Assassinat de César et mort de Napoléon Ier

Assassinat de César et mort de Napoléon Ier

 

IV, 55

 

1818-1819

 

Quand la Corneille sur tour de brique jointe,

Durant sept. heures ne fera que crier,

Mort presagée & de sang statuë tainte,

Tyran meurtry, aux Dieux peuple prier.

 

Un Ă©pisode du siĂšge de Marseille : corbeau et tour de brique

 

Les Marseillais ne souhaitent pas prendre parti. Ils se rendent compte que le peuple romain est divisé entre les partis. Les Marseillais respectent la légitimité du pouvoir de Pompée, le camp des Grecs a une préférence pour Pompée. Pompée incarne pouvoir légitime. Cité maritime, Massalia doit sa richesse récente au fait que Pompée a éliminé tous les pirates en Méditerranée, ses habitants ont une admiration particuliÚre pour le plus grand amiral de son époque.

 

La position de neutralitĂ© dĂ©clarĂ©e par les Marseillais agace Jules CĂ©sar qui est impatient d’aller en Espagne en dĂ©coudre avec les PompĂ©iens. Jules CĂ©sar livre bataille sur les plans terrestres et maritimes pour prendre le contrĂŽle de Marseille. Puissance navale dĂ©fendue par d’épais remparts, Massalia oppose une rĂ©sistance exceptionnelle avant de tomber (www.provence7.com).

 

Mais dĂ©jĂ  les accidens du siĂšge commençaient Ă  changer de face. Les Romains, Ă  couvert dans leur citadelle, se trouvĂšrent en Ă©tat de protĂ©ger les grands travaux de la terrasse, et ils dominaient pleinement sur la tour de la ville qui les Ă©crasait auparavant. Ce dernier avantage procura encore aux assiĂ©geans les moyens de protĂ©ger la construction d'une galerie pour l'approche du bĂ©lier. CĂ©sar l'appelle musculus, et lui donne soixante pieds de longueur. Elle Ă©tait composĂ©e de deux piĂšces de bois, avec des montans et un toit recouvert de briques maçonnĂ©es. Par-dessus on mit encore des cuirs pour empĂȘcher l'eau de tremper le mortier; le tout fut garanti par des matelassons. Cet ouvrage fini sous la protection de la tour, et Ă  la faveur des mantelets, on le roula sur de grands cylindres dont les anciens faisaient usage pour tirer leurs vaisseaux Ă  terre ou pour les lancer Ă  l'eau. Le trajet que cette lourde masse avait Ă  faire pour arriver Ă  la tour de la ville qui Ă©tait opposĂ©e, ne se trouva pus grand, vu sa longueur de soixante pieds. On couvrit d'ailleurs soigneusement les manƓuvres, et l'on parvint ainsi Ă  Ă©tablir une communication couverte depuis la tour de briques jusqu'au mur des assiĂ©gĂ©s. [...]

 

Le trajet que cette lourde masse avait Ă  faire pour arriver Ă  la tour de la ville qui Ă©tait opposĂ©e, ne se trouva pas grand, vu sa longueur de soixante pieds. On couvrit d'ailleurs soigneusement les manƓuvres, et l'on parvint ainsi Ă  Ă©tablir une communication couverte depuis la lourde briques jusqu'au mur des assiĂ©gĂ©s. La soudaine apparition de cette machine effraya les Massiliens. [...]

 

Tant d'efforts inutiles de la part des assiégés devaient épuiser à la longue leurs moyens de défense, et donner aux assiégeans toute la sécurité possible, pour fracasser le mur. Les Romains employÚrent de gros béliers pointus connus sous le nom de tariÚre, et l'on arrache les grandes pierres avec le corbeau démolisseur (François Charles Liskenne, BibliothÚque historique et militaire: dédiée à l'armée et à la garde nationale de France, Tome 2, 1840 - books.google.fr).

 

Sous le nom de "Corvus", les tacticiens romains dĂ©signent plusieurs machines de guerre consistant essentiellement en une poutre garnie Ă  l'une de ses extrĂ©mitĂ©s d'une armature en fer, pointue et recourbĂ©e comme le bec d'un corbeau, et servant Ă  retenir ou arracher, comme un grapin. DĂ©jĂ  les Grecs avaient fait usage de semblables engins (DELPHIS). Le plus cĂ©lĂšbre corvus est celui qu'inventa Duillius dans la premiĂšre guerre punique, pour obvier aux rapides Ă©volutions des quinquĂ©rĂšmes carthaginoises et changer le combat naval proprement dit, auquel les Romains Ă©taient peu propres encore, en un combat Ă  l'abordage oĂč ils pouvaient dĂ©ployer leurs qualitĂ©s militaires et leur courage individuel. [...] Le corvus demolitor est mentionnĂ© Ă©galement par Vitruve. On lui donnait aussi le nom de grus. Mais cet auteur ne le dĂ©crit point (Charles Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquitĂ©s grecques et romaines: d'aprĂšs les textes et les monuments, Tome 1, 1873 - books.google.fr).

 

Decimus Junius Brutus Albinus Ă©tait lĂ©gat de CĂ©sar en Gaule. Au siĂšge de Marseille, il commandait la flotte qui bloquait la citĂ©. Il fut l'un des conjurĂ©s qui assassinĂšrent CĂ©sar en -44. Assassinat organisĂ© par son cousin Marcus Junius Brutus, considĂ©rĂ© par CĂ©sar comme s'il avait Ă©tĂ© son fils : "tu quoque mi filii" (Dominique Buisset, Marseille, de PhocĂ©e Ă  CĂ©sar, 1999 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Decimus Junius Brutus Albinus).

 

"sept heures" : rĂȘve et sommeil

 

A la question quamdiu ? pendant combien de temps ? le nom de la durée se met à l'accusatif.

 

Augustus non amplius quam septem horas dormiebat (Suétone), Auguste ne dormait pas plus de sept heures (J. Janssens, Grammaire latine, 1874 - books.google.fr).

 

A la veille de sa mort CĂ©sar se voit en rĂȘve enlevĂ© au - dessus des nuages et tenir la main de Jupiter (Pierre Grenade, Essai sur les origines du principat, investiture et renouvellement des pouvoirs impĂ©riaux, 1961 - www.google.fr/books/edition).

 

CicĂ©ron, avant l'assassinat de CĂ©sar, vit Octave, qu'il ne connaissait point, dĂ©corĂ© des insignes impĂ©riaux, et c'est parce qu'il obĂ©it au rĂȘve qu'il eut la veille de Philippes, et oĂč il vit les troupes de Brutus s'emparer du camp et de la tente oĂč la maladie le retenait , qu'Auguste , se faisant transporter ailleurs, Ă©vita de tomber aux mains de ses ennemis, Telle Ă©tant l'importance et la valeur qu'on attachait au contenu du rĂȘve, il se comprend qu'on ne se soit pas contentĂ© d'en accueillir passivement les leçons ; on s'efforçait d'en influencer le cours, de provoquer l'apparition d'images de bon augure (Richard Kreglinger, Études sur l'origine et le dĂ©veloppement de la vie religieuse. 1. Les primitifs, l'Égypte, l'Inde, la Perse, 1919 - www.google.fr/books/edition).

 

La veuve de CĂ©sar, tout Ă  sa douleur, rĂ©pond Ă  Antoine, entre deux sanglots : - Je lui avais pourtant dit, Ă  CĂ©sar, de ne pas aller au SĂ©nat aujourd'hui : j'avais fait un rĂȘve, dans la nuit, et je l'y avais vu tout dĂ©goulinant de sang (Roger Caratini, Auguste, Tome 1 : L'hĂ©ritier, 2001 - books.google.fr).

 

La statue ensanglantée

 

Il y a des auteurs qui rapportent que, se dĂ©fendant contre les autres, et trainant son corps de cĂŽtĂ© et d'autre, en poussant de grands cris, il n'eut pas plutĂŽt vu Brutus l'Ă©pĂ©e Ă  la main, qu'il se couvrit la tĂȘte du pan de sa robe, et s'abandonna Ă  ses ennemis, Ă©tant poussĂ© soit par le hasard, soit par les conjurĂ©s auprĂšs du piĂ©destal de la statue de PompĂ©e, qui en fut toute ensanglantĂ©e ; de sorte qu'il sembloit que PompĂ©e lui-mĂȘme prĂ©sidoit Ă  cette vengeance qu'on faisoit de son ennemi abattu Ă  ses pieds, et expirant sous le grand nombre de blessures qu'il avoit reçues. On dit qu'il fut percĂ© en vingt-trois endroits; et que plusieurs des conjures se blessĂšrent les uns les autres en portant tous Ă  la fois leurs coups sur un seul homme (Plutarchus, Les Vies des hommes illustres, traduit par AndrĂ© Dacier, Tome 9, 1811 - books.google.fr).

 

Acrostiche : QDMT

 

Le Tarif de Marseille est une stĂšle du IVe siĂšcle avant J.C. dĂ©couverte en 1845 lors des travaux d’amĂ©nagement de la nouvelle cathĂ©drale de la Major (Sainte Marie Majeure), dans le quartier de la Joliette, provient vraisemblablement de Carthage (Tunisie) oĂč elle devait ĂȘtre scellĂ©e dans le temple de Ba’al-‘aphone. Son inscription Ă©numĂšre, sur vingt et une lignes, les redevances versĂ©es aux prĂȘtres pour chaque type de sacrifice en fonction de la nature des offrandes prĂ©sentĂ©es Ă  la divinitĂ©. Trois types de sacrifices y sont distinguĂ©s : les kll et les ‘w’t, qui ne concernent exclusivement que le bĂ©tail, et les sacrifices slm kll, pour lesquels il est possible d’offrir divers types d’oiseaux ainsi que des offrandes de nourritures (prĂ©mices vĂ©gĂ©tales, graisse, huile, gruau, lait). On ignore ce qui distingue ce type de sacrifice des deux autres (musees.marseille.fr).

 

Dans le dĂ©cret de Marseille, j'ai restituĂ© et traduit ainsi : "pour un oiseau d'habitation ou de vol..." [...] Ma phrase est une abrĂ©viation de celle-ci : "pour un oiseau d'habitation ou pour un oiseau d'aile (de vol libre)". [...] L'hĂ©breu qui dĂ©signe primitivement aile, a aussi l'acception tantĂŽt d'oiseau en gĂ©nĂ©ral, tantĂŽt d'une espĂšce d'oiseaux; ainsi, on lit dans le DeutĂ©ronome, IV, 17 : "tout oiseau d'aile", comme nous aurions dans la phrase dĂ©veloppĂ©e de Marseille : "au sujet d'un oiseau d'aile"; et l'on trouve dans la GenĂšse, VII, 14," tout oiseau", "toute aile", ce qui indique, comme dans le texte de Marseille, deux espĂšces (Auguste-CĂ©lestin Judas, Sur un tarif de taxes pour les sacrifices en langue punique, trouvĂ© Ă  Carthage et analogue Ă  celui de Marseille, Tome 2, 1861 - books.google.fr).

 

Dans le Tarif de Marseille, on peut lire "M QDMT QDS" : ou premiers fruits (Richard S. Tomback, A Comparative Semitic Lexicon of the Phoenician and Punic Languages (1978), 2019 - www.google.fr/books/edition).

 

Qdmt, terme aramĂ©en : temps passĂ©, d'abord, auparavant (HĂ©lĂšne Lozachmeur, La collection Clermont-Ganneau: without specific title ; preface de Jean Leclant. v. 2. Planches, 2006 - books.google.fr).

 

Dans Daniel 6,11 (10) (la fosse aux lions) aramĂ©en : "comme il le faisait auparavant (qdmt)" (Jean Margain, Le livre de Daniel, commentaire philologique du texte aramĂ©en, Partie 1, 1994 - www.google.fr/books/edition).

 

Daniel est nourri dans la fosse par Habacuc portĂ© dans les airs par un ange : Ă©pisode rapprochĂ© de celui oĂč Elie est nourri par des corbeaux au mont Horeb (hĂ©breu "oreb" : corbeau)

 

OrĂšv, le «corbeau» : la racine est 'RV, et elle est d'une richesse extraordinaire. Le premier sens est le «soir», le «couchant», «lĂ  oĂč le soleil se couche», ce qui inclut aussi l'«assombrissement», l'«obscur». D'oĂč le mot orĂšv, le "corbeau" (Marc-Alain Ouaknin, Zeugma: mĂ©moire biblique et dĂ©luges contemporains, 2008 - books.google.fr).

 

Le prophĂšte Daniel est fĂȘtĂ© le 21 juillet comme saint Victor de Marseille (Pedro Ribadeneira, Les vies des saints et fetes de toute l'annĂ©e, Tome 7 : Juillet, 1857 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. X, 88 - Maximien Hercule - 2242.

 

A l'abbaye Saint Victor est conservé un couvercle présentant l'épisode de Daniel dans la fosse aux lions (GeneviÚve Drocourt, Saint-Victor de Marseille: art funéraire et priÚre des morts aux temps paléochrétiens (IVe-Ve siÚcles), 1989 - books.google.fr).

 

Les seuls oiseaux sacrifiés par les Hébreux sont des pigeons (colombes). Corbeau et colombe sont envoyés par Noé pendant le déluge.

 

Une famille romaine, dont un membre porta le surnom de Corvinus du fait de son combat contre un Gaulois, est impliquée dans les guerres puniques. Silius Italicus inventerait un descendant de Corvinus (bataille du lac TrasimÚne) (Silius Italicus, Guerres puniques, 1862 - www.google.fr/books/edition).

 

Au cours de la 2Ăšme Guerre Punique, Marseille protĂšge Rome de l’attaque carthaginoise. Le port de Marseille est dĂ©cisif dans l’action militaire qui consiste Ă  couper l’arrivĂ©e de ressources humaines, matĂ©rielles et financiĂšres par l’Espagne et les Gaules vers les armĂ©es d’Hannibal engagĂ©es en Italie (www.provence7.com).

 

ProblÚme : la stÚle a été découverte en 1845.

 

Typologie

 

Le cinquiÚme acte est à Waterloo, et la derniÚre scÚne du cinquiÚme acte à l'arrivée sur le roc de Sainte-HélÚne avec la vision prophétique des six années de tourments, de vexations basses et d'assassinats à coups d'épingles, exécutés par sir Hudson Lowe (Lettre, 1824) (Racine et Shakespeare: études sur le romantisme, Oeuvres complÚtes de Stendhal, 1854 - books.google.fr).

 

Aux souffrances morales qu'endurait l'Empereur, se joignirent bientĂŽt les souffrances physiques. Il fut atteint d'une hĂ©patite chronique (maladie du foie), affection mortelle Ă  Sainte-HĂ©lĂšne; mais le dĂ©pĂ©rissement de sa santĂ©, bien que visible, n'amena point de modification dans la conduite de son geĂŽlier. NapolĂ©on aimait Ă  s'entretenir avec son chirurgien, O'MĂ©ara, qui venait le voir presque tous les jours. Cette compagnie lui fut ĂŽtĂ©e par Hudson Lowe qui ordonna, en juillet 1818, au docteur de quitter Sainte-HĂ©lĂšne. De retour Ă  Londres, O'MĂ©ara dĂ©clara au ministĂšre anglais que l'air de Sainte-HĂ©lĂšne tuerait l'illustre prisonnier. On feignit de ne pas croire Ă  celte prĂ©diction dont on souhaitait en secret le prompt accomplissement. Le gĂ©nĂ©ral Gourgaud, forcĂ©, plus tard, par le dĂ©labrement de sa santĂ©, de quitter l’Empereur et de revenir en Europe, fit d'inutiles efforts pour attirer l'attention des souverains du continent sur NapolĂ©on mourant; il ne put rien obtenir. Les dĂ©lassements de NapolĂ©on, Ă  cette Ă©poque, consistaient en quelques essais de jardinage faiblement suivis, en visites Ă  une famille intĂ©ressante Ă©tablie dans l'ile, et en lectures sur lesquelles il exprimait un jugement rapide. Chacune de ses paroles Ă©tait recueillie par M. de Las-Cases, qui en formait son journal. Le projet d'Ă©crire l'histoire de ses campagnes l'avait sĂ©duit; il accomplit Ă  Sainte-HĂ©lĂšne la promesse qu'il en avait faite Ă  ses guerriers dans ses adieux Ă  Fontainebleau. Depuis un an, NapolĂ©on Ă©tait sans mĂ©decin; le gouverneur lui avait enlevĂ© le docteur Stolke, qui avait succĂ©dĂ© Ă  O’MĂ©ara. M. Antomarchi, nĂ© en Corse, el professeur d'anatomie Ă  Florence, lui fut envoyĂ© par le cardinal Fesch, avec deux ecclĂ©siastiques, MM. Buonavila et Vignali. Vers le milieu de 1819, la maladie avait pris un caractĂšre trĂšs-alarmant. Le docteur Antomarchi s'efforçait de dissimuler ses craintes; mais NapolĂ©on montrait un pressentiment assurĂ© de sa fin. Un jour le docteur lui conseillait d'aller respirer au grand air. «Non, lui dit-il, l'insulte m'a longtemps confinĂ© dans ces cabanes; aujourd'hui c'est le manque de forces qui m'y retient.» Puis aprĂšs un instant de silence, il reprit : «Franchement, docteur, dois-je mourir ? dois-je vivre ? qu'en pensez-vous ?» - Je pense que Votre MajestĂ© n'est pas au terme de sa carriĂšre.

 

DĂšs ce moment un dĂ©pĂ©rissement rapide s'opĂ©ra en lui, sans pourtant que ses facultĂ©s intellectuelles en fussent altĂ©rĂ©es, et l'on peut dire que ses derniers jours furent aussi beaux que ceux du temps de sa toute-puissance. Dans le courant de mars 1821, la maladie fit des progrĂšs que rien ne put arrĂȘter. Le 2 avril, un domestique annonça qu’on avait dĂ©couvert une comĂšte vers l'Orient. «Une comĂšte ! s'Ă©cria NapolĂ©on, ce fut le signe prĂ©curseur de la mort de CĂ©sar!» (Louis Pierre Anquetil, Histoire de France, Tome 5, 1861 - books.google.fr).

 

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