Le pape Pie IX
et l’unité italienne Le concile
Vatican I V, 15 1862-1863 En naviguant
captif prins grand pontife, Grans apretz
faillir les clercs tumultuez : Second esleu
absent son bien debife, Son favori bastard à mort tué. Le pape Pie IX, se proclamera « prisonnier du Vatican » une fois que ses Etats seront annexés par le royaume d’Italie en 1870, Napoléon III n’étant plus là pour faire respecter la « Convention de septembre » par Victor-Emmanuel. Le pape « navigue » en effet sur la « barque de Saint Pierre » qui symbolise l’Eglise catholique dont le pouvoir temporel est fort contesté à cette époque. Au lendemain de la convention franco-italienne, le parti catholique s'efforçait d'effrayer Pie IX, pour le pousser aux résolutions extrêmes. M. le comte de Falloux, qui, dès les premiers bruits de la guerre
d'Italie, disait, le 25 février 1859 : «L'histoire et la postérité placeront en regard l'un de l'autre Louis XVI et Pie IX,» écrivait, le 25 octobre 1864 : «Non, le Pape n'est plus un souverain;
le pape est un patient lié aux quatre membres et qui attend le bourreau ! La papauté n'en est plus aux catacombes, mais elle retourne au martyre !...» L'auguste vieillard ne s'écriera-t-il pas douloureusement :
«France, que t'avais-je fait, et pourquoi m'as-tu abandonné ? Était-ce à toi de me trahir aussi dans un baiser?» Sans nous arrêter au blasphème ridicule que l'on commet en comparant à un homme crucifié
le Pape qui crucifie un peuple, nous ferons remarquer que, si l'un des deux évêques que M. de Falloux fit nommer il y a quinze ans a assimilé Napoléon III à Ponce-Pilate, le comte ultramontain, en voulant le dépasser, ne
pouvait faire moins que de traiter la France de Judas Iscariote
(Armand LĂ©vy, La Cour de Rome, le Brigandage et la Convention Franco-Italienne, Tome 1, 1865
- books.google.fr). Pie IX convoqua un concile en 1869 et fit voter le dogme de l’infaillibilité pontificale « au terme de sessions mouvementées, de discussions tumultueuses, de résistance dramatiques [1] » (« clercs tumultués »). Pie IX était secondé par le cardinal Antonelli. « Ame damnée du pontife, il lui fit endosser bien des maladresse dont il eût dû être le seul à répondre. L’opposition libérale trop comprimée explosa ici et là en tentatives d’assassinat contre le secrétaire d’Etat, voire contre le pape, tentatives qui furent réprimées par la peine de mort ou les galères [2] » (« Son favori bastard à mort tué »). Le cardinal Lambruschini (1776-1854) fut le seul concurrent (« Second esleu » : élu en second) de Pie IX lors de l’élection papale en 1846. « En 1848, les révolutionnaires romains furent sévères pour le partisan de l’absolutisme pontifical et de l’Autriche [3] ». |