Pogroms

Pogroms

 

V, 48

 

1887

 

Après la grande affliction du sceptre,

Deux ennemis par eux seront deffaits,

Classe d'Affrique aux Pannons viendra naistre,

Par mer & terre seront horribles faits.

 

"Affliction du sceptre"

 

Rien n'est plus Ă©vident que l'occasion qui oblige le Sauveur Ă  parler de ces faux Messies. Il vient de dire qu'il n'y a point eu & qu'il n'y aura jamais d'affliction pareille Ă  celle dont il parle & que si ces jours n'eussent Ă©tĂ© abregez, personne n'en auroit rechapĂ© & voici ce qu'il ajoute ensuite. Alors, c'est-Ă -dire manifestement au temps mĂŞme de cette grande affliction, qui sans contestation est la desolation des Juifs par Tite, & ensuite par Adrien, alors si quelqu'un vous dit : Voici le Christ est ici, oĂą il est lĂ , ne le croyez point, Car de faux Christs & de faux ProphĂ©tes s'Ă©leveront, & feront de grands signes ce de grands miracles, jusqu'Ă  sĂ©duire les Elus mĂŞme, s'il Ă©toit possible. Voici je vous l'ai prĂ©dit, si donc on vous dit, voici il est au desert, ne sortez point, voici il est dans les Cabinets, croyez point. Car comme l'Ă©clair sort d'Orient & se montre jusques dans l'Occident, il en sersa de mĂŞme de l'avènement du fils de l'homme: Car lĂ , on sera le corps mort, lĂ  s'assembleront les Aigles. Or incontinent après l'affliction de ces jours lĂ , le Soleil sera obscurci &c. Il n'y auroit rien de si facile que d'expliquer ces paroles par le Commentaire de l'Ă©vĂ©nement, en remarquant que l'espĂ©rance d'un Messie imaginaire n'a pas peu contribuĂ© Ă  avancer la punition de ceux qui avoient rejettĂ© le vĂ©ritable. Dès le temps des ApĂ´tres un faux Messie, nommĂ© Teudas, se fit suivre dans le desert ; avant le siĂ©ge & pendant le Siege de Jerusalem on encourageoit le Peuple contre les Romains par l'espĂ©rance d'un Messie, qui devoit bientĂ´t paroĂ®tre. Au temps de Trajan Barcokebas nom qui signifie le fils de l'Etoile, se donna pour le Christ, & prĂ©tendit en cette qualitĂ© accomplir l'Oracle de Balam, une Etoile est procedĂ©e de Jacob et un Sceptre s'est Ă©levĂ© d'Israel. Il fascina l'esprit des Juifs par ses prestiges, jusqu'Ă  les obliger Ă  massacrer leurs Compatriottes, dans l'esperance qu'il leur donnoit d'ĂŞtre bientĂ´t les MaĂ®tres du Monde, ce qui les fit externiner par les Romains. Mais ce n'est pas la de quoi il s'agit presentement. Il suffit pour notre dessein, qui est d'expliquer les paroles du Sauveur, il suffit de remarquer qu'aussitĂ´t que les Juifs eurent commis ces horribles massacres dans la Lybie, l'Egypte, l'Ile de Chypre &c. Les Legions Romaines, qui avoient tournĂ© du cĂ´tĂ© de l'Orient, occupĂ©es par Trajan Ă  faire des conquĂŞtes ou Ă  garder celles qu'il avoit dĂ©ja faites, les Legions Romaines volerent Ă  la vengeance de ce sang si cruellement rĂ©pandu ; ce que Jesus-Christ marque avec autant de justesse que de vĂ©ritĂ© par la maniĂ©re dont il s'exprime. Comme l'Ă©clair sort de l'Orient & se montre jusques dans l'Occident, ainsi en sera t-il de l'Avenement du fils de l'homme. Car lĂ  ou sera le corps mort, lĂ  s'assembleront les Aigles. On voit fort bien la liaison qu'il y a entre le vol de ces Aigles s'assemblant autour des corps morts, & le jugement du fils de l'homme vengeant avec Ă©clat le meurtre des Saints Ă  l'occasion mĂŞme du massacre des Gentils, fondant sur ces Parricides avec les Legions Romaines, qui dans cette occasion sont les Ministres de sa justice; partant avec la Vitesse de l'Eclair, qui se montre dans l'Orient, & resplendit dans l'Occident. Car il faut observer que le PaĂŻs oĂą les Juifs commirent tant d'affreux massacres Ă©toit l'Occident par rapport au lieu oĂą Ă©toient alors les ArmĂ©es Romaines, le Nord-est se nommant tantĂ´t le Nord & tantĂ´t l'Orient, comme le Sud-est tantĂ´t le Midi & tantĂ´t l'Occident dans le stile de l'Ecriture. On voit, dis-je, une suite, une liaison, fort naturelle entre ces expressions figurĂ©es. Mais comprend on qu'il y en puisse avoir aucune entre la venue de Jesus-Christ au dernier jour, & la marche des Legions Romaines, ou l'assemblĂ©e de ces Aigles, qui accourent du bout du Monde, pour consommer la vengeance, dont on a tant parlĂ©; ou pour mettre le comble aux calamitez & Ă  la desolation des Juifs au temps de Trajan & d'Adrien ? Car voilĂ  precisement dequoi il est question; c'est l'affliction de ces jours-lĂ  considerĂ©e dans ses derniĂ©res circonstances, qui aussi font la fin de la description (Jacques Abbadie, Le triomphe de la providence et de la religion ou l'ouverture des sept seaux par le fils de Dieu (etc.), Tome 1, 1723 - books.google.fr).

 

Pannoniens en Afrique

 

La présence de l'ala I Augusta Pannoniorum dans l'armée de Numidie est absolument certaine. On en a trouvé des traces en plusieurs endroits du pays, et un texte de Fermo, dans la marche d'Ancône (Italie), nous indique bien nettement qu'elle tenait garnison en Afrique. Nous avons gardé sur ce corps de cavalerie auxiliaire plus de documents que sur les deux ailes dont il a été question précédemment. Un petit nombre de ces documents est daté: l’un par le nom de l'empereur Trajan et par allusion à sa victoire Parthique (an 118), le second par la mention des consuls de l'an 198. Il faut en conclure que l'aile des Pannoniens resta dans le pays pendant toute la durée du IIe siècle.

 

Le texte de Fermo, cité plus haut, nous apprend, de son côté, que l'aile des Pannoniens était en Afrique à une époque où la cohorte 1ère des Noriques était en Pannonie et la légion V Macédonique en Mésie; ces deux renseignements concordent avec ceux que nous avons déjà, sans nous permettre de préciser davantage : la légion Ve Macédonique occupait la Mésie au IIe siècle et passa en Dacie sous Septime Sévère (C. I. L., III, p. 161), et la cohorte des Noriques était campée en Pannonie pendant les deux premiers siècles (Schünemann, De coh. Roman. auxiliariis (René Cagnat, L'armée romaine d'Afrique et l'occupation militaire de l'Afrique sous les empereurs, 1892 - books.google.fr).

 

L'inscription est répertoriée par Jean Gruter (Janus Gruter, Inscriptionum romanorum corpus absolutissimum, 1616 - www.google.fr/books/edition).

 

Deux ennemis

 

Comme lorsque Trajan par ses Victoires a ouvert la porte de l'Orient Ă  la PrĂ©dication de l'Evangile, le ClergĂ© ChrĂ©tien de l'Orient a adresĂ© de ce cĂ´tĂ©-lĂ  la marche du Peuple fidelle; ainsi quand Adrien a ouvert la porte du Midi aux progrès de l'Evangile, par la  ruine entière de ses plus dangereux ennemis, qui Ă©toient les Juifs repandus dans les parties Meridionales de l'Empire, le ClergĂ© ChrĂ©tien du Midi a tournĂ© de ce cĂ´tĂ©-lĂ . & y a adresse les pas des fidelles : mais remarquez bien  que ce ne sont pas ici deux Etendarts muets, inanimez, insensibles, sans voix & sans mouvement, comme ceux de l'ancien Peuple : ce font des enseignes vivantes, animĂ©es, raisonnables, des Etendarts qui ont des yeux pour voir, & une voix pour dire ce qu'ils voyent, qui n'ont pas besoin d'ĂŞtre portez Ă  la tĂŞte de la multitude, puis qu'ils marchent les premiers, & qu'ils se font suivre du peuple, en lui disant vien & voi. […]

 

Trajan nous est representĂ© avec un Arc qui atteint de loin & non avec une EpĂ©e qui frape de près, parceque c'est non dans l'enceinte de l'Empire : mais dans les PaĂŻs Ă©loignez, qu'il a remportĂ© les plus considerables Victoires. Par une raison toute opposĂ©e, Adrien nous eft ici dĂ©peint avec une EpĂ©e & non pas avec un Arc; avec une EpĂ©e; car il fut obligĂ© de faire une guerre prochaine & domestique, les armes n'ayant Ă©tĂ© occupĂ©es qu'Ă  la defaite des Juifs; non avec un Arc; car il se retrencha le moyen & les occasions de porter la guerre bien loin, en renonçant aux conquĂŞtes de son PrĂ©decesseur. Il crut que pour assurer l'Empire il faloit le reduire Ă  ses anciennes limites ; ce qui lui fit abandonner l'Assyrie, la Mesopotanie, l'Armenie avec les autres conquĂŞtes de Trajan. La mĂŞme raison l'empĂŞcha d'entreprendre aucune guerre Ă©trangere & lui fit acheter la Paix avec ses voisins, quand il ne put l'obtenir autrement; jusqu'Ă  payer une pension ou une espèce de tribut aux Sarmates pour les empĂŞcher de remuer. Qu'il eĂ»t raison ou non dans cette politique, il remplit fa destinĂ©e, puis qu'il fit la guerre bien près & s’ôta les moyens de la porter au loin. C'est ce qu'on nous donne Ă  connoĂ®tre en l'armant autrement que son PrĂ©decesseur, fans qu'il soit possible de donner une autre raison de cette diffĂ©rence, puisque ces deux Empereurs ont eu les mĂŞmes forces & Ă  peu près les mĂŞmes armĂ©es sous leur commandement (Jacques Abbadie, Le triomphe de la providence et de la religion ou l'ouverture des sept seaux par le fils de Dieu (etc.), Tome 1, 1723 - books.google.fr).

 

Adrien abandonne les conquĂŞtes de Trajan qui marquèrent l'extension maximale de l'empire romain : dĂ©faite de l'empire paĂŻen en mĂŞme temps que dĂ©faite des juifs ? Au profit des ChrĂ©tiens (mais pas "par eux").

 

Le "par eux" peut se rapporter aux affligés du sceptre (vers 1 du dessus, les Juifs). La révolte judéo-parthe, finalement, conduira Adrien à se retirer.

 

Mais quel autre ennemi ?

 

Peut-ĂŞtre les Arabes qui naviguaient entre Rome (phylarques) et la Parthie (Louis Sedillot, Histoire des arabes, 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

IsraĂ«l a deux ennemis hĂ©rĂ©ditaires : l'Egypte et l'Assyrie (Esdras 19,19-25). [...] On trouve dans les textes de Qumran l'idĂ©e de deux messies : un messie d'Aaron et un messie d'IsraĂ«l, un messie sacerdotal et un messie royal (Thomas Römer, Les 100 mots de la Bible, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

Puis deux autres messies, un messie issu de Joseph et un autre issu de David (Juda), division que l'on retrouve dans la séparation entre le royaume du nord, d'Israël, et celui du sud, de Juda. Joseph a deux fils jumeaux, Ephraïm et Manassé. Joseph, fils de Jacob, est en rapport avec une possible confusion avec le Joseph père de Jésus (Israel Jacob Yuval, "Deux peuples en ton sein": Juifs et Chrétiens au Moyen Age, 2015 - books.google.fr).

 

On peut se rapporter au Roman de Joseph et d'Aseneth (nonagones.info - Le Cercle et la Croix des Prophètes - Le jardin d’Adonis - Onis et Joachim - nonagones.info).

 

Ou "par eux" renvoie au vers 3, les Romains qui battent, momentanément, les Juifs et les Parthes.

 

Trajan fonde quatre provinces à partir des conquêtes sur les Parthes : l'Assyrie (Adiabène, en 116), la Mésopotamie (en 115), l'Arabie et la Mésopotamie (Camille de La Berge, Essai sur le règne de Trajan, Tome 15, 1877 - books.google.fr).

 

Par référence aux deux ennemis des Juifs, Trajan vaincrait l'Assyrie et l'Egypte révoltée (les Juifs donc).

 

La guerre de Kitos et messianisme

 

Il faudrait reporter sur la guerre de Kitos le discours messianique appliqué par d'Abbadie à Bar Kokhba (sceptre, affliction).

 

Au cours de la guerre contre les Parthes menée par Trajan, les juifs se révoltaient de toutes parts. Des horreurs sans nom se passaient en Cyrénaïque. La fureur juive atteignait des excès qu'on n'avait pas vus jusque-là. La tête partait de nouveau à ce pauvre peuple. Soit que l'on eût déjà en Afrique le pressentiment des retours de fortune qui allaient atteindre Trajan, soit que ces juiveries de Cyrène, les plus fanatiques de toutes, se fussent imaginé, sur la foi de quelque prophète, que le jour de colère contre les pasens était arrivé, et qu'il était temps de préluder aux exterminations messianiques, tous les juifs se mirent en branle, comme pris d'un accès "démoniaque" (Eusèbe). C'était moins une révolte qu’un massacre, avec des détails d'effroyable férocité. Ayant à leur tête un certain Lucova, qui avait chez les siens le titre de roi, ces enragés se mirent à égorger les Grecs et les Romains, mangeant la chair de ceux qu'ils avaient égorgés, se faisant des ceintures avec leurs boyaux, se frottant de leur sang, les écorchant et se couvrant de leur peau. On vit des forcenés scier des malheureux de haut en bas par le milieu du corps. D'autres fois, les insurgés livraient les païens aux bêtes, en souvenir de ce qu'ils avaient eux-mêmes souffert, et les forçaient à s'entré-tuer comme des gladiateurs. On évalue à deux cent vingt mille le nombre des Cyrénéens égorgés de la sorte. C'était presque toute la population; la province devint un désert. Pour la repeupler, Adrien fut obligé d'y amener des colons d'ailleurs ; mais le pays ne reprit jamais l'état florissant qu'il avait dû aux Grecs. De la Cyrénaïque, l'épidémie des massacres gagna l'Égypte et Chypre. Chypre vit des atrocités. Sous la conduite d'un certain Artémion, les fanatiques détruisirent la ville de Salamine et exterminèrent la population entière. On évalua le nombre des Chypriotes égorgés à deux cent quarante mille. Le ressentiment de ces cruautés fut tel, que les Chypriotes prononcèrent l'exclusion des juifs de leur île à perpétuité; même le juif jeté sur les côtes par force majeure était mis à mort. En Égypte, l'insurrection juive prit les proportions d'une véritable guerre. Les révoltés eurent d'abord l'avantage. Lupus, le préfet de l'Égypte, dut reculer. L'alerte fut vive à Alexandrie. Les Juifs, pour se fortifier, détruisirent le temple de Némésis, élevé par César à Pompée. La population grecque parvint cependant, non sans lutte, à reprendre le dessus. Tous les Grecs de la basse Égypte se réfugièrent avec Lupus dans la ville et en firent comme un grand camp retranché. Il était temps. Les Cyrénéens, conduits par Lucova, arrivaient pour se joindre à leurs frères d'Alexandrie et pour former avec eux une seule armée. Privés de l'appui de leurs coreligionnaires alexandrins, tous tués ou prisonniers, mais grossis par des bandes venues des autres parties de l’Égypte, ils se répandirent, en pillant et en égorgeant, jusqu'en Thébaïde. Ils cherchaient surtout à s'emparer des fonctionnaires qui essayaient de gagner les villes de la côte, Alexandrie, Péluse. Appien, le futur historien, jeune alors, qui exerçait dans Alexandrie, sa patrie, des fonctions municipales, faillit être pris par ces furieux. La basse Égypte était inondée de sang. Les païens fugitifs se voyaient poursuivis comme des bêtes fauves; les déserts du côté de l'isthme de Suez étaient remplis de gens qui se cachaient et tâchaient de s'entendre avec les Arabes pour échapper à la mort. La position de Trajan en Babylonie devenait de plus en plus critique. Les Arabes nomades, qui entraient fort avant dans l'intervalle des deux fleuves, lui causaient de sérieux embarras. L'imprenable place de Hatra, habitée par une tribu guerrière, l'arrêta tout à fait. Le pays environnant est désert, malsain, sans bois ni eau, désolé par les moustiques, exposé à d'épouvantables troubles atmosphériques. Trajan commit, sans doute par point d'honneur, la faute de vouloir la réduire. Comme plus tard Septime Sévère et Ardeschir Babek, il échoua. L'armée était épuisée par les maladies. La ville était le centre d'un grand culte solaire; on crut que le dieu combattait pour son temple; des orages, éclatant au moment des attaques, remplissaient les soldats de terreur. Trajan leva le siège, atteint lui-même du mal qui devait l'emporter quelques mois après. La retraite fut difficile et marquée par plus d'un désastre partiel. Vers le mois d'avril 117, l'empereur était de retour à Antioche, triste, malade, irrité. L'Orient l'avait vaincu sans combattre. Tous ceux qui s'étaient inclinés devant le vainqueur se relevèrent. Les résultats de trois années de campagne, pleines de luttes merveilleuses contre la nature, étaient compromis. Trajan songeait à recommencer, pour ne pas perdre sa réputation d'invincible. Tout à coup de graves nouvelles vinrent lui prouver quels dangers recelait la situation créée par ses récents échecs. La révolte juive, jusque-là limitée à la Cyrénaïque et à l'Égypte, menaçait de s'étendre à la Palestine, à la Syrie, à la Mésopotamie. Toujours à l'affût des défaillances de l'empire romain, les exaltés crurent pour la dixième fois voir les signes avant-coureurs de la fin d'une domination abhorrée. Excités par des livres comme Judith et l'Apocalypse d'Esdras, ils crurent que le jour d’Édom était venu. Les cris de joie qu'ils avaient poussés à la mort de Néron, à la mort de Domitien, ils les poussèrent de nouveau. La génération qui avait fait la grande révolution avait presque entièrement disparu; la nouvelle n'avait rien appris. Ces dures têtes, obstinées et pleines de passion, étaient incapables d'élargir l'étroit cercle de fer qu'une hérédité psychologique invétérée avait rivé autour d'elles. Ce qui se passa en Judée est obscur, et il n'est pas prouvé qu'aucun acte positif de guerre ou de massacre y ait eu lieu. D'Antioche, où il résidait, Adrien, gouverneur de Syrie, paraît avoir réussi à maintenir l'ordre. Loin de pousser à la révolte, les docteurs de Iahvé avaient montré dans l'observation scrupuleuse de la Loi une voie nouvelle pour arriver à la paix de l'âme. La casuistique était devenue entre leurs mains un jouet, qui, comme tous les jouets, devait fort inviter à la patience. Quant à la Mésopotamie, il est naturel que des populations à peine soumises, qui, un an auparavant, s'étaient soulevées, et chez lesquelles il y avait non-seulement des juifs dispersés, mais des armées, des dynasties juives, aient éclaté après l'échec de Hatra et sur les premiers indices de la mort prochaine de Trajan. Il semble du reste que, pour sévir, les Romains se contentèrent du soupçon. Ils craignirent que l'exemple de la Cyrénaïque, de l'Égypte et de Chypre ne fût contagieux. Avant que les massacres eussent éclaté, Trajan confia à Lucius Quietus le soin d'expulser tous les Juifs des provinces nouvellement conquises. Quietus y procéda comme à une expédition. Cet Africain, méchant et impitoyable, seconde par une cavalerie légère de Maures montant à poil, sans selle ni bride, procéda en bachi-bozouk, par massacres à tort et à travers. Une très-grande partie de la population juive de la Mésopotamie fut exterminée. Pour récompenser les services de Quietus, Trajan détacha pour lui la Palestine de la province de Syrie, et l'en créa légat impérial, ce qui le mettait sur le même rang qu’Adrien.

 

La révolte de Cyrénaïque, d'Égypte et de Chypre durait toujours. Trajan désigna pour la réduire un de ses lieutenants les plus distingués, Marcius Turbo. On lui donna des forces de terre et de mer et une nombreuse cavalerie. Il fallut, pour venir à bout des forcenés, une guerre en règle, plusieurs combats. On en fit de vraies boucheries. Tous les juifs cyrénéens et ceux des juifs égyptiens qui s'étaient joints à eux furent égorgés. Alexandrie, enfin débloquée, respira; mais les dégâts de la ville avaient été considérables. Un des premiers actes d’Adrien, devenu empereur, fut d'en réparer les ruines et de s'en donner pour le restaurateur.

 

Tel fut ce mouvement déplorable, où les Juifs paraissent avoir eu les premiers torts, et qui acheva de les perdre dans l'opinion du monde civilisé. Le pauvre Israël tombait en folie furieuse. Ces horribles cruautés, si éloignées de l'esprit chrétien, agrandirent le fossé de séparation entre le judaïsme et l'Église. Le chrétien, de plus en plus idéaliste, se console de tout par sa douceur, son attente résignée. Israël se fait cannibale, plutôt que de tenir ses prophètes pour menteurs. Pseudo-Esdras, vingt ans auparavant, s'arrêtait au reproche tendre d'une âme pieuse qui se croit oubliée de son Dieu; maintenant il s'agit de tout tuer, d'anéantir les païens, pour qu'il ne soit pas dit que Dieu a manqué à sa parole envers Jacob. Tout grand fanatisme, poussé à la ruine de ses espérances, aboutit à la rage et devient un danger pour la raison de l'humanité. La diminution matérielle du judaisme, par suite de cette inepte campagne, fut très-considérable. Le nombre de ceux qui périrent fut énorme. A partir de ce moment, la juiverie de Cyrène et celle d'Égypte disparaissent à peu près. Cette puissante communauté d'Alexandrie, qui avait été un élément essentiel de la vie de l'Orient, n'a plus d'importance. La grande synagogue du Diapleuston, qui passait aux yeux des juifs pour la merveille du monde, fut détruite. Le quartier juif, situé près du Lochias, devint un champ de ruines et de tombeaux (Ernest Renan, Les Évangiles, 1877 - books.google.fr).

 

La répression de ces mouvements juifs à forte composante messianique, pourrait être la principale explication de l'ascendant que prend l'Église de Rome sur l'ensemble du mouvement chrétien peu après (fr.wikipedia.org - Guerre de Kitos).

 

Quintus Marcus Turbo

 

Il semble avoir été centurion à Aquincum, a priori dans la legio II Adiutrix. C'est vraisemblablement à dater des années 104-107, mais il n'a pas participé à la deuxième guerre dacique puisque cette légion est restée en Pannonie. La première référence sûre à Turbo date de 114, à la fin du règne de Trajan. Il est alors préfet dans la Classis Misenensis, la plus importante flotte prétorienne de la marine romaine basée à Misène, et sous contrôle direct de l'empereur. Il est alors l'amiral de la flotte impériale et ce serait sous son commandement qu'en 113, la flotte impériale navigue vers l'est pour lancer les campagnes contre l'Empire parthe. Il garde probablement ce commandement jusqu'en 116-117.

 

Alors que la capitale parthe est tombée aux mains de Trajan, une grave insurrection judéo-parthe éclate un peu partout à travers le pays, coupant le ravitaillement et la retraite à l'armée romaine, piégée loin de ses bases. De grandes révoltes des Juifs éclatent aussi dans l'Empire, en Judée, en Égypte, en Cyrénaïque et à Chypre, et ont abouti à la mise à sac de villes et au massacre de citoyens romains. L'approvisionnement en céréales provenant de l'Égypte est menacé et les autorités locales sont dans l'incapacité de mater la rébellion. En l'an 116, Trajan envoie alors Marcius Turbo en Égypte pour faire face à la situation, tandis qu'il confie à Lusius Quietus de combattre le soulèvement en Mésopotamie et de permettre à l'armée impériale de battre retraite. Turbo est alors probablement toujours à la tête de la flotte, et c'est en tant que général, commandant des troupes terrestres et navales, que Turbo réduit la révolte juive et reprend le contrôle de l'Égypte, de la Cyrénaïque et peut-être de Chypre, à la suite d'une répression longue et sanglante de part et d'autre. L'ensemble de ces révoltes juives de 115-117 est connu dans l'histoire sous le nom de guerre de Kitos, ainsi nommée en référence à Lusius Quietus.

 

En août 117, Trajan décède au retour de ses campagnes orientales et Hadrien est proclamé empereur. Turbo est alors l'un de ses plus proches amis, aussi conseiller militaire et confident du nouvel empereur. À la suite de la mise à mort de Lusius Quietus, alors gouverneur de Judée et l'un des meilleurs généraux et proche de Trajan, et qui est d'origine maure, les provinces de Maurétanie se soulèvent. Cette exécution se place dans la purge de début de règne de l'empereur Hadrien, où trois autres sénateurs influents et proche de Trajan sont éliminés. Turbo s'embarque pour la Maurétanie et prend le commandement de l'armée sur place avant la fin de l'année 117. Une fois la rébellion matée, fin 117 ou début 118, Turbo est procurateur au nom de l'empereur en Maurétanie Césarienne.

 

Quintus Marcius Turbo (Fronto Publicius Severus) est un haut chevalier et général romain, proche ami et conseiller militaire de Trajan puis d'Hadrien, préfet du prétoire sur une grande partie du règne de ce dernier (fr.wikipedia.org - Quintus Marcius Turbo).

 

Turbo est commandant des troupes terrestres et navales lors de la guerre des juifs ce qui expliquerait "mer & terre" du vers 4.

 

RĂ©volte en Afrique

 

Sur ces entrefaites, Trajan était mort de la dysenterie, le 11 août 117. Son fils adoptif, Hudrien était monté sur le trône impérial lorsque fut définitivement écrasé ce soulèvement des Juifs. Il était temps. Turbo avait à peine pacifié la Cyrénaïque qu'il élait rappelé, en toute hâte, dans la province d'Afrique, dont il venait d'être nommé gouverneur, pour y réduire une insurrection berbère. Le chef de cette nouvelle émeute était lui-même un berbère latinisé, nommé Lusius Quietus. Il avait commandé une division numide sous Trajan, dans la guerre des Parthes et dans celle de Judée. Pour récompenser son dévouement et sa bravoure, cet empereur lui avait même confié le gouvernement de la Palestine. Ingrat et versatile comme tous ses compatriotes, cet officier venait de se retourner soudain contre ceux qu'il avait servis jusqu'alors et la révolte, excitée par un tel homme, gagnait rapidement. Marcius Turbo fut heureux une seconde fois. Quietus fut tué et la mort du chef entraîna la défaite des partisans. Longtemps encore, sans doute, ceux-ci luttèrent avec cette infatigable énergie qui caractérise leur résistance; mais ce corps décapité ne pouvait plus vaincre. Il fut anéanti.

 

Un nouveau mouvement insurrectionnel des Maures appela Hadrien en Afrique en 122. Il apaisa la révolte, visita le pays, le combla de bienfaits et transféra le quartier général de la IIIe légion Augusta de Théveste à Lambæsis. Il revint dans la Proconsulaire en 125, la parcourut dans toute son étendue, visita Carthage et tous les principaux centres de la province. C'est probablement dans ce voyage qu'il descendit jusque dans la Cyrénaïque ruinée et en partie dépeuplée depuis les massacres juifs. Partout, sur son passage, ce prince éclairé, qu'accompagnait, en qualité de secrétaire, l'historien Suétone, donna une impulsion puissante à la colonisation. La Tunisie lui doit un grand nombre de ses plus beaux monuments romains : Carthage, son aqueduc; toute la province, de nombreuses routes et de multiples voies secondaires. Il éleva plusieurs villes au rang de colonies; donna à d'autres le droit italique; concéda des terres à ses vétérans et laissa partout, par ses bienfaits, des traces durables de sa visite. Bref, il mérita pleinement ce surnom glorieux de «Restaurateur de l'Afrique» que la colonie lui décerna dans sa gratitude.

 

Hadrien fit un troisième voyage en Tunisie vers l'année 129. Il est impossible de préciser, faute de documents, les causes qui motivèrent cette visite. Toutefois il paraît assez probable qu'il vint étudier sur place les moyens de remédier à une sécheresse terrible dont souffrait le pays et distribuer des secours aux malheureux habitants plongés dans la misère. Il y avait, en effet, à ce moment, cinq années entières qu'il n'était tombé d'eau dans la province d'Afrique. Comme pour faire bénir plus encore sa présence par les habitants, le retour des pluies, nous dit Spartien, coïncida avec sa venue.

 

Sous Antonin le Pieux, successeur d’Hadrien, le 11 juillet 138, sous Marc-Aurèle, successeur d'Antonin en 161, et sous L. Antoninus Commode, fils et successeur d'Antonin en 180, nouvelles révoltes des Maures (Auguste Pavy, Histoire de la Tunisie, 1894 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ADCP

 

Sous les initiales ADCP, AndrĂ© Duchesne publie chez SĂ©bastien Cramoisy en 1631 une traduction du "De linteis sepulchralibus Christi crisis historica" (Critique historique des linges funĂ©raires du Christ sauveur) de Jean-Jacques Chifflet (Anvers, 1624) : Hierothonie de Jesus-Christ, ou discours des saincts Suaires (Louis Alexandre Bergounioux, L'esprit de polĂ©mique et les querelles sabantes vers le milieu du XVIIe siècle, Marc Antoine Dominici (1605?-1650) un controversiste quercynois ami de Pascal, 1936 - www.google.fr/books/edition).

 

Si on veut savoir comment et en quel lieu fut gardĂ© le saint Suaire depuis la RĂ©surrection de JĂ©sus-Christ jusqu'au septième siècle, oĂą il fut sauvĂ© des flammes, il suffit de remarquer, qu'au rapport de saint Athanase, deux ans avant que les Romains se fussent emparĂ©s de JĂ©rusalem, les fidèles, avertis par des rĂ©vĂ©lations cĂ©lestes, sortirent en grand nombre de la ville et se retirèrent dans d'autres provinces, emportant avec eux les saintes reliques et autres objets prĂ©cieux ; que plus tard, au tĂ©moignage d'EusĂ©be, sous l'empire de Trajan, ils y retournerent. En l'annĂ©e 636, les MahomĂ©tans entrèrent dans la citĂ© sainte, mais elle ne se rendit qu'Ă  la condition, faite par l'Ă©vĂŞque Sophronius, que les chrĂ©tiens pourraient y exercer librement leur religion. En effet, dit Baronius, les fidèles conservèrent leurs Ă©glises, et les pèlerins y venaient de toutes parts. Le saint Suaire fut donc fidèlement gardĂ©, et on put suivre sans peine les dĂ©tails de son histoire. Les reliques du Fils de Dieu sont les plus grands trĂ©sors de l'Eglise; elles sont autant au-dessus des reliques des saints que le Sauveur est lui-mĂŞme au-dessus de tous les Ă©lus (Alcide Carles, Histoire du saint suaire de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ, conservĂ© dans l'ancienne Ă©glise abbatiale de Cadouin, en PĂ©rigord, et de tous les autres linges funèbres du Sauveur, 1875 - books.google.fr).

 

Le suaire de Cadouin porte des broderies qui sont d'une Ă©criture coufique (musulmane) (Michel Carcenac, Le roman du Suaire, 2001 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain V, 86 - Les Arméniens dans la guerre de 14-18 - 1915.

 

Trajan prit et brûla Édesse ; il y mit une colonie romaine, en donnant à la ville le nom de Trajanopolis. Elle reprit quelques années après son nom grec, et le conserva jusqu'à l'époque byzantine. L'empereur Justin en réparant ses murailles lui donna le nom de Justinopolis. Sous les princes chrétiens de la maison de Courtenay, elle reprit son nom d'Édesse; enfin de nos jours elle est connue sous le nom d'Orfa (Charles Texier, Édesse et ses monuments en Mésopotamie, 1859 - books.google.fr).

 

La légende d'Abgar, guéri de la lèpre, a pu être bâtie un peu avant la fin du IIe s., lorsqu'Abgar VIII le Grand (177 – 212) se convertit au christianisme avec toute la ville d'Edesse et son royaume (l'Osroène). Cette conversion pourrait avoir suivi l'arrivée des chrétiens qui fuyaient la répression romaine après la deuxième révolte juive (dite de Bar Bakhba, en 131) contre l'empereur Hadrien. Ont-ils amené le Linceul à Édesse à cette époque, ou bien déjà lors de la première révolte juive de 66, lorsqu'ils ont fui vers la Décapole ? Ou bien encore juste après la mort du Christ ? En tous cas, plusieurs voyageurs, dans cette région, dont saint Jérôme (IVe s.) disent avoir rencontré dans cette région des descendants des premières communautés chrétiennes qui avaient fui Jérusalem (Pierre de Riedmatten, Le Saint-Suaire, 2016 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1887 sur la date pivot 117 donne -1653.

 

Epoque du pharaon de toute l'Egypte Rhampsès, de la XIXe dynastie (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

Sesostris devint aveugle sur la fin de sa vie, & se donna lui-même la mort après trente-trois ans de regne. Il eut pour successeur Rhampsès, qu'on nomme aussi Pheron, c'est-à dire Pharaon. Ce Prince continua les travaux que son pere avoir commencés, & bâtit plusieurs villes qu'il entoura de fortes murailles, où il employa les Israëlites. Il les maltraita plus que n'avoit fait Sésostris, & ce fut lui qui ordonna qu'on noyat les enfans mâles qui naîtroient d'eux. Athirtee sa soeur, autrement nommée Thermutis, sauva Moyse, comme on l'a vu dans l'histoire sacrée, & le fit élever dans les sciences des Egyptiens. Rhampsès mourut après soixante-six ans de regne, & eut pour successeur Aménophis troisiéme du nom, qui mit le comble à la durerte de la servitude des Israëlites (Jacques Hardion, Histoire Universelle Sacrée Et Profane, Tome 1, 1756 - books.google.fr).

 

1887

 

Bar Kokhba fut le héros éponyme d'une opérette d'Abraham Goldfaden (1840 - 1908), composée entre 1883 et 1885, lors de la montée des pogroms suivant l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881, alors que montait une tendance franchement hostile à l'émancipation des Juifs (fr.wikipedia.org - Shimon bar Kokhba, fr.wikipedia.org - Abraham Goldfaden).

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