiller les mouvements de tous ces peuples récemment conquis. Il s'en alla
ensuite en Italie recevoir les hommages et les flatteries de ses courtisans.
Mais à peine connut-on son absence qu'une révolte générale éclata. L'Armorique
surtout Ă©tait en feu. Plus prompt que l'Ă©clair, CĂ©sar donne ses ordres Ă ses
lieutenants, arrive lui-même à la tête de ses légions, fait équiper une flotte,
et attaque tout Ă la fois les ennemis par terre et par mer. La victoire le
favorisa dans toutes ses entreprises. Il détruisit lui-même la flotte des
Vénètes, Sabinus son lieutenant tailla en pièces leur armée de terre, et
pendant ce temps Crassus châtia les rebelles au midi et s'empara de l'Aquitaine
(Claude
Joseph Drioux, PrĂ©cis de l'histoire romaine depuis la fondation de Rome jusqu'Ă
l'invasion des Barbares, 1847 - books.google.fr). "puinay" Julia Caesaris Maior, née avant 101 av. J.-C., est la fille de Caius Julius Caesar III et d'Aurelia Cotta. Elle est la sœur aînée de Julia Caesaris Minor et de Jules César, cadet de la fratrie (fr.wikipedia.org - Julia Caesaris Maior). Vestale -
République La vestale n'est après tout que le type plus parfait de
la vierge et de la femme romaine. La vestale coupable est enterrée vivante : la
vestale restée pure protège la république, est honorée par le sénat et les
consuls, obtient du ciel des prodiges, et sa présence est le salut d'un
condamné. En un mot, nulle part dans l'antiquité autant qu'à Rome (Franz
comte de Champagny, Les CĂ©sars: Tableau du monde romain sous les premiers
empereurs, Tome 2, 1853 - books.google.fr). RĂ©publique -
Empire Après la guerre civile et la mort de César, une seconde guerre civile opposant Octave à Antoine se terminera par l'instauration de l'Empire et la fin de la République. "deux vestales" Le Théâtre d'amour, un recueil de comédies (et autres
textes) a été écrit par Delisle de Sales pour un théâtre princier, probablement
dans les années 1770 (Thomas
Wynn, Delisle de Sales, Theatre D'amour et Baculard D'Arnaud, L'art de Foutre,
Ou Paris Foutant, 2011 - books.google.fr). CĂ©sar et les deux Vestales offre la mĂŞme succession de
scènes lascives, se déroulant entre le grand-pontifie et les vestales Marcia et
Virginie. Le dénouement toutefois varie un peu. Etre grosse serait la mort pour
une vestale. César qui connait les lois, termine l'aventure à la manière
d'Onan. L'auteur, charmé de son immonde trouvaille, s'en félicite lui-même dans
une petite note : «J'ajouterai ici un
autre mot d'apologie pour le délire amoureux de César entre ses deux vestales ;
le dénouement, tiré du fond même du sujet, est assez heureux et l'aspersion
avec l'eau lustrale, en faisant rire, absout un moment de l'indécence d'un
pareil tableau.» Il trouve cela risible, le malheureux ! Anacréon nous
repose un peu de ces ordures. Il semblerait que Delisle de Sales, écoeuré
lui-même du métier auquel il avait consenti, ait cherché à se relever dans sa
propre estime (Gaston
Capon, Les théâtres clandestins, Paris galant au dix-huitième siècle, 1905 -
books.google.fr). Delisle trouve d'ailleurs lĂ l'occasion d'une sortie
contre les moeurs des couvents : Cette pièce
érotique n'a pas le mérite de la Vierge de Babylone pour le développement heureux
de l'intrigue ; d'ailleurs César s'y montre trop à découvert ce qu'il est,
c'est-Ă -dire l'ennemi de la morale publique et le corrupteur par principe des
décences sociales : je me contenterai d'observer, si un pareil sujet pouvait
être justifié, que je ne suis ici que l'interprète de tous les savants qui ont
écrit l'histoire des Vestales; le manuscrit d'Eléphantis est véritablement ici
à sa place ; et à la destruction des couvents, lors de l'infernale révolution
française, on a trouvé dans les armoires secrètes des livres non moins obscènes
avec lesquels nos Vestales se consolaient de la garde de leur simulacre de
virginité (Thomas
Wynn, Delisle de Sales, Theatre D'amour et Baculard D'Arnaud, L'art de Foutre,
Ou Paris Foutant, 2011 - books.google.fr). Typologie Le report de 1848 sur la date pivot -56 donne -1960. Epoque de Misphragmuthosis, roi de Thèbes qui commence à chasser les rois Pasteurs d'Egypte (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr). L’aventure de Pompée finit en Egypte où il meurt assassiné. Voltaire écrit Tanis et Zélide, ou les Rois pasteurs, tragédie pour être mise en musique, en 1733. Révolution En France, sous la monarchie de Juillet, le suffrage électoral censitaire faisait élire à la Chambre des députés une majorité de représentants de la haute bourgeoisie qui empêchait toute évolution démocratique. Le régime connut de nombreuses émeutes. L’opposition de gauche se manifesta en 1847 par une campagne de banquets en faveur de la réforme. La révolution de 1848 est déclenchée le 23 février par une rixe entre la foule et les gardes du Ministère des Affaires étrangères dont Guizot était titulaire. L’émeute qui s’en suit prend de telles proportions que Louis-Philippe, se refusant à une répression sanglante, abdique dès le lendemain. La deuxième république (« Le regne à deux laissé ») qui sera proclamée durera quelques trois ans. Nostradamus la symbolise par « les deux vestales », vierges romaines, qui en effet serviront de modèle à la statuaire républicaine : sous la IIIème République, « la statuaire multiplie les « républiques », vierges guerrières ou matrones débonnaires, brandissant l’épée ou le rameau de laurier [1] ». Le
coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 y mettra fin. Il y
aura une résistance armée (« contre
rebelleront ») à Paris menée, entre autres, par Victor Hugo qui
s’exilera à Jersey (« Victor puisnay
en Armonique terre » : « Armonique »
pour « Armorique », les îles anglo-normandes font partie du Massif
armoricain[2] ),
ainsi qu’en Province, dans le Centre et le Sud. Deuxième
RĂ©publique Du
24 février 1848 au coup d'Etat du 2 décembre 1851, il s'écoula 3 ans 9 mois et
8 jours. De la promulgation de la constitution de la Deuxième république le 12
novembre 1848 Ă celui du Second Empire, 3 ans et 20 jours (Historia:
revue mensuelle, Numéros 62 à 73, 1952 - books.google.fr, Marcelin
Bardonnaut, Petit dictionnaire politique et social des mots les plus usités
dans la littérature religieuse, morale et politique, 1872 - books.google.fr). Îles
bretonnes ? A
cette époque, l'Église romaine avait déjà fait alliance avec le pouvoir
temporel, et la croix et l'épée gouvernaient les corps et les âmes. Childebert était roi de France, et saint
Sanson, qui voulait étendre son influence, après avoir été nommé évêque
régionnaire de Dol, désirait exercer son activité dans les îles de la Manche,
voisines de la côte et peuplées de païens. Il partit donc pour Paris (548 ?)
et obtint du roi, à perpétuité, certaines iles qui sont en la mer, entre autres
Jarzai et Grenezai. Cette donation curieuse prouve que le roi de France
connaissait mal ses domaines, car elle comprenait aussi Lysia, une des iles
anglaises, et Jersey ne devait ĂŞtre une ile que cent soixante ans plus tard !
Ce fut au retour de ce voyage à Paris que saint Sanson fut confirmé officiellement
évêque régionnaire de Dol et des iles, par le roi et le Pape. Ces évêques
n'avaient pas de siège fixe, ils avaient autorité sur une région indéterminée.
Dol ne fut érigé en siège épiscopal, fixe et circonscrit, que plusieurs siècles
après la mort de saint Sanson. Saint Sanson ne vint probablement pas dans les
îles avant 556. On dit qu'il y fut appelé par un des premiers personnages du
pays, du nom de Pyro, et ce notable lui aurait concédé des terres, en échange
d'une cure miraculeuse. Saint Sanson Ă©tablit d'abord une petite chapelle Ă
Guernesey et y fit bâtir un monastère; puis il passa a
Herm et Ă Serck, et pour assurer l'Ĺ“uvre de conversion, il envoya de Dol des
prêtres, des diacres et des clercs. En 557, il fut convoqué pour assister au
concile de Paris. Trop âgé pour marcher, saint Sanson était monté sur un
chariot, lorsque dans la plaine de la Beauce une roue se brisa. Le saint fit le
signe de la croix, et la roue se retrouva intacte. Le roi Childebert, ayant ouĂŻ
ce miracle, voulut qu'un monastère fût bâti en cet endroit. Il porta le nom de
Rot-mont, roue brisée. En revenant de Paris, saint Sanson passa par Jersey et
Guernesey; il y abolit les fêtes païennes, les calendes de janvier, et détourna
les enfants de courir en masques le jour de ces fĂŞtes en leur distribuant des
médailles dorées. (Vie des saints.) (Eugène
Pégot-Ogier, Histoire des îles de la Manche, Jersey, Guernesey, Aurigny, Serck,
1881 - books.google.fr, René
Lepelley, Le nom des îles anglo-normandes. In: Nouvelle revue d'onomastique,
n°25-26, 1995 - www.persee.fr, Revue
de bibliographie analytique, ou Compte rendu des ouvrages scientifiques et de
haute litterature publies en France et a l'etranger, 1841 - books.google.fr). Hugo
l'a dit : Ces rocs de l'océan ont tout , terreur et grâce... Ile bretonne d'aspect, de
côte, mais à la manière de la Cornouaille, «granit au Sud, sable au Nord» :
«Guernesey, gracieuse d'un côté, est, de l'autre, terrible» avec de «riants
intérieurs, d'un abord âpre et bourru». Si, à son arrivée, le «printemps» parut
hostile au proscrit – «le printemps de la mer... s'appelle équinoxe» - il faut
dire que, ayant débarqué le 31 octobre 1855, il ne pouvait s'attendre à trouver
autre chose que l'automne (Jean-Bertrand
Barrère, La fantasie de Victor Hugo, Volume 2, 1960 - books.google.fr). Victor...
1848 Victor
Hugo avait l'habitude de "se faire Pompée" par Juliette Drouet, sa
maîtresse fidèle. Il
suffit de relire une lettre de Juliette Drouet, Ă©crite le 23 novembre 1835.
Amoureuse du vit au joli brun foncé de Victor Hugo, l'amante insatiable
s'imagine dans la peau du vilain loup : «J'ai un appétit furieux de ton amour
et de ta personne, et je te conseille de te tenir en garde devant mon grand
amour, ma grande bouche et mes grandes dents, car ces Ă©normes dimensions ne
sont que pour mieux t'aimer, mieux te baiser, et mieux te manger, mon cher
petit chaperon noir.» (Franck
Evrard, De la fellation dans la littérature: de quelques variations autour de
la fellation dans la littérature française, 2001 - books.google.fr). Sous
la IIe République, il devient républicain… Il n’en demeure pas moins fidèle,
dans ses écrits, à ses idéaux de justice et de liberté, intervenant parfois
publiquement à la Chambre des pairs ou ailleurs. En juin 1848, s’il n’est pas
du côté des insurgés, il intervient contre la répression. Mais c’est seulement
à partir de 1849 que Victor Hugo commence à croire en la république comme seule
forme de gouvernement permettant l’avancée des idées progressistes. Élu en mai
1849 à l’Assemblée législative, après avoir soutenu la candidature de Louis
Bonaparte à l’élection présidentielle (décembre 1848), il siège avec les
conservateurs, mais vote avec la gauche contre les lois réactionnaires
réclamées par une majorité de droite de plus en plus extrême. Il multiplie ses
interventions tous azimuts jusqu’au coup d’État du 2 décembre 1851. Entrant
alors dans la clandestinité il tente, avec un groupe de députés, d’organiser la
résistance. En vain. Le 11 décembre, sa fuite à Bruxelles marque le début d’un
long exil, d’abord contraint – le décret de proscription tombe en janvier 1852
– puis volontaire, après l’amnistie de 1859. Le poète devient le symbole de la
lutte de la République contre l’Empire, prenant position en toute occasion, par
voie de presse et dans ses œuvres en faveur d’une meilleure justice sociale,
pour la paix et la liberté des peuples opprimés, contre la peine de mort… (expositions.bnf.fr). Acrostiche
: LT LV LT
: laticlave LV
: LU, ludus, ludi (Abréviations
tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A. Capelli -
www.arretetonchar.fr). La
réglementation des spectacles de l'empereur Claude avait pour base la
législation augustéenne, mais pour comprendre son initiative, il faut également
tenir compte de la réforme de l'ordre sénatorial qui eut lieu sous Caligula :
elle entérinait l'évolution de l'ordre depuis Auguste et clarifiait une
situation depuis ce temps Ă©quivoque. A partir d'Auguste, en effet, les fils de
sénateurs portent le laticlave dès qu'ils abandonnent la prétexte, à 17 ans,
mais continuent à être considérés comme membres de l'ordre équestre tant qu'ils
n'ont pas exercé de magistrature : c'est le cas de Claude qui, tout en
ayant le laticlave, n'en est pas moins chevalier jusqu'Ă ce que Caligula le
propulse au consulat en 37. De ce fait, la police des jeux cantonne aux 14
rangs équestres les iuuenes et tous ceux qui, bien qu'ayant l'âge de commencer
le cursus honorum, ne peuvent le faire ; elle vise au contraire Ă
rehausser la dignitas des sénateurs, en vertu d'un principe de base de la
politique augustéenne. Mais les jeunes porteurs de laticlave, inévitablement,
furent tentés d'usurper les privilèges liés à la dignité sénatoriale : l'accès
au premier rang des théâtres et des cirques était l'un des ornamenta les plus
visibles et donc les plus significatifs et les plus enviés de cette dignité.
Caligula eut le mérite de clarifier la carrière des uns et des autres : depuis
38, tout porteur de laticlave appartient à l'ordre sénatorial, les liens avec
l'ordre équestre sont complètement rompus. Une réforme qui sanctionnait une
Ă©volution depuis longtemps en germe pour tous les lieux de spectacle, visible
aussi bien dans les privilèges accordés jadis à Caius César que dans les
mesures prises par les cités italiennes et provinciales : les jeunes de l'ordre
sénatorial avaient accès à l'orchestre des théâtres, aux côtés des décurions et
des magistrats, aux côtés aussi de leurs parents sénateurs présents aux jeux.
Mais à Rome, la question des places aux lieux de spectacles n'a pas été revue
en fonction de cette donnée nouvelle, et pas davantage le rôle des jeunes fils
de sénateurs lors des cérémonies publiques : ils continuent à participer avec
les chevaliers ayant moins de 35 ans (les iuniores) Ă la transuectio equitum du
15 juillet et aux défilés de l'ordre lors des funérailles des membres de la
famille impériale : c'est le cas sans doute pour celles de Drusilla en
juin 38 comme pour la consécration de Livie en 42. Cette situation dut
entraîner un certain ressentiment de la part des iuuenes de l'ordre sénatorial
(du moins de certains) répugnant à se mêler aux chevaliers, et les litiges se
multiplier depuis la réforme de Caligula. Ces affaires manifestent à l'évidence
un conflit entre l'idéal augustéen de la jeunesse sénatoriale dont on veut
qu'elle soit le fleuron de l'ordre Ă©questre, et l'avantage que ces iuuenes
trouvaient à se rapprocher de la position sociale de leurs pères. Claude jugea
qu'il était temps d'y mettre fin. Il choisit de confirmer la prééminence des
sénateurs au sein de l'ordre : les ornamenta ne seraient pas équivalents
pour les patres et les iuuenes. La réglementation claudienne s'inscrit donc
dans une évolution de longue durée qui affecte la définition de l'ordo
senatorius. Elle est finalement moins novatrice que conservatrice puisque
l'empereur s'est refusé à aller au bout de la logique institutionnelle qui
tendait à faire du premier ordre de la cité une catégorie sociale homogène :
l'ancien schéma séparant les sénateurs des autres citoyens continue à primer
dans la représentation de la cité (Michèle
Coltelloni-Trannoy, La place des sénateurs au cirque : une réforme de
l'empereur Claude. In: Revue des Études Anciennes. Tome 101, 1999, n°3-4 - www.persee.fr). Les
premiers gradins du Colisée s'alignaient sur un mur suffisamment élevé pour
mettre le spectateur hors de l'atteinte des animaux. Là se trouvait aussi le podium, ou balcon destiné à l'empereur et à sa
famille, aux prêtres, aux vestales, aux sénateurs, ainsi qu'aux magistrats
ayant droit à la chaise curule. Derrière, s'étageaient les gradins réservés
aux différentes classes de citoyens, avec les portes d'entrée et les couloirs
spéciaux qui y menaient. Cent mille spectateurs pouvaient tenir dans le Colisée
(Maurice
Valette, Les révolutions de l'art, 1890 - books.google.fr). On
peut lire dans le Chant du Cirque, Ode onzième datée de 1824-1828 : ...L'œil ardent, le sein nu, l'impure
courtisane Près du foyer sacré pose un trépied
profane; On voile de cyprès l'autel des
Suppliants; A travers leur cortège et de rois et
d'esclaves, Les
sénateurs, vêtus d’augustes laticlaves, Dans la foule, de loin, comptent tous
leurs clients. Chaque
vierge est assise auprès d'une matrone. A la voix des tribuns, on voit autour du
trône Les soldats du prétoire en cercle se
ranger; Les prêtres de Cybèle entonnent la
louange; Et sur de vils tréteaux les histrions du
Gange Chantent en attendant ceux qui vont
s'Ă©gorger...(Ouvres
complètes de Victor Hugo, Volume 1, 1857 - books.google.fr). Selon
la loi du 24 février 1875, relative à l'organisation du Sénat, celui-ci se
compose de trois cents membres ; deux cent vingt-cinq élus par les départements
et les colonies, et soixante-quinze élus par l'Assemblée Nationale. Hugo,
dès le mois de juillet, envisage d'en faire partie. Siéger dans une haute
assemblée comme sénateur républicain, après avoir siégé comme pair de France, est
une image qui le sĂ©duit. Elle sĂ©duit aussi Juliette Drouet qui se rĂ©jouit Ă l'idĂ©e d'accompagner Hugo Ă
Versailles, comme elle l'accompagnait autrefois au Luxembourg. Sans doute elle
préférerait encore le retour définitif à Guernesey, mais il n'y faut plus
songer (Pierre
Audiat, Ainsi vécut Victor Hugo, 1947 - books.google.fr). Le
19 avril 1875, Hugo quitte Paris avec Juliette Drouet pour se rendre Ă
Guernesey. Victor Hugo n'y passe qu'une semaine, du 20 au 27 avril 1875 : il y
vient pour récupérer la «malle aux manuscrits» déposée à la banque depuis le 15
août 1870 (Victor
Hugo: l'homme océan, Bibliothèque nationale de France, 2002 - books.google.fr). Lorsque,
en janvier 1876, Victor Hugo est Ă©lu au SĂ©nat, Juliette lui fait promettre qu'il
se laissera accompagner par elle chaque fois qu'il ira y siéger. En effet, pour
toutes les séances auxquelles il assiste, elle fait en voiture le voyage de
Versailles avec lui. Il en sera de même et plus commodément lorsque, en 1879,
les deux Chambres se réinstalleront à Paris (Georges
Lecomte, Une inspiratrice de Victor Hugo, Les Annales "Conferencia.",
Volume 29, 1934 - books.google.fr). Le
grand homme doit entretenir son «feu sacré spirituel», il doit lui-même être
«le feu sacré spirituel». Et ce feu sacré est
entretenu par des vestales. Seulement Victor Hugo, le pauvre, Ă©tait en manque
de vestales. Adèle Hugo était encore trop attristée par la mort de Léopoldine
et avait quelque peu délaissé l'entretien du feu sacré hugolien. Juliette
Drouet, elle-même trop touchée par le récent événement et saisie de mauvais
présages – et, peut-être vieillie –, n'avait plus la patience d'écouter ses
longues et ardentes tirades (Eugène
Ionesco, Hugoliade. (Viata grotesca si tragica a lui Victor Hugo), traduit par
Dragomir Costineanu, Marie-France Ionesco, 1982 - books.google.fr). Après
la mort de la femme officielle d'Hugo, désormais vestale du foyer, Juliette
surveille le courrier reçu par Victor. Elle intercepte souvent des lettres de
lectrices effrontées qui sollicitent de coupables rendez-vous (André
Besson, Victor Hugo: vie d'un géant, 2001 - books.google.fr). Prudence
en particulier avait stigmatisé «cette pudeur si délicate, cette extrême
horreur du sang, cette piété qui se plaisait dans le mouvement et le carnage de
l'arène, ces regards sacrés, avides de morts et de blessure dont on faisait un
cruel trafic, ces ornements si respectables que l'on revĂŞtait pour jouir de la
cruelle adresse des hommes, ces âmes tendres et compatissantes qui se
réveillaient aux coups les plus sanglants, tressaillaient de joie toutes les
fois que le couteau se plongeait dans la gorge d'un malheureux, enfin ces
vierges modestes qui, par un signal fatal, décidaient de la vie d'un
gladiateur». Un tel lien entre les
vestales et les combats du cirque reparait au 18e siècle dans les réflexions
morales sur la cruauté et la «curiosité», mais il est écarté des fictions qui
mettent en scène des vestales, afin de mieux présenter celles-ci comme des
victimes du pouvoir religieux et politique. Ce lien est sans doute présent
dans la première utilisation des vestales par la fiction, celle du chevalier de
Mailly, Anecdote, ou Histoire secrète des vestales (Paris, 1700). L'originalité
de son roman est de dédoubler la figure de la vestale et d'utiliser Pline selon
lequel l'empereur Domitien aurait tenté de séduire une des gardiennes du feu
sacré. Cornélie et Licinie, vestales contre leur gré, aiment, la première le
citoyen Celer, la seconde un gladiateur gaulois qu'elle a sauvé de la mort.
Poursuivies par les assiduités de Domitien et du sénateur Licianus, elles
refusent de céder au chantage et préfèrent se laisser condamner. Leurs amants
ne peuvent leur porter aide : Butelius est tué et Celer exécuté sous le fouet. Elles
descendent dans la fosse. «C'est ainsi que périrent quatre amants dignes d'un
meilleur sort». La violence de l'Antiquité est déplacée sur les figures de
l'empereur et du sénateur dont les jeunes femmes et leurs amants apparaissent
comme les victimes innocentes. Êtres sensibles et malheureux, ils sont recrutés
par le genre de l'héroïde qu'affectionnent les grandes douleurs durant la
seconde moitié du siècle. La vestale enfermée dans l'ombre ecclésiastique. Elle
compose sa première épitre dans un cachot, la seconde dans le tombeau où elle
est descendue pour toujours. La première est construite sur un chiasme entre
l'inaction de la prison, provoquée par la vie passionnelle, et l'ancienne
liberté de mouvement qui n'était qu'inaction morale. «Je jouis du repos,
stérile jouissance, Froid bonheur, qui jamais n'offre rien de nouveau : Le
repos n'est qu'ennui, la vertu qu'un fardeau [...] Ainsi dans mon devoir j'ai
longtemps végété. J'ai vu mes jours éteints dans l'uniformité ; J'ai trainé
sous le poids de mon indifférence, Sans douleur, sans plaisir, ma fatale
existence.» Dans la seconde héroïde, la plainte se fait accusation. Clodia
dénonce un système avant d'entendre au-dessus de sa tombe l'exécution de son
amant et de se frapper. Son épitre n'a plus de destinataire : «Et pourquoi
mes plaisirs sont-ils illégitimes ? Ceux qui firent les lois, firent aussi
les crimes». A la fin du siècle, Demoustier consacre à la figure de Vesta une
de ses lettres à Émilie qui mêlent le vers et la prose. Il joue une fois de
plus du contraste entre le feu qui s'Ă©teint sur l'autel et celui qui s'allume
dans le cœur, entre le feu sacré qui représente le salut de la patrie et le feu
de l'amour qui assure le bonheur individuel. Le supplice est horrible :
Touchés par l'innocence et l'éclat de leurs charmes, Les bourreaux s'étonnaient
de répandre des larmes ; Les juges frémissaient : le peuple, avec
horreur, Écoutait les longs cris de ces tendres victimes... Ah ! si les sentiments de l'amour sont des crimes, Dieux cruels !
pourquoi donc leur donniez-vous un cœur ? Ces plaintes
et ces questions vengeresses trouvent une audience plus large au théâtre. On
comprend ce que les questions martelées d'Ericie la vestale et d'Osmide son
amant, se réclamant de la liberté fondamentale de l'être humain, pouvaient
avoir d'insupportable pour les censeurs : «Est-ce un crime, en ces lieux, d'aimer la liberté ? [...] Le
premier vœu de l'homme est celui d'être libre. Quel serment à ce vœu peut
jamais déroger ? Ceux qu'imposa la force ont-ils pu l'abroger ?
Est-ce offenser le ciel, et se rendre coupable / Que de briser un joug, un joug
insupportable ? Les dieux se plaisent-ils Ă causer nos tourments ? A voir
nos pleurs, nos cris, et nos gémissements ? Entassent-ils sur nous les fers et
les entraves ? Nous sommes leurs enfants et non pas leurs esclaves». Le siècle des Lumières lègue ainsi au
Romantisme une belle figure de jeunesse révoltée (Michel
Delon, Mythologie de la vestale, Dix-huitième siècle, 1995 - books.google.fr). |