RhĂ´ne et Danube V, 71 1904 Par la fureur d'un qui attendra l'eau, Par la grand rage
tout l'exercice esmeu, Chargé de nobles a
dix-sept bateaux, Au long du Rhosne tard messager venu. "dix-sept bateaux" : l'ambassade d'Avignon Sensible Ă
l'opinion, le Conseil du roi, répondant au voeu d'une Assemblée du clergé,
décida, en 1395, d'envoyer à Benoît XIII une imposante ambassade, dans l'espoir
de le convaincre de «céder». Ce fut une grande ambassade et, en réalité, le
sommet diplomatique du règne de Charles VI. A sa tête, se trouvaient les trois
princes des fleurs de lis, chefs du Conseil royal, les ducs de Berry et de
Bourgogne et Louis, duc d'Orléans. Chacun d'eux emmenait son Conseil, sa suite
de seigneurs et de chevaliers, son staff de clercs et de légistes. En tout, ce
fut un immense cortège qui prit la route - 5000 à 6000 chevaux évaluèrent les
Italiens d'Avignon qui s'y connaissaient. Les diverses délégations, celle de
l'Université ajoutée à celles du roi et des princes, firent leur jonction le 30
avril Ă Chalon-sur-SaĂ´ne. LĂ on acheta
dix-sept bateaux pour porter par eau les princes et leur suite. Le voyage
dura longtemps. Quand les princes des fleurs de lis parcourent le royaume, ils
ne cherchent pas à défiler dans un nuage. Ils se font voir, avec luxe et ostentation.
Après étapes à Lyon et à Pont-Saint-Esprit, les navires royaux accostèrent
enfin au port du Rhône, au pied du palais des Papes. Les négociations
commencèrent alors, ardues, longues, avec Benoît XIII, né au royaume d'Aragon,
le pays des bonnes mules, avec les cardinaux, ensemble ou séparément. Dans ces
discussions qui n'avaient rien de sereines, où tel prélat traitait la vénérable
Université de Paris de «fille de Satan», où tel autre jurait «sur sa part de paradis»
ou prétendait qu'il préférait être «écorché vif» que céder, les princes
payèrent de leur personne. Leur but était de convaincre Benoît XIII de
démissionner, dans l'intérêt de l'Église et de son unité. Inutile de dire
qu'ils échouèrent. Dans l'ambassade de 1395, Jean de Berry, pour une fois,
occupait la première place et pas seulement pour le protocole. Avignon, c'était
son affaire. Il y Ă©tait venu maintes fois. Il connaissait les lieux et les
gens. Le roi d'Aragon, dont Benoît XIII était cousin, entretenait avec lui des
relations suivies. Le problème de l'unité de l'Église touchait l'ensemble de la
Chrétienté, mais il se réglait dans un espace méridional qui, jusque-là , était
du ressort du duc de Berry. Aussi le prince avait-il pris les choses en main
dès qu'était arrivée à Paris la nouvelle de la mort de Clément VII. Ses
conseillers suivaient l'affaire depuis longtemps. Treize d'entre eux
l'accompagnèrent dans son ambassade alors que les Conseils des ducs de
Bourgogne et d'Orléans étaient moins nombreux et peut-être moins documentés.
C'est un de ses fidèles, le notaire et secrétaire du roi Gonfler Col, entré
grâce à lui à la chancellerie royale, qui fut chargé de rédiger le Journal de l’ambassade.
Ce texte - sauvé de la disparition par l'érudition
bénédictine - permet mieux que tout de mesurer et de qualifier la marque posée
par Jean de Berry sur la diplomatie française en ce moment décisif du règne de
Charles VI. Le problème n'est pas de savoir si la politique mise en oeuvre
Ă©tait le choix personnel du duc. Il se pose encore moins en terme
de succès ou d'échec. Pour le présent et pour l'avenir, il importait d'avoir
des dossiers solides, prêts à servir la fois de mémoire et de preuve. Les
Anglais en avaient de bien constitués et bien conservés. Peut-être Jean de
Berry l'avait-il su pendant son séjour à Londres. Mais le fait est qu'il fit en
sorte d'en doter le Conseil du roi. Gonfler Col fut donc la «plume» de
l'ambassade. L'intérêt de son Journal est qu'il commence dès le 22 septembre
1394, jour où arriva à Paris la nouvelle que Clément VII était mort. À
l'Ă©vidence, Jean de Berry, qui Ă©tait alors malade en son hĂ´tel de Nesle Ă
Paris, avait chargé son fidèle secrétaire de «couvrir» cette grave affaire. Le
journal s'ouvre donc sur les préliminaires de l'ambassade. Gontier Col, faisant
seul fonction de secrétaire de séance, assiste à la réunion du Conseil qui suit
l'arrivée de la nouvelle. Aussitôt la décision est
prise d'écrire aux cardinaux, et Gontier établit la minute de la lettre. Benoît
XIII élu, le Conseil royal chercha comment entrer en négociations avec lui et
le convertir à l'idée de l'union de l'Église. De ses longues délibérations le
roi chargea Gontier Col de faire un «instrument public» - un acte officiel. Au
printemps, l'envoi de l'ambassade décidé, sa participation devient beaucoup
plus active puisqu'il est attaché en tant que secrétaire à l'ambassade, avec 5
francs de gages par jour, outre ses gages ordinaires. Commence alors la seconde
partie du journal qui contient un récit détaillé du voyage, une véritable
chronique dans laquelle sont reproduits des documents, Ă©tablis pour la plupart
par Gontier lui-même. Il dut prendre copie des cédules «et autres écritures» de
l'élection de Benoît XIII, rédiger le procès-verbal de la réunion au cours de laquelle
les cardinaux donnèrent chacun leur avis «comme privée personne», écrire la
relation de l'entretien entre le pape et Philippe le Hardi. Pendant toute la
durée du séjour en Avignon, Gontier Col se tint à la disposition des ducs qui
lui commandaient «instrument public» de chaque conversation, consultation,
négociation, dans les formes exigées d'un document officiel. Ce n'est pas tout.
Attentif à l'authenticité des actes et méfiant à l'égard des arguties
pontificales, Gontier Col surveille les notaires pontificaux et exige
signatures et paraphes sur la copie d'une bulle. Au total, dans la mission
d'Avignon, Gontier remplit les fonctions ordinaires d'un secrétaire, mais il y
met une nouvelle exigence de rigueur. Il agit en professionnel non seulement de
la chancellerie, mais aussi de la diplomatie. Le récit de Gontier Col, s'il est
d'une clarté parfaite, n'a rien d'un sec procès-verbal. Ses qualités de style
sont évidentes. Cérémonies, audiences, discours, visites, tout est raconté de
la façon la plus vivante. Gontier Col n'omet pas un dîner, mentionne un incendie,
et sa plume se fait alerte pour noter les dialogues, parfois vifs des cardinaux
entre eux. A le lire se dessine la figure tortueuse de Benoît XIII, tantôt
gémissant et tantôt menaçant, interlocuteur à la fois fuyant et intraitable (Françoise
Autrand, Jean de Berry, 2000 - books.google.fr). "Tard… venu" Le "messager" peut représenter les ambassadeurs venant porter le message du roi Charles VI. BUONACCORSO Pitti, qui faisait partie de la suite du duc
d'Orléans, écrit, en effet, qu'il se trouvait «in Borghongna a
l'uscita d'aprile» (Cronica, éd. A. BACCHI DELLA LEGA, p. 85). Le récit qu'il
nous a laissé de cette ambassade (ibid.., p. 84-87) est assez fidèle, dans
l'ensemble, à cela près qu'il prétend que le duc de Bourbon participait au
voyage, ce qui, d'après tous les actes officiels contemporains de l'événement,
est manifestement inexact. Les bateaux dans lesquels les ducs descendirent jusqu'Ă
Pont-Saint-Esprit avaient été achetés à Chalon. Dans le plus grand, réservé aux
princes, on aménagea «une chambre double... garnie de deux cheminéez pour faire
feu», des «retrais», des «galeriez pour aler par dehors les batheliers» et «une
sale... garnie de tables, de treteaux et de IIII chassis pour servir aux
offices». A noter l'achat de «trois lis de plume, qui ont esté mis ou batel
ouquel mondit seigneur (de Bourgogne) ala par eaue ou voyage d'Avignon darrenierement,
pour y couchier» (Mandat de paiement, 16 mai 1395). Un second grand bateau
portait les conseillers royaux ; un autre Ă©tait destinĂ© Ă l'Ă©chansonnerie et Ă
la paneterie de Philippe de Bourgogne, deux Ă sa cuisine ,
un Ă sa garde robe et Ă ses joyaux , un Ă sa chapelle , et un plus petit Ă sa
fruiterie. On avait prévu également «III canetons pour avancier mondit seigneur
quant il lui plairoit.» Archives CÔTE-D'OR, B 1503, fol. 167 v° et 188 v°. Si,
comme il est probable, les autres ducs avaient commandé, eux aussi, le matériel
nécessaire pour transporter les services de leurs Hôtels particuliers, il n'est
pas impossible que la flottille ait compté dix-sept bateaux. Cf. Petit, p. 552.
6. [...] C'est à Chalon-sur-Saône que parait avoir été fixé le
rendez-vous des délégués royaux ; les députés de l'Université quittèrent la
capitale vers le 14 avril ; le duc d'Orléans, qui était encore à Paris le 17, avait,
le 22, rejoint le duc de Bourgogne, qui l'emmena visiter son duché. Il est
probable que le duc de Berri n'arriva qu'à la dernière minute. En tout cas, le
30 avril, personne ne manquait plus Ă l'appel : l'embarquement s'effectua
dans la matinée, et le soir même la flotille des dix-sept bateaux qui portaient
les princes et leur suite arrivait à Tournus. La descente du Rhône se fit très lentement ; les ducs ne
manifestaient aucune précipitation. Ils firent à Lyon une halte qui dura près
de quinze jours et demeurèrent quatre jours à Pont-Saint-Esprit, où il leur
prit fantaisie de faire décorer leurs navires. Bien fâcheuse inspiration ;
car, non seulement ils arrivèrent en
retard sur l'horaire prévu ; mais une violente tempête s'étant élevée
soudain, ils durent mettre pied Ă terre et atteindre Avignon par la route, ce
qui était incontestablement beaucoup
moins original. Les Français firent néanmoins une énorme impression sur les
Comtadins. Leur nombre, la magnificence de leur Ă©quipement, l'argent dont ils
étaient munis et qu'ils dépensèrent follement dès le début de leur séjour leur
assurèrent d'emblée le respect de tous les mercantis qui gravitaient autour du
palais des papes (Françoise
Lehoux, Jean de France, duc de Berri: De l'avènement de Charles VI à la mort de
Philippe de Bourgogne, 1966 - www.google.fr/books/edition). La bataille de
Rovine, "rage" et Arges Le voĂŻvode Mircea Ier l'Ancien, mort le 13 janvier 1418,
fut de 1386 à 1418 un des plus importants souverains de la Principauté de
Valachie. L'un des fils de Mircea l'Ancien Ă©tait Vlad II le Dragon (Vlad
Dracul), et ses petits-fils Mircea II le Jeune, Vlad III l'Empaleur, et Radu
III le Beau, tous voĂŻvodes, et membres de la famille des Draculea (fr.wikipedia.org -
Mircea Ier de Valachie). La Bataille de
Rovine a eu lieu le 17 mai 1395. L'armée de la Principauté de Valachie
dirigée par le Voïvode Mircea Ier défait l'armée ottomane dirigée par le Sultan
Bajazet Ier. La bataille a probablement eu lieu près de l'Arges, mais l'emplacement exact est inconnu. Mircea vainquit
finalement les Turcs, et les chassa du pays. Aidé par Sigismond de Luxembourg,
Mircea se débarrassa aussi de Vlad Ier l'Usurpateur, un prétendant soutenu par
le sultan ottoman, qui tenta de s'emparer le trĂ´ne. En 1396 Mircea participe Ă
une coalition anti-ottomane organisée par Sigismond, repoussée à Nicopolis le
25 septembre. En 1397 et 1400, Mircea arrête deux autres expéditions ottomanes
qui traversaient le Danube (fr.wikipedia.org -
Bataille de Rovine). "fureur" Les poètes serbes ont été frappés eux-mêmes du caractère
impétueux des héros roumains, et Mircea-le-Vieux
est comparé par les pesmas au Danube en fureur. Vlad V était encore plus
terrible, et le nom redouté de Mahomet II ne l'empêchait pas d'épouvanter les
Ottomans par les plus terribles violences (Dora
d'Istria, Les péchés capitaux, Revue internationale, Volume 11, 1886 -
www.google.fr/books/edition). "exercice" "exercice" du latin
"exercitus" : armée, troupe... de "exerceo", être en
mouvement, être agité. « exercita
cursu flumina » : les fleuves dont l'eau court sans trêve
(Virgile, GĂ©orgiques III, 529) (Gaffiot). Dans le mĂŞme livre des GĂ©orgiques,
Virgile mentionne le Danube : « Turbidus et torquens flaventes Ister
arenas » (Géorgiques III, 350) (M.
Vidal, Les GĂ©orgiques de Virgile avec une double traduction, 1812 -
www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 1904 sur la date pivot 1395 donne 886. Après la défaite définitive de ce dernier en 885 et les
actes de représailles contre ses partisans, Théobald s'enfuit probablement en
Provence dans les Ă©tats de son parent Boson (fr.wikipedia.org -
Théobald d'Arles). Ce Théobald était une sorte d'aventurier qui se battit
d'abord pour Hugues le Lohérain, son beau-frère, et qui, lorsque cette cause
fut perdue, vint mettre son épée au service du roi de Provence et de Bourgogne.
Celui-ci lui donna en 886 les comtés d'Avignon et d'Arles réunis. Boson étant
mort, l'année suivante, et ne laissant après lui qu'un enfant, le comte
d'Avignon reporta sur le jeune Louis l'amitié qu'il avait eue pour le père ;
malheureusement, il ne survécut que quelques mois à ce dernier ; et les
documents le mentionnent pour la dernière fois en juin 887 (Adrien
Marcel, Histoire anecdotique d'Avignon, Mémoires, Académie de Vaucluse,
Avignon, 1927 - www.google.fr/books/edition). Théobald inaugure le titre de comte d'Avignon et la série
de 7 des comtes avant le rattachement du comté à la Provence. Boson de Provence ou Boson V de Provence (né v. 844 et
mort le 11 janvier 887) est un monarque lotharingien. Il est le premier Ă
parvenir à imposer une royauté élective, autonome et indépendante, quoique
précaire, au sein de l'imperium francorum du IXe siècle (fr.wikipedia.org - Boson
de Provence). Il est aisément possible de combiner les deux récits des
Annales dites de Fulda et de Réginon de Prüm, de façon à considérer les «deux»
Boson comme un même personnage. Sa femme Engiltrude l’aurait abandonné au temps
de Lothaire II. Les efforts du pape Nicolas Ier pour une réconciliation du
couple ne furent point couronnés de succès. Engiltrude mourut enfin,
probablement d’une mort inespérée qui dut nourrir quelques soupçons, car il
était alors d’usage courant de conclure à une maladie ou à une mort soudaine
due à un empoisonnement. Boson pouvait donc épouser la fille de l’empereur
Louis II et commencer une carrière toute nouvelle. Les historiens de la
Provence du XVIIe siècle, comme J. Bouis (1641), Honoré Bouche (1664), et
Nicolas Chorier (1671), ont accepté cette interprétation, et certainement aimé
l’accent savoureux de l’affaire conjugale de Boson et d’Engiltrude. Mais en
1729, Johann Georg Eckhart, élève de Gottfried Wilhelm Leibniz et historien
éminent de la Franconie, distingua quatre personnages nommés Boson. Enfin, ce
fut au tour de René Poupardin d’avancer, en 1901, des arguments contre
l’identification jadis proposée par les historiens provençaux, et il le fit
avec un très grand succès, puisque tous les historiens modernes ont ensuite
adopté la distinction entre au moins deux personnages nommés Boson dans les récits
des annales du IXe siècle : l’un serait le mari d’Engiltrude, l’autre le futur
roi de Provence (Franz
Staab, Jugement moral et propagande : Boson de Vienne vu par les Ă©lites du
royaume de l’Est In : La royauté et les élites dans l’Europe carolingienne (du
début du IXe aux environs de 920), 1998 - books.openedition.org, Lothaire
II et Nicolas Ier, Revue nationale de Belgique, Volumes 5-6, 1841 -
www.google.fr/books/edition). 1904 Par rapport au Rhin et au RhĂ´ne, le Danube est le fleuve le plus
long (2850 km), et celui qui présente les difficultés les plus faibles vu sa
pente relativement modeste. Les possibilités de navigation sur le Danube furent
connues depuis la plus haute antiquité La
région dite des Portes de Fer comporte des difficultés analogues à celles du cours
central du Bas RhĂ´ne. La navigation Ă vapeur apparut sur le Danube le 21
mars 1817 avec le voyage du vapeur Carolines dû à A. Bernhard (fig. 93). Malgré
ce suc-cès, elle ne débuta qu'en 1828-1829 avec le bateau Franz I reliant
Vienne Ă Budapest en 14 h 15 mn, et 48 h 20 mn Ă la remontĂ©e. Dès 1837 Roentgen avait rĂ©alisĂ© les bateaux Ă
double expansion Ratisbon et Regensburg pour le service entre Ratisbonne
(Bavière) et Linz (Autriche). D'après Béla von Gouda cette technique s'est
déve-loppée et a fourni quelques bateaux caractéristiques. [...] L'Autriche fut
au milieu du XIXe siècle le siège d'une vive acitivité technique liée au
Danube. Une preuve en est fournie par les chaudières Andreae, du nom de leur
inventeur, de section elliptique, équipées d'un réchauffeur d'eau et d'un surchauffeur à gaz de combustion. Ces chaudières furent
présentées à l'Exposition Universelle de Paris en 1867. Elles équipaient alors
80 bateaux circulant sur le Danube ou d'autres fleuves. A partir de 1890, la
machine à expansion multiple se généralise sous la forme à cylindres inclinés
en batterie. La puissance, d'abord limitĂ© Ă 200 ou 300 ch par machine Ă
cylindres oscillants, augmente alors nettement. Des compagnies adoptent la
triple expansion. A la fin de cette
décennie la réalisation du canal des Portes de Fer et la correction de certains
rapides, inspirée du plan Freycinet sur le Rhône, amène une amélioration du
matériel. Les unités réalisées possédaient une forte puissance. [...] Les ingénieurs
danubiens réalisaient des engins, dont le Rhône commençait seulement à profiter
pour le transport des marchandises. Les performances de bateau lui permettait de remonter le courant Ă 21,7 km/h de moyenne et
de le descendre Ă 31 km/h. Ces valeurs
sont relativement proches de celles indiquĂ©es pour les Rapides du RhĂ´ne dus Ă
Benjamin Normand ou de celles citées dans la Notice CGN-HPLM. Dès 1873
l'expansion multiple s'est généralisée sur le Rhin. […] Les conditions d'exploitation des 3 fleuves n'étaient pas
les mĂŞmes. La contrainte technique s'est
manifestée aussi lors de la correction des cours des fleuves. Celles du Rhône
et du Danube ont mis en oeuvre des moyens très importants, et fait appel à des
experts qui devaient s'y illustrer. Pour le Rhin les travaux n'atteignirent
pas l'ampleur de ceux entrepris sur le RhĂ´ne et surtout sur le Danube. Ces
difficultés ont influencé la mise en oeuvre des procédés d'expansion multiple.
Il fallait disposer d'une puissance importante, en minimisant la surface
mouillée au maître couple face à des courants très intenses. Ce n'était pas le
cas du Rhin, où l'on pouvait réaliser des remorqueurs et des porteurs de
grandes dimensions. L'expansion multiple (double ou triple expansion) put s'y
développer rapidement et atteindre des puissances très importantes sans
rencontrer des contraintes d'espace occupé ou de tirant d'eau limité. […] L'expansion multiple fut utilisée à bord des navires de
voyageurs sur le Rhône. Dans le domaine des bateaux destinés au service des
voyageurs on trouve des applications particulières des procédés de double
expansion. Ces bateaux, qui prirent la suite des Express, furent connus par
leur nom générique les Gladiateurs. La Cie maintint le trafic des voyageurs, et
fut rachetée par le C.G.N. en 1888. Cette dernière exerça un quasi monopole sur
la navigation rhodanienne et continua ce service jusqu'en 1904 (Jean-Marc
Combe, Bernard Escudié, Jacques Payen, Vapeurs sur le Rhône, histoire
scientifique et technique de la navigation Ă vapeur de Lyon Ă la mer, 1991 -
www.google.fr/book/edition). Indéniablement, l'expansion multiple fut employée sur le
RhĂ´ne Ă partir de 1870. Ce fut chaque fois dans des essais sans lendemains,
dont les causes d'échec n'étaient pas liées au type de moteur utilisé. Il
apparaît que depuis la tentative d'Aitken et Steel en 1827, en passant par les
tentatives de Verdet du Trembley vers 1850, puis avec celles qui nous occupent,
le moteur Ă double expansion ne trouvera pas des conditions favorables. Il fit
ses preuves en 1892 avec les remorqueurs Ă triple expansion. La technique
rhodanienne peut s'enorgueillir d'avoir avec F.P. Bourdon porté les moteurs des
porteurs à un état d'efficacité remarquable dans le cadre de l'expansion simple
de grande puissance. Elle ne maîtrisera l'expansion multiple, qu'en suivant
l'exemple des concepteurs rhénans ou danubiens. [...] En 1881 le Génie Civil se faisait l'écho d'intéressantes
innovations rhodaniennes. Ayant rapidement décrit le grappin porteur articulé
(Grenier et Moreaux), l'auteur consacrait la plus grande partie de l'exposé aux
nouveaux bateaux de Benjamin Normand, les "Rapides du RhĂ´ne". Le
bateau est doté "de tous les perfectionnements que la marine à vapeur a su
réaliser au cours de ces années" en vue d'obtenir le moindre poids mort et
la plus faible résistance à l'avancement. Ce projet était défini pour la
puissance la plus grande tout en assurant la consommation spécifique la plus
faible. [...] L'innovation réalisée par B. Normand était techniquement réussie.
L'emploi de la triple expansion et des techniques marines avait permis sur le
Rhône des performances inégalées. L'abandon du procédé était peut-être dû à des
considérations économiques d'exploitation. Le choix du transport de voyageurs
n'était pas forcément le meilleur domaine d'essai. Ce type de transport a
toujours souffert sur le Rhône de la concurrence redoutable du réseau ferré
PLM. La leçon technique de cette tentative ne fut pas perdue pour autant. 10
ans plus tard les remorqueurs du RhĂ´ne utilisaient la triple expansion Ă puissance
double et consommation spécifique réduite (Jean-Marc
Combe, Bernard Escudié, Jacques Payen, Vapeurs sur le Rhône, histoire
scientifique et technique de la navigation Ă vapeur de Lyon Ă la mer, 1991 -
www.google.fr/book/edition). Une extraordinaire batellerie à vapeur s’est installée
sur le Rhône dans la première moitié du XIXe siècle. Des «bateaux» tout en
longueur (il fallait passer sous les arches des ponts) et munis d’une puissante
machine Ă vapeur actionnant les roues Ă aubes sont construits pour de grandes
compagnies de navigation. En 1848 apparaissent les «grappins» qui se
propulsaient, avec les barques qu’ils remorquaient, grâce à une énorme roue
dentée qui mordait le lit du fleuve. Plus tard, à l’instigation de la Compagnie
générale de navigation H.P.L.M., un système original est utilisé. Des toueurs
qui se tractaient eux-mêmes sur un câble d’acier de 10 à 15 kilomètres de
longueur permettent de tracter les barques dans les passages les plus
difficiles. Le câble s’enroule sur une gigantesque bobine installée sur le
toueur et actionnée par une machine à vapeur. De puissants remorqueurs sont
également construits pour prendre le relais dans le reste du parcours. La Compagnie générale de navigation H.P.L.M. a été la
plus importante des compagnies françaises de navigation intérieure. À son
apogée, au lendemain de la Première Guerre mondiale, près de mille bateaux
divers portaient ses couleurs sur toutes les voies navigables de notre pays, de
Lille à Marseille et de Nancy au Havre. La loi votée le 13 mai 1878 avait décidé l’exécution d’un
programme de travaux destinés à régulariser et approfondir le lit du fleuve.
Après de longues études, la Compagnie générale de navigation décide de construire
un formidable matériel pour permettre le transport de marchandises entre Lyon
et Marseille, sans rupture de charge. La traction des convois sera assurée
entre Lyon et Valence, ainsi qu’entre Pont-Saint-Esprit et Saint-Louis, par des
remorqueurs à roues et, dans la section Valence-Pont-Saint Esprit, qui est
celle des rapides, par des toueurs. Le service est opérationnel dès 1895. Huit
remorqueurs seront finalement commandĂ©s aux chantiers du Creusot de 1893 Ă
1908. Les bateaux mesurent de 60 à 63 mètres de long pour une largeur totale
hors tambours de 15,80 mètres. Les remorqueurs peuvent ainsi passer l’écluse de
la Mulatière à Lyon. Leur tirant d’eau est inférieur à 1,10 mètre ! En décembre 1911 une compagnie rivale est créée sur le
RhĂ´ne sous le nom de Compagnie lyonnaise de navigation et remorquage
(C.L.N.R.). Elle fait construire trois remorqueurs à roues à aubes inspirés des
remorqueurs rhénans, le France, le Provence et la Lorraine, plus grands et plus
puissants que ceux de la Compagnie générale. Les bateaux, longs de 71 mètres et
larges de 20, ne peuvent plus passer par l’écluse de la Mulatière et donc
naviguer sur la Saône. Par contre, leur concept est particulièrement original :
si leurs machines ont une force moyenne de 1000 chevaux, il est possible de
doubler cette puissance pendant quelque temps pour le franchissement des
rapides. Ils peuvent donc remorquer de bout en bout, (de Lyon Ă Marseille) des
convois de trois barques ! C’est un progrès considérable par rapport au service de
la Compagnie générale de navigation car le recours aux toueurs entraînait une
réelle perte de temps. Malheureusement ces puissants remorqueurs à double
cheminée ont un tirant d’eau important et sont immobilisés une partie de
l’année… (www.musee-batellerie-conflans.fr). |