Famine en Grèce V, 90 1918 Dans les cyclades,
en perinthe et larisse Dedans Sparte tout le Pelloponesse
Si grand famine, peste par faux connisse Neuf mois tiendra et tout le cherronesse. Neuf mois La réduction d'une ville par la famine prenait du temps :
elle demanda plus de deux ans pour Thasos, plus de huit mois pour Samos, plus
de deux ans et demi pour Potidée, plus de deux ans
pour Platées. Il est vrai que de tels délais pouvaient paraître relativement
courts aux contemporains, pour peu qu'ils les comparassent Ă ceux qui avaient
été exigés par les exploits les plus glorieux de leur passé épique : «Ion
rapporte», nous dit Plutarque, «que la défaite de Samos inspira à Périclès un
orgueil immense, extraordinaire, parce qu'il avait soumis en neuf mois les plus
puissants et les premiers des Ioniens, alors qu'Agamemnon avait mis dix ans Ă
prendre une ville barbare » Le Ve siècle est aussi une période d'expansion économique
athénienne, qu'on a pu qualifier d'“impérialiste” : en 478 av. J.-C. est
formée, sous commandement athénien, la ligue de Delos,
une alliance militaire de cités grecques destinée à contrer toute nouvelle
menace perse. Cette dernière est définitivement écartée vers 468 av. J.-C.
(bataille navale de l'Eurymédon), mais Athènes refuse de dissoudre la ligue et
l'utilise pour affermir son emprise sur ses alliées – elle installe dans ces
cités des colons militaires (les clérouques) et détourne une partie du tribut
qu'elles lui versent pour assurer leur protection au profit des grands travaux
de l'Acropole. A la suite de la défaite athénienne en Egypte, le
transfert en 454 du trésor de la Ligue de Délos à Athènes est généralement considéré
comme une étape décisive de la transformation de cette Ligue en empire
athénien. Cette conviction a pour origine un passage célèbre de la Vie de
Périclès de Plutarque (ch. 12-14), selon qui Périclès aurait utilisé le trésor
de la Ligue, qui se serait montĂ© Ă
10.000 talents, pour financer les constructions de l'Acropole; c'est ce que dit
Ă©galement Diodore (12,40,2),
qui précise en outre que lors du transfert à Athènes du centre administratif et
religieux de la Ligue les Athéniens auraient confié à Périclès la garde de ces
fonds. Toute velléité sécessionniste (révoltes de Naxos, vers
470 av. J.-C., et de Samos, en 440 av. J.-C.) est sévèrement réprimée.
L'autoritarisme d'Athènes finit par unifier une partie des mécontents derrière
Sparte, dont l'organisation oligarchique en fait l'antimodèle.
Si les deux cités ont un moment lutté ensemble contre l'ennemi extérieur, elles
finissent par se combattre idéologiquement et militairement Peste et cendres "connisse"
du grec "konis" cendre Il faut peut-ĂŞtre entendre "feux" Ă la place de
"faux. Thucydide, Xénophon, Plutarque nous donnent des détails
touchants sur les honneurs rendus aux citoyens qui succombaient dans les
batailles. Les AthĂ©niens surtout se faisaient remarquer par leur empressement Ă
remplir ce pieux devoir. Les dix tribus envoyaient chacune un cercueil de
cyprès pour y renfermer leurs morts, et l'armée, les armes baissées, suivait
dans un profond silence jusqu'au lieu de la sépulture. Dans les expéditions
lointaines, les corps étaient brûlés, et on envoyait les cendres aux parents.
Les Lacédémoniens, au contraire, ensevelissaient leurs morts au lieu même où
ils étaient tombés, et ne rapportaient sur le sol de la patrie que les archagites, qu'ils embaumaient avec du miel. Des chants
solennels, des hymnes, des oraisons funèbres, consacraient les exploits de ces guerriers.
Elle retentit encore et retentira dans les siècles à venir la voix de Périclès,
qui s'écriait, en louant les victimes de la guerre de Samos : « Ils sont
immortels comme les dieux, ceux qui meurent pour la défense de la patrie ! » Lorsque les cendres des victimes de la guerre de Samos
eurent été déposées dans le monument destiné à les recevoir, Périclès monta sur
une estrade élevée à côté et prit la parole. Le discours qu'il prononça alors
fut peut-être celui de tous ses discours qui obtint le plus beau de ses succès
oratoires et sa popularité atteignit ce jour-là son apogée Thucydide est le seul chroniqueur direct de la peste
d'Athènes, observateur contemporain, il a été malade lui-même ; il rapporte les
faits environ 25 ans plus tard, mais il peut la décrire de l'intérieur comme
victime, et de l'extérieur comme témoin. Considéré comme « un père de
l'Histoire », il refuse d'expliquer la marche des évènements par les Dieux. Il
écarte les mythes et les rumeurs, pour chercher à comprendre le déroulement des
faits, par des explications ou des causes rationnelles. Il opère ainsi une
rupture avec Homère, poète, et non historien, de la guerre de Troie. Il
interrompt son livre sur l'histoire de la guerre du Péloponnèse, pour décrire
en détail la peste d'Athènes. Il se démarque encore d'Homère, pour qui la
maladie n'est pas un processus naturel, mais un envoi des Dieux selon leurs
caprices7. Son texte est très proche du modèle hippocratique rationnel. Il va Ă
l'essentiel, décrivant les symptômes avec ordre et méthode, en utilisant le
vocabulaire médical technique de son temps. La peste a causé plusieurs dizaines de milliers de morts,
dont celle de Périclès, soit près d'un quart à un tiers de la population. Malgré
son nom, la peste d'Athènes n'est pas identifiée avec certitude. Parce qu'elle
est une des causes de la fin du siècle de Périclès, la peste d'Athènes marque
les esprits antiques et humanistes, qui se réfèrent au récit de Thucydide.
L'exemple le plus célèbre se trouve chez Lucrèce : le De rerum
natura, resté sûrement inachevé, se termine de façon
abrupte par une évocation de cette épidémie (VI, 1138-1286) Typologie Si l'événement typologique est le siège de Samos, il est
bien adapté car il s'agit aussi d'un blocus à l'origine de la famine. L'Athènes
démocratique comme les "démocraties" alliées de 1914 étaient impéralistes contrairement à la Sparte autoritaire et aux
empires européens. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en août 1914,
Constantin Ier de Grèce, qui a épousé la sœur de l'empereur allemand, proclame
la neutralité de la Grèce. Toutefois, les Alliés (Grande-Bretagne, France et
Russie) s'emploient à entraîner les Grecs dans le combat contre l'Allemagne et
la Turquie. À cet effet, ils leur promettent, une fois la guerre terminée,
Smyrne et sa région. Vénizélos prend fait et cause
pour les Alliés. Les tensions avec le roi s'intensifient au point qu'en 1915 Vénizélos est limogé et instaure en 1916 un gouvernement
insurrectionnel, d'abord en Crète, puis à Thessalonique où les forces franco-italo-anglaises conduites par
le général Maurice Sarrail avaient débarqué. La Grèce est alors coupée en trois. C'est le « schisme
national ». Au Sud ? La zone du gouvernement royaliste, avec pour capitale
Athènes. Au Nord (Thessalie et Épire) ? La zone du gouvernement de «défense
nationale» autour des «Venizélistes». Entre les deux
? Une zone neutre contrôlée par les alliés européens pour empêcher une guerre
civile. C'est la première des crises majeures qu'a affrontée la Grèce moderne. En juin 1917, les flottes alliées, qui pratiquent un
blocus de la Vieille Grèce, occupent
Athènes. Les morts directes ou indirectes provoquées par la famine ne manquent
pas, et Constantin se trouve finalement obligé, en mai 1917, de quitter la
Grèce et de renoncer au pouvoir en faveur d'Alexandre Ier, son fils cadet Le blocus provoquait un chômage alarmant, et la ration
quotidienne de pain descendait Ă 125 grammes. Les magasins se vidaient Ă la
fois de clients et de marchandises. Les gagne-petit, ceux qui vivent au jour le
jour, tombèrent brusquement dans la misère. Ils se nourrissaient de figues, de
raisins secs et de caroubes. L'amiral Gauchet, pour
intensifier la famine, faisait la chasse aux pêcheurs, et ne relâchait ses
victimes que si elles adhéraient au venizelisme. A
leurs émouvantes protestations, les officiers français répondaient : « Si vous
désirez que nous vous laissions vivre en paix, chassez votre roi ! » En
attendant, les quelques cargaisons de blé qui arrivaient en Grèce étaient
détournées sur Salonique ; Venizelos s'en servait
pour tenter d'acheter par elles l'adhésion des régions affamées |