Conquête de l’Inde par l’Angleterre

Conquête de l’Inde par l’Angleterre

Le gouverneur Warren Hastings

 

IV, 51

 

1815-1816

 

Un duc cupide son ennemi ensuivre :

Dans entrera, empeschant sa phalange :

Astés à pied si pres viendront poursuivre,

Que la journée conflite pres de Gange.

 

"Gange"

 

Gange = Ganges (Hérault) (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Il y eu prise de contrôle de Ganges en 1561 par les protestants, et le duc de Montmorency-Damville deviendra gouverneur du Languedoc en 1563 (jusqu'en 1614) (Serge Brunet, Mars 1560 - mars 1562 : les guerres de religion commencent dans le Midi de la France, Jean Calvin: les visages multiples d'une réforme et de sa réception, 2009 - books.google.fr).

 

Damville était le second fils du connétable de Montmorency, qui lui, était d'une insatiable cupidité (Dictionnaire de la conversation et de la lecture inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, Tome 13, 1878 - books.google.fr).

 

On connaît aussi l'affaire de la marquise de Ganges assassinée par ses deux beaux-frères en 1667 (fr.wikipedia.org - Ganges).

 

C'est probablement le 4 mars 1703, à Ganges, que les rebelles huguenots prirent le nom de "camisards", en même temps que les chemises (camisos) que leur tendait généreusement une population entièrement gagnée à leur cause. Las ! Dès le surlendemain, ce beau linge était ensanglanté par la défaite de Roland devant le maréchal de Montrevel, à Pompignan (www.lemonde.fr).

 

Pompignan (Gard) est juste à quelques kilomètres à l'est de Ganges (Hérault).

 

Montrevel n'était pas duc, mais chef militaire (dux), et il sera remplacé en 1704 par Villars qui sera fait duc en 1705 après la fin de la guerre des Camisards.

 

La libération du Gard ne s'effectue pas partout facilement. Evitant la route nationale 113 que les villes de Nimes et d'Alès, plusieurs “Marschgruppen”, encore disciplinés et combatifs traversent le département, entre le 21 et le 28 août, suivant l'axe général Sommières-Moussac-Barjac et au-delà vers la vallée du Rhône. De violents affrontements ont lieu avec les F.F.I. notamment le 25 août à Saint-Hippolyte-du-Fort et à la Madeleine-Tornac (Pierre Mazier, Quand le Gard se libérait: un ancien du C.D.L. raconte..., 1992 - books.google.fr).

 

Le gros du «Marschgruppen» poursuit par Clermont-l'HĂ©rault, Gignac ; sa «tĂŞte» arrive, devant Ganges, dans la matinĂ©e du 24, se heurte Ă  des groupes de l'«Aigoual-CĂ©vennes», puis reflue vers Ferrières-les-Verrières, Ă  la limite du Gard et de l'HĂ©rault, oĂą le «Marschgruppen» cantonnera la nuit du 24 au 25 aoĂ»t. Le 25, au matin, il se prĂ©sente devant Saint-Hippolyte-du-Fort solidement tenu par l'«Aigoual-CĂ©vennes». Le combat commence au poste avancĂ© embusquĂ© sur la route de Pompignan et se poursuit, très dur, dans la ville (l'ennemi aura 38 tuĂ©s inhumĂ©s dans le cimetière communal) (AimĂ© Vielzeuf, La rĂ©sistance dans le Gard (1940-1944), 1979 - books.google.fr).

 

Autrement : "duc cupide" ou Bacchus/Dionysos

 

Tum Musarum dux Bacchus in suis mysteriis (C'est alors que Bacchus, le chef des Muses) écrit Pic de La Mirandole (De dignitate hominis) (Recherches de théologie ancienne et médiévale, Volumes 54 à 55, 1987 - books.google.fr).

 

"philakrètos", qualificatif de Bacchus chez Nonnos, traduit en "meri cupidus" par Henri Etienne ; autre qualificatif "phiuios basileus", "rex Bacchus evandi cupidus" selon Brunck (1729 - 1803) (Analecta) (Lexikon Hellenoromaikon: Nvnc Ex Variis Lingvae Graecae commentarijs thesauris & accessionibus, non tam uocum simplicium, quam allegationum auctario locupletatum, illustratum & emendatum, 1563 - books.google.fr, Jean François Gail, Recherches sur la nature du culte de Bacchus en Grèce, et sur l'origine de la diversitĂ© de ses rites, 1821 - books.google.fr).

 

Dionysos est fondamentalement un dieu du parcours, errant sans cesse en compagnie de ses Bacchants. Mais on lui prête aussi des expéditions très lointaines, centrées sur des objectifs précis, comme c'est le cas dans sa conquête de l'Inde. Un corpus plus riche que cohérent.

 

Il existe un corpus de textes bien constitué, en liaison avec l'expédition orientale d'Alexandre le Grand, qui permet une documentation entièrement renouvelée et met en place une structure chronologique tripartite avec trois épopées successives, dont chacune prépare la suivante -selon le motif bien connu pour la colonisation de la precedenza qui justifie la prise de possession du sol par les colons grecs du fait qu'Héraclès les a précédés dans cette voie -:

 

- celle du dieu Dionysos ;

 

- celle du héros Héraclès (datée de 15 générations après celle de Dionysos, d'après Arrien, Inde, 9, 10) ;

 

- celle du héros/dieu Alexandre.

 

Rappelons successivement des textes d'Arrien, de Diodore, de Polyen, de Strabon, qui constituent l'essentiel du dossier.

 

Arrien. L'anabase d'Alexandre

 

5.1. Alexandre, passant près de Nysa, reçoit le chef de la ville, Acusis, qui lui raconte qu'elle fut fondée par le dieu regagnant la Méditerranée après sa conquête de l'Inde

 

Arrien. L'Inde

 

5.8-9. «Avant Alexandre, suivant une tradition très répandue, Dionysos aurait mené une expédition contre les Indiens et les aurait soumis ; Héraclès aussi, selon une version moins assurée. Pour la campagne de Dionysos, la ville de Nysa est un témoignage de très grande valeur, ainsi que le mont Méros, le lierre qui y pousse, l'habitude des Indiens d'aller au combat en frappant des tambours et des cymbales, leurs vêtements bigarrés comme ceux des Bacchants.

 

7. Politique civilisatrice de Dionysos sur les Indiens, qui n'avaient ni villes, ni temples, se vêtaient de peaux de bêtes et se nourrissaient d'écorces d'arbres et de bêtes capturées.

 

Diodore

 

Diodore (3, 63) distingue trois Bacchus, dont le premier en date est Indien. Il invente l'usage du vin et la culture des fruitiers. Il par¬ court la terre à la tête d'une armée et enseigne l'art de la vigne et du vin. Il meurt et est mis au rang des Immortels.

 

Diodore (2.38) Dionysos conquiert l'Inde. Son armée ravagée par une épidémie, il s'établit sur les montagnes où vents frais et eau pure chassent la maladie. Cet épisode se passe sur le Méros. Il se révèle alors un héros culturel, apprenant aux Indiens la viticulture, les fondations de villes, les cultes, les lois. Il meurt de vieillesse après un règne de 52 ans.

 

Polyen. Stratagèmes, 1, 1-2

 

1. Dans son expédition dans l'Inde, Dionysos ne vêt ses soldats que de vêtements longs et de nébrides, il ceint le thyrse de lierre, il donne le signal avec des cymbales et des tambours. Il enivre ses ennemis et les livre à l'orgie et c'est ainsi qu'il met l'Inde en sa possession.

 

2. Son armée étant anéantie par une chaleur intolérable, il occupe une montagne à trois cimes (dont l'une est le Méros). Tableau idyllique : sources, animaux, richesse et prospérité, neige... L'armée réconfortée, il attaque l'ennemi dans la plaine et le met en fuite.

 

Strabon. 15, 58

 

«En revanche, quand Mégasthène prétend, à propos des philosophes indiens, que ceux de la montagne sont des adeptes inspirés du culte de Dionysos, qui même invoquent, comme autant de preuves de l'origine indienne de ce culte, la présence en leur pays de la vigne sauvage inconnue soi-disant partout ailleurs, la présence aussi du lierre, du laurier, du myrte, du buis et d'autres arbustes au feuillage persistant, dont pas un ne croît au delà de l'Euphrate si ce n'est à l'état de rareté dans des parcs ou jardins d'agrément et à grand renfort de précautions et de soins ; quand il cite, toujours comme pratiques dionysiaques, l'usage de porter la sindoné et la mitre, de se parfumer tout le corps et s'en teindre certaines parties avec des essences de fleurs, l'usage aussi de faire marcher des tambours et des trompettes en tête du cortège dans les sorties solennelles des rois ; quand il nous montre, en regard des philosophes de la montagne adorateurs de Bacchos, ceux de la plaine voués au culte exclusif d'Héraclès, il retombe là dans la pure fiction et s'expose à de trop faciles démentis, notamment en ce qui concerne la vigne et le vin» (Pierre Lévêque, Dionysos dans l'Inde. In: Inde, Grèce ancienne. Regards croisés en anthropologie de l'espace. Actes du Colloque "Anthropologie indienne et représentations grecques et romaines de l'Inde", Besançon 4-5 décembre 1992. Besançon : Université de Franche-Comté, 1995 - www.persee.fr).

 

Nonnus de Panopolis, s'emparant de ces créations nouvelles de l'imagination, les rattacha aux anciennes légendes pour en composer son poëme en 48 chants, Les Dyonisiaques. La nouveauté de ces données trahit l'origine récente de ce mythe d'un Bacchus indien. M. Ouwaroff a très-bien fait voir, dans sa dissertation sur Nonnus, que les notions nouvelles et infiniment plus complètes qu'a données ce poëte dans son épopée, indiquent que l'Inde n'était connue que depuis peu, et qu'à mesure qu'on y avait pénétré davantage, on avait enrichi la légende dionysiaque de faits qui ajoutaient de plus en plus à sa physionomie indienne (Friedrich Creuzer, Religions de l'antiquite, traduit par J.D. Guigniaut, Tome 3, 1851 - books.google.fr).

 

Lucien (Dialogues XVII) Ă©voque Dionysos en Inde, Euripide (Les Bacchantes) le place en Bactriane, Ovide lui fait donner les lynx par l'Inde (MĂ©tamorphoses, XV). Nonnos lui fait abandonner le champ de bataille indien (Juliette Vion-Dury, Le lieu dans le mythe, 2002 - books.google.fr).

 

"Astés"

 

Asté, hasté = pressé, serré de près, en hâte (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Les satyres courent en avant, ou forment leurs rondes autour de cet équipage accoutumé aux montagnes. De nombreuses bacchantes, amies des vignes, abordent çà et là d'un pied rapide les routes escarpées, et franchissent d'un bond les replis des roches en échelles, où le sentier est le plus étroit. Pour charmer et déguiser les fatigués de ce voyage autour des abimes, elles dansent en cadence au bruit de leurs grelots. Les fougueux Égipans, au haut des rochers, leur séjour habituel, gambadent d'un pied velu sur les collines, et sautent par-dessus les pics qu'on ne foula jamais (Nonnus Panopolitanus, Bacchus, 1856 - books.google.fr).

 

"phalange"

 

Avant d'avoir le sens de subdivision d'une armée, phalange signifie poutre, en rapport avec phallus (libido et Cupidon/Eros : "cupide") (Carl Gustav Jung, Métamorphoses et symboles de la libido, 1927 - books.google.fr).

 

Pauvre, poulain et poltron sont trois mots de la même racine indo-européenne . La trace la plus ancienne se trouve dans le sanskrit putrah, fils, qui, comme l'avestique et l'osque, exprime la notion de petit. Le grec a pais (gén. paidos) pour «enfant», puis «fils» et «fille» pour exprimer la filiation par rapport au père, enfin «serviteur, esclave» dans le dialecte attique. [...] Etymologiquement, petit et peu ont la même racine. [...]

 

En français : puĂ©ril, puĂ©riculture, poulailler, poussin, polichinelle, pucelle, pouliche, polochon, prĂ©puce, et mĂŞme pourpier ("pied de poulet" mĂ©taphoriquement), ainsi que poutre, tout comme chevalet de cheval, chevron de chèvre, et mĂŞme poulain (assemblage de madriers) de poulitra (jeune jument) (Bernie de Tours, Le mauvais tour de Babel: pĂ©rĂ©grinations ludiques au royaume des mots, 2007 - books.google.fr).

 

Le terme d'origine grec peut renvoyer au Dionysos grec conquérant l'Inde.

 

On pense alors, et ce n'est pas si farfelu, au Brahmapoutre (fils de Brahma), autre fleuve rival du Gange en Ă©tendue, qui mĂŞle ses embouchures aux siennes et les boues de l'Asie centrale aux boues du Bengale (Revue maritime et coloniale, Volume 17, 1866 - books.google.fr).

 

Bataille

 

journée = bataille (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Le poëte Nonnos commence son vingt-cinquième chant, ou la seconde moitié de son poëme, par une invocation à la Muse, qu'il invite à chanter le sujet de la guerre de l'Inde, qui doit durer sept ans. Après une invocation assez longue, Nonnus entrant en matière nous dépeint les alarmes des habitants du Gange, et le désespoir de Dériade, qui apprend que les eaux de l'Hydaspe ont été changées en vin, comme celles de l'Astacus; que l'odeur de cette délicieuse liqueur s'est fait sentir aux Indiens, et présage déjà la victoire de Bacchus. Celui-ci rougissait du repos où il languissait, et s'indignait des obstacles que Junon mettait à ses triomphes. Atys, amant de Cybèle, vient de la part de cette déesse consoler Bacchus, et lui apporte une armure fabriquée par Vulcain. Ici le poëte nous fait la description du superbe bouclier qu'il reçoit. Tout le système céleste et les sujets les plus intéressants de la mythologie y étaient gravés. Cependant la nuit arrive, et étendant ses voiles sombres sur la terre, elle ramène le sommeil aux mortels. [...]

 

Au chabnt XL, Minerve, sous la forme de Morrheus, gendre de Dériade, paraît au commencement du livre suivant, et fait à Dériade, roi des Indiens, les plus vifs reproches sur sa lâche fuite. Il retourne au combat et provoque de nouveau Bacchus, qui enfin le tue. Son cadavre est roulé dans les flots de l'Hydaspe. Les bacchantes applaudissent à la victoire de leur chef, et les dieux, témoins d'une défaite qui termine la guerre de Bacchus contre les Indiens, retournent aux cieux avec Jupiter. Le reste du chant est employé à décrire les suites de ce grand événement, la douleur de toute la famille de Dériade et les funérailles des morts. Le poëte y joint aussi un tableau de la joie des bacchantes : elles célèbrent par leurs chants et leurs danses la victoire de Bacchus sur le chef du peuple noir, qui avait apporté tant de résistance aux conquêtes du dieu bienfaisant qui parcourait le monde pour l'enrichir de ses dons. Ici Dériade joue dans le poëme de Bacchus un rôle d'opposition, que Typhon joue dans les fables sacrées sur Osiris. Ce principe de résistance du chef des noirs étant vaincu par le dieu chef de lumière et source de tous les biens, il ne reste plus à Bacchus qu'à continuer sa route et à regagner le point d'où il était parti. Ce point est l'équinoxe du printemps, ou le signe du taureau où il va revenir, quand il aura dissipé la tristesse que l'hiver a répandue sur le monde, et qui, sous le nom de Penthée ou du Deuil, ne peut plus tenir devant le dieu qui nous rapporte la lumière et la joie par son retour vers nos climats. La guerre a fini à la septième année ou au septième signe (Dupuis, Origins de tous les cultes, ou Religion universelle, 1869 - books.google.fr).

 

Acrostiche : UDAQ

 

"udakam" : eau en sanscrit, cf. le latin "udus", humide (Gaffiot).

 

Pourquoi, dans les sutra du Mahayana, ne se contente-t-on pas de parler de l'assemblée des Bodhisattva ? Réponse. - C'est que le Mahayana est large (vipula) et que tous les Véhicules, tous les Chemins y rentrent, tandis que le Véhicule des Sravaka est étroit et ne contient pas le Mahayana. Ainsi le Gange ne contient pas le grand océan parce qu'il est étroit, mais le grand océan peut recevoir tous les fleuves parce qu'il est vaste. Il en va de même pour le Mahayana. Une stance dit : Le Mahayana est comme la mer, Le Hinayana est comme l'eau contenue dans la foulée du boeuf (gopada udakam). Le petit ne peut contenir le grand (Nagarjuna, Le traité de la grande vertu de sagesse: (Mahaprajnaparamitasastra), traduit par Etienne Lamotte, 1944 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Nagarjuna).

 

L’Occident, vers la fin du XVIIIe siècle, s’est dĂ©couvert une passion pour l’Inde, et ceux qui ont Ă©tudiĂ© cet engouement soudain ont parlĂ© de «Renaissance orientale» pour suggĂ©rer qu’à l’instar de la Renaissance, lorsque l’Occident s’était ressourcĂ© Ă  ses origines antiques, la fin du XVIIIe siècle a vu se dĂ©velopper une nouvelle recherche de sens par la mĂ©diation de l’Orient, et de l’Inde plus particulièrement. [...] Cette «Renaissance Orientale» n’est pas le fruit du hasard. Elle apparaĂ®t au moment oĂą les intĂ©rĂŞts Ă©conomiques occidentaux s’intĂ©ressent particulièrement Ă  l’Inde : après la rĂ©volution amĂ©ricaine, il Ă©tait bien naturel que les pays europĂ©ens se focalisent vers l’Orient pour calmer leurs appĂ©tits expansionnistes. Mais parallèlement, le dĂ©veloppement des infrastructures et des moyens d’exploitation des compagnies privĂ©es puis des Ă©tats nationaux a largement contribuĂ© Ă  approfondir la connaissance de ces rĂ©gions et de leur culture (Jean-Paul Rosaye, Francis Herbert Bradley et Nagarjuna: enquĂŞte sur des lieux Ă©pistĂ©mologiques communs - www.researchgate.net).

 

Typologie

 

"Astés" (certaines versions ont "hastés") : Hastings

 

La conquĂŞte de l’Inde par les Anglais dura près d’un siècle. Elle est illustrĂ©e par l’action du gouverneur Warren Hastings (1732-1818), rappelĂ© en 1785 et surnommĂ© le « Verrès moderne Â» (« un duc cupide Â» : « duc Â» du latin « dux Â», chef). « Les princes furent cyniquement pressurĂ©s. Ce fut le cas pour le rajah de BĂ©narès, auquel, ses trĂ©sors vidĂ©s, on enleva sa ville ; ce fut le cas encore pour les princesses d’Aoude. […] On emprisonna leur serviteurs de confiance et on ne les relâcha que contre une rançon de 1 200 000 livres sterling [1] Â». En 1815, les Anglais « Ă©taient  dĂ©jĂ  fortement Ă©tablis dans la rĂ©gion du Gange, au Bengale, et dans le Dekkan, au Carnatic et au Mysore [2] Â».

 

Shivala ghât prĂ©sente l'aspect d'une haute forteresse dominant le fleuve ; on l'appelle parfois KâlĂ® Mahal ghât ; il appartient au râja de BĂ©narès. Anglais puisque le râja Chait Singh, leur prisonnier, s'Ă©chappa la nuit d'une des fenĂŞtres de cette forteresse en 1781, traversa le Gange et put atteindre Râmnâgar après sa fameuse bataille contre Warren Hastings (Jean M. Rivière, Lettres de BĂ©narès, 1982 - books.google.fr).

 

Ce fut en septembre 1805, après neuf ans d'absence, que Wellesley, gouverneur gĂ©nĂ©ral des Indes depuis 1798, rentra dans son pays natal, avec la satisfaction d'avoir pacifiĂ©, agrandi et consolidĂ© le vaste empire de l'Inde. [...] Mais Wellesley l’emporta sur Clive par un fonds d'honnĂŞtetĂ© et de droiture qui l'empĂŞcha constamment de recourir Ă  l'emploi de moyens que la justice ou la loyautĂ© rĂ©prouvent. La conduite souvent barbare et presque toujours machiavĂ©lique du vainqueur de Plassey lui suscita de nombreux ennemis : la justice et la bonne foi de Wellesley ont, au contraire, Ă©tĂ© citĂ©es par les Indiens eux-mĂŞmes comme un titre spĂ©cial Ă  leur admiration. Cette droiture et cette loyautĂ©, on les chercherait en vain dans les actes ou dans la correspondance de Clive et de Warren Hastings, qui se sont malheureusement plu Ă  justifier dans l'Inde le reproche qu'on a si souvent adressĂ© Ă  la politique anglaise en Europe, de manquer de franchise et de bonne foi. [...] Wellesley se distingue aussi de la plupart des hommes d'État qui ont jouĂ© un rĂ´le dans les affaires de la colonie, par sa dĂ©licatesse et par son dĂ©sintĂ©ressement extrĂŞme (A. Brialmont, Histoire du duc de Wellington, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

Futur duc, Wellesley ne fut point cupide.

 

Lord Minto fut remplacé, en 1813, par lord Moira, marquis d'Hastings (1813-1823). Dès son arrivée dans l'Inde, le nouveau gouverneur général eut à combattre les Gourkhas, tribu indoue établie dans le Népaul, au pied de l'Himalaya, d'où elle s'étendit, depuis le milieu du XVIIIe siècle, jusqu'aux rives du Sattledje. Une armée de 24000 hommes, divisée en cinq corps, fut mise en mouvement sur une ligne de 200 lieues. Cette guerre de montagnes, sur un espace aussi étendu, contre un peuple belliqueux qui avait depuis longtemps adopté la tactique européenne, fut d'abord désastreuse pour les Anglais; ils furent battus sur toute la ligne (1814-1815). Dans la campagne de 1816, le général Ochterlony s'empara de tout le pays compris entre le Sattledje et la Gogra (affluent du Gange). Les Gourkhas, défaits dans deux batailles successives, cédèrent le territoire conquis, admirent un agent anglais à Katmandou, leur capitale, et s'engagèrent à ne prendre aucun Européen à leur service (4 mai 1816) (Félix Oger, Histoire de France et histoire générale depuis l'avénement de Louis XIV jusqu'à la chute de l'Empire (1643-1815), 1862 - books.google.fr).

 

Le comte de Moira était au nombre des favoris du prince de Galles ; il avait été le second du prince dans son duel avec le lieutenant-colonel Lennox, et il avait pris une part très vive à la discussion du premier bill sur la régence (1789). Devenu enfin régent, ce prince lui en témoigna sa reconnaissance, en le nommant gouverneur général des possessions britanniques dans les Indes orientales (janvier 1814). Ce poste était très désiré de lord Moira, qui y déploya en même temps son goût pour le faste et ses talents militaires. Il commença à faire célébrer à Calcutta, en juin, l'anniversaire de la naissance du roi, avec des fêtes plus magnifiques qu'on n'en avait vu dans l'Inde depuis les temps du grand Mogol, prétendant que, pour maintenir la considération du nom britannique parmi ces innombrables nations, gouvernées par une poignée d'Européens, il convient de frapper leurs yeux de toute la pompe d'une cour royale.

 

Ayant demandé sa retraite, vu l'affaiblissement de sa santé en ce climat si chaud, il fut remplacé par lord Amberst, et revint à Londres en 1822, d'où, en 1824, il fut envoyé comme gouverneur général à Malte. Il n'y fit parler de lui que comme déployant toujours un faste de prince et souvent aux prises avec des embarras pécuniaires (fr.wikipedia.org - Francis Rawdon-Hastings).



[1] A. Malet et J. Isaac, « XVIIème & XVIIIème siècles Â», Hachette, 1923, p. 584

[2] A. Malet et J. Isaac, « RĂ©volution, Empire, 1ère moitiĂ© du XIXème siècle Â», Hachette, 1929, p. 578

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