Ralliement à Napoléon III

Ralliement à Napoléon III

 

V, 1

 

1852-1853

 

Avant venuë de ruine Celtique,

Dedans le temple deux palementerons,

Poignard cœur, d'un monté au coursier & picque,

Sans faire bruit le grand enterreront.

 

La "ruine Celtique" serait selon le quatrain précédent IV, 100, l'effondrement du Second Empire.

 

Jockeys

 

«Les piqueurs de course» (les jockeys) ne sont pas non plus oubliés ; ils doivent se faire peser avec leur selle avant de monter à cheval et compléter leur poids si nécessaire ou, si leur poids excède de deux livres, le jury décide alors s'ils peuvent courir (Mariel Oberthur, Le Merlerault, Naissances de L'Anglo-normand, 2022 - books.google.fr, Circulaires, instructions et autres actes émanés du Ministère de l'interieur, ou, relatifs à ce département, de 1797 à 1821 inclusivement, Volume 6, 1821 - books.google.fr).

 

Depuis le coup d'Etat du 2 décembre 1851, le prince-président, puis l'Empereur, se trouve dans la ligne de mire de nombreux projets d'attentats. L'heure est au danger républicain et l'on évoque des sociétés secrètes telles que les Invisibles ou le Comité révolutionnaire européen et des complots terrifiants, comme ceux de la machine infernale de Marseille (septembre 1852), ou encore ceux de l'Hippodrome (7 juin 1853) et de l'Opéra comique (5 juillet 1853)... Autant d'attentats censés ouvrir la voie à une insurrection parisienne. Les modes d'action sont variés : qu'ils cherchent rejouer la scène des ides de mars lors du complot de l'Hippodrome (7 juin 1853) ou bien celui de l'Opéra comique (le 5 juillet suivant) susnommés, les républicains se distinguent par une ample mise en scène, qui suppose un attentat collectif et spectaculaire. Arrêtés après la tentative de l'Opéra comique, les organisateurs de ces deux attentats (Feuillet, Alix et Ruault) sont condamnés (Gilles Ferragu, Histoire du terrorisme, 2019 - books.google.fr).

 

Des Français tentent également d’assassiner l’Empereur. Le complot de l’hippodrome ou de l’Opéra comique est le plus important par le nombre des conjurés. Il prévoit l’assassinat de Napoléon III suivi d’une insurrection ouvrière dans la capitale. L’affaire, connue très tôt de la police, échoue en 1853. Parmi les conjurés on retrouve l’étudiant Ranc et le jeune Jules Vallès, relâché faute de preuves (Jean-Noël Tardy, Tuer le tyran ou la tyrannie ? Attentat et conspiration politique : distinctions et affinités en France de 1830 à 1870, La Révolution française 1, 2012 - journals.openedition.org).

 

Qui ? toi ! Napoléon ! avec ton aigle en paille !

Avec tes goûts de sport, de gin et de ripaille !

Avec Boulogne! avec ton parler hollandais!

Et les gouttes de sang qui pleuvent de ton dais,

Et tes exploits du Var, de l'Allier, de la DrĂ´me !

Avec tes généraux de cirque et d'hippodrome,

Sibour pour régisseur, Veuillot pour afficheur !

Toi, plus fourbe, plus faux, plus traître, plus tricheur

Que le Tarquin de Rome ou le Thibaut de Chartre !

Toi qui fais ton Wagram du boulevard Montmartre,

Et qui n'as pour vaincus que des assassinés !

Toi Bonaparte ! Avec ce crime ! Avec ce nez ! (RELIQUAT DESCHATIMENTS) (Hugo, Victor, Poésie, 1905 - archive.org).

 

Monseigneur Sibour

 

Le 23 juillet 1852, Sibour accueille Napoléon III à la gare de à son retour de l'inauguration du chemin de fer de Strasbourg (François Laurent, Voyage de sa majesté Napoléon III, empereur des Français dans les départements de l'est, du centre et du midi de la France, 1853 - books.google.fr).

 

Il célèbre le mariage de l'Empereur avec Eugénie de Montijo le 30 janvier 1853 à Notre-Dame, au lendemain du mariage civil qui fut célébré au palais des Tuileries dans la salle des Maréchaux. Napoléon III, alors âgé de quarante-quatre ans, avait connu de nombreuses liaisons et jouissait d’une réputation de grand séducteur. La future impératrice avait vingt-sept ans. L’union s’était décidée vraisemblablement lors du séjour que la belle Eugénie avait fait à Compiègne en décembre. Napoléon III avait demandé sa main, malgré l’hostilité de son entourage qui eût préféré une alliance matrimoniale plus prestigieuse et plus favorable à la diplomatie française (compiegne-peintures.fr).

 

En ces deux occasions les voitures où prend place l'Empereur et son entourage sont conduites par des "jockeys" en livrées impériales (Frédéric Loliée, La Vie d'une impératrice Eugénie de Montijo, 2016 - books.google.fr).

 

Dans la première partie de son règne, Napoléon III a clairement cherché à consolider son pouvoir par la mise en valeur d'une véritable monarchie chrétienne. Au lendemain du 2 décembre 1851, rares sont les catholiques qui refusent de soutenir Louis-Napoléon Bonaparte. Les quelques évêques présents à Paris se rallient à lui et appellent à voter «oui» au plébiscite organisé pour sanctionner le coup d'état, à l'exception notable de Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans et de Mgr Sibour, archevêque de Paris, réputé pour son attachement à la République et qui choisit alors l'abstention. Le courant intransigeant ou ultramontain fait montre d'une adhésion sans retenue au nouveau régime. Or ce soutien est d'autant plus précieux à Louis Napoléon Bonaparte que ce courant a alors le vent en poupe. Depuis les années 1840, le Saint-Siège a favorisé son extension par une politique offensive, notamment en matière de nominations épiscopales. La plupart des évêques nommés dans la décennie précédente incarnent cette mouvance qui se caractérise par son adhésion pleine et entière au pape, à l'image de Mgr Pie, évêque de Poitiers, de Mgr de Salinis, archevêque d'Auch ou du cardinal Gousset, archevêque de Reims.

 

Ces catholiques ultramontains se rallient d'autant plus volontiers au coup d'État que celui-ci met fin à la Révolution. Fidèles à la pensée du pape Pie IX, ils sont en effet intransigeants, au sens où ils n'acceptent pas de transiger avec la société moderne et donc refusent tout ce qui peut représenter l'esprit de 1789. Pour Veuillot qui gomme les références du Second Empire au principe de la souveraineté populaire, ce régime est d'essence contre-révolutionnaire, dans la mesure où il a mis fin a la révolution, ce qui justifie le soutien que lui apportent les catholiques. À leurs yeux, Louis Napoléon Bonaparte apparaît aussi comme le restaurateur et le protecteur de la papauté, depuis l'expédition de Rome en 1849. Après avoir contribué a abattre la République romaine, l'année française protège en effet le pape, Pie IX, dans ses États. Le petit groupe des catholiques libéraux reste en retrait et ne partage pas l'enthousiasme des intransigeants. Il est cependant embarrassé, car s'il déplore les atteintes faites par le prince-président aux libertés, il est en même temps soucieux d'empêcher le retour de la révolution en France. Cette ambiguïté est incarnée par Montalembert, dont le rôle a été crucial sous la Seconde République. Il accepte de soutenir Louis-Napoléon Bonaparte après le 2 décembre et surtout après les résistances populaires au coup d'État, et il se fait élire comme candidat officiel aux élections de février 1852. Mais peu de temps après, il rompt avec le gouvernement et entre dans l'opposition, ce qui lui coûte du reste son poste de député en 1857. C'est autour de lui que s'organise une opposition catholique libérale au régime qui s'exprime, de façon feutrée, dans les colonnes du Correspondant, revue que Montalembert reprend en mains en 1855. On trouve parmi les collaborateurs de cette revue Falloux, Augustin Cochin, Albert de Broglie, Théophile Foisset, qui forment l'élite du courant libéral. On peut leur associer Dupanloup ou Lacordaire. Faute de pouvoir attaquer de front le Second Empire, les catholiques libéraux bataillent alors contre les catholiques intransigeants et en particulier contre L'Univers de Veuillot (Jacques-Olivier Boudon, Religion et politique en France depuis 1789, 2007 - books.google.fr).

 

Veuillot va à Rome en 1853 pour défendre sa cause contre les évêques français de tendance gallicane, surtout Paris (Mgr Sibour) et Orléans (Mgr Dupanloup) (Louis Soltner, Louis Veuillot et les Ségur, Monseigneur de Ségur, 1820-1881, 2008 - books.google.fr).

 

Gallican ne veut pas forcément dire libéral ou démocrate. Si, à l'origine Sibour était républicain, Dupanloup était égitimiste conservateur (Marie Saingainy, Mgr Dupanloup et la Seconde République : réseaux et combats, 1848-1852, 2017 - tel.archives-ouvertes.fr).

 

Tout aussi troublante est l'attitude de Mgr de Sibour, archevêque de Paris, qui se rallia à l'empire dès 1852, année où il sera nommé sénateur. Oubliant son engagement républicain en 1848 , il obtiendra notamment de Napoléon III que le Panthéon fût rendu au culte catholique. Ce mouvement majoritaire de ralliement concernera aussi le bas clergé (Yves Déloye, Les voix de dieu, pour une autre histoire du suffrage électoral, le clergé catholique français et le vote, XIXe-XXe siècle, 2006 - books.google.fr).

 

"Poignard coeur"

 

L'annĂ©e 1857 fut inaugurĂ©e par un crime affreux. Le 3 janvier, l'archevĂŞque de Paris achevait les offices d'ouverture de la neuvaine de Sainte-Geneviève, dans l'Ă©glise de Saint-Étienne-du-Mont, lorsqu'il fut frappĂ© au coeur par un homme, qui criait : «A bas les dĂ©esses !» L'assassin Ă©tait un prĂŞtre interdit, nommĂ© Verger. Comme on lui demandait l'explication de ces paroles, il rĂ©pondit qu'il avait voulu protester contre le nouveau dogme de l'ImmaculĂ©e-Conception. Verger Ă©tait un homme cynique, d'un esprit troublĂ©, excentrique, qui depuis longtemps ne paraissait pas bien sain; il avait probablement agi par vengeance; car Mgr Sibour Ă©tait l'un de ceux qui avaient combattu le dogme de l'ImmaculĂ©e Conception, et il y eut des ultramontains, Ă©garĂ©s par leurs passions religieuses, qui laissèrent entrevoir que la mort de l'archevĂŞque pouvait bien ĂŞtre le châtiment de son opposition. Verger, condamnĂ© Ă  mort, fut exĂ©cutĂ©. Le cardinal Morlot, archevĂŞque de Tours, fut nommĂ© successeur de Mgr Sibour par dĂ©cret du 24 janvier (Louis GrĂ©goire, Histoire de France, pĂ©riode contemporaine jusqu'Ă  la constitution de 1875, Tome 4, 1883 - books.google.fr).

 

C'est peine perdue que de travailler à faire du catholicisme un programme de gouvernement, et du prêtre un jockey de l'administration (Charles Delagrange, Le prêtre et les idées modernes, 1850 - books.google.fr).

 

Longchamp

 

L'hippodrome de Longchamp est un champ de courses hippiques situé au sud-ouest du bois de Boulogne à Paris en France. Il a été construit en 1857 par l'architecte Antoine-Nicolas Bailly sur le domaine de l'abbaye royale de Longchamp (détruite à l'époque de la Révolution française). Sous la pression du duc de Morny, le bois de Boulogne (ancien domaine royal devenu propriété de la Ville de Paris) est choisi en 1853 pour y implanter un hippodrome. Un décret impérial d'août 1854 officialise le choix du site : la plaine de Longchamp. Le 23 mai 1856, la ville le concède à la Société d'Encouragement. L'hippodrome est inauguré le dimanche 27 avril 1857 en présence de l'empereur Napoléon III, de l'impératrice Eugénie et du grand-duc Constantin. Le cheval vainqueur de la première course se nomme Éclaireur (fr.wikipedia.org - Hippodrome de Longchamp).

 

Les journaux, l'IndĂ©pendance, entr'autres, que je lis Ă  Paris, vous ont annoncĂ© que M. Fialin dit de Persigny avait fait graver sur son Ă©cusson de nouvelle fabrique la devise je sers. Le public parisien a admirĂ©, comme le correspondant de l'IndĂ©pendance, tout ce qu'il y avait de noblesse dans cette humilitĂ©. Mais il parait que la cour du prince tout entière s'est piquĂ© d'honneur et a voulu suivre l'exemple du ministre. Voici quelques vers qui circulent, oĂą sont consignĂ©s les heureux choix des familiers l'ElysĂ©e :

 

A l'Elysée on vient de choisir des devises,

Et sur son Ă©cusson chaque preux les a mises :

Comme un valet qu'il est Persigny prend : JE SERS ; [...]

Quand Sibour ose, hélas ! adopler : JE BÉNIS ; [...]

Morny du jockey-club a demandé : JE FLOUE (La civilisation, journal des améliorations pacifiques, 1851 - books.google.fr).

 

Membre du Jockey-Club depuis 1838, le comte de Morny y était la veille du coup d'Etat du 2 décembre auquel il a prêté main forte (Gerda Grothe, Duc de Morny, 1967 - books.google.fr).

 

Le Jockey Club est créé en juin 1834 par la société d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux en France qui organisa, dès mai 1834, les premières courses à Chantilly. Il porta alors le nom de Cercle d'encouragement avant de prendre son nom actuel (fr.wikipedia.org - Jockey Club de Paris).

 

Enterrement

 

Nos lecteurs n'ont pas oubliĂ© le remarquable article de notre collaborateur et ami Ch.-L. Chassin sur l'Enterrement de Lamennais. Nous sommes heureux de pouvoir le complĂ©ter sur quelques points par le chapitre suivant que nous envoie M. Maximin GuĂ©rin. Les divers incidents qui ont accompagnĂ© la mort de l'illustre penseur, sont gĂ©nĂ©ralement peu connus. Le gouvernement de l'Empire et le parti clĂ©rical avaient intĂ©rĂŞt Ă  les passer sous silence, et les amis de Lamennais n'ont peut-ĂŞtre pas mis assez d'empressement Ă  les publier. Ce que nous allons raconter en fournira la preuve. Lamennais est mort Ă  Paris, rue du Grand-Chantier, le 27 fĂ©vrier 1854, Ă  l'âge de 76 ans. PrĂ©occupĂ© depuis longtemps des nombreuses tentatives qui avaient Ă©tĂ© faites, et qui certainement seraient faites encore, pour l'amener Ă  rĂ©tractation, il avait priĂ© ses amis de l'entourer, de le protĂ©ger mĂŞme, au besoin, Ă  l'heure oĂą ses forces devraient l'abandonner. Dans ce but, il leur avait remis la copie d'un important codicille ajoutĂ© Ă  son testament. Voici la teneur de cette pièce, très caractĂ©ristique :

 

«Je veux être enterré comme les pauvres et comme le sont les pauvres. On ne mettra rien sur ma tombe, pas même une simple pierre. On conduira mon corps directement au cimetière, sans le faire passer par aucune église. On fera part de ma mort à Madame de Kertanguy, à Messieurs Béranger et Montanelli.»

 

MM. Schaffer, De Sue, Armand Lévy, Montanelli et moi nous passâmes la nuit auprès de notre illustre mort. L'enterrement devait avoir lieu à 9 heures du matin. Nous en avions informé nos amis politiques, et le bruit s'en était promptement répandu. Il n'était cependant que six heures du matin, lorsque l'on vint nous annoncer la visite du commissaire de police. Celui-ci, en se présentant devant nous, nous déclare qu'il a l'ordre de faire enlever immédiatement le corps. Là-dessus nous lui répondons que, l'enterrement ayant été fixé pour neuf heures, nous protestons, avec la plus grande énergie, contre la violence qui nous est faite, et nous le sommons de nous donner acte par écrit de notre protestation; ce à quoi il consentit sans beaucoup résister. Les employés des pompes funèbres voulurent alors s'emparer du corps pour le mettre en bière. Mais nous les repoussâmes avec indignation.

 

Nous ne devions pas tarder à apprendre ce qu'il se proposait de faire. A peine sommes-nous descendus dans la rue, que nous nous voyons entourés d'une triple haie d'agents de police, qui se tassent et ricanent en suivant le cercueil. C'est ainsi que procédaient les policiers de l'Empire.

 

Malgré l'houre matinale, une foule considérable encombrait les rues et suivait le cercueil. La police, pour la couper, ayant laissé passer à la suite du corbillard une vingtaine de personnes, qui occupaient la tête du convoi, fit virer le pont tournant, qui existait à cette époque sur le canal Saint-Martin. La foule, un instant déconcertée, chercha à rejoindre le cercueil par les rues aboutissant à la rue de la Roquette. Mais celle-ci était déjà barrée à sa jonction avec la rue Saint-Maur. Là, un assassinat fut commis sous nos yeux. Un ouvrier tenta de franchir la haie formée par les agents et de prendre la file du cortège. Il fut rejoint par un sergent de ville, qui lui passa son épée au travers du corps. Le malheureux tomba en jetant un cri qu'il me semble entendre encore.

 

Suivant la volonté du mort, aucun discours ne devait être prononcé au cimetière. Il n'y avait donc aucune manifestation à redouter, et, par conséquent, aucune raison pour nous en interdire l'accès et nous traiter avec cette violence (Maximin Guérin, L'enterrement de Lamennais, La Revue illustrée de Bretagne et d'Anjou, 1886 - books.google.fr).

 

En contrepartie de leur ralliement, le régime accorde des faveurs immédiates aux catholiques, sans toutefois répondre à toutes leurs attentes. Les premières mesures sont d'ordre symbolique, mais elles sont les plus visibles, c'est-à-dire aussi celles qui vont le mieux enraciner l'impression d'une nouvelle alliance du trône et de l'autel. D'emblée la constitution fait entrer de droit les cardinaux au Sénat. Par ailleurs le clergé retrouve une place de choix dans les cérémonies civiles, tandis que les autorités ne manquent pas de participer aux cérémonies religieuses. Les processions, restreintes par la monarchie de Juillet, retrouvent droit de cité même dans les communes où un temple protestant aurait dû les interdire. La religion sort à nouveau dans les mes, s'expose aux yeux de tous, s'exprime en public, à l'occasion de missions prêchées par des membres de congrégations religieuses ou des prédicateurs ambulants.

 

Les faveurs du régime se traduisent également en termes financiers. Le budget des cultes augmente fortement dès 1853, passant de 42465628 francs en 1852 à 44268011 francs en 1853, pour finalement atteindre 49134031 francs en 1870, soit une progression de 15,7 % en 18 ans. Tous les secteurs en ont profité. Les traitements du personnel ecclésiastique ont été augmentés, en commençant par ceux des évêques (leur traitement passe de 10 à 15000 francs par an, de 15 à 20000 francs pour les archevêques), avant de s'étendre aux curés et desservants, dont les traitements s'échelonnent de 800 à 1500 francs par an. Surtout le nombre de prêtres rémunérés par l'État s'accroît du fait de l'érection de nombreuses paroisses. Le Second Empire complète la carte paroissiale élaborée après 1802, en parachevant le maillage de la France rurale. Le nombre de paroisses rurales atteint alors un sommet. Mais l'État favorise aussi la création de paroisses urbaines, à Lyon, à Lille ou à Paris où la carte des paroisses est remodelée en 1856 pour tenir compte de l'urbanisation. Plus d'une dizaine de nouvelles paroisses voient le jour dans la capitale (Jacques-Olivier Boudon, Religion et politique en France depuis 1789, 2007 - books.google.fr).

 

"temple" et "parlementeront"

 

"parlementer" : Début XIVe s. «s'entretenir, conférer, discuter ensemble» (Appolonius, 129, 1 ds T.-L.); 1330 (Hugues Capet, 222, ibid.); spéc. ca 1382 «engager des pourparlers avec un ennemi en vue d'un armistice, d'une reddition» (Jean Cuvelier, Du Guesclin, éd. E. Charrière, 18614); 1658 «rechercher un accommodement avec un adversaire quelconque» (La Fontaine, Songe de Vaux, Amours de Mars et de Vénus ds OEuvres, éd. P. Clarac, t.2, p.116: A peine Mars se présenta Que la belle parlementa) (www.cnrtl.fr).

 

La voiture du Prince a marché au pas, au milieu des témoignages éclatants de l'enthousiasme des troupes et du peuple qui se pressait derrière elle. Le parcours des boulevards a été une ovation continue. On se ferait difficilement une idée de la foule qui les encombrait. Le clergé de la Madeleine, croix en tête, a reçu le Prince au passage devant l'église, et M. l'abbé Deguerry l'a félicité. Enfin, reprenant sa marche, le cortége a suivi la rue Royale, la place de la Concorde et la grande avenue des Champs-Élysées. Le Prince se rend directement à Saint-Cloud (François Laurent, Voyage de sa majesté Napoléon III, empereur des Français dans les départements de l'est, du centre et du midi de la France, 1853 - books.google.fr).

 

Prenez-le cas de l'abbé Deguerry, apôtre des États-Unis d'Europe et future victime de la Commune, nommé curé de la Madeleine par Mgs Sibour. En 1848, il aposé sa candidature à l'Assemblée constituante en se présentant comme «l'ami des classes laborieuses, l'avocat habituel du pauvre, le défenseur de tous les droits». Il n'a pas été élu, mais tout le populaire quartier des Halles a voté pour lui. Seulement, sous l'Empire, il a prêché deux fois le Carême aux Tuileries, il a préparé le prince impérial à la première communion, il est devenu l'ami du souverain (Jacques Duquesne, La gauche du Christ, 2014 - books.google.fr).

 

L'architecte Pierre Vignon, chargĂ© de construire le temple de la Gloire par NapolĂ©on, fit dĂ©molir tout ce qui avait Ă©tĂ© fait par ses prĂ©dĂ©cesseurs, et Ă©tablir de nouvelles fondations. A la chute de l’Empire, les constructions Ă©taient avancĂ©es; les murs de la cella et les colonnes du pĂ©ristyle s'Ă©levaient presque entièrement. La Restauration ordonna Ă  l'architecte de convertir son temple en Ă©glise. L'extĂ©rieur ne fut pas modifiĂ©, mais l'intĂ©rieur dut subir de notables changements. Ce fut une opĂ©ration difficile, et l'on ne rĂ©ussit jamais parfaitement Ă  faire du vaisseau du temple de la Gloire une Ă©glise paroissiale convenablement disposĂ©e. Comment concevoir, en effet, qu'on fasse d'un temple grec, d'un temple pĂ©riptère, une Ă©glise en harmonie avec notre ciel et nos idĂ©es religieuses ? qu’on enchâsse le Christ et la Madeleine dans un fronton grec, comme le dit M. Vitet; qu’on greffe de catholicisme ces formes toutes paĂŻennes ? Quoi qu'il en soit, l'Ă©glise de la Madeleine remplaça le temple que NapolĂ©on avait vouĂ© Ă  sa propre gloire. Pierre Vignon travailla Ă  ce changement jusqu'en 1828, annĂ©e de sa mort. Il fut remplacĂ© par M. HuvĂ©, qui eut la sagesse de respecter la pensĂ©e de son prĂ©dĂ©cesseur, et d'exĂ©cuter religieusement tous ses plans. Cet architecte termina l'Ă©difice, dont l'inauguration eut lieu en 1842 (LĂ©on Chateau, Histoire et caractères de l'architecture en France depuis l'Ă©poque druidique jusqu'Ă  nos jours, 1864 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ADPS, adeps

 

"adeps" : graisse (Gaffiot).

 

M. Veuillot connaît l'arsenal où les libres penseurs et l'école philosophique vont puiser; mais comme l'ironie sifflante de Voltaire ne rentre pas dans ses moyens, il recule jusqu'à son aïeul Rabelais. Il possède donc à fond Rabelais, les vieux conteurs, les prédicants de la Ligue, le père Garasse, Molière, les écrivains de souche gauloise et de haute graisse. C'est d'eux qu'il a appris le secret de cette langue énergique, enragée, forte en gueule, dont s'effarouchent nos habitudes polies, mais la vraie langue de ceux qui, s'adressant à la foule, parlent haut pour être entendus de loin. Pour écrire ses Libres-Penseurs, il a étudié les procédés de La Bruyère, le peintre des caractères. La Bruyère est plus sec, plus pénétrant, plus intense d'observation; M. Veuillot est plus empâté, plus charnu, plus musculeux, comme un dessinateur qui aurait traversé l'atelier d'un coloriste (Louis Marie de Lahaye de Courmenin, Reliquiae, Tome 2, 1868 - books.google.fr, Louis Veuillot, Correspondance de Louis Veuillot, Tome 3, 1885 - books.google.fr).

Marie-Joseph Dourlens, M. Louis Veuillot et extraits de ses oeuvres, 1872 - books.google.fr, M. de SĂ©gur, Louis Veuillot, La Revue hebdomadaire, 1911 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net