1400 ans de France catholique V, 74 1906-1907 De sang Troyen naistra
cœur Germanique, Qui deviendra en si haute puissance, Hors chassera gent estrange
Arabique, Tournant l'Eglise en pristine
prééminence. Lisons ce vers de Nostradamus : De sang Troyen naistra cœur germanique. Clovis, le premier des rois de
l'ancienne Gaule, Ă©tait de la race germanique des Francs. Mais une tradition
orale prétendra - et Ronsard, ce contemporain de Nostradamus, que le poète
connaîtra à la cour des Valois et qui sera de ses amis personnels, s'en souvenait en écrivant son épopée : la Franciade
- que, parmi les ancêtres de Clovis se trouvait un prince troyen, Francus, qui avait réussi, avec son frère Enée (le héros de Virgile), à quitter la cité de Troie au
moment de sa prise, avec sac et massacre, par les Grecs Dans un poème émanant de l'abbaye prémontrée
de Joyenval, fondée en 1221 par Barthélemy de Roye,
alors qu'il se trouve à Montjoie, Clovis doit affronter la puissante armée du
roi Conflat, Ă©tabli Ă Conflans Sainte-Honorine. Se
faisant apporter ses armes, il constate qu'au lieu des croissants habituels [emblème
facile à interpréter puisqu'il évoque les Sarrasins, ennemis de la foi
chrétienne], elles comportent trois fleurs de lis sur champ d'azur. Pressé par
la nécessité, et ne parvenant pas à se faire apporter des armes différentes, il
s'équipe cependant et remporte une victoire inespérée. Il apprendra plus tard,
et le lecteur avec lui, que sa femme, Clotilde, a opĂ©rĂ© cette substitution, Ă
l'instigation d'un ermite vivant à quelque distance de là , dans une vallée où
s'élévera plus tard l'abbaye de Joyenval.
Cet ermite avait reçu d'un ange la révélation du nouveau blason. Quant aux
trois fleurs de lis, elles évoquent la Sainte Trinité. A la suite de cette
aventure, Clovis décide de se faire baptiser Le roman de La Belle Hélène de Constatinople
possède certains points communs avec ce dernier poème. Clovis de France, que
l'on appelait Gaule et qui Ă©tait
"sarrasine" (payenne) en ce temps, assiège la ville de Grasse ou Plaisance en Lombardie
dont le roi est Heurtaut, qui est aidé par une
multitude de "sarrasins". Un ange apporte Ă Clovis un Ă©cu portant 3 fleurs de lis
à la place de celui portant des crapauds De la fin du XIVe siècle jusqu'à la fin du XVIe siècle,
ces crapauds ont connu une grande popularité. Gravures, tapisseries,
bas-reliefs représentent volontiers ce qui passait alors pour les anciennes
armes des rois de France. Du XVIe au XVIIIe siècle, nombre d'érudits
mentionnent encore, avec plus ou moins de conviction, cet hypothétique écu
primitif. Quant aux poètes, ils ne dédaignent pas d'y faire allusion. Ronsard
lui-mĂŞme, l'Ă©voque dans la Franciade. Et comme les Francs descendent des
Troyens, au moins depuis le Pseudo-Frédégaire, le roi
René n'hésitait pas à placer ces crapauds jusque sur les armoiries du Troyen
Paris. Plus tard encore, Nostradamus, dans un quatrain de la Centurie X
postérieur à l'édition de 1568, mentionne « le tres
puissant seigneur heritier des crapaux
» Quand le fourcheu
sera soustenu de deux paux, Avec six demy
cors, & six sizeaux ouvers
: Le trespuissant
Seigneur, heritier des crapaux, Alors subjuguera, sous soy
tout l'univers. La bataille de Tolbiac, comme le baptĂŞme, sont des
décisions prises par Clovis en pleine maturité, et les faits se sont déroulés
en 506 ; le baptême peut même avoir eu lieu plus tard, en 508. C'est la théorie
des historiens les plus critiques Le seul texte contemporain est la lettre qu'Avit Ă©crivit
à Clovis peu après le baptême, auquel il n'a pu se rendre à son grand  regret. Or cette source est relativement peu
explicite et ne permet pas même de fixer l'année du baptême. Elle précise
seulement que ce dernier eut lieu le jour de Noël et non pas le samedi saint,
comme c'était généralement le cas. D'autres informations sont également
fournies par la lettre que l'évêque de Trèves, Nizier,
adressa vers 565 Ă Chlodoswinde, petite-fille du roi
Clovis et femme du roi lombard Alboin, qui Ă©tait
arien. Nizier pousse la reine Ă convertir son mari Ă
la foi catholique et lui rappelle l'exemple de Clotilde, qui amena Clovis Ă
renoncer au paganisme. Selon Nizier, le roi franc
serait tombé au pied du tombeau de saint Martin de Tours et aurait alors promis de se faire rapidement baptiser.
Curieusement, Grégoire, évêque de Tours de 573 à 594, ignore ou passe sous
silence cette tradition dans ses Dix livres d'histoires, qu'il commence Ă
rédiger peu avant 575. Pourtant, il disposait certainement de renseignements
relativement précis, car la reine Clotilde vécut à Saint-Martin de Tours de 511
à 544, date de sa mort. Suivant Grégoire, Clotilde, princesse burgonde de
religion catholique, joua effectivement un rĂ´le essentiel dans la conversion de
Clovis. Ce dernier d'ailleurs n'était pas foncièrement hostile au catholicisme,
puisqu'il permit Ă son Ă©pouse de faire baptiser son fils Ingomar,
qui malheureusement mourut en Ă©tant revĂŞtu de sa robe de baptĂŞme. Le roi,
défavorablement impressionné par ce dénouement funeste, laissa toutefois
baptiser son autre fils Clodomir, qui tomba malade mais survécut finalement.
Clovis hésitait donc à renier la religion de ses pères. C'est une guerre contre
les Alamans, intervenue en 496 si l'on adopte la chronologie de Grégoire de
Tours, qui lui donna l'occasion de franchir le pas décisif. Comme les Francs
ployaient devant l'adversaire, le roi implora l'aide du Christ en promettant de
croire en Lui et de se faire baptiser en son nom s'il lui accordait la
victoire. Après la dĂ©faite des Alamans et la mort de leur roi, Clovis, Ă
l'initiative de Clotilde, accepta de rencontrer secrètement Remi, évêque de
Reims, pour ĂŞtre instruit dans la religion catholique. S'Ă©tant finalement
risqué à demander ouvertement à son peuple d'abandonner ses dieux, il reçut le
baptême de la main de Remi ainsi que 3 000 hommes de son armée. Ces trois
témoignages ont suscité des commentaires interminables de la part des
historiens contemporains. Van de Vyver notamment a
contesté la date de 496 fondée sur l'assertion de
Grégoire de Tours, qui place la victoire sur les Alamans lors de la quinzième
année du règne de Clovis. L'on possède, en effet, une lettre qu'en 506/507 le
questeur du sacré palais, Cassiodore, écrivit à Clovis au nom de son maître, le
roi ostrogoth Théodoric, et qui mentionne les combats récents au cours desquels le roi franc a vaincu et massacré les
Alamans. Cette source et quelques autres arguments complĂ©mentaires ont amenĂ© Ă
reculer la date du baptême de Clovis jusqu'au 25 décembre 506 Typologie La loi de 1905 met un terme à l'alliance scellée à Reims
autour du baptistère de Clovis. Ce quatrain fait suite immédiatement au quatrain
V, 73 qui pourrait se rapporter à la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Si on
place le baptême de Clovis en 506, alors le quatrain est placé à la 1400ème
année. La France royale est, dès Clovis, le pays de la
distinction des pouvoirs. Pour dĂ©noncer la conception magique des onctions Ă
l'huile de Sainte Ampoule, telles que les a romancées Jean Raspail dans son
triste Sire, il suffit de lire les paroles de la cérémonie. Le sacre du roi est
assimilable à un mariage. L'Eglise ne décrète ni le couple, ni le serment. Elle
bénit le contrat d'amour conclu souverainement entre un homme et une femme. De
mĂŞme, au sacre, elle consacre le contrat de service qui lie le prince Ă son
peuple. Encore faut-il que le couple s'aime, et que la volonté de servir soit
attestée par l'éducation du prince, ses actes passés, son engagement présent,
et que son Ă©lection satisfasse aux coutumes et aux lois du royaume. Reste
l'attraction mystérieuse de l'objet qui symbolise le mieux, pour la nation, la
légitimité continue du pouvoir. L'Eglise, après la chute du dernier Bourbon,
s'est retrouvée gardienne solitaire de l'Ampoule, coupable de l'éternelle
renaissance royale. Héritage suspect aux yeux d'une république encore
jalousement braquée contre l'Ancien Régime. Les craintes et précautions prises
pour sauvegarder la relique - et le silence observé sur son compte - étaient tels que même la petite histoire de Reims n'en transmettait
plus rien. Du moins jusqu'en 1978, lorsque l'abbé Jean Goy, réalisant un
dossier fort laïque sur le sacre des rois pour le Centre régional de Documentation
pédagogique, décida de photographier le reliquaire et d'en extraire l'ampoule
contenant le chrĂŞme du sacre de Charles X. Et l'ampoule Ă©tait vide... Un an
plus tard, examinant avec le chancelier de l'archevêché, une sacoche de
documents du XIXe siècle, l'abbé trouve un procès-verbal en latin daté de 1906
et l'emporte pour le traduire. Il découvre ainsi que le 7 décembre de cette
terrible année où, suite à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, Mgr. Luçon
fut expulsé de chez lui par deux commissaires de police, l'archevêque avait
pris les précautions suivantes : devant trois témoins ecclésiastiques, « pour
soustraire Ă la perte ou Ă la profanation ce chrĂŞme insigne venu du ciel, comme
le rapporte la tradition, [il] ouvrit avec révérence l'ampoule susdite,
soigneusement en retira ce qu'il put en extraire de l'huile coagulée depuis
longtemps et le remplaça par une certaine quantité de saint chrême consacré
cette année et il remit l'ampoule dans la cassette. Ensuite, il transféra les
particules extraites dans une autre ampoule de verre que, la fermant convenablement
avec un sceau de cire de couleur rouge
et un ruban de soie, il marqua de son empreinte pour la conserver et la
reconnaître en des temps plus favorables » Dans certains milieux, pas seulement traditionnalistes, on aura pu lire ce quatrain comme une promesse de rétablissement de l’église cacatholique, pédophilique et gromaine en son « pristin état » d’avant 1905, et de celui de la monarchie, avec en plus l’expulsion des immigrés maghrébins. |