La marche de Radetzky

La marche de Radetzky

 

IV, 90

 

1844-1845

 

Les deux copies aux murs ne pourront joindre,

Dans cest instant trembler Milan, Ticin :

Faim, soif, doutance, si fort les viendra poindre

Chair, pain, ne vivres n'auront un seul boucin.

 

L'affaire de Biagrasso

 

La campagne recommença dès les premiers jours du mois de mars 1524. Charles de Bourbon arrivait d'Allemagne avec six mille lansquenets et le titre de lieutenant-général de l'empereur. Il partageait le commandement de l'armée avec François Sforce, duc de Milan, Charles de Lannoy, vice-roi de Naples et le marquis de Pescaire. Ce dernier général et Bourbon passèrent le Tessin le 2 mars au-dessus de Pavie pour enfermer les Français entre cette place et Milan. Bonnivet, contraint d'évacuer son camp de Biagrasso, s'était porté sur Vigevano, puis sur Novarre, essayant d'obliger les ennemis à le combattre, mais ceux-ci, qui le savaient dépourvu de tout, attendaient que la disette le forçât de se rendre à discrétion. Cependant, des renforts s'étaient mis en mouvement; le duc de Longueville amenait quatre cents lances (2,400 chevaux) par le pays de Suze; huit à dix mille Suisses arrivaient par le Val d'Aoste, cinq mille Grisons pénétraient dans le pays voisin de Bergame. Mais ces divers corps, dont la marche était mal combinée, ne purent se joindre. Les Grisons furent repoussés par un corps de l'armée impériale et vénitienne. Les Suisses, arrivés à Gattinara, sur la Sesia, et n'y trouvant pas le duc de Longueville, refusèrent d'aller plus loin. Il fallut que Bonnivet allât les rejoindre, et, quand il fut arrivé, les Suisses, au lieu de passer la rivière pour combattre, débauchèrent ceux de leurs compatriotes qui servaient déjà dans l'armée française, et, sous prétexte que François Ier avait manqué à sa parole en ne faisant pas trouver au point convenu les quatre cents lances qu'il leur avait promises, ils s'éloignèrent, avec la plus grande partie de nos anciens auxiliaires (Henry Abel, Histoire de la monarchie française jusqu'en 1792, la révolution, le brumaire, Tome 2, 1861 - books.google.fr).

 

Les confédérés, instruits de la marche des Suisses et des Grisons, s'attachèrent à traverser leur jonction; pour empêcher celle des Suisses, leur armée se plaça entre Novare et la Sésia, afin de leur disputer le passage de cette rivière, et de couper de plus en plus les vivres aux Français. Pour empêcher la seconde jonction, Jean de Médicis, à la tête d'un très-fort détachement, repassa le Tésin, marcha aux Grisons, et poussa, pour les inquiéter, des partis jusqu'au camp de Cravina, entre l'Adda et le Bembro. Les Grisons se trouvant ainsi harcelés, et privés de cavalerie pour se soutenir, ne recevant point de paie, reprirent le chemin de leur pays, en se plaignant amèrement des Français. Après leur retraite, Médicis revint sur le Tésin, où il réussit à détruire, vers Bufalora, le pont de bateaux que Bonnivet y avait fait établir. Ayant ainsi renfermé l'armée française entre le Tésin et la Sésia, le général ennemi s'assura de n'être point traversé dans la conquête de tout ce qui restait aux Français entre le Tésin et Milan. Biagrasso était le point le plus important : cette place, située sur le grand canal qui portait presque tous les vivres à Milan, interceptait encore une des principales sources de l'abondance de cette capitale. Les batteries furent dressées, la tranchée faite, l'assaut livré, la ville prise en un même jour. On fit à ce sujet de grandes réjouissances à Milan; mais, malheureusement pour les alliés, en prenant Biagrasso, ils rapportèrent dans la capitale de la Lombardie les miasmes de la peste, qui avait commencé à se manifester dans la place conquise, et qui, en moins d'un mois, fit périr plus de cinquante mille Milanais. Ce fléau, en s'étendant jusqu'au camp des Français, venait d'aggraver la déplorable position de l'armée, enfermée entre des rivières, pressée par les ennemis, assiégée par la faim, affaiblie par les désertions, désolée par les maladies, lorsque le débordement de la Sésia sur l'autre rive, où se trouvaient les Suisses, vint leur fournir un prétexte plausible de ne pas opérer leur jonction. S'ils n'avaient pu mettre Bonnivet en état de se soutenir dans le Milanais, au moins auraient-ils pu faciliter et assurer la retraite de l'armée en France. En vain l'amiral les pressa-t-il de passer la Sésia , ils lui répondirent durement qu'ils n'étaient point venus pour servir sous lui, mais seulement pour ramener leurs compatriotes dans leur pays (Victoires, conquêtes, revers et guerres civiles des Français, depuis les Gaulois jusqu'en 1792. Par une societé de militaires et gens de lettres, Tome 5, 1822 - books.google.fr).

 

Bonnivet, trop affaibli pour en gagner un combat, ordonna de passer la Sesia et prit poste à l'arrière-garde pour contenir les ennemis qui avaient passé à gué et attaquaient déjà la queue de l'armée. Bientôt, blessé au bras et ne pouvant plus combattre, l'amiral remit le commandement à Bayard. Ce grand homme sauva l'armée française, mais au prix de sa vie. Après avoir vu tomber à ses côtés le brave Vandenesse et un grand nombre de ses gens d'armes, il fut atteint d'un coup d'arquebuse qui lui brisa l'épine du dos. [...] La mort de Bayard [marqua] pour nous la perte de tout le Milanais (Henry Abel, Histoire de la monarchie française jusqu'en 1792, la révolution, le brumaire, Tome 2, 1861 - books.google.fr, Philippe Le Bas, France dictionnaire encyclopedique, Tome 3 : Bil-Cai, 1841 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - François II Sforza).

 

Typologie

 

On passe à l'antitypologie, même si c'est avec 3 ou 4 ans d'avance. C'est en effet la jonction des armées de Nugent et de Radetzky qui permet aux Autrichiens de conserver le Milanais et de défaire le roi de Piémont-Sardaigne Charles-Albert. Comme le Habsbourg Charles Quint conserva la Lombardie sur François Ier.

 

Radetzky

 

Joseph Wenzel Radetzky von Radetz, couramment appelé comte Joseph Radetzky, est un maréchal autrichien, originaire de Bohême, né le 2 novembre 1766 au Château (Schloss) de Trebnitz (aujourd'hui Trebnice) près de Sedlcany (actuelle République tchèque), mort le 5 janvier 1858 à Milan. Commandant en chef de l'armée autrichienne en Lombardo-Vénitie, il est chargé du rétablissement de l'ordre à la suite des révolutions de 1848 qui ébranlent l'empire d'Autriche. Il mène plusieurs batailles en 1848 et 1849 (Santa Lucia, 6 mai 1848 ; Vicence, 10 juin 1848 ; Custoza, 25 juillet 1848 ; Mortara et Novare, mars 1849). Le français Georges de Pimodan y est son aide de camp. Il est, avec Schwarzenberg et Windischgrätz, l'un des principaux artisans de la Réaction au Printemps des Peuples dans l'empire d'Autriche, qui débouche sur le Système de Bach. Il inspire Johann Strauss Père pour sa Marche de Radetzky interprétée traditionnellement chaque année en clôture du Concert du nouvel an à Vienne, puis à Joseph Roth son célèbre roman, La Marche de Radetzky (fr.wikipedia.org - Joseph Radetzky, www.dailymotion.com).

 

Grandes manœuvres autour de Vérone en octobre 1844 et en octobre 1846 sous la direction de Radetzky. Ce dernier après les manifestations qui marquèrent l'entrée de l'Archevêque de Milan, Mgr Romilli, comprit ce que pouvaient les ennemis de l'Autriche ; il obtint de Vienne des renforts et la promesse de concentration d'un corps de réserve près de Goritz (Hübner, Une année de ma vie, 1891) (César Vidal, Charles-Albert et le risorgimento italien (1831-1848), 1927 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1848 une série de mouvements insurrectionnels a lieu à Palerme et Messine, contre le pouvoir des Bourbons, puis à Paris, Vienne, et enfin à Venise et Milan. Alors qu’à Venise le gouverneur local autrichien accepte de laisser la ville sans coup férir, les combats à Milan sont particulièrement violents, le commandant de l’armée du royaume lombard-vénitien, le feld-maréchal Joseph Radetzky, n’arrivant pas à dominer la révolte, quitte la ville après cinq jours de furieux combats. Il y a en même temps de nombreuses manifestations dans beaucoup de villes du royaume et à Côme la garnison entière se rend aux insurgés (les «cinq journées de Côme»). Le lendemain de la conclusion des «cinq jours de Milan» du 18 au 22 mars 1848, le roi de Sardaigne Charles-Albert déclare la guerre à l'Autriche et la première guerre d’indépendance commence (fr.wikipedia.org - Première guerre d'indépendance italienne).

 

Mgr Romilli

 

Il conte Carlo Bartolomeo Romilli (Bergamo, 14 marzo 1794 – Milano, 7 maggio 1859) è stato un arcivescovo cattolico italiano, vescovo di Cremona ed arcivescovo di Milano. Il suo insediamento avvenne tra le dimostrazioni favorevoli del popolo (il 4 settembre a Gorla, oggi quartiere di Milano, l'8 e il 9 sul sagrato del Duomo), il cui entusiasmo era alimentato dal nuovo clima patriottico creato da Pio IX e dal fatto di succedere, lui italiano, a un austriaco. La nomina di un arcivescovo italiano in una città occupata dall'Austria, trascendeva il valore religioso per acquistare una valenza politica, e per questo il 9 la polizia venne chiamata ad intervenire contro la folla plaudente provocando un morto e numerosi feriti. [...] Ristabilito il governo austriaco nel Lombardo-Veneto, nel 1849 l'arcivescovo Romilli era ormai malvisto dal potere imperiale, tanto più che mons. Biraghi si adoperava alla riammissione nel ministero dei giovani sacerdoti che avevano affiancato i combattenti nella guerra di indipendenza e che (24 maggio 1849) la conferenza episcopale lombarda inviava all'imperatore Francesco Giuseppe un indirizzo di solidarietà con i vescovi dell'Austria e del Tirolo, che avevano chiesto maggiore autonomia nelle decisioni ecclesiastiche (verrà concessa il 18 aprile 1850). [...] Il 6 febbraio 1853 scoppiarono nuovi moti a Milano, repressi da Radetzky con diciotto condanne all'impiccagione. La pastorale dell'arcivescovo (13 febbraio) parve troppo accomodante verso i governanti austriaci e deluse i fedeli e molti sacerdoti. [...] Finalmente, nel 1855 il concordato fra Austria e Santa Sede restaurava una maggior autonomia dell'autorità ecclesiastica da quella politica. Tuttavia, Romilli non poté goderne, sia perché venne applicato nel Lombardo-Veneto solo in minima parte, sia soprattutto per il declinare della sua salute. Il 7 maggio 1859 Romilli muore. Il 25 giugno 1859 papa Pio IX scelse il Ballerini come arcivescovo di Milano, che pure era ormai stata liberata dalle truppe franco-sarde (it.wikipedia.org - Carlo Bartolomeo Romilli).

 

Tessin

 

Le 23 mars 1848 les premiers contingents de l'armée sarde franchissent le Tessin, suivis du gros des troupes le 26 qui se compose de cinq divisions qui reçoivent un nouveau drapeau : le drapeau tricolore. Avec une certaine lenteur, Charles-Albert poursuit le feld-maréchal Radetzky et avance le long de la direction Pavie-Lodi-Crema-Brescia et le rejoint au-delà du Mincio vers les forteresses du quadrilatère. Au cours de cette opération, le roi Charles-Albert de Sardaigne bénéficie de la participation des États pontificaux (7500 hommes), du grand-duché de Toscane (7000 hommes) et du royaume des Deux-Siciles (16000 hommes) qui s’ajoutent à ses 30 000 soldats. Charles-Albert bat Radetzky une première fois à Pastrengo le 30 avril, la victoire commence avec la charge historique des carabiniers à cheval, puis à la bataille de Santa Lucia, sous les murs de Vérone, le 6 mai mais l’armée sarde ne profite pas du succès obtenu. Elle repousse, aidée par les volontaires toscans, une contre-offensive autrichienne qui est partie de Mantoue le 29 à Curtatone et Montanara et le 30 mai à Goito. Le 30 mai, la forteresse autrichienne de Peschiera se rend, et Charles-Albert est acclamé roi d'Italie par ses troupes (fr.wikipedia.org - Première guerre d'indépendance italienne).

 

Jonction des armées autrichiennes en 1848

 

EmbarrassĂ© par le fait de combattre une grande puissance catholique et craignant un possible schisme des catholiques autrichiens, Pie IX prononce la fameuse «allocution» au consistoire du 29 avril, dans laquelle il dĂ©savoue l’action de son armĂ©e qui a pĂ©nĂ©trĂ© en VĂ©nĂ©tie, Ă  Padoue et Ă  Vicence. Plus grave, il dĂ©savoue la guerre contre l'Autriche. Le discours du 29 avril 1848 met en Ă©vidence la contradiction et l’incompatibilitĂ© de la position du pape comme chef de l’Église universelle et en mĂŞme temps chef d’un État italien ; en d’autres termes : le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Les troupes pontificales de Giovanni Durando (qui se sont illustrĂ©es Ă  la bataille de Cornuda les 8 et 9 mai) n'obĂ©issent pas au pape mais l'allocution donne le prĂ©texte Ă  Ferdinand II des Deux-Siciles pour se retirer du conflit alors que ses troupes ont rejoint le PĂ´ et sont prĂŞtes Ă  entrer en VĂ©nĂ©tie pour soutenir l’armĂ©e romaine envoyĂ© par Pie IX. L'alliance entre Ferdinand II et Charles-Albert est ambiguĂ« en raison de la situation politique du duchĂ© de Parme, oĂą une certaine majoritĂ© de la population veut voir le duchĂ© annexĂ© au royaume de Sardaigne alors qu'il appartient Ă  une dynastie bourbonne  proche de celle de Ferdinand II ; et de la Sicile, qui est engagĂ©e depuis janvier dans une rĂ©volution. Les rĂ©volutionnaires ont repoussĂ© les troupes des Bourbons lors de la bataille de la place forte de Messine et envoyĂ© une dĂ©lĂ©gation Ă  Turin pour offrir la couronne Ă  un prince de la Maison de Savoie, sans mĂŞme quelques encouragements de la part de Charles-Albert (fr.wikipedia.org - Première guerre d'indĂ©pendance italienne, fr.wikipedia.org - Giovanni Durando).

 

Manin, président du gouvernement de Venise insurgée, écrit au général Pepe, des forces napolitaines, en mai 1848 :

 

Le général [romain] Ferrari n'a pu vous apprendre le grave échec qui résulte pour nous de l'inaction des troupes du général commndant les troupes pontificales Durando, laquelle a permis la jonction du corps du général Nugent avec l'armée de Radetzky, jonction qui s'est opérée entre Vicence et Vérone. Nous joignons ici un relevé exact des nouvelles forces autrichiennes qui marchent sur l'Italie, pour y former un second corps, et qui sont déjà arrivées dans le Frioul et dans le Trévisan (Guglielmo Pepe, Histoire des révolutions et des guerres d'Italie en 1847, 1848 et 1849, 1850 - books.google.fr).

 

De tout le corps expéditionnaire napolitain, seul le général Guglielmo Pepe, un vieux patriote, refuse l’ordre et avec l’artillerie et le génie, il rejoint Venise où il participe au siège de la ville (fr.wikipedia.org - Première guerre d'indépendance italienne).

 

La conjonction "ne" au vers 1 indique plutôt une impossibilité de jonction.

 

"doutance"

 

Le 29 mai, un plébiscite est organisé contre l'avis des démocrates, dont Mazzini, car il était prévu que le gouvernement provisoire convoquerait une assemblée lombarde. Le résultat est favorable à l'annexion (561 002 voix pour, 681 contre) et, le 28 juin, la chambre de Turin vote le projet de loi, approuvé par 127 voix favorables et 7 contraires, qui prévoit : «L'immédiate union de la Lombardie et des provinces de Padoue, Vicence, Trévise et Rovigo, qui a été votée par ces populations et acceptée. La Lombardie et les dites provinces forment avec les États sardes et avec les autres déjà unis, un seul royaume». La nouvelle de la défaite de Custoza du 25 juillet suscite inquiétudes et discussions à Milan (fr.wikipedia.org - Cinq journées de Milan).

 

Famine

 

"boucin" : morceau ; italien "boccone" (Simon Jude Honnorat, Dictionnaire franco-provençal, Tome 1 : A-D, 1846 - www.google.fr/books/edition).

 

Un combat de six heures, livré sous les murs de Milan (4 août), ne pouvait plus arrêté la marche de Radetzky (Nouvelle biographie générale : Pre-Ren, 1866 - books.google.fr).

 

Dans la nuit du 4 au 5 août, le général Zucchi et Georges Clerici, commandant en second de la garde nationale milanaise, se rendirent auprès du roi ; mais ils furent reçus par les généraux Olivieri, Bava et Salasco, dans une chambre attenant à l'appartement de Charles-Albert. Après avoir écouté, au milieu du plus profond silence, les questions que les deux officiers faisaient sur les intentions de Charles-Albert, le général Olivieri répondit «qu'il était parfaitement vrai que Sa Majesté était venue à Milan avec la ferme intention de défendre la ville; mais que d'impérieuses circonstances le mettaient dans l'impossibilité de réaliser un tel désir. Les tristes conséquences du combat de la veille, la perte d'une batterie d'artillerie, les communications interceptées, l’armée n'ayant de munitions que pour un jour, la famine inévitable, tout cela avait engagé Charles-Albert à entrer en pourparlers avec Radetzki, ne fût-ce que pour éviter à la ville le pillage et le massacre; car, ajouta le général Olivieri, toute résistance serait superflue.» (César Vimercati, Histoire de l'Italie en 1848-49, 1859 - books.google.fr).

 

Le 5 août, la capitulation est signée. Le 6 août, les Autrichiens rentrent dans Milan par la Porta Romana. Le 9 août, la trêve est ratifiée avec la signature, à Vigevano, de l'armistice Salasco (du nom du général Carlo Canera di Salasco). L'Empire d'Autriche retrouve ses frontières fixées en 1815 par le congrès de Vienne, toutes les villes libérées retournent aux mains des Autrichiens à l’exception de Venise qui se prépare à subir un long siège. La ville de Venise, après une longue résistance, épuisée par le siège autrichien, par la faim et une épidémie de choléra, doit se rendre, signant la trêve le 23 août 1849 (fr.wikipedia.org - Première guerre d'indépendance italienne).

 

Dans la nuit du 5 au 6 aoĂ»t, Charles-Albert quitta Milan. Douze heures après, les troupes impĂ©riales entrèrent par la Porte-Romaine et prirent possession de la capitale de la Lombardie. La longue route qui conduit de la Porte-Vercelline Ă  TrĂ©cate, sur vingt-cinq milles d’étendue, Ă©tait littĂ©ralement encombrĂ©e par le peuple. Des hommes, des femmes, des enfants, tous les sexes, tous les âges, toutes les conditions Ă©taient reprĂ©sentĂ©es dans cette Ă©migration volontaire. La plupart de ces malheureux se traĂ®naient Ă  pied sous un brĂ»lant soleil d'Ă©tĂ©, ne sachant pas s'ils auraient de quoi vivre le lendemain. Au milieu de ces Ă©migrants, on voyait des soldats piĂ©montais Ă©puisĂ©s par de longues courses, marchant, les pieds nus et ensanglantĂ©s, au milieu de la foule; ils fraternisaient avec les Ă©migrĂ©s et partageaient leurs douleurs et leurs peines. TantĂ´t ils soutenaient des femmes, tantĂ´t ils portaient sur leurs bras des pauvres enfants qui pleuraient de la fatigue, de la chaleur et de la faim. Oh ! pourquoi ne furent-ils pas spectateurs de cette triste fuite ceux qui, les yeux secs, ont pu voir retomber la patrie sous le joug Ă©tranger ? Quels sanglants reproches les femmes des paysans faisaient Ă  leur indiffĂ©rence en venant pleurer avec les malheureux proscrits, heureuses de pouvoir leur offrir quelque nourriture et de les accompagner de souhaits, de bĂ©nĂ©dictions et de tristes adieux (CĂ©sar Vimercati, Histoire de l'Italie en 1848-49, 1859 - books.google.fr).

 

1849

 

Le 12 mars 1849, le gouvernement sarde rompt unilatéralement l'armistice signé avec les Autrichiens après la défaite de Custoza (1848) (fr.wikipedia.org - Bataille de Novare (1849)).

 

Le 20 mars, toute l'aile gauche piémontaise, au nombre de 20,000 hommes et commandée par le roi, passa le Tessin, entre Buffalora et Magenta, sur la route de Milan. Les Piémontais ne rencontrèrent aucune résistance ; l'aile droite des Autrichiens avait évacué Magenta et s'était repliée vers Milan. Du 16 au 20, Radetzki avait fait concentrer secrètement le gros de ses forces du côté de Pavie, en sorte que, quand on croyait encore son centre appuyé sur Lodi, il traversait le Tessin en face de Mortara, et marchait droit sur Turin. Ces calculs avaient été si bien pris qu'il trouva libre toute la ligne comprise entre Vigevano et Pavie (Cesare Vimercati, Histoire de l'Italie en 1848-49, 1854 - books.google.fr).

 

Le 21 mars, les Autrichiens remportent la bataille de Mortara. L'armée sarde se retire vers Novare, restant ainsi séparée du gros des troupes, qui se trouve à Alexandrie. Radetzky, surpris par la retraite sur Novare, attaque Verceil avec son armée pendant que le IIe corps d'armée de Constantin d'Aspre (une des deux divisions est commandée par le jeune Archiduc Albert) attaque Novare et est repoussé. Cela donne à Wojciech Chrzanowski l'opportunité de contre-attaquer pour anéantir d'Aspre, mais Chrzanowski manque le moment décisif et ordonne le repli. Le 23 mars Radetzky, comprenant l'erreur, attaque Novare avec la totalité de ses forces et rompt les lignes de l'armée sarde. Charles-Albert abdique dans la nuit en faveur de son fils Victor-Emmanuel II (fr.wikipedia.org - Bataille de Novare (1849)).

 

Manin accueillit avec joie la nouvelle que le PiĂ©mont tirait l'Ă©pĂ©e de nouveau, et ne nĂ©gligea rien pour faire accourir Ă  son aide ceux qui Ă©talaient inutilement leur courage dans les rues. Pepe proposait que l'on divisât l'armĂ©e sarde en deux corps, et, tandis que l'un, d’Alexandrie, protĂ©geait la frontière, que l'autre se dirigeât sur Padoue et se rĂ©unit aux forces de Venise ; en effet, il prit ses mesures pour opĂ©rer la jonction Ă  Rovigo, et tomber sur le flanc des Autrichiens; mais on apprit au mĂŞme instant le mouvement des troupes et leur dĂ©faite. Haynau, dĂ©gouttant encore du sang des citoyens de Brescia, accourut sommer Venise de cesser une rĂ©sistance dĂ©sormais inutile, puisque tout espoir Ă©tait perdu; mais l'assemblĂ©e publia ce dĂ©cret : «Venise rĂ©sistera Ă  tout prix ; Manin est investi de pouvoirs illimitĂ©s.» Ce dĂ©cret fut imprimĂ© sur des mĂ©dailles, et Venise, en effet, montra l’hĂ©roĂŻsme des derniers jours, comme Milan avait montrĂ© celui des premiers. Radetzky, vainqueur du PiĂ©mont, vint exprès Ă  Mestre «pour vous exhorter une dernière fois, avec l'olivier dans une main si vous Ă©coutez la voix de la raison, avec l'Ă©pĂ©e dans l'autre pour vous infliger la guerre jusqu'Ă  l'extermination si vous persistez dans votre rĂ©bellion» (Cesare CantĂą, Histoire des Italiens, Tomes 11-12, traduit par Armand Lacombe, 1861 - books.google.fr).

 

Acrostiche  : LD FC (LD fecit), dans l'esprit du quatrain IV, 93 - Le Salon de 1847

 

Le Maître L. D. ou Léon Davent est un artiste de la première École de Fontainebleau. Il a été l'interprète principal des compositions de Primatice, mais il a aussi gravé d'après Rosso Fiorentino, Léonard Thiry, Luca Penni, Jules Romain, Le Parmesan et Raphaël. Il a donné quelques burins, mais son œuvre se compose en majorité d'eaux-fortes. Il a été établi qu'il ne devait pas être confondu avec Léonard Thiry (1500?-1550), artiste flamand qui travailla également à Fontainebleau, et que son nom était bien Léon Daven ou Davent; son origine, en revanche, demeure mystérieuse. Il travaille à Fontainebleau jusqu'en 1547 environ et fait partie des aquafortistes qui produisent de nombreuses estampes reproduisant les décors du château. Il grave aussi d'après l'Antique. Par la suite, il travaille surtout d'après Luca Penni et Léonard Thiry. Il est probable qu'il se soit installé à Paris à la fin des années 1540. Il a aussi été suggéré qu'il aurait alors voyagé dans l'est de la France, peut-être en compagnie de Luca Penni (S. Boorsch). En 1555, il habite rue Saint-Jacques à Paris et il grave pour Nicolas de Nicolay, géographe du roi, et d'après ses dessins, les planches devant illustrer Les quatre premiers livres des Navigations et pérégrinations orientales de N. de Nicolay publiés à Lyon chez Guillaume Rouille en 1567 ou 1568. On perd ensuite sa trace. Bartsch lui attribuait 69 estampes, Passavant 120 et Herbet 221 (catalogue.bnf.fr).

 

Vasari parait avoir ignoré l'existence de treize tableaux du Rosso, dont les sujets représentent les principales actions de la vie de François Ier. L'abbé Claude-Pierre Guguet les a décrits dans son Mémoire sur le Collège royal de France. Le plus remarquable d'entre eux est l'Ignorance chassée par le roi. On lit dans la Description de Fontainebleau par l'abbé Guilbert (1731) : «Ce peintre célèbre (le Rosso) et son camarade (le Primaticcio), dans les treize tableaux dont on parle, voulurent, par des allégories représenter les principales actions de la vie du monarque leur bienfaiteur, telles que son goût et son amour pour les arts et les sciences, sa piété, son courage, a son discernement, ses amours, ses victoires, et même ses malheurs. Dans celui qui a donné lieu à cette observation, et que j'appelle le Bannissement de l'Ignorance, on voit ce monarque armé de cuirasse et de laurier, tenant un livre sous son bras et une épée nue de la main droite; il entre dans le temple de Jupiter, regardant fixement les yeux étincelants de cette divinité. Plusieurs figures d'âge et de sexe différents indiquent l’Ignorance et la suivent. Celle-ci marche les yeux bandés; un des personnages de sa suite, un bâton à la main, se laisse conduire par un autre; mais une clarté semblable à la foudre part tout à coup du temple, met en désordre et renverse ce nombreux cortège. Ce tableau, qui annonce clairement le zèle de François Ier pour le rétablissement des lettres en France, a été gravé par trois auteurs différents. La première gravure est de Léon Daven, la seconde de Domenico Zenoi, Vénitien, et la troisième de René Boivin, qui vivait sous Charles IX.» (Giorgio Vasari, Vies des peintres, sculpteurs et architectes, Tome 5, traduit par Philippe-Auguste Jeanron, Léopold Leclanché, 1839 - books.google.fr).

 

L'auteur de la Renaissance Giorgio Vasari a utilisé le terme «Renaissance» dans sa vie des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes en 1550, mais le concept ne s'est répandu qu'au XIXe siècle, après les travaux d'érudits tels que Jules Michelet et Jacob Burckhardt (stringfixer.com).

 

L’art antique tient une place majeure durant la Renaissance italienne. Source d’inspiration par de nombreux textes classiques redécouverts, l’Antiquité engendre de nouveaux courants philosophiques et transmets aux artistes, par pléthore de vestiges, des motifs originaux et une grammaire architecturale encore employée de nos jours. Cette diffusion des textes antiques conduit les artistes à réaliser des œuvres à partir d’ekphrasis, initialement des exercices rhétoriques très en vogue dans l’Antiquité tardive consistant à mettre à l’épreuve les ressources du discours pour suggérer des images, c’est-à-dire peindre avec des mots. Au XVe siècle, il s’agit d’une description d’œuvre qui est devenue un terrain d’application privilégié. Botticelli recrée, de cette manière, le tableau du peintre grec Apelle de Cos intitulé La calomnie d’Apelle en se fondant sur la description ekphrastique du De Pictura d’Alberti, elle-même empruntée à la version grecque de Lucien de Samostate (artvsarcheologie.wordpress.com).

 

L’art occidental reste jusqu’au milieu du XIXe siècle sous l’influence de l’antiquité greco-romaine considérée comme la perfection qu’il faut essayer d’égaler (lewebpedagogique.com).

 

Ă€ partir de 1840, la Renaissance commence Ă  ĂŞtre un sujet d'Ă©tude Ă  la mode mais le titre de l'ouvrage de Callet peut intriguer : Notice historique sur la vie artistique et les ouvrages de quelques architectes français du XVIe siècle. Antoine-Laurent-Thomas Vaudoyer Ă©crit dans le Magasin pittoresque Ă  partir de 1840 des articles sur la Renaissance française. La Revue gĂ©nĂ©rale de l'architecture accorde une plus grande place Ă  des articles sur l'architecture française de la Renaissance. En 1842, François de Guilhermy y publie une monographie en trois volets sur le château d'Anet. Pourquoi insister sur les architectes français ? Les architectes dĂ©crits sont d'ailleurs pour la plupart connus du grand public : Bullant, Delorme, Goujon, Lescot, Jacques Androuet du Cerceau, Primatice et Serlio. Seuls deux architectes sont plus inattendus : DupĂ©rac et Jean-Baptiste Androuet du Cerceau. Dans son ouvrage, Callet introduit Primatice et Serlio, artistes italiens. Leur activitĂ© Ă  Fontainebleau justifie leur prĂ©sence dans la Notice. Comment cette introduction des artistes italiens est-elle perçue par les lecteurs ? Ce n'est pas la première fois que ces deux noms apparaissent, puisqu'ils sont dĂ©jĂ  prĂ©sents en 1802 dans le dictionnaire de Quatremère de Quincy. Dans la notice qui lui est consacrĂ©e, Callet insiste sur la double formation de Primatice : l'Italien s'intĂ©ressait Ă  ces deux arts, qu'il Ă©tudia simultanĂ©ment. Il fut appelĂ© par François Ier, parce qu'il pouvait ainsi introduire le «bon goĂ»t» en France. Callet dĂ©signe Primatice comme artiste et architecte : loin de sĂ©parer les arts et d'Ă©tablir un classement, il introduit ici la notion d'artiste complet (Sybille Bellamy-Brown, La Renaissance au service du XIXe siècle. Ă€ propos de l'ouvrage de Charles-François Callet, Notice historique sur la vie artistique et les ouvrages de quelques architectes français du XVIe siècle (1842). In: Livraisons d'histoire de l'architecture, n°9, 1er semestre 2005 - www.persee.fr).

 

Les premiers portraits et scènes de genre de Puvis de Chavanne (1824 - 1898), installé Place Pigalle en 1852, denses, sombres, mouvementés, se souviennent manifestement des grands artistes de la Renaissance italienne, Raphaël, Véronèse ou Tintoret, que Couture et Delacroix admirèrent eux aussi (Olivier Bonfait, D'Ingres à Degas : les artistes français à Rome, 2003 - books.google.fr).

 

Alexandre-Gabriel Decamps (Paris, 1803 - Fontainebleau, 1860), produit Histoire de Samson en plusieurs épisodes comportant neuf dessins au fusain rehaussés de lavis, d'aquarelle et de pastel, l'ensemble formant un tout «homogène dans sa variété», de l'avis même de l'auteur (Lettre au Dr Véron). Le personnage de Samson, décrit sous l'aspect d'un jeune homme simple démarqué de l'Hercule de la mythologie, est accueilli avec intérêt par le public. Exposés au Salon de 1845, ces superbes dessins comparés à une «longue frise» (Charles Blanc) sont salués avec enthousiasme par Baudelaire. Cependant, il connaît une certaine incompréhension au Salon de 1846, où plusieurs tableaux lui sont refusés (fr.wikipedia.org - Allexandre-Gabriel Decamps).

 

Le neuvième tableau est d'une rare magnificence. Plusieurs figures de femme ont une tournure et une expression qu'on trouve seulement dans les Ă©coles de la Renaissance italienne. La couleur des groupes est riche et abondante ; mais la lumière qui frappe l'architecture en prĂ©cise un peu trop maigrement les lignes. La pierre est d'un ton moins sec dans les dessins prĂ©cĂ©dents. C'est le seul reproche qu'on puisse adresser Ă  cette composition grandiose et compliquĂ©e (ThĂ©ophile ThorĂ©, Le salon de 1845 : prĂ©cĂ©dĂ© d'une lettre a BĂ©ranger, 1845 - books.google.fr).

 

Dans «Les Phares», au seuil des Fleurs du Mal, Baudelaire invoque les gĂ©nies tutĂ©laires qui peuplent son musĂ©e imaginaire et dont les Ĺ“uvres hantent son univers mental et poĂ©tique. Il demande Ă  ses modèles de le guider vers un nouveau Romantisme, moderne et contemporain. Le poème se compose de 11 quatrains. Poème vertical en quelque sorte… qui n’est pas sans rappeler la forme mĂŞme du phare. Huit quatrains qui ressemblent Ă  des petits portraits d’artistes. Chaque quatrain fait des allusions plus ou moins explicites Ă  l’univers du peintre. Des tableaux imaginaires dans lesquels Baudelaire met en lien paysages, couleurs et sensations et donne ainsi l’essentiel de l’atmosphère de l’artiste : Rubens, c’est “la sensualitĂ© triomphante” ; Vinci, “le mystère souriant” ; une douceur exempte de tristesse ; Rembrandt, “la misère pitoyable” ; Michel-Ange, “la force exaltĂ©e” ; Puget, “l’effort douloureux” ; Watteau, “l’ivresse du plaisir” ; Goya, “l’horreur cruelle” ; Delacroix, “l’inquiĂ©tude tragique” ; Rubens, Watteau exprimeraient, chacun Ă  sa manière, la joie de vivre.  Et trois quatrains, sorte de conclusion de ce “musĂ©e imaginaire” proposĂ© par Baudelaire, qui expriment la fonction de l’artiste. Dans le Salon de 1846 dans l’article consacrĂ© au peintre et que Baudelaire a commentĂ© lui-mĂŞme succinctement, il insiste sur la synesthĂ©sie que produit la correspondance entre couleur et son «idĂ©es de musique romantique que rĂ©veillent les harmonies de sa couleur». Ou encore : impression quasi musicale que l’on emporte de ses tableaux (philofrancais.fr).

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