Alphonse XII IV, 99 1851 L'ainé vaillant de la fille du Roy Repoussera si profond les Celtiques, Qu'il mettra foudres combien en tel arroy, Peu & loin, puis profond és Hesperiques. Hespériques : Espagne Le nom d'Hespérie désigna d'abord tous les pays du couchant. En Europe il passa promptement de l'Italie à l'Espagne. L'Hespérie d'Afrique, elle aussi, changea de place :
Jadis c'était la grande oasis où se perdit l'armée de Cambyse; plus tard nous la retrouvons an midi de la Cyrénaïque. Le périple d'Hannon la reporte sur les bords de l'Océan,
près du fleuve Lixus, dans ce pays où Hercule alla cueillir les pommes d'or. Lorsque enfin le Samien Colæos, sans se laisser effrayer par les contes d'Hésiode sur les Gorgones,
sans craindre la rivalité des Phéniciens, franchit les colonnes d'Hercule, et prend possession de l'Atlantique au nom de ses compatriotes, l'Hespérie recule une dernière fois :
elle quitte le continent et se refugie dans les iles (Paul Gaffarel, Étude sur les rapports de l'Amérique et de l'ancien continent avant Christophe Colomb, 1869
- books.google.fr). Et au-delà les Amériques ou l'Occident tout entier : cf. quatrain IV, 50. "aîné de la fille du Roy" Isabelle II (ou Isabel II en espagnol), née le 10 octobre 1830 à Madrid et morte le 9 avril 1904 à Paris, est reine d’Espagne de 1833 à 1868. Son règne peut se découper en quatre parties : la guerre carliste de 1833 à 1839, le temps des régences de 1835 à 1843, la décennie modérée de 1843 à 1854 et la dernière phase de 1854 à 1868. Fille aînée du roi Ferdinand VII, elle devient son héritière grâce à l'abolition de la loi salique par ce dernier avec la signature de la Pragmatique Sanction.
À la mort du roi en 1833, certains refusèrent de reconnaître la jeune souveraine et, en application de la loi salique, désignèrent l'oncle d'Isabelle, l'infant Charles,
comme roi sous le nom de Charles V. En raison du jeune âge de la nouvelle reine, la régence fut exercée par sa mère Marie-Christine. Cette dernière est marquée par la
crise de succession et la guerre civile qui suit la mort de Ferdinand VII (fr.wikipedia.org - Isabelle II). Pour les guerres carlistes : cf. quatrain IV, 94. Le 20 décembre 1851, la reine Isabelle avait une fille. Le 2 février 1852, comme elle allait faire ses relevailles, elle était frappée d'un coup de couteau par un prétre carliste, nommé Martin Merino. Cet attentat fut le prétexte de nouvelles mesures réactionnaires. Les Cortès, coupables de s'être donné un président libéral, furent dissoutes. La reine Isabelle a eu cinq enfants : l'infante Marie Isabelle Françoise-de-Assis Christine Françoise-de-Paule Dominga, née le 20 décembre 1851; Alphonse XII, roi
d'Espagne, né le 28 novembre 1857; l'infante Maria-del-Pilar etc., née le 4 juin 1861; l'infante Maria-de-la-Paz Jeanne Amélie etc., née le 23 juin 1862; et l'infante
Marie Eulalie, née le 12 février 1864 (Adolphe Louis Émile Bitard, Dictionnaire de biographie contemporaine françaises et étrangère, 1880
- books.google.fr). Alphonse XII est le fils aîné d'Isabelle, bien qu'il ait eu une soeur plus âgée (A. Paradan, Formation politique des états de l'Europe contemporaine, 1878
- books.google.fr). et un frère nĂ© après lui Francisco de AsĂs de BorbĂłn, qui ne vit que quelques heures en 1863 (fr.wikipedia.org - Isabelle II). "celtiques" On a pu voir au quatrain IV, 4 que "celtiques" peut dĂ©signer les maladies vĂ©nĂ©riennes comme en Italie, en particulier la vĂ©role. On Ă©crit de Madrid : Un fait très Ă©mouvant s'est produit Ă Madrid ces jours derniers, Ă la Puerta del Sol. Le saint Viatique sortait d'une maison situĂ©e Ă cĂ´tĂ© du cafĂ© du Levant,
lorsque vint à passer, en voiture, la reine avec ses deux filles. Aussitôt qu'elle vit le Viatique, Sa Majesté ordonna d'arrêter, descendit et fit monter à sa place le prêtre.
Elle suivit ensuite la voiture à pied entre ses deux enfants. Une foule immense, émue de cette scène de touchante humilité, fit cortège à la reine jusqu'à l'église du Carmen,
où Sa Majesté entra à la suite du prêtre et pria quelques instants. A sa sortie, elle fut acclamée par la multitude qui entourait sa voiture et ne voulait pas la laisser partir.
Au reste, par cet acte de piété, Sa Majesté n'a fait que suivre l'exemple de feu S. M. le roi Don Alphonse XII, qui ne manquait jamais de faire place dans sa voiture au
Roi des rois et de le suivre a pied, un cierge à la main, jusqu'à la demeure du moribond. Un jour un malheureux attaqué de la petite vérole se raidissait en vain contre
l'Ă©treinte convulsive de la mort. Le roi rencontre le saint Viatique Ă une petite distance de la maison : il descend avec la reine, fait monter le prĂŞtre dans l'Ă©quipage,
et se met, ainsi que la reine, à la tête du cortège des fidèles. Au seuil de la porte par où passe le saint Viatique, on veut arrêter le jeune monarque. La maladie est
contagieuse, mortelle. Il y va peut-être de la vie de Sa Majesté. Mais le roi se rit de ces timides; il montera et la reine retournera au Palais. La reine se refuse à se
séparer de son époux et l'accompagne, malgré sa résistance, jusqu'au lit de l'agonisant. Leurs Majestés se conformaient ainsi à une ancienne et belle habitude des rois
d'Espagne, imitée d'ailleurs par la plupart de leurs sujets (Eglise à Lyon, 1888). "Celtiques" : les libéraux espagnols et Carlistes La sanglante tyrannie de Ferdinand VII avait rejeté en France et en Angleterre les hommes les plus distingués du liberalisme espagnol (Théophile Lavallée, Frédéric Lock, Histoire des Français depuis le temps des Gaulois jusqu'à nos jours, Tome 5, 1884
- books.google.fr). La France et l'Angleterre ont Ă©tĂ© des pays celtiques. En janvier 1875, grâce au pronunciamiento du gĂ©nĂ©ral Arsenio MartĂnez Campos et aux travaux politiques d’Antonio Cánovas del Castillo et du parti alphonsin,
la monarchie fut rétablie et Alphonse XII (1875-1885), fils aîné de l’ex-reine Isabelle II, fut proclamé roi d’Espagne. Ainsi commença la période de la Restauration,
qui allait durer jusqu’au coup militaire du général Miguel Primo de Rivera en 1923. Les nouveaux gouvernants mirent tout en oeuvre pour atteindre deux objectifs. D’abord,
clôturer la dynamique démocratico-révolutionnaire entraînée par la révolution de Septembre 1868. La mobilisation populaire du Sexenio Démocratique, en aboutissant aux
insurrections républicaines et cantonalistes et au développement de l’internationalisme, dépassa largement les attentes de ceux qui déclenchèrent le mouvement de 1868.
La Restauration fut un régime d’ordre, au service de la bourgeoisie conservatrice. La deuxième entreprise des gouvernants de la Restauration consista à mettre fin au cycle
des conflits et des guerres civiles commencés en 1808-1814. La Deuxième guerre carliste prit fin au début de l’année 1876, et en 1878 fut signé le traité de paix de Zanjón,
point final de la première guerre de Cuba. De plus, la participation des militaires à la politique, une des caractéristiques de l’ère des pronunciamientos, fut interdite.
Quels furent les principaux piliers du régime de la Restauration ? La nouvelle Constitution de 1876; la Couronne; l’Armée; un jeu politique fondé sur son maintien à l’écart
de la foule, dont les trames caciquiles se portaient garant; la patrimonialisation de l’État et, finalement, un tour à tour des partis les plus respectables – le parti
conservateur de Cánovas del Castillo et le parti libéral de Sagasta. Le résultat fut une période de stabilité, quoique relative à certains moments, tout à fait exceptionnelle
dans l’Espagne du XIXe siècle. À la fin de la guerre carliste, des centaines de personnes prirent les chemins de l’exil, pour s’installer en France surtout, où ils se
retrouvèrent avec les exilés républicains et cantonalistes partis entre 1873 et 1875. Près de vingt-cinq mille Espagnols traversèrent la frontière des Pyrénées. La majorité
d’entre eux retournèrent en Espagne grâce aux indults offerts par le gouvernement Cánovas del Castillo – une grâce qui n’était pas une amnistie réelle. Don Carlos, de même
que le républicain Manuel Ruiz Zorrilla, firent de Paris leur quartier général, avec l’aide respective des légitimistes – le général Charette, Madame de La Ferronnays ou la
famille Lazerme – et des républicains français, parmi lesquels se distingua Léon Gambetta. Tout au long du règne d’Alphonse XII et au début de la régence de Marie Christine
d’Autriche (1885-1902), les carlistes conspirèrent, autant que les républicains de Ruiz Zorrilla, à partir de leur exil français. Les diplomates espagnols détachés au sud
de la France, n’hésitèrent pas à faire allusion aux conspirations carlo-républicaines, étant donné leurs propres difficultés pour discerner le caractère politique
spécifique de chaque mouvement. Il s’agit, aussi bien pour les carlistes que pour la plupart des républicains, de tentatives assez limitées et vouées à l’échec. Entre
le début de la Restauration et l’année 1886, les républicains, avec à leur tête Ruiz Zorrilla, utilisèrent la formule classique du pronunciamiento, avec la présence
de militaires de grade moyen mécontents, mais sans aucune participation populaire. Le pronunciamiento du brigadier Rafael Villacampa à Madrid en 1886, qui échoua comme
tous les précédents, fut le dernier de ce cycle insurrectionnel républicain (Jordi Canal, Une guerre civile longue et persistante. Libéralisme, anti-libéralisme et violence politique en Espagne au XIXe siècle. In: Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 114, n°2. 2002. La culture scientifique à Rome à la Renaissance
- www.persee.fr). Les Asturies partagent avec la Galice, leur voisine, un héritage celtique présent avant l'arrivée des Romains (Espagne du Nord Ouest, Lonely planet, 2019
- books.google.fr). Mouvement antilibéral et donc antibourgeois, le carlisme trouve en effet une vaste assise populaire dans les milieux ruraux du nord de l'Espagne jusqu'en 1875.
Et il puise dans ces milieux les ressources nécessaires à l'entretien du contexte de guerre civile chronique qui caractérise l'ensemble de la période écoulée
de 1821 à 1876 (Guy Hermet, Aux sources de l'autoritarisme espagnol, Droit, institutions et systèmes politiques, 1988
- books.google.fr). En Galice, Asturies, Provinces basques, régions de carlisme comme la Navarre, le catholicisme traditionnel, pur et dur, est bien enraciné. En Castille et Léon
où l'alphabétisation est répandue, il est moins routinier (Nouvelles pages d'histoire sur le protestantisme en Béarn, dix ans de C.E.P.B. 1987-1996, Volume 2, 1998
- books.google.fr). Il y avait des bandes carlistes en Galice en 1873 (Journal officiel de la République Française, 1873
- books.google.fr). Si les principales régions carlistes étaient le Pays Basque et la Catalogne, en 1875, il y avait des prisonniers de guerre carlistes galiciens et asturiens (Arthur Maximilien Timoléon de Lort-Sérignan, Don Carlos VII et l'Espagne carliste, histoire politique et militaire de la guerre Carliste de 1872 à 1876, Tome 2, 1876
- books.google.fr). "arroy" "arroy" : ordre, arrangement, disposition (Dictionnaire historique de la langue française, Tome 3, 1888
- books.google.fr). Les puissances étrangères reconnurent immédiatement Alphonse XII. La Restauration, symbole du retour à l'ordre, présentait pour eux les meilleures garanties de
coexistence, d'entente, voire d'alliances avantageuses (Nelly Clémessy, Espagne de la Restauration : 1874-1902, 1973
- books.google.fr). "foudre" À peine roi, Alphonse XII reçut le baptême du feu. Il partit pour les provinces du Nord : Il fallait battre les Carlistes. Dès qu'il fut sur le théâtre de la guerre,
il prouva que sous le roi il y avait un soldat. Nul ne fut si familier ni si vaillant camarade. Il fallait le voir dans sa jeunesse altière, escorté de ses hussards, crâne
comme le plus crâne ; un de ses aides de camp fut atteint sans le faire pâlir. Au plus fort de la bataille, les généraux le supplièrent de s'abriter ou de se retirer sur
Tafalla. «Jamais ! s'écrie Alphonse. On n'abandonne pas ses compagnons, on meurt avec eux.» La mêlée fut héroïque, car on était brave des deux côtés. C'en était fait des
Carlistes, mais il avait fallu que le roi entrât dans la bataille pour qu'on criât «victoire». Aussi quand Alphonse visita dans sa retraite Espartero, le marquis de Molins
déclara que le jeune roi était deux fois digne de serrer la main du duc de la Victoire, comme roi et comme soldat : «Sire, vous avez droit aux insignes de l'ordre militaire
de Saint-Ferdinand.» (Arsène Houssaye, Les Confessions: Souvenirs d'un demi-siècle 1830-1880, Tome VI, 1891
- books.google.fr). Acrostiche : LR QP, Heller Kup(fer) Haller ou Heller, le pfennig de Hall, dépasse le cadre strict de Schwäbisch Hall après l'arrêt de la politique monétaire de la dynastie staufienne car le mot heller est devenu synonyme
de sou, de pièce de moindre valeur. Il est adopté dans d'autres langues avec d'éventuelles variantes orthographiques pour désigner une pièce de cuivre.
La dégradation lente du heller impérial en heller, sou de peu de valeur, se retrouve dans les usages linguistiques en littérature et dans les chansons populaires comme
la célèbre chanson «Ein Heller und ein Batzen» (un sou et un écu). Martin Luther utilise également le terme «heller» pour sa traduction allemande de la Bible pour rendre
le mot "kodrantes" dans Mt 5,26 ou Mc 12,42 qui peut être traduit en français par «quadrant» ou «quart de sou» (fr.wikipedia.org - Haller (monnaie)). MM. Eschger, Mesdach et Cie se sont occupés aussi avec succès de la fabrication des monnaies pour les gouvernements étrangers. Ils ont entrepris la transformation
des anciennes monnaies de cuivre en monnaies de bronze et ont fourni de ces monnaies pour 20 millions Ă l'Italie et pour 65 millions Ă l'Espagne. Ils ont fourni Ă©galement
des monnaies de nickel et d'argent au Brésil et à la Serbie. Les usines de Biache Saint-Vaast (62, France) se sont successivement et considérablement agrandies; elles se sont tenues
à la tête de tous les progrès métallurgiques (Bulletin de l'association des ingénieurs sprtis de l'école de Liège, 1882
- books.google.fr,
Revue belge de numismatique, Volume 34, 1878
- books.google.fr). Une des spécialités des usines de Biache est la fabrication des monnaies de cuivre, de bronze et de nickel, pour les gouvernements étrangers.
Elles ont fabriqué et fourni, depuis dix ans, à l'Espagne six millions cinq cent cinquante mille kilogrammes de monnaies de bronze à l'effigie de S. M. la
reine Isabelle II et à l'effigie de l'Espagne, soit pour une valeur nominale de soixante-cinq millions cinq cent cinquante mille francs. Elles exécutent,
en ce moment, un nouveau contrat devant s'élever au minimuin à 2,500,000 kilogrammes, soit pour une valeur nominale de vingt-cinq millions de francs, à l’effigie
de S. M. le roi Alphonse XII (Julien François Turgan, Les grandes usines, études industrielles en France et a l'étranger, Volume 12, 1879
- books.google.fr). |