Felix Faure et Marguerite Steinheil

Felix Faure et Marguerite Steinheil

 

V, 65

 

1899-1900

 

Subit venu l'effrayeur sera grande,

Des principaux de l'affaire cachez,

Et dame en braise plus ne sera veus

Ce peu a peu seront les grands fachez.

 

"dame en braise"

 

On peut penser à une femme brûlée sur un bûcher ou à une autre plutôt chaudasse.

 

Les idĂ©es de mort et d'amour confondues en la fĂ©licitĂ© suprĂŞme des amants, comment ne pas Ă©voquer le «liebestod» wagnĂ©rien ? Et Louise LabbĂ©, revivant son amour et les instants de plĂ©nitude des joies de l'âme et de la chair, porte son regard sur ce sonnet :

 

Baise m'encor, reboise moy et baise :

Donne m'en un de tes plus savoureus,

Donne m'en un de tes plus amoureus :

Je t'en rendray quatre plus chaus que braise. (Sonnet XVIII)

 

Que la plupart aient dĂ©crĂ©tĂ© ce sonnet un des plus licencieux de notre littĂ©rature amoureuse surprend. Hypocrisie des jugements masculins — il est si facile de se gausser ou de protester quand il s'agit d'un aveu de femme — excessive pudeur de la part de censeurs du mĂŞme sexe ? Faut-il, avec de Ruolz discourant en 1746 Ă  l'AcadĂ©mie des Belles Lettres sur le sujet de Louise LabĂ© expliquer : «Jamais la poĂ©sie ne fut si tendre, si passionnĂ©e, ni moins retenue dans ses expressions, que sous le règne de Henri II et de ses enfants, inĂ©vitable effet de l'exemple donnĂ© par la Cour.» Chanter la douceur et mĂŞme la voluptĂ© du baiser, est-ce braver toute honnĂŞtetĂ© ? L'Ă©poque connaissait une certaine libertĂ© d'expression mais n'Ă©tait privĂ©e non plus de franchise (Fernand Zamaron, Louise LabĂ©, dame de franchise, Sa vie. Son Ĺ“uvre. Le texte des Ă©lĂ©gies et sonnets. Son entourage littĂ©raire, 1968 - books.google.fr).

 

Marguerite Steinheil

 

Marguerite Jeanne Japy, épouse Steinheil, dite Meg, née le 16 avril 1869 à Beaucourt (Territoire de Belfor) et morte le 18 juillet 1954 à Hove dans le Sussex au Royaume-Uni, est une célèbre salonnière et demi-mondaine française.

 

Épouse du peintre académique Adolphe Steinheil jusqu'en 1908, elle est connue pour avoir entretenu une liaison avec le président Félix Faure — mort dans ses bras au palais de l'Élysée — et pour avoir ensuite été au cœur d’une sombre affaire judiciaire.

 

Le 16 fĂ©vrier 1899, le PrĂ©sident lui fait porter un message pour qu'elle passe le voir en fin d’après-midi. Quelques instants après son arrivĂ©e, les domestiques entendent des coups de sonnette et accourent dans le Salon bleu : allongĂ© sur un divan, pantalon et caleçon descendus sur les chevilles, FĂ©lix Faure râle tandis que Marguerite Steinheil rajuste avec prĂ©cipitation ses vĂŞtements en dĂ©sordre. Le chef de l'État meurt quelques heures plus tard. Officiellement, sa mort est due Ă  une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale, une «attaque» comme on dit alors. Bien que les services de l’ÉlysĂ©e tentent de dissimuler que cet accident vasculaire cĂ©rĂ©bral est survenu lors d'une fellation, les circonstances exactes de la mort sont vite connues des gens «bien informĂ©s». Le Journal du peuple titre «FĂ©lix Faure a trop sacrifiĂ© Ă  VĂ©nus». On connaĂ®t cet Ă©change supposĂ© entre le majordome de FĂ©lix Faure et le prĂŞtre appelĂ© Ă  l’ÉlysĂ©e en catastrophe pour administrer les derniers sacrements : «Le prĂ©sident a-t-il encore sa connaissance ? — Non, monsieur l’abbĂ©, elle est sortie par l'escalier de service.» Ce dialogue a probablement Ă©tĂ© inventĂ© de toutes pièces pour faire un bon jeu de mots et il en existe une variante oĂą ce n'est plus le prĂŞtre mais le mĂ©decin qui pose la question au maĂ®tre d'hĂ´tel. On attribue aussi un autre mot d'esprit Ă  Clemenceau : «Il se voulait CĂ©sar, mais ne fut que PompĂ©e». Les circonstances de la mort de FĂ©lix Faure valent Ă  sa maĂ®tresse le sobriquet de «la pompe funèbre». Concernant les causes de la mort de FĂ©lix Faure, les mĂ©decins de l'Ă©poque parlent officiellement d'apoplexie, mais il est possible qu'elle rĂ©sulte de l'absorption d'une trop forte dose de cantharide officinale, aphrodisiaque puissant aux effets secondaires importants (Ă  moins qu'il ne s'agĂ®t de l'aphrodisiaque Ă  base de quinine qu'il se faisait apporter par son huissier comme Ă  son habitude). Ce scandale demeure partiellement cachĂ© Ă  l'opinion publique, Ă  l'Ă©poque des faits, mais refait surface neuf ans plus tard lorsqu'en 1909 Ă©clate une affaire criminelle dans laquelle Marguerite Steinheil est impliquĂ©e.

 

Après la mort de Félix Faure, Marguerite Steinheil, bénéficiant désormais d'une «notoriété flatteuse» dans le monde politique, devient la maîtresse de diverses personnalités, dont le ministre Aristide Briand et le roi du Cambodge. En février 1908, elle fait la connaissance d’un industriel, Maurice Borderel, maire de Balaives-et-Butz, commune du département des Ardennes, dont elle devient également la maîtresse.

 

Le 30 mai 1908, Madame Émilie Japy, mère de Marguerite, passe quelques jours chez sa fille, impasse Ronsin, à Paris. Initialement prévu le soir, son départ est en dernière minute reporté au lendemain. Le lendemain 31 mai, à 6 heures du matin, le domestique Rémy Couillard descend de sa chambre, située sous les combles, et constate que toutes les portes du premier étage sont ouvertes : parcourant les chambres, il découvre successivement les corps de Madame Japy et d’Adolphe Steinheil. Madame Japy est décédée d’une crise cardiaque. Le peintre Adolphe Steinheil est retrouvé dans son cabinet de toilette, vêtu de sa chemise de nuit et étranglé par une cordelette encore nouée autour de son cou. Quant à Marguerite, elle est bâillonnée et ligotée sur un lit. Elle explique aux policiers avoir été attachée par trois personnes — deux hommes et une femme rousse — en habits noirs. Le 4 novembre 1908, le juge d’instruction, Joseph Leydet, la fait arrêter et incarcérer à la prison Saint-Lazare. Elle y passera plus de 300 jours. Le 14 novembre, après une plaidoirie de son avocat de plus de sept heures, elle est acquittée par les jurés, bien que le président du tribunal eût souligné que ses explications étaient un «tissu de mensonges». Après le procès, elle part vivre à Londres. Le 26 juin 1917, elle épouse Lord Robert Brooke Campbell Scarlett, 6e baron Abinger et devient Lady Abinger. Son mari meurt en 1927. Marguerite Steinheil meurt en 1954 dans une maison de repos de Hove dans le comté du Sussex (fr.wikipedia.org - Marguerite Steinheil).

 

Obsèques de Félix Faure

 

Le président eut droit à des obsèques nationales, célébrées le 23 février 1899. Elles furent marquées par une tentative de coup d'État de la Ligue des patriotes fomenté par Paul Déroulède que le général Boulanger avait refusé dix ans plus tôt. Il tente en effet de faire tourner bride au général Roget et à ses troupes pour prendre l’Élysée. Arrêté, acquitté en cour d'assises, jugé en Haute Cour et, finalement, banni (expulsé en Espagne), il bénéficie d'une amnistie en 1905 (fr.wikipedia.org - Paul Déroulède).

 

Acrostiche : SDEC

 

Sdec : roi en khmer (Péninsule, Numéro 56, 2008 - books.google.fr).

 

Sisowath (roi du Cambodge, qui mourra en 1927). Edmond Locard l'inscrit sur sa liste. La chanson des rues confirme :

 

Elle avait séduit un roi

Sisowath qu'Ă©tait pas d'bois

 

Marguerite fréquentait la légation du Cambodge, 14 avenue d'Eylau. Depuis, cette aventure connue et peut-être encouragée au Quai d'Orsay, Marguerite était surnommée "le corps diplomatique" (Armand Lanoux, Madame Steinheil, Ou La connaissance du président, 1983 - books.google.fr).

 

Certaines Ă©ditions ont "De peu Ă  peu..." au lieu de "Ce peu Ă  peu". SDED est moins signifiant (Les Propheties De M. Michel Nostradamvs. Medecin du Roy Charles IX. & l'vn des plus excellens Astronomes qui furent iamais, 568 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net