Emotions populaires

Emotions populaires

 

V, 89

 

1917-1918

 

Dedans Hongrie par Boheme, Navarre,

Et par banniere sainctes seditions,

Par fleurs de lys pays portans la barre,

Contre Orleans fera esmotions.

 

"Hongrie", "Boheme" et "Navarre"

 

Vladislas Jagellon, né le 1er mars 1456 à Cracovie et mort le 13 mars 1516 à Buda, est roi de Bohême à partir de 1471 puis de Hongrie et de Croatie de 1490 jusqu'à sa mort, sous le nom de Vladislas II. Son épouse est Anne de Foix (1484 - 26 juillet 1506). Anne est la fille de Gaston de Foix, comte de Candale, et de Catherine de Foix, fille de Gaston IV, comte de Foix et d'Éléonore, reine de Navarre. Par sa mère, elle est cousine germaine d'Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, roi de France. Son mariage avec Vladislas IV de Bohême, roi de Bohême et de Hongrie est la conséquence d'un rapprochement politique entre la couronne de France et les Jagellon contre les avancées turques et l'expansion de la famille Habsbourg (fr.wikipedia.org - Anne de Foix).

 

"bannières" et "sainctes seditions"

 

On aurait bien "sainctes" et non "fainctes".

 

Le cardinal Bakács, l'un des hommes les plus puissants de la cour, prélat ambitieux auquel on a attribué le projet de succéder à Jules II, rapporta du conclave, à défaut de la tiare qu'avait recue Léon X, une bulle de croisade contre les Infidèles (1513). Le trésorier Telegdy déclara que cette croisade était absurde, qu'elle fournirait des armes à un ramassis de mendiants et de coquins bien décidés à ne jamais marcher contre les Turcs. Il ne fut pas écouté, la croisade chimérique fut prêchée. Dózsa reçut du cardinal la bannière blanche à croix rouge venue de Rome; il forma un camp dans les environs de Pesth et y eut bientôt réuni quarante mille hommes; d'autres camps se remplissaient sur différents points du territoire (Édouard Sayous, Histoire générale des Hongrois, 1900 - books.google.fr).

 

György DĂłzsa/Gheorghe Doja, est un sicule de Transylvanie. Il avait combattu comme mercenaire contre l’Empire ottoman : il fut distinguĂ© et anobli. Lors du prĂŞche d’une «nouvelle croisade» contre les Turcs, on promit la libertĂ© aux serfs et aux corvĂ©ables qui acceptent de s’y engager, mais les magnats hongrois refusent cette mesure qui menace leurs propriĂ©tĂ©s, et poursuivent les bandes de paysans qui se rassemblent, jusqu’à ce que l’archevĂŞque d’Esztergom interdise le recrutement de croisĂ©s le 15 mai 1514. les paysans sicules et valaques de Transylvanie Ă  se soulever, comme en 1437, mais la rĂ©volte dĂ©passe rapidement le cadre transylvain et les insurgĂ©s s’établissent Ă  Rákos près de Pest oĂą les hostilitĂ©s commencent.

 

La noblesse hongroise, alliée à Jean Zápolya, voïvode transylvain marchent contre les insurgés, qui sont surpris, dispersés et massacrés. György Dózsa est capturé le 15 juillet 1514.

 

La fin de György DĂłzsa est cĂ©lèbre par le caractère atroce de son exĂ©cution : il fut placĂ© sur un trĂ´ne en fer chauffĂ© Ă  blanc, couronnĂ© d’une couronne de fer et avec un sceptre en main chauffĂ©s Ă©galement Ă  blanc; six de ses compagnons, auparavant affamĂ©s par leurs geĂ´liers, sont ensuite forcĂ©s de le dĂ©vorer. La rĂ©pression menĂ©e par la noblesse hongroise de Transylvanie commandĂ©e par Jean Zápolya aurait fait près de 60000 morts.

 

Dans l’optique de la lutte des classes, les historiens marxistes dĂ©peignent György DĂłzsa en «rĂ©volutionnaire» ayant pris la tĂŞte d’une insurrection populaire : il aurait proclamĂ© «la RĂ©publique, l’abolition de la noblesse, l’égalitĂ© de tous et la souverainetĂ© du peuple» (fr.wikipedia.org - Gyorgy Dozsa).

 

"esmotions"

 

Av. 1475 «trouble moral» (G. Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, Œuvres, t. 4, p. 224); 2. 1512 «troubles, mouvements (d'une population ou lors d'une guerre)» (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule et Singularitez de Troyes, Livre II, éd. J. Stecher, Œuvres, t. 2, p. 107). Dér. de émouvoir* d'apr. l'a. fr. et m. fr. motion «mouvement» (ca 1223, G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. V.-F. Kœnig, II, Mir. 21, 307) empr. au lat. motio «mouvement» et «trouble, frisson (de fièvre)» (www.cnrtl.fr).

 

"esmotions" : émotions amoureuses à Orléans

 

Le 4 avril 1490, Mathias Corvin, frappé d'apoplexie, meurt à Vienne, sans laisser d'héritiers directs. [...] Les nobles hongrois, ne pouvant s'accorder sur le choix qu'ils avaient à faire, remirent leur droit entre les mains de la reine-douairière, Béatrix, fille de Ferdinand d'Aragon, roi de Naples, déclarant qu'ils reconnaitraient pour chef celui qu'elle leur désignerait. Elle offrit d'abord la couronne et sa main à Maximilien d'Autriche, qui n'accepta pas; ensuite elle tourna ses vues sur Ladislas Jagellon, fils de Casimir IV, roi de Pologne, qui gouvernait la Bohème depuis 1471. Ladislas se laissa désigner au choix des électeurs, en flattant la reine douairière de l'espoir qu'il la prendrait pour femme; mais une fois qu'il eut été reconnu roi de Hongrie et que la cérémonie du couronnement fut consommée, il changea de conduite et crut de sa politique de chercher une alliance plus importante. Les Turcs, ennemis invétérés de la Hongrie, recommençaient leurs attaques; il sut que le roi de France, Louis XII, de concert avec les seigneuries de Gènes et de Venise, venait de diriger contre eux une courte croisade qui n'était que le prélude d'une guerre générale que les principales puissances de la chrétienté allaient entreprendre contre les nouveaux conquérants de la Grèce. Ladislas envoya donc en France des ambassadeurs qui furent chargés non-seulement de contracter avec Louis XII une alliance très-étroite, mais encore de lui demander une princesse de sa famille pour reine de Bohème et de Hongrie.

 

A cette Ă©poque, c'est-Ă -dire vers le milieu de 1501, il y avait dĂ©jĂ  deux ans que Louis XII Ă©tait mariĂ© en secondes noces avec la veuve de Charles VIII, Anne, duchesse de Bretagne. Cette reine, d'une intelligence singulière et d'une vertu remarquable, avait rĂ©uni dans sa cour plusieurs princesses du sang royal de France, qui, jointes aux filles de la plus haute noblesse, composaient sa maison. Elle veillait sur toutes ces jeunes filles avec le soin jaloux d'une mère ; sa prĂ©occupation la plus grande Ă©tait de leur procurer des Ă©tablissements avantageux, et on ne l'ignorait pas dans les principales cours de l'Europe. Dès que la reine Anne de Bretagne eut connaissance de la demande du roi Ladislas, elle dĂ©signa ses deux cousines maternelles, Anne et Germaine de Foix, filles de Guillaume comte de Candale, petites-filles de Gaston-Phebus, comte de Foix, et de Madeleine de France, nĂ©e de Charles VII. On envoya au roi de Hongrie les portraits peints d'après nature de ces deux jeunes filles, lesquelles Ă©taient ornĂ©es de beautĂ© tant singulière, suivant l'expression du chroniqueur officiel de Louis XII, que la renommĂ©e d'icelle volait par tous les climats du monde; Jean d'Auton ajoute que Ladislas, en recevant le portrait de ces deux belles princesses, se trouva des plus embarrassĂ©s : Ă  la fois l'une lui plaisait, et puis il s'arrĂŞtait Ă  l'autre, dans la position d'un homme Ă  qui l'on offre deux choses excellentes; il resta longtemps indĂ©cis sans savoir Ă  laquelle s'arrĂŞter. Enfin Anne de Foix, l'ainĂ©e des deux jeunes filles, fut choisie. Le 5 dĂ©cembre de l'annĂ©e 1501, trois ambassadeurs du roi de Hongrie arrivèrent en France, Ă  OrlĂ©ans, oĂą se tenait la cour, et firent connaitre le choix de leur maĂ®tre. C'Ă©taient un comte StĂ©phane, l'Ă©vĂŞque de Cerenne et messire Georges de Versepel. Peu de jours après le comte StĂ©phane Ă©pousa la princesse au nom de son maĂ®tre; on la traita dès lors comme une reine, et on ajourna son dĂ©part au milieu du mois de mai suivant.

 

Ce ne fut pas sans une Ă©motion profonde, et sans avoir versĂ© beaucoup de larmes, que cette jeune fille quitta la cour d'Anne de Bretagne pour Ă©pouser mĂŞme un roi dans un aussi lointain pays. D'après le tĂ©moignage de Jean d'Auton, l'amour n'Ă©tait pas Ă©tranger aux larmes versĂ©es par Anne de Candale. Elle avait inspirĂ© une affection très-vive au jeune François II, comte de Dunois, petit-fils du fameux bâtard d'OrlĂ©ans, et dont le père François ler, comte de Dunois, avait aussi montrĂ© beaucoup de vaillance Ă  la guerre. François II Ă©tait un aimable et courtois chevalier, beau de visage, mais qu'on voyait peu sur les champs de bataille; ne montrant aucun dĂ©sir de continuer les prouesses de ses pères; ce qui n'avait pas empĂŞchĂ© Anne de Candale de partager l'amour que le jeune prince lui tĂ©moignait. HĂ©las ! le milieu de mai 1502 ne tarda pas Ă  venir : il fallut quitter la France pour se rapprocher de la Hongrie (Discours des cĂ©rĂ©monies du mariage d'Anne de Foix, 1861 - books.google.fr).

 

"esmotions" : Ă©meutes

 

Le bruit s'était répandu que les nommés Petit-Jean-Bernard, notable bourgeois, marchand, qui sortait de l'échevinage, avec Rouillard, receveur du denier commung, et les dix autres échevins avaient dit qu'il fallait construire une grange éloignée de la ville, y attirer le peuple, sous prétexte de faire l'aumône, par deux et trois fois, et à la dernière, l'y enfermer et y mettre le feu. Cet horrible propos, causa un grand tumulte (Jean Eugène Bimbenet, Histoire de la ville d'Orleans, Tome 4, 1888 - books.google.fr).

 

Le jour de l'Ascention (3 juin 1517), après disner, fut à Orléans une grande esmeutte de peuple contre un marchand et bourgeoys de la ville, nommé Jean Bernard, demeurant rue de la Vielle-Poterie , qui eut sa maison pillée et desrobbée; et n'eust esté qu'il estoit ce jour absent de la ville, ilz l'eussent tué; et y survindrent de troys à quatre cens personnes qui luy rompirent son huys. Puys entrèrent en sa maison et pillèrent tout; tellement qu'il n'y demeura les murailles, et rompirent et bruslèrent tout le mesnaige de boys et utancilles de la maison. Et y avoit si grande esmotion de peuple, que personne ne se ausoit trouver en la rue, dont le lendemain en furent prins par le prévost d'Orléans jusques à soixante personnes, desquelz furent pendus deux. Puis fut envoyé devers le Roy, par les eschevins de la ville, à Compieigne, pour luy requérir d'en faire justice ; dont fut commis de par le Roy, monsieur de Luppé, cappitaine de Jenville, pour y aller; et en fut la justice (nonobstant toute opposition et appellation), en appelant avec luy les g du Roy et de la justice, pour en faire justice; dont finablement en furent penduz jusques à quinze (Ludovic Lalanne, Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François premier (1515-1536), 1854 - books.google.fr).

 

L'évêque Jean de Ganay mourut le 8 mars 1521, en laissant deux mille livres à sa cathédrale. Il fut remplacé par Jean de Longueville. Il était fils de François d'Orléans, duc de Longueville, et d'Agnès de Savoie. Le roi, qui avait, d'après le concordat de 1517, le droit de nommer aux évêchés, se contenta de le signaler à l'attention du chapitre. Quoiqu'il fût archevêque de Toulouse depuis six ans, les chanoines consentirent, non sans difficulté, à l'appeler à Orléans. Le pape l'autorisa à garder son archevêché.

 

A l'occasion de sa joyeuse entrée à Orléans, qui eut lieu le 10 juin 1522, suivant le cérémonial en usage, le nouvel évêque délivra cent seize prisonniers. Parmi eux se trouvait un homicide de Limoges, qui fut aussitôt repris, sur les instances de la famille lésée, et condamné à être pendu. Appel fut interjeté au Parlement de Bordeaux. Sur le vu des titres authentiques fournis par l'évêque d'Orléans, constatant le privilège précédemment accordé, le Parlement rendit, le 1er avril 1523, un arrêt favorable au criminel et le renvoya absous, en le chargeant seulement de satisfaire la partie civile (Abbé Duchateau, Histoire du Diocèse D'Orléans, 1888 - books.google.fr).

 

"la barre" : bâtardise

 

Les Longueville sont issus de Jean de Dunois.

 

Jean est le fils illégitime de Louis, duc d'Orléans (1372-1407), fils cadet de Charles V et frère tout-puissant de Charles VI. Sa mère est Mariette d'Enghien, dame de Wiege et de Fagnoles, fille de Jacques d'Enghien, seigneur d'Havré et de Marie de Roucy de Pierrepont. Depuis 1389, elle est l'épouse d'Aubert le Flamenc, seigneur de Canny et de Varenne, conseiller et chambellan de Charles d'Orléans. Son blason porte D'azur à trois fleurs de lys d'or, au lambel à trois pendants d'argent, à la barre d'argent (fr.wikipedia.org - Jean de Dunois).

 

François II, amoureux d'Anne de Foix, et Jean, évêque d'Orléans, sont frères, fils de François Ier d'Orléans.

 

Acrostiche : DEPC, dépecé

 

"dĂ©pecer"v: Ca 1100 «mettre en pièces, briser en morceaux» [une lance] (Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 837); spĂ©c. ca 1200 (J. Renart, Escoufle, Ă©d. F. Sweetser, 6899 : Si le [l'escoufle] depece membre a membre); 1595 [Ă©d.] une viande (Montaigne, Essais, Ă©d. A. Thibaudet, livre 1, chap. 55) (www.cnrtl.fr).

 

Dans la lettre à son ambassadeur auprès de l'empereur, le roi Vidislav II évoque ainsi la mise à mort de Dozsa : “György Dozsa a été d'abord couronné avec du fer chauffé à blanc puis, encore vivant et tout nu, il a eu les jambes ligotées et ses propres soldats, qu'on appelle en général les Haïdou et dont les actions ont causé tant de choses horribles l'ont déchiré avec leurs dents et l'ont dévoré. Son corps a été ensuite coupé en quatre morceaux et exposé sur l'échafaud" (Gavroche, Numéros 49-60, 1990 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1917 sur la date pivot 1514/1517 donne 1111/1117.

 

Les rĂ©voltes populaires marquent particulièrement deux pĂ©riodes : l'une se situe au XIIe siècle, l'autre aux XIVe-XVe siècles. La première est liĂ©e au mouvement communal qui oppose, notamment dans le nord de la France, les bourgeois soutenus par le peuple aux seigneurs pour obtenir un certain nombre de droits tant sur le plan Ă©conomique que judiciaire et politique. En Italie Ă©galement, des rĂ©voltes mettent aux prises les habitants et l'empereur ou le pape. Guibert, abbĂ© de Nogent, après avoir dĂ©crit les pillages des bourgeois de Laon, rapporte comment, en 1111, la commune est reconnue moyennant finances (Jean Verdon, La vie quotidienne au Moyen Age, 2020 - books.google.fr).

 

Amiens s'embrase en 1113 (Révolte et société, Volume 1, 1989 - books.google.fr).

 

Les habitants de Saint-Jacques-de-Compostelle se sont révoltés à deux reprises, en 1116-1117 et en 1136, contre leur seigneur, l'évêque puis archevêque Diego Gelmirez (Les Sociétés urbaines en France méridionale et en péninsule ibérique au Moyen Age, 1991 - books.google.fr).

 

1917

 

La révolution russe est l’ensemble des événements ayant conduit en février 1917 au renversement spontané du régime tsariste de Russie, puis en octobre de la même année à la prise de pouvoir par les bolcheviks et à l’installation d’un régime léniniste («communiste»). Cette dernière débouche sur une guerre civile d'une grande violence, opposant les bolcheviks aux Armées blanches et à un ensemble d'autres adversaires (makhnovchtchina, Armées vertes, etc.). Le conflit est accompagné d'un effondrement de l'économie russe, qui avait débuté pendant la Première guerre mondiale, et d'une famine particulièrement meurtrière : il s'achève par la victoire des bolcheviks et par la reconstitution, sous l'égide de l'URSS, de la majorité des territoires de l'ex-empire. La révolution en Russie donne également naissance au communisme, au sens contemporain du terme.

 

Le mois de fĂ©vrier 1917 rassemble toutes les caractĂ©ristiques pour une rĂ©volte populaire : hiver rude, pĂ©nurie alimentaire, lassitude face Ă  la guerre… Tout commence lors de grèves spontanĂ©es, dĂ©but fĂ©vrier, des ouvriers des usines de la capitale Petrograd (nouveau nom que Saint-PĂ©tersbourg a pris au dĂ©but du conflit) (fr.wikipedia.org - RĂ©volution russe).

 

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